Benoît Pype

PORTFOLIO

Décélération

À partir de l’observation attentive de mon environnement immédiat, je formule des tentatives de domestications, d’appropriations des formes. Je m’applique ainsi à capter les manifestations quasi-imperceptibles des changements d’état de la matière en portant une attention toute particulière sur le dérisoire, l’anodin. Il s’agit dès lors de mettre en évidence la richesse et les qualités propres aux transformations discrètes, aux matériaux de peu de valeur, et d’inscrire par là même mes interventions dans le champ de la sculpture.

Nos modes de vie actuels soumis au culte de l’accélération et de l’instantanéité alimentent un certain nombre de questions. Mon engagement se déploie à cet endroit et s’appuie sur une revalorisation du temps, du bon usage de la lenteur, en vue d’augmenter notre capacité à accueillir l’évènement.

Mes projets récents se présentent sous la forme de bureaux spécifiques, stations de travail privilégiant l’observation des formes infimes et transitoires et soulignant l’importance du processus et du déploiement de l’activité dans la durée.

Béquilles. Brins d’herbes, matériaux mixtes, 2008.

Lit pour un brin d’herbe. Brin d’herbe, matériaux mixtes, 2008.

Comment éduquer les oiseaux à l’architecture moderne ? Matériaux mixtes. 40 x 40 x 30 cm. 2009.

Comment éduquer les oiseaux à l’architecture moderne ? Matériaux mixtes. 40 x 40 x 30 cm. 2009.

Piet Mondrian Greatest Hits. Boîte à musique. 15 x 10 cm. 2011.

Stack. Feuilles de saule pleureur, acajou et plexiglas. 7 x 35 cm. 2011.

Piet Mondrian Greatest Hits.

Boîte à musique, papier à musique, tablette. 80 x 30 x 30 cm. 2011. 4ex + 2 E.A.

Traduction en musique de l’oeuvre de Piet Mondrian. Les notes jouées par la boîte à musique sont poinçonnées aux intersections des horizontales et des verticales sur une bande de papier à musique imprimé.

Socle pour une goutte d’eau. Corian, goutte d’eau. 1 cm³. 2010-2015.

Socle pour une goutte d’eau. Corian, goutte d’eau. 1 cm³. 2010-2015.Socle pour une goutte d’eau. Corian, goutte d’eau. 1 cm³. 2010-2015.

Géographie Transitoire. Feuille de paulownia. 50 x 35 cm. 2011-2015.

Géographie Transitoire (Paris). Feuille de philodendron. 21 x 15 cm. 2011-2015.

Le plan d’une ville découpé dans une feuille de plante d’appartement. La feuille présentée à plat se déforme progressivement et des reliefs imprévisibles apparaissent. La ville se fait et se défait lentement, définissant ainsi une géographie fictive et éphémère.

Géographie Transitoire. Vues d’expositions. Haut : FIAC 2014 - Jardin des plantes. Bas : Villa Emerige.

Papier pressé. Installation. 80 x 150 cm. 2011.

À partir du recyclage des emballages de ma consommation personnelle de fast-food, il s’agit de convertir le «fast» en «slow» en déployant l’activité de fabrication du papier sur plusieurs semaines. Au fur et à mesure que la fabrication des feuilles de papier progresse dans le temps, l’eau du bac sature en cellulose et produit un papier de plus en plus calorique, traduisant mon épuisement en tant que consommateur. La teinte du papier évolue vers le foncé et la série s’arrête quand la feuille atteint la nuance foncée «limite».

Papier pressé. Série de 10 feuilles de papier recyclé. 42 x 29,7 cm. 2011.

Sculptures de fonds de poches. Installation. 80 x 170 cm. 2011.

Sculptures de fonds de poches. Installation. 80 x 170 cm. 2011.

L’installation rassemble un bureau de travail, les « sculptures de fond de poche » disposées sur le bureau, fragments dérisoires prélevés au fond de mes poches et minutieusement collectés, une somme d’outils, des tirages photographiques des sculptures de fond de poche. Chaque bouloche est posée sur un socle à sa mesure, puis photographiée sur un module reprenant les grandes caractéristiques du white cube.

Le glissement d’échelle et la mise en scène des bouloches visent à élever les menus fragments au rang de sculptures. Les instruments et les divers outils (module white cube pour photographies, pinces diverses) sont disposés sur le bureau et contribuent à mettre l’accent sur l’activité en cours étendue sur la durée.

Sculptures de fonds de poches (détail). Installation. 80 x 170 cm. 2011.

Fabrique du résiduel. Module / Palais de Tokyo. Installation. 2012.

Fabrique du résiduel. Module / Palais de Tokyo. Installation. 2012.

Fabrique du résiduel. Installation. Module Palais de Tokyo. 2012

«Il n’est pas nécessaire d’aller au bout du monde pour voyager, l’aventure se trouve au fond d’unepoche, dans mon jardin, autour de ma maison.»

Benoît Pype nous plonge dans son laboratoire, lieu de l’analyse des résidus et autres poussières trouvées au gré de ses cheminements. Ces formes de peu, matières délaissées, sont l’objet de toutes les attentions de l’artiste, qui travaille ici à réifier les traces, telle les preuves et indices d’une zone d’activité. À la manière de Xavier de Maistre dans son roman Voyage autour de ma chambre, il nous invite à découvrir la fabrique de la poésie du rien, l’énigme du familier. Benoît Pype élève le minuscule et l’accident à la dignité d’une attention nouvelle. Sa pratique, minutieuse, sa matière, insignifiante, renverse la perspective et l’idée que l’on peut se faire du geste artistique. les prélèvements sont sa matière première, ses trouvailles, dans le sillage d’une pratique que l’on peut retrouver chez Kurt Schwitters déjà, et qu’il examine ensuite au sein de son atelier, ses «stations de travail». La table de prélèvement accueille la matière brute recueillie lors de ses errances, indistinctement déposée. La table de travail constitue ensuite la zone de recherche, lieu de la patience et de l’examen minutieux des poussières, où l’artiste devient le médecin légiste de ces traces, l’ouvrier de la forme. Benoît Pype viendra y travailler à intervalles irréguliers durant l’exposition. Non sans humour, l’artiste nous les présente enfin, habillées d’un socle sur mesure, et finalement devenues oeuvres, sculptures sismographes du dérisoire, évoquant tour à tour les pionniers de la sculpture moderne tels Brancusi ou Giacometti, et d’autres civilisations plus lointaines, tels les Etrusques ou les Dogons.

Rebecca Lamarche-Vadel

Désert de verre. Série de sculptures en verre soufflé. diamètre : 35 cm. 2013.

Désert de verre. Série de sculptures en verre soufflé. diamètre : 35 cm. 2013.

Désert de verre. 12ème Biennale de Lyon. 2013

Désert de verre s’inspire de photographies d’essais nucléaires américains prises au millionième de seconde par l’ingénieur Harold Edgerton en 1952 dans le désert du Nevada. Réalisées avec du verre de trinitite crée par le phénomène de vitrification du sable suite à l’intensité de l’explosion, ces quatre sculptures font apparaître les formes troublantes de l’arme qui rappellent étrangement certains organismes microscopiques comme les virus et autres microbes, égaux représentants d’un danger pour l’espèce humaine.

Ce projet bénéficie de l’Aide individuelle à la création de la Direction régionale des affaires culturelles d’Île-de-France 2013.

Chute libre. Etain. 1cm3. 2013.

Chutes libres. 12ème Biennale de Lyon. 2013.

Prédire le futur est une obsession immémoriale de l’homme, alors que déjà dans l’Antiquité, les Grecs, Romains, Egyptiens, et Mésopotamiens avaient recours à la divination au travers des auspices et oracles pourtoute action collective.

Les dix oeuvres Chutes libres de Benoît Pype sont nées de la chute d’une goutte de métal en fusion dans un volume d’eau, générant une variété de formes accidentelles et spontanées aux contours inattendus. Ce procédé est inspiré du rituel du « Bleigiessen », pratique divinatoire issue des cultures germaniques au coursde laquelle l’observateur interprète les formes produites. Benoît Pype crée ainsi dix sculptures dont les formespermettent les projections de notre conscience, chacune des Chutes Libres devenant une trajectoire et une potentielle destinée.

Rebecca Lamarche-Vadel

Bulles de cristal. Cristal. 25 x 30 cm. 2015.

Amulettes. Antivols magnétiques, socles, table. 150 x 80 cm. 2015.

Amulettes. (détail). 9 x 3 cm. 2015.

Objet emblématique de nos sociétés consuméristes actuelles, l’antivol magnétique montre de nombreuses similitudes formelles avec des amulettes issues de différentes sociétés antiques non occidentales. Autrefois destinée à éloigner le mauvais oeil et protéger son propriétaire, «l’amulette» protège aujourd’hui les objets contre le vol.

Nuage. Mousse polyuréthane nouvelle génération, spray. 40 x 35 cm. 2015.

Formation accidentelle d’un nuage de mousse polyuréthane. La forme est obtenue suite à un épanchement de mousse expansive sur la durée d’une nuit. Le résultat innatendu est ainsi présenté sans plus d’intervention.

Le projet Smartprint prend la forme d’une empreinte de smartphone sur un support destiné à la culture des micro-organismes, et constitue le point de départ d’une série. Invisibles au quotidien, les bactéries communes et autres champignons se développent ainsi en réseaux et forment un paysage au contours inattendus. Le protocole consiste à stimuler la croissance des micro-organismes sur une surface nutritive, puis à sceller le dispositif à l’aide d’une résine translucide. À travers l’observation d’un phénomène biologique lent, le projet smartprint interroge les technologies de la communication et plus largement, l’organisation de la vie en réseaux.

Smartprint. Micro-organismes, résine d’inclusion, gélose. 21 x 29,7 x 85 cm. 2016.

De la bactérie à l’être humain, Comment s’organise la vie à différentes échelles? Existe-il des points communs entre les modes de communication des organismes à l’origine du vivant, et ceux des êtres humains ? Peut-on mesurer l’étendue de la différence qui sépare ces modes de communication ? Smartprint entend ainsi mettre en lumière la relation quasi-imperceptible entre les nouvelles technologies et la vie à son plus simple état.

Crédits photographiques :

© Aurélien Mole© Glwadys Le Moulnier

Rebonds. Série de vidéos tournées à 10 000 images/seconde. 2018.

La série de vidéos Rebonds dévoile les formes de l’eau engendrées par une impulsion filmée à très haute vitesse (10000 images par seconde) en laboratoire. Invisible à l’œil nu, l’évènement dure 30 millisecondes et laisse apparaître de mystérieuses figures.