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Le petit train

d’un grand Puy

En 2012, un train, le panoramique des Dômes, permettra d’accéder au sommet du Puy de Dôme. Il y a plus d’un siècle, un autre train offrait déjà cette possibilité aux promeneurs en quête d’aventure. Les images et les textes de ce diaporama ont pour but de faire revivre cet épisode important de l’histoire de la montagne.

A toutes les époques, le Puy de Dôme a connu son heure de célébrité: les Gallo-Romains

construisirent au sommet un temple dédié à Mercure; en 1648, Blaise Pascal y démontra l’existence de la pression atmosphérique…

…en 1862, une éruption artificielle salua la venue de Napoléon III; en 1876, le premier laboratoire permanent de météorologie de montagne y fut créé.

…en 1862, une éruption artificielle salua la venue de Napoléon III; en 1876, le premier

laboratoire permanent de météorologie de montagne y fut créé.

Les touristes sont de plus en plus nombreux car « il n’est pas permis de quitter l’Auvergne sans

être monté au Puy de Dôme, la montagne la plus belle, la plus curieuse de France. »

A partir de 1880, un service de voitures à chevaux, les Cars alpins, fonctionne

régulièrement et conduit les voyageurs jusqu’au pied du Puy de Dôme.

Le col de Ceyssat est proche, les chevaux sont épuisés, les voitures ne vont pas plus loin.

Ensuite, en une heure, les promeneurs terminent l’ascension à pied mais le plus

souvent à dos d’âne.

Après sa réfection vers 1872, « le chemin des muletiers » permet l’accès au sommet …jusqu’à

aujourd’hui.

Vers 1870, les fouilles dans le temple de Mercure sont actives au sommet et l’observatoire n’est pas

encore construit.

En 1875, la section auvergnate du Club alpin français est créée et les ascensionnistes sont

de plus en plus nombreux au sommet du volcan.

L’idée de construire un petit train pour escalader les pentes du Puy de Dôme fit alors son chemin et en 1886, le conseil général décida de tenter l’aventure. Les travaux commencèrent en 1905 et Jean Claret obtint la concession de la ligne en 1906. Comment résoudre le problème posé par la forte pente ? L’ingénieur Hanscotte mit au point un système pour assurer la stabilité du train avec des roues horizontales en pression contre un rail central apparent.

27 avril 1907: inauguration de la première section de la ligne. Le Tout-Clermont a rendez-vous sur

le plateau d’Orcines.

18 juillet 1907: « Nous commençons l’ascension et le spectacle devient prestigieux, c’était un

émerveillement unanime et la locomotive Hanscotte nous conduit sans effort au

terminus de la ligne. »

A cause d’incidents techniques dans les mois précédents, l’inauguration a lieu dans la discrétion. Mais le train du Puy de Dôme est enfin en

service.

La ligne a 14,7 km de long entre la place Lamartine à Clermont-Ferrand et le sommet du volcan. Le train atteint 25km/h en pointe et ne dépasse pas 8km/h sur les fortes pentes de 12%.

C’est un curiosité touristique car l’excursion du Puy de Dôme est maintenant à la portée de tous et les touristes sont nombreux.

Et maintenant en voiture pour la balade!

Sur la place Lamartine, c’est le départ. On se bouscule, on joue des coudes. Les étrangers, les touristes, les curistes se pressent

dans les 3 voitures.

Le convoi s’élève au-dessus de la ville et traverse « la tranchée ». 150 à 350 terrassiers ont travaillé

sur la totalité du chantier.

Ils sont originaires des villages proches et ont enduré de rudes conditions de travail car

terrassement et déblaiement se font « à bras ».

C’est l’été, le train effectue quatre trajets par jour, alors que de novembre à fin avril, il

s’arrête à la Baraque.

C’est le terminus en période hivernale; la seconde partie de la ligne est surtout parcourue

par des touristes peu nombreux pendant la mauvaise saison.

Un lieu stratégique: la voie est unique, donc il existe des zones de croisement des trains, ce qui

impose le respect des horaires.

La compagnie dispose de 8 voitures fermées et de 4 baladeuses. 120 personnes peuvent

prendre le train au départ, place Lamartine à Clermont-Ferrand.

Pour gravir la montagne, la locomotive ne tire que 2 voitures et seules 80 personnes peuvent

continuer le voyage.

A la sortie du bois de Charme-les-Chars, le train s’engage dans la montée et le système Hanscotte

est indispensable.

Ça grimpe ! Les voyageurs écarquillent les yeux et tant pis pour ces grincheux de transporteurs routiers car eux n’ont pas accès à la montagne.

On vend même des cartes humoristiques pour montrer la rivalité entre les cars et le train.

Halte au col de Ceyssat, ce qui permet aux randonneurs de faire l’ascension à pied par le

chemin des muletiers. Courage !

La voie est maintenant taillée à flanc de montagne et opère un tour complet du volcan.

La pente est forte, tout en admirant le paysage, les passagers espèrent que les

quatre employés du convoi veillent à tout et surtout le garde-frein.

Du côté nord du Puy de Dôme, la vue s’étend sur les plus beaux volcans.

Certains passagers sont imprudents et ne restent pas à l’intérieur des baladeuses; en 1910, l’un

d’eux changea de voiture alors que le train roulait et il décéda le soir même à l’Hôtel-Dieu !!!

Le train est un succès et 60000 personnes montent à bord chaque année, sauf pendant la

période de la guerre.

Pendant cette période douloureuse, le train ne fonctionne pas, les locomotives sont

réquisitionnées et reviennent en 1919.

L’arrivée est proche.

Au sommet, les touristes ont 50 mètres à gravir pour atteindre l’observatoire et le chantier des

ruines du temple de Mercure.

A l’arrivée les installations sont sommaires; progressivement une gare, des restaurants vont

améliorer l’accueil des visiteurs.

La gare est réduite au strict nécessaire à cause des rigueurs du climat; on se rappelle encore un vent de 252 km/heure en 1901.

L’aménagement permet le retournement de la

locomotive qui doit rouler en tête du convoi dans la descente.

Pourquoi prendre le train du Puy de Dôme ? Pour la vue exceptionnelle sur les volcans de la Chaîne

au nord…

…et au sud où ils émergent souvent de la mer de nuages.

La première auberge Trouillard (le nom est authentique !) s’agrandit très vite, d’autres cafés

et restaurants s’installent dans une totale anarchie.

Le Puy de Dôme est un rendez-vous

gastronomique dont la spécialité est le coq au vin.

La création de la voie ferrée laisse des traces sur la montagne dont les flancs sont à jamais

entaillés. Au début du XXème siècle, l’environnement n’est pas un souci.

Le fonctionnement du train est déficitaire car le nombre de touristes diminue (18000 en 1925). Le

dernier voyage a lieu à l’automne 1925; la voie ferrée est démontée pour laisser place à la

route à partir de l’été 1926.

Le poète Emile Gandilhon écrivait alors: « C’en est fait, la laideur envahit ta noblesse et crachant, haletant, puant, voici que monte, poussiéreuse vermine au flanc d’un mastodonte, la sarabande frénétique des autos » !

Ainsi s’acheva la vie brève et tourmentée du premier train du Puy de Dôme. Son successeur est en train de naître pour emporter vers le sommet les très nombreux touristes qui le fréquentent chaque année. L’histoire continue…

Texte et montage: Jean Pierre Voilhes

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