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17.40 544526

----------------------------INFORMATION----------------------------Couverture : Classique

[Roman (134x204)] NB Pages : 220 pages

- Tranche : 2 mm + (nb pages x 0,07 mm) = 17.40 ----------------------------------------------------------------------------

Bermudes

Pierre L’orichalque

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Cette histoire est une fiction inspirée des nombreux mythes et légendes, échafaudés au cours des siècles passés, sur le Triangle des Bermudes. Les abréviations et organismes cités tels que la NASA, MODIS, NOAA, le FBI, le CENALT, l’UNESCO, le Global Ocean Legacy, la Base Hms Malabar, l’AUTEC, le CNES, le SWAT… existent, ainsi que certains noms et titres célèbres tels que Pline, Sir William Jardine, John Lilly… La Gesta Romanorum, recueil d’histoires et d’anecdotes romaines datant du treizième siècle ; le « Pen Club » de Molde (Norvège), association d’écrivains du monde entier qui défend la liberté d’écriture…

L’auteur a eu accès à ces renseignements grâce à de modestes « recherches » effectuées sur le Net (dont les principales sources sont mentionnées en dernière page, et dont quelquefois certaines ont été détournées de leur contexte pour les besoins de l’histoire), car ce texte n’est pas un ouvrage scientifique, bien qu’il fasse référence à certains domaines savants comme la volcanologie, entre autres… Ces informations ont permis à l’auteur de construire les personnages de son

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roman (tous fictifs), ainsi que l’histoire elle-même ; Il a pris l’Autec comme support pour faire naître celui de Marwin R., le « méchant », car il en faut toujours un… en s’excusant pour cette méprise volontaire… Le Global Ocean Lagacy, association écologique, existe aussi, excepté le personnage de Corbin K. ; Quant à la création du Bermuda Blue Halo, réserve marine naturelle, elle était encore en projet en juillet 2012… Bien entendu, des enfants dauphins et des portes pour voyages spacio-temporels ne se cachent pas au fond des océans ; Terredevie n’existe pas, Sargassum non plus : il y a bien un vieux volcan de cent-vingt millions d’années dans la mer des Sargasses, mais il est endormi. En faisant surgir cette île au beau milieu de l’Atlantique, l’auteur a volontairement minimisé les dégâts qu’un tel phénomène engendrerait : Son but n’était pas d’écrire une histoire orientée vers les catastrophes naturelles, mais de promener le lecteur dans des lieux paradisiaques, à travers une surprenante quête à l’issue favorable. Car ce livre est avant tout un agréable dépaysement pour tous ceux qui n’ont pas les moyens de voyager trop souvent. Très bonne lecture…

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C’était un lundi sombre et la météo ne présageait

rien de bon pour la semaine. Tôt dans la matinée, l’océanographe José B., toulousain expatrié depuis peu, et Jim L., son ami vulcanologue, s’étaient retrouvés dans le port de Nassau où le Mission-Goéland, leur bateau-laboratoire, les attendait. Ils s’apprêtaient à rejoindre Tom R., leur collègue géophysicien, qui venait de détecter plusieurs anomalies thermiques entre le trentième et le soixante-quinzième degré de longitude ouest et le vingtième et le quarantième degré de latitude nord.

Jim – « C’est encore ce volcan, dans la mer des Sargasses : ça fait plusieurs années qu’il s’est réveillé, mais les alertes sont irrégulières… La NASA est sur le coup. »

Ils arrivèrent sept jours plus tard, après avoir parcouru huit cent miles sous le mauvais temps, à une vitesse moyenne de quatre virgule sept nœuds ! Tom les attendait sur le Marjory : Il suivait depuis le début l’évolution de ce volcan, en binôme avec Jim. Parmi

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les membres de son équipe, un certain Corbin K., le naturaliste, semblait très inquiet pour la sauvegarde du site. Il alla jeter un coup d’œil sur les derniers relevés télémétriques.

La NASA possédait MODIS (Moderate Resolution Imaging Spectroradiometer), un instrument satellitaire très précis capable de fournir des images de n’importe quel endroit du globe. Mais, à cause des Sargasses, algues géantes voisines du Fucus, qui recouvraient cette vaste étendue de plus de cinq millions de kilomètres carrés, MODIS ne parvint pas à percer le mystère :

Jim – « Ces satanées algues nous empêchent de voir : Quelque part, il devrait y avoir une importante nappe de pierre ponce qui flotte à la surface ! »

Corbin s’impatienta : Corbin – « Jim, ces algues sont très utiles : Tu n’as

pas idée du nombre d’espèces qu’elles abritent ?! » Jim le regarda, songeur : Ce qui était en train de se

passer bouleverserait tôt ou tard la vie de ces petites créatures auxquelles Corbin semblait tant tenir. Mais il préféra garder le silence.

Bien qu’exubérantes, ces algues appelées aussi « raisins des tropiques » à cause de leurs vésicules rondes en forme de grappes de raisin, étaient donc nécessaires, car une faune très variée avait choisi de s’y établir : Des vers géants, des crabes, des hippocampes, des patelles, des anémones de mer, des

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poissons volants qui avaient pris l’habitude d’y déposer leurs œufs, des poulpes, des méduses vertes, rouges et bleues, des anatifes, des hérissons de mer, de grosses crevettes rouges, des alcyons, oiseaux de mer qui venaient s’y poser et surtout des anguilles qui s’y reproduisaient en grand nombre…

José – « Le mieux qu’on puisse espérer pour l’instant, c’est que la nappe dérive au-delà des algues. »

Jim – « Impossible : Aucun courant ne l’emportera ailleurs : C’est toujours le calme plat dans cette région ! »

Sous l’effet de Coriolis, les divers courants qui circulaient ici, dont le Gulf Stream, au nord-ouest, s’annihilaient, convergeant tous vers le centre. On comprenait pourquoi, jadis, cet endroit infligeait de terribles épreuves aux voiliers, qui, lorsqu’ils ne s’empêtraient pas dans les algues, se retrouvaient piégés ici, souvent pour très longtemps, à cause de l’absence de vent : Tout le monde se souvenait de l’Herat, trois-mats italien parti d’un port du Mississipi en mille-neuf-cent-douze, pour se rendre à Buenos Aires. Il traversa une tempête qui

l’entraîna sur la mer des Sargasses, où il resta immobilisé pendant deux mois. Quand le vent se remit enfin à souffler, il le ramena en arrière, à son point de départ. Finalement, l’Hérat arriva dans le port de Bridgetown sept longs mois plus tard. Plusieurs voiliers s’étaient déjà perdus ici, et les

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légendes allaient bon train, étayées par le fait que l’endroit se trouvait au sud des Bermudes, où tant de disparitions inexpliquées avaient eu lieu au cours de ces derniers siècles.

Tom rejoignit le Mission-Goeland, arrivé à destination. Il connaissait déjà José de réputation et parut très heureux de le rencontrer :

Tom – « Hier, mes hydrophones ont détecté trois nouveaux évènements sismiques, de magnitude mbLg cinq, tous situés dans la zone éruptive : Le premier, à cinq heures dix, temps universel ; Le second à douze heures trente ; Le troisième, à dix-sept heures cinquante. J’ai tout consigné sur mon site : je travaille avec NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration), si vous voulez jeter un coup d’œil. »

Jim, finissant de se loguer, prit un air soucieux : Jim – « Je comprends pourquoi mon spectrogramme

s’est brusquement emballé aujourd’hui. »

Corbin les questionna – « Que faut-il en déduire ? »

Jim – « Ce sont toutes des répliques : Des secousses secondaires de magnitude moindre, si vous préférez. »

Corbin poursuivit : Corbin – « Pouvez-vous m’expliquer quel rapport

il peut y avoir entre un séisme et ce volcan de cent-vingt millions d’années qui se réveille ? »

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Jim – « C’est pas compliqué : Quand un volcan entre en activité, le magma qui est un mélange de roche fondue et de gaz s’accumule dans une poche qu’on appelle « la chambre magmatique du volcan », à une température très élevée, comprise entre huit-cents et mille-trois-cents degrés Celsus. Ce magma ne demande qu’à jaillir, ce qui provoque un tremblement de terre. »

Corbin – « Et n’y a-t-il pas de risque de Tsunami, quand ça se produit ? »

Tom – « Ce n’est heureusement pas systématique. »

Corbin se gratta le dessous du nez : Corbin – « Mais ne devrait-on pas apercevoir des

signes de cette éruption ? »

Jim – « Non, pas avec cette forêt vierge ! »

Corbin – « Vous parliez tout à l’heure du gaz contenu dans le magma : Pourquoi n’y a – t-il pas de bulles qui s’échappent en surface ? »

Jim – « Voyez-vous, ces éruptions sont particulières : Elles ne sont pas explosives. L’eau refroidit trop rapidement la lave et les bulles de gaz viennent s’y figer quand elle se solidifie en formant des sortes de petits coussins qu’on appelle des “pillow-lavas”. »

Dix-sept heures. ils relevèrent leurs appareils pour les remplacer et repartirent :

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Jim – « On ne peut rien faire de plus pour l’instant. La NASA nous contactera si il y a du nouveau. »

Il entrèrent dans le port de Saint-Georges, petite ville typique du dix-septième siècle, qui comptait mille-sept-cents habitants environ, classée par l’UNESCO grâce à ses nombreux sites historiques comme Saint Peter’s Church, la plus ancienne église anglicane, ou encore le « Old State House », premier bâtiment construit ici en mille-six-cent-vingt, ainsi que ses fortifications datant de mille-six-cent-douze.

Ils allèrent dîner au White Horse Pub, devant lequel ils avaient amarré leur bateau. Tom paressait joyeux :

Tom – « J’aime venir ici : C’est pas trop cher, la bière est bonne et ils ont un de ces gâteaux au rhum, vous m’en direz des nouvelles ! »

Marjory C., sa petite amie qui vivait ici, pure Bermudienne descendant des premiers colons anglais, ne tarda pas à les rejoindre. Elle tenait une boutique de souvenirs sur le port : elle travaillait avec les artisans du coin et ça marchait bien, vu le nombre de touristes qui fréquentaient l’île. On appelait cet archipel « la Petite Suisse de l’Atlantique », car beaucoup de banques et d’institutions financières s’y étaient implanté. De plus, les bermudiens importaient tout, même l’eau potable, voilà sans doute pourquoi la vie ici était si chère.

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Ils entamèrent la conversation : José avait remarqué que beaucoup de gens se déplaçaient en gyropodes, curieux engins à deux roues. Marjory poursuivit :

Marjory – « Nous autres, Bermudiens, sommes comme tout le monde : nous aimons la nouveauté, même si nous sommes très attachés à certaines de nos traditions. Mais ce que nous détestons par-dessus tout, c’est d’entendre parler de toutes ces stupides légendes qui circulent sur ce que vous appelez « notre fameux triangle » ; Ce terme même nous horripile, nous ne l’employons jamais. Il faut se rendre à l’évidence : La route maritime qui passe par chez nous a toujours été très fréquentée, et tous ces naufrages s’expliquent par le simple fait que des eaux peu profondes entourent notre archipel : Les bateaux sont venus en grand nombre s’échouer sur nos récifs coralliens au fil du temps, voilà tout ! »

Jim et José la taquinèrent un peu : José – « C’est votre version. Mais j’ai moi-même pu

constater qu’il y a des endroits sur ce fichu océan où les boussoles perdent le nord et les compas se mettent à tournoyer de manière inquiètante ! Sans parler du fameux « grain blanc » des Bermudes, cette tempête de vent violente et soudaine qui peut éclater en mer à tout moment, se transformant en véritables tornades ! »

Jim – « La pétole, sur la mer des Sargasses !? »

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José – « Ah, ça aussi : La pétole et les algues ! »

Marjory – « Oui, la navigation peut se trouver compromise à certains moments, même encore aujourd’hui, je l’admets, comme n’importe où ailleurs : trêve de superstitions ! »

José – « Il y a quand même eu des faits étranges : Comme ce navire français retrouvé en mille-huit-cent-quarante au large de la Havane, sans âme qui vive à bord, avec toute sa cargaison intacte ; Comment s’appelait-il déjà ? Le Rosalie, je crois. »

Marjory – « C’est parce que… tout le monde en rajoute, depuis toujours ! »

Corbin prit un air grave : Corbin – « Et si nous parlions de l’affaire qui nous

tient à cœur ? »

Jim – « Oh… Le phénomène éruptif de ce volcan sera bientôt en voie de normalisation. »

Corbin – « Sans doute, mais une question me brûle encore les lèvres : »

Jim – « Je vous écoute : »

Corbin – « Voyez-vous, mon souci majeur actuellement, c’est de savoir si ces changements vont causer des dégradations sur l’écosystème : Je pense surtout aux espèces pélagiques qui se reproduisent sur les sargasses »

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Jim – « Un volcan rejette du gaz carbonique et du souffre : il peut arriver que ce soit sous forme de bulles géantes ou d’immenses colonnes de vapeur s’élevant au-dessus de la mer. Mais sachez que lorsque la profondeur est importante, rien ne se passe à la surface, car les gazs sont aussitôt dissous dans l’eau. »

Tom – « J’ai entendu dire que les crevettes étaient une espèce très résistante, capable de survivre à cet environnement très acide. Et ne perdez pas de vue que les volcans sous-marins constituent une importante source de fer, ressource indispensable pour les phytoplanctons. »

Corbin baissa la tête : José – « Voyons, mon ami : Ne soyez pas si

pessimiste, laissez donc la nature accomplir son œuvre. Il est encore trop tôt pour en tirer la moindre conclusion. »

Jim – « Mis à part les Tsunamis, qui sont de véritables catastrophes, sachez que ces volcans ont prouvé leur efficacité : Ils relachent dans la stratosphère des aérosols naturels composés de cendres volcaniques, de poussières et de sels marins ; Ce qui a pour effet de ralentir le réchauffement de la planète en engendrant un refroidissement. »

Marjory lui coupa la parole : Marjory – « A défaut de vous décevoir, ici on

n’aime pas les volcans : Personne ne rêve de voir un

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Tsunami ravager son île ! Sans parler de la radio-activité ! »

Jim n’en rajouta pas : Cette petite avait vraisemblablement eu une terrible journée, nul besoin de solliciter davantage sa mauvaise humeur.

Un groupe de touristes américains entrèrent dans le restaurant. Les hommes portaient presque tous des socquettes blanches, même sous leurs sandales. Pour le reste, leur tenue était décontractée : Pantalon mi-court, chemisette et casquette. Tout laissait à penser que les femmes du groupe avaient, elles aussi, adopté les habitudes vestimentaires de leur mari, hormis un chapeau cloche en coton remplaçant la casquette. Les Bermudes étaient une station balnéaire très prisée par les vacanciers et les côtes américaines ne se trouvaient qu’à mille kilomètres de là. Cet archipel de trois-cent soixante îles, dont quinze seulement étaient habitées, avait vu le début de sa colonisation en mille-six-cent-neuf, suite au naufrage du navire anglais, le « Sea Venture », qui se rendait en Virginie. Aujourd’hui, il comptait plus de soixante-cinq mille habitants, dont un peu plus de soixante-dix pour cent étaient d’origine bermudienne : Parmi eux, les mulâtres et les noirs descendant de l’esclavage, abolie en mille-huit-cent-trente-quatre par la Grande-Bretagne. L’autre partie représentait les descendants des colons britanniques, écossais, gallois et irlandais. Plus de soixante pour cent de la population, dont notamment les mulâtres et les noirs, parlaient l’anglais bermudien,

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mélange d’anglais et de langues africaines. Mais l’anglais basique était la seule langue officielle tolérée dans les administrations. On y parlait couramment le portugais, car un grand nombre d’entre eux étaient venus s’installer ici, par la suite, tout comme les américains, les canadiens, les australiens, les néo-zélandais, les indo-pakistanais et les brésiliens.

Les Bermudes, archipel de plus de cinquante trois kilomètres carrés, étaient connues pour leurs quatre-vingt dix plages de sable rose, et leurs eaux claires et tièdes, dans lesquelles on pouvait s’adonner à la plongée sous-marine : C’était avant tout un cimetière marin, plus de trois-cents épaves reposaient dans ces abîmes ; Certaines étaient accessibles, on pouvait même descendre en apnée pour les visiter, car elles se trouvaient à moins de trente mètres de profondeur : On y découvrait les carcasses de galères espagnoles datant du seizième siècle ; Le Cristobal Colon, navire espagnol de cent-cinquante-deux mètres, la plus grande des épaves qui sommeillait en ces lieux ; les dépouilles de bateaux à vapeur du temps de la guerre de sécession comme le Montana ; les épaves d’une frégate française nommée l’Hermine, de navires de la seconde guerre mondiale et de voiliers. Ces fonds marins attiraient beaucoup de monde, notamment les historiens, les archéologues, et surtout les chasseurs de trésors : En mille-neuf-cent-cinquante-cinq, lors de l’exploration de l’épave du San Antonio, vaisseau espagnol, l’un d’entre eux, Teddy Tucker, avait trouvé

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une croix en or sertie de sept émeraudes ! Aujourd’hui, cette chasse aux trésors se poursuivait car beaucoup d’épaves gisaient à trois mille mètres de profondeur, renfermant d’inestimables richesses, souvent de l’or. Mais il fallait des moyens sophistiqués et très onéreux pour y parvenir, comme l’assistance de robots sous-marins aux bras mécaniques.

Ils réglèrent en BMD, dollars des Bermudes et sortirent. Corbin les avait depuis longtemps précédés, pour rejoindre les locaux du « Global Ocean Legacy », association dont il était le leader et qui, comme son nom l’indiquait, avait pour tâche essentielle de veiller à la sauvegarde du milieu marin. Ils furent happés par un spectacle des rues : la reconstitution historique du « wench-dunking », qui signifiait « le plongeon de la femme » : à l’époque, certaines épouses persécutées par leur mari se voyaient infliger des châtiments publics. Une fois condamnées, on les attachait sur une chaise pour les immerger dans l’eau. Les touristes américains semblaient prendre beaucoup de plaisir à participer à cette reconstitution, surtout les femmes. Marjory les observait en biaisant :

Marjory – « Regardez-les, elles rient de toutes leurs dents sur ce qui fut la plus grande injustice de l’archipel ! Tant de femmes ont souffert à cause de tels abus ! Je croyais pourtant que la solidarité féminine, ça existait, de nos jours ! »

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Tom la prit à part : Tom – « Tu as fini, oui ?! »

Marjory – « Ah, Tu le prends sur ce ton ? Et bien, traîne-moi sur la place publique pour que j’aie droit, moi aussi, à mon petit bain forcé ! »

Voyant que Tom était à bout de nerfs, elle décida de s’avancer :

Marjory – « Je vous attends à la maison. »

Jim et José se lançaient des œillades à la dérobée : Jim – « Ça fait longtemps, vous deux ? »

Tom n’était pas bavard : Tom – « Cinq ans. » Puis il recommença à prendre un peu plus

d’assurance : Tom – « Vous l’avez vue, elle est sublime ?! » Ses collègues acquiescèrent : physiquement, on ne

pouvait décidément rien lui reprocher : Elle avait une taille fine, bien galbée, de longs cheveux noirs qui retombaient en boucles sur ses épaules, un buste bien dessiné, des jambes interminables, et surtout un charmant visage avec de grands yeux noirs très captivants. Mais…

Tom – « … mais elle a un de ces caractères !… Parfois, c’est dur, je vous assure ! »

Cette remarque sembla beaucoup amuser José :

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José – « Savez-vous ce qu’on dit ? Quand les femmes ont du caractère, c’est toujours meilleur au lit ! »

Cette fois, Tom se dérida : Tom – « C’est vrai ? Alors je dois être un homme

enviable ! »

Ils arrivèrent chez Marjory : Elle habitait une très jolie maison moderne, coiffée d’un dôme de plastique blanc, ce qui était commun dans cette région, car les toits servaient de récupérateurs d’eaux de pluie : c’était bien utile car il n’y avait pas la moindre nappe d’eau souterraine dans tout l’archipel à cause des sols extrêmement calcaires. Les murs étaient peints en beige clair, la porte d’entrée et le portail du jardin, en marron-rouge. Les Bermudiens aimaient utiliser des couleurs vives pour leur maison, et elles se mariaient toutes parfaitement entre elles. Le jardin était une immense étendue de gazon raz, d’un vert très clair et lumineux. Tout autour sur les bords, il y avait une petite palissade blanche derrière laquelle poussaient des Sisyrinques, fleurs violettes des Bermudes. Marjory leur montra leurs chambres. Ils se mirent à l’aise, firent plusieurs brasses dans la piscine et se préparèrent pour le dîner : En tant qu’excellente maîtresse de maison, elle leur avait préparé un repas pantagruélique avec un tas de bonnes choses, toutes des spécialités du coin : une tarte aux moules, suivie du fameux « Bermuda Fish Chowder », qui n’était rien d’autre qu’une fabuleuse soupe de poissons de roches, arrosée de rhum noir.

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Elle avait mis de côté quelques bouteilles de vin blanc importées de France, pour la circonstance. En ce qui concernait le dessert, elle leur avait fait un pudding à la patate douce, qu’ils mangeraient accompagné d’un Sauterne, également importé. Elle leur servit un Big Chill, apéritif composé de midori, de rhum bacardi, de liqueur de banane et de jus d’ananas, avec quelques mises en bouche et ils entamèrent la conversation, assis près de la piscine. José était enthousiaste :

José – « Je voudrais vous féliciter pour votre charmant accueil, ma chère ; Maintenant que je vis aux Bahamas, je songe à vous y inviter, un de ces jours, pour vous rendre la pareille. »

Elle lui sourit poliment, mais elle semblait préoccupée. José cherchait à rompre la glace :

José – « Et puis, je dois bien reconnaître que le fumet de vos petits plats nous chatouille délicieusement les narines ! »

Marjory – « Ce sont de vieilles recettes familiales auxquelles j’ai voulu vous initier. »

Jim – « Mais vous avez bien fait, ma chère ! J’adore la cuisine locale ! »

Tom en rajouta un peu : Tom – « Vous allez voir : c’est la reine des bons

petits plats ! » Il la regarda : Tom – « N’est-ce pas, ma chérie ? »

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Mais elle ne répondit pas, se contentant de leur indiquer la table, autour de laquelle ils prirent place. Pendant le repas, elle retrouva sa bonne humeur :

Marjory – « J’ai du mal à comprendre, comment vous autres, vous arrivez à interprêter ce qui se passe au fond des océans, à de telles profondeurs ?! »

Tom – « Mes micros, tu t’en souviens ?… Je te les ai montrés, l’autre jour ?! »

Marjory – « Ah, ces trucs là ? » Il acquiesça. Elle rit aux éclats, ce qui changea

radicalement la première approche qu’elle avait bien voulu donner d’elle : Ce n’était plus la même Marjory qui se tenait à table, en face d’eux : celle-ci semblait beaucoup plus légère, détachée des problèmes ; à moins que ce fût le vin… Jim se prit au jeu :

Jim – « Nous avons sur notre bateau une caméra haute résolution qui peut atteindre de très grandes profondeurs et capturer toutes les images que nous désirons. »

Tom renchérit : Tom – « Et nos fameux hydrophones… Pardonne-

moi d’insister, ma chérie : mais, lors d’une éruption sous-marine, le son est aussi important que l’image… est-ce que je t’ai dit comment ça marche ? On les place dans le canal sofar, qui agit comme un guide d’ondes, leur permettant de parcourir de très longues distances en couvrant une zone de plusieurs millions