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  • DEBAY, A.. Hygine et perfectionnement de la beaut humaine dans ses lignes, ses formes et sa couleur : thorie nouvelle des aliments et boissons, digestion, nutrition, art dedvelopper les formes en moins et de diminuer les formes en trop, orthopdie.... 1864.

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  • HYGINEET PERFECTIONNEMENT

    BEAUTE HUMAINE

    OAXSSESU6MS,SESFORMESElSIM~EM

    lesformesenmoinsetdediminuerlesformesentrop

    P~US-ROYAL,i7ET19,GALEMED'ORLANS.

    YDEL.

    T!)OX!ENOUVELLE

    DES ALIMENTS ET BOISSONS!)CEST!ON NUTR!T!0~

    ArtdedvelopperOrthopdieGymnasti

  • ENVEKTECHEZE.DENTU,L!BRA!RE-B!TEUR,PALA!S-MYAL

    ENCYCLOPDIEHYGINIQUE

    DE LA BEAUT~Mt A BEBAY

    Les divers ouvr;: de cette utile collection rsument 10:1t ce que lascience a dcouvert le plus emcace pour combattre les }\'erses allrationsFt imperfections de la nature humaine, dans ses formes et sa couleur.

    Hygine complte des cheveux et de la barbe. 2'' dit. i '& 2 50Hygine mdicale du visage et de la peau. 3' dition. 1 vol. 2 50Hygine des pieds et des mains, tle la poitrine et de la taille, indiquant

    les moyens de consen'cr leur beaut. dition. t vol. 2 50Hygine et gymnastique des organes de la voix, parle ~t chante, a:ta-

    lyse des divers moyen!' "tmoltiqurs et m{.Jieaux, propres dvelop!per la coia et. cumhattrc tzes :J.1t~ratilJn". ~ou\elle 1 vol. 3 .`

    Hygine et rerfectionnement de la beaut humaine. M'~pus de dvelop-per et de rgulariser les f.'rn

  • PRINCIPES D'ADMINISTRATIONCOMMUNALEou recueilpar ordre alphabtique de solutions tires des arrts dela Cour de cassation, des dcisions du Conseil d'tat, etde la jurisprudence ministrielle, en ce qui concernel'administration des communes, mis en harmonie, avec lanouvelle instruction gnrale du ministre des finances, endate du 20 juin 1859 par M. P. BRArr,ancien conseillerde prfecture, sous-chef du bureau de l'administrationdes communes, au ministre de l'intrieur. Deuximedition, suivie d'un Appendice contenant la loi du18 juillet 1837 sur l'administration municipale, les dcretsdes 25 mars 1852 et 13 avril 1861, sur la dcen-tralisation administrative, une nomenclature des dits,lois, arrtes,, ordonnances et dcrets concernant raami-nistration des communes, etc. Tome l". Paris, A. DuRANDlibraire, rue des Grs-Sorbonne, 7.

    NOTEESSEMTELLE.

    L'administrationduJournalreoitnngrandnombredelettresdeconsultationssurdesquestionsproposes.EllesefaitundevoirdetraitercesquestionsdansleJournallorsqu'ellesprsententanpointdedroitd'intrtgnral.Maissouventlaconsulta-tionestrelative desdbatsquidpendentd'uneapprciationdefaitsetd'actesilestimpossible,danscecas,depublierdansle Journalunesolutionquiseraitsansintrtpoursesnombreuxlecteurs.L'administrationrpondalorsparlettres maisil estarrivplusieursfoisquelalettrerefuseparlemaire,commenonaffranchie,retombe lachargedel'administrationduJournal.Pourvitercetinconvnient,l'administrationprielesconsultantsdedemanderex-

    pressmentunerponseparlettrelorsquelasolutionneporterapasnettementsurunequestiondedroit,etsurtoutdenepasrefuserlalettresurlaquelleserontcesmotsA

  • HYGINE

    ET PERFECTIONNEMENT

    DELA

    BEAUTHUMAINE

  • Coulomnuers. Imt.h~Ir de A. Mt;.SSf\ rt Cn. U\~I\~J-;R.

  • BEAUTE HUMAINEjm SESUMES,SESFORMESETSACOCLECB

    THORIENOUVELLE

    les formes en noins et de diminuer l~s formes en tropOrthopdie Gymnastique

    HBRAtRK DE LA SOCIT DES GENS DE LETTRES

    PA!.A~-ttOYA! 17 ET t9, CALEhtE D~ORLA'~S.

    DESALIMENTSET BOISSONSMGESTIO~tJTRfTION

    ducation physique Hygine des sens. etc.

    ET PERFECTIONNEMENT

    Art de d&velopper

    HYGINE

    PAR A. DBAY

    QUATHIME DITION

    F. DKNTU, ]-:DITKUI{

    Tous droits rserve!)

    Ili. LA

    PARIS

    ISG~t

  • 4DE LA BEAUTE

    Toi que !'antiquit6 fit edorc des ondes,Qui descendis des cieux et reines sur les mondesToi,qu'aprs Jabonte, l'homme chrit Jemieux;Toi, qui naquis ut) jour du sourire des dieux,HKAUT,je te salue

    DEULLR.

    Le pote Lucrce avait dit

    Vo)!)pte des dieux et des hommes, Yenus! Sous la voten'spt

  • 1 2

    pour fconder l'univers. Cependant, il existe desctrcs si absurdes, si jaloux des joies et des plaisirsles plus innocf'nts, qu'ils supprimeraient l'amour etla beaut s'ils pouvaient avoir, un instant, la direc-tion de notre plante. Fermons jamais l'oreille ces voix hypocrites on insenses, fuyons ces treschagrins, ces sages par impuissance; leur hainecontre ce qui fait le bonheur et l'ornement dumonde restera toujours strile ils ne mritent quempris ou piti.

  • DELA

    BEAUT HUMAINE

    CHAPITREPREMIERAPERUANTHMPOLOGHjCE.FEMMEETHOMMEPRIMITIFS.

    Progrs successifsde la famillehumainedamsl'ordrephysiqueet intellectuel.

    De mme que toutes les choses perfectibles, labante humaine est soumise la loi du progrs; la'beaut de la forme se perfectionne se conserve, sedgrade, selon les climats et milieux que l'hommehabite; selon la richesse, l'exposition du sol et lesaliments dont il se nourrit; selon les murs, les in-stitutions et le degr de civilisation plus ou moinsfavorables au complet dveloppement de son orga-nisation physique.Les premires familles humaines qui peuplrent

    la terre taient loin d'offrir ~CM~orp~c ou beaut deformes, qui distingua, plus tard, les nations civili-ses c'est ce que nous allons essayer de dmontrer.Mais, pour donner la raison de ces faits, il est indis-pensable de tracer le tableau rsum de la succession

  • 4des tres sur le globle terrestre, au point de vue desgrands naturalistes. Laissant donc de ct les cos-mogonies anciennes et les vieux livres gnsiaquesdes diverses religions, qui traitent de l'anthropog-nie leur manire, selon les lumires du temps et lebut que leurs auteurs se proposaient d'atteindre, nousouvrirons le grand livre de la nature et y trouveronscrites ces vrits La vie marche toujours du ~p/eau cowpo~e.D'abord, la vie par absorption capillaire,vie vgtative attache invariablement au sol; puisla vie un peu plus dveloppe du zoophyte, vie mixteentre la plante et l'animal; ensuite la vie des tresd'un ordre plus avanc, qui se meuvent et ont l'ins-tinct de conservation; immdiatement aprs, celledes grands animaux avec des instincts plus dvelop-ps enfin, la vie de l'homme, la plus complte detoutes et qui doit tre considre comme le dernieret sublime effort de la force cratrice.

    C'est aux tudes gologiques de nos savants mo-dernes que nous devons la connaissance de ces v-rits l'autopsie terrestre leur a dcouvert le vastemonde des fossiles, autrefois vivant la lumire, etaujourd'hui enfoui dans les entrailles de la terre, parcouches successives, toujours du simple au compos;c'est--dire les tres de l'ordre suprieur superpossaux tres de l'ordre immdiatement infrieur. Parmiles dbris des innombrables existences antdiluvien-nes, les traces de l'homme ne se rencontrent nullepart; sa cration est donc postrieure aux grands cata-clysmes qui, dans les temps primordiaux, ont boule-vers le globe. Une foule d'espces diurentes de-vaient natre, se succder, disparatre, pour prparer

  • -5-

    les milieux et les rendre propres la vie des espcesqui existent aujourd'hui. Tous ces faits dmontrent

    qu'il est dans l'essence de la force cratrice de ne pro-cder que par dgrs successifs, sans interruptionintermdiaire, et que l'ordre immuable, absolu, quiest l'attribut de cette force, rend impossible l'vo-lution animale C, sans que les volutions A etB n'aient pralablement eu lieu. C'est en vertu decette loi immuable que l'immense chane des tres est

    compose d'anneaux parfaitement gradus et se suc-cdant les uns aux autres, sans aucune interruptiondans la continuit. Or, le zoophite est le premier an-neau de cette chane, et l'homme en est le dernier; end'autres termes le zoophite reprsente la vie animale son point de dpart, les autres animaux, dans leurordre successif, reprsentent chaque progrs jus-qu' l'homme, qui s'offre comme la dernire volu-tion ou le terme le plus avanc de la vie animale.Partant de ce principe, l'espce humaine est irr-

    fragablement soumise la loi de progression trs-

    imparfaite d'abord, elle a d marcher de progrsen progrs pour arriver au point qu'elle atteigntplus tard. Et, en effet, l'induction anthropologiquesemble ainrmer que les premiers bimanes, ouhommes primitifs, diffraient peu de l'espce im-mdiatement au-dessous d'eux. Semblables aux tresde l'chelon infrieur par les besoins de l'organisa-tion, ils ne s'en loignaient que par le dveloppe-ment et. la perfectibilit des organes crbraux. Sanscesse en lutte contre les lments, les intemprieset les animaux qui leur disputaient une proie, ilsvcurent longtemps domins par l'instinct de con-

    i.

  • 6servation et sans cesse occupes chercher des ali-ments et un abri. Que de sicles durent s'couleravant que l'espce humaine, forme d'abord de fa-milles isoles, errantes, pt se runir en peupladeset enfin se constituer en nations puissantes Que desicles Les traditions, toujours grossies de fables,la thologie et la mtaphysique la plus subtile sontimpuissantes a dterminer les poques de la na-ture il n'appartient qu'aux savants go-ethnogra-phes de prciser les rvolutions du globe et de sup-puter la succession des temps qui se sont coulsdepuis l'apparition de la premire famille humainejusqu' la fondation du premier -empire. Il rsultede leurs travaux que, loin de droger a la loi deprogression qui rgit l'univers, l'homme en est aucontraire l'clatante manifestation; et l'on doit con-clure que l'homme primitif, vivant sous la dpen-dance de l'instinct, ne pouvait tre arriv d'embleau point de perfection qu'il atteignit plus tard, amoins de le faire sortir du sol, comme Minerve toutarme du front de Jupiter, fables qui n'ont pluscours au temps o nous vivons.Nous nous htons de terminer une digression beau-

    coup trop aride pour un ouvrage tel que celui-ci, etrenvoyons les lecteurs qui dsireraient de plus am-ples dtails sur la formation du globe terrestre etsur l'apparition de l'homme sur notre plante notreHistoire y~Mrc//e ~/c ~owM

  • lleurs continuelles migrations, les familles humaineseurent peupl diverses rgions du globe, les racesse constiturent selon le degr de latitude et lesqualits du sol. C'est alors que la forme humaineacquit un beau dveloppement, se perfectionna danscertaines contres, tandis que dans d'autres elleresta son type primitif ou se dgrada sous l'in-fluence des causes altrantes.Il est unanimement constat que les habitants des

    zones tempres sont, en gnral, mieux faits etplus intelligents que les peuplades rabougries deszones glaciales, et que les populations nerves desclimats ardents. Les pays fertiles, bien exposs, four-nissant leurs habitants une nourriture saine etabondante, sont des plus favorables la beaut hu-maine, tandis que les contres striles, malsaines,s'opposent son 'dveloppement et la dgradent.Les nations o les tnurs et la libert rgnent, oles institutions gymnas tiques sont en honneur, sefont remarquer par la force et la beaut physique,le courage et toutes les vertus. Tels furent les Grecset les Romains, qui nous devons notre civ!Iisationmoderne. Les Grecs surtout, aux temps de leursglorieuses rpubliques, atteignirent le point culmi-nant de la beaut. Ce fut Solon, ce fameux lgislateurd'Athnes, qui, le premier, posa les bases d'un pland'ducation propre perfectionner l'homme. Leslois qu'il fit cet gard avaient deux objets, dontl'un tait de donner la sant, la force et la vigueuraux organes, par la frugalit et la gymnastiquel'autre tait d'orner l'esprit, et de former les murspar l'loquence et la morale. Les marbres qui nous

  • 8sont parvenus de ce peuple d'artistes nous offrent laforme humaine dans sa beaut presque idale. Les

    gyptiens, au contraire, aveugles esclaves, attelsau joug d'une lourde thocratie, ne franchirent

    jamais les limites de leur organisation physiqueprimitive ils restrent constamment laids, lorsqueles Grecs dont ils taient les anctres, devinrentbeaux, grands, superbes. Il en fut de mme pourles autres peuples qui, l'amour des arts, joigni-rent celui de la libert.Ainsi donc, il reste acquis l'histoire naturelle de

    l'homme que la physionomie propre aux diffrentspeuples de la terre doit son origine la nature duclimat, du sol, des aliments et l'tat plus oumoins parfait de civilisation. Une vie toute sen-suelle, la manire des brutes, et continue pen-dant des sicles sur des plages brles du soleil,a dform le visage du ngre et allong ses m-choires en museau. Les froids excessifs des rgionspolaires ont galement aplati la face de leurs habi-tants et arrt le dveloppement de leur charpenteosseuse. Au contraire, la vie civilise sous des cieuxtemprs, sur un sol fertile, donne aux hommes unvisage droit et rgulier, un corps bien fait et delarges facults intellectuelles. Aprs qu'une longuehabitude eut modih l'organisation primitive etnaturalis l'organisation acquise, le cachet physio-nomique des diverses races humaines resta dsor-mais indlbile. Nanmoins, la constitution prouvatoujours l'influence trs-marque des aliments, deslieux et des murs aussi les habitants des heureuxclimats du Ploponse~ de l'Ionie, de F Espagne, de

  • 9l'Italie, de la France mridionale, etc., sont naturel-lement beaux, vifs et dispos, tandis que les peuplesqui habitent les valles marcageuses ou qui res-pirent incessamment un air humide, pais, tels queles anciens Botiens, les Belges, les Hollandais,etc., sont, en gnral d'une constitution lourde.Un climat doux, uniforme, imprime aux traits etaux caractres sa douceur et son uniformit lespeuples qui habitent les magnifiques plateaux del'Asie en donnent nn exemple. L'air vif et pur desmontagnes rend l'homme robuste, agile, fier, preet sauvage les Spartiates, les Helvtiens, les po-pulations des Pyrnes, du Caucase, etc., joignent une grande nergie physique un invincible amourpour la libert.C'est, en grande partie, a l'influence du climat

    qu'est duc la diffrence dans le caractre des nations,et cette diffrence est d'antant plus tranche, quel'influence climatriqne est plus puissante. De lasont ns ces proverbes dessinant la physionomie dechaque nation Le Franais, de mme que l'an-cien Grec, est lger, mobile, inconstant, maisspirituel, aimable et d'une politesse recherche.

    L'Anglais est froid, positif, grand, gnreux etdvou lorsqu'il s'agit de l'intrt de son pays.L'Espagnol se montre grave et superbe. L'Italiensouple, adroit. Le Hollandais flegmatique.L'Allemand abstrait, rflchi, opinitre. Le Russeoffre, dans un corps robuste, la grandeur d'medes peuples primitifs. Le Turc est grave, pos etd'une bonne foi proverbiale. L'Arabe est sec,nerveux, dfiant, emport, indomptable, etc., etc.

  • tO

    Les aliments et boissons exercent une immenseinfluence sur l'organisation, puisque ce sont eux

    qui entretiennent la rie, en rparant les pertes quele corps fait incessamment par les excrtions. La

    bromatologie, ou art des aliments, forme une des

    parties essentielles de l'hygine des formes car,c'est au moyen des aliments et du rgime qu'onpeut changer compltement les formes, les augmen-ter, les diminuer; diriger la nutrition sur tel tissu,tel systme, en priver tel ou tel autre, activer lavie, la prcipiter ou la retarder, etc. Or, cette partiede notre ouvrage exigeant d'amples dtails, nouslui consacrerons, plus loin, un chapitre spcial.

  • CHAPITREII

    DFINITIONSDELABEAUTPHYSIQUEENGNRAL.

    Qu'est-ce que la beaut?Cette question si simple, si facile rsoudre, en

    apparence, a t cependant l'cueil de beaucoup desavants, qui n'ont pu l'encadrer dans une dni-tion strictement logique et cela parce que les qua-lits qui constituent la beaut, loin d'tre les mmespour tous, varient, au contraire, selon les peupleset les climats, selon les hommes et leur degr d'ap-titude saisir, discerner. En effet, ce qui estbeau pour telle nation ne l'est point pour telleautre ce qui embellit cette chose enlaidirait cetteautre; les beauts isoles et la beaut d'ensembleque saisissent, au premier coup d'il, l'artiste et leconnaisseur, restent jamais caches aux yeux duvulgaire ignorant, etc., etc.La plupart des philosophes anciens et modernes

    ont dfini la beaut d'une manire si obscure, qu'ilest dimcile d'en avoir une ide nette. Les dilni-tions spiritualistes sont toujours si vagues, si ambi-gus, si-profondment nbuleuses, que, loin d'lu-cider la question, elles ne font que l'obscurcir, l'em-

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    brouiller. Ainsi, par exemple, quand Platon nous dit Le beau, c'est la splendeur du vrai. n Puis il

    ajoute K I! est impossible que les choses quisont rellement belles ne nous paraissent pasbelles, surtout lorsqu'elles sont doues de ce quifait qu'elles nous paraissent belles. aCela nous fait-il connatre les qualits essentielles

    de la beaut ? Et dans cette autre dfinition d'unspiritualiste moderne

    La beaut proprement dite, c'est l'essence del'esprit, y voyons-nous plus clair?

    ~y~Me/ disait Newton, pr~er~c-MO de laM~ap~y~Me.Cette prire du savant illustre est la plus mor-

    dante pigramme faite contre ceux qui, abandon-nant le monde sensible, s'lancent imprudemmentdans l'infini sans guide ni boussole. Ils peuventse comprendre eux-mmes, mais, coup sr, ilsrestent incompris de la foule.

    L'ide de beaut ne pouvant tre exactement lamme pour toutes les intelligences, puisque lesqualits constituantes de la beaut sont diverse-ment apprcies, il devait en rsulter une varit dedfinitions dont nous rapporterons les principales.

    La beaut du corps consiste dans l'c~r~T/z'eou proportions, dans la symtrie, les rapports desparties et l'harmonie de l'ensemble.

    La beaut est un tout parfait dans sa forme,ses proportions, ses rapports et sa couleur.

    La beaut rside dans le pariait rapport desparties avec le tout et du tout avec les parties.

    La beaut est une qualit des corps qui agit

  • 1:~

    2

    mcaniquement sur l'esprit par l'intervention dessens, et force l'admiration.

    La beaut n'est autre chose que la puissanced'un objet, propre exciter en nous la perceptiondes rapports.Comme on le voit, toutes ces dfinitions laissent

    dsirer, et ne sont que l'expression des diversesmanires de sentir des hommes de got qui les ontformules.D'aprs nous, la bante, en gnral, est l'accord

    parfait des parties avec le tout et du tout avec les

    parties. De cet harmonieux accord entre les for-mes, les proportions, les rapports et les couleurs,rsulte la beaut selon l'art. Mais, selon les gotsde l'individu et les murs des diffrents peuples,la beaut n'est autre cliose que la runion des qua-lits propres agir d'une manire agrable sur lessens et l'me c'est--dire charmer les yeux et inspirer un sentiment d'amour ou d'admiration.Cette dunition, plus gnrale que les prc-

    dentes, embrasse, d'une part, toutes les conditionsexiges, telles que rgularit symtrique dans lestonnes et les ligues; harmonie dans les proportions,les rapports et les couleurs, enfin, l'expression,l'agrment ou la grce. D'une autre part, elle s'ac-corde parfaitement avec l'ide que les hommes detous pays peuvent avoir de la beaut et rend aussiles diverses impressions que la vue peut leur faireprouver.

    La dfinition donne, il nous reste dcrire som-mairement les diverses qualits que nous venonsd'numrer.

  • !4

    FORMES,PnoPoR'no~S, RAPPORTS

    La forme rsulte de la surface, des lignes et descontours elle est une des manifestations ou pro-prits de la matire.

    La proportion se traduit par l'quilibre sym-trique des diverses parties d'nn tout.Les rapports ne sont que la liaison et l'accord

    parfait des parties entre elles, de manire a compo-ser un tout harmonieux.

    La beaut des formes l'emporte sur celle des cou-leurs, parce qu'il y a dans l'ondulation des lignes etla souplesse des contours, un attrait qui caresse lesyeux, un charme qui sduit, une volupt qui eni-vre. C'est pour cela qu'une belle statue impression-nera plus vivement qu'une belle peinture. Cettesupriorit de la forme sur la couleur ressort deplusieurs traits historiques incontestables.Timothee, allant disputer le prix aux jeux olym-

    piques, attire l'admiration de tous les spectateurspar la frache couleur de sou visage; mais. lorsqu'il 1s'est dpouille de ses vtements, pour entrer dansla lice, tous les yeux se hxent sur son corps, donttles admirables proportions l'emportaient sur lafracheur et la beaut du visage.

    L'enet lectrique, produit par !e beau corps de~ry~e sur sesju~es, est uneant.rc preuve ee!:u,;mtede la puissance de la b''aute des f'ortuf's, car /An/wavait la peau jauntre, (~mme l'indique son nom.

    Couleur. La couleur, quoique moins indispcn-

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    cble a la beaut que la forme, est celle des qualits({ue l'il aperoit de prime al)ord et saisit plus ais-ment, tout h' monde la distingue et l'apprcie, tandisqu'il n'en est pas ainsi pour la forme, l'expressionet lagrce, qui demandent une certaine aptitude etdes connaissances. Une belle carnation, un beauteint dans l'chelle chromatique de la beaut, est uneparure de premier ordre. L'admiration qu'une bellecarnation nous cause dpend autant de la couleurque de l'ide qu'elle fait natre d'une riche sant.Les diverses teintes qui composent la couleur de

    la peau ne doivent pas tre trop prononces; lesteintes les plus doues et les mieux fondues sont lesplus belles. Dans un beau teint, le blanc, le rose, etl'azur des veinules s'isolent, s'allient et se fondentpar des nuances insensibles; la couleur noire descils, souicils et cheveux, tranche sur l'albtre de lape.m et en fait ressortir la blancheur. C'est pour cemotif quta peau blanche de la femme brune a-plusd'clat que ceHe de la btonde.

    L'expression ou manifestation extrieure des im-pressions de Fam est, a proprement parler, le lan-~a~e des muscles. Les poses, les attitudes, les gestes,les divers mouvements de la tte et des membres, ontun langage qui, soumis ;i des relies, compose la mi-mique. C'est surtout dans les yeux et les traits du vi-sage que viennent se rflchir les anections psychi-ques. D'aprs nos habiles physionomistes, la plushelle expression du visage resuite d'un mlange e~alde joie, d'amour et de douceur. Un beau visage, avecune expression dure ou dplaisante, perd la moitide ses charmes. Un visage immobile semble priv

  • !6

    de vie. Le mouvement et l'expression animent laforme humaine, le repos absolu la ptrifie.Grces. Les anciens Grecs reprsentaient les

    Grces comme compagnes insparables de Venusvoulant indiquer par cette allgorie qu'elles faisaientpartie intgrante de la beaut parfaite, et qu'elles entaient le plus prcieux ornement, l'attrait le plusdlicat. Hsiode les avait dnommes: c'est--dire beaut brillante; ~'M/ro.s~c, beaut douceet tendre: Y~a/p, beaut pleine de vivacit. Lecorps de ces charmantes desses tait couvert d'uncrobe lgre et transparente, ahn qu'on pt admirerleur taille soupleetdeliee toujours jeunes et riantestoujours simples et modestes, elles se tenaient parlamain et ne se quittaient jamais.Les grces ornent l'esprit et le corps; elles se ren-

    contrent dans toutes les manifestations de !a vie, aussibien dans le langage parle que dans le lan~a.~e d'ac-tion on les retrouve dans les diverses expressionspbysionomiques, dans le jet des draperies, les ajuste-ments et parures. Ce sont elles qui donnent la ron-deur aux mouvements, la lgret a la dmarche, lasouplesse aux membres. la facilite aux restes, l'ai-sanccau maintien, aux manires; l'lgance aux atti-tudes et aux poses, etc. Jetes comme une ~axele~eresur la forme humaine, les grces font deviner uneducation soi~n~e, une inteDi~encc ouverte et uneharmonieuse consonnance du physique et du moral.Il y a une ~r.u'e seme sur chaque trait et atta-

    che a chaque mouvement du corps, c'est cette~race qui plait et rduit, qui c.fpLive les yeux et al-lume l'amour. Si les Franaises, sans tre les plus

  • 17

    2.

    belles, l'emportent sur les antres femmes du monde,c'est parce qu'elles sont les plus gracieuses. Il r-sulte de ce que nous venons de dire que la prceest le complment indispensable de la beaut elleest au corps ce que les parfums sont aux fleurs.Nous terminerons, toutefois, cette argumenta-

    tion en avouant qu'une dennition de la beaut nesaurait tre mathmatique, attendu que l'exacteapprciation de la beaut est une affaire de ~ot, desentiment et d'aptitude.

    L'ide que les anciens avaient de la beaut taitgrande, ricvee; ils ne la considraient pas simple-ment, chez l'homme, comme un assemble sym-trique de perfections matrielles, ils la compltaientpar l'adjonction des perfections morales. En effet, labeaut ne consiste pas dans telles formes, telles pro-portions dtermines mais, dans l'harmonie et lesrapports de ces formes avec l'ensemble des fonc-tions et facults de l'individu; ce qui conduit logi-quement a cette consquence que la beaut est l'ex-pression sensible des perfections de l'tre.

    Plusieurs philosophes d

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    n'inspira un plus ardent enthousiasme. L, une bellefemme tait l'objet d'un culte rel on la difiait.Les artistes s'empressaient de multiplier les marbresqui reprsentaient les beauts et perfections de soncorps, les historiens et les potes lui assuraient l'im-mortalit. Ouvrez l'histoire et voyez Las subju-guant par ses charmes, les vertus les plus autres, lescceurs les plus insensibles Aspasie attirant autourd'elle les plus grandes clbrits de son poque etfaisant clore les merveilles du sicle de PriclsPhryn dsarmant ses juges blouis de l'clat de sa'beaut Lamia rivant des chanes l'inconstant D-mtrius Rhodope pousant Psammeticus et mon-tant sur le trne des Pharaons et tant d'autresbeauts clbres qui obtinrent des autels.

    Plusieurs influences contriburent puissamment perfectionner la beaut physique parmi les Grecsd'abord les soins auxquels la femme' tait assujettiependant sa grossesse; les vtements amples, sans li-gature et n'exerant aucune compression les char-mantes sculptures qui frappaient sans cesse ses re-gards et lui offraient la forme humaine dans toutesa beaut. Et puis, la gymnastique, faisant partiede l'ducation publique les jeunes hommes s'exer-ant nus, dans les gymnases les femmes Spartiatesse disputant le prix de la lutte, sans autre voile quecelui de la pudeur, et fournissant d'excellents mo-dles aux artistes enfin, l'amour, la passion qui ani-mait ce peuple pour la beaut et qui le porta ri-ger des honneurs incroyables ceux qui la poss-daient au suprme degr. Tout cela dut ncessaire-ment perfectionner la race des Hellnes. Parmi les

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    exemples d'honneur dcerns la beaut, on citecelui de Phryn, dont la statue tait adore dans letemple de Delphes, et celui de Philippe de Crotone,qui, difi de son vivant par les habitants de Sgeste,reut un culte et des sacrifices.

    Tel tait chez la nation grecque l'empire de labeaut, qu'on dfendait aux artistes, sous des peinessvres, de reprsenter des personnes laides ou des

    sujets grotesques tandis que, d'un autre ct, leslgislateurs cherchaient perptuer, par l'mula-tion et les rcompenses, l'amour du beau en insti-tuant des ftes o les deux sexes venaient se dispu-ter le prix de la beaut. A Lesbos, Tndos, lis, Mgare et autres villes du Ploponse, celui oucelle qui obtenait le prix tait port en triomphe etrecevait des honneurs presque divins.Et qu'on n'aille pas croire que ces rcompenses

    fussent dcernes la beaut de l'enveloppe seuleles Grecs taient trop justes apprciateurs et jugestrop clairs pour en agir de la sorte. Aussi, lisons-nous cette sentence prononce par le juge en cou-ronnant le vainqueur

    Celui-l seul a mrit le prix de la beaut, quirenferme une me yer~MCM~dans un corps plein de~MeMr et de beaut.

    Celle-l seule est digne du prix, quijoint labeaut du corps celle de ~Me. NNous nous rangeons l'opinion de ceux qui pro-

    fessent que la beaut est gnralement insparablede la sant et de la bont; qu'une belle personne,dans toute l'extension du mot, doit runir les qua-lits physiques et morales propres attirer l'admi-

  • 20ration, la sympathie, l'amour parce qu'une per-sonne bien organise physiquement doit l'tre aussimoralement. Une telle organisation doit annoncerla paix du cur, la srnit de l'me, des penchantsaimables, des passions douces et d'heureuses dispo-sitions pour ses semblables.Une belle personne ne saurait donc tre vicieuse

    par nature, hormis l'exception et si, dans notre so-cit, il n'est pas rare de voir le contraire, c'est--dire de rencontrer un beau corps cachant une meperverse, il ne faut pas en accuser la nature, maisbien la socit elle-mme, qui, par ses mille innuen-ces, a dtruit l'harmonie du charmant ouvrage dela nature la socit vicieuse, qui, de son soulleimpur, a gt le cur sans endommager l'enveloppe,qui a tari le parfum sans ternir la couleur.

    BEAUTLOCALISE

    Chaque objet, chaque tre, qu'il soit le produit dela nature ou de l'art, peut offrir un ensemble har-monieux une fleur, un difice, un animal, ont ungenre de beaut qui leur est propre. Dans la beautlocalise la forme humaine, le concours des lignescourbes ou ondoyantes, des proportions et des rap-ports, des couleurs et des teintes, est indispensable.On a dit que les lignes courbes taient la beautce que la lumire est au jour. En effet, si l'on partd'un type qui les runit harmonieusement, commeles marbres de Vnus et d'Apollon, pour descendreau type le plus laid, celui de Vulcain et des Gorgo-nes, on aperoit les courbes diminuer graduelle-

  • ment, devenir rares et se convertir en lignes droites,d'o rsultent les formes sches, anguleuses, grotes-ques, caricaturales.Ce contraste des lignes courbes et droites n'avait

    point chapp notre grand versiiicatenr Delille,qui, au sujet de l'imagination, s'exprime ainsi

    T)c~;formes(]ontles irait-,1; -,*d..i'Pn*tto*ujo"ut*Desformesdont!cstraitsh sduisenttoujours,Lacourbe,parsi ~raceet sesmocMeuxcontours,Hit )

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    diffrents degrs indiquent les progressions de labeaut, jusqu' sa perfection. Cette chelle est com-pose de cent degrs dix pour la couleur, vingtpour la forme et les proportions, trente, pour l'ex-pression, et quarante pour les grces. D'o il rsulteque la personne qui dpasse certains chiffres, maisreste en arrire des autres, n'est point une beautaccomplie et d'o l'on peut conclure que la beautparfaite, absolue, n'existe point chez une seule etmme personne.

    BEAUTRELATIVE

    Selon les ges, les sexes, les climats et les races,les caractres de la beaut varient. L'enfance, lajeunesse, la virilit et la vieillesse, ont chacune leurbeaut relative. La beaut fminine diffre com-pltement de la beaut masculine. -Les races blan-ches, jaunes, bronzes, noires, possdent chacuneun genre de beaut spciale leur type; d'o il r-sulte que ce qui est beau pour l'une serait trs-laidpour l'autre. Ainsi, l'Europen regarde la blancheurde la peau comme une qualit le ngre n'estimequ'une peau noire. Le premier peint ses diables ennoir, pour les rendre plus hideux, le second les en-veloppe d'une peau blanche. La forme ovale duvisage est* la plus belle, selon nous, tandis que c'estla forme ronde pour les Kalmouks. Les beauxyeux bien fendus et gardant .la ligne horizontalesont pour les Europens une perfection, le Chinoisles mprise souverainement et n'aime que les yeuxobliques demi ouverts, etc.

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    Cette varit d'opinions s'explique aisment ilest naturel, en effet, que chaque race, chaque peu-ple, soit persuad de la supriorit de son physique,et cela est tellement vrai, que toutes les nations ontdonn et donnent encore aux dieux qu'elles repr-sentent, leur physionomie et mme leurs vte-ments.Les charmantes divinits olympiennes font recon-

    natre un peuple d'artistes, chez lequel la beaut desformes avait acquis un haut degr de perfection. Lafigure des dieux scythes et des autres peuples bar-bares annonait une organisation infrieure celledes Grecs. L'Ethiopien, le Cafre et toute la racengre fabrique ses dieux sur son modle, avec unnez cach, de grosses lvres, des pommettes sail-lantes, etc.Les dieux chinois sont obses l'instar des plus

    gros mandarins; les desses, au contraire, sont ma-cies, parce qu'en Chine les conditions de beautsont la corpulence chez l'homme et la maigreur chezla femme. Il en est ainsi partout le type nationalest le plus beau la forme qui s'en loigne est im-parfaite.

    Maintenant, si nous envisageons la beaut relativesous son second aspect, nous voyons qu'elle dpendencore du mode impressionnel propre a chaque in-dividu, c'est--dire que celui-ci trouve dans tellephysionomie un attrait sduisant, un charme qui l'attire et le force a l'admiration, l'amour, tandis quecelui-l n'y dcouvre rien qui puisse rveiller en luides sentiments analogues de telle sorte que l'un sepassionne et l'autre reste indiffrent pour le mme

  • -24

    objet. Ces deux modes d'tre affect ont leur sourcedans une sage loi de la nature; car, si les qualits dela beaut taient les mmes pour tous les hommeset les impressionnaient de la mme manire, il n'yaurait alors d'admiration, d'amour, que pour lesquelques sujets qui reuniraient ces qualits, et lanature a voulu, au contraire, que tous les tres s'at-tirassent les uns vers les autres, pour se charmer ets'aimer rciproquement; c'est dans ce but qu'elleimprima au cur des deux sexes un mode dnrentd'tre auect, un mode durrent de sentir. Et, eneffet, il n'existe peut-tre pas deux individus sur laterre qui envisagent strictement de la mme manireles mmes rapports dans un mme objet. Celui-ciaperoit des rapports qui ne frappent point celui-l,et celui-l dcouvre d'autres rapports tout fait ca-chs celui-ci d'o rsulte la diversit des impres-sions, des gots, des sympathies, etc.

    BEAUTDECO~VEMIO~

    Ce genre de beaut, qui a quelque:- rapports avecla beaut relative, est particulier aux climats, auxmurs, aux habitudes et au degr de barbarie ou decivilisation des peuples. Aucune nation n'est exem-pte des bizarreries de cette beaut conventionnelle;depuis la mince et dlicate parisienne qui se d-forme la taille sous l'treinte d~un corset, jusqu'l'paisse Hottentote qui s'crase !

  • 25

    N

    M est d'usage immcmonal, parmi les indignesde plusieurs contres d'Asie et d'Amrique, de tra-

    vailler, de malaxer les os du crne des enfants, a la

    mamelle, pour donner ai leurs ttes une forme natio-nale rpute la plus Loile. Telle est la cause des di-vers peuples et peuplades ttes allonges en melon, ttes carres ou pyramidales, ttes pointues ou

    aplaties, avec une saillie monstrueuse des rgionstemporales.Les Europens aiment un front large, lev, bien

    dcouvert, tandis que les Pvuriens n'estiment

    qu'un front troit et dprim; leurs femmes, pourobtenir ce genre de beaut, emploient, ds le basge, de violents moyens mcaniques et parviennent leur but.Les grands yeux a fleur de tte et ronds ouverts,

    sont une beaut dans certains pays; les Lapons etles Esquimaux aiment, au contraire, les yeux demi-ferms. Chez les Chinois, ainsi qu'on l'a dj dit, lesyeux fendus obliquement, paupire suprieure,longue et tombante, sont rputs les plus beaux.Un nez prominent est fort laid pour les peuples

    Tartares et Mongols; aussi les mres ont-elles soinde l'aplatir leurs enfants ai la mamelle. Les ngreset les races couleur de suie regardent un nez patet d'une atH'euse largeur comme une perfection. LesPersans font consister sa beaut dans une noble lon-gueur. Plusieurs peuples et peuplades percent lacloison du nez et y suspendent des ornements, desbijoux, comme cela se pratique, chez nous, pour lesoreilles. Les objets suspendus sont quelquefois silourds, que la cloison nasale s'allonge et tombe sur

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    la lvre suprieure; cet allongement hideux est unebeaut pour ces peuples. Dans d'autres contres,c'est la lvre infrieure qui jouit du privilge d'tre

    perce d'un trou, pour y recevoir les divers bijouxque la mode oblige a porter.Les dents blanches et bien ranges nous semblent

    le principal ornement de la bouche; mais, tous lespeuples ne pensent pas de mme. Ainsi, pour lesSiamois, les dents noires sont les plus belles; ils ontsoin chaque jour de les noircir. A Macassar, cesont les dents jaunes et rouges qui l'emportent surles noires et les blanches. Les femmes de Macassarpassent une partie de la journe peindre leursdents en rouge et en jaune, de manire qu'une dentrouge succde une dent jaune et alternativement.

    Chez les Jaggas, l'absence des deux dents incisi-ves suprieures est une' condition de beaut. Lafemme qui n'aurait pas le courage de se les fairearracher serait mprise et ne trouverait point a semarier. Beaucoup de femmes, pousses par la co-

    quetterie ou le dsir de plaire, s'arrachent quatredents au lieu de deux, et sont sres de trouver desadorateurs. Quelques nations estiment les petitesoreilles; plusieurs autres les veulent d'une hideuse

    longueur. Les habitants de l'le de Pques tirail-lent le pavillon de l'oreille leurs enfants, l'allongentautant que possible et le renversent la faon del'aile rabattue d'un tricorne. Les Ethiopiens re-cherchent les oreilles plates, larges et colles sur lesos d crne, comme un espalier contre un mur.Les Zlandais font consister la beaut de l'oreilledans l'norme dveloppement de son lobule. Ce lo-

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    hule~ quelquefois de la largeur de la main, est percd'nn trou oblong, destin a recevoir des chevillesde bois, de la grosseur du poing; des fragmentsd'os nu de pierre, et des morceaux de fer du poidsde plusieurs livres.

    Ici, on apprcie un cou gros, trs-court et rentrantdans les paules; l, c'est un cou mince, allong,qu'on recherche. Dans quelques localits desAlpes, un goitre monstrueux a des charmes unefemme sans goitre ne trouve point d'pouser.

    La beaut de la poitrine des femmes varie aussi,selon les pays et les gots. Chez les uns les seins

    prominents, normes, sont en faveur; chez les au-tres ce sont les poitrines plates. Les bayadres del'Inde enferment leurs seins dans des tuis d'corceflexible pour en arrter la croissance; les aimesd'Kgypte et les Bdouines les tiraillent pour lesavoir longs et pendants.Il n'y a pas, non plus, d'accord unanime pour la

    beaut de la taille. Les Turcs, les Allemands, re-cherchent l'embonpoint chez la femme les Japonaiset les Chinois exigent la maigreur. Les premiers sepassionnent pour des tailles paisses et larges lesseconds pour des tailles minces, macies. Du reste,nous ne saurions nous moquer de ces peuples; car,chez nous, Franais, qui nous croyons matres pas-ss en fait de bon got, n'avons-nous pas plac labeaut tantt dans une large taille, simule par uneceinture se nouant sous les aisselles, et tantt dansune taille de gupe, dont la ridicule longueur em-

    pite sur le bassin?'?Il est des pays o l'absence des muscles fessiers

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    est une qualit en d'autres on fait peu de cas desfemmes qui n'ont point une croupe hottentote.Les gros ventres ont t autrefois en faveur chez

    les Anglais, la mme poque c'tait, en France, lamode des ventres plats.Plusieurs nations apprcient les jambes longues,

    eSiles, tandis que d'autres prfrent les jambescourtes et massives. Il en est de mme pour lesbras et les mains.En Chine, on adore un pied pais et court; en

    Orient, on ne l'estime que lorsqu'il est large et plat.Les Franais s'prennent d'un pied mince et petit;les Anglais d'un pied troit et long. Relativement la beaut de la peau, chaque race, chaque nation, laplace dans la couleur qui lui est propre, ou dans lesmoyens factices qu'elle emploie pour la dcorer.Ainsi, chez la race ngre, la beaut de la peau estdans un noir d'bne, chez les Cafres, les Papous,les Zembliens, etc., elle est dans la couleur de suie.Les naturels de l'Amrique, les peuples des cerclespolaires, les races tartare et mongole, ne voient labeaut que dans les peaux jaunes. Les Indiens n'ap-prcient que les peaux brunes, tandis que les Euro-pens excluent toutes ces couleurs et proclamentles peaux blanches, animes de teintes roses,comme les seules vraiment belles. Une foule depeuples et de peuplades barbares cachent la teintenaturelle de leur peau, sous un badigeonnage dediverses couleur? les autres sous des marques ind-lbiles d'un tatouage gnral. Les Gronlandaises,pour paratre plus belles, se peignent le visage avecdu jaune et du blanc. Les Dcanaises avec du

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    3.

    jaune de plus, elles se rougissent les mains et les

    pieds. Les Zembliennes, se tracent des lignes bleuesau front et au menton; les Japonaises se teignent les

    paupires et les lvres en bleu. Presque toutes lespopulations de l'Ocanie et de la Polynsie ne voientde beaut que dans une peau tatoue. La peau du

    visage, de la poitrine, des bras, des jambes, et ducorps entier est recouverte de dessins, plus ou moinsbizarres, mais trs-rguliers Jfaits au moyen de cail-loux tranchants ou de pointes d'acier, de telle sorteque toute la surface cutane de l'individu prsenteun bariolage complet de la tte aux pieds.En~T), une dernire preuve de la variabilit de la

    beaut conventionnelle nous est fournie par lestraits suivantsDans la capitale d'thiopie se trouve la statue

    d'une femme, dont la prodigieuse beaut lui valutun royaume et des honneurs divins. Cette statue,dcrite par plusieurs voyageurs, offre une tte carre front fuyant, des pomettes saillantes, un nezcach, une bouche norme, des seins pendants ettrs-longs, une ceinture et un bassin trs-large,un norme dveloppement de la rgion fessire, etc.Dans la ville de Canton, il existe un tableau qui

    excite vivement l'admiration des Chinois; ce tableaureprsente trois femmes nues, modles de beaut,selon le got du pays, et dont voici les principauxtraits les yeux sont petits, obliquement fendus etrecouverts d'une norme paupire suprieure; le vi-sage est aplati, large, et le nez peu saillant; le ven-tre promine, tandis que le reste du corps est d'uneaffreuse maigreur; les pieds sont aussi courts qu'-

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    pais, et les doigts sont arms d'ongles monstrueux.A nos yeux, ce tableau reprsenterait trois femmesphthisiques ou macies par une longue et doulou-reuse maladie; pour les Chinois c'est, au contraire,la beaut dans sa perfection idale.Rubens, dans son Jugement de Paris, a, certes, bien

    en l'intention de peindre la beaut sous la formela plus attrayante mais, pour nous, Franais, sestrois Grces, se disputant la pomme d'or, ressem-blent beaucoup trois grosses Flamandes, parceque le peintre tait Flamand et voyait la beaut dumme oeil que ses compatriotes.Aprs ce qu'on vient de lire, peut-on affirmer

    qu'il existe une beaut relle, absolue, qui se subs-titue toutes les antres? Cette beaut relle, que l'artet le bon got ont dcouverte et formule, est-ellela seule vraie? ou bien la beaut n'a-t-elle point deforme dtermine et ne dpend-elle que de la ma-nire dont chaque race, chaque peuple, chaque indi-vidu, reoit ses impressions?Voici, par exemple, une forme humaine regarde

    et estime comme parfaitement belle par une moitidu monde, tandis que l'autre moiti la considrecomme parfaitement laide; de ces deux opinions,quelle est la vraie, et de quel ct placer son choix

    pour faire pencher la balance ? La question devientencore plus embarrassante, et l'on ne peut logi-quement la rsoudre sans remonter des causesloignes.Chaque peuple possde un caractre qui lui est

    propre, un instinct dominant qui le pousse vers telledirection, tel but. Ainsi, les Phniciens, IcsTyriens,

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    les Carthaginois, exclusivement livrs au commerce,furent les marchands de l'ancien monde. L'Indeet la Perse s'adonnaient l'agriculture. Les

    Scythes passaient pour des peuples guerriers etpasteurs.

    L'Egyptien creusait des ~~po~cMou tombeaux,btissait des temples et fabriquait des Dieux plusou moins grossiers. -Les Grecs, nation privilgieau moral et au physique, furent les potes et lesartistes, par excellence, de leur poque. Dous d'un

    esprit juste, pntrant, et d'une brillante imagina-tion, ils surpassrent ce qui avait t fait .avant eux,et portrent les arts, la statuaire surtout, un tel

    degr de perfection, que les civilisations subs-

    quentes, ne trouvant rien perfectionner dans l'art

    plastique, ne purent que copier les chefs-d'uvrede ces matres, les galer quelquefois, mais les sur-

    passer jamais. Le gnie des arts plastique et poti-que forme le ct le plus saillant, la face la plusbrilinnte de la civilisation grecque et c'est cegnie que nous devons les marbres que semblentavoir respects les sicles pour les conserver notreadmiration. Les grands artistes de cette poque,s'apercevant que la beaut parfaite n'existait pointsur un seul individu, empruntrent diffrents mo-dles les perfections qu'ils y dcouvraient, pouren former un tout parfait auquel fut donn le nom debeau collectif. Ainsi, Xeuxis, pri par les Agrigentinsde peindre une Vnus, choisit, parmi cent jeunesfilles d'Agrigente, sept modles dans lesquelles ilreconnut les perfections isoles qui lui taient n-cessaires pour composer un tout parfait. Les plus

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    belles filles de la Grce servirent de modles Scopas et Praxitle, lorsqu'ils s'immortalisrentpar leurs marbres reprsentant la mre des amoursdans tout l'clat, de sa beaut. La Vnus de Mdiciset l'Apollon du Belvdre, qu'on ne se lasse d'ad-mirer, sont galement le rsum des perfections devingt modles. Enfin, le statuaire Polyclte, qui,dans le fameux concours des statues des Amazones,remporta le premier prix sur Phidias, tablit d-nitivement les rgles de proportions et de rapportsqui constituent la beaut selon l'art; la statue qu'ilexcuta, comme preuve de ce principe et pour ser-vir de modle, fut surnomme NORMA, ou rgle,par tous les artistes; et, depuis cette poque jusqu'nos jours, la rgle tablie par Polyclte n'a pointvari; tout ce qui s'y conforme est jug beau, toutce qui s'en loigne est jug dfectueux.Avant de modeler cette fameuse statue, Polyclte

    voulut exprimenter si l'apprciation du beau taitune facult, de l'me, un sentiment inn, comme leprtendaient certains philosophes idalistes. Il mo-dela, en consquence, deux statues, l'une d'aprsles avis de la multitude, l'autre selon les rgles del'art. Il couta les conseils de tous ceux qui en-traient dans son atelier il modifia, changea, rfor-ma, suivant les observations qu'on lui faisait, et seconforma aux gots divers. Enfin, le travail achev,il exposa ses deux statues l'une excita l'admirationdu public, et l'autre fut un objet de rise. Alors,Polyclte prenant la parole c La statue que vouscritiquez, dit-il, est votre ouvrage, celle que vousadmirez est le mien.

  • 33

    L'illustre Camper, si connu par ses travaux d'ana-tomie compare et par ses tudes sur l'angle facial,prouve pertinemment que l'apprciation du beau

    peut bien quelquefois dpendre d'une aptitude parti-culire de l'esprit qu'on appelle sentiment, got, ~c~mais, qu'elle se dveloppe gnralement par l'duca-tion et s'agrandit par l'tude des meilleures produc-tions de l'art. Winkelmann et Raoul-Rochette, no-tre savant archologue, affirment galement qu'unetude raisonne des chefs-d'uvre de l'antiquit etdes temps modernes fait natre le sentiment du beauou lui donne un essor prmatur. Les artistes denotre poque et tous ceux qui s'occupent d'arts par-tagent cette .opinion. Nous concluons donc, avecnos matres en c.~c~M'3 (science des beaux arts),que l'opinion dfs philosophes sur l'apprciationdu beau comme sentiment inn, est compltementerrone que l'aptitude juger sainement de labeaut relle, ou selon l'art, fait dfaut la grandemajorit des hommes, et que cette aptitude n'estdvolue qu' un petit nombre d'individus privilgisl'exprience le confirme tous les jours.

    BEAUTRELLEOUSELONL'ART

    D'aprs ce qui prcde, la beaut relle se trou-vera dans la runion, sur un mme corps, des ~ro-~or~o~ et de leurs parfaits rapports, du mlangedes couleurs, de l'expression et des grces, qualitsqui rsument les perfections sensibles de l'trehumain.

    Les deux premires qualits sont inhrentes la

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    matire, les deux autres dpendent de l'harmonieuseconsonnance du langage d'action et des divers mou-vements de l'me. La runion de ces quatre qualitsest indispensable pour constituer ce qu'on appellela beaut relle ou parfaite Si l'nne de ces qualitsfait dfaut, l'harmonie de l'ensemble est drran~eela beaut n'existe plus dans son entier. Ainsi l'onvoit souvent des personnes qui possdent de beauxyeux, un front ouvert, un nez rgulier, une.jolie bou-che, un corps bien fait, et ces personnes ont pourtantle malheur de dplaire la nature, en les comblantde ses dons, leur a refus le plus prcieux, celui deplaire, c'est--dire les qualits de proportions et derapports. Tous les traits, pris sparment, sont irr-prochables mais, quelque chose manque, c'est le lienharmonieux qui doit les runir. D'autres person-nes, n'ayant rien de remarquable dans leurs traits,pris en deLail, plaisentneamuoins, et les yeux aiment s'arrter sur elles, parce que leurs traits runissentcertaines conditions d'harmonie et d'expression.

  • CHAPITREIII

    DELABEAUTSELONLESSEXES

    La beaut physique ne saurait tre la mme pourl'un et l'autre sexe les caractres qui la consti-tuent chez rhomme doivent tre difrents de ceuxqui la dterminent chez la femme.L'homme prsente une charpente osseuse solide-

    ment construite, un systme musculaire fortementaccus, il a de robustes paules, une poitrine largeet carre le ventre aplati, les hanches troites, lesbras et les jambes bien muscls et leurs extrmitstendineuses. Les traits de son visage sont empreintsd'une mle nergie son regard est lier, sa voixpleine et sonore, sa dmarche assure en un mot,l'ensemble de son organisation annonce la force etla vigueur.La femme offre une constitution plus dlicate sa

    charpente osseuse est moins forte, moins leve, sonsystme musculaire moins dvelopp que celui del'homme son temprament est plus humide et sonorganisation plus impressionnable. La douceur desa voix, la chastet de son regard, l'amnit de sonsourire annoncent un tre timide et tendre, aimantet dvou. Sa peau satine recouvre d'attrayantesformes; sa poitrine recle de prcieux trsors; sa

  • 36

    taille est ravissante La femme a les lianes larges,les hanches vases, le ventre arrondi, les bras etles jambes dlicieusement tourns; tout est con-tours suaves, lignes ondoyantes; tout est gracieuxet charmant, tout sduit dans sa personne.C'est surtout dans l'organisation fminine que la

    nature dploya un luxe de charmes, une profusiond'attraits. Suivez de l'il les lignes qu'offre le beau

    corps d'une vierge de vingt ans ces lignes, vousles verrez natre, onduler et se perdre insensible-ment, de manire mnager la dlicatesse des con-tours et l'lgance des formes. La ligne qui descenddu cou s'arrondit aux paules, afin d'adoucir l'em-manchure des bras; elle glisse sur les cts de lapoitrine, se resserre la taille et s'largit au bassinpour laisser un champ libre la reproduction de l'es-pce de l elle descend aux genoux, et, aprs s'trerenfle aux mollets, elle s'amincit au bas de la jam-be, se recourbe encore aux talons et va se perdre l'extrmit des orteils. Partout la ligne onduledlicieusement sur ce beau corps: partout elle glissesur des surfaces veloutes, multiplie ses molles in-flexions, s'gare et disparat en de voluptueux in-terstices. Si, pour examiner les traits plus en dtail,vous remontez la tte, vous admirez d'abord cettelongue et magnifique chevelure qui, elle seule,vaut les plus riches ornements. Vous apercevez dansles yeux un voluptueux mlange de dsirs, d'amouret de langueur: pt sur cette bouche, qu'embellit lesourire, vous devinez une promesse de bonheur; car,ainsi que la fleur, sur le rameau, promet un fruit, demme le sourire sur la bouche d'une femme pro-

  • 37

    A

    met un plaisir; et le plaisir comme l'a dit un sa-vant, est la matire vivante ce que la gravitationest la matire inerte. Quand vous arrivez la r-gion pectorale, o s'arrondissent deux charmantshmisphres dlicieux banquet dress d'avance

    pour un convive natre, votre rcil en caresse invo-lontairement les suaves contours et vous prouvezl'irrsistible pouvoir de leurs charmes. Et puis, lepoli, la blancheur de sa peau, la douceur de sa main,dont le contact vous fait tressaillir; la souplesse desa taille, la grce de ses attitudes, la lgret de sadmarche, la dlicatesse de ses pieds qui semblentn'tre faits que pour fouler des tapis ou des fleurs;tout annonce, dans la femme un tre essentielle-ment fait pour plaire et charmer, pour aimer et treaim. La beaut de l'homme, ft-elle absolue, elleserait encore infrieure celle de la femme, quisemble tre sortie des mains de la nature, commeune uvre d'amour enfin, toutes les richesses dela forme et des couleurs, toutes les posies de l'or-ganisation, lui ont t prodigues pour qu'elle ftla plus belle des cratures vivantes.

    Le sexe fort, qui doit protger, a t taill l'angle ou au carr, et le sexe faible la courbe;parce que cette dernire conformation tait propre charmer les sens et faire natre les dsirs. Dansces deux organisations diffrentes, le but de la na-ture est facile reconnatre il tait ncessaire quela beaut gracieuse d'un sexe, inspirt de l'amour l'autre pour l'attirer et le iixer car l'indiffrenceet t la mort, le nant!Plac devant les deux tableaux que nous venons

  • 38-

    d'esquisser grands trait?, le lecteur s'apercevrafacilement que l'homme aux formes arrondies,molles, dlicates, et la femme aux saillies osseuseset musculaires, la taille paisse, au bassin troit,au visage ombrag de poils, seront, l'un et l'autre,des tres hybrides, galement loigns du beaufondamental.

  • CHAPITREIV

    DESCRIPTIONDESRGIONSET PROPORTIONSDUCORPSHUMAIN.

    Les dveloppements que nous avons donns laquestion gnrale de la beaut, ne sont que les pro-lgomnes de la question de dtail, qui devrait em-brasser, avec l'anatomie superficielle du corps entier,une foule de considrations relatives a la direction,au volume, proportions, rapports, symtrie, atti-tudes, expression, etc., etc., question, que nous nepouvons traiter fond dans le cadre troit de cetouvrage. Nous nous bornerons donc une descrip-tion rapide et sommaire de chaque rgion, de cha-que organe extrieur, de chaque trait, selon les r-gles de l'art, en renvoyant, toutefois, les lecteursplus spciaux l'excellent trait d~H~oMC desformes du professeur Gerdy.D'aprs les proportions offertes par les plus beaux

    modles et adoptes par l'art, le corps de l'hommedoit avoir huit ttes ou faces de hauteur, et celui dela femme sept seulement.La 1~ du sommet de la tte au menton.La 2" du menton aux mamelons.La 3" du mamelon au nombril.La 4~du nombril la bifurcation du tronc.

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    La 5" de cette bifurcation au milieu de la cuisse.La 6" du milieu de la cuisse au genou.La 7" du genou au milieu de la jambe.La 8" du milieu de la jambe la plante des pieds.La tte se divise en quatre partiesLa i" commence au sommet de la tte et se ter-

    mine la naissance des cheveux.La 2" descend jusqu' la naissance du nez.La 3* comprend le nez entier, du sommet la

    base.La 4" part de la base du nez et arrive l'extr-

    mit du menton.L'ceil doit avoir un module de longueur. (LeMo-

    dule est la moiti d'une desquatre divisions de la tte.)De la paupire suprieure au sourcil, un demi-mo-bule. L'espace compris entre les deux yeux, c'est--dire la distance d'un point lacrymal l'autre,sera de la longueur d'un il.Le nez aura deux modules de longueur et un

    de largeur; la narine un demi-module dans sa lon-gueur et un tiers dans sa largeur.La bouche, d'une commissure l'autre, aura un

    demi-module et sera fendue un demi module de labase du nez.L'oreille sera place dans la mme division

    qu'occupe le nez et aura la mme longueur.Les pieds et les mains prsenteront une tte de

    longueur galement divise en quatre partiesgales.Dans un corps bien proportionn, les mesures sui-

    vantes indiques se trouvent tre d'une justesse re-marquable.

  • 4i

    &.

    Cinq fois le diamtre de la poitrine, d'une aisselle l'autre, quivalent la hauteur du corps.Dix fois la longueur de la main donnent gale-

    ment la taille de l'individu.La distance qui existe de l'extrmin du doigt m-

    dius droit, l'extrmit du mdius gauche, les brastant tendus en croix, fournit exactement la hau-teur du corps.

    Le centre de la figure humaine se trouve lasymphise du pubis. De ce point, le corps se diviseen deux parties gales, comprises dans deux cerclesgaux. Le centre du cercle suprieur est plac aupoint correspondant la base du cur; le centre ducercle infrieur se trouve la jointure du genou.La mme symtrie existe pour les bras tendus

    une pointe du compas tant place sur le pli dubras droit et l'autre porte l'extrmit du doigtmdius, on dcrira un cerle dont le diamtre at-teindra le milieu de la poitrine. Si l'on fait la mmeopration pour le bras gauche, il en rsultera deuxcercles parfaitement gaux qui auront leur pointde contact au sommet de la poitrine.Tte. La tte, cette portion la plus noble de

    l'tre humain, qui renferme les prcieux organes desfacults intellectuelles, ne doit tre ni grosse, ni pe-tite, ni trop allonge, ni trop ronde. Selon Praxitle,Phidias, Polyclte et Lysippe, ces grands matresde l'art plastique, et d'aprs nos grands anatomis-tes modernes, le plus grand diamtre de la tte semesure du front l'occiput; le diamtre latral,d'une tempe l'autre, est plus petit. La hauteur duvisage, mesure du sommet du front la base du

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    menton, doit tre gale la distance comprise entreles deux extrmits temporales des sourcils, c'est--dire que, si l'on place le bont d'un fil sur l'arcadesourcilire droite, au point o se termine le sourcil,et qu'en suivant la convexit du front, on le con-duise au point o finit le sourcil oppos, on devraobtenir une mesure absolument semblable cellequi existe du sommet du front la base du menton.L'ovale du visage, reconnu le plus gracieux, le

    plus sduisant dans ses contours, est celui qui, par-tant du menton, va, en s'largissant peu peu, limi-ter le sommet du front par un arc de cercle. Laplus grande largeur de l'ovale est au-dessus de l'ar-cade sourcilire; cette disposition ouvre la figure etlui donne quelque chose de majestueux. L'ovale dela femme doit tre moins vas en haut que celui del'homme, et s'panouir doucement vers le pointcorrespondant aux commissures de la bouche, demanire mieux dtacher le menton.

    La beaut du front ne consiste pas seulementdans sa forme et son tendue, elle dpend aussi de sargularit, de ses proportions et rapports avec lesautres parties du visage. Tout le monde sait que lesdimensions de la table osseuse du front, donnent lamesure de nos facults intellectuelles, et que lesdiverses dispositions qu'affecte la peau frontale, d-clent les mouvements de l'me, le calme ou la vio-lence des passions.Sur un front large, lev, sont inscrits l'intelli-

    gence ut le gnie, lorsque les ligues, partant dessourcils, vont se perdre en coxt'bes insensibles sur lestempes, c'est le front de Minerve. Si le front est moins

  • ?lev, moins large, mais plus empreint de douceur,de grces et de tendresse, c'est le front de Vnus.

    Les yeux, ces brillants miroirs o viennent serflchir toutes nos affections morales, composent letrait le plus expressif du visage. Ils doivent tre fen-dus sur une ligne horizontale. La limpidit de l'iriset la blancheur azure de la corne opaque, sont deuxconditions indispensables la beaut de l'organe.Les yeux noirs ont plus de vivacit, reclent plusde feu; ce sont d'ardents foyers d'o jaillit la rapidetincelle qui dvore et consume. Les yeux bleussont plus tranquilles, ils revtent la riante couleurdes cieux et se meuvent chargs de tendresse et demolles langueurs. -Des sourcils nettement dessinsfont ressortir la beaut des yeux et ajoutent leurpuissance forts et touffus leur naissance, ils doi-vent aller mourir prs de la tempe, en une pointe fine,mais bien marque. Les sourcils trop pais, troparqus sont durs; ceux qui gardent une ligne pres-que droite donnent au visage quelque chose de plusouvert, de plus attrayant. De longs cils implantsrgulirement au bord libre des paupires, et par-faitement isols les uns des autres, sont indispensa-bles aux charmes du regard. Les yeux, ainsi enca-drs, possdent un attrait irrsistible, leur muetlangage est souvent plus expressif, plus loquentque l'harmonieuse parole.

    Les joues n'ont point d'expression par elles-m-mes, et ccpc'ndant elles concourent puissamment la beaut du vis.tgc, leur parfaite symtrie cLcron-denr eLde couleur; l'harmonie des courbes qui vontse perdre dans la dpression forme par les bran-

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    ches de la mchoire est indispensable au moelleuxde leurs contours; des joues trop pleines ou troprouges sont aussi dsagrables que des joues tropmaigres ou trop pales; celles qu'arrondit un justeembonpoint, et dont la peau satine est lgrementteinte de rose, sont rputes les plus belles. Laligne courbe qui limite la joue et s'tend de l'aile dunez au menton, doit tre dlicatement dessine, afinde donner au visage la grce et l'expression.Le nez est la partie la plus saillante du visage;

    sa longueur doit tre gale celle du front et sa gros-seur proportionne aux traits de la face il devra of-frir une lgre dpression sa racine; son pine, gar-dant la ligne droite, se renflera la partie moyenneet partagera la face en deux parties exactement sem-blables sa cloison surplombera la gouttire de lalvre infrif'nre. Les narines les mieux faites sontmdiocrement ouvertes, arrondies en arrire, lg-rement cintres leur partie moyenne et terminesen pointe mousse. Le contour intrieur des narinesexige une grande correction. Enfin, dans le profil, lele bas du nez n'aura qu'un tiers d

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    missures de la bouche, cette fusion des lignes la-biales sera d'une dlicatesse extrme, afin de biendessiner le gracieux enfoncement o se cache l'essaimdes ris, en attendant que le plaisir leur donne l'es-sor. Enfin, des gencives fermes et vermillonlles, lais-sant sortir des dents blanches et bien ranges, sontles traits les plus remarquables d'une jolie bouche.La houppe du menton, dlicatement arrondie, doit

    tre recouverte d'une peau lisse, exempte de froncesou de fossettes car, la fossette qui creuse certainsmentons est, d'aprs le bon got, une imperfection.Le cou, vritable pivot de la tte, doit avoir deux

    longueurs de nez; sa circonfrence aura deux fois lacirconfrence du poignet. Un cou trop gros ou tropmince est disgracieux trop long, il isole la tte dureste du corps trop court, il la confond avec le som-met de la poitrine, et semble apporter de la gcnedans les mouvements de la tte. Un cou dgag,mince en haut, plus large son union avec lespaules, d'un blanc uniforme, sans empreintes ten-dineuses trop prononces, runit toutes les condi-tions de beaut.Les paules doivent tre charnues, gales en

    hauteur, bien effaces, dgages du cou et prsen-ter deux courbes insensibles qui, partant de l'arti-culation de l'omoplate, vont se perdre dans la gout-tire forme par l'pine dorsale. Les paules, largeset robustes chez l'homme, sont plus troites et pluspoteles chez la femme recouvertes d'une peauhiauche, unie, et riches de lignes ondoyantes, ellessont une des parties les plus attrayantes de l'orga-nisation fminine.

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    La poitrine se prsente comme la rgion la pluslarge du corps; elle est carre chez l'homme ro-buste et bien bti les femmes l'ont plus troite,mais plus sduisante.Les seins! organes charmants, chastes trsors sur

    lesquels l'i~ s'attache malgr lui, les seins placsni trop haut, ni trop bas, doivent natre d'une largebase et conserver toute la puret de la forme hmi-sphrique. Ils seront recouverts d'une peau satine;fermes dans leurs contours, ils devront oS'rir lapression une rsistance lastique un mamelon frais,rectile et propre remplir le but de la nature, cou-ronnera leur sommet. La distance d'un mamelon l'autre, sera la mme que celle qui existe d'unmamelon la fossette de la clavicule. La gout-tire inter-mammaire, c'est--dire l'espace quispare les deux seins, quivaudra la largeur del'un de ces organes; enfin, ils ressembleront ceuxde la Vnus de Mdicis, type luxuriant de beautfminine.Il faut que les bras soient bien attachs aux pau-

    les, gaux en longueur, musculeux et tendineux chezl'homme lisses et sans la moindre dpression mus-culaire chez la femme. Les coudes seront arrondis,et les lignes qui en partent, ne devront prouver au-cune dviation jusqu'au poignet.La main, chez la femme, doit natre insensible-

    ment de l'avant-bras; felle sera allonge, blanche,potele, arme de doigts bien articuls, effils versle bout, garnis d'ongles cintrs, ross et transpa-rents. Quoique forte et tendineuse, chez l'homme~ lamain doit conserver les mmes proportions.

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    L'homme, taill en Apollon, offre un bassintroit, des cuisses musculcuses, fortes, bien tourneset dont la forme va en s'amincissant jusqu'au ge-nou. La saillie des muscles du mollet doit tre bienprononce, sans cependant se terminer par une brus-que dpression. Solidement attach aux malloles,le pied, ni trop long ni trop court, ni trop largeni trop troit, doit prsenter, du talon la nais-sance des orteils, une lgre voussure.

    La femme doit oSrir un bassin large, vas, unetaille lance, doue de souplesse dans tous sesmouvements une croupe richement prononce for-mant, avec la taille, une lgre cambrure; des jam-bes arrondies, un genou rond et peu sensible desmollets suavement dvelopps, dont les courbes d-licates vont se perdre un peu au-dessous des mal-loles le bas de la jambe fin,. dli; les pieds petits,troits, avec des orteils bien gradus, compltentles traits d'une beaut parfaite, selon l'art.L'harmonieux mlange des couleurs, mis en se-

    conde ligne par les artistes, comprend les diversesteintes que revtent les organes; l'incarnat deslvres, le rose des joues et des ongles la nuancedes cheveux et de la barbe, la fracheur de la carna-tion, la blancheur et la transparence de la peau, etc.,La couleur nous semble tre le complment de labeaut matrielle car, non-seulement elle sourit auxyeux, mais elle annonce un sang pur, une organi-sation riche de force et de sant. Des traits fins,dlicats, encadrs dans un dlicieux ovale, mais re-couverts d'une peau terne et sans chaleur, inspirentun regret uvolontaire c'est dommage, pense-t-on,

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    que les charmes d'une aussi belle figure soientcachas sous une aussi laide enveloppe.

    Une frache couleur sert avantageusement labeaut; on ouhlic les imperfections que les traitspeuvent prsenter, pour ne penser qu'au dlicieuxcontact d'une peau lisse et veloute.

    Nous ne parlerons pas ici de la cosmtique appli-que l'embellisement de la peau cette partie a ttraite d'une manire toute spciale dans l'Hyginedu ~Mfxyec~de la Peau, ouvrage enrichi d'un formu-laire cosmtique, auquel nous renvoyons le lecteur.Les femmes trouveront dans ce formulaire millemoyens rationnels de donner la peau la souplesse,le poli et la fracheur, ainsi que les procds les plussimples pourredresser et embellir les traits du visage.Une belle statue, runissant toutes les perfections

    de formes, attire l'admiration, mais rien que l'admi-ration il en est de mme de l'tre humain lorsqu'ilmanque d'expression on dit

  • 5CHAPITREVDVELOPPEMENTDUCORPSHUMAIN

    Cfoimanoenormaleet anormale.

    L'histoire de la fcondation et des volutions duftus a t donne dans notre ouvrage intitulHygine du Mariage; nous ne nous occuperons ici

    que du dveloppement physique de l'enfant et desmodifications qu'il peut prouver pendant la p-riode de croissance.

    La mollesse de F organisme tant le caractre dela premire enfance, il en rsulte que le corps peutprouver de nombreuses modincations pendant sacroissance, jusqu' ce qu'il ait franchi la pubert,poque laquelle la charpente osseuse commence devenir solide car, ce n'est gure que de vingt vingt-quatre ans que l'ossification du squelette estcomplte.

    A partir du jour de la fcondation, lorsque legerme humain est dans un tat parfait d'intgrit,il doit suivre rgulirement toutes les phases de sondveloppement, si, toutefois, rien ne vient en con-trarier la marche. Mais, si la mre prouve, pendantsa grossesse, des perturbations physiques ou mo-rales, ces perturbations retentiront ncessairementsur son fruit.

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    L'tre humain na!t ou sain, ou entach d'un vicehrditaire. Dans le prf'mif'r f~LS,c'est l'Itygine quiveiic a son parfait dveloppement et lui conscr\'f lasant dans le second cas, c'c~t encore a l'hyginemdicale de dtniirc les vices et de ramener l'qui-libre dans les fonctions organiques.L'accroissement du corps est soumis des prio-

    des d'activit on de repos plus ou moins apparentesnanmoins, il n'y a jamais repos complet la natureest sans cesse occupe augmenter, fortifier gra-duellement les organes et tissus qui constituent l'-conomie humaine.On est frapp des grandes analogies qui existent

    dans le mode d'accroissement du vgtal et de l'ani-mal. Chez le premier, la sve ascendante sert la croissance en longueur, la sve descendante estdestine grossir le jet; ce sont deux courants dontles euets inverses concourent au dveloppement duvgtal. Chez le second, le mme phnomne sepasse; l'enfant crot en longueur et en hauteur.C'est d'abord le cerveau qui se dveloppe, les autresorganes viennent ensuite, et le dveloppement ouaccroissement successif a toujours lieu des rgionssuprieures aux rgions infrieures.

    Pendant l'enfance, c'est la tte qui acquiert le plusd'accroissement. L'adolescence se signale par ledveloppement de la poitrine, du cur et des pou-mons. Durant l'poque de la pubert, les mem-bres suprieurs et infrieurs, ainsi que divers orga-nes du corps, augmentent de volume, de force et devigueur, et cet accroissement successif ne s'arrteque quelques annes aprs la pubert. Alors, cesse

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    la croissance en longueur et en hauteur; les formess'accusent, s'arrondissent; le corps humain n'estpins soumis qu'aux lois de l'accroissement en lar-geur et en paisseur.

    La manire dont s'opre la croissance mrite unesrieuse attention de la part des parents, car ellepeut avoir lien par jet, par secousses, c'est--dire troprapidement, ou elle peut tre retarde, languir etprendre une direction vicieuse.

    Lorsque l'accroissement se fait par secousses, il ya ordinairement un organe qui reoit un excs denutrition, tandis que les autres n'en reoivent pasassez.L'quilibre se trouve alors dtruit, et diverses l-

    sions peuvent frapper le sujet. Ainsi, lorsque le sys-tme osseux se dveloppe trop rapidement, les mus-cles sont tirs, amincis, faibles et incapables de sou-tenir convenablement la charpente humaine. De cettat de choses naissent des dviations et quelquefoisde graves maladies. Lorsque c'est le systme mus-culaire qui prend un accroissement dmesur, il est craindre que la colonne vertbrale ne puisse rsis-ter aux tractions musculaires, qui ne sont presquejamais galement rparties de chaque ct du torse,et qu'elle soit dvie du c' t o les tractions sont lesplus fortes. Enfin, tout accroissement trop rapide outrop lent prsente des dangers que l'hygine doitcombattre. Dans l'accroissement gradu, ait con-traire. les systmes osseux et musculaires marchentensemble; le rseau sanguin capillaire prdomine,les fonctions s'excutent facHoment et rgulire-ment le sujet est vif, gai, bien portant, et arrive

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    l'ge de.pubert sans tre en butte aux orages quiaccompagnent cette phase de la vie.De ces considrations physiologiques, il ressort

    la haute importance de surveiller strictement lacroissance des enfants et de consulter, sans retard,un mdecin orthopdiste le jour o l'on s'aperoitque l'nergie vitale se porte sur un organe au dtri-ment des autres.

    Ne pouvant donner ici que des conseils gnraux,nous dirons que la croissance trop rapide se modifiepar un rgime alimentaire, appropri par le change-ment des lieux et du climat qu'on habite. Les cieuxbien clairs, un beau soleil, sont de puissantsagents pour oprer la rpartition harmonieuse dessucs nutritifs tous les organes. Les lieux sombres,humides, une nouriture aqueuse, dveloppent, aucontraire, en hauteur, aux dpens des forces et del'paisseur. Les plantes tioles nous en fournissentun exemple. Ainsi donc, c'est au soleil, la lumireet aux aliments azots qu'il faudra recourir pourarrter les progrs d'une croissance trop rapidecar le soleil, la chaleur, disposent les sucs nutritifs se rpandre plus galement dans tous les organeset modrent le jet disproportionn des sujets quivivent privs de lumire. Enfin, on devra mettre en

    usage tous les agents physiques les plus propres etles plus rationnels. Une gymnastique spciale seraaussi d'un grand secours, si elle est bien dirige.Dans le cas d'un vice particulier d

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    5.

    jamais contrarier la nature ni mettre obstacle sontravailQuant l'accroissement trop lent, retard ou ar-

    rt, il n'est presque jamais dangereux, moins qu'ilne dpende d'un vice constitutionnel ou de l'hyper-trophie d'un organe; alors, c'est l'affaire du mde-cin. Mais, dans la grande majorit des cas, c'estune espce de temps d'arrt amen par le dfaut d'ex-citants physiques, par l'insuffisance de l'alimentationou la pauvret des sucs nutritifs par un air ne con-tenant pas assez d'oxygne, par le manque d'exer-cice et le repos trop prolong, etc. il ne s'agit icique de changer la manire d'tre et de vivre du su-jet pour combattre cet arrt de la vitalit organi-que, et donner l'essor l'accroissement du corps.

    DESMALADIESQUIACCOMPAGNENTL'ENFANCEETL'ADOLESCENCE.

    Lorsque les lois de dveloppements successifs dela machine humaine, lorsque les lois de balance-ment et de solidarit des organes sont arrtes dansleur marche, le malaise survient et la maladie netarde point le suivre. C'est au mdecin physiolo-giste et surtout hyginiste de combattre, de dtruireles obstacles qui enrayent ces lois, afin de rtablirleur cours normal, et, par l, de ramener la sant.A mesure que l'enfant s'avance dans la vie, il de-

    vient sujet certaines a! tonnions qu'on nonnne ma-ladies de croissance. Ces altrations suivent un or-dre assez rgulier elles commencent gnralementpar la tte, parce que c'est cette partie du corps qui,

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    la premire, acquiert le plus rapide accroissement.Lorsque les mouvements de croissance quittent

    la tte et descendent, c'est le larynx et les poumonsqui deviennent le sige des congestions alors appa-raissent le croup, la coqueluche, les amygdalites,les bronchites, etc. Comme les organes respiratoiresont une intime relation avec le tissu cutan, la peause couvre d'ruptions nombreuses de formes et d'as-pects varis, qu'il faut souvent respecter et ne gu-rir qu'aprs avoir dtruit la cause qui les a produi-tes les ruptions de la peau n'tant, dans bien descas, qu'un effet, si l'on supprime une dartre, uneruption pustuleuse, le mal n'est pas extirp on lechasse de la peau, mais il va se porter sur les pou-mons, sur les intestins, ou sur tout autre organe,et la sant peut en tre gravement compromise.Aprs les affections de poitrine et de peau, parais-

    sent les maladies des articulations, des vaisseaux etdes glandes lymphatiques; et, enfin les irritationsd'entrailles. Telle est, la marche que suivent lesmaladies, dans le jeune ge. Quelquefois. chez lessujets lymphatiques, il y a surabondance des fluidesblancs si les tissus manquent de force, si la vitalitest languissante, ces fluides s'accumulent autourdes articulations, et forment des tumeurs blanches;ou bien les vaisseaux et glandes lymphatiques s'en-gorgent, deviennent le sige de noyaux strumeux,de tumeurs qui parfois s'abcdent, et laissent au-tour du cou ces hideuses cicatK'cs auxquelles onreconnat le sujet croueMeux.Pendant que tons les organes et tissus de l'cono-

    mie suivent le cours de leur croissance, le systme

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    osseux se dveloppe aussi, mais plus lentement, et,comme les autres organes, devient la proie d'altra-tions qu'il faut se hter de combattre, par la raisonqu'elles sont plus longues gurir.Nous nous notons d'ajouter, comme correctif ce

    triste tableau, qu'une alimentation saine et rgle,les exercices et le repos sagement ordonns, les pr-ceptes hyginiques rgulirement observs, entre-tiennent, dans leur intgrit, le balancement et lasolidarit des organes; alors, la sant n'est pointtrouble, les fonctions s'excutent librement, et lejeune individu crot, se dveloppe dans toute safracheur et sa beaut. Voil pourquoi il serait ur-gent d'ordonner, dans les pensionnats des deuxsexes, des visites journalires d'un mdecin hygi-niste, pour qu'il pt surveiller la croissance desjeunes sujets, et prvenir les dviations ou les com-battre avant qu'elles n'aient fait des progrs. Nouspensons mme qu'il serait rationnel d'exiger de toutinstituteur ou institutrice, des notions de physiolo-gie humaine, d'hygine et de gymnastique, afin d'enfaire l'application lorsque le cas s'en prsenterait.

  • CHAPITREVIORGANISATIONDEL'TREHUMAIN

    Conatitntion.complexion,temprament.

    Avant de parler des applications de l'hygine aucorps humain, il est naturel de donner une ide g-nrale de son organisation.Le corps humain est la machine la plus compli-

    que, la plus admirable, qui existe et fonctionne surle globe terrestre. Considre sous le point de vuematriel, cette machine runit en elle les princi-paux moyens de la physique et de la chimie il s'yfait continuellement des dcompositions et des re-compositions chimiques, des oprations de mca-nique, d'hydraulique, de statique, etc., et la vie,cet agent insaisissable, en fait mouvoir les innom-brables ressorts.

    Au point de vue psychique, l'tre humain n'estpas moins admirable, mais il fuit incessamment de-vant le penseur qui le poursuit, et les obscures no-tions que nous pouvons en avoir reposent sur desthories plus ou moins ingnieuses qui n'ont aucundegr de cert-itmie. Il n'est, point, dutm :'t l'honuncde dpasser les limites poses a son intelligence.

    Constitution humaine signifie tat gnral del'organisme elle embrasse tous les lments, tous

  • 57

    les systmes de l'conomie vivante. Lorsque ceslments et ces systmes sont bien dvelopps et enparfaite harmonie, entre eux, la constitution estbelle, robuste, saine dans le cas contraire, elle estfrle, chtive ou vicieuse. Nanmoins, il est bon defaire observer que, lors mme que la plupart dessystmes d'organes seraient dans des conditions favo-rables de dveloppement et de vitalit, s'il y avaitdiscordance entre eux, la constitution serait plus oumoins vicieuse. Ainsi, il n'est pas rare de voir destres robustes, en apparence, dont la sant se d-range sous la plus petite influence morbide, tan-dis que des tres d'un extrieur grle et presquevaltudinaire, traversent impunment ces mmesinfluences.La constitution prsente diverses modifications

    auxquelles les physiologistes ont donn les noms~'0?'~M.~MM complexion, ~77!~era~

  • 58

    vaisseaux capillaires artriels qui donnent au visageune couleur vermeille, constitue le tempramentsanguin.

    La prdominance bilieuse, manifeste par F-nergie du systme gastro-hpatique qui, secrtantune quantit notable de bile, donne la peau uneteinte plus ou moins jauntre, constitue le ~c~cra-ment bilieuxLa prdominance nerveuse, annonce par l'ex-

    quise dlicatesse du systme nerveux, par la grandesensibilit de l'individu, par son excessive impres-sionnabilit, constitue le temprament ~cr~cM?.La prdominance lymphatique, due au dvelop-

    pement des ganglions et des vaisseaux blancs, d'orsulte une proportion considrable de lymphe etde srosit, constitue le temprament ~wp~a~M.On nomme tempraments composs ceux qui

    semblent runir deux tempraments ainsi, le ~7-/o.'

  • 59

    tir et d'tre affect ont reu le nom d'idiosyncrasie.De toutes les modifications del constitution et de

    l'organisation, il n'en est pas de plus funestes quecelles qu'apportent les maladies. On voit beaucoupde constitutions qui sont dtriores par une seulemaladie, et qui ne peuvent revenir leur type nor-mal, parce que les causes de dtrioration subsistent

    toujours. Par exemple, l'habitation dans des lieuxmalsains, le voisinage des marais, l'air confin, lamauvaise alimentation, le dfaut d'exercice, lesveilles, .les insomnies, les chagrins soutenus, l'abusdes plaisirs, etc' etc., peuvent altrer la constitutionplus ou moins profondment et durablement selonque leur action estforte, faible, durable ou passagre.Ces tempraments ont donn lieu des rappro-

    chements ingnieux entre les ges, les saisons et lesclimats. Ainsi, le temprament sanguin a t com-par l'ge adulte, la jeunesse, l'amour, auxclimats chauds. Le bilieux annonce la virilit, lacolre, la mditation, l'automne, les climats br-lants. Le nerveux, une sensibilit outre, les im-pressions vives, incessantes, les journes vaporeusesdu printemps. Le /y~yMe est rapport l'en-fance, aux femmes, la crainte, aux jours et auxclimats humides. A l'idiosyncrasie mlancolique onoppose la vieillesse, lamiiance, la tristesse, l'hiveret le climat froid. Le lecteur trouvera dans l'His-toire naturelle de /

  • 60

    praments ainsi les sujets peau brune, cheveuxnoirs, sont moins impressionnables aux vicissitudesatmosphriques et aux fatigues que les personnes peau blanche et cheveux blonds; ces derniressont aussi plus sujettes aux scrofules, Fobsit, etc.L'hygine doit tenir compte des tempraments et

    des idiosyncrasies dans l'application de ses moyens,car, ce qui est utile l'un pourrait devenir nuisible l'autre. Ainsi, nous avons vu des lotions d'eausavonnule qui, sur une peau ordinaire, n'ont aucuninconvnient, dvelopper une irritation assez vivesur la peau d'une femme nerveuse et trs-irritable.Ce fait, entre mille autres, prouve l'importance quel'on doit attacher la connaissance du tempra-ment.

  • 6CHAPITREVIIDEL'HRDIT

    Ou transmission hrditaire des

  • 62

    mille.- Les peuples mridionaux sont, en gnral,d'un temprament sec et bilieux; les nations quihabitent les climats tempres, sont d'un tempra-ment sanguin, et chez les peuples septentrionaux,le temprament humide ou lymphatique domine.Cette distinction des tempraments, selon le degrde latitude et le climat, se remarque en Franceparmi les habitants des villes mridionales, du centreet du nord.La conformation qui dpend des dimensions de la

    charpente osseuse eLdu systme musculaire se trans-met assez rgulirement. L'hrdit des traitsphysionomiques offre plus d'irrgularit mais, lors-qu'elle fait dfaut, on rencontre presque toujours cequ'on appelle des airs de famille.A Athnes et Corinthe la beaut du visage, l'l-

    gance des formes, la puret du langage, se perp-tuaient dans certaines familles. Alcibiade, le plusbeau et le plus aimable des Grecs de son temps,descendait d'aeux remarquablement beaux. Laclbre Lais de Corinthe avait hcrit des attraits desa mre (1). A Sparte, c'tait la sant robuste, lestraits mles, la haute stature, que les pres trans-mettaient leurs enfants. A Rome, il existait desfamilles chez lesquelles un gros nez, de grosseslvres, taient hrditaires, ce qui leur avait fait

    (1)Voyezl'Hygineditmariage.3G'(j'nuon,o setrouventtrai-tes,d'unemanireacccssiMc toutesles intelligences,les ques-tionsdelaprocrationhumaine,b dctefrfun~tMtde la sexualit,l'/tercdt~p~~t~Mcc

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    donner le surnom de nasones, labeoncs. Chez nous lessobriquets de&~tca/, bancroche, louche, caMcr

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    naissant que commence pour l'homme la srie desumrmits, elle remonte beaucoup plus haut, quel-quefois aux premiers rudiments de l'organisation.Il existe donc des maladies, des vices de conforma-tion hrditaires et contracts dans le sein de lamre.L'art connat de nombreux moyens pour combattre

    les vices hrditaires, mais l'poque la plus favora-ble leur gurison est celle du jeune ge. Dans notreouvrage sur ~y~e du M~s~c, cette questionest traite avec tous les soins qu'elle mrite. Le lec-teur y verra que la beaut physique, cette grande etprcieuse qualit de la forme humaine, si recher-che des anciens peuples, se transmettrait aussi fa-cilement que les vices et les difformits, si l'associa-tion matrimoniale se faisait d'une manire plusconforme au but de la nature si les poux savaientbien se diriger avant la fcondation, et surtout si lafemme adoptait le plan de vie et de conduite exposdans L'Hygine du ~~naye(I) dont nous venons deparler. La thorie de la procration callipdique,c'est--dire l'art de procrer de beaux enfants, donttraite cet ouvrage, est claire, simple logique etd'une facilit d'excution qui devrait la vulgariser.Un mot sur l'hrdit intellectuelle cette hr-

    dit n'est pas plus contestable que les autres il estreconnu que les parents dous d'une bonne organi-

    (

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    6.

    sation crbrale, d'un esprit naturel ou cultiv parl'ducation, engendrent plutt des enfants capablesque les parents ignorants et stupides. On comptebeaucoup de familles qui, de gnration en gnra-tion, ont fourni des sujets de grande capacit, dehaute intelligence; tandis que, dans d'autres fa-milles, l'esprit born, l'idiotisme, l'imbcilit, l'a-brutissement, se perptuent de pre en fils.

    Les moyens de remdier l'hrdit des vicesintellectuels se trouve dans l'ducation du cerveau.Cet organe est aussi susceptible d'ducation que

    les autres organes du corps; l'exercice qu'on luiimprime modifie profondment ses fonctions. Aupoint de vue phrnologique, le cerveau tant com-pos de vingt-sept organes distincts, il s'agit de fa-voriser, d'accrotre par des exercices appropris, ledveloppement de ceux de ces organes qui languis-sent, et de diminuer, par le repos, le volume, l'-nergie de ceux dont l'accroissement se fait au dtri-ment des premiers. Ainsi, l'agent propre au dve-loppement d'un organe est son excitant fonctionnella soustraction de cet excitant en arrte le dvelop-pement.Telle est la base sur laquelle est assise l'ducation

    crbrale. Quant rnumration des exercices cr-braux et leurs diverses applications, elles ne sontpoint du ressort de notre ouvrage c'est dans untrait spcial d'hygine, ou dans un trait dephrnologie applique l'hygine qu'on pourra lestudier avec fruit. Le lecteur trouvera, du reste, unpetit aperu phrnologique la fin de cet ouvrage.

  • CHAPITREVIII

    IMPORTANCEDEL'DUCATIONPHYSIQUEDANSLAJEUNESSE

    L'ducation physique, c'est--dire les exercicesde gymnastique appropries aux diffrentes priodesde la jeunesse, devraient avoir une plus grande partque celle qu'on lui fait gnralement dans les col-lges et les pensionnats de demoiselles. Nous ver-rons, l'article gymnastique de cet ouvrage, dequelle importance est cette partie de l'ducationpour le dveloppement des organes et le maintiende la sant.L'ducation physique doit tre en rapport avec

    les ges, les constitutions et les saisons.Dans le jeune ge, les forces vitales se portent

    principalement vers la tte les deux dentitions, ledveloppement de la bote osseuse du crne, le tra-vail de l'ossification, les nombreuses stimulationsde l'organe crbral, etc., tout concourt faire dela tte le point central de vitalit. Or