Banques Islamiques

186
Salima BENNANI Adaptation du PCEC et application des normes IFRS aux particularités de la Finance Islamique MÉMOIRE PRÉSENTÉ POUR L’OBTENTION DU DIPLÔME NATIONAL D’EXPERT-COMPTABLE Auteur : Mme Salima BENNANI Président du jury : M. Abdelkader MASNAOUI, Expert-Comptable DPLE Directeur de recherche : M. Kamal MOKDAD, Expert-Comptable DPLE Suffragants : M. Mohammed HDID, Expert-Comptable DPLE : M. Abdelmajid TOUIMI BENJELLOUN, Expert- Comptable DPLE ADAPTATION DU PLAN COMPTABLE DES ETABLISSEMENTS DE CREDIT ET APPLICATION DES NORMES IFRS AUX PARTICULARITES DE LA FINANCE ISLAMIQUE INSTITUT SUPERIEUR DE COMMERCE ET D'ADMINISTRATION DES ENTREPRISES CYCLE D'EXPERTISE COMPTABLE (C.E.C)

description

La finance participative sous la loupe

Transcript of Banques Islamiques

  • Salima BENNANI Adaptation du PCEC et application des normes IFRS aux particularits de la Finance Islamique

    MMOIRE PRSENT POUR LOBTENTION DU DIPLME NATIONAL DEXPERT-COMPTABLE

    Auteur

    : Mme Salima BENNANI

    Prsident du jury : M. Abdelkader MASNAOUI, Expert-Comptable

    DPLE

    Directeur de recherche : M. Kamal MOKDAD, Expert-Comptable DPLE

    Suffragants

    : M. Mohammed HDID, Expert-Comptable DPLE

    : M. Abdelmajid TOUIMI BENJELLOUN, Expert-Comptable DPLE

    ADAPTATION DU PLAN COMPTABLE DES ETABLISSEMENTS DE CREDIT ET APPLICATION DES

    NORMES IFRS AUX PARTICULARITES DE LA FINANCE ISLAMIQUE

    INSTITUT SUPERIEUR DE COMMERCE ET D'ADMINISTRATION DES ENTREPRISES CYCLE D'EXPERTISE COMPTABLE (C.E.C)

  • Salima BENNANI Adaptation du PCEC et application des normes IFRS aux particularits de la Finance Islamique

  • Salima BENNANI Adaptation du PCEC et application des normes IFRS aux particularits de la Finance Islamique

    DEDICACE

    For who wants me to do what I never want to

    Who believes that I can do what I never expect to

    Who thinks Im able to do what I never think to

    Who said you can do

    So I did

  • Salima BENNANI Adaptation du PCEC et application des normes IFRS aux particularits de la Finance Islamique

    REMERCIEMENTS

    Je remercie mon directeur de recherche M. MOKDAD pour sa disponibilit et ses

    conseils aviss.

    Je remercie infiniment M. AMRAOUI sans qui ce mmoire naurait jamais vu le jour.

    Je remercie toute lquipe du cabinet MAZARS pour son accueil chaleureux.

    Je remercie la Direction de lISCAE, son staff administratif et son corps professoral,

    pour leurs efforts.

    Je remercie tous ceux qui mont soutenu.

  • Salima BENNANI Adaptation du PCEC et application des normes IFRS aux particularits de la Finance Islamique

    Sommaire

    Introduction gnrale p. 11

    CHAPITRE PRELIMINAIRE : LES FONDEMENTS ET LES PRODUITS DE LA FINANCE ISLAMIQUE

    1. La thorie religieuse lie la Finance Islamique

    1.1. Le cadre lgal ().p. 16

    1.1.1. La foi ou le dogme ( )...p. 16

    1.1.2. La Morale ( ).p. 17

    1.1.3. La jurisprudence islamique () ..p.17

    1.2. Lhistoire de la Finance Islamique p. 18

    1.3 . Les principes fondamentaux de la Finance Islamique.p. 20

    1.3.1. Linterdiction de lintrt ( ).....p.20

    1.3.2. Linterdiction de lincertitude ou ala) ( ..p.22

    1.3.3. Linterdiction de lactivit illicite ( )

    1.3.4. Lintermdiation dans linvestissement.p. 23

    1.3.5. Le partage des pertes et profits (3P)..p. 24

    1.3.6. La connexion lconomie relle..p. 24

    2. Les produits de la Finance Islamique

    2.1. Les produits financiers islamiques comprenant un systme de

    partage des pertes et profits (3P) ...p. 25

    2.1.1. La Mudaraba ( )..p. 25

    2.1.2. La Musharaka () ...p. 25

    2.2. Les produits financiers islamiques bass sur le principe du cot plus

    marge .p. 26

    2.2.1. La Murabaha ( ) .p. 26

  • Salima BENNANI Adaptation du PCEC et application des normes IFRS aux particularits de la Finance Islamique

    2.2.2. Le Salam () ....p. 27

    2.2.3. LIstisnaa ( ) ...p. 27

    2.3. Les autres produits financiers islamiques ...p. 27

    2.3.1. LIjara ou lIjara Muntahia Bi Attamlik

    ( ) ...p. 28

    2.3.2. Les Sukuks ( ) ..p. 28

    3. Le rle central du Sharia Board ....p. 29

    1re PARTIE : LA COMPTABILITE DES OPERATIONS DE LA FINANCE

    ISLAMIQUE AU NIVEAU DU PCEC : ANALYSE ET PROPOSITIONS

    DADAPTATION

    Chapitre 1 : Analyse du cadre comptable des produits alternatifs du PCEC et propositions de recommandations pour son adaptation la Finance Islamique

    1.1. Analyse du rfrentiel comptable du PCEC des produits alternatifs

    1.1.1. La Murabaha ...p. 33

    1.1.2. La Musharaka...p. 36

    1.1.3. Ijara ...p. 39

    1.2. Propositions dadaptation et approfondissement du rfrentiel

    comptable des produits alternatifs aux particularits de la Finance

    Islamique .....p. 45

    1.2.1. La Murabaha ....p. 46

    1.2.2. La Musharaka....p. 61

    1.2.3. Ijara ..p. 65

  • Salima BENNANI Adaptation du PCEC et application des normes IFRS aux particularits de la Finance Islamique

    Chapitre 2 : Proposition dun rfrentiel comptable spcifique aux principaux produits futurs de la Finance Islamique

    2.1. Les Sukuks ....p. 70

    2.1.1. Comptabilisation de lopration Sukuk chez la BI.p. 72 2.1.2. Comptabilisation du Sukuk chez le fond Sukuk .p. 73 2.1.3. Comptabilisation de lopration Sukuk chez le SPV.p. 77

    2.2. La Mudaraba ..p. 79

    2.2.1. La banque en tant quinvestisseur...p. 79 2.2.2. La banque en tant que Mudarib p. 84

    Conclusion de la premire partie ..p. 88

    2me PARTIE : DEFIS MAJEURS DANS LAPPLICATTION DES NORMES

    IFRS AU NIVEAU DE LA FINANCE ISLAMIQUE

    Chapitre 1 : Problmatique dapplication des normes IAS/IFRS la Finance Islamique

    1.1. Par rapport au cadre conceptuel ...p. 93

    1.1.1. Le principe de prminence de la substance sur la forme

    ..p. 101

    1.1.2. Le principe du cot historique ...p. 101

    1.2 Au niveau des normes ..p. 104

    1.2.1. LIAS 17 : les contrats de location ..p. 104

    1.2.2. LIAS 18 : produits des activits ordinaires ..p. 110

    1.2.3. LIAS 24 : information relative aux parties lies .p. 116

  • Salima BENNANI Adaptation du PCEC et application des normes IFRS aux particularits de la Finance Islamique

    1.2.4. LIAS 32 : instruments financiers prsentation,

    lIAS 39 : instruments financiers comptabilisation et valuation

    et lIAS 40 : immeubles de placement ..p. 119

    1.2.5. LIFRS 7 : instruments financiers : informations fournir .p. 127

    Chapitre 2 : Propositions dadaptation des normes IAS/IFRS aux exigences de la Finance Islamique

    2.1 Au niveau du cadre conceptuel .....p. 133

    2.1.1. Le principe de prminence de la substance sur la forme

    ...p. 133

    2.1.2. Le principe du cot historique ...p. 134

    2.2 Au niveau des normes ..p. 136

    2.2.1. LIAS 17 : les contrats de location ..p. 136

    2.2.2. LIAS 18 : produits des activits ordinaires ..p. 137

    2.2.3. LIAS 24 : information relative aux parties lies .p. 139

    2.2.4. LIAS 32 : instruments financiers prsentation,

    lIAS 39 : instruments financiers comptabilisation et valuation

    et lIAS 40 : immeubles de placement ..p. 141

    2.2.5. LIFRS 7 : instruments financiers : informations fournir p. 145

    Conclusion de la deuxime partie ...p. 147

    CONCLUSION GENERALE : SYNTHESE GENERALE DES APPORTS DU

    MEMOIRE

    Glossaire.p. 154

    Bibliographiep. 159

    Annexes .p. 160

  • Salima BENNANI Adaptation du PCEC et application des normes IFRS aux particularits de la Finance Islamique

    Liste des abrviations

    FI : Finance Islamique.

    AAOIFI : Accounting and Auditing Organisation for Islamic Financial

    Institutions.

    CIBAFI : General council of Islamic BAnking and Financial Institutions.

    BI : Banques Islamiques.

    IFI : Institutions Financires Islamiques.

    PCEC : Plan Comptable des Etablissements de Crdit.

    BAM : Bank Al Maghrib.

    CGNC : Code Gnral de Normalisation Comptable.

    SPV : Special Purpose Vehicle.

    IFRS : International Financial Reportings Standards.

    IAS : International Accountings Standards.

    IASB : International Accounting Standards Board.

    IFSB : Islamic Financial Services Board.

    VNC : Valeur Nette Comptable.

    VR : Valeur rsiduelle.

  • Salima BENNANI Adaptation du PCEC et application des normes IFRS aux particularits de la Finance Islamique

    INTRODUCTION GENERALE

  • Salima BENNANI Adaptation du PCEC et application des normes IFRS aux particularits de la Finance Islamique

    Introduction gnrale

    Lors du 7me congrs national de lordre des experts comptables qui sest tenu El

    Jadida, le 10 et 11 mai 2012, sous le thme Lexpert comptable et la dynamique du

    changement , lun des sujets abords dans le cadre de ce 7me congrs a t les

    mutations et les nouveaux mtiers de la profession dexpert comptable .

    Il est ressorti des diffrents dbats du congrs que lun des nouveaux mtiers de

    lexpert comptable, qui pourrait se profiler lavenir pourrait tre la connaissance

    des particularits de la Finance Islamique (FI) aussi bien sur le plan juridique, fiscal, et

    comptable, que celui de laudit et rvision des comptes.

    Selon les professionnels, lexpert comptable a un double rle jouer : au niveau de la

    mise en place de ce nouveau systme financier, et au niveau de son contrle. En

    consquence, lexpert comptable doit se prparer et tre suffisamment outill pour

    cette nouvelle mission, car son intervention exige non seulement une connaissance

    des rgles, lois et normes gnrales mais galement une certaine matrise des

    fondements du droit islamique.

    Concrtement, lexpert comptable pourrait intervenir en coordination avec BAM

    et/ou le Sharia Board pour lanalyse des produits financiers et des contrats qui sont

    soumis son expertise. Il pourrait offrir son assistance tout acteur qui sintresse

    ce secteur dactivit mais aussi laudit rgulier des produits de la Sharia, et laudit

    de lactivit des BI.

    Prsente dans plus de 75 pays, la Finance Islamique gre actuellement un en-cours

    estim plus de 1 000 milliards de dollars(1), en volution de plus de 50% par rapport

    2008 et de 21% par rapport 2010(1), soit un taux de progression annuel moyen de

    lordre de 15%. Et alors que le systme financier de plusieurs pays du monde

    occidental connat des difficults majeures, les institutions financires islamiques ont

    gard leur rythme de croissance, et nont pas ressenti les effets de la crise mondiale.

    Aujourdhui, on estime 25% le taux de la population mondiale de confession

    musulmane, et entre 40 et 50% de leur pargne est gre actuellement par la Finance

    Islamique contre 10% en 2007(1).

    Depuis leur mise en place le 1er octobre 2007 par la recommandation n 33/G/2007

    de Bank Al Maghrib, les produits alternatifs nont cess de susciter des polmiques au

    sein de la communaut financire marocaine. Si on fait abstraction du ct

    (1) site internet biz.web du 14/02/2011

  • Salima BENNANI Adaptation du PCEC et application des normes IFRS aux particularits de la Finance Islamique

    thologique, la polmique a t dordre purement fiscal au dpart : double

    imposition de lacte de cession en ce qui concerne les droits de mutation (dans le cas

    dun contrat Murabaha), application dun taux de TVA de 20% sur les prts octroys

    au lieu de 10% pour le secteur bancaire classique, application de la TVA sur la totalit

    de la mensualit (capital et intrts galement) ; mais laspect rglementaire

    comptable des produits alternatifs na pas t suffisamment voqu.

    Sil est vrai que le Maroc na pas encore octroy dagrment une banque islamique

    proprement parler, il est tout aussi vrai que certaines banques de la place financire

    marocaine (Attijariwafabank, La Banque Populaire) ont commenc partir de 2007

    commercialiser les produits alternatifs via leur rseau classique.

    Ce nest quen 2009, quune banque marocaine (Attijariwafabank) a cr une filiale

    (en tant que socit de financement et non en tant que banque) ; savoir DAR

    ASSAFAA , charge de commercialiser dans un premier temps les produits alternatifs

    (hors le produit Ijara), et dans un deuxime temps de collecter lpargne publique.

    Le lgislateur marocain a accompagn lintroduction des produits alternatifs dune

    srie de mesures fiscales, mais le cadre rglementaire comptable na pas t

    suffisamment apprhend.

    Nous estimons galement que le cadre comptable spcifique la Finance Islamique

    nest pas suffisamment connu par la profession des Experts Comptables au Maroc.

    Do lobjectif de ce mmoire : analyser le rfrentiel comptable des tablissements

    de crdit actuellement en vigueur au Maroc. Est-il adapt aux spcificits

    des produits proposs par les banques islamiques ? Quen est-il des normes IFRS ? Ou

    alors des normes de lAAOIFI (lAccounting and Auditing Organisation for Islamic

    Financial Institutions)? Quelles sont les points de divergence et/ou de convergence

    entre les pratiques comptables locales et celles des banques islamiques ? Et les

    pratiques comptables internationales et celles des banques islamiques ?

    Lintrt de se pencher sur le rfrentiel comptable de la Finance Islamique est dict

    galement par des exigences de plus en plus fortes des investisseurs en matire de

    transparence, de pertinence et de benchmarking de linformation financire (surtout

    aprs les scandales et les faillites des banques qui ont secou la place financire

    internationale) et dans le cas des banques islamiques, des pargnants qui sont un

    acteur important au sein de la banque.

    Le Maroc nest pas encore dot dune banque islamique, et la Finance Islamique y est

    ltat embryonnaire, mais en dcembre 2011, des discussions ont t entames

    entre le nouveau gouvernement de M. BENKIRANE et une banque qatarie qui serait

  • Salima BENNANI Adaptation du PCEC et application des normes IFRS aux particularits de la Finance Islamique

    intresse par crer une banque islamique au Maroc (1). En outre, selon le Ministre

    dlgu charg des Affaires Gnrales et de la Gouvernance, un projet de loi

    exhaustif relatif l'introduction de la finance islamique dans le systme bancaire

    marocain est en cours d'laboration. Ce projet est actuellement en examen et

    pourra tre fin prt prochainement selon le Ministre prcit.2

    Il serait donc opportun dapprcier le cadre lgal comptable, pour analyser, si notre

    pays est prpar lintroduction de la finance islamique. Si oui, dans quelle mesure,

    si non, quelles sont les adaptations prvoir ?

    Mon intrt pour le sujet est dautant plus fort que jai eu lhonneur dassister au

    premier Forum Africain sur la Finance Islamique qui sest tenu en 2008 Rabat, et

    auquel ont particip quelques sommits de la Finance Islamique de plusieurs pays :

    Maroc, Tunisie, Algrie, Ile Maurice, Soudan, Egypte., les prsidents de quelques

    banques marocaines ainsi quun grand cabinet daudit marocain.

    Par ailleurs, jai galement obtenu en 2012 le certificat de banquier islamique agr

    (Certified Islamic Banker) dlivr par le CIBAFI (General Council of Islamic Banking and

    Financial Institutions).

    Le prsent mmoire ne prtend pas une analyse thologique des produits de la

    finance islamique (sont-ils oui ou non conformes la Sharia?), ni un benchmarking

    entre la finance islamique et la finance conventionnelle en termes de rendement et

    de rentabilit, ni une analyse des risques propres la finance islamique, que ce soit

    en termes de risque de liquidit, de risque march ou de risques oprationnels, ni

    galement une analyse des impositions fiscales actuelles existantes au Maroc, et

    limposition des produits de la finance islamique dans le Monde.

    Lobjectif principal recherch de ce mmoire est double :

    - Lanalyse du cadre rglementaire comptable actuel au Maroc et la proposition de

    recommandations comptables concrtes pour ladapter, si besoin est, aux principes

    de la Finance Islamique, ce qui permettra aux futures institutions financires

    islamiques qui sinstalleront au Maroc dvoluer dans un rfrentiel comptable

    adapt et appropri.

    - Lanalyse des normes IFRS par rapport aux normes comptables de lAAOIFI, afin de

    ressortir avec les divergences et/ou convergences entre les 2 rfrentiels et de

    prvoir les adaptations (possibles ?) pour une meilleure adquation de ces normes

    avec la comptabilit des institutions financires islamiques.

    (1) source : journal AL Massae du 27 dcembre 2011 (2) source : journal Attajdid du 14 mars 2012

  • Salima BENNANI Adaptation du PCEC et application des normes IFRS aux particularits de la Finance Islamique

    Pour ce faire, la mthodologie adopte a t pour la premire partie :

    comprhension de la structuration juridique des produits alternatifs prvus

    par la recommandation de BAM n 33/G/2007, selon les dispositions de la

    Sharia et les recommandations des diffrents Boards,

    analyse du plan comptable sectoriel des tablissements de crdit (PCEC) pour

    la partie qui traite des produits alternatifs,

    analyse du code gnral de normalisation comptable (CGNC), quand le PCEC

    ne mentionne pas ou ne fait pas rfrence certains traitements comptables

    particuliers des produits alternatifs,

    dtermination des points de convergence et/ou de divergence entre les

    schmas comptables du PCEC et de la note explicative de BAM, et les schmas

    comptables labelliss Sharia compliant ,

    proposition de schmas comptables des produits alternatifs plus adpats la

    FI au vu des divergences releves,

    proposition de schmas comptables de 2 produits bancaires phares de la FI

    non prvus initialement par la recommandation n 33/G/2007.

    En ce qui concerne la seconde partie, la mthodologie adopte a t :

    analyse des principales normes IFRS qui traitent des instruments financiers, et

    dont on peut tablir un parallle avec les produits bancaires de la FI,

    analyse du cadre conceptuel des normes IFRS ainsi que du cadre conceptuel

    des normes AAOIFI,

    dtermination des points de convergence et/ou de divergence avec analyse de

    leur impact sur la prsentation des comptes,

    essai et proposition de convergence des normes IFRS et AAOIFI pour une

    meilleure comparabilit de linformation financire au niveau mondial.

  • Salima BENNANI Adaptation du PCEC et application des normes IFRS aux particularits de la Finance Islamique

    CHAPITRE

    PRELIMINAIRE

    LES FONDEMENTS ET LES PRODUITS DE LA

    FINANCE ISLAMIQUE

  • Salima BENNANI Adaptation du PCEC et application des normes IFRS aux particularits de la Finance Islamique

    1. La thorie religieuse lie la Finance Islamique

    La comprhension de la Finance Islamique nest pas aise pour des personnes

    voluant dans des conomies bases sur un modle conventionnel. En effet, le

    systme financier islamique se nourrit de fondements thiques et religieux puiss

    dans la religion musulmane.

    Afin de comprendre les particularits de la Finance Islamique par rapport la finance

    conventionnelle, il est ncessaire de connatre ses fondements. Le droit musulman

    ou aShari () est la justification et la base permettant la distinction entre les

    deux systmes financiers.

    Le droit musulman est scind en deux parties, dune part, le droit musulman qui

    concerne le culte et tout ce qui sy rfre (la prire, le jene, le plerinage la

    Mecque etc.) et dautre part, le droit musulman qui rgit les interactions et

    transactions humaines (le mariage, les infractions pnales, les transactions

    financires etc.).

    En droit musulman, les lois qui rgissent les transactions reprsentent peu prs 75%

    du volume global du cadre lgal.

    1.1. Le cadre lgal ()

    La Sharia est la source du droit musulman, cest le cadre lgal qui rgit toutes les

    transactions financires.

    En Finance Islamique, le cadre lgal repose sur 3 sources : la foi ou le dogme, la

    morale ou thique, et la jurisprudence.

    La Sharia, cest donc le droit musulman dans sa globalit, cest lensemble des

    doctrines et actes de culte, mais aussi des principes spirituels, des valeurs morales et

    thiques, en un mot, cest la faon dagir et de se conduire dans lensemble des

    domaines de la vie quotidienne que ce soit dans les relations entre DIEU et lHomme

    ou entres les hommes eux-mmes.

    1.1.1. La foi ou le dogme ( ) La foi est la croyance que DIEU existe, quIl est le crateur de cet univers. Il est par

    consquent le crateur de lHomme qui nest que linstrument de DIEU sur Terre

    pour la prennit de lEspce, lutilisation des ressources de la Terre, et ce dans

    lobjectif noble daccomplir la volont de DIEU. LHomme a t honor par DIEU (

  • Salima BENNANI Adaptation du PCEC et application des normes IFRS aux particularits de la Finance Islamique

    ), et ce quelques soient son origine, sa religion, sa couleur, sa nationalit ect.

    Croire en DIEU signifie que DIEU est le vritable propritaire de tout ce qui se trouve

    sur Terre, lHomme ntant quun simple intermdiaire sur cette Terre.

    Croire en DIEU, cela signifie galement croire que la vie de lHomme sur Terre est

    temporaire, et que seule compte la Vie ternelle (rcompense des pieux). Tous les

    agissements de lHomme (aussi bien sur le plan personnel que relationnel) doivent

    tendre vers la prparation la vie future, qui est la vie ternelle.

    Mais la foi relle nest pas seulement une simple croyance, cest aussi ce qui est

    profondment ancr dans le cur et transparat dans les actes.

    1.1.2. La Morale ( ) La Morale est un ensemble de principes, de jugements, de rgles de conduite

    relatives au Bien et au Mal, de devoirs, de valeurs, parfois rigs en doctrine, quune

    socit se donne, et qui simposent autant la connaissance individuelle qu la

    conscience collective. (3)

    La Morale se doit donc dtre un moyen dvaluer toutes les actions de lHomme, de

    mme quune ligne directrice de tous ses comportements et transactions.

    Les sociologues et les philosophes se sont longtemps interrogs sur les fondements

    de la Morale :

    Tout ce qui procure le bien-tre et le bonheur lHomme est-il moral ?

    Lesprit humain est-il capable dtablir ses propres rgles de Morale ?

    La Morale estelle la rsultante des us et coutumes dune socit donne ?

    Ou alors la Morale tire t elle sa source de la religion ?

    La Morale au niveau de la FI, nest ni utilitariste ni opportuniste, et tout ce qui

    concourt au bien tre de lHomme nest pas forcement moral. En Finance Islamique,

    la source de la Morale est le droit musulman.

    1.1.3. La jurisprudence islamique ()

    La jurisprudence islamique est lensemble des avis juridiques mis par les thologiens

    musulmans et qui sont la traduction sur le plan pratique des textes religieux, quil

    sagisse du Coran, de la Sunna (paroles du Prophte Mohamed (saaws), ou actes

    accomplis, accepts ou approuvs par lui).

    (3)

    Source : Toupictionnaire : le dictionnaire de politique.

  • Salima BENNANI Adaptation du PCEC et application des normes IFRS aux particularits de la Finance Islamique

    La jurisprudence islamique sest base galement sur le consensus, le raisonnement

    analogique, lusage ou lanalyse des comportements des musulmans durant la vie du

    Prophte Mohamed (saaws).

    La jurisprudence islamique a rpertori et classifi lensemble des actes de lHomme

    au sein de 5 grandes catgories :

    - lobligatoire,

    - le souhaitable,

    - lillicite,

    - le dtestable,

    - et le permis.

    La jurisprudence islamique nest pas immuable dans le temps, elle se renouvelle en

    fonction de la progression de lHumanit. Il est important de noter quil existe

    plusieurs coles de jurisprudence en droit musulman qui peuvent diverger sur des

    points de droit secondaires mais qui saccordent au sujet des principes gnraux du

    droit musulman.

    1.2. Lhistoire de la Finance Islamique

    Durant des sicles, il ny eut pas vritablement de systme financier islamique

    complet. Il ny eut que linterdiction de lintrt. On ne proposa pas des modes de

    financement alternatifs ni nimagina dorganisations financires adaptes. Sans les

    structures et les produits, on ne peut videmment pas parler de finance proprement

    dite.

    La FI na vu le jour qu partir de 1950, avec laccs lindpendance dune grande

    partie des pays musulmans face la tutelle coloniale.

    Durant la priode 1950-1970, plusieurs chercheurs ont essay dimaginer un systme

    financier islamique bas sur les principes de droit musulman. A titre indicatif, voici le

    nom de quelques chercheurs dans ce domaine :

    M. Mohamed Abdullah Al Arabi (Egyptien), M. Mohamed Baqer Sadr (Irakien), M.

    Mohamed Aziz (Pakistanais), M. Ahmed Abdelaziz Al Naggar (Egyptien), M. Mohamed

    Najat Allah Seddiki (Pakistanais).

    La premire application pratique des banques islamiques a vu le jour en 1962 en

    Malaisie, via un fonds dpargne ddi au plerinage (Tabung Hadjji), et la premire

    banque islamique a t cre en 1963 Mit Ghamr en Egypte.

  • Salima BENNANI Adaptation du PCEC et application des normes IFRS aux particularits de la Finance Islamique

    La priode 1970-1980, a vu la naissance de plusieurs banques islamiques : la Banque

    Islamique Nasser (1971), la Banque Islamique de Dveloppement (BID en 1975), la

    Dubai Islamic Bank en 1975 galement, la Faisal Islamic Bank en 1977

    Lexpansion et la cration des banques islamiques ont continu durant les annes 80

    et 90. Ce dveloppement sest accompagn par la mise en place des cadres lgislatifs

    spcifiques la Finance Islamique au niveau de plusieurs pays : Malaisie, Iran,

    Turquie, Emirats Arabes Unis, Soudan, Philippines, Yemen, Jordanie ainsi que la

    cration dorganisations professionnelles telles que lAAOIFI en 1991.

    Il est noter galement que durant cette dcennie, lexpansion des BI a dpass le

    cadre des pays arabes, et plusieurs dentre elles on vu le jour en Asie : la Banque

    Islamique de Malaisie (1983) en Malaisie, la Banque Islamique de Bangladesh en 1983

    galement au Bangladesh, Etablissement Al Amine pour le Financement et

    lInvestissement en 1986 en Inde ect.

    Bien qu partir de 2001, limage des BI ait un peu pti des suites de lattentat du 11

    septembre aux Etats-Unis, puisquon a assist lassociation des banques islamiques

    au financement des activits terroristes, il nen demeure pas moins vrai que le

    volume des dpts plus que doubl entre 2000 et 2010, et lon estime que la FI

    grera vers la fin de cette dcennie 40 50% de lpargne mondiale des musulmans.

    Les principales banques islamiques dans le monde sont : Al Rajhi Bank (Arabie

    saoudite), la Kuwait Finance House (Kowet), la Dubai Islamic Bank (mirats Arabes

    Unis), l'Abu Dhabi Islamic Bank (mirats Arabes Unis), Bank Al Jazira (Arabie

    saoudite), Al Baraka Bank (Algrie) et Meezan Bank (Pakistan).

    Aujourdhui, et eu gard aux taux de progressions affichs par les institutions

    financires islamiques (plus de 10%), ainsi que laugmentation du prix du ptrole

    linternational, et le volume important des liquidits que cela a drain sur les marchs

    montaires, toutes les places financires de renom, y compris celles non

    musulmanes, cherchent attirer les capitaux de la FI. Nous citerons notamment

    lexistence de succursales de banques islamiques en Allemagne, en Suisse, au

    Luxembourg, aux Etats-Unis, et la cration en Grande Bretagne de la premire

    banque islamique en Occident en 2004.

  • Salima BENNANI Adaptation du PCEC et application des normes IFRS aux particularits de la Finance Islamique

    1.3. Les principes fondamentaux de la Finance Islamique

    Comme la FI fait rfrence aux prceptes de lIslam, la morale religieuse, et la

    jurisprudence islamique, cela sest traduit dans la pratique des transactions, par

    linterdiction de :

    - lintrt, - lincertitude ou ala, - et la spoliation.

    La FI ayant interdit un ensemble de transactions commerciales qui ne rpondent pas

    aux prceptes de la religion et de la morale religieuse, elle a donc mis en place un

    systme conomique pour les transactions commerciales qui rpond cette exigence

    et qui repose sur :

    - lintermdiation dans linvestissement, - le partage des pertes et profits, - et la connexion lconomie relle.

    1.3.1. Linterdiction de lintrt ( )

    La prohibition de lintrt dans lIslam tire sa source dabord du Coran, qui entrine

    cette interdiction dans 8 versets (cf. annexe n 5) :

    Sourate Al Baqara, versets 275 277 et verset 279,

    Sourate Al Imrane, verset 130

    Sourate Annissaa, versets 160 et 161,

    Et Sourate Arroum, verset 39.

    Cette interdiction tire galement son fondement dun Hadith du Prophte Mohamed

    (saaws) : lor schange avec lor, largent avec largent, le bl avec le bl, lorge

    avec lorge, les dattes avec les dattes, le sel avec du sel, de la main la main,

    qualits et quantits gales.

    Il est courant de croire que lintrt interdit par lIslam est celui pratiqu sur des

    dettes en contrepartie dune prolongation de lchance de paiement ; en ralit

    lintrt interdit par lIslam comprend :

    - lintrt pratiqu sur un capital prt (augmenter le montant rembourser en

    contrepartie dun paiement diffr),

    - le rchelonnement des dettes (augmentation du capital dune dette chue en

    contrepartie dune prolongation dchances),

  • Salima BENNANI Adaptation du PCEC et application des normes IFRS aux particularits de la Finance Islamique

    - lchange des 6 sortes de biens cits dans le Hadith avec des quantits ingales

    (certains juristes ayant gnralis cette interdiction lensemble des biens qui

    peuvent faire lobjet dune mesure par une des units de mesures admises,

    tels que le kilogramme, le litre, le mtre),

    - le report de la rception ou de la livraison, lors de lchange dun des 6 biens

    numrs par le Hadith, sans augmentation de quantits.

    De ce fait, linterdiction de lintrt dans lIslam est beaucoup plus gnrale que

    linterdiction de lintrt en lui mme, elle stend mme des transactions non

    montaires (vente de biens et marchandises).

    Il est noter galement, que lIslam nest pas la seule religion ayant interdit lintrt.

    Cette interdiction a t confirme par toutes les religions monothistes.

    De plus, lune des confusions qui sopre souvent, est de croire que lIslam nintgre

    pas le facteur temps quant au paiement dune dette, et que le paiement dune dette

    terme est identique au paiement dune dette avant terme, en partant du principe

    de linterdiction de lintrt.

    En ralit, le Prophte Mohamed (swaas) a instaur une rgle de jurisprudence de

    base dans le droit musulman et mme lune des premires thories conomiques en

    matire dactualisation, en diffrenciant entre le prix dun bien achet et pay au

    comptant, et le prix dun bien achet et pay terme. La rfrence en la matire est

    lhistoire des juifs de Mdine qui avaient vendu leurs champs de dattes aux

    musulmans du temps du Prophte Mohamed (swaas), le Prophte avait exig le

    paiement au comptant du prix desdits champs. Ce prix prenait en considration le fait

    que le paiement stait effectu au comptant et avant mme que le fruit ne mrisse

    compltement.

    Le principe gnral retenir pour linterdiction de lintrt dans la doctrine

    musulmane est que largent nest pas un bien en soi, cest un moyen dchange, il ne

    saurait tre une marchandise qui produit une valeur intrinsque.

    De plus, la Finance Islamique prohibe la thsaurisation car dans lIslam largent ne

    doit pas constituer une source de puissance. La thsaurisation est un terme

    technique conomique dcrivant une accumulation de monnaie, soit pour en tirer un

    profit, soit par absence de meilleur emploi, et non par principe d'conomie ou

    d'investissement productif.

    Thsauriser ses avoirs cela signifie, ne participer qu son enrichissement personnel

    et ne pas faire profiter lconomie en gnral. La thsaurisation est souvent assimile

    la spculation.

  • Salima BENNANI Adaptation du PCEC et application des normes IFRS aux particularits de la Finance Islamique

    Il est important de faire la distinction entre lpargne et la thsaurisation. Cette

    dernire notion induit lide de non-productivit du capital. Par exemple, un compte

    dpargne ne gnrant pas dintrt nest pas une forme de thsaurisation car ce

    capital est utilis par la banque des fins productives.

    Il est vident que la contrainte de non thsaurisation encourage linvestissement, elle

    oblige cependant les IFI ne pas conserver trop de liquidits durant une longue

    priode. Afin de satisfaire cette obligation, les banques islamiques tolrent un ratio

    de cash allant jusqu'a 49%.

    1.3.2. Linterdiction de lincertitude ou ala ()

    De mme que lIslam a prconis linterdiction de lintrt dans son sens le plus large,

    il a interdit toute vente o lune ou lautre des parties serait en situation de

    mconnaissance de lun des piliers constitutifs dun contrat tel que : le prix, le bien

    achet, les parties au contrat, la date de livraison du bien etc.

    Cette interdiction tire son fondement du fait quaucune des deux parties au contrat

    ne doit tre lse ou en situation dinfriorit par rapport lautre. Le contrat en lui-

    mme ne doit laisser aucune zone dincertitude quant son droulement ou son

    excution.

    Si le risque zro nest pas tolr en Islam (intrt), le risque maximal ne lest pas tout

    autant. Le risque maximal tant lincertitude.

    Lincertitude dans les transactions en FI ninvalide un contrat que si elle est abusive,

    les juristes ont fix 4 conditions importantes qui permettent didentifier une

    transaction comme incertaine ou alatoire :

    que lincertitude couvre la majorit des clauses du contrat ou de la

    transaction : tel que la vente dun bien impossible livrer, la vente dune

    rcolte qui nest pas encore apparue, la vente dun bien qui nest pas la

    proprit du vendeur ou que lon est pas sr de trouver sur le march lors de

    la conclusion du contrat de vente ( ), que lincertitude couvre les transactions commerciales de ventes et

    dchange, car nous ne pouvons parler dincertitude en ce qui concerne les

    contrats titre gracieux tels que les cadeaux, dons et donations,

    que lincertitude affecte lun des constituants de lobjet du contrat : objet,

    quantit, qualit,

    que lincertitude touche un contrat dont aucune des parties na nul besoin

    ou est en situation dobligation morale pour son acceptation.

  • Salima BENNANI Adaptation du PCEC et application des normes IFRS aux particularits de la Finance Islamique

    En consquence, le lgislateur musulman reconnat lexistence de llment incertain

    au niveau des contrats, et valide le contrat tant que cette incertitude garde un

    caractre mineur.

    Parmi les applications pratiques de lincertitude dans les transactions actuelles, citons

    les contrats dassurance, dentretien et de maintenance, les contrats de couverture

    de risque, les options, les swaps.

    1.3.3. Linterdiction de lactivit illicite ( )

    LIslam, dans son dsir dquilibrer entre les parties au contrat, a interdit toute

    transaction illicite. La notion de transaction illicite doit tre entendue dans son sens

    le plus large, et doit se rfrer aux prceptes de la religion et non pas au fait de

    lHomme.

    Sont considres donc comme des transactions illicites en FI, les activits

    monopolistiques, les ventes forces ou ralises sous la contrainte, les expropriations

    abusives, les surenchrissements frauduleux, les ventes dont lobjet est dfectueux

    ect.

    De mme, la FI prohibe l'investissement dans des secteurs dont lactivit est juge

    illicite comme le tabac, l'alcool, le jeu, le sexe et l'armement.

    1.3.4. Lintermdiation dans linvestissement

    Lintermdiation dans linvestissement signifie que les banques islamiques ne jouent

    pas uniquement le rle dintermdiaires financiers, mais participent lexpansion des

    conomies en finanant des projets dinvestissement et en crant une interconnexion

    troite entre les dposants (fournisseurs) et les investisseurs (utilisateurs finaux).

    Ainsi, les BI jouent le rle dintermdiaire entre le capital et le travail, entre ceux qui

    possdent des capitaux mais ont peu ou pas dexprience dans linvestissement, et

    les entrepreneurs qui ont un savoir faire dans la gestion de linvestissement mais peu

    ou pas de capital.

    Le rle dagent dinvestissement que joue les BI requiert pour les banques dtudier

    continuellement les opportunits dinvestissement, les besoins du march et

    dinnover en termes de techniques financires nouvelles conformes la Sharia.

    Ce statut dintermdiaire investisseur permet une solidarit entre les diffrents

    partenaires, garantit une rpartition quitable entres les acteurs de la socit et

    permet un grand nombre dinvestisseurs et de dposants dtre associs dans

    lensemble des actifs de la banque.

  • Salima BENNANI Adaptation du PCEC et application des normes IFRS aux particularits de la Finance Islamique

    1.3.5. Le partage des pertes et profits (3P)

    Comme il a t expliqu prcdemment, la FI interdit lintrt qui correspond une

    situation de risque nul ou quasi nul pour la banque.

    Le principe de jurisprudence retenu ce niveau est ,

    ce qui signifie, que ne peut prtendre un bnfice, celui qui naccepte pas de

    supporter une partie des pertes.

    De mme, ne peut prtendre une rmunration celui qui refuse de prendre le

    risque sur son actif.

    On peut comparer les investisseurs des banques islamiques des actionnaires qui

    reoivent des dividendes quand la socit ralise des profits ou perdent une partie de

    leurs conomies quand elle enregistre une perte. Le rendement du contrat islamique

    est li la rentabilit et la qualit du projet, pour assurer une rpartition plus

    quitable de la richesse. Les instruments financiers islamiques sont des contrats entre

    les fournisseurs et les utilisateurs de fonds qui se partagent le risque.

    Les IFI sont appeles donc :

    identifier les risques auxquels peut sexposer lactivit financire,

    valuer continuellement ces risques en utilisant un systme dinformation

    adapt,

    choisir les risques auxquels les institutions peuvent sexposer et que le capital

    peut supporter,

    contrler continuellement les risques afin de pouvoir prendre les bonnes

    dcisions au bon moment afin daccrotre les bnfices tout en diminuant

    limpact des risques.

    1.3.6. La connexion lconomie relle

    Comme les BI sinterdisent la pratique de lintrt, elles sobligent en contrepartie

    soit, participer en tant que partenaire dans des projets dinvestissement, soit

    faciliter la circulation des biens et marchandises.

    De ce fait, la FI reste connecte lconomie relle, car elle interdit toute transaction

    spculative qui naboutit pas une cration de richesse ou un transfert de cette

    richesse.

  • Salima BENNANI Adaptation du PCEC et application des normes IFRS aux particularits de la Finance Islamique

    2. Les produits de la Finance Islamique

    La traduction pratique des prceptes religieux au niveau des transactions

    commerciales a conduit les conomistes musulmans imaginer des produits

    financiers divers, qui se basent sur des systmes de rmunration distincts.

    A ce titre, on distingue entre les produits financiers qui se basent sur le principe de

    partage des profits et pertes, et les produits financiers qui se basent sur le principe

    dune marge bnficiaire applique un cot.

    2.1 Les produits financiers islamiques comprenant un systme

    de partage des pertes et profits (3P)

    Les produits financiers islamiques bass sur les 3P comprennent essentiellement : la

    Mudaraba et la Musharaka.

    2.1.1. La Mudaraba ( ) Il sagit dun contrat o le financier apporte le capital un entrepreneur (ou vice

    versa), charge pour ce dernier de le faire fructifier grce son savoir faire. Les

    profits sont partags in-fine entre le financier et lentrepreneur selon une quote-part

    convenue lors de la conclusion du contrat de Mudaraba.

    En cas de pertes, le financier perd son capital ( hauteur de la perte), car il ny a

    aucune garantie de capital, et lentrepreneur perd leffort et le travail.

    Sil est tabli que la perte du capital est due une fraude ou une ngligence de la

    part de lentrepreneur, il peut tre tenu de compenser les pertes subies.

    Quand cest la banque qui joue le rle de lentrepreneur, elle ouvre des comptes

    dinvestissements pour ses dposants, et utilise les fonds ainsi collects pour financer

    des projets dinvestissement identifis. Les pertes sont supportes par les dposants

    uniquement, et les profits leur reviennent au prorata de leur quote-part aprs

    prlvement de la rmunration de la banque.

    2.1.2. La Musharaka ( )

  • Salima BENNANI Adaptation du PCEC et application des normes IFRS aux particularits de la Finance Islamique

    La Musharaka est un contrat de participation o le capital du projet est fourni par un

    ou plusieurs investisseurs (ou alors une BI et un ou plusieurs partenaires). Les pertes

    et les profits sont partags au prorata de lapport financier de chacun. Toutes les

    parties au contrat peuvent participer, si elles le souhaitent, la gestion de la socit

    en participation.

    Il existe 2 types de Musharaka : la Musharaka de biens et la Musharaka contractuelle.

    La Musharaka de biens est la mise en commun de bien matriels mobiliers ou

    immobiliers (apports en nature), que cette mise en commun rsulte dune volont

    propre des parties ou soit le fait de conditions externes telles que le don ou

    lhritage.

    La Musharaka contractuelle est celle qui se base sur un contrat conclu entre les

    parties pour la mise en commun dargent (apports en numraires), de travail ou

    mme de notorit.

    De plus, la Musharaka peut tre fixe comme elle peut tre dgressive.

    La Musharaka fixe signifie que les parties contractantes demeurent partenaires au

    sein de la socit en participation jusqu lexpiration de la dure du contrat.

    La Musharaka dgressive signifie que lune des parties se dsengage progressivement

    de la socit en participation jusquau retrait total.

    2.2. Les produits financiers islamiques bass sur le principe du

    cot plus marge

    Dans ce type de contrat, la BI joue le rle dun commerant, qui vend un bien donn

    dfini contre une marge connue et convenue lavance.

    2.2.1. La Murabaha ()

    Le contrat Murabaha constitue le type de contrat le plus utilis en FI (environ 70%

    des transactions commerciales).

    Il sagit dune vente dun bien connu et dfini lors de ltablissement du contrat, avec

    une marge connue et ngocie entre les 2 parties. Le cot de revient du bien doit

    tre connu par lacqureur final.

    Le paiement de ce bien par lacqureur final peut tre effectu au comptant, terme

    ou temprament.

  • Salima BENNANI Adaptation du PCEC et application des normes IFRS aux particularits de la Finance Islamique

    Le contrat Murabaha est un contrat tri-partite, entre un fournisseur, la BI, et

    lacqureur final. Les contrats entre le fournisseur et la BI, et le fournisseur et

    lacqureur final doivent tre distincts.

    Le contrat Murabaha obit des rgles trs strictes en matire de :

    promesse de vente,

    livraison du bien,

    de garanties durant les diffrentes phases de possession du bien,

    de dpts de garantie verss,

    de modalits de calcul du prix de revient,

    de modalits de dtermination de la marge bnficiaire,

    de paiement du bien aussi bien par lacqureur initial que par lacqureur final.

    2.2.2. Le Salam ( ) Le Salam est la vente dun bien que lon peut dcrire (non dsign spcifiquement au

    niveau du contrat) avec livraison diffre et paiement au comptant la date de

    conclusion du contrat.

    La description du bien comprend lindication du genre du bien, de sa quantit et de

    sa qualit.

    Le paiement du bien se fait obligatoirement au comptant lors de la conclusion du

    contrat, alors que la livraison du bien seffectue terme une chance convenue

    davance par les deux parties.

    Ce type de contrat est particulirement adapt pour le financement des activits

    agricoles.

    2.2.3. LIstisnaa ( ) Il sagit dun contrat par le biais duquel une partie demande une autre partie, de lui

    fabriquer un bien dfini dans son genre, sa qualit et sa quantit, moyennant un prix

    fix lavance entre les deux parties.

    Le prix de la fabrication du bien peut tre pay en tout ou en partie la date de

    conclusion de lacte, il peut tre diffr et pay la date de la livraison du bien, soit

    au comptant, terme ou temprament.

    LIstisnaa est adapt pour le financement des investissements aussi bien mobiliers

    quimmobiliers : promotion immobilire, quipements lourds tels quavions, bateaux,

    centrales de production ect.

  • Salima BENNANI Adaptation du PCEC et application des normes IFRS aux particularits de la Finance Islamique

    2.3. Les autres produits financiers islamiques

    Les autres produits financiers islamiques se basent sur un systme de revenu, locatif

    pour le cas de lIjara et productif pour le cas des Sukuks.

    2.3.1. LIjara ou lIjara Muntahia Bi Attamlik

    ( )

    lIjara est un contrat de location, ayant pour objet le transfert de proprit de

    lusufruit dun bien dfini, un prix dfini, pendant une dure dfinie. La date de

    dbut deffet du contrat peut tre diffrente de celle de sa conclusion.

    Dans un contrat Ijara tous les risques inhrents lactif (assurances, entretien) sont

    la charge du propritaire.

    LIjara Muntahia Bi Attamlik est un contrat dIjara auquel se greffe une promesse de

    cession du bien la fin de la dure du bail.

    Le contrat de cession du bien lou doit tre distinct du contrat de location, et est

    tabli la date de cession et non pas la date de conclusion du contrat de location.

    2.3.2. Les Sukuks ( )

    Les Sukuks sont des instruments financiers obligataires islamiques adosss un actif

    tangible. L'actif tangible (le sous jacent) doit tre obligatoirement licite. Ils sont

    juridiquement plus assimils des certificats dinvestissement qu des obligations.

    Les Sukuks sont, soit des investissements raliss par les Etats ( Sukuk souverain), soit

    des investissements raliss par une socit ou une banque (Sukuk corporate).

    La rmunration des investisseurs nest pas un montant fixe, mais est adosse au

    rendement de lactif. Le rendement peut tre locatif ou sous forme de bnfices. Les

    Sukuks sont structurs de telle sorte que leurs dtenteurs courent un risque de

    crdit.

    Le porteur des Sukuks bnficie dun droit de coproprit sur les actifs, quil peut

    exercer en cas de dfaillance de lmetteur.

    Selon lAAOIFI, il existe au moins 14 modalits de structuration des Sukuks. Dans la

    pratique, les plus utiliss sont:

    Sukuks Ijara : lactif sous jacent est gr par un contrat Ijara,

    Sukuks Mudaraba : lactif sous jacent est gr par un contrat Mudaraba,

    Sukuks Musharaka : lactif sous jacent est gr par un contrat Musharaka,

    Sukuks Istisnaa : lactif sous jacent est gr par un contrat Istisnaa,

    Sukuks Salam : lactif sous jacent est gr par un contrat Salam.

  • Salima BENNANI Adaptation du PCEC et application des normes IFRS aux particularits de la Finance Islamique

    3. Le rle central du Sharia Board

    Littralement, lappellation Sharia scholar dsigne tout savant musulman qui a

    une connaissance approfondie des sources de la Sharia.

    Cependant, dans le domaine de la Finance Islamique, lusage de ce titre se fait de

    faon plus restreinte : nest qualifi de la sorte que le thologien qui, en sus de son

    rudition concernant les sources musulmanes et les fondements du droit musulman,

    possde une excellente matrise de la jurisprudence des affaires, et des

    connaissances dans le domaine de la finance conventionnelle.

    Lexercice de cette double comptence lui permet de pouvoir analyser

    consciencieusement le caractre Sharia Compliant des produits financiers et des

    contrats qui sont soumis son expertise. Il est en effet vident que, tout comme

    laccs direct aux noncs des diffrents codes composant la lgislation ne suffit pas

    pour faire dun individu un expert du droit capable de conseiller et dassister des

    citoyens en justice, la simple consultation des normes imposes dans la Finance

    Islamique ne peut en aucune faon suffire pour lanalyse et laudit de compatibilit

    sharia dun produit.

    Dans la pratique, le Sharia scholar nintervient pas seul : il est associ dautres

    collgues au sein dun groupe de travail appel Sharia board (ou Comit de

    Conformit Sharia CCS).

    Ce comit de conformit, compos de trois Sharia scholars au moins, est totalement

    indpendant dans ses prises de dcision des instances dirigeantes de ltablissement

    pour lequel il exerce. Les rsolutions quil adopte, que ce soit la majorit ou

    lunanimit (suivant le mode opratoire retenu), doivent ncessairement tre

    respectes et appliques par lorganisme financier.

    Le Sharia board a pour principales missions :

    de conseiller et dassister les institutions qui dsirent raliser des oprations

    de finance islamique dans llaboration des contrats et des produits qui soient

    en conformit avec les principes du droit musulman,

    danalyser la documentation lgale et les caractristiques des produits sharia

    compatibles labors par les quipes de dveloppement des tablissements

    financiers pour sassurer notamment quils respectent :

  • Salima BENNANI Adaptation du PCEC et application des normes IFRS aux particularits de la Finance Islamique

    les impratifs dhonntet, dintgrit et dquit ( travers le juste

    partage des risques notamment) entre les diffrentes parties,

    linterdiction de labus, de la tromperie et du mensonge,

    linterdiction de contribuer directement ou indirectement des

    oprations illicites (comme linvestissement dans une socit qui a pour

    activit principale la production dalcool par exemple),

    linterdiction de lintrt,

    la ncessaire absence dincertitude importante et dala majeur au

    niveau des contreparties, ect..

    dmettre son avis (Fatwa) de Sharia compatibilit au terme des changes avec

    les responsables de linstitution financire, lorsque les ventuelles

    modifications requises dans la structuration des produits ou autre ont t

    apportes,

    de procder laudit rgulier des produits Sharia Compliant pendant leur

    dure de vie afin de sassurer que, dans la pratique, les normes imposes pour

    la validit et le caractre licite de chacune des oprations ralises sont

    effectivement respectes. En effet, il suffit parfois dune modification mineure

    dans le droulement des diffrentes phases composant une transaction pour

    rendre celle-ci caduque : dans le cadre dune Murabaha par exemple, o le

    financier achte un bien sur demande de son client pour le lui revendre avec

    une marge bnficiaire dtermine (ce montage constitue une alternative

    tolre au crdit la consommation), si la marchandise acquise est revendue

    avant que lintermdiaire en prenne possession (directement ou par le biais

    dun agent), cest lensemble de lopration de financement qui nest plus

    Sharia compatible,

    dadopter les mesures requises en cas de non respect avr des conditions

    imposes dans la mise en application dun produit au sujet desquels un avis de

    Sharia compatibilit a t mis,

    danalyser les retours dinvestissements Sharia compatibles, de les purifier en

    y retranchant la part ventuelle de revenus rsultant doprations illicites

    ralises de faon secondaire pour loffrir une cause charitable. Cest le cas

    notamment des dividendes provenant de socits dont lactivit principale est

  • Salima BENNANI Adaptation du PCEC et application des normes IFRS aux particularits de la Finance Islamique

    licite mais dont une petite part du chiffre daffaire provient de placements

    intrts ou dune activit illicite.

    de raliser des rapports annuels afin de confirmer le caractre Sharia

    compatible des oprations ralises par les institutions financires. Le choix de

    sorienter vers les outils de la Finance Islamique rsultant la plupart du temps

    de considrations religieuses, morales et spirituelles, ces rapports dopinion

    sont esssentiels pour rassurer les investisseurs et clients musulmans.

  • Salima BENNANI Adaptation du PCEC et application des normes IFRS aux particularits de la Finance Islamique

    PARTIE1

    Objectif : lobjectif de cette premire partie est danalyser le degr de conformit des

    dispositions du CGNC et des schmas comptables proposs par BAM avec les

    exigences de la Finance Islamique, de proposer les schmas comptables non prvus

    initialement par BAM ou insuffisamment dvelopps ainsi que les modifications

    apporter au cadre comptable marocain.

    Mthodologie : analyse des schmas comptables proposs par la note explicative de

    BAM, analyse de la structuration juridique des produits de la FI tels quapprouvs par

    les instances internationales de la Sharia, et analyse du PCEC et du CGNC afin de

    dterminer les divergences majeures.

    Hypothses confirmer ou infirmer : les schmas comptables du PCEC et le CGNC ne

    rpondent pas compltement aux spcificits de la FI, il convient dans le cadre de

    linstallation de banques islamiques au Maroc de les revoir en consquence.

    LA COMPTABILITE DES OPERATIONS DE LA

    FINANCE ISLAMIQUE AU NIVEAU DU PCEC :

    ANALYSE ET PROPOSITIONS DADAPTATION

  • Salima BENNANI Adaptation du PCEC et application des normes IFRS aux particularits de la Finance Islamique

    Chapitre 1 : Analyse du cadre comptable des produits

    alternatifs du PCEC et propositions de recommandations

    pour son adaptation la Finance Islamique

    1.1. Analyse du rfrentiel comptable des produits alternatifs

    au niveau du PCEC

    Ds ladaptation de la recommandation n 33/G/2007 par Bank Al Maghrib, le PCEC a

    t amend en consquence, et une note circulaire de BAM a t tablie par la

    Direction de la Supervision Bancaire, qui explicite les schmas comptables de

    fonctionnement des comptes comptables, destins recueillir les critures des

    produits alternatifs.

    1.1.1. La Murabaha

    La Murabaha tant une opration commerciale dachat et de revente, elle passe

    selon le PCEC par 4 phases de comptabilisation :

    la conclusion du contrat,

    larrt comptable,

    la constatation de provisions pour crances en souffrance,

    et le dnouement du contrat. Conclusion du contrat : cette tape se matrialise elle mme par 3 sous-

    phases distinctes :

    la promesse de vente (la promesse de vente nest pas une phase

    obligatoire),

    lachat du bien objet du contrat Murabaha,

    et la revente du bien au client.

    la promesse de vente : elle est comptabilise en hors bilan au dbit du

    compte 80285 engagements de financement oprations de

    Murabaha .

  • Salima BENNANI Adaptation du PCEC et application des normes IFRS aux particularits de la Finance Islamique

    Lacquisition ou possession du bien : selon le PCEC, lacquisition du bien

    est comptabilise comme suit :

    Dbit Crdit

    3716 Biens acquis dans le cadre des

    oprations de Murabaha

    367 Fournisseurs de biens et services

    Cas de lavance client : il est usuel que le client, pour lacquisition dun bien

    donn, verse la banque, une avance faire valoir sur le prix final

    dacquisition du bien, et sur laquelle, la banque ne prlve aucune marge

    bnficiaire. Le PCEC prvoit les critures comptables suivantes :

    Dbit Crdit

    12 Comptes ordinaires des tablissements

    de crdit

    3661 Avances et acomptes sur oprations

    Murabaha

    La vente ou cession du bien au client : ds que le contrat de cession est

    finalis avec le client, la vente doit tre constate dans les comptes de la

    banque selon le schma comptable suivant prvu par le PCEC :

    Dbit Crdit

    3661 Avances et acomptes sur oprations

    Murabaha (le cas chant pour solde du du

    compte)

    2750 Crances sur la clientle oprations

    Murabaha (solde net des oprations)

    3716 Biens acquis dans le cadre des

    oprations de Murabaha (pour solde du

    compte)

    7531 Produit sur oprations Murabaha

    (marge bnficiaire)

    Selon le PCEC, la vente tant effectue temprament, la marge bnficiaire dgage

    par la banque ne concerne pas un seul exercice mais plusieurs exercices. Il convient donc

    de ltaler sur la dure du contrat Murabaha, et de la rattacher aux exercices qui la

    concernent :

    Dbit Crdit

    7531 Produits sur oprations Murabaha

    3872 Produits constats davance

  • Salima BENNANI Adaptation du PCEC et application des normes IFRS aux particularits de la Finance Islamique

    Lors des arrts comptables suivants, on constatera la quote-part des produits du

    contrat Murabaha qui concernent les exercices ultrieurs et ce jusqu la fin de la

    dure du contrat Murabaha.

    Dbit Crdit

    3872 Produits constats davance

    7531 Produits sur oprations Murabaha

    Provisions pour crances en souffrance : ds constatation de la dfaillance du

    client, le PCEC prvoit lobligation de reclasser lencours du compte 2750 (Crances sur la

    clientle oprations Murabaha) en crances en souffrance, selon les rgles de

    reclassement spcifies par la note circulaire n 19 de BAM.

    Constatation de la crance en souffrance :

    Dbit Crdit

    2911 Crances pr-doteuses (montant le

    principal de la crance)

    ou 2912 Crances doteuses (idem)

    ou 2913 Crances compromises (idem)

    2750 Crances sur la clientle - Oprations

    de Murabaha (pour solde du compte)

    Dbit Crdit

    3872 Produits constats davance (pour

    solde du compte)

    297 Rmunrations rserves sur

    oprations de Murabaha

    Dotations aux provisions pour dprciation des crances

    Dbit Crdit

    6712 Dotations aux provisions pour en

    crances en souffrance sur la clientle

    2991 Provisions pour crances pr-

    douteuses

    ou 2992 Provisions pour crances doteuses

    ou 2993 Provisions pour crances

    compromises

  • Salima BENNANI Adaptation du PCEC et application des normes IFRS aux particularits de la Finance Islamique

    1.1.2. La Musharaka

    La Musharaka dsigne tout contrat qui a pour objet la prise de participation dans une

    socit existante ou en cours de cration, en vue de raliser un profit. Les parties

    contractantes participent aux profits et aux pertes hauteur de leur participation

    dans le capital. Dans le cas qui nous concerne, la prise de participation peut tre

    effectue par la banque directement ou via un fonds dinvestissement.

    La participation peut tre fixe ou dgressive. Lenregistrement comptable des

    oprations de Musharaka couvre les phases suivantes :

    la conclusion du contrat,

    la comptabilisation des produits,

    larrt comptable,

    et le dnouement du contrat.

    Conclusion du contrat : sil existe un dcalage temporel et temporaire entre la

    date de conclusion du contrat et celle de lacquisition physique des titres, il

    convient daprs le PCEC, de procder la constatation dune criture en hors

    bilan au dbit du compte 8418 Titres recevoir- oprations de Musharaka.

    Ce compte est extourn lors de la rception des titres (cession des titres au nom

    de la banque dans le cas dune socit existante ou la fin des formalits de

    constitution dans le cas dune socit crer).

    Les titres dtenus dans le cadre de la Musharaka sont inscrits leur valeur

    dapport pour le cas des socits en cration, et pour leur valeur dachat pour

    les socits dj existantes. Lcriture comptable prvue par le PCEC est :

    Dbit Crdit

    4262 Titres de participation - Oprations

    de Musharaka

    12 Comptes Ordinaires

    Comptabilisation des produits : les dividendes des titres de participation lis

    aux oprations de Musharaka perus par la banque sont comptabiliss comme

    suit :

    Dbit Crdit

    12 Comptes Ordinaires

    7265 Dividendes sur participations- Oprations de Musharaka

  • Salima BENNANI Adaptation du PCEC et application des normes IFRS aux particularits de la Finance Islamique

    Arrt comptable : larrt comptable permet dvaluer la valeur inscrite au

    bilan des titres Musharaka. Le principe de prudence prconis par le CGNC

    recommande de passer une criture de provisions pour les moins-values latentes. Les

    plus values-latentes quant elles ne sont pas constates.

    Lcriture comptable recommande par le PCEC est donc :

    Dbit Crdit

    6749 Dotations aux provisions pour

    dprciation des autres immobilisations

    financires

    4269 Provisions pour dprciation

    Si la provision pour dprciation devient sans fondements, alors une criture de

    reprise de provision est constate :

    Dbit Crdit

    4269 Provisions pour dprciation

    7749 Reprises de provisions pour

    dprciations des autres immobilisations

    financires

    Dnouement du contrat : lchance du contrat Musharaka le contrat est

    dnou, et 2 cas peuvent se prsenter :

    Hypothse 1 : lopration de Musharaka est une opration de Musharaka

    fixe, la banque se dsengage en totalit la fin de la dure du contrat.

    Dans ce cas, les titres sont annuls de la comptabilit de la banque, et les

    actifs reus et/ou passifs assums sont comptabiliss au bilan de la banque

    en les affectant selon leur nature aux comptes correspondants.

    Si le rsultat de cession est un profit, alors lcriture comptable

    est :

  • Salima BENNANI Adaptation du PCEC et application des normes IFRS aux particularits de la Finance Islamique

    Dbit Crdit

    12 Comptes Ordinaires (prix de cession)

    4269 Provision pour dprciation

    (ventuellement pour solde du compte)

    7280 Plus- values de cession sur titres des

    oprations Musharaka (pour le solde)

    4262 Titres de participation- Oprations de

    Musharaka (pour solde du compte)

    Si le rsultat de cession est une perte, lcriture comptable est :

    Dbit Crdit

    12 Comptes Ordinaires (prix de cession)

    4269 Provision pour dprciation

    (ventuellement)

    6280 Moins- values de cession sur titre

    des oprations de Musharaka (pour le

    solde)

    4262 Titres de participation- Oprations de

    Musharaka (pour solde du compte)

    Hypothse 2 : le contrat de Musharaka est un contrat dgressif qui prvoit le

    dsengagement progressif de la banque. Lcriture comptable prconise par

    le PCEC est :

    Si le rsultat de cession est un profit

    Dbit Crdit

    12 Comptes Ordinaires (prix de cession)

    4269 Provision pour dprciation

    (ventuellement pour solde du compte)

    4262 Titres de participation- Oprations de

    Musharaka ( hauteur de la valeur brute

    dacquisition ou valeur dapport des titres

    cds)

    7280 Plus- values de cession sur titres des

    oprations de Musharaka (pour le solde)

  • Salima BENNANI Adaptation du PCEC et application des normes IFRS aux particularits de la Finance Islamique

    si le rsultat de cession est une perte :

    Dbit Crdit

    13 Comptes Ordinaires (prix de

    cession)

    4269 Provision pour dprciation

    (ventuellement pour solde du compte)

    6280 Moins- values de cession sur titre

    des oprations de Musharaka (pour le

    solde)

    4262 Titres de participation- Oprations

    de Musharaka ( hauteur de la valeur

    brute dacquisition des titres cds)

    Garanties reues : la banque peut recevoir des garanties dans le cadre du contrat

    Musharaka, ces garanties sont inscrire en hors bilan au dbit des comptes 83

    Engagements de garanties reus ou 87 Valeurs ou srets donnes ou

    reues en garantie .

    1.1.3. Ijara

    Le produit financier Ijara dsigne tout contrat au terme duquel un tablissement de

    crdit, met titre locatif, un bien meuble ou immeuble la disposition du client.

    La location peut tre simple (Ijara Tachghilia), ou assortie dun engagement ferme

    et/ou optionnel du client dacqurir le bien lou lissue de la priode de location

    (Ijara wa Iqtinaa.).

    Lenregistrement comptable des oprations dIjara doit couvrir les aspects suivants :

    - la conclusion du contrat,

    - la comptabilisation de limmobilisation,

    - la comptabilisation des produits et charges,

    - larrt comptable,

    - le provisionnement des crances en souffrance,

    - et le dnouement du contrat.

    Conclusion du contrat : elle est traduite au niveau du PCEC par la constatation

    en hors bilan de lengagement de financement au dbit du compte 8028

    Engagements de financement sur oprations dIjara et de Murabaha.

  • Salima BENNANI Adaptation du PCEC et application des normes IFRS aux particularits de la Finance Islamique

    Comptabilisation de limmobilisation : au niveau du PCEC, la comptabilisation

    de limmobilisation se fait au cot dacquisition, telle que la notion de cot

    dacquisition est dfinie par le CGNC, lcriture comptable est donc :

    Dbit Crdit

    47 Immobilisations donnes en Ijara wa

    Iqtina

    ou

    48 Immobilisations donnes en Ijara

    Tachghilia

    367 Fournisseurs de biens et services

    Le PCEC, prvoit que les frais engags pour lacquisition de limmobilisation et non

    inclus dans le cot de lacquisition de limmobilisation tels que les droits

    denregistrement, honoraires et commissions, frais dacte, sont comptabiliser en

    charges.

    Dbit Crdit

    6339 Autres charges sur immobilisations

    en Ijara wa Iqtina

    ou

    6349 Autres charges sur immobilisations

    en Ijara Tachghilia

    367 Fournisseurs de biens et services

    Comptabilisation des charges : la comptabilisation des charges concerne la

    constatation de la dotation aux amortissements du bien Ijara, la dotation aux

    provisions pour dprciation des immobilisations en Ijara (le cas chant) et les frais

    dentretien et de rparation.

    Dotation aux amortissements : cest la constatation de la dprciation

    conomique du bien Ijara.

    Dbit Crdit

    6331 Dotations aux amortissements des

    immobilisations en Ijara wa Iqtina

    ou

    6341 Dotations aux amortissements des

    immobilisations en Ijara Tachghilia

    478 Amortissement des immobilisations

    en Ijara wa Iqtinaa

    ou

    488 Amortissement des immobilisations

    en Ijara Tachghilia

  • Salima BENNANI Adaptation du PCEC et application des normes IFRS aux particularits de la Finance Islamique

    Dotation exceptionnelle aux provisions : si la banque constate une dprciation

    exceptionnelle sur les immobilisations objet du contrat Ijara (incendie, dgts

    des eaux, vol), alors il y a lieu de passer une criture de provision pour

    dprciation :

    Dbit Crdit

    6332 Dotations aux provisions des

    immobilisations en Ijara wa Iqtina

    ou

    6342 Dotations aux provisions des

    immobilisations en Ijara tachghilia

    479 Provision pour dprciation des

    immobilisations Ijara wa Iqtina

    ou

    489 Provision pour dprciation des

    immobilisations Ijara Tachghilia

    Frais dentretien : la constatation comptable des frais dentretien, diffre daprs le

    PCEC selon que lesdits frais sont immobiliss ou pas.

    Cas 1 : les frais dentretien sont de simples charges

    Dbit Crdit

    6339 Autres charges sur immobilisations

    en Ijara wa Iqtina

    ou

    6349 Autres charges sur immobilisations

    en Ijara Tachghilia

    367 Fournisseurs de biens et services

    Cas 2 : les rparations sont importantes et rcurrentes, dans ce

    cas, des provisions pour grosses rparations peuvent tre

    constitues.

    Dbit Crdit

    6339 Autres charges sur immobilisations

    en Ijara wa Iqtina

    ou

    6349 Autres charges sur immobilisations

    en Ijara tachghilia

    5093 Provisions pour charges rpartir

    sur plusieurs exercices

    ou

    5099 Diverses autres provisions pour

    risques et charges

  • Salima BENNANI Adaptation du PCEC et application des normes IFRS aux particularits de la Finance Islamique

    Comptabilisation des produits : la comptabilisation des produits consiste

    constater les revenus locatifs et les reprises des provisions pour dprciation des

    immobilisations en Ijara, le cas chant.

    Revenus locatifs :

    Dbit Crdit

    476 Loyers courus (Ijara wa Iqtina)

    ou

    486 Loyers courus (Ijara Tachghilia)

    7331 Loyers Ijara wa Iqtina

    ou

    7341 Loyers Ijara Tachghilia Tachghilia (loyers)

    Reprise de provisions pour dprciation des immobilisations

    Dbit Crdit

    479 Provision pour dprciation des

    immobilisations Ijara wa Iqtina

    ou

    489 Provision pour dprciation des

    immobilisations Ijara Tachghilia

    775 Reprise de provisions pour

    dprciation des immobilisations

    incorporelles et corporelles

    Arrt comptable : les arrts comptables sont loccasion pour la banque de

    faire le point sur :

    le rattachement des charges et produits leur exercice,

    et le provisionnement des crances en souffrance.

    Le principe de spcialisation des exercices : pour les besoins de rattachement

    des produits lexercice qui les concerne, deux cas peuvent se prsenter :

  • Salima BENNANI Adaptation du PCEC et application des normes IFRS aux particularits de la Finance Islamique

    Cas 1 : le loyer factur couvre plus que la priode de larrt,

    lcriture suivante est alors constate :

    Dbit Crdit

    7331 Produits sur immobilisations en Ijara

    wa Iqtina

    ou

    7341 Produits sur immobilisations en Ijara

    Tachghilia

    3872 Produits constats davance

    Cas 2 : le loyer factur ne couvre pas la totalit de la priode de

    larrt :

    Dbit Crdit

    3881 Produits recevoir

    7331 Produits sur immobilisations en Ijara

    wa Iqtina

    ou

    7341 Produits sur immobilisations en Ijara

    Tachghilia

    Application du principe de prudence : la clture de lexercice, la banque peut

    constater la dfaillance de son client, et appliquer les rgles prudentielles

    prvues par la circulation n 19 de BAM.

    Constatation de la dfaillance du client :

    Dbit Crdit

    4918 Crances en souffrance sur

    oprations de Ijara

    477 Loyers impays (Ijara wa Iqtina)

    ou

    487 Loyers impays (Ijara Tachghilia)

  • Salima BENNANI Adaptation du PCEC et application des normes IFRS aux particularits de la Finance Islamique

    Dotation aux provisions :

    Dbit Crdit

    6712 Dotations aux provisions pour

    crances en souffrance sur la clientle

    4998 Provisions sur oprations de Ijara

    Dnouement du contrat : lchance du contrat Ijara, le traitement comptable

    diffre selon que le bien objet du contrat a fait lobjet dune promesse de cession

    au locataire ou non.

    Hypothse 1 : le contrat Ijara est un contrat de location simple :

    Cas 1 : le contrat Ijara nest pas reconduit : il ny a dans ce cas

    aucune criture comptable passer, et limmobilisation reste dans

    les comptes de la banque la fin de la dure du contrat.

    Cas 2 : le contrat Ijara est reconduit : dans ce cas, les critures

    comptables relatives lIjara depuis la conclusion du contrat

    jusqu larrt comptable sont applicables.

    Hypothse 2 : le contrat Ijara est un contrat de location avec option dachat :

    Cas 1 : le client acquiert la proprit du bien lou et les critures

    comptables de sortie du bien immobilis des comptes de la

    banque sont daprs le PCEC :

  • Salima BENNANI Adaptation du PCEC et application des normes IFRS aux particularits de la Finance Islamique

    En cas de perte :

    Dbit Crdit

    478 Amortissement des immobilisations

    en Ijara wa Iqtina (pour solde du compte)

    479 Provisions pour dprciation des

    immobilisations en Ijara wa Iqtina

    (ventuellement pour solde du compte)

    6333 Moins-values de cession sur

    immobilisations en Ijara wa Iqtina (pour

    le solde en cas de perte)

    12 Comptes Ordinaires (prix de cession)

    47 Immobilisations en Ijara wa Iqtina

    (pour solde cu compte) (pour solde du compte)

    En cas de profit :

    Dbit Crdit

    478 Amortissement des immobilisations

    en Ijara wa Iqtina (pour solde du compte)

    479 Provisions pour dprciation des

    immobilisations en Ijara wa Iqtina

    (ventuellement pour solde du compte)

    12 Comptes ordinaires (prix de cession)

    47 Immobilisations en Ijara wa Iqtina

    (pour solde du compte)

    7333 Plus values de cession sur

    immobilisations en Ijara wa Iqtina (pour le

    solde en cas de profit)

    (pour solde du compte)

    Cas 2 : le client nacquiert pas le bien Ijara la fin du contrat. Le

    PCEC prvoit didentifier limmobilisation non cde en la

    reclassant dans un compte part. Le PCEC ne prcise pas si les

    valeurs comptables inscrire au niveau des comptes 4723 et 4733,

    sont les valeurs brutes ou les valeurs nettes comptables. Si tel tait

    le cas, il conviendrait de solder, en sus des comptes

    dimmobilisations, les comptes damortissement et de provisions

    affrents lIjara wa Iqtina.

  • Salima BENNANI Adaptation du PCEC et application des normes IFRS aux particularits de la Finance Islamique

    Dbit Crdit

    4723 Ijara wa Iqtina mobilire non loue

    aprs rsiliation

    ou

    4733 Ijara wa Iqtina immobilire non

    loue aprs rsiliation

    47 Immobilisations en Ijara wa Iqtina

    (pour solde du compte)

    (pour solde du compte)

    1.2. Propositions dadaptation et approfondissement du rfrentiel

    comptable des produits alternatifs aux particularits de la Finance

    Islamique

    En Finance Islamique, le montage du produit financier en lui-mme nest pas suffisant

    pour quun produit financier soit Sharia Compliant , il faut que sa comptabilisation

    respecte galement le processus juridique qui a t mis en place pour le structurer.

    Au niveau de cette deuxime partie du chapitre, nous analyserons donc les schmas

    comptables des diffrents produits alternatifs, chaque tape de la vie du produit

    financier, tout en soulignant pour chaque niveau si le principe de compatibilit avec la

    Sharia a bien t respect ; et si non, quelle est la norme ou le fondement de droit

    musulman qui a invalid un tel traitement comptable.

    Il ne sagit nullement dans cette partie de dcrire les schmas comptables prvus par

    le normalisateur AAOIFI, mais dadapter les schmas comptables proposs par le PCEC

    aux exigences de la FI, tout en respectant les principes comptables fondamentaux du

    CGNC.

    1.2.1. La Murabaha

    Nous avons bien prcis au niveau du paragraphe 1.1.1. que le PCEC ne prvoit que 4

    phases de comptabilisation des oprations Murabaha, la structuration du produit en FI

    fait ressortir quant elle, 6 phases distinctes :

    la promesse de vente,

    la possession du bien par la banque,

    lavance client et/ou dpt de garantie,

    larrt comptable,

    la conclusion du contrat,

    et le dnouement du contrat.

  • Salima BENNANI Adaptation du PCEC et application des normes IFRS aux particularits de la Finance Islamique

    La promesse de vente : il ny a aucune divergence comptable soulever entre le

    PCEC et les exigences de la FI, au niveau de la promesse de vente qui demeure

    effectivement un hors-bilan.

    La possession : le premier point de non conformit que lon peut signaler lors du

    processus de comptabilisation du produit Murabaha est lenregistrement de la

    possession du bien par la banque en tant que valeurs et emplois divers . En effet,

    la reconnaissance du principe de possession et dappropriation du bien achet par la

    banque, doit se traduire par la comptabilisation de cette opration dans la rubrique

    comptable rfltant la nature de bien achet.

    En Finance Islamique, la possession au niveau du produit Murabaha traduit

    lacquisition par la banque du bien avant sa revente. La possession est une tape

    incontournable et obligatoire, quelle soit physique ou simplement juridique ou

    documentaire (la possession juridique est tolre lorsquil sagit de rception de

    certains biens financs par crdit documentaire ou pour lacquisition de biens

    spcifiques).

    Le principe de FI est que lon ne peut vendre ce que lon ne possde pas et la vente

    dun bien non possd fait partie des ventes avec incertitude (ventes interdites en

    FI).

    Cette possession par la banque doit donc tre traduite correctement au niveau des

    comptes comptables. Lcriture comptable diffrera selon que lacquisition

    concerne un bien meuble ou un bien immeuble dj dtenu par la banque.

    De plus, dans sa prsentation de la Murabaha, le PCEC ne prvoit que le

    financement des biens meubles ou immeubles (donc immobilisations corporelles)

    alors que les pratiques en FI autorisent le financement dimmobilisations

    incorporelles (brevets, marques, inventions) et mme de prestations de services.

    Par ailleurs, il est important de souligner ce niveau une diffrence de principe

    fondamentale entre le GCNC et la Murabaha de la FI. En effet, la FI admet la

    possession juridique (comme par exemple la rception des documents de crdit

    documentaire ou remise documentaire) comme un fait gnrateur de lcriture

    comptable dachat du bien par la banque, alors que le CGNC prvoit que les

    comptes d'achat sont dbits au moment de la rception des factures. Mais la

    clture de l'exercice, l'entreprise peut :

    - soit tre en possession de la facture sans avoir reu livraison des

    marc