Bactériocines d’entérocoques isolés de lait cru et beurre ... · A mon frère Abd el Wahid A...

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Thèse de Doctorat en Sciences Option Biotechnologie Spécialité Intérêt des micro-organismes Intitulée Présentée par LAZREG Louiza Devant le Jury : Président : Pr KARAM Nour Eddine Université d’Oran 1 Examinateurs : Pr BELLAHCENE Miloud CU de Ain Témouchent Pr DRISSI Mourad Université de Tlemcen Pr AOUES Abdelkader Université d’Oran 1 Directeur de thèse : Pr ZADI KARAM Halima Université d’Oran 1 Co-directeur de thèse : Pr DALACHE Fatiha Université de Mostaganem Année Universitaire 2016/2017 Bactériocines d’entérocoques isolés de lait cru et beurre de l’Ouest algérien

Transcript of Bactériocines d’entérocoques isolés de lait cru et beurre ... · A mon frère Abd el Wahid A...

  • Thèse de Doctorat en Sciences

    Option Biotechnologie

    Spécialité Intérêt des micro-organismes

    Intitulée

    Présentée par

    LAZREG Louiza

    Devant le Jury :

    Président : Pr KARAM Nour Eddine Université d’Oran 1

    Examinateurs : Pr BELLAHCENE Miloud CU de Ain Témouchent

    Pr DRISSI Mourad Université de Tlemcen

    Pr AOUES Abdelkader Université d’Oran 1

    Directeur de thèse : Pr ZADI KARAM Halima Université d’Oran 1

    Co-directeur de thèse : Pr DALACHE Fatiha Université de Mostaganem

    Année Universitaire 2016/2017

    Bactériocines d’entérocoques

    isolés de lait cru et beurre de l’Ouest algérien

  • Dédicaces

    Je dédie cette thèse ;

    A mes parents qui m’ont donné l’exemple d’une règle de vie basée sur des principes très

    simples : l’honnêteté et la satisfaction du travail bien fait.

    La plus belle marque de reconnaissance que je puisse leur offrir est ma réussite.

    A ma sœur Sara ;

    A mon frère Abd el Wahid

    A ma sœur Hassiba et sa petite famille, Nazim, Amir et Lina

    A la famille Lazreg et la famille Gargat

    Louiza

  • Remerciement

    Je tiens tout d’abord à remercier Madame Zadi- Karam Halima, Professeur à l’Université

    d’Oran 1 Ahmed Ben Bella, mon directeur de thèse pour m’avoir accueilli dans son

    laboratoire. Ma profonde reconnaissance pour vos encouragements votre patience et vos

    conseils. Mes remerciements aussi à Madame Dalache Fatiha, Professeur à l’Université

    de Mostaganem, mon co-directeur de thèse pour son soutient et ses conseils tout au long

    de ce travail.

    Je remercie également les membres du Jury d’avoir bien voulu examiner ce travail. Mes

    vifs remerciements vont à Mr Karam Nour Eddine, Pr à l’Université d’Oran 1, pour avoir

    honoré par sa présence la présidence du jury, Mr Aoues Abdelkader, Pr à l’Université

    d’Oran 1, Mr Bellahcene Miloud Pr au Centre Universitaire de Ain Témouchent et Mr

    Drissi Mourad, Pr à l’Université de Tlemcen, pour avoir acceptés d’examiner cette thèse.

    Lesquels commentaires, me seront immensément précieux lors de la soutenance.

    Mes remerciements vont aussi à tous les chercheurs, doctorants, étudiants et techniciens

    du laboratoire de Biologie des Microorganismes et Biotechnologie.

    Mes remerciements à mes collègues et mes amis de l’université d’Oran 1, l’Université

    Hassiba ben Bouali de Chlef et l’université de l’USTO-Mohamed Boudiaf.

  • Publication et communication Scientifiques

    Publication :

    Louiza Lazreg, Fatiha Dalache, Halima Zadi-Karam, Nour-Eddine Karam.

    Bacteriocinogenic potential and genotypic characterization of three Enterococcus

    faecium isolates from Algerian raw milk and traditional butter. African Journal of

    Biotechnology, Volume 14 (32), pp. 2517-2524, 12 August,2015.

    Communications:

    Louiza Lazreg, Fatiha Dalache, Halima Zadi-Karam, Nour-Eddine Karam. Bactériocines

    produites par Enterococcus sp ». 2ème colloque international en biotechnologie,

    Université d’Oran, Algérie, 26-29 Avril 2010

    Louiza Lazreg, Fatiha Dalache, Halima Zadi-Karam, Nour-Eddine Karam. Inhibitor

    Potential of Lactic Acid Bacteria Isolated from Algerian Food. Balkan Agriculture

    Congress, 08-11 Septembre 2014

    Louiza Lazreg, Fatiha Dalache, Halima Zadi-Karam, Nour-Eddine Karam.

    Caractérisation Génotypique de souches d’Enterococcus faecium à Potentiel

    bactéricinogène isolées d’aliments algériens..1er Colloque International de la Biologie

    Appliquée USTO_MB, 29 Novembre- 01 Décembre 2015

  • Sommaire Page

    Introduction……………………………….……………………………….…………………… 1

    1- Synthèse Bibliographique

    1-1 Lait et Beurre traditionnel……………………………….………………………………….. 4

    1-1-1 Lait……………………………….……………………………….………………………. 4

    1-1-2 Microbiologie du lait cru……………………………….…………………………………. 5

    1-1-3 Beurre traditionnel……………………………….……………………………….……… 6

    1-1-4 Microbiologie du beurre……………………………….……………………………….…. 7

    1-2 Bactéries lactiques…………………………………….……………………………….……. 8

    1-2-1 Définition……………………………….……………………………….………………... 8

    1-2-2 Caractéristiques générales……………………………….………………………………... 9

    1-2-3 Habitat……………………………….……………………………….…………………… 9

    1-2-4 Taxonomie et habitats des lactocoques et entérocoques …………………………………. 10

    1-2-4-1 Lactococcus ……………………………….……………………………….…………... 12

    1-2-4-2 Enterococcus …………………………………………………………………………… 13

    1-2-5 Propriétés métaboliques d’intérêt technologie des entérocoques………………………… 15

    1-2-5-1 Production d’acide……………………………….……………………………….…….. 16

    1-2-5-2 Activité Protéolytique……………………………….………………………………….. 17

    1-2-5-3 Activité lipolytique et estérasique ……………………………….…………………….. 17

    1-2-5-4 Métabolisme du citrate et pyruvate……………………………….…………………….. 18

    1-2-6 Application des entérocoques comme probiotiques………………………………………. 19

    1-3 Activité antimicrobienne……………………………….……………………………….…... 20

    1-3-1 Acides organiques………………………………….……………………………….…….. 20

    1-3-2 Peroxyde d’hydrogène……………………………….…………………………………… 21

    1-3-3 Diacétyle, acétaldéyde et acétoïne ……………………………….……………………… 22

    1-3-4 Dioxyde de carbone……………………………….……………………………….……... 22

    1-4 Bactéricocines et Entérocines ……………………………….……………………………… 23

    1-4-1 Classification ……………………………….……………………………….……………. 24

    1-4-2 Biosynthèse ……………………………….……………………………….……………... 29

  • 1-4-3 Génétique et régulation ……………………………….……………………………….…. 31

    1-4-4 Immunité ……………………………….……………………………….………………... 34

    1-4-5 Mécanisme d’action ……………………………….……………………………….…….. 35

    1-4-6 Spectre d’activité……………………………….……………………………….………… 37

    1-5 Facteurs influençant la production de bactériocines ……………………………….……… 38

    1-5-1 Souche bactérienne……………………………….……………………………….……… 39

    1-5-2 Influence du pH……………………………….……………………………….………….. 39

    1-5-3 Influence de la température ……………………………….……………………………… 40

    1-5-4 Influence des milieux de culture……………………………….………………………… 40

    1-6 Application des bactériocines dans l’industrie alimentaire ………………………………… 43

    2 Matériel et Méthodes

    2-1 Bactéries……………………………….……………………………….…………………… 45

    2-2 Milieux de culture, conditions de croissance et conservation des bactéries……………… 45

    2-3 Isolement des bactéries lactiques……………………………….…………………………... 46

    2-3-1 Isolement de bactéries lactiques à partir du beurre traditionnel………………………… 46

    2-3-2 Isolement des entérocoques à partir des échantillons de laits crus……………………… 46

    2-4 Identification phénotypique des bactéries lactiques……………………………….………... 47

    2-4-1 Caractérisation morphologique……………………………….…………………………... 47

    2-4-2 Caractérisation physiologique……………………………….……………………………. 48

    2-4-3 Caractérisation biochimique……………………………….……………………………... 49

    2-5 Caractérisation moléculaire des bactéries……………………………….………………….. 49

    2-5-1 Extraction de l’ADN……………………………….……………………………………... 50

    2-5-2 Amplification de l’ADN des entérocoques par PCR…………………………………… 50

    2-5-3 Electrophorèse sur gel d’agarose des produits de la PCR………………………………. 51

    2-5-4 Analyse phylogénétique des bactéries……………………………….…………………… 52

    2-6 Potentiel inhibiteur des bactéries lactiques……………………………….………………… 53

    2-7 Détection de bactéries potentiellement bactériocinogenes………………………………….. 54

    2-8 Caractérisation de la nature biochimique des métabolites antibactériens ………………….. 54

    2-8-1 Sensibilité aux enzymes……………………………….……………………………….… 55

  • 2-8-2 Effet de la chaleur……………………………….……………………………….……….. 56

    2-8-3 Effet au pH……………………………….……………………………….………………. 56

    2-9 Influence des milieux de cultures sur la production de métabolites antibactériens………… 56

    2-9-1 Influence du tampon du milieu M17 ……………………………….……………………. 56

    2-9-2 Influence de différentes concentrations de lait écrémé ajoutées au bouillon M17……….. 57

    2-9-3 Influence des sucres ……………………………….……………………………….…….. 57

    2-9-4 Influence des milieux M17 et MRS modifiés……………………………….…………… 57

    2-10 Cinétique de croissance et de production de métabolites antibactériens………………… 58

    2-11 Purification des bactériocines……………………………….……………………………... 58

    2-11-1 Précipitation par le sulfate d’ammonium ……………………………….……………… 58

    2-11-2 Chromatographie par filtration sur gel de sephadex G-25………………………………. 59

    2-11-3 Chromatographie échangeuse d’ions……………………………….…………………… 60

    2-11-4 Electrophorèse SDS-PAGE……………………………….……………………………... 61

    3-Résultats et discussion

    3-1 Isolement des bactéries lactiques……………………………….………………………… 64

    3-2 Identification phénotypique des bactéries lactiques……………………………….……….. 65

    3-3 Potentiel inhibiteur des bactéries lactiques……………………………….………………… 70

    3-4 Détection de bactéries potentiellement bactériocinogènes………………………………….. 76

    3-5 Caractérisation moléculaire des bactéries ……………………………….…………………. 82

    3-5-1 Amplification de l’ADN des entérocoques……………………………….………………. 82

    3-5-2 Analyse phylogénétique……………………………….……………………………….…. 83

    3-6 Caractérisation de la nature biochimique des métabolites antibactériens………………… 89

    3-6-1 Mise en évidence de l’activité inhibitrice dans le surnageant de culture ………………… 89

    3-6-2 Sensibilité aux enzymes ……………………………….…………………………………. 93

    3-6-3 Traitement par la chaleur……………………………….………………………………... 95

    3-6-4 Effet de différents pH……………………………….……………………………….……. 97

    3-7 Influence des milieux de culture sur la production de métabolites antibactériens………….. 103

    3-7-1 Influence du tampon du milieu de culture……………………………….………………. 103

  • 3-7-2 Influence de différentes concentrations de lait écrémé ajoutées au bouillon M17………. 107

    3-7-3 Influence des sucres ……………………………….……………………………….…….. 111

    3-7-4 Influence des milieux M17 et MRS modifiés……………………………….……………. 114

    3-8 Cinétique de croissance et de production de bactériocines ………………………………… 117

    3-9 Purification des bactériocines ………………………………………………………………. 125

    3-9-1 Précipitation par le sulfate d’ammonium…………………………………………………. 125

    3-9-2 Chromatographie par filtration sur gel de sephadex G-25………………………………. 126

    3-9 -3 Chromatographie par échanges d’ions ……………………………….………………… 129

    3-9-4 Détermination de la taille moléculaire des bactériocine par SDS-PAGE………………… 132

    4 Conclusion……………………………….……………………………….…………………... 138

    5 Références Bibliographiques

    Annexe I

    Annexe II

  • Liste des tableaux Page

    Tableau 1: Classification de bactéries lactiques couramment utilisées dans le beurre et le

    yaourt (Drain, 2016)

    7

    Tableau 2: Enterococcus et leur répartition en groupes d'espèces (Franz et al., 2006) 15

    Tableau 3 : Classification des entérocines (Nes et al., 2007) 28

    Tableau 4: Souches cibles utilisées 45

    Tableau 5 : Echantillons utilisés et leurs origines 46

    Tableau 6 : Composition du mélange réactionnel pour chaque réaction PCR 51

    Tableau 7 : composition du gel d’agarose 52

    Tableau 8 : Composition des gels de polyacrylamide 62

    Tableau 9 : Composition du tampon de migration 62

    Tableau 10 : Code des bactéries lactiques isolées à partir du beurre 64

    Tableau 11: Code des bactéries lactiques isolées à partir du lait cru 63

    Tableau 12 : Identification des bactéries lactiques à l’aide de galerie API 20 Strep 66

    Tableau 13 : Identification des bactéries lactiques par caractérisation physiologique et à

    l’aide de galeries d’identification API 20 Strep

    67

    Tableau 14: Inhibitions par les bactéries lactiques 77

    Tableau 14 suite : Inhibitions par les bactéries lactiques 78

    Tableau 15 : Diamètres des zones d’inhibition des bactéries-tests par les souches d’E

    faecium

    90

    Tableau 16 : Diamètre d’inhibition de bactéries cibles par les extraits concentrés (EC) par

    lyophilisation

    91

    Tableau 17: Effet des enzymes sur l’activité inhibitrice 94

    Tableau 18: Diamètre d’inhibition des précipités de surnageant de culture d’Enterococcus

    faecium BRO2 et LO12.

    125

  • Liste des figures

    Page

    Figure 1: Position des genres Enterococcus, Lactococcus et Leuconostoc dans

    l’arbre phylogénique des bactéries lactiques sur la base de séquences du gène de

    l'ARNr 16S. (Holzapfel et al., 2001).

    11

    Figure 2 : Voie schématique montrant la relation métabolique entre citrate et

    glucose (Cabral et al., 2007)

    18

    Figure 3: Classification universelle de bactériocines construite sur la base de (a)

    système de classification originale pour les bactériocines de bactéries lactiques par

    Klaenhammer (1993), et incorporant des éléments (b) de la classification révisée de

    Cotter et al (2005)

    25

    Figure 4 : Présentation schématique de la biosynthèse de l’entérocine A. ( Ennahar

    et al., 2000; Martínez et al., 2000; Drider et al., 2006)

    30

    Figure 5: Organisation des déterminants génétiques impliqués dans la synthèse des

    bactériocines d’après Skaugen et al., (2003), Drider et al., (2006) et Franz et al.,

    (2007).

    32

    Figure 6: Mode d’action des bactériocines produites par des bactéries lactiques

    (Martínez et al.,2000; Cotter et al., (2005); Breukink et De Kruijff., 2006).

    36

    Figure 7: Effet inhibiteur des isolats du beurre vis-à-vis de la souche Enterococcus

    faecium H3 selon la méthode de Fleming et al. (1975)

    70

    Figure 8: Inhibition des bactéries cibles par les isolats de lait cru 71

    Figure 9: Inhibition de bactéries cibles par les souches isolées du beurre et de la

    collection du laboratoire

    73

    Figure 10 : Inhibition d’E. faecium H3 par les ouches E.feacium BRO2, LO4 et

    LO12

    76

    Figure 11 : Inhibition d’Pseudomonas sp par les ouches E. feacium BRO2, LO4 et 76

  • LO12

    Figure 12 : Interactions des souches de L. lactis ssp lactis vis-à-vis des bactéries

    cibles

    79

    Figure 13 : Interaction des souches d’Enterococcus vis-à-vis des bactéries cibles 79

    Figure 14 :Gel d’électrophorèse des produits PCR. 83

    Figure 15 : Alignement de la séquence partielle de l’ARN 16S de la souche BRO2

    sur la séquence de l’ARN 16S de la souche de référence d’E. faecium JCM 5804

    84

    Figure 16 : Alignement de la séquence partielle de l’ARN 16S de la souche LO4

    sur la séquence de l’ARN 16S de la souche de référence d’E. faecium JCM 5804

    85

    Figure 17 : Alignement de la séquence partielle de l’ARN 16S de la souche LO12

    sur la séquence de l’ARN 16S de la souche de référence d’E. faecium JCM 5804

    86

    Figure 18: Arbre phylogénétique construit par la méthode Neighbor-joining

    utilisant des séquences 16SrRNA des souches (LO4, LO12 et BRO2) et des

    séquences 16SrRNA de 12 souches d’espèces connues d’Enterococcus. L’arbre a

    été répété 100 fois.

    87

    Figure 19 : Effet des enzymes sur le surnageant de culture d’ E faecium LO12. 94

    Figure 20 : Activité inhibitrice résiduelle des substances des souches E feacium

    BRO2, LO4 et LO12 vis-à-vis d’ E faecium H3.

    96

    Figure 21: Effet du pH sur l’activité inhibitrice des souches d’E faecium vis-à-vis

    d’E.

    faecium H3

    98

    Figure 22: Influence du tampon du milieu de culture sur la production de

    métabolites antibactériennes par E. faecium BRO2.

    104

    Figure 23: Influence du tampon du milieu de culture sur la production de

    métabolites antibactériennes par E. faecium LO4.

    104

  • Figure 24: Influence du tampon du milieu de culture sur la production de

    métabolites antibactériennes par E. faecium LO12.

    105

    Figure 25 :Influence de la concentration de lait écrémé additionné au milieu de

    culture sur la production de métabolites antibactériennes par E.faecium BRO2.

    108

    Figure 26 :Influence de la concentration de lait écrémé additionné au milieu de

    culture sur la production de métabolites antibactériennes par E.faecium LO4.

    108

    Figure 27 :Influence de la concentration de lait écrémé additionné au milieu de

    culture sur la production de métabolites antibactériennes par E.faecium LO12.

    109

    Figure 28 : Influence des sucres du milieu de culture sur la production de

    métabolites antibactériens par E. faecium BRO2

    111

    Figure 29 : Influence des sucres du milieu de culture sur la production de

    métabolites antibactériens par E. faecium LO4

    112

    Figure 30 : Influence des sucres du milieu de culture sur la production de

    métabolites antibactériens par E. faecium LO12

    112

    Figure 31 : Influence du M17 et du MRS modifiés sur la production de métabolites

    antibactériennes par E.faecium BRO2

    114

    Figure 32 : Influence du M17 et du MRS modifiés sur la production de métabolites

    antibactériennes par E.faecium BRO2

    115

    Figure 33 : Cinétique de croissance et de production de bactériocines d’E. faeciu

    BRO2

    118

    Figure 34 : Cinétique de croissance et de production de bactériocines d’E. faecium

    LO12

    118

    Figure 35 : Vitesse spécifique de croissance et de production de bactériocines

    d’E.faecium BRO2

    119

    Figure 36 : Vitesse spécifique de croissance et de production de bactériocines

    d’E.faecium LO12

    120

    Figure 37 : Chromatographie gel filtration de la fraction active FA1 BRO2 sur 127

  • Séphadex G-25

    Figure 38 : Chromatographie gel filtration de la fraction active FA1 LO12 sur

    Séphadex G-25

    127

    Figure 39 : Activité antibactérienne des fractions collectées après filtration sur

    chromatographie gel filtration (Sephadex G-25)

    128

    Figure 40: Chromatographie échangeuse d’ions de la fraction active FA2 BRO2 sur

    DEAE-cellulose éluée par divers tampons.

    129

    Figure 41: Chromatographie échangeuse d’ions de la fraction active FA2 LO12 sur

    CM-Séphadex C-25 éluée par un gradient continu de NaCl 0 M à 0,1 M et de 0,1 M

    à 1 M.

    130

    Figure 42 : Activité inhibitrice des fractions obtenues par chromatographie

    échangeuse de cations (CM-SéphadexC-25)

    131

    Figure 43 : Electrophorèse sur gel de polyacrylamide des fractions actives BRO2. 132

    Figure 44 : Courbe de calibration SDS PAGE 133

    Figure 45 : Analyse électrophorétiques des fractions actives LO12. 134

  • Abréviations

    ADN : Acide désoxyribonucléique

    ARN Acide ribonucléique

    BLIS : Bacteriocin Like Inhibitory substances

    °C: Degré celsius

    CM:CarboxyMethyl

    D : Dextrogyre

    Da : Dalton

    DEAE: DiEthylAminoEthyl

    DO : Densité Optique

    E: Enterococcus

    EDTA: Acide Éthylène Diamine Tétracétique

    FAO: Food Agriculture Organisation (Organisation des nations Unies pour l’agriculture et

    l’alimentation)

    g: Gramme

    h : heure

    HCl: Acide Chloridrique

    ICMSF : International Commision on Microbiological Specification for Food

    (Commission internationale pour la définition des caractéristiques microbiologiques

    des aliments)

    kDa Kilodalton

    L: Lactococcus

    L : Levogyre

  • nm : Nanomètre

    PCR: Polymerase Chain reaction

    pH: Potentiel Hydronium

    Tr/min : Tours par minute

    UA/ml Unité Arbitraire /ml

    µl microlitre

    µm : micromètre

    UFC : Unité Formant Colonies

  • Résumé

    Les bactéries lactiques sont impliquées dans de nombreux processus de transformation

    alimentaire grâce à leurs propriétés technologiques. Elles produisent aussi différentes

    substances à activité antimicrobienne exploitées comme conservateurs biologiques. Ce

    travail a porté sur l’étude du potentiel bactériocinogène de souches isolées d’aliments

    locaux. Les souches de bactéries lactiques isolées du lait cru et du beurre de fabrication

    traditionnelle sont phénotypiquement identifiées à L. lactis, L. cremoris, E. faecium, E.

    faecalis, L. garviae, E. durans et Enterococcus sp. L’évaluation du potentiel inhibiteur de

    ces bactéries lactiques montre que les souches E. faecium BRO2, LO4 et LO12 sont

    bactériocinogènes vis-à-vis de Pseudomonas sp, Proteus mirabilis et E. faecium. L’analyse

    phylogénétique des souches bactériocinogènes confirme leur identification à E. faecium.

    La sensibilité des métabolites antibactériens aux enzymes protéolytiques et leur résistance

    à la chaleur et aux différents pH confirme le potentiel bactériocinogène d’E. faecium

    BRO2, LO4 et LO12. La production de ces bactériocines nommées entérocines (BRO2,

    LO4, LO12) est significativement améliorée en bouillon M17 tamponnée par du tampon

    phosphate de sodium par comparaison aux autres tampons testés. L’ajout de lait écrémé au

    bouillon M17 augmente significativement la production de l’entérocine LO12. Dans ce

    bouillon, la production des entérocines BRO2 et LO4 est aussi améliorée sans être

    statistiquement significative. Le glucose par comparaison aux autres sucres testés est le

    sucre le plus approprié à la production de ces bactériocines. Le bouillon M17 modifié

    permet de produire plus de bactériocines BRO2 et LO12 que le bouillon M17 ou MRS ou

    Lait. Les entérocines BRO2 et LO12 sont des métabolites secondaires, thermostables et

    cationiques. L’analyse par électrophorèse SDS-PAGE a révélé que l’entérocine BRO2 a

    une taille moléculaire comprise entre 5700 à 6900 Da.

    Mots clés : Bactéries lactiques, potentiel inhibiteur, bactériocinogène, phylogénétique,

    E. faecium, entérocines, M17 modifié, cationiques, métabolite, taille moléculaire.

  • ABSTRACT

    The lactic acid bacteria are involved in numerous processes of food transformation thanks

    to their technological properties. They produce so various substances with antimicrobial

    activity exploited as bio-preservatives. This work concerned the study of the

    bacteriocinogenic potential of isolates from local food. The lactic acid bacteria isolated

    from raw milk and traditional manufacturing butter are phenotypically identified as L.

    lactis, L. cremoris, E. faecium, E. faecalis, L. garviae, E. durans and Enterococcus sp. The

    evaluation of the inhibitory potential of these lactic acid bacteria shows that E. faecium

    BRO2, LO4 and LO12 strains are bacteriocinogenic towards Pseudomonas sp, Proteus

    mirabilis and E. faecium. The phylogenetic analysis of bacteriocinogenic strains confirms

    their identification to E. faecium. The sensibility of the antibacterial metabolites to

    proteolytic enzymes and their resistance at various pH and heat treatment confirms the

    bacteriocinogenic potential of E. faecium BRO2, LO4 and LO12. The production of

    enterocins (BRO2, LO4, LO12) is significantly improved in broth M17 buffered with

    sodium phosphate. The addition of skimmed milk to the M17 broth increases significantly

    the production of the enterocin LO12. In this broth, the production of enterocins BRO2 and

    LO4 is also improved without being statistically significant. The glucose seems to be the

    most suitable sugar to improve the production of these bacteriocins. The modified M17

    broth allows to produce more of bacteriocins BRO2 and LO12 than the M17 or MRS broth

    or Milk. Enterocins BRO2 and LO12 are secondary metabolites, thermosatbles and

    cationics. The analysis by SDS-PAGE revealed that the enterocin BRO2 has a molecular

    size between 5700 to 6900 Da.

    Keywords: Lactic acid bacteria, Inhibitory potential, bacteriocinogenic, phylogenetic, E.

    faecium, enterocin.

  • الملخص

    في العديد من عمليات تحويل األغذية بفضل خصائصها التكنولوجية. وهي تنتج مواد اللبنتشارك بكتيريا حمض

    سالالت ات عزليإمكان كمواد حافظة حيوية. تناول هذا البحث دراسة تستعملمختلفة جدا ذات نشاط مضاد للميكروبات

    المعزولة من الحليب الخام والزبدة التقليدية في اللبن كتريا حمضاألغذية المحلية. تم تحديد ب من لبكتريوسين منتجة

    التصنيع

    L. lactis, L. cremoris, E. faecium, E. faecalis, L. garviae, E. durans and Enterococcus sp.

    E. faecium BRO2 ،LO4 E. faeciumبإختيار لنا سمح مثبطة مواد إنتاج اللبن . تقييم إمكانية بكتيريا حمض

    L012 E. faecium

    . .Pseudomonas sp, Proteus mirabilis and E. faecium مثبطة لبكتريوسين منتجة السالالت هذه

    ت الحموضة والمعالجة امختلف درجل ةلالنزيمات ومقاومل حساسة أنها على المنتجة المواد المثبطة تحاليل أثبتت

    مع فوسفات M17( بشكل ملحوظ في مرق BRO2 ،LO4 ،LO12) بكتريوسين الحرارية . تم تحسين إنتاج

    في هذا المرق، إنتيروسين. LO12يزيد بشكل كبير من إنتاج M17الصوديوم. إضافة الحليب منزوع الدسم إلى مرق

    أيضا دون أن تكون ذات داللة إحصائية. ويبدو أن الجلوكوز هو السكر LO4و BRO2بكتريوسينيتم تحسين إنتاج

    من LO12و BRO2بكتيريوسين إنتاج لزيادت المعدلة M17. يسمح مرق بكتريوسين لتحسين إنتاج هذهاألنسب

    موجبة. كشف شحنة ذات هي األيض الثانوية، LO12و BRO2 بكتريوسين . أو الحليب MRSأو M17مرق

    Da 6900حتي 5700جزيئي بين لديه حجم BRO2 األنتيروسين SDS-PAGEالتحليل

    : ئيسيهر كلمات ; اللبنبكتيريا حمض ; مضاد للميكروبات سالالت ;بكتريوسين; Enterococcus ; األغذية مرق

    M17 المعدلة

  • Introduction

  • Introduction

    1

    De nos jours les aliments de fabrication traditionnelle sont toujours appréciés par quelques

    consommateurs. L’excès d’aliments et la nécessité de les consommer pour survivre

    pendant l’hiver et les périodes de sécheresse menèrent l’homme à utiliser depuis longtemps

    et empiriquement des procédés de conservation. Ces aliments transformés par nos ancêtres

    sont à l’origine des produits des industries alimentaires actuelles. La fermentation avec les

    procédés de séchage et de salage, est la plus ancienne des méthodes de conservation des

    aliments, elle est ancrée dans les cultures traditionnelles et la vie des villageois (Marshall

    et Meijia, 2012).

    Certains micro-organismes comme les bactéries lactiques, les moisissures et les levures ont

    largement été exploités dans les fermentations alimentaires (Giraffa, 2004). Ils sont

    responsables de nombreuses propriétés d’aliments fermentés tels que la flaveur, la durée de

    vie, la texture et les effets bénéfiques sur la santé (Giraffa, 2004). La production

    d’aliments fermentés est basée sur l’utilisation de ferments, par exemple les bactéries

    lactiques qui initient rapidement l’acidification de matières premières (Leroy et DeVuyst,

    2004). Ces bactéries acidifient les aliments, générant un goût d’acide lactique piquant,

    exerçant des activités protéolytiques et lipolytiques et produisant des composés

    arômatiques, par exemple à partir d’acides aminés, en plus de la bioconversion (Van

    Kranenburg et al., 2002). Ces ferments ont été isolés et caractérisés à partir d’aliments

    transformés par des procédés ancestraux.

    Les bactéries lactiques sont économiquement importantes car elles sont largement utilisées

    dans les denrées alimentaires et les aliments fermentés. Elles produisent différentes

    substances à activité antimicrobienne qui peuvent être utilisées comme bio-conservateurs

    (Centeno et al., 1996). L’effet antimicrobien de ces bactéries à travers le processus de

    fermentation a été apprécié par l’homme et lui a permis de prolonger la durée de vie de

    plusieurs aliments (Savadogo et al., 2004). Les bactéries lactiques sont présentes dans de

    nombreux produits alimentaires et elles sont essentielles dans de nombreux processus de

    transformation alimentaire conduisant à des changements dans la texture, la saveur et la

    conservation des produits fermentés. La capacité de ces bactéries à inhiber la croissance

    d'autres bactéries est connue depuis de nombreuses années. Les substances responsables de

    cette activité inhibitrice comprennent des acides organiques, le diacétyle, le peroxyde

  • Introduction

    2

    d'hydrogène, des agents lytiques, et les bactériocines (Tagg et al .,1976).

    Les deux dernières décennies ont connu une recherche intensive sur les produits

    antimicrobiens naturels synthétisés par des bactéries lactiques qui peuvent être utilisés

    comme conservateurs alimentaires à la place de conservateurs chimiques (Gautam et al.,

    2014). Le principal effet antimicrobien de ferments lactiques responsable de bio-

    conservation est le taux d’acidification. Cependant pour les produits légèrement acidifiés,

    l’activité bactériocinogène peut jouer un rôle crucial pour éliminer les micro-organismes

    indésirables qui montrent une tolérance à l’acidité (Šušković et al., 2010).

    Actuellement, les bactériocines ont attiré l'attention en tant que substituts potentiels, ou en

    tant que thérapie combinée utilisant des composés antimicrobiens en raison de leur

    puissante activité, leur stabilité et une faible toxicité pour les humains (Joerger, 2003 ;

    Hassan et al., 2012; Amer Eglal et al., 2014). Plusieurs bactériocines de bactéries à Gram

    positif ont moyennement un large spectre et ont un grand potentiel comme agents

    antimicrobiens dans les aliments et production de nourriture (Nigutova et al., 2005). Elles

    sont fréquemment retrouvées comme métabolites secondaires, produits par une variété de

    micro-organismes tels que les bactéries à Gram-positif du genre Streptomyces, bactéries

    lactiques et Bacillus (Klaenhammer, 1988). Les bactériocines sont largement utilisées en

    sciences alimentaires pour prolonger la durée de conservation (Ghrairi et al., 2012). Elles

    inhibent les infections par les pathogènes chez les animaux (Van Heel et al., 2011). Les

    industries pharmaceutiques et les sociétés médicales tentent de les utiliser comme

    traitement de cancers malins (Lancaster et al., 2007).

    Dans cette étude nous nous sommes intéressés à étudier le potentiel bactérioicinogène des

    entérocoques. En effet, les entérocoques connaissent un intérêt croissant quant à leur

    utilisation comme producteurs de bactériocines et aussi en tant que probiotiques. Dans

    certains fromages, la croissance des entérocoques contribue à la maturation et le

    développement de la saveur des aliments (Konings et al., 2000). Les entérocoques sont

    souvent utilisés comme probiotiques améliorant l'équilibre microbien de l'intestin ou

    comme un agent bénéfique dans le traitement de la gastro-entérite chez les humains et les

    animaux (Stiles et Holzapfel, 1997). Plusieurs entérocoques d'origine alimentaire

    produisent des bactériocines qui exercent une activité anti Listeria (Laukov et Marekova,

    2001).

  • Introduction

    3

    L’utilisation de substances antimicrobiennes produites par les bactéries traditionnellement

    utilisées dans la fabrication d’aliments a été intensément étudiée comme moyen

    d’amélioration des barrières microbiennes dans les aliments formulés et peu transformés

    (Garver et Muriana, 1993). L’aliment fermenté a été identifié comme l’une des sources

    importantes de souches productrices de bactériocines (Noojaree Sonsa-Arda et al ., 2015).

    De nombreux travaux s’intéressent à la caractérisation de ferments lactiques des produits

    dérivés du lait tel que le fromage traditionnel. Cependant le beurre ne fait l’objet que de

    peu de travaux en raison de la recrudescence de sa consommation dans les régions

    mondaines dont les populations sont en quête de manger moins gras. En région rurales le

    beurre de fabrication traditionnelle est très apprécié par les consommateurs. Au beurre

    s’ajoute le lait cru qui est la matière première du beurre. Ce dernier est obtenu par

    fermentation spontanée du lait cru. Les bactéries lactiques du beurre ou du lait cru (la

    matière première des aliments dérivés du lait) sont des ferments empiriques. Il est

    intéressant d’étudier ces bactéries lactiques indigènes et de caractériser leur bactériocines.

    Dans ce contexte, le Laboratoire de Biologie des Micro-organismes et Biotechnologie

    s’intéresse à caractériser des souches isolées de lait de chamelle collecté dans la région de

    Timimoun (Karam, 1995 ; Zadi-Karam, 1998) et à étudier le potentiel bactériocinogène

    ainsi que la caractérisation de bactériocines de bactéries lactiques isolées d’aliments locaux

    (Dalache, 2006 ; Merzoug et al., 2016).

    Ce travail de thèse est orienté vers le potentiel bactériocinogène de bactéries lactiques

    indigènes isolées de beurre de fabrication traditionnelle et de lait cru. Dans ce contexte,

    notre travail à consister à isoler à partir d’échantillons locaux de beurre et de lait cru des

    souches de bactéries lactiques indigènes particulièrement les lactocoques et les

    entérocoques. Parmi ces derniers, les souches à potentiel bactériocinogène ont été

    caractérisées à l’échelle moléculaire. Les métabolites antibactériens ont été caractérisés par

    détermination de leur nature et propriétés biochimiques. L’influence de la composition du

    milieu de production a été aussi étudiée.

  • Synthèse Bibliographique

  • Synthèse Bibliographique

    4

    1-1 Lait et Beurre traditionnel

    1-1-1 Lait

    Le lait est le produit élaboré par les glandes mammaires des femelles de mammifères après

    la naissance du jeune. En 1909, le congrès international de la répression des fraudes défini

    le lait comme étant le produit intégral de la traite totale et interrompue d’une femelle

    laitière bien portante, bien nourrie et non surmenée. Il doit être recueilli proprement et ne

    pas contenir de colostrum.

    Selon le CODEX STAN 206 (1999), le lait est la sécrétion mammaire normale d’animaux

    de traite obtenue à partir d’une ou de plusieurs traites, sans rien y ajouter ou en soustraire,

    destiné à la consommation comme lait liquide ou à un traitement ultérieur. Il est décrit

    comme étant un liquide opaque blanc mat, légèrement bleuté ou plus au moins jaunâtre à

    l’odeur peu marquée et au gout douceâtre, secrété après parturition par la glande

    mammaire des animaux mammifères femelles pour nourrir leur nouveau-né.

    Le lait est un aliment riche et complet. C’est le premier aliment que consomme un

    nouveau-né chez les mammifères. En raison de ses propriétés nutritives, de sa teneur en

    vitamines et en minéraux en particulier le calcium le lait ainsi que ses dérivés, ont toujours

    été appréciés et largement consommés dans le monde. Selon la FAO 2016, la

    consommation moyenne de lait par habitant en Afrique du Nord est de 30 à 150 kg/

    habitant/ an. Le lait de vache est de tous le plus connu et les données qui le caractérisent

    sont sans doute les plus exactes. La vache assure de loin la plus grande part de la

    production mondiale (90 pour cent) même en pays tropicaux (70 pour cent) (FAO, 1990).

    Il est logiquement aussi le produit laitier le plus consommé et étudié en nutrition humaine.

    En Algérie, le lait occupe une place importante dans la ration alimentaire de chacun, quel

    que soit son revenu. Ainsi, pour 1990, on estime que le lait a compté pour 65,5 % dans la

    consommation de protéines d’origine animale, devançant largement la viande (22,4 %) et

    les œufs (12,1 %) (Amellal, 1995). En 2014, la consommation moyenne de lait en Algérie

    est de 130 litres par personne par an, se classant parmi les plus gros consommateurs de lait

    au monde. D’après Souki (2009), l’Algérie est le deuxième importateur de lait et dérivés

    après le Mexique (la croissance des importations laitières s’élève à 57 % en moyenne par

    an entre 1996 et 2004.

  • Synthèse Bibliographique

    5

    1-1-2 Microbiologie du lait cru

    La riche composition du lait fait de lui un milieu de culture favorable à la croissance de

    nombreux micro-organismes. L’activité d’eau élevée, le pH modéré (pH 6,4 - 6,6) et

    l’approvisionnement suffisant en nutriments font du lait un excellent milieu.

    La composition de la flore microbienne du lait cru est fonction des conditions d’hygiène

    lors de la traite, et de l’état de santé de l’animal. La flore du lait cru est composée

    d’espèces de contamination provenant de l'étable, de l’alimentation, la surface du trayon ou

    de l’équipement laitier (Cousin, 1982). Trois sources contribuent à la présence de micro-

    organismes dans le lait : le pis intérieur du trayon extérieur, son environnement immédiat

    et l'équipement de traite et de la manutention du lait (Adams et Moss, 2008).

    La prise aseptique de lait à partir d’une vache saine contient normalement un faible nombre

    de micro-organismes, typiquement moins 102_103 UFC/ml (Adams et Moss, 2008).

    Généralement, un nombre élevé de bactéries lactiques peuvent être trouvées dans le lait

    cru. Elles appartiennent aux genres Lactococcus, Lactobacillus, Leuconostoc,

    Enterococcus, Streptococcus (Richter et al., 1992).

    Les microorganismes couramment isolés sont les microcoques, streptocoques et

    diphteroides. Les dénombrements de Corynebacterium bovis sont fréquemment élevés due

    à la mammite, maladie inflammatoire du tissu mammaire lequel est la cause majeure de la

    perte économique en industrie laitière (Adams et Moss, 2008). D’autres bactéries à Gram

    positif comme Bacillus, Microbacterium, Micrococcus, Staphylococcus et des bactéries à

    Gram négatif telles que Pseudomonas, Aeromonas, Acinetobacter, Stenotrophomonas et

    Chryseobacterium ainsi que plusieurs entérobactéries tel Enterobacter, Hafnia et

    Klebsiella sont aussi fréquemment trouvés dans le lait cru. Entre les bactéries, quelques

    genres de levures comme Candida, Kluyveromyces et Pichia ont aussi été isolés (Fleet;

    1990; Delavenne et al., 2011; Quigley et al., 2011).

    Petersen et al (2002), ont montré que les levures et les moisissures peuvent contaminer le

    lait et le fromage et contribuent à la maturation de fromages.

  • Synthèse Bibliographique

    6

    1-1-3 Beurre traditionnel

    Le beurre est un produit gras dérivé exclusivement du lait et/ou de produits obtenus à partir

    du lait, principalement sous forme d’une émulsion du type eau-dans-huile (FAO, 2011).

    La FAO décrit le beurre comme étant un produit gras dérivé exclusivement de la crème, du

    lait, ou sous-produits laitiers. En plus de la graisse du lait, le beurre contient des solides

    non gras du lait, de l'eau et, parfois, des additifs. A la différence du lait et de la crème, où

    les globules de graisse sont dispersés dans la phase aqueuse, le beurre bien travaillé est

    constitué d'eau dispersée dans la graisse.

    La phase continue est constituée de matière grasse du lait dans lequel des gouttelettes

    aqueuse, certains globules gras et de minuscules bulles d'air sont répartis uniformément. En

    termes plus pratiques, le beurre est une pâte grasse. Il est doux et tartinable à température

    ambiante et plus difficile si elle est froide. Il a une saveur douce légèrement acide.

    Le beurre traditionnel est un produit ancestral, connu depuis la nuit des temps dans de

    nombreuses civilisations. Parmi les dérivés du lait, le beurre est le moins consommé. Sa

    riche teneur en matières grasses en est la cause. En Algérie, le beurre de fabrication

    traditionnelle est appelé Zebda et est obtenu à partir de lait fermenté appelé ‘’Raib’’. Les

    étapes d’obtention de ce beurre se résument en :

    -fermentation spontanée du lait cru : le lait cru est transformé en petit lait (‘’Raib’’) à une

    température ambiante. En hiver la fermentation se déroule pendant 2 à 3 jours, alors qu’elle

    ne dure qu’une journée en été.

    -le barattage : le petit lait est agité fortement dans un contenant (auparavant ‘’chakwa’’)

    jusqu’à formation de globules gras. Ces globules étant de faible densité sont récupérés à la

    surface.

    On distingue deux sortes de beurres, le beurre frais qui correspond à la matière grasse

    récupérée après barattage dont la structure est molle en raison de la forte concentration en

    eau et le beurre conservé appelé ‘’smen’’ qui a été additionné de sel afin de pouvoir le

    conserver.

  • Synthèse Bibliographique

    7

    1-1-4 Microbiologie du beurre

    La composition de la flore du beurre traditionnel, dépend non seulement de la qualité

    microbiologique du lait cru, mais aussi des ustensiles utilisées lors de la fermentation du

    lait et lors du barattage. Il peut contenir des bactéries lactiques, des levures et des

    moisissures.

    Les genres et espèces de bactéries lactiques participant dans la fabrication du beurre sont

    des bactéries mésophiles par comparaison aux ferments utilisés en fromagerie (Tableau 1).

    Tableau 1: Classification de bactéries lactiques couramment utilisées dans le beurre

    et le yaourt (Drain, 2016)

    Mésophiles (Croissance à 25-30°C)

    Utilisées pour fabriquer par exemple le beurre

    et les fromages

    Thermophiles (Croissance à 38°C- 45°C)

    Utilisées pour fabriquer par exemple le

    yaourt ou fromages durs

    Types de ferments

    • -Type O :

    • L. lactis ssp. lactis

    • L. lactis ssp. Cremoris

    • Produisent principalement de l'acide

    lactique à partir du lactose

    • Type D

    • Plus Type O ;

    • L. lactis ssp. lactis biovar

    diacetylactis comme producteur

    flaveur (ex : diacétyle)

    • Type L

    • Plus Type O ;

    • Ln mesenteroides ssp.

    mesenteroides comme producteur de

    flaveur (ex : diacetyl, acide acetique)

    • Type LD

    • Combinaison de type L et D

    Exemples :

    • Str. salivarius ssp. thermophilus

    (Produit de l'acide lactique à partir

    du lactose)

    • Lb. delbrueckii ssp. bulgaricus

    (produit l’acide lactique, aussi bien

    que des composés de flaveur

    donnant au yaourt son goût et son

    arôme

    • Lb. acidophilus

    • Bifidobacterium animalis

  • Synthèse Bibliographique

    8

    En Europe continentale la plupart des beurres traditionnels sont fabriqués à partir de crème

    fraîche en utilisant des cultures de démarrage et une phase aqueuse à pH avoisinant 4,6. La

    microflore du beurre dérive principalement de la crème utilisée (ICMSF).

    La qualité microbiologique de la crème séparée dans la ferme diffère considérablement de

    la crème fraîche séparée dans une usine de produits laitiers. Par exemple lorsque la crème

    est maintenue dans une ferme pendant une semaine dans des conditions d'hygiène

    déplorables et sans réfrigération, l’acidification (la croissance de Lactococcus lactis et

    d'autres micro-organismes indésirables) peut avoir eu lieu, la croissance des levures et

    moisissures (Geotrichum candidum) peut être abondante et des bactéries à Gram négatif

    aérobies (membres des genres Pseudomonas, Alcaligenes, Acinetobacter / Moraxella et

    Flavobacterium) peuvent avoir proliféré, entraînant des changements protéolytiques et

    lipolytiques (Foster et al., 1957).

    1-2 Bactéries lactiques

    1-2-1 Définition

    Les bactéries lactiques constituent un groupe hétérogène de microorganismes transformant

    les hydrates de carbone en acide lactique, d’où leur nom de bactéries. Elles ont été

    découvertes en 1782 par le chimiste suédois Scheele (in Thonart, 1997). C’était en 1919

    qu’Orla-Jensen a défini pour la première fois le groupe des bactéries lactiques.

    Ce groupe réunit plusieurs genres de différentes morphologies ayant pour caractère

    commun leur capacité à fermenter le lactose en produisant de l’acide lactique. Ces

    bactéries ont été l’un des groupes bactériens les plus utilisés en raison de leurs larges

    applications industrielles. Le groupe de bactéries lactiques contient principalement des

    souches de Lactobacillus, Weissella, Carnobacterium, Streptococcus, Enterococcus,

    Lactococcus, Vagococcus, Leuconostoc, Oenococcus, Pediococcus, et Tetragenococcus.

    Elles sont impliquées dans un grand nombre de fermentations spontanées de produits

    alimentaires (Stiles et Holzapfel, 1997).

  • Synthèse Bibliographique

    9

    1-2-2 Caractéristiques générales

    Les bactéries lactiques sont des procaryotes hétérotrophes et chimio organotrophes (in De

    Roissart, 1986). Elles sont à Gram positif, non sporulantes, non mobiles, anaérobies mais

    aérotolérantes et ne possèdent pas de catalase (certaines souches possèdent une

    pseudocatalase), de nitrate réductase, ni de cytochrome oxydase.

    Toutes les bactéries lactiques possèdent un métabolisme fermentaire leur permettant, en

    utilisant des sucres fermentescibles, de produire principalement de l’acide lactique mais

    aussi d’autres acides organiques (acide acétique, acide formique.). Certaines espèces ou

    certaines souches peuvent en outre produire de l’acide formique ou de l’acide succinique

    (De Roissart et Luquet., 1994).

    Toutes les bactéries lactiques en utilisant les glucides, peuvent produire soit de :

    - l’acide lactique exclusivement (bactéries homolactiques strictes),

    - l’acide lactique et de l’acide acétique (bactéries hétérolactiques facultatives),

    - l’acide lactique, de l’acide acétique ou de l’éthanol et du CO2 (bactéries hétérolactiques

    strictes).

    La plupart des bactéries lactiques sont mésophiles; certaines sont psychrotolérantes ou

    thermotolérantes. Elles se développent majoritairement à des pH compris entre 4 et 6,5 et

    certaines sont encore actives à pH 9,6 ou à pH 3,2. Elles ont des tolérances très variables

    vis-à-vis du sel (Dalie-Doguiet, 2010).

    1-2-3 Habitat

    Les bactéries lactiques sont ubiquistes, Elles colonisent de nombreux produits alimentaires

    comme les produits laitiers, la viande, le poisson, les végétaux et les céréales (Drouault et

    al., 2001 ; Dortu, 2008). Ces bactéries vivent en association avec un hôte, tel que

    l’Homme ou l’animal, dans un écosystème bactérien comme le tractus gastro-intestinal ou

    génital des mammifères (Klein et al., 1998). Elles peuvent être isolées de nombreuses

    sources, elles sont largement retrouvées à la surface de nombreux aliments crus et sont par

    conséquent retrouvées aussi comme contaminants environnementaux lors de la fabrication

    d’aliments et donc régulièrement dans les aliments produits. Elles sont aussi présentes dans

    le tractus intestinal de l’homme et des animaux et par conséquents dans les fèces, par

    lesquelles ces bactéries sont véhiculées et distribuées.

  • Synthèse Bibliographique

    10

    1-2-4 Taxonomie et habitats des lactocoques et entérocoques

    Depuis la découverte des bactéries lactiques, leur classification a connu plusieurs

    modifications. En 1919 Orla Jensen rassembla les membres des bactéries lactiques dans un

    même groupe. Les caractères considérés étaient le type de Gram, l’immobilité, l’absence

    de spores, la forme allongée ou sphérique et la fermentation des sucres en acide lactique

    (Stiles et Holzapfel, 1997). Lancefield en 1933, proposa une classification basée sur la

    différentiation sérologique entre les bactéries du groupe. En 1937, Sherman classa les

    bactéries lactiques en fonction de leurs caractéristiques physiologiques.

    Dans la pratique, les caractéristiques phénotypiques et biochimiques de l'identification

    systématique des isolats peuvent ne pas être suffisantes pour attribuer définitivement une

    souche à une espèce particulière. Actuellement avec la disponibilité de la technologie

    rapide et automatique du séquençage de l'ADN, le séquençage direct du gène ARNr 16S a

    émergé comme une méthode puissante et relativement facile permettant en une seule étape

    la classification (Axelsson, 2004).

    La classification s’appuie sur des données moléculaires comme la comparaison des

    séquences codant pour les ARN16S ribosomiques. Carl Woese a montré que la séquence

    de l'ARNr 16S est un marqueur phylogénétique utile présent chez tous les procaryotes du

    monde (Woese et Fox, 1977). Le gène de l'ARNr 16S est fortement conservé, mais

    contient également des régions variables avec des séquences de signature spécifiques à

    l'espèce. Les bases de données publiques offrent une énorme quantité de données sur les

    séquences du gène ARNr 16S ainsi que des données de qualité contrôlée qui sont

    disponibles dans plusieurs bases de données (De Santis et al., 2006 ; Pruesse et al., 2007;

    McDonald et al., 2012).

    Parmi les bactéries largement étudiées et exploitées les bactéries lactiques se trouvent dans

    deux embranchements distincts, à savoir le phylum des Firmicutes et Actinobactéries.

    Dans le phylum des Firmicutes les genres les plus importants de bactéries lactiques sont

    Enterococcus, Lactobacillus, Lactococcus, Leuconostoc, Pediococcus, Streptococcus et

    Weissella. Ces genres appartiennent à l'ordre des Lactobacillales et ont un contenu en GC

    faible (31-49%). au sein du phylum des Actinobactéries, les bactéries lactiques appartenant

    au genre Bifidobacterium ont une teneur élevée en GC (58- 61%) (Klaenhammer et al.,

    2005).

  • Synthèse Bibliographique

    11

    En plus des genres Enterococcus, Lactococcus et Leuconostoc (Figure 1), les bactéries

    lactiques importantes dans les aliments appartiennent aux genres Carnobacterium,

    Lactobacillus, Oenococcus, Pediococcus, Streptococcus, Tetragenococcus, Vagococcus et

    Weissella (Doyle et al., 2013).

    Figure 1: Position des genres Enterococcus, Lactococcus et Leuconostoc dans l’arbre

    phylogénique des bactéries lactiques sur la base de séquences du gène de l'ARNr 16S.

    (Holzapfel et al., 2001).

    Les nouveaux outils pour l’identification et la classification des bactéries lactiques

    remettent couramment et/ou complètent en cause les méthodologies traditionnelles basées

    sur les caractères phénotypiques. Ainsi, l'ancien genre Streptococcus a été divisé en trois

    genres: Enterococcus (E.), Lactococcus (L.) et Streptococcus sensu stricto (Alexander et

    al., 2001; Zongzhi et al., 2008). Par la suite, certaines bactéries lactiques, ressemblant à

    des lactocoques, ont été suggérées pour former un genre distinct, Vagococcus (V.) (Aly et

    al., 2004).

  • Synthèse Bibliographique

    12

    Les genres Lactobacillus, Leuconostoc et Pediococcus sont restés largement inchangés,

    mais certaines bactéries lactiques en forme de bâtonnets, auparavant incluses dans

    Lactobacillus, forment le genre Carnobacterium (C.) (Elliot et al., 1991), et les anciennes

    espèces Pediococcus halophilus ont été hissées au niveau du genre, formant le genre

    Tetragenococcus (T.) (Facklam et al., 1998).

    Dans ce travail nous nous sommes intéressés à l’étude de deux genres à savoir Lactococcus

    et Enterococcus.

    1-2-4-1 Lactococcus

    Les lactococoques sont des cocci en paires ou en chaînes, Gram+, non mobiles, catalase

    négative, non sporulés et anaérobies facultatifs appartenant au groupe des bactéries

    lactiques. Ils ont une température optimale de croissance de 30°C et peuvent survivre à

    10°C mais ne peuvent pas croitre à 45°C. Ce genre comprend 5 espèces ; L. lactis, L.

    garvieae, L. piscium, L. plantarum et L. raffinolactis et une nouvelle espèce nommée L.

    chungangensis (Cho et al., 2008 ; Tanigawa et al., 2010). Cette dernière a été isolée pour

    la première fois à partir de mousse de boue (Cho et al., 2008).

    Dans l’industrie alimentaire, certaines souches de Streptococcus et Lactococcus sont

    utilisées notamment comme agent d’acidification et de coagulation lactique en fromagerie,

    en salaison et dans la fabrication de yaourts (Thu, 2008). Les lactocoques sont étroitement

    associés aux produits laitiers, mais seul Lactococcus lactis est actuellement utilisé dans la

    technologie laitière (Thu, 2008). Lactococcus lactis est le principal constituant de

    beaucoup de cultures starter industrielles et artisanales utilisées pour la fabrication d'une

    large gamme de produits laitiers fermentés, y compris le lait acidifié et les fromages frais et

    doux (Vlieg et al., 2006).

    Cette espèce est subdivisée en L. lactis ssp. cremoris, L. lactis ssp. hordniae, L. lactis ssp.

    lactis et L. lactis ssp. lactis biovar diacetylactis (Schleifer et al., 1987; Vlieg et al., 2006).

    Parmi les espèces de Lactococcus, L. lactis ssp lactis et L. lactis ssp cremoris sont

    fréquemment utilisées comme souches starters dans les industries laitières, notamment en

    technologie fromagère (Cogan et Hill, 1993).

  • Synthèse Bibliographique

    13

    1-2-4-2 Enterococcus

    Les entérocoques sont des bactéries lactiques coccoïdes dont les cellules sont ovoïdes et se

    présentent sous forme de cellules isolées, ou en paires ou encore sous forme de chaînettes

    (Schleifer et Kilpper-Balz, 1984). Ces bactéries produisent des colonies de couleur

    blanchâtre. Elles sont généralement catalase négative, oxydase positive, anaérobies

    facultatives, non mobiles et non sporulées.

    Les entérocoques ont été isolés et caractérisés il y a 113 ans (Mac Callum et Hastings,

    1899). Ces bactéries commensales hautement évoluées ont été largement utilisées en

    industries alimentaires et comme probiotiques pour prévenir les maladies (Ramsey et al.,

    2014). Ils sont omniprésents dans la nature (Franzetti et al., 2004), et se retrouvent en

    grand nombre dans les légumes, le matériel végétal, et dans la nourriture, en particulier

    celle d'origine animale tels que les produits laitiers (Giraffa, 2003). Les entérocoques

    peuvent contaminer le lait soit directement par les fèces d’animaux soit indirectement par

    une source d’eau contaminée ou par l’équipement laitier ou par les tanks de stockage

    (Giraffa, 2003).

    Des souches d’Enterococcus ont été isolées de l’eau (Oliveira et Pinhata, 2008), de

    plantes (Svec et al., 2011), d’animaux (Jung et al., 2007), d’aliments (Gomes et al., 2008)

    et du sol probablement comme résultat de la dissémination de sources fécales et de leur

    tolérance naturelle aux conditions environnementales (Giraffa, 2002). Leur statut est

    considéré généralement comme ambigu quant à la procédure d’évaluation de sa sécurité

    (Ogier et Serror, 2008). D’une part les entérocoques sont considérés utiles en

    technologies fromagères avec quelques souches utilisées comme culture starter (Giraffa,

    2003). D’autre part ils sont considérés comme des pathogènes humains émergeants

    (Moellering, 1992).

    La majorité des entérocoques sont positifs au test de Voges-Proskauer qui relie la

    production d'acétoine à la fermentation du ribose. Ce test est largement utilisé dans la

    discrimination entre Enterococcus et Streptococcus. Les entérocoques sont des micro-

    organismes mésophiles qui se développent dans une gamme de températures allant de 10 à

    45°C, avec une température optimale de 35°C (Higashide et al., 2005). Ces bactéries sont

    homofermentaires. Elles produisent essentiellement de l'acide lactique et en quantité

    moindre, de l'acétate, du formiate et de l'éthanol ; en anaérobiose, le lactate est le principal

  • Synthèse Bibliographique

    14

    produit du métabolisme du glucose, tandis qu'en condition d'aérobiose, les produits du

    métabolisme sont l'acétate et le CO2 (Schleifer et al., 1984 ; LeBlanc, 2006).

    Les entérocoques tolèrent les pH extrêmes, les radiations ionisantes, le stress osmotique et

    oxydatif, de fortes concentrations de métaux lourds et d’antibiotiques (Ramsey et al.,

    2014).

    La diversité phénotypique des entérocoques rend leur identification par des tests

    physiologiques difficile (Devriese et al., 1993; Park et al., 1999). Sur la base de caractères

    phénotypiques, les entérocoques étaient classés par Lancefield dans le groupe des

    streptocoques D. En 1984 la classification de ces bactéries a connu des modifications

    significatives grâce aux hybridations ADN-ADN et ADN-ARN. Les résultats des

    hybridations démontrèrent que les entérocoques sont éloignés des streptocoques. La

    plupart des membres du groupe D des Streptococci, y compris Streptococcus faecalis et

    Streptococcus faecium ont été inclus dans le nouveau genre Enterococcus (Schleifer et

    Kilpper-Balz, 1984).

    Le genre Enterococcus appartient à la famille des Enterococcaceae avec le genre

    Atopobacter, Catellicoccus, Melissococcus, Pilibacter, Tetragenococcus et Vagococcus

    (Devriese et al., 2006, Euzéby, 2010). Les deux espèces les plus fréquemment isolées de

    produits laitiers sont E. faecalis et E. faecium (Franz et al., 1999; Gelsomino et al., 2001).

    E. durans est rencontré à moindre étendue dans le lait et produits fromagers alors que E.

    hirae et E. casseliflavus sont aussi occasionnellement rencontrés (Franz et al., 1999). Il a

    été démontré qu’E. durans est aussi fréquemment isolé de produits laitiers (Andrighetto et

    al., 2001).

    Les entérocoques sont phylogénétiquement plus étroitement apparentés aux genres

    Vagococcus, Tetragenococcus et Carnobacterium que les espèces du genre Streptococcus.

    Au cours des dix dernières années, le genre a été élargi et 54 espèces d'entérocoques sont

    actuellement reconnues (Euzeby, 1997; dernière mise à jour totale 7 Novembre 2014).

  • Synthèse Bibliographique

    15

    Sur la base de l'analyse de la séquence du gène d'ARNr 16S, plusieurs groupes

    phylogénétiques ont été distingués (Tableau 2) (Enterococcus faecium, Enterococcus

    faecalis, Enterococcus avium, Enterococcus casseliflavus, Enterococcus dispar,

    Enterococcus saccharolyticus et Enterococcus caecorum) (Williams et al., 1991 ; Klein,

    2003).

    Tableau 2: Enterococcus et leur répartition en groupes d'espèces (Franz et al., 2006)

    Groupe d'espèces basé sur

    la similarité du gène de

    l'ARNr 16S

    Espèces

    Groupe E. avium E. avium, E. devriesei, E. gilvus, E. malodoratus, E. pseudoavium.

    E. raffinosus

    Groupe E. caecorum E. caecorum, E columbae

    Groupe E. dispar E. dispar, E. asini, E. canintestini, E. hermanniensis, E. pallens

    Groupe E. faecalis E. faecalis, E. caccae, E. haemoperoxidus, E. moraviensis,

    E. silesiacus, E. termitis, E. ureasiticus, E. quebecensis

    Groupe E. faecium

    E. faecium, E. canis, E. durans, E. hirae, E. mundtii,

    E. phoeniculicola, E. ratti, E. villorum, E. thailandicus

    Groupe E. gallinarum E. gallinarum, E. casseliflavus

    Groupe E. saccharolyticus

    E. saccharolyticus, E. acquimarinus, E. camelliae,

    E. italicus, E. sulfurous

    1-2-5 Propriétés métaboliques d’intérêt technologique des entérocoques

    Les bactéries lactiques sont impliquées dans la production d'une multitude d'aliments

    fermentés (Lasagno et al., 2002), y compris les entérocoques qui grâce à la versatilité de

    leur métabolisme et à leur résistance intrinsèque aux conditions hostiles ont la capacité de

    coloniser une variété de niches. Ils possèdent de nombreux caractères technologiques et

    contribuent aux propriétés organoleptiques de produits fermentés (Ramakrishnan, 2012).

    Leur importance, soit comme starters ou culture additive en industrie, est très importante,

    ils peuvent produire plusieurs enzymes impliquées dans les transformations biochimiques

    tels que l’acidification, l’activité protéolytique/peptidolytique, l’activité

    lipolytique/estérolytique, le métabolisme du citrate/pyruvate et la production de

    bactériocines (Giraffa, 2003). Les entérocoques produisent une variété de produits tels que

    les produits aromatiques (Centeno et al., 1999), des enzymes (Sarantinopoulous et al.,

    2001; Ghrairi et al., 2008) et des bactériocines (Cleveland et al., 2001).

  • Synthèse Bibliographique

    16

    Ils contribuent à la texture, la flaveur, l’arôme et la sécurité de différents aliments tels que

    le fromage (Handmade) (Andrighetto et al., 2001), les saucisses (Sabia et al., 2002;

    Tanasupawat et al., 2008) et d’autres produits fermentés (Gardini et al., 2001; Gomes et

    al., 2008).

    Dans la région méditerranéenne, les souches d’Enterococcus spp. a joué un rôle important

    dans la préparation de divers produits laitiers et carnés fermentés pendant des siècles, et ils

    sont essentiels pour la maturation des produits fromagers et au développement de leur

    arôme (Foulquié-Moreno et al., 2006; Franz et al., 2011) en raison de la protéolyse, la

    lipolyse, et la production de diacétyle (Giraffa, 2003). L’utilisation d’entérocoques dans

    les fromages est très controversée. Elle est considérée comme essentielle pour la flaveur

    des fromages dans la plupart des pays du sud de l’Europe, alors que les pays du nord de

    l’Europe ne considèrent que les aspects négatifs (Ogier et Serror, 2008). Ces bactéries

    contribuent à la maturation et au développement d’arôme des fromages tels que Cheddar,

    Feta, Water-buffalo, Mozarella, Cebreiro, Venaco et Hispanico par leurs activités

    protéolytique et estérolytique, leur production de diacétyl et le métabolisme du citrate

    (Centeno et al., 1999). Des études rapportèrent l’influence positive de souches

    d’Enterococccus d’aliments dérivés de lait sur la maturation de fromage traditionnel

    (Franz et al., 1999; Giraffa, 2003; Foulquié-Moreno et al., 2006).

    1-2-5-1 Production d’acide

    La production d’acide est une propriété métabolique très appréciée chez les bactéries

    lactiques. Elle est la conséquence de la transformation des hydrates de carbone en acide

    lactique au cours de la croissance bactérienne (Monnet et al., 2008). Généralement les

    entérocoques présentent une faible capacité d’acidification au moins dans le lait

    (Sarantinopoulos et al., 2001 ; Giraffa, 2003). Une bonne culture starter productrice

    d’acide peut réduire le pH du lait de sa valeur normale d'environ 6,6 à 5,3 en 6 heures

    d’incubation en utilisant un inoculum de 10%, généralement les entérocoques présentent

    une faible capacité d’acidification du lait. Schirru et al., (2012) ont montré que l’activité

    acidifiante de E. faecium isolé à partir de lait de chèvre (de Sardaigne, Italie) est

    généralement faible. Récemment Subramanian et al. (2015) rapportèrent que E. faecalis

    CBRD01 possède un potentiel élevé pour la production d’acide lactique L(+) à partir de

    glucose avec des rendements élevés, des titres et de la productivité avec un minimum de

    formation de sous-produits même à l’échelle de bioréacteur.

  • Synthèse Bibliographique

    17

    Santos et al. (2015) ont observé que E. faecium EM485 et EM925 se développent dans le

    lait et sont capables de changer le pH du lait après 6, 24 et 48 heures d’incubation sans

    diminution de la charge bactérienne quand E. faecium EM485 et E. faecium EM925 sont

    maintenues dans le lait acidifié à pH 4 ou à pH 5 à 5°C pendant 30 jours. Ces

    caractéristiques technologiques sont intéressantes pour une utilisation postérieure dans les

    produits tels que le yaourt et le lait acidifié.

    1-2-5-2 Activité protéolytique

    L’activité protéolytique et peptidolytique est importante pour le développement des

    bactéries lactiques dans le lait et pour la maturation du fromage. Cependant la majorité des

    souches d'entérocoques présentent une faible activité protéolytique extracellulaire

    (Giraffa, 2003), conformément à plusieurs études effectuées par Arizcun et al. (1997),

    Tsakalidou et al. (1993), Andrighetto et al. (2001) et Sarantinopoulos et al. (2001). Les

    souches les plus actives appartiennent généralement à l'espèce E. faecalis, notamment

    d'origine alimentaire (Sarantinopoulos et al., 2001), et à moindre degré des souches d’E.

    durans. Une plus faible activité protéolytique est observée chez les souches d’E. faecium

    (Sarantinopoulos et al., 2001 ; Giraffa, 2003). Une étude de Schirru et al. (2012) a

    montré une faible activité protéolytique dans 2 des 4 souches testées d’E. faecium isolées à

    partir de lait de chèvre (de Sardaigne, Italie).

    1-2-5-3 Activité lipolytique et estérasique

    Les lipides ont un effet majeur sur la saveur et la texture du fromage. Les premiers travaux

    concernant les activités lipolytiques et estérolytiques d'entérocoques ont été réalisés par

    Lund (1965), qui a déterminé par électrophorèse la présence d'estérases dans les extraits de

    surnageant de culture de E. faecalis, E. faecium et E. durans. Sur la base de l'intensité des

    bandes estérolytiques, les souches d’E. faecalis ont montré une activité estérolytiques

    élevée. Sarantinopoulos et al. (2001) ont montré que toutes les souches d’E. faecalis, E.

    faecium et E. durans sont actives indépendamment de l'origine. E. faecium comme étant

    l’espèce la plus estérolytique de tous les entérocoques avec une plus large spécificité de

    substrat.

  • Synthèse Bibliographique

    18

    1-2-5-4 Métabolisme du citrate et pyruvate

    Outre la saveur produite par le biais de la conversion des acides aminés et de la lipolyse

    bactérienne, le métabolisme du citrate du lait contribue aux propriétés sensorielles de

    produits laitiers fermentés (Hugenholtz, 1993). Le citrate est présent dans de nombreuses

    matières premières qui sont utilisées dans les fermentations alimentaires tels que les fruits,

    les légumes et le lait, et il est également utilisé comme additif pour la fabrication de

    saucisses fermentées (Foulquié Moreno et al., 2006).

    La glycolyse et le métabolisme du citrate d’E. faecium, E. faecalis et E. durans conduisent

    à la formation de l'acétate, l'acétaldéhyde, le diacétyle, l'acétoïne, le 2,3-butanediol et le

    pyruvate (Figure 2) et sont donc importants dans la formation de la saveur pendant la

    fermentation du lait et de l'affinage des produits laitiers fermentés (Sarantinopoulos et al.,

    2001; Rea et Cogan, 2003).

    Figure 2 : Voie schématique montrant la relation métabolique entre citrate et glucose

    (Cabral et al., 2007) 1 : citrate lyase ; 2 : Oxaloacétate décarboxylase ; 3 : lactate

    déhydrogénase ; 4 : α-acétolactate synthase ; 5 : α-acétolactate décarboxylase ; 6 : diacétyl

    et/ou acetoine réductase ; 7 : complexe pyruvate déhydrogénase ; 8 : pyruvate formate

    lyase ; 9 : acétate kinase ; 10 : alcool déhydrogénase.

  • Synthèse Bibliographique

    19

    L’acétate et le diacétyle produits par des souches starters ont un effet marquant sur la

    qualité du beurre, le babeurre, et certains fromages tels que le cheddar et emmental; en

    particulier, le diacétyle qui contribue principalement à la saveur des produits laitiers

    fermentés (Marshall, 1987; Yvon et Rijnen, 2001 ; Tunick, 2007).

    Le métabolisme du citrate et la lipolyse par les entérocoques sont supposés être

    responsables du développement de l'arôme et de la saveur dans les fromages

    méditerranéens (Tsakalidou, 1993 ;Centeno et al., 1996 ; Gardiner et al ; 1999 ;

    Giraffa, 2003 ).

    En l'absence de glucose E. faecium FAIR-E 198, un isolat de fromage grecque Feta, était

    capable de métaboliser le citrate dans une gamme de pH constant (5,0 à 7,0). A pH 8,0, le

    citrate n’a pas été métabolisé, bien que la croissance a eu lieu. Les principaux produits

    finaux du métabolisme du citrate sont l'acétate, le formate, l'acétoïne et le dioxyde de

    carbone, tandis que l'éthanol et le diacétyle étaient présents en petites quantités. En

    présence de glucose, le citrate a été co-metabolisé, mais il n’a pas contribué à la croissance.

    En outre, plus d'acétate et moins d’acétoïne ont été produits par rapport à la croissance

    dans un milieu MRS et en l'absence de glucose. La majeure partie du citrate a été

    consommé pendant la phase stationnaire, ce qui indique que l'énergie produite par le

    métabolisme du citrate a été utilisé pour l'entretien (Vaningelgem et al., 2006).

    1-2-6 Application des entérocoques comme probiotiques

    La plupart des cultures probiotiques sont d'origine intestinale et appartiennent aux genres

    Lactobacillus et Bifidobacterium, tandis que des espèces d’Enterococcus ne sont

    qu’occasionnellement utilisés comme probiotiques (Temmerman et al., 2003). Les

    caractéristiques associées aux probiotiques comprennent le maintien de l'équilibre du

    microbiote intestinal (Arvola et al., 1999), le contrôle de la diarrhée (Arvola et al., 1999),

    la stimulation du système immunitaire (Isolauri et al., 2004), ce qui réduit

    l'hypersensibilité aux allergènes et l'eczéma chez les enfants (Kalliomäki et al., 2001), la

    prévention des inflammations intestinales (Isolauri et al., 2000; Kalliomäki et al., 2001),

    et la modulation des effets indésirables du lactose chez les individus ayant une intolérance

    au lactose (Griffin et al., 2002).

  • Synthèse Bibliographique

    20

    La résistance au suc gastrique et aux sels biliaires et la production de composés

    antimicrobiens tels que les entérocines (Franz et al., 1999; Saarela et al., 2000) font des

    entérocoques de bon candidats probiotiques. Beaucoup de ces souches ont fait l’objet

    d’étude et sont commercialisées comme probiotiques (Franz et al., 1999).

    Par exemple un lait fermenté Gaio contenant un probiotique E. faecium est commercialisé

    au Danemark (Tamime, 2002). La souche E. faecium SF68 a été utilisée pour traiter la

    diarrhée comme alternative aux traitement par des antibiotiques (Bellomo et al., 1980).

    Une autre application comme probiotique des entérocoques est la culture Causido qui

    consiste en une souche de Streptococcus thermophilus et une souche d’E. faecium (Franz

    et al., 2003).

    Des souches de E. faecium et E. faecalis ont été appliquées chez l'homme, des suppléments

    de probiotiques, E. faecalis ont été largement utilisés comme compléments alimentaires à

    usage vétérinaire (Foulquié Moreno et al., 2006). Les souches probiotiques

    d’Enterococcus sont utilisées comme supplément dans les aliments et l’alimentation des

    volailles pour remplacer l’utilisation d’antibiotiques (Araujo et de Luces Rortes

    Ferreira, 2013). L’utilisation de souches probiotiques E faecium (Cylacin ME 20 Plus R

    50g/ T) dans l’alimentation de poulet est efficace pour contrôler et réduire le nombre de

    Salmonella minnesota. Il a été démontré que ces probiotiques sont une alternative pour

    remplacer l’utilisation d’antibiotiques pour contrôler les pathogènes (Kuritza et al., 2011).

    1-3 Activité antimicrobienne

    L'effet conservateur exercé par les bactéries lactiques est principalement du à la production

    d'acides organiques (tels que l'acide lactique) qui aboutissent à des valeurs de pH

    abaissées. Les bactéries lactiques produisent également des composés antimicrobiens, y

    compris le peroxyde d'hydrogène, le CO2, le diacétyle, l'acétaldéhyde, des isomères D

    d'acides aminés, les bactériocines et la reutérine (Cintas et al., 2001).

    1-3-1 Acides organiques

    Les métabolites antimicrobiens les plus importants et les mieux caractérisés produits par

    les bactéries lactiques sont l'acide lactique et l’acide acétique. La conversion des sucres en

  • Synthèse Bibliographique

    21

    acides organiques et la réduction du pH sont les actions de conservation primaires que les

    bactéries lactiques fournissent aux aliments fermentés. La quantité et le type des acides

    produits durant la fermentation influencent l'activité microbienne. Par exemple, l'acide

    acétique est plus antagoniste contre les levures par rapport à l'acide lactique (Suskovic et

    al., 2010).

    L'effet inhibiteur des acides organiques est principalement causé par la forme de la

    molécule non dissociée, qui diffuse à travers la membrane cellulaire vers le cytosol plus

    alcalin et interfère avec les fonctions métaboliques essentielles. Les effets toxiques de

    l'acide lactique et de l'acide acétique comprennent la réduction du pH intracellulaire et la

    dissipation du potentiel de membrane (Lorca et de Valdez, 2009). Dalie-Doguiet et al.

    (2010) ont émis l'hypothèse que les acides organiques agissent sur la membrane

    cytoplasmique en neutralisant son potentiel électrochimique et en augmentant sa

    perméabilité, conduisant ainsi à l’effet bactériostatique et une éventuelle mort de bactéries

    sensibles.

    1-3-2 Peroxyde d’hydrogène

    Dans le lait cru, le peroxyde d'hydrogène produit par des bactéries lactiques peut, après

    avoir été catalysée par la lactoperoxydase, oxyder le thiocyanate endogène. Les produits

    intermédiaires oxydés sont toxiques pour les différentes bactéries (Daechel, 1989). La

    production de peroxyde d'hydrogène a été considérée comme le principal métabolite de

    bactéries lactiques qui pourrait protéger contre les infections urogénitales, en particulier

    dans le cas de vaginose bactérienne (Reid, 2008).

    Moy et al. (2004) ont montré que E. faecium est capable d’éliminer Caenorhabditis

    elegans par une toxine diffusible produite après croissance des bactéries dans des

    conditions d’anaérobies. La mort du nématode est due au peroxyde d’hydrogène d’E.

    faecium libéré en quantités importantes.

    L'activité antimicrobienne du peroxyde d'hydrogène est attribuée à son fort effet oxydant

    sur la cellule bactérienne et à la destruction des structures moléculaires cellulaire de base

    (Lindgren et Dobrogosz, 1990). Son effet inhibiteur consiste en l’oxydation des lipides

    membranaires ayant pour conséquence l’augmentation de la perméabilité membranaire. Il

  • Synthèse Bibliographique

    22

    est aussi responsable de l’oxydation des groupes sulfhydrile et donc de la dénaturation de

    de plusieurs enzymes (Lindgren et Dobrogosz, 1990).

    1-3-3 Diacétyle, acétaldéhyde et acétoïne

    Les bactéries lactiques hétérofermentaires produisent de l'acétaldéhyde actif par

    décarboxylation du pyruvate. Ce produit se condense avec le pyruvate, formant l’α

    acétolactate puis il est converti par l’α acétolactate-synthases en diacétyle. Le produit de

    décarboxylation de l’α-acétolactate et la réduction de diacétyle est l’acétoïne (Jyoti et al.,

    2003 ; Collins et al., 2009 ).

    L'utilisation de diacétyle comme conservateur alimentaire est limitée puisqu’elle nécessite

    d’importantes concentrations pour assurer la conservation des aliments. Cependant il peut

    inhiber la croissance des bactéries à Gram négatif en affectant l’utilisation de l’arginine

    (Jay, 1986). Les bactéries à Gram négatif, les levures et les moisissures sont plus sensibles

    au diacétyle que les bactéries à Gram positif (Jay, 1986 ; Motlagh et al., 1991 ; De Vuyst

    et Vandamme, 1994).

    De même, un acétaldéhyde est habituellement présent dans les produits laitiers fermentés à

    des concentrations plus faibles que nécessaire pour l'inhibition des micro-organismes

    indésirables et joue donc également un rôle dans le contrôle de la croissance de

    contaminants, ainsi que d'autres métabolites antimicrobiens de bactéries lactiques

    (Vanderbergh, 1993). L’acétaldéhyde inhibe la croissance de Staphylococcus aureus, de

    Salmonella typhimurium et E. coli dans les produits laitiers (Piard et Desmazeaud, 1991).

    1-3-4 Dioxyde de carbone

    L'influence du dioxyde de carbone sur la conservation des produits est double. A

    l'exception de sa propre activité antimicrobienne, elle crée un environnement anaérobie en

    remplaçant l'oxygène moléculaire existant. L'activité antifongique du CO2 est due à

    l'inhibition de décarboxylations enzymatiques et à son accumulation dans la bicouche

    lipidique de la membrane entraînant un dysfonctionnement de la perméabilité (Lindgren

    et Dobrogosz, 1990). La croissance de nombreux micro-organismes responsables de la

    détérioration des aliments peut être inhibée efficacement par le dioxyde de carbone : c’est

  • Synthèse Bibliographique

    23

    le cas de bactéries à Gram négatif psychrotrophes ou encore des espèces de Pseudomonas

    contaminants des laits crus (Farber, 1991 ; Hotchkiss, 1999).

    1-4 Bactériocines et Entérocines

    La sécrétion de peptides antimicrobiens (bactériocines) connus pour leur effet inhibiteur

    dirigé contre des virus enveloppés, bactéries, champignons, parasites ainsi que des cellules

    cancéreuses a été observée chez quelques bactéries, champignons, plantes, insectes et des

    vertébrés (Pálffy et al., 2009). Chez de nombreuses espèces de bactéries à Gram négatif ou

    positif, des bactériocines ont été caractérisées mais les plus étudiées sont celles des

    bactéries lactiques (Klaenhammer, 1993). Ces bactériocines sont d'un intérêt particulier

    pour l'industrie alimentaire (Nettles et Barefoot, 1993), étant donné qu’elles sont produites

    par des bactéries lactiques ayant le statut GRAS.

    Rodriguez et al. (2000) ont montré que les bactéries lactiques issues de laits crus de

    brebis, de chèvres ou de vaches produisent de nombreuses et diverses bactériocines. En

    effet les bactériocines des bactéries lactiques offrent des potentielles pour des applications

    biotechnologiques puisqu’elles sont (i) exempt d'effets indésirables, (ii) stables à faibles

    valeurs de pH, (iii) faciles à produire et (iv) sensibles aux protéases (Todorov, 2009). Elles

    peuvent être distinguées des antibiotiques par leur synthèse dans les ribosomes plutôt que

    des métabolites secondaires (Hurst, 1981).

    Les bactériocines sont des peptides antimicrobiens synthétisés par voie ribosomale

    présentant un antagonisme principalement contre des espèces apparentées de bactéries à

    Gram positif (Jack et al., 1995). Elles sont produites dans le cadre de leur mécanisme de

    défense et sont dans la plupart du temps thermostables (Klaenhammer, 1988 ;

    Klaenhammer, 1993 ; Cotter et al., 2005).

    A cette définition des bactériocines s’ajoutent d’autres caractéristiques telles que leurs

    sensibilités aux protéases dans le tube digestif humain (Cheng et al., 2003) et la présence

    de plusieurs résidus de lysine et d'arginine et des molécules amphipathiques qui sont

    composées de 10 à 45 acides aminés (Van Belkum et al., 2000) conférant aux peptides le

    caractère cationique.

  • Synthèse Bibliographique

    24

    En plus de leurs propriétés technologiques et antagonistes citées ci-dessus, beaucoup de

    souches d’entérocoques, principalement E faecalis et E faecium, peuvent produire une

    variété de bactériocines actives contre Listeria monocytogenes, Staphylococcus aureus,

    Clostridium botulinum, Clostridium perfringens, et Vibrio cholerae (Ogier et Serror,

    2008).

    Depuis la découverte de bactériocines chez les entérocoques par Kjem (1955), un grand

    nombre de bactériocines produites par des entérocoques ont été décrites et ont été

    complètement caractérisées au niveau biochi