Barthélemy-Saint-Hilaire, Jules (1805-1895), Des Védas, B. Duprat (Paris) 1854

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    Des Vdas / par M. J.Barthlemy Saint-

    Hilaire,...Source gallica.bnf.fr / Bibliothque nationale de France

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    Dbut d 'une srie de documentsen couleur

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    Fin d'une srie de documents

    ftn couleuf

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    DES VDAS.

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    Orlans. Imp. de Coignet-Darnault.

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    il

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    DES

    r ,N pIf, E DA, S

    C[LQ PAR

    ifilW. BARTHLMY SIN-fllLIR

    MEMBRE DE L'INSTITUT

    (Acadmie des Sciences morales et politiques.)

    PARISBenjamin DUPRAT,

    7, Rue du Cloilie-Saiut Iienot.

    A. DURAND,

    5, Rue des Grs-Sorbonne,

    1854

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    DES VIDAS,

    DES VDAS EN GNRAL

    Il a paru dans ces derniers temps des travaux consid-rables sur les Vdas dont 'les uns sont dj complte'ment achevs et dont les autres en cours d'excutionseront bientt finis.L'Angleterre, la France, l'Allema-gne, ont rivalis de zle et de science. Je veux faire usagede ces nombreux et prcieux matriaux pour montrer quel point en sont arrives ces belles tudes qui ne re-montent point plus d'un demi-sicle et pour tcher dedonner une exacte apprciation ds Vdas. Les documentsque j'emploierai plus particulirement sont outre leRig-Yda de Frdric Rosen ;,j-i:' ~-)-)

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    6 ~f-Le Rig-Vida traduit en anglais, par M. H.-H. Wilson.

    1 er vol. in-8, Oxford, 1850;Le Yadjour-Vda- Blanc avec le Commentaire, de Mahi-

    dhra, publi par M. le docteur Albrecht Weber.1er vol. in-4 texte sanscrit, Berlin et Londres, 1852,avec le commencement duatapatha* Brhmana

    Le Smar-Vda, publi

    et traduit en anglais, par M. Stevenson. 2 vol. in-8. Oxford, 1842-1843Ii.

    Le Sma-Vda, publi et traduit en allemand, avec unglossaire, par M. Thodore Benfey. Gr. in-8s Leip-zig, 1848; , .-

    Et une foule d'autres ouvrages fort estimables de phi-lologie sanscrite, auxquels je me plairai rendre toute la

    justice qu'ils mritent.Ce sera certainement un grand et durable honneur pour.

    M. Langlois, notre confrre l'Institut, d'avoir le pre-mier traduit en franais le Rig- Vda. Grce lui il nous 1est permis de connatre en entier un de ces ouvrages v-nrables dont l rputation tait arrive jusqu' nous

    travers les sicles mais dont nous ne pouvions gure juger que sur parole. Colebrooke dans son admirableMmoire suc les critures sacres des Indiens avait piqula curiosit plus encore qu'il ne l'aVait satisfaite; et soitanalyse quelque prcieuse qu'elle ft, ne pouvait tenir lieu des Vdas eux-mmes. Mais, dans ces difficiles tu-des, on n'avance qu' pas trs-lents quand on veut fairedes pas assurs; et il s'est coul prs de cinquante ansentre t'aperu qu'avait prsent Colebrooke et la publica-tion d'un de ces monuments complets; II n'a pas tenu

    M. Langlois de faire uvre d'rudit en donnant les testescomme l'ont fait ses, mules MM. Muller, Weber et Ben-fey. Sans des obstacles insurmontables, qu'expliquent

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    uca ~jt.

    assez les circonstances o son livre a paru il ne se fut pas born une simple traduction. Mais il a d se soumettre une ncessit plus forte que lui; et, tandis que d'autres,avec le patronage intelligent et magnifique de la Compa-gnie des Indes orientales pouvaient publier de nombreuxvolumes de sanscrit, il lui a fallu se rsigner un rle

    plus modeste, qui d'ailleurs n'en est pas moins utile. Sesefforts, soutenus par deux anciens ministres de l'instruc-tion publique, MM. Guizot et Salvandy ont pu, aprs delongues annes aboutir ces quatre volumes qui ren-ferment l'ensemble duRig-Vda; et.il n'y a que ceux quisavent par exprience toutes les peines que cote encorel'interprtation de ces hymnes qui puissent apprcier cetravail sa juste valeur. Le monde des Vdas n'est passeulement un monde tout nouveau pour nous c'est enoutre, pour les Indiens eux-mmes, un monde trs-obscur, o les traditions quelque riches qu'elles soientne portent pas une suffisante lumire. Ce n'est pas seule-

    ment une langue teinte et transforme depuis plusieursmilliers d'annes dont il faut percer les tnbres; c'esttoute une civilisation qu'il faut ressusciter, toute une relK gion toute une mythologie, tout un ordre de croyanceset d'ides absolument trangres aux ntres et qui r-

    pondent un ge de l'humanit coul sans retour.Il est peine besoin de le remarquer l'intrt qui s'at-

    tache aux Vdas est immense ce sont les livres sacrsd'une nation qui tient une trs-grande place dans le passde l'esprit humain, qui subsiste encore aujourd'hui .aprsquatre ou cinq mille ans de dure avec ses dogmes et ses

    superstitions, et

    qui, fout en

    changeant de mattres, et

    en se livrant en proie qui veut la conqurir n'a pas perduun seul des traits essentiels qui font son individua-lit dans la famille humaine. Les livres saints des peuples

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    mritent toujours quels qu'ils soient, ta plus srieuseattention. Dpositaires de leur foi religieuse ils sont lasource de Joiis leurs dveloppements ultrieurs de tousleurs progrs ils renferment le' secret de leur destinetout entire; et ce n'est pas aller trop loin que ddireque les livres saints d'un peuple tant donns, il est facile

    de comprendre ce qu'il a t et de prdire avec une galecertitude cequ'il sera. Sans doute la philosophie repr-sent l'esprit d'un,e nation au point de vue le plus lev etle plus clair; mais elle est le partage exclusif dequelques-uns tandis que la religion s'adresse tous, et qu'elle prcde toujours la philosophie comme dans l; con-science la spontanits prcde toujours la rflexion!Mais quand ces livres saints sont ceux d'un peuple qui adonn l plupart des autres peuples, avee leurs langues,ls lments de leur civilisation, ces livres prennent en-core une bien plus haute importance et l'on 'pourrait'

    presque croire qu'ils sont comme la cl dl'histoire uni-:vcrselle ou du moins de cette partie de l'histoire qui

    nous regarde plus particulirement, puisque nos anctreset nous y sommes les acteurs principaux.

    Aujourd'hui il n'est plus possible de rvoquer en doutetes traditions qui rattachent la civilisation lahaute Asie,et qui la font natre sur les bords du Gange et*u pied de:

    l'Himalaya pouj se propager et s'tendre de proche en proche vers l'Occident, et pour armer par l'Asie mi-neure aux Gr^cs qui nous en ont transmis nous-mmeste noble hrjjage. On a maintenant une dmonstration de

    ce grand fait et c'est la philologie qu'on la doit. La phir

    lologie a prouv et peut toujours prouver qui le nieraitencore; que toutes' les langues de l'Europe, depuis le;grec et le' latin jusqu' l 'allemand et au slave; avec fousj

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    leurs drivs ont puis leurs racines et souvent leursformes et leur grammaire dans l'idiome sacr o furentcrits les Vdas. II ne s'agit pas ici bien entendu de r-habiliter l'ide d'une langue-mre, donnant naissance toutes les autres sans exception et couvrant de ses bran-ches fcondes le globe entier. De nos jours, le domaine deslangues que parl le genre humain est'assez bien connu pour qu'on puisse affirmer qu'il y a des langues absolu-ment diffrentes les unes des autres qu'il est impossiblede ramener une souche* commune. Mais on peut affirmer aussi qu'il est un certain nombre de langues qui ont entreelles ds rapports frappants de ressemblance et qui sortentdu mme berceau. Je ne veux pas aller plus loin que cetteassertion mais je maintiens que la langue sanscrite est lmre de toutes les langues parles chez les peuples quiont pouss la civilisation au point o nous la voyonsaujourd'hui. La race dont nous faisons partie a t nom-me trs-justement la race indo-europenne quels que

    soient d'ailleurs ses croisements et ses mlanges; mais si physiquement cette origine est vraie, intellectuellementelle l'est encore bien davantage et la philologie dmontre

    jusqu' l'vidence ce fait que l'ethnologie, guide par deslumires assez incertaines; souponnait plutt qu'elle ne

    pouvait le constater,On voit qu'en indiquant la route qu'a suivie cette grandemigration de langues sortie des contres qu'arrose leGange, traversant celles qu'arrose l'Indus, traversant laPerse, la Grce et l'Italie pour venir fconder notre Eu-rope occidentale je laisse de ct deux ou trois autres cou-rants peu prs aussi considrables je yeux dire celui deslangues smitiques et des langues chinoises, sans parler dequelques autres courants secondaires. Les langues smi-

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    pff intiques ont pour l'Europe cette importance capitale, quece sont elles qui lui ont donn sa religion mais les lan-

    gues que parle l'Europe viennent d'une source diffrente,d'une source probablement plus ancienne, qui n'est autre

    que le sanscrit. Ce. serait une tmrit que de vouloir,dans l'tat actuel de nos connaissances, assigner des datesmme

    approximatives ces

    tapes et ces transforma-

    tidns de lalangue des Brahmanes. L'histoire ae peut pas-dite prcisment les poques o elles ont eu lieu elle ne

    peut pas mme savoir par quelles nations elles se sontsuccessivement accomplies; mais elle doit recueillir etenregistrer ces faits philologiques qui sont dsormais aussiavrs que curieux le temps retrouvera peu peu tousles anneaux de la chane aujourd'hui rompue pour elleet les dcouvertes- inattendues des inscriptions cunifor-mes lui en livreront bientt l 'un des intermdiaires les

    plus importants et les moins connus.

    Quoi qu'il en puisse tre de ces questions, dont chaque jour avance a solution, nous possdons les Vds;etnous pourrons savoir bientt avec la dernire prcision,ce qu'ils ont fourni au monde civilis d'lments et dematriaux. Par un hasard qui est -peu prs unique dansles annales humaines, ces monuments si antiques et sivnrs nous sont parvenus complets et sans lacunes. L'-criture sacre des Indiens ne se compose pas seulementdes quatre livres appels les Vdas, et qui forment dj par eus seuls un ensemble considrable de vers et de proseelle comprend, de plus, des ouvrages moiti thologiques,moiti liturgiques qui se nomment des Brhmanas etqui sont

    beaucoup plus volumineux

    que les Vdas eux-

    mmes. Il faut y joindre encore d'autres traits qui sanstre sacrs comme les Vdas et tes Brhmanas ne s'ensparent point cependant pour l'orthodoxie brahmanique,

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    ishadset qu'on appelle des Oupanishads (1). Les Oupanishads nese distinguent gure des Brhmanas ni par le sujet ni par la forme; elles expliquent comme eux, par des discus-

    sions philosophiques et par des rcits, le dogme et la

    (1) II y a des Oupanishads qui font partie des Vdas ainsi

    l'Isvsyani qu'ont traduite William Jones, d'abord et bien

    d'autres aprs lui, est le quarantime et dernier chapitre duYa&jour-Fda- Blanc. On l'appelle VOupanishad de la Vdja-saney samhit; ellesest en vers, et ne peut se dtacher de

    rcriture sainte, qui, sans cela serait incomplte. La Vrihad

    aranyak Oupanishad qui est le 1 livre du lapatha-Brh-mana, seconde partie du Yadjour-F da- Blanc entre essen-tiellement aussi dans la collection canonique des livres sacrs,qui ne peut se passer du tapatha-Brhmana. On rappellel'Oupanishad du Brhmana de la V djasaneyi bien qu'elle ren-ferme aussi de nombreux Brhmanas. La Taitliriyaka oupanishadet la Nryana oupanishad sont comprises au mme titre dans

    l'Aranya, seconde partie du Ya&jow-Via-Noir. La Vrouni

    est une autre Oupanishad du Yajor^Fda-Noir, et s'y ratr tache de la mme faon. Ainsi voil des Oupanishads qui sontdes portions intgrantes du Vda, tout aussi bien que les Brh-

    manas, et elles entrent mme dans le recueil des Mantras. Mais,en gnral, les Oupanishads n'ont pas ce degr d'importance,et elles ne viennent qu'aprs les Brhmanas. Si l'on veut recou-

    rir l'fymologie du mot pour bien connatre la valeur du

    genre d'ouvrages qu'il dsigne, on ne trouve pas une explica-tion suffisante. Oupanishad, d'aprs le tmoignage des commen-tateuts indiens cits par Colebrooke et M. Windischmann si-

    gnifle la science des perfections divines et l'acquisition de la batitude par l'impassibilit. Ce sont, si l'on veut, les rsultats

    et les fruits pieux que port la lecture des Oupanishads; maisce n'est l que l'interprtation peu justifie des lments philo-logiques que l'on fait entrer dans la composition du mot Oupa-nishad. Si l'on a,recours aux dictionnaires, ils expliquent Oupa-

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    a Dent liturgie la seule diffrence peut-tre, c'est qu'elles sontrdiges dans un style un peu moins concis et plus popu-laire. Ainsi, les Vdas, les Brhmanas, les Oupanishads

    nishad par rhsya, c'est--dire mystres; et ce sens, qui au

    point de vue.de l'lymologie n'est pas plus lgitime que l'autre,a t suivi par Anquelil-Duperron et :le traducteur persan qu'il

    a reproduit. (Qupnkhai; id est secretum tegendum.) VoirCole- brooke, Essays, tome 1er, p. 92, et plus spcialement encore leSankara de M. Windischmann qui a runi des textes nombreuxextraits des commentateurs. Sankara, p. 90 et suiv. Je ne croisdonc pas me tromper en disant d'une manire gnrale que leVda se compose de trois espces d'ouvrages !es Manlrasj,"lesBhhmanas et les Oupanishads. Mais il faut ajouter aussi que la

    plus grande partie des Oupanishads ne sont pas dans ce cas. Les

    cinquante-deux Oupanishads de l'Alharva Vda par exemple,n'en font pas partie elles en sont des annexes elles n'en sont

    pas des fragments. Peut-tre le motd'appendice serait-il le plussouvent la meilleure traduction du mot Oupanishad. Je ne la

    propose pas cependant parce que si presque toutes

    les upa-r nishads ne sont que des supplments aux Vdas, des uuesinspires par la lecture du livre saint il en est quelques-unes,comme celles que j'ai cites plus haut, qui ne pourraient trecomprises dans celte classification, Il faut bien savoir, du reste,que les Oupanishads n'ont d'ordinaire aucun rapport particulier avec le Vda auquel on les rat tache et cela est si vrai qu'il ya des Oupanishads qu'on rapporte indiffremment l'un oul'autre des Vdas; et quand on les examine avec soin, il. est.t

    impossible de trouver un motif qui doive les faire runir celui-

    ci plutt qu' celiiil. Ce qui est le plus probable, c'est qu'onaura joint telle Oupanishad a tel Vda, parce que l'auteur l'aura

    compose aprs avoir mdit ce Vda spcialement. On ne sait

    d'ailleurs encore que fort peu de chose sur la composition des

    Oupanishads; et c'est, selon toute apparence; l'une des parties

    les plus obscures de la littrature vdique..:; ,t

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    pdiqus qu'il a essayes, c'est l'criture sacre qu'il faittout remonter, ou plutt c'est de l'criture sacre qu'il faittout descendre.

    Ainsi les Vdas se trouvent avoir un double intrt et

    pour l'histoire gnrale de la civilisation et pour l'histoire particulire du grand peuple dont ils forment la religion.

    Le xvm* sicle qui ne faisait qu'entrevoir trs-obscu-

    rment ces problmes n'y appliqua pas cependant moinsvivement son, attention. Voltaire, mu par les passionsqu'on lui connat, et croyant retrouver dans l'Inde les

    origines et peut-tre le modle du christianisme, pour-suivit avec une prodigieuse ardeur tout ce qui pouvaitclaircir ces questions, pais les renseignements qu'on pos- 16.

    sdait alors, taient bien peu positifs et Voltaire n'tait point homme les rendre plus prcis et plus justes par l'esprit et la mthode qu'il portait dans ces recherches.Tout ce que l'on savait alors des Vdas mme aprs le,sjour et les victoires des Franais dans linde tait aufsvague qu'inexact. En 1668, Bernier avait vu les Vdas

    Bnars; mais il n'avait pu les acheter. Il en donnait lesquatre noms en les dfigurant, sans les rendre tout fait

    mconnaissables (tome II de son voyage, pag. 122 et 134);sc'tait la premire notion peut-tre et l'une des plus sres

    qu'avait reues l'Ecrope de ces contres loignes. Prsd'un sicle plus tard Hoiwel et Dow, malgr une: rsi4dence prolonge dans le pays et malgr de trs-srieuxtravaux n'avaient gure plus nous en apprendre queBernier lui-mme. L'un et l 'autre avaient eu les Vdasen main mais ils n'en comprenaient pas la languel'aide mme des plus savants Pandts n'avait pu les initier

    suffisamment cette tude alors presque impossible. Unevingtaine d'annes avant eux, le P. Pons l'un des jsuitesles plus intelligents et les plus instruits qui aient honor

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    les missions de l'Inde n'avait pu faire davantage quoi-qu'il et pntr assez profondment dans l'tude de la

    philosophie sanscrite, le domaine des Vdaslui tait rest

    presque entirement ferme et il dsesprait qu'on y pt jamais entrer d'une manire srieuse.

    Tel tait l 'tat des choses quand, en 1760, Voltairecrut avoir dcouvert une partie du Vda. On sait tout le

    bruit qu'il fit autour de VExour-Veidam. C'tait un ma-nuscrit qui lui avait t rapport de l'Inde par M. de Mau-

    dave, commandant pour le roi sur la cte de Coromandel.La traduction en avait t faite en franais par un brah-mane, correspondant de la compagnie des Indes, grand- prtre de l'le de Sringham dans la province d'Arcate.Voltaire estimait que Ce livre avait t compos avant

    l'expdition d'Alexandre et il lui donnait ainsi plus dedeux mille ans d'antiquit. A ses yeux l'Exour-Yeidamavait de trs-grands mrites. D'abord c'tait un ouvragede polmique combattant les superstitions indiennes, et

    rfutant les erreurs du Veidam qu'il commentait. Puis il parlait de Dieu en termes magnifiques et assez analogues ceux dont se servait Voltaire lui-mme, pour en procla-mer l 'unit et la toute-puissance. Un attrait plus particu-lier de Y Ezwr- Veidam c'est qu' ct de ce dogme drunit de Dieu qu'on avait cru jusque -l le privi-lge du peuple juif, il racontait l'histoire du premier homme et de la premire femme peu prs comme la Bibleelle-mme. On voit sans peine tout le parti qu'on pouvaittirer de ces rapprochements. Les citations que faisaitVoltaire, et par lesquelles il voulait rvler l'Europece livre prodigieux taient en effet dignes d'admirationet c'tait une vraie merveille de retrouver ce langage sigrand et si simple dans un auteur indien crivant quatreou cinq sicles avant l're chrtienne. Pour que le monde

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    srtions (savant pt vrifier ses assertions, et se convaincre direc-tement Voltaire dposait en 1761 le manuscrit qui luiavait t donn la Bibliothque royale o chacun pou-vait le consulter et il croyait avoir fait au public un ca-deau du plus haut prix (1).

    Voltaire n'abusait pas de la .crdulit de ses lecteurs;il tait dupe lui-mme d'une fraude pieuse qu'il ne soup-

    onna jamais. UEzour-Veidam avait t bien rellementcrit dans l'Inde mais ce n'tait pas avant l'expditiondu hros macdonien c'tait tout au plus un sicle avantVoltaire lui-mme. Il n'tait pas de la main d'un brah-

    mane il tait de la main d'un missionnaire. Rien d'ton-

    nant ds lors que ls principes qui forment le fond des

    croyances chrtiennes, s'y trou vassent dans toute leur sim-

    plicit et leur grandeur. Rien d'tonnant qu'on y combattit

    les superstitions des Indous puisque c'tait un achemine-ment habile leur conversion. Aujourd'hui mme, il se-

    rait impossible de dire prcisment quel est l 'auteur deYEzour- Veidam. Mais l'on, sait n'en point douter, qttele P. de Nobili ou de Nobilibus, jsuite italien et neveudu cardinal Bellarmin., missionnaire dans l'Inde vers1640, y avait adopt le costume les murs, les doctrinesmme des indignes pour, gagner leur, confiance, avait

    appris le sanscrit et les langues populaires du pays, etqu'il tait parvenu composer dans ces langues desouvrages auxquels les brahmanes eux-mmes s'taient

    mpris. Il servait ainsi le christianisme sans en prcher ,.iqpismesans,

    ~,pi~ec*r

    (1) On peut voir dans les ouvrages de Voltaire toute cettehistoire de YEsour-Feidam tome XV, p. 80; tome XLHIi p. 368; tome XLVIII p. 239 et dans l Correspondance',1760; tomeLXIV, pt 88, 1761, ibid., p. 463ei508, ditionBeuchol.

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    trod oniouvertement les dogmes trop opposs la religion v-

    dique. Plus tard et dans la premire moiti du xviin

    sicle un autre jsuite italien le P. Beschi, avait joule mme rle avec autant de dextrit et peut-tre avec

    plus de succs encore. L'Ezour- Veidm, soit qu'il ft duP. de Nobili ou du P. Beschi, n'tait qu'une de ces fabri-cations que se permet un zle plus ardent qu'clair et

    si les Indous eux-mmes s'y taient laiss prendre; ainsiqu'on le dit, Voltaire tait assez excusable de s'y laisser

    prendre son tour; '' V

    Cependant je suis tonn, je l'avoue, que son got lit-traire, si sur et si net /ne l'ait point averti. Il suffit delire, VEzur-Veidam pour tre convaincu que ce ne peuttre J l'uvre d'un philosophe indien du temps d'Alexan-dre. Il y a dans les allures gnrales de la pense aux iPfrents sicles aux diffrentes poques de la civilisation,des caractres assez saillants et assez reconnaissables pour qu'on puisse ne s'y point tromper. Tout rapprochs quenous sommes des anciens par l'intelligence, par l'tude,

    par la tradition par l'admiration mme, nous n'crivons

    pas comme eux; notre style n'est pas le leur; nous ne

    pensons pas, nous n'crivons pas de mme. A plus forteraison ces dissemblances- sont-elles frappantes, quand its'agit d'crivains encore plus loigns de nous par les lieux-

    et par la civilisation entire dans laqulle ils ont vcu.Voltaire, lui-mme aurait eu composer VEzour-Veidam;et i l aurait voulu rfuter les erreurs des brahmanes en

    paraissant les adopter en partie qu'il n'aurait pas fait un

    autre livre. La division des matires la mthode de l 'ou-

    vrage, le procd de rfutation sans parler mme du

    fond des ides qui se trahit souvent, tout devait rvler un faussaire ds yeux aussi exercs. C'est ce qui arriva

    lorsque l'anne mme de la mort de Voltaire j Sainte^

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    oubliaCroix, sduit comme lui, publia VEzour-Veidam sur unecopie qu'en avait faite Anquetil-Duperron dans les pa-

    piers d'un M. Barthlmy, second membre du conseil dePondichry, et qui compltait celle de Voltaire. Malgrles dissertations de Sainte-Croix, il n'y eut personne dansle monde savant qui crt encore l'authenticit de VEzour-Veidam. On en ignorait l'origine certaine; mais il n'y eut

    pas un esprit sens qui ne la trouvt suspecte et YEzour*Veidam, si fameux un instant retomba dans t'obscuritdont le gnie d Voltaire avait tent bien en vain, de lefaire 'sortir. Sainte-Croix d'ailleurs sentait que Voltaires'tait tromp en donnant une date aussi recule cet ou-vrage et sans lui en assigner une lui-mme, il le croyait

    beaucoup moins ancien qu'on ne l'avait suppos et pro-clam si haut.

    Ces mcomptes' et ces incertitudes avaient dgot lesesprits srieux; et en 1784, Herder, tout admirateur qu'iltait du gnie des indiens dont il faisait un si noble loge;!1dans son grand ouvrage dsesprait qu'on

    pt jamais re-

    trouver les Vdas (1 ) et la vritable langue sanscrite. Heu*reusement que cette prdiction ne devait pas s'accomplir et l'anne mme o Herder la faisait, voyait fonder- laSocit asiatique de Calcutta par les soins de William?Jons et sous le patronage d'Hastings. En trs-peu detemps, cette admirable fondation commenait tenir ses promesses et justifier les esprances qu'ell avait faitnatre. La vritable langue sanscrite tait non-seulementretrouve mais comprise et Wilkins traduisait la Bhaga-vad-Guit, William-Jones lui-mme publiait les Jjoit deManou qu'il traduisait. en anglais et dans son introduc-

    >'' '[ -il < :r

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    19Irrtiac frition il pouvait citer quelques fragments des Vdas, qu'il

    possdait et qu'il se proposait de faire connattre. Vers lamme poque de simples particuliers, anims du zle

    que montrait la Socit asiatique recherchaient des copiesdes Vdas et savaient se les procurer, si ce n'est encoreles comprendre. Le colonel Polier en faisait faire uneassez complte, qu'il dposait au British-Musum.Sir Robert Chambers formait la superbe collection que

    possde aujourd'hui la bibliothque de Berlin. Le tempsn'tait pas loign o Colebrooke pourrait lire les Vdas

    tout; entiers, les analyser l'aide des commentaires origi-naux, et donner au monde savant, sur l'authenticit deces livres et leur contenu les renseignements les plusexacts et les plus satisfaisants.

    Mais au dbut de ce sicle c'est--dire trois ou quatreans avant. Colebrooke, l'un, de nos compatriotes l'h-

    roque Anquetil-Duperron publiait un ouvrage qui mal-gr tous ses dfauts, tait de nature faire avancer ces

    questions. C'taitl'Oupnkhat pu collection d'Oupanishadsdes quatre Vdas. Anquetil-Duperron n'avait pas les orn

    ginaux sanscrits, que, d'ailleurs, il n'aurait point enten-

    dus; i l n'avait eu qu'une traduction persane faite, en4~ par les ordres d'un prince p~rsan appel Darashucoh.16S6, par les ordres d'un prince persan appel Darashucoh.

    Anquetil intitulait son livre Thologie et philosophie in

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    20 l'In.IRftft":n. breuses; mais celles-l suffisaient pour faire juger du

    reste et l'on put ds lors se faire une ide assez juste dece qu'taient ces livres si vants. Malheureusement latraduction latine d'Anquetil tait tellement barbare, qu'iltait peu prs impossible de l a lire et son ouvragetout curieux qu'il pouvait tre, resta, s i ce n'est ignor,du moins nglig des savants eux-mmes (1).

    Cependant ce recueil d'Oupanishads attestait un grandfait; c'est que ls brahmanes ne refusaient pas, comme onl'avait cru de communiquer leurs critures sacres, puisqu'un prince musulman avait pu se les procurer, il yavait dj cent cinquante* ans Bnars la ville sainte

    par .excellence. Des recueils de ce genre avaient coursdans l'Inde, et ils variaient selon le got et les besoins deceux qui les faisaient faire leur usage. De plus, la tra-duction d'Anquetil tout informe et tout insuffisantequ'elle tait par elle seule pouvait tre fort utile quandon la confronterait avec ls originaux sanscrits. j

    On le voit donc, cette poque on savait trs-peu dechose desVdas; mais tous les doutes qu'on pouvait con-server encore furent levs quand en 1805, Colebrdoke publia son mmoire dans le huitimevolume des Recher-ches asiatiques de la Socit de Calcutta. Colebrooke avait

    pu, l'exemple d'autres Anglais, et grce la positionofficielle qu'il occupait dans l'administration de l'Inde, se procurer Bnars la plus grande partie des crituresvdiques, d'abord les quatre Vdas eux-mmes puislesBrhmanas et la plupart des Oupanishads. II y avait joint

    (1) On peut voir dans les Jndischi Studien de M. AlbrechtWeber, tome I, pages 247, 380, et tome II page 231, un tra-vail fort curieux sur les Oupanishads du recueil tcadiut par Anqetil-Duperror.

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    V4 !yV44C

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    un grand nombre de commentaires sans lesquels l'intellit

    gence de ces monuments obscurs est aussi difficile que

    peu exacte. Il avait lu cet immense amas de matriaux en

    langue sanscrite, et c'tait d'un sommaire de. ces lectures

    qu'il faisait part au public. Avant lui personne n'avait t

    en tat d'en faire autant;: et je doute qu'aujourd'hui

    mme, parmi les savants qui possdent le sanscrit, unseul puisse se vanter d'avoir imit Colebrooke et lu tous

    lesVdas. ;. ". -< :.Colebrooke tablissait d'abord que, dans la croyance

    indienne, les Vcdas sont d'origine divine, et qu'ils ontt rvls par Brahma lui-mme. Conservs parla ira-

    diiion ilsiont t plus tard arrangs par un sage appelVysa et diviss en quatre parties: le Ritch e Yadjoushile Sman et l'Atharvana. Les trois premiers sont les pria-*cipaux et le quatrime bien que selon toute apparenceil soit un peu postrieur aux autres renferme des partiestout aussi anciennes, et passe auprts'des brahmanes pour n'tre pas moins authentique. Chaque Vda se composed deux parties bien distinctes les Manlras ou prires et

    les Brhmanas ou prceptes. La collection des prires d'un

    Vda prend le nom particulier de Samhit, ou recueille reste du Vda prend le nom de thologie ou Brhmana.

    Les Brhmanas, si l'on accepte la dfinition des auteurs

    indiens, renferment des prceptes qui prescrivent les

    devoirs religieux des maximes qu'impliquent ces prr

    ceptes, et des arguments qui se rapportent la tholo^ gie. C'est ordinairement des Brhmanas que sont ex-traites les Oupanishads.' Parfois les Brhmanas contiennent

    aussi des prires ou Manlras mais c'est alors l'tat decitation. Les Mantras et les formules liturgiques sont pr-cisment ce qui forme le Vda proprement dit. La tholo

    gie se trouve surtout dans les Oupanishads et cette re-

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    si vraimarque de Colebrooke est si vraie que l'cole orthodoxedu, Vdnta, qui a pour but unique d'expliquer le senssecret et profond de l'Ecriture sacre s'appuie exclusive-ment sur certaines Oupanishads, qu'elle considre commeles plus importantes et les plus authentiques.

    Aprs ces dtails prliminaires, Colebrooke se livrait l'examen de chacun des Vdas et il analysait, successive-

    ment le Ritch ,le Yadjoush le Sman et l'Atharvanadans l'ordre mme o les place la vnration defc Brah-manes. ' [ - ' "

    La racine sanscrite Ritch d'o est t ir le nom du Rig-Vda ne veut dire que, louer un ritch est une prire,un hymne, o un Dieu est lou par le pote qui s'adresse

    lui ou qui le clbre. II peut donc y avoir des ritchasc'est--dire des hymnes en dehors mme du Rif-Via etdans les autres Vdas mais le Rig-Vda est pus particu-lirement un recueil d'hymnes de ce genre; et j'ajoute r;en passant, que cette tymologie justifie le second titre

    que M.

    Langois a cru

    devoir donner sa traduction* Par suite il y a, pour chacun des hymnes du Rig- Vida, ncessit

    d'indiquer d'abord le nom de l'auteur on rishi qui conte-

    pos l'hymne et le nom de la divinit laquelle il se rap- porte. Les noms des auteurs ont t conservs datas destables fort anciennes, ou anoukramani, jointes aux Vdaseux-mmes et dont l'autorit est reconnue de tout lemonde. Outre les noms du rishi et de la dvat ou divinit,ces index donnent encore le mtre particulier dans lequell'hymne est crit, et mme le nombre de syllabes qu'il opn-tient, moyen assez bon qu'avaient imagin ces temps re-culs pour empcher les altrations des textes saints. Le

    Rig-Vda est divis de plusieurs manires diffrentes,,suivant qu'on par tage cette collection d'hymnes qui esttrs-considrable en sections diverses. Dans l'une de ces

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    it classflj

    2.

    divisions ,'les hymnes sont classs par auteurs. Parmi cesauteurs, il y a des rois et des fils de rois qui n'ont pasddaign de cultiver la posie sacre, ou plutt auxquelsBrhm lui-mme a communiqu ou fait voir (rishi nesignifie pas autre chose) te texte divin; car les Indiens,tout en dsignant avec un soin scrupuleux les auteurshumains des hymnes du Vda, ne veulent pas que ces

    auteurs aient eux-mmes compos leurs chants, qui por-tent cependant bien souvent l'empreinte des passions hu-maines. Ces auteurs les ont vus et les ont simplementtranscrits pour l'instruction et le salut de l'humanit. Dureste. Colebrooke, tout en recueillant ces indicationsqui pourraient tre prcieuses pour l'histoire n'a rien puen tirer de notoire et de prcis. Les divinits invoquesdans le Rig-Vda paraissent trs-nombreuses; mais lescommentateurs indiens, dont le tmoignage est peut-treen ceci peu acceptable, parce qu'il est relativement assezrcent, les rduisent trois le feu, l'air et le soleil. Le Neighantouka et le NirouhtOi traits grammaticaux et

    phi-lologiques sur la langue desVdas, te disent positivement;et ces petits ouvrages qu'arcemment publis M. R. Roth,sont attribus Yska antrieur Pnini lui-mme, lefameux grammairien c'est--dire qu'ils remontent cinq Sicles environ avant l're chrtienne. Le Niroukta vamme encore plus loin, et, d'accord avec l'anoukramanidu Rig-Yda il prtend rduire toutes ces divinits,quelque diverses qu'elles soient un dieu unique,qui n'est alors que l'me du monde, pradjapati tnahan-im. n

    Pour faire apprcier le style du Rig-Vda, Colebrooke

    citequelques hymnes qu'il traduit, et il donne d'assez longsfragments d deux des principaux Brhmaflas l'AitareyaBramaria et l'AHareya Aranynka dont une partie forme

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    24 iA.

    une Oupanisbad clbre, qui est connue sous le nom de

    Bahvritch-Brhmana-Oupanishad et que l'cole vdntaa particulirement adopte comme le fondement de sa

    thologie. Aujourd'hui que nous connaissons le Rig+Ydutout entier on peut trouver que Colebrooke n'a pas par-

    .,faitement choisi parmi les hymnes, et qu'il a laiss com-

    pltement dans l'ombre tout le ct potique. C'est uneomission

    grave, dont

    je ne veux

    pas d'ailleurs faire un

    reproche l'illustre indianiste. Les habitudes de sou

    esprit la direction gnrale de ses travaux le -rendaient

    peu sensible ce genre de beauts tout clatantes qu'ellessont; et l'exemple de William, Jones, magistrat, pote,

    philologue, critique tout ensemble, tait bien difficile suivre. Mais il faut qu'on sache que l'on ne connat pas le

    Rig^Vda dans ce qu'il a de plus grand, quand on ne leonnat que par l'analyse de Colebrooke, quelque srequelque excellente qu'elle soit tant d'autres gards.

    Du Rig-Vda ou Vda des hymnes, Colebrooke passe auYadjour-Vda. Yadj veut dire adorer comme ritch veutdire ? louer; et le Yadjour renferme prcisment les formesde l'adoration dans tous ses, dtails, c'est--dire du sacri-fice, en sanscrit yadjnya. Le Yadjour-Vda se partage endeux grandes parties le Yadjour- Vda-Blanc et \e Yad-

    jour- Vda-Nir. On peut lire dans Colebrooke la lgendeextravagante (1) pour ne rien dire de plus qui expliquecette division du Yadjour. La samhit du Yadjour- Fda-Blanc-se nomme plus spcialement VadjasaneyA samhitdet c'est sous ce titre que l'a publie rcemment M. Weber,de Berlin. Elle contient des prires et des invocations r-

    parties en quarante lectures d'ingale longueur de treize

    cent

    dix-sept vers. Chaque vers forme une section, kan-

    (i) Voir plus loin l'article spcial sur le Yadjaur-Vda.

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    a..dika et le nombre total de ces sections s'lve milleneuf cent quatre-vingt-sept. Le Yadjottr-Blanc est doncavec te~ma-JF~a, l'un des plus courts. Colebrooke ana-lyse, une une chacune des quarante lectures, et il in-dique le sujet des prires spciales qu'elle renferm. Dansles deux premires sont runies les prires pour la nou-velle et la pleine lune et celles qu'on adresse aux mnesdes anctres d'autres se rapportent la conscration du

    feu perptuel, au sacrifice des victimes, au sacre desrois, etc., etc. Colbroke traduit la trente-deuximelecture qui se compose d seize slokas et qu'on doit rci-ter dans la crmonie du Sarvamdha c'est--dire dansle sacriOce offert pour obtenir le succs des entreprisesen gnral. Pour te quarantime et dernier chapitre de laFadjamneyd samhitd, qui forme une Oupanisbad appeleIsvsyam ou isdhyya, il renvoie ta traduction qu'ena donne William Joncs, t qu'on peut trouver parmi sesuvres posthumes, dans l'dition de lord Teignmouih.

    La seconde partie du Yadjour-Vda-Blanc est un Brh-mana appel atapalha brhmana beaucoup plus tenduque la samhit ou collection de prires. Il comprend qua-torze livres, subdiviss en cent lectures. Les prceptes ouBrhmanas proprement dits sont au nombre de quatrecent quarante, qui suivent rgulirement l'ordre que laVadjasaney samhit su:t elle-mme pour les prires. Lequatorzime et dernier livre du atapatha brhmanaforme une, Oupanisbad trs-souvent cite sous le nom deVrihad aranyaka oupanishad. La plus grande partie decette Oupanishad se compose de dialogues o figur vsomme principal acteur et comme instituteur Yadjnya-Yalfcya* l'auteur prsum du Yadjwr-rFdacBlanc. Cole-

    brpoke a donn d'assez longs fragments de cette Oupanis-bad.

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    Les prires ou Mantras du Yadjour-Noir, ou Taittirya-Yadjour'-Vda sont plus tendue*? que celles du Yadjour-Blanc, sans l'tre autant que celles, du Rig-Fda. Lasamhit se divise en sept livres, renfermant chacun de

    cinq huit lectures et par une prcaution assez singu-lire dans un ouvrage rput divin la samliit elle-mme

    indique le nombre de textes contenus danschaque sec*

    lion et mme jusqu'au nombre des syllabes contenuesdans chaque texte. La .premire section du Yadjour-Noir correspond ta premire section du Yadjour^Blane; maisla ressemblance ne va pas plus loin, et tout le-reste dif-

    fre, quoique parfois les mmes sujets soient traits dansl'un et l'autre Vda. Un point remarquable dans le Yad-

    jour-Noir c'est que les auteurs n'y sont plus humains.Pour rester fidle la tradition sans doute, on a substi-tu des noms de dieux des noms d'hommes; et les rishis

    qui ont compos ces prires sont par exemple dit-onPradjapati ou le dieu matre et souverain des crature^

    Agni, le dieu du feu etc. Colebrooke a traduit un pas-sage du septime et dernier livre, qui est purement tho-

    logique et n'a pas le ton d'une prire. La seconde partiedu Taittiriya-Yadjour-Vda se compose, comme la se-conde partie du Yadjour-Vda-Blanc de Brhmanas queColebrooke n'avait pu se procurer compltement.1 Elle

    comprend aussi plusieurs Oupanishads, dont il traduisait

    quelques morceaux.Colebrooke. s'tendait peu sur le Sm^Vda .dont il

    n'avait eu que des fragments. Le Sma-Yda est particu-lirement honor par les Indiens; il est tout entier euvers. Les ritchas qu'il contient doivent tre toujourschants; et les copies de ce Vda sont en gnral accom-

    pagnes de notations musicales pour guider ia pronon-ciation et les inflexions de la voix, A ce Yda se rattachent

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    plusieurs Brhmanas, qui en forment la seconde partie etcomme te supplment. La principale Oupanishadl duSma-rdqest la TchandognyaOupanishad, par laquelle s'ouvre

    l'ouvrage l'Anquetil-Duperron. Colebrooke en traduit un

    fragment trs-curieux qu'on peut trouver dans i'Oupnk- bat 1. 1", p. 44 et la comparaison des deux traductions

    montrera combien celle d'Anquetil rend les choses m-connaissables.La samhit du quatrime et dernier Vda, appel VA-

    tharvaVdn, du nom prsum de l'auteur, contient

    vingt-doux livres subdiviss en cent sections (anouvakas)qui sont elles-mmes composes d'un certain nombre

    d'hymiaes (souktas). Quelques-uns de ces hymnes, et desvers spars (ritchas), sont pris iaRig-Yda et aYadjour*Fda. Les prires de VAtharva-Vda ont ce caractre par-ticulier qu'elles sont moins un hommage aux divinits

    qu'elles invoquent qu'une requte prsente teur puis-sance pour quelque intrt purement individuel. EUes ren-

    ferment beaucoup de formules de conjurations, etl'on pour.rait dire d'exorcismes, pour dtourner les malheurs qu'onredoute dtruire les, ennemis que l'on craint, obtenir l'?ccomplissement des souhaits que l'on a conus. En g-nral ces prires, bien qu'elles puissent servir dans di-verses crmonies religieuses ne sont pas employes dansle sacrifice et par cela mme, elles sont relgues un

    rang un peu infrieur. Le Brhmana principal de YAtht-va-Vda se; nomme le Gopatha, ou le chemin des Vaches.Mais la partie la plus curieuse de ce Vda c'est le recueildes Oupanishads qui s'y rattachent. Elles sont au nombre

    de cinquante-deux et il y en a plusieurs qui ont servi de base la thologie de l'cole vdnta. Colebrooke prend!a peine de dsigner chacune de ces cinquante-deux oupa-nishads par leur nom, et de donner quelques dtails sur

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    28les plus importantes. Dj l'on savait par l'Oupnkhatd'nquetil-Duperron que la plupart des Oupanishadstaient rapportes f Athrvana et ce Vda, le plus r-cent des quatre, prsente, cause de ces annexes, unintrt que les trois autres n'ont pas au mme point.

    Tel tait l'ensemble des renseignements alors tout nou-

    veaux et parfaitement prcis que runissait le mmoire de

    Colebrooke. C'tait comme une exploration tente dansun pays inconnu par un voyageur intelligent et coura-

    geux et le rcit de tant de dcouvertes tait fait pour appeler des investigations nouvelles. C'tait un champimmense ouvert la philologie et l'histoire. Mais dansces questions, il tait deux points qui sollicitaient un

    esprit aussi positif que celui de Colebrooke et qu'il ' vou-lait mettre l'abri de toute contestation d'abord l'au-thenticit des Vdas et, en second lieu la date de leur

    composition. Sur le premier point, l'argumentation deColebrooke, appuye sur onze sries de preuves dili-rentes, est irrfutable. C'est un chef-d'uvre de clart etde togique et depuis lors il n'est personne qui ait. ossoutenir les assertions de Pinkerton dont Colebrookes'tait beaucoup trop mu, et qui voulaient Taire desVdas des livres fabriqus par les brahmanes dans des

    temps assez modernes, absolument comme on a prtenduaussi que les posies de Virgile et d'Horace avaient t

    fabriques par des moines durant notre moyen-ge Quantau second point la chronologie des Vdas Colebrookes'appuyant sur des calendriers liturgiques ou yolishs

    joints aux Vdas dmontrait que la position des astres

    indique par ces documents remontait au xiv* sicleavant l're chrtienne; et ainsi la composition des Vdastait ncessairement antrieure cette poque recule.

    Depuis on a pu contester avec raison l'interprtation des

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    29 idivers passages des y otishs et des Vdas que citait Cole- brooke mais sa conclusion n'en est pas moins juste et j'essaierai de faire voir, dans ta suite de ce travail que la

    date assigne par lui loin d'tre exagre peut tre re-garde comme une sorte de minimum. A dfaut de l'as-tronomie indienne, qu'on peut suspecter, mme quand

    c'est un Colebrooke qui l 'interprte la philologie peutdonner des preuves premptoires par l'examen compara-tif de la langue dans laquelle sont crits les Vdas, et decelle des monuments qui leur ont succd dans lajittra-ture sanscrite. ' ])Chose bizarre aprs s'tre donn tant de peine, et une peine si heureuse et si fconde, Colebrooke se repentait presque de tant d'efforts et de succs; et voici comment ilterminait son mmoire

    La description qui prcde, peut servir donner quelque ide des Vdas. Ils sont trop tendus pour . qu'on puisse les traduire tout entiers et ce qu'ils ren- ferment ne vaudrait pas la peine que le lecteur aurait prendre et encore bien moins celle du traducteur. L'ancien dialecte dans lequel ils sont crits et surtout celui des trois premiers Vdas est extrmement difficile et obscur.; et quoique curieux puisqu'il; est la source d'une langue plus polie et plus raffine le sanscrit clas- sique, ses difficults empcheront longtemps qu'on lu- die et qu'on connaisse ie Vda tout entier comme il le faudrait pour extraire de ces volumineux, ouvrages tout. ce qu'ils contiennent de remarquable et d'importantI mais l'occasion, ils mritent bien d'tre consults par

    les orientalistes. Ces prdictions peu encourageantes de Colebrooke ne

    s'accomplirent qu' moiti il fallut de longues annes

    aux plnjologues pour apprendre le sanscrit et particulire-

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    ment le dialecte vdique; mais ils ne renoncrent pointa publier les Vidas et les traduire. En 1830 Frd. Rosendonnait un spcimen du Rig~Vda avec une traductionlatine et ds lors il fut dcid, pour tous les juges com-

    ptents, que les difficults signales par Colebrooke n'-taient pas insurmontables. Une mort prmature et bien

    .regrettable est venu briser l'entreprise de Rosen et eq 1838, le soin pieux de ses amis n'a pu donner au mondesavant qu'un j monument incomplet laiss par l'infortun

    jeune Jiomme. Mais cet ouvrage inachev est un chef-d'uvre et un modle il ne comprend que le premier livre ou ashtaka du Rig-Vda texte et traduction, avecdes notes qui ne vont pas au-del ds quarante premiershymnes. Mais ces notes, quelque courtes qu'elles soient,et cette traduction fidle dans ses moindres dtails, l-

    gante; pleine de got autant que d'exactitude attestent la

    plus parfaite intelligence du texte. Rosn avait fait usagedes commentaires et en-particulier de celui de Syanl il

    avait lu avec le plus grand fruit les deux glossaires du Nighantou et du Niroukta, qu'on connaissait alors peinede nom et les explications qu'il en avait tires donnaient

    l'interprtation de ces livres antiques une certitude ab-solument incontestable. La route tait fraye les succes-seurs de Rosen plus heureux que lui, n'avaient qu' lasuivre et l'achever

    A peu prs la mme poque que Rosen M. Steven-son, qui devait publier plus tard le Sma-Vda donnait,vers 1833, quelques hymnes du Rig-Vda et il y joignaitune traduction anglaise, avec des fragments ds commen-tateurs. ' ..:>:> .."< '>

    Depuis lors, ls travaux -se sont multiplis d'anne enanne et l'heure qu'il est, trois Vdas sur quatre onttrouv des diteurs et des traducteurs dont les publica-

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    tiens ds longtemps commences ne tarderont point tre compltes. L'Atharvana est le seul dont on n'ait pointencore tent l'dition mais tout porte croire que cettelacune sera bientt comble; et l'orientaliste qui en adj donn un livre dans le recueil de M, Albrecht Webef intitul Etudes indiennes (1), se chargera sans doute de

    la remplir. C'est une

    requte que je

    me permets d'adres-

    ser M. le docteur S.-F. Aufrecht et qui d'aprs letmoignage de M. Weber pourrait tre adresse aussi M, G. Bardelli de Pise. Mais je me trompe; voil queM Roth, de concert avec M. W. Whitney., des Etats-

    Unis, annonce une dition prochaine de TAtharvana (voir Indische Studien tome II p. 320). Ainsi les quatre V-das seront bientt publis comments et traduits. La

    publication de l'Atharvana est d'autant, plus dsirable

    qu'il est, avec le Rig-Vda, le plus important, sans mme

    parler de ses Oupanishads comme l'a trs-bien montr

    M.1 Rudolph Roth dans son petit ouvrage sur la Littrature

    et l 'hisloire d Vd, qui complte si heureusement sur une foule dVpoihis trs-intressants les recherches de

    Colebrooke lui-mme (2).-? ?' .*

    (1) Jridisehe Studien, in zwanglosen Heflen, Enter Band,Berlinj,; 1850, in-8. Ce volumo, rempli de travaux iutressatils,lait dsireiubien vivement la continuation du recueil. Le second

    volume a paru en 1853; et il n'est pas moins curieux que l'ou-tre. Le premier cahier du troisime a t rcemment publi.

    (2) Zur Lilleralur und Geschichte des Feda, drei Abhan-

    lungen, von Rudolph Roth, doctor der philosophie, Stuttgart*,1846 in-8. M. Rolh entend par la littrature du Vda l'en-

    semble des travaux philologiques qu'ont faits les brahmanes sur les- livres saints toutes les poques. Colebrooke n'en avait dit

    que quelques mots.- M. Roth a pnir profondment dans ce

    sujet, encore trs peu connu et trs'obscur. = ,

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    La Samhit ou collection proprement dite du Rig-fdacomprend un millier d'hymnes (1017). plus ou moins

    longs, et elle forme environ onze mille slokas ou disti-

    ques. C'est la plus tendue des Samhits et il n'y a gurequ,celie de l 'A thar va- Vda qui en approche.

    Outre la Samhit, le Rig-Vda se compose de deuxBrhmanas appels, comme je l'ai dj dit, Aitareya

    Brhmana (1), et Kaoushitaki Brhmana. chacun de cesBrhmanas est joint un supplment appel Aranyakamc'est--dire a Livre qui doit tre lu dans la fort , par les

    sages retirs dans la fort, les hylobioi de Mgasthne.

    L'AitareyaAranyakam compte cinq livres; le KaoushitakiAranyakam en trois si toutefois nous l'avons. complet.On a tir de ces Brhmanas des Oupanishads souvent cites,

    l'Aftareya oupanishad, Kaoushitaki oupanishad, etc. Il

    y a encore d'autres Oupanishads moins clbres qu'on rat-

    tache au Rig-Vda, si j'en cros l'oupnkat d'Anquetil-Duperron mais Colebrooke ne parle- pas de ces derniers

    ouvrages, et jusqu' prsent onne s'en, est pas occup.Quand je joins les deux Brhmanas queje viens de nom-

    mer la Samhit du Rig-Vda c'est pour me conformer la tradition indienne., Les Brhmanas, d'aprs l 'cole or-thodoxe par excellence la Mmns font partie des V-das tous les commentateurs sont d'accord sur ce point.Mais il y a de telles diffrences entre ls hymnes du Rig-Vda et ses brhmanas comme on pourra l voir, qu'ilme semble impossible de runir des uvres si disparates

    n" .)i nous charment te submergent commeles dignes rompues d'un fieuvo dbord; et ces eaux, que Vritra

    (1) M. Langlois, tonr. I, p. 50; Rosen, p. 54.

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    irassidans son immensit avait embrasses et retenues, il est mainte-nant gisant leur pied.

    La mre de Vritra s'abaissait pour dfendre son fils Indralui porte en dessous lecoup mortel. La mre tombe par-dessusle fils qui reste sous elle; Dnou esttendue prs de lui commela vache avec son veau. Le cadavre de Vritra balott au milieudes

    ondes, qui ne s'arrtent jamais et sont

    toujours agites,n'est bientt plus qu'une chose sans nom; les eaux lonoyent jamais et l'ennemi d'iridra s'endort dans les tnbres ter-nelles. Les ondes,1 retenues captives, gardes par l'ennemi,restaient emprisonnes comme des vaches timides sous la mainde Pani; le dieu, aprs avoir tu Vritra, ouvre la, caverne oLs eaux demeuraient enfermes. Comme la queue du chevaldissipe les insectes, tel ,-6 Indra tu tais alors quand ce dieumalfaisant cherchait te frapper de son arme. Mais hrostu remmenais les vaches dlivres par toi; tu venais reprendrenos libations et notre soma et tu les sept fleuves que lufaisais couler. Nil'clair) ni la fondre, ne purent arrter Indrani la pluie, ni le tonnerre lancspar ce vit ennemi au moraetfto combattaient Indra et Ahi. Maghavan triompha des enchan-tements et des piges. Pouvais.-tu voir un autre que toi vain-queur d'Ahi, Indra puisque, mme aprs ravoir abattu, lacrainte entrait encore dans ton me? car tu ne traversaisqu'en tremblant, rapide comme l'pervier, les quatre-vingt-dix-neuf torrents forms par les eaux.

    C'est qu'Indra roi du monde qui se meut et du monde quiest immobile roi du troupeau docile qui porte des cornes, dieuarm de lafoudre, est aussi le roi des humains dont il habitla demeure c'est qu'Indra embrasse toutes choses comme lecercle d'une roue en embrasse lesrayons.

    Le quatrime hymne Indra s'lve encore plus hautque celui-ci c'est le dieu dans toute sa force et dans toutesa douceur c'est le dieu puissant et plein de clmence ledieu qui chtie les mchants etqui protge les bons. Ce

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    n'est pas encore le dieu moral mais il est assez prs del'tre. L'expression est remplie de grandeur; et le refrain,

    simple et concis comme il l'est a quelque chose de majes-tueux et de triomphal.

    RIGVDA.

    Section Il. Lecture vi, Hymne 4 (t), Gritsamada, rishi, Trishtoubh,nitre.

    A INDRA.

    Le dieu qui est n le premier le dieu qui, justement honor, aembelli de ses uvres les autres dieux; celui dont la force et la

    grandeur infinies font trembler la' terre et le ciel ce dieu-l, peuples, c'est Indra

    Le dieu qui a consolid la terre branle, qui a frapp les nuagesirrits, qui a tendu l'espace de l'air rendu plus vaste, qui araffermi les cieux ce dieu-l peuples, c'est Indra t

    Le dieu qui, aprs avoir tu Ahi a fait couler les sept fleuves,qui a dlivr les vaches prisonnires de Bala, qui, entre deuxnuages, a enfant Agni qui est si redoutable dans les combats,ce dieu-l, peuples, c'est Indra!

    Le dieu par qui vivent tous les tres, qui a renvoy le lcheennemi dans sa caverne tnbreuse, qui, vainqueur d'innom-

    brables ennemis, s'empare de leurs dpouilles comme le chas-seur de sa proie ce dieu-l peuples, c'est Indra 1

    Le dieu dont les ennemis se demandent o est-il? et se

    disent en le voyant si redoutable Ce n'est pas lui; ce dieu

    vainqueur, ce dieu fcond qui terrasse ses adversaires, don-nez-lui votre foi, ce dieu-l peuples c'est Indra l

    Le dieu qu'implore la prire du riche qu'implore la prire du pauvre, qui s'adresse le brahmane dans ses invocations, quis'adresse le pote dans ses chants ce, dieu la noble face, qui

    (I) LaDglbis,t.I,p.46i.`

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    reoit le soma press pour lui ce dieu-l peuples .c'est Indra I

    Le dieu qui appartiennent les coursiers, les champs fconds,les vaches; qui appartiennent les villes et les chars remplis derichesses; le dieu qui a produit le soleil et l'aurore, qui conduitles eaux, ce dieu-l peuples, c'est Indra 1

    Le dieu qu'insultent les clameurs des armes de nuages ses

    ennemis, les uns

    au-dessus, les autres au-dessous du ciel;celui que les Asvinsports sur un mme char appellent .crisrpts ce diou-l, peuples c'est Indra

    Le dieu par qui les peuples obtiennent la victoire que leguerriers dans les combats invoquent leur secours; celui qui at le modle de l'univers; celui qui anime les tres inanims,ce dieu-l peuples c'est Indra "

    Le dieu qui n'emploie sa puissance qu' frapper sans cesse lemchant et l'impie; celui qui ne pardonne jamais l'insolenceddaigneuse; celui qui tue le Dasyou, ce dieu-la, peuples,c'est Indra i

    Le dieu qui a immol Smbara dans les nuages qu'il habitait

    quand nous faisions notre

    quatrime libation celui

    qui frapp mort l'enfant de Dnou Ahi, que nous voyions incessammentgrossir, ce dieu-l, peuples, c'est Indra! l

    Le dieu orn desept rayons, le dieu gnreux et rapide, quia fait couler lessept fleuves; celui qui, la foudre la main, aterrass Rbhin escaladant le ciel, ce dieu-l, peuples c'estIndra

    Le dieu devant qui s'inclinent avec vnration le ciel et laterre, devant qui frmissent lesmontagnes celui qui aprsavoir bu le soma, sent ses forces s'accrotre et s'arme de la fou-dre qu'il porte dans sa main puissante, ce dieu-l, peuples,c'est Indra!

    Le dieu qui accueille les libations, les offrandes, les hymnes,les prires; le dieu qui protge les pieux mortels; celui quefortifient nos sacrifices que fortifie notre soma que fortifientnos prsents, ce dieu-l, peuples, c'est Indra!

    A l'homme qui te fait des libations et desoffrandes dieu

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    richessiinvincible tu accordera* la richesse car lu es, juste et nous,i Indra puissions^nous sans cesse aims de loi et dans l'abon-dance que tu: nousassures t'offrir tous les jours notre sacrifice.

    Tel est en gnral le style du Rig-Vda les, bymncaqui, prcdent peuvent en donner une assez juste ide.Sans doute je tes ai choisis; mais s'ils sont les

    plus beaux,

    l'accent qu'on y trouve, ne leur est, pas particulier. Tousles autres presque sans exception ont la mme, lvation, tla mme simplicit. Ce qui distingue ceux-ci peut-tre parmi le reste, c'est que les illusions mythologiques sontassez peu frquentes et que te got y demeure plus pur parce qu'on y a moins souvent recours aux mtaphoresque fournit et explique la tradition. Sauf quelques points,qui demeurent obscurs, la pense y est aussi claire qu'elleest nergique, et l'on sent partout l 'inspiration sincre du pote et l'motion qui le transporte. J'ajoute, pour ceuxqui ne peuvent lire l'original, que la perfection des vers

    rpond kh grandeur des sentiments et l'clat des images.Comme le sanscrit dispose de l'inversion plus librementencore que le grec et le latin le pote peut, kson gr,

    produire, par l'fgencement des mots, tous les effets qu'ildsire. Les Rishis indiens ne se sont pas fait faute d'user-de toutes tes richesses que leur offrait leur langue et l'on

    peut dire sans exagrer l'loge, que leur habilet en faitde rhythmes est consomme. Je ne eFois^pas que dans lesodes de Pindare ou celles d'Horace, que dans les chursd'Eschyle, de Sphocle ou d'Euripide l'art ait jamais t pouss plus loin. Le got, en gnral y est moins dlicatet moins

    parfait; je ne veux pas le nier mais quand le pote ne s'gare pas dans des penses fausses et bizarres',la langue qu'il emploie est aussi savante que celle des potesgrecs et latins; elle est aussi noble aussi colore, aussi

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    vive. Je dsire qu'on puisse s'en apercevoir, mme autravers de la traduction. Colebrooke a dit avec raison quele dialecte vdique tait inculte si on le compare au san-scrit classique mais c'est seulement au point de vue dela grammaire; la langue elle-mme est moins forme'elle est moins rgulire et i'on voit qu'elle se cherche

    encore; mais sous le rapport de la posie, le gnie indienn'a jamais rien fait de suprieur je ne sais mme pas s'ila jamais gal tes beauts qu'il a parfois trouves dans leRig-Vda.

    La dmonstration de ceci sera complte, je le suppose.si l'on joint aux hymnes qui prcdent d'autres hymnesau-soleil et l'aurore. En voici quatre que je prends peu prs au hasard dans une vingtaine que je pourraistout aussi bien citer comme tmoignage. On remarqueraque l fin du premier de ces hymnes dtonne un peu. Le

    pote aprs avoir lou en termes magnifiques le tyieusplendide qui claire l'univers abaisse ses

    regards sut sa

    propre personne et il demande l'astre bienfaisant dele gurir du mal qui te dvore. Cette proccupation desoi, troite et peu potique, est assez rare dans le Vda.Elle, ne manque pas ici d'un certain charme mais onn'attendait pas en ce lieu un retour. du pote sur lui-mme; d'ailleurs, l'ide superstitieuse qu'il exprimen'est pas spciale l'Inde, et on la retrouverait aismentchez bien d'autres peuples.

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    RIG-VDA.

    Section I, lecture n hymne 4 (I). Pascanva rishi Oayalr etAnoushtoubh (2), mtre.

    AU SOLEIL.

    Voici que les rayons de la lumire annoncent, la vue deJ'univers entier, le Dieu qui sait tout, le soleil. Les toiles dis-

    paraissent, comme des voleurs, avec les ombres de la rtuit,devant ce soleil qui vient tout clairer. Ses rayons regardenttoutes les cratures, tincelants commedes feux.

    Tu passes, tu te montres auxyeux de tous les tres; tu fais lalumire, soleil, et tu remplis l'air de ta splendeur; tu lelves devant le peuple des dieux, 1devant'les hommes, devantle ciel entier pour que tous, te voient et t'admirent. De cettemme clart, dieu purifiant, dieu protecteur. dont tu couvresla terre qui porte les hommes tu inondes le ciel l'air immense,faisant les jours et les nuits et contemplant tout ce qui vit.

    Sept cavales au poil fauve tranent le char qui te porte soleilblouissant; ta belle chevelure est couronne derayons, dieu

    qui vois tout; et le char s'avance tran par les sept coursiersque le soleil attela de ses mains et qu'il a placs chacun sous un

    joug spareEt nous, voyant aprs les tnbres une lumire plus belle,

    nous venons nous prosterner devant le soleilqui brille. entretous les dieux, et qui est la plus belle de toutes les lumires. Ent levant aujourd'hui, dieu bienfaisant, en montant au som-met des deux guris soleil le chagrin de mon cur et la

    pleur: de mon visage. Je jette la pleur qui me consume aux

    perroquets et aux grives.; je jette la pleur qui me consume auxfleurs jaunissantes du souci. Mais voici que te flls d'Aditi s'estlev dans toute sa puissance il peut vaincre mon ennemi etmoi

    je n'ai

    pas la force de finir le

    mal ennemi qui me

    ronge.(1) M. Langlois, t . I , p. 94; Rosen, p. 96.(2) L'Anoushtoubh est un verscompos de vingt-Huit syllabes.

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    RIGVDA.

    Section I, lecture vin, hymne 3 (1). Coutsa, rishi; Trishtoubh mtre.

    AU SOLEIL.

    Il a paru le splendide flambeau des dieux, l'il de Mitra de v

    Varouna et d'Agni. Le soleil a rempli le ciel, la terre et l'air,

    me du monde mobile et immobile. Il suit la divine, la res- plendissante aurore, comme le mari suit les pas de son pouse, l'heure o les mortels pieux, observant tes temps marqus

    pour le sacrifice offrent un joyeux hommage au dieu qui fait

    leur joie. Les chevaux du soleil, heureux, rapides, tincelants,lancs sur la routequ'ils parcourent, dignes de nos hommages,qu'ils reoivent comme lui, ont franchi la hauteur du ciel etdans un instant ils ont fait le tour du ciel et de la terre, Telleest la divinit du soleil; telle est son immensit. A la moiti deson oeuvre, il retire la lumire qu'il rpandait; et ds qu'il a

    dtel de son char les rapides coursiers, la nuit tend son oui-Ere sur le monde. Puis, en prsence de Mitra et de Varouna lle

    soleil montre encore sa

    splendide figure dans le milieu du

    ciel, et sas infatigables coursiers ramnent tantt sa clart

    puissante et infinie, tantt l'obscurit sombre. ODieu! en ce

    jour au lever du soleil, dlivre-nous de toutefaute honteuseet puissent nous accorder aussi cette grce Mitra, VarounaAdit, la mer, la terre et le ciel.

    L'aurore est undes phnomnes naturels qui paraissentavoir le plus vivement mu et frapp le gnie indien. Ja-mais ce rveil de la lumire et de la vie n'a rien inspirde plus suave, et l'on peut ajouter de plus grand. L'au-rore ne vient pas seulement ranimer la nature et annoncer l'homme

    le retour du jour que luf accordent les dieuxelle rappelle surtout l'homme aux devoirs que la recon-

    (1) M. Langloisj .1. I, p. 226; Rosen, p. 240.

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    naissance et la pit lui imposent, Dans la religion vdi-que, le feu du sacrifice doit tre allum trois fois chaque

    jour, le matin, midi et le soir. La premire invocationd la journe parait la f ois la plus sainte et la plusdouce les potes sacrs n'ont pas trouv pour elle des

    chants trop dlicats, des images trop fraches, des nuances

    trop fines. Pour ma part, je ne connais sur ce sujet rien, qui

    dpasse les deux hymnes suivants, ni mme qui les gale.

    RIG-VDA.

    Section) I, lecture iv, hymne (1). Pra'scanva rishi; VriLaii (2)mtre.

    A L'AURORE.

    Pare de ton trsor, viens nous clairer, aurore, fille duciel; apporte-nous la nourriture abondante, desse splendide iApporte-nous les richesses, desse qu'implorent nos offrandes!Souvent les prires du matin, fcondes en coursiers, en g-

    nisses, en biens de

    tout genre, ont procur aux mortels uneheureuse destine. Ne m'inspire donc que des paroles de v-rit et de reconnaissance, aurore, et assure-moi le bonheur que les riches ont en partage.

    Elle, s'est dj montre souvent nous; la voil qui brilleaujourd'hui de nouveau cette desse, mettant en mouvementles chars rapides qui, son approche., se disposent et se prpa-rent, comme sur mer se prparent les vaisseaux avides de ri-chesses. Aurore, parmi les potes qui, ta prsence, recueil-lent leur me pour adorer ta magnificence, c'est Knva te plussage d'eux tous, qui invoque avec le plus de ferveur le nom queles humains t'ont donn. Ici, comme la mre de famille vigi-lante, l'aurore vient tout prolger; elle s'avance conduisant

    (1) M. Langlois, t. I,p. 91;Rosen,p. 92.(2) La Vriliali est un vers de trente-six syllabes.

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    chaque jour vers la vieillesse tous les tres qui sont dous de lavie etqui marchent sur la terre; elle donne l'essor aux oiseaux;elle rveille l'homme diligent, comme elle rveille le pauvre;elle n'aime point la paresse et la lenteur. Devant tes clarts, desse qui nous fais vivre il n'est plus un tre ail qui conti-nue de reposer.

    Elle attela ses coursiers dans la rgion lointaine o se lve le

    soleil. L'heureuse aurore est venue trouver ici les humainsavec ses cent chars tout remplis de r ichesses. A sa vue, lemonde entier, frapp de respect, se prosterne, pendant que, y prvoyante et sage, elle fait la lumire; pendant que l'aurore,la fille opulente du ciel, chasse etdisperse les ennemis quinous poursuivent de leur haine. Aurore, fille du ciel brilled'un doux clat nous apportant l'abondance et la richesse,resplendissante pour chacun'des jours que tu fais. C'est en toi

    qu'est le souffle, qu'est la vie de tout ce qui respire, ds que tu

    parais, desse bienfaisante, en ta splendeur! Ecoule notre

    prire et que ton vaste char nous amne tous les biens poss-ds par toi. Aurore, accepte ces mets divers qu'il convient au1

    genre humain de l'offrir et conduis aux crmonies saintes le pieux mortels qui te clbrent et te chantent dans leurs liba-tions amne aussi, pour boire notre soma tous les dieux, quetu feras descendre, aurore, du haut des airs; et pour nous, desse! accorde-nous, avec des vaches et des coursiers, lanourriture et l'abondance qui font notre gloire et notre force.

    Que cette aurore, dont nous apercevons les favorables rayons,nous donne la richesse dsire de tons, la richesse aussi belleque facile. Tous les chantres antiques, grande desse qui in-voqurent ta protection ont reu 'de toi l'abondance tedemandaient; exauce galement nos prires, aurore, et donne-nous les biens splendides et purs. Aurore., puisque tu ouvresencore aujourd'hui de ta lumire tes

    portes du

    ciel, accorde-

    nous uue maison opulente l'abri del'ennemi, que nourris-sent des vaches fconds. Assure nous, 6 puissante aurore, larichesse inpuisable sous ses formes infinies; assure nous de

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    53'a~nrilt!c

    4.

    nombreux troupeaux; assure-nous la gloire qui peut tout sou-

    mettre; assure-nous la nourriture, desse qui nourris l'uni-vers t.'' " ' . : : .

    iLe second des hymnes l'aurore que je veux citer est

    encore plus beau; on y remarquera, vers la fin une cer-taine mlancolie grandiose et sereine, malgr sa tristesse.L'homme ne peut pas revoir la lumire sans penser qu'un

    jour il la perdra comme tant d'autres de ses semblablesl'ont perdue avant lui et la perdront aprs.m

    RG-VDA.

    Section T, Lecture fin, Hymne i (1). Coutsa, rishi;Trishtoubh, mtre.

    A L'AURORE.

    La lumire, la plus belle des lumires s'est leve; l'clat le plus divers s'est partout rpandu. La nuit, fille du soleil, a prpar, pour que le soleil put natre son tour, le sein dePaurore. El l'aurore, qui ne brille que des feux brillants de sonfils, s'est montre sur le trne que la nuit adispos pour elle.Lies toutes deux galement au soleil, immortelles l'une etl'autre, lles se suivent tour tour, effaant mutuellement leur couleur. La route que fournissent ces deux surs est la mme,comme elle est infinie elles la parcourent successivement,instruites toutes deux par le dieu resplendissant. Elles ne senuisent jamais entre elles; elles ne s'arrtent jamais, et, cou-veriez d'une douce rose qu'elles distillent la nuit et l'auroren'ont qu'une seule pense si elles ont des couleurs diffrentes.

    Conductrice clatante des saintes paroles, l'aurore tale toutesses parures; pour nous ouvrir les portes du jour, en clairantl'univers elle nous en rvle toutes les richesses. L'aurore a

    (1) Langlois, 1. 1, p. 222; Rosen, p. 233.

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    rveill tous les tres. Da sa maiu puissante elle invite le mondeendormi se mouvoir; elle invite l'homme jouir, faife les pieux sacrifices grandir sa fortune. A ceux qui ne voyaient plus dans les tnbres elle apporte son secours pour qu'ils puissent voir an loin. L'aurore a rveille tous les tres. Grce toi nous aurons la richesse grce toi l'abondance, grce htoi l'honneur et 4e pouvoir, grce toi le sacrifice or tu conduistoutes les cratures que visite la lumire.

    L'aurore a rveilltOS 168 tres. -V.- . ..Cette fille du cieVnous apparat resplendissante protectrice,

    couverte de son tincelant manteau, reine de tous tes trsorsque la terre renferme. Heureuse aurore, brille aujourd'hui pour nous! Sur la route des aurores passes qu'elle suit, elle estl'ane des aurores qui s'avancent, des aurores ternelles. Elleranime sa clart tout ce qui vit; elle vivifie tout ce qui es,tmort. Aurore, c'est toi qui as cr le feu pour l'uvre sainte;c'est toi qui as manifest le monde par la lumire du soleilc'est toi qui as rveill les hommes poqr qu'ils offrent le sa-crifice voila la noble fonction que ,tu ss remplie parmi lesdieux.

    Depuis quand l'aurore vient-elle nous visiter ?L'aurore quiva nous clairer aujourd'hui ne fait qu'imiter les aurores quinous ont lui dj et devancer celles qui, nous luiront encore.Elle nous arrive aussi brillante que les autres. Ils sont mortsles humains qui jadis ont vu l'aurore tinceler comme celle-ci;c'est a nous de la voir cette heure, et ils devront mourir aussiceux qui verront un jour l'aurore aux heures du matin. 0 toiqui repousses les ennemis qui .protges les rites sacrs,, qui esne pour le sacrifice, toi qui inspires la joie, qui provoque lessaintes paroles, qui encourages les louanges offertes aux dieux,et qui reois pour eux l'oblation pieuse, aurore, trille en cemoment pour nous de ta plus yive beaut. Depuis lien long-temps dj l'aurore a resplendi dans tout son clat; aujourd'huielle claire de nouveau le monde de ses richesses; elle ne bril-lera pas moins dans les jours qui suivront; l'abri de la vjeil-

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    a raaiu puissa

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    leste, l'abri de !a mort, elle s'avance avec toutes ses splen*dea* eU8iond940lH^^r9tespl^fiS(ele?j08;; desse lumi-neuse, eUe j'epeusps- Ja noire obscurit. Elle vient rveiller lanature sur le char magnifique que Hpanent 4e rougelres cour-siers. Appprtanjt les kip pi upurrissejU l'homme, elle l'ap- pelle par Ja clart qa'ejle dploie. Elle se nwPtreaujourd'hui pareille aux aurores qui l'ont prcde toujours pareille auxaurores qui toujours la suivront.

    Levez-vous; l'esprit de vie # Jfe^nu nous animer; l'ombres'loigne, te jour s'avance il prpare au soleil le chemin qu'ildoit parcourir; , nousmarchons vers les biens qui soutiennent lavie. Le sacriflcaieur prononce les paroles que le rbythme en-chane; il chante et bnit les aurores aux clarts resplendis-santes. Aurore, repousse loin de moi, pendant que je t'invoque,la sombre obscurit; claire de tos rayons les aliments quinourrissent notre famille. Les aurores qui donnent les vachesfcondes et les fils valeureux, brillent pour le mortel qui les ho-nore. Puisse celui qui rpand cette libation voir les aurores

    ,-mu14pi~99-1 sog ouzsi~r~, pendant qteil rcite Igg pylres sctintep,multiplier ses coursiers, pendant qu'il rcite les prises saintes,rapides comme Je vent. Mre des dieux, il de la terre, messa-

    gre du sacrifice, helle aurore, brill de tous tes feux; rpandsta lumire sur noire offrande bnie par toi; rends-nous illustres s parmi les ntres, toi qui fais la joie du monde entier! Les biens divers que prodiguent les aurores sont l'heureux partagede qui les honore par des sacrifices et des chants. Que ces biensaussi nous soient accords par Mitr.a, Varouna, AdU, la Mer,la Terre et la Ciel!

    Je ne crois pas cder une admiration aveugle et un

    enthousiasme de traducteur en rclamant porjes auteurs

    deceshymnes Hiranyastoupa Gritsamada, Cutsa, etc.,une place dsormais immortelle parmi les potes qpi font

    le plus d'honneur k Vesprtt h]TOain. JSans dpiHet Je Tida poursuit un but plus lev que celui de la posie mais

    puisque sur sa rou*e lia j-eBponlrdes heaJ^sj(te oetor-

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    dre il est juste qu'on les lui attribue. et qu'on les lui re-

    connaisse car le charme de ces vers et leur majest natu-relle et puissante n'auront pas peu contribu sans doute

    fonder et propager ta religion des Vdas.Je termine ce que j'ai dire de cette partie du Rig-

    Vda en citant l'hymne suivant aux Adityas dieux issus

    de la Terre et du Soleil.

    . RIG-VDA. '"Vi

    Section I, Lecture in, Hymne 9 (1). Canva rishi;.Gayatr, mtre. ,

    AUX APITYAS.

    L'heureux mortel que protgent tes plus sages des dieux, Va

    rouna, Mitra, Aryaman remporte aisment la victoire. L'heu-reux mortel qu'ils couvrent et rchauffent dans leurs bras, gu'iisdfendent contre l'ennemi, croit et grandit l'abri de toutes ls,atteintes. Ces royaux amis loignent devant leurs favoris lestobstacles et les adversaires ils en cartent,les fautes et les cri-

    mes. 0 Adityas si vous venez a notre sacrifice, vous trouverezune route facile une route sans ennemis et la crmonie qu'onvous apprte ici ne dcevra point votre attente. Que le sacrifice

    que vous dirigez dans un chemin sr, vaillants Adityas, aille jusqu' vous et qu'il vous charme. Le mortel que vous favorisez

    acquiert l'opulence et les biens de toute espce; il acquiert la

    famille, sans jamais craindre le malheur. Comment louer digne-ment, mes amis, Mitra, Aryaman, Varouna, dont la gran-deur est sans bornes. Je ne vous recommande point un hommede ruse et l'de violence; je no vous recommande point un hommequi profre des imprcations c'est pour-un adorateur des dieuxque je veux vous flchir, par les riches offrandes que -je vousprsente. Tel que le joueur qui tremble jusqu' ce que les

    ` J r '- _'i:;

    (1) M. Lauglois, t. I, p. 78; Rosen, p. 79. a

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    quatre ds de son adversaire soient tombs, tel l'homme doit tou? jours.craindre de profrer des paroles impies.

    Cet hymne, o se montrent quelques nuances moralesau milieu de toutes ces prires qui n'ont jamais en vue quel'acquisition de biens matriels, nous servira de transition

    pour les suivants, qui sont les seuls peu prs d toutle i?>Fe'da o apparaissent des ides mtaphysiques.

    On se figure en gnral, mais bien tort, que le Vda

    doijt tre un livre de thologie et de philosophie. C'taitl l'ide que s'en faisait Voltaire c'tait l l'ide que pou-vait confirmer jusqu' certain point l'Oupnkhat d'An-

    quetil-Duperron. Je neveux pas dire que toute thologieet toute mtaphysique soient absentes des mantras desVdas mais elles y sont fort rares et devant ces hymnes,tout beaux qu'ils sont, avec la mythologie mme djtr&-riche qu'ils attestent, il est difficile de comprendre

    comment it a pu sortir de l toute une religion et surtout tun systme de mtaphysique. Sans les Brnmnas et les

    Oupanishads le fait et t impossible et il resterait inex- plicable ce sont les Brhmanas, avec'les Sotras et les

    Oupanishads, qui ont fond toute l'orthodoxie. Ils sontvenus se juxtposer aux Vdas plutt encore qu'ils ne tesont comments et suivis. De l l'intrt tout particulier qui, doit s'attacher dans les prires des Vdas aux mor-

    ceaux d'ailleurs trs-peu nombreux de mtaphysique etde thologie. On conoit aisment qu'il n'y en ait pas tracedans le Sma-Vda et qu'il y en ait trs-peu mme dansle Yadjoush consacrs tous deux au rituel et aux dtailsminutieux du sacrifice. Je ne pense pas qu'on en trouvenon plus beaucoup dans l'Atharvana c'est donc encoredans le Rig- Vda qu'on pourrait en dcouvrir davantage,

    bien qu'on n'y en trouve presque point. La mtaphysi-

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    que, quand elle s'y montr y est imme tellement eitve-

    loppe, qu'elle est peine reconnaissante et par exem-

    ple, voici un hymne que les commentateurs intitulent la

    Cration, et o l'on verra sous quel trange aspect Cette

    grande croyance s'est prsente aujjnie indien (1). L

    sacrifice mystique clbr jadis par les dieux a t le mo-

    dle ds sacrifices qu' leur exemple ont offerts ls hom-mes c'est de ce premier sacrifice que le monde est sorti.

    RIG-VDA.

    Section VIII Lecture vu, Hymne 1 (2). Tadjna risbi Djagali (3),Trishtoubh, mtre.

    LA CRATION

    Le sacrifice tout entier se dveloppe commeUne toile formede cent un filsqu'ont tisss les dieux. Les pres du monde qui (avaient entrelac, dispos, dplac la chane et la trame, vien-

    1

    nent s'asseoir et sont runis. Poumn, le premier mle, tendcette toile; Poumn ladveloppe dans ce monde et dans le ciel,Prs de lui se tiennent et sont assembls les rishis rayonnants.Les chants sacrs entrelacent les fils du tissu. Quelle tait ta

    disposition et la forme du sacrifice ? Quelle en tait l'ordon-nance? duel en tait l ministre? Comment tait faite l'enceinteConsacre? Quel mtre fut employ? Quelle fut f invocation pr-

    paratoire? Quel hymne les dieux runis adressrent-ils au Dieu?D'abord parut l Gyatr avec Aghi; pui3 Savitri vint avec

    (1) Colebrook a traduit cet hymne, Essays, t. Ier, p. 34.Mais sa

    traduction, qui est de 1805 est moins fidle que celled M. Langlois, de qui je me rapproche davantage dansj/amienne. "V(2) M. Langiois t. V, p. 422; Colebrobke Esiys , p. 34.

    (3) La jagtiest un versdequarautehuil syllables.

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    l'Oushnih, qui l'accompagnait ;Soma, quegrandissentteachanta,vint avec l'Anoushtoubh tandis que, la voix de la Vrihatt chut Vrihaspati, ta Virl tait mene par Mitra et Varouna. Maisla Trisktoiibh qui clbre le milieu du jour appartint In-dra. La Djagati servit tous les dieux, les Visvadvas. Voil

    comment prirent jadis les rishis, fils de Manou oui, voil

    comment prirent jadis les rishis fils de Manou, et nos pres,daus cet antique sacrifice. Je contemple., dans ma pense avecl'il de l'esprit, eus quI les premiers offrirent ce sacrifice.Soutenus par les hymnes, soutenus par les mtres acres dontils s'entouraient, soutenus des crmonies saintes, les sept ris-his divins ont fix leurs regards sur ces premires voies etcomme d%abiles cochers, ils ont suivi ces lumineux rayons.

    11ne faut pas tre trop surpris de trouver des rgles et

    presque un trait de mtrique dans un hymne c'est un

    sujet auquel les rishis reviennent trs-souvent et avec unesorte de complaisance. Dans un hymne aux Visvadvas,l'un des plus longs et des plus bizarres de tout le Rig-Vda,non-seulement le pote donne les noms des diffrents m-tres, comme ici, la gyatrt, la trishtoubh, etc. mais ilva jusqu' dire de combien de pieds chacun de ces mtresse forme et quels rapports ils ont entre eux (stance 24) (1).Ailleurs il se contente de dsigner les mtres que les sa-crificateurs daps leurs chants (2) doivent employer de

    prfrence pour rester fidles la Voix sainte. Ceci prouvequ'au temps ou les Vdas ont t composs l'art de la

    mtrique avait dj fait des grands progrs et que les ris-

    hs tout inspirs qu'ils taient, n'en tudiaient pas moinsles rgles du rhythme. En admettant que les rishis sont

    (1) Traduction de M. Langlois t. Ier, p. 386.(2) Idem, section VIII lecture ii hymne x staaee 2, t. IV,

    p. ?99, .' - .L-

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    t;Soma,

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    des auteurs humains, la chose peut se comprendre maisdans la croyance indienne le Vda est rvl par Brahma

    lui-mme et c'est prter un singulier rle un dieu quede le f