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RAPPORT SUR LE COMMERCE MONDIAL 2010 44 Cette section donne un aperçu général du rôle du commerce des ressources naturelles dans l’économie mondiale. Elle commence par un examen des définitions et de la terminologie, en mettant l’accent sur les principales caractéristiques qui distinguent les ressources naturelles des autres types de marchandises faisant l’objet d’échanges. Ces caractéristiques sont notamment le caractère épuisable des ressources naturelles, leur répartition géographique inégale, la présence d’externalités liées aux retombées de l’extraction et de l’utilisation des ressources naturelles, la prédominance du secteur des ressources naturelles dans de nombreuses économies nationales et la forte volatilité des prix de cette catégorie de marchandises. Diverses données statistiques concernant les ressources naturelles sont ensuite présentées pour montrer l’importance et l’orientation des flux commerciaux. B. Les ressources naturelles : définitions, structure des échanges et mondialisation

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Cette section donne un aperçu général du rôle du commerce des ressources naturelles dans l’économie mondiale. Elle commence par un examen des définitions et de la terminologie, en mettant l’accent sur les principales caractéristiques qui distinguent les ressources naturelles des autres types de marchandises faisant l’objet d’échanges. Ces caractéristiques sont notamment le caractère épuisable des ressources naturelles, leur répartition géographique inégale, la présence d’externalités liées aux retombées de l’extraction et de l’utilisation des ressources naturelles, la prédominance du secteur des ressources naturelles dans de nombreuses économies nationales et la forte volatilité des prix de cette catégorie de marchandises. Diverses données statistiques concernant les ressources naturelles sont ensuite présentées pour montrer l’importance et l’orientation des flux commerciaux.

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sommaire 1. Définitionsetprincipalescaractéristiquesdesressourcesnaturelles 46

2. Commercedesressourcesnaturellesetindicateursconnexes 54

3. Modesd’échangedesressourcesnaturelles 59

4. Ressourcesnaturelles:lamondialisationetledébatintellectuel 63

5. Conclusions 70

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Commelecommercedesressourcesnaturellesesteffectuépour l’essentiel par l’intermédiaire de bourses de produitsorganisées, nous examinons le rôle des marchés financiersdans la détermination des prix et des quantités. Nousprésentonsensuiteunhistoriqueducommercedesressourcesnaturellesdepuislarévolutionindustrielle,quis’articuleautourde trois thèmes récurrents: l’évolution technologique, lalibéralisation des échanges et la pénurie. Cet historiqueretrace aussi l’évolution de la réflexion sur la façon dont laperceptiondesressourcesnaturelless’estmodifiéeàtraversle temps,ensoulignant le rôledéterminantdecesdernièresdans les résultatséconomiquesetpolitiques.Ensemble,cesdifférentes analyses fournissent des renseignementsessentiels pour les examens théoriques et politiquesprésentésdansleschapitressuivants.

1. Définitionsetprincipalescaractéristiquesdesressourcesnaturelles

Il est difficile de définir avec précision les ressourcesnaturelles, en particulier dans le contexte du commerceinternational.Laplupartdesgensontuneidéeintuitivedeceque sont les ressources naturelles, mais on ne peut pas sefonder sur des définitions de «sens commun» car ellesrisquentdeposerproblèmeencasd’ambiguïté.Parexemple,ilestévidentquelepétrolebrutetleboissontdesressourcesnaturelles, mais il est moins aisé de classer les produitsintermédiairesetlesproduitsfinalsquiensontissus.

Toutes les marchandises incorporent des ressourcesnaturelles (par exemple les automobiles contiennent dumineraidefer);ounécessitentdesressourcesnaturellespourêtreproduites (parexemple lesculturesvivrièresontbesoinde terre et d’eau), si bien que toutes les marchandisespourraientfortbienêtreconsidéréescommedesressourcesnaturelles.Cette approche serait cohérentedupoint de vuelogiquemaisparailleursellenepermettraitguèredeclarifierles choses. À l’inverse, on pourrait choisir de se concentrerstrictement sur les ressources à l’état naturel. Mais cela nefaciliterait guère le classement, même lorsqu’il s’agitclairement de ressources naturelles car la plupart desressources nécessitent un minimum de transformation pourpouvoir être échangées ou consommées. Quelle que soit ladéfinitionretenue,lalignededémarcationentrelesressourcesnaturelles et les autres marchandises sera toujours quelquepeuarbitraire.

AuxfinsduprésentRapport,nousdéfinissonslesressourcesnaturelles comme étant les «stocks de matières présentesdanslemilieunaturelquisontàlafoisraresetéconomiquementutilespourlaproductionoulaconsommation,soitàl’étatbrut,soitaprèsunminimumdetransformation».1Ilfautnoter,danscette définition, le qualificatif «économiquement utile». Parexemple,l’eaudemerestunesubstancenaturellequirecouvreunegrandepartiedelasurfaceduglobe,maisdontlavaleurintrinsèqueoudirectepourlaconsommationoulaproductionestlimitée.Lesmarchandisesdoiventaussiêtreraresausenséconomique pour être considérées comme des ressourcesnaturelles,sinononpourraitenconsommerautantqu’onveutsansquecelaaituncoûtpoursoioupourlesautres.

Selon cette définition, l’air ne serait pas considéré commeune ressource naturelle parce qu’on peut l’obtenirgratuitement,simplementenrespirant.Celaneveutpasdirequel’air(enparticulierl’airpur)ni,d’ailleurs,l’eaudemer(parexempleentantquepuitsdecarbone)sontsansvaleur,maiscela signifie que ce ne sont pas des produits pouvant être

échangés sur les marchés. Dans le présent Rapport, lestermes«ressources»et«ressourcesnaturelles»sontutilisésdemanièreinterchangeable.

Une définition utile devrait non seulement préciser la naturedes ressources naturelles mais aussi faire une distinctionentre ce qui est et ce qui n’est pas une ressource naturelle.D’aprèslescritèressusmentionnés,ilestclairquedesproduitsmanufacturés comme les automobiles et les ordinateurs neseraient pas considérés commedes ressources, puisque lesunsetlesautressontissusd’unprocessusdetransformationplusqueminime.Toutefois, ilne faudraitpasendéduirequetous lesproduitsprimairessontconsidérés,dans leRapport,commedes ressourcesnaturelles.Parexemple, alorsque laplupart des produits agricoles, y compris les produitsalimentaires,sontdesproduitsprimaires,nousnelesclassonspas parmi les ressources naturelles pour plusieurs raisons.D’abord, leur production nécessite d’autres ressourcesnaturellescommeintrants,enparticulierlaterreetl’eau,maisaussidifférentstypesd’engrais.Surtout,lesproduitsagricolessontcultivés,etnonextraitsdumilieunaturel.

Il y a deux exceptions importantes dans ce Rapport: lesproduits de la pêche et les produits forestiers, qui sontnormalement classés sous la rubrique agriculture dans lesstatistiquescommercialesdel’OMC,maisquisontconsidérésicicommedes ressourcesnaturelles.Tant lesproduitsde lapêche que les produits forestiers peuvent être cultivés –aquaculture,dans lepremiercas,gestion forestière,dans lesecond. Mais, traditionnellement, ces produits étaientsimplementextraitsdestocksnaturels,cequiesttoujourslecas pour la plupart. Il est malheureusement impossible defaire une distinction entre les variétés cultivées et noncultivées de ces produits dans les bases de donnéesclassiquessurlecommerceinternational,maisons’efforcedelefaireicidanslecasdesproduitsdelapêche.

Les ressources naturelles peuvent être considérées commedes biens en capital naturel, distincts du capital matériel ethumain,danslamesureoùilsnesontpascréésparl’activitéhumaine.Lecapitalnaturelpeutêtreunintrantpotentiellementimportant dans la «fonction de production» d’un pays –c’est‑à‑dire Y = f (K, L, N),où« Y» représente laproduction,«K»lecapital,«L»letravailet«N»lesressourcesnaturelles.Ilest important de faire une distinction entre les ressourcesnaturellesentantquefacteursdeproduction,etlesressourcesnaturelles en tant que marchandises pouvant faire l’objetd’échanges internationaux. Par exemple, les minéraux, lepétroleetd’autresmatièrespeuventêtreextraitsetpeuvententrer dans le commerce international. Mais d’autresressourcespeuventformerlabaseéconomiquededifférentssecteursdel’économienationaleetdecefait,ellesn’entrentdans lecommercequedemanière indirecte(Josling,2009).Parexemple,leclimatetlespaysagespeuventêtreexportésparlebiaisdutourisme.Demême,laterreagricole,quiestlaressourcenaturelle«fixe,immobile»parexcellence,peutêtreexportée à travers les produits agricoles qui y sont cultivés.Ainsi, fondamentalement, les ressources naturelles sontsouvent un motif d’échange et non des biens marchands àproprementparler.

L’Appendicestatistiquecontientunedéfinitionstatistiqueplusprécise indiquant exactement quels produits doivent êtreconsidérés comme des ressources naturelles dans lesstatistiques commerciales, mais le Rapport couvreprincipalementlesgroupesdeproduitssuivants:produitsdelapêche,produitsforestiers,combustibles,mineraisetautresminérauxetmétauxnonferreux.Prisensemble,les«mineraisetautresminéraux»etles«métauxnonferreux»sontappelés«produits des industries extractives». Des acceptions plus

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Commecelaaétéditprécédemment,lesressourcesnaturellesquirelèventdenotredéfinitionontgénéralementencommunplusieurs caractéristiques essentielles: caractère épuisable,répartitioninégaleentrelespays,externalitésnégativesdansd’autres domaines, prédominance dans les économiesnationales et volatilité des prix. Nous allons maintenantexaminer chacune de ces caractéristiques et les illustrer aumoyend’exemplesconcrets.

(a) Caractèreépuisable

En économie des ressources, on fait généralement unedistinction entre les ressources renouvelables et lesressources non renouvelables. Une ressource renouvelableest une ressource dont la quantité s’accroît ou qui serenouvelle sur une courte période (c’est‑à‑dire une périodepertinentedupointdevueéconomique).Parconséquent,siletaux d’extraction tient compte des limites de la capacité dereproduction de la ressource, une ressource renouvelablepeut avoir un rendement pendant une durée infinie. Bienentendu,ledélaidoitêtrepertinentdupointdevueéconomiquecar certaines ressources peuvent être renouvelables enprincipe, mais pas en pratique. Par exemple, il faut descentainesdemillionsd’annéespourque lesarbresmortssetransformentencharbonetenpétrole(BlundelletArmstrong,2007), et des centaines d’années pour que certains typesd’arbresarriventàmaturité(Conrad,1999),desorteque lesforêts anciennes ne seraient pas considérées comme desressourcesrenouvelablesbienqu’ellesserenouvellentavecletemps. Les ressources halieutiques et les forêts sont desexemplesclassiquesderessourcesrenouvelables.

Lesressourcesnonrenouvelablessontdéfiniescommeétanttoutes les ressources qui ne s’accroissent pas ou qui ne serenouvellentpas avecletemps.Onpourraitdireaussiquelesressourcesnonrenouvelablesexistentenquantitésfinies,desorte que chaque unité consommée aujourd’hui réduit laquantité disponible pour la consommation future. Lesexempleslespluscourantsderessourcesnonrenouvelablessontlescombustiblesfossileset lesgisementsdeminéraux.Leterme«épuisable»estparfoisemployécommesynonymede «non renouvelable», mais il convient de noter que lesressources renouvelables peuvent aussi être épuisables siellessontsurexploitées.

Engénéral, lagestiondurabled’uneressourcereposesur lacapacitédesurveillerl’évolutiondesstocksetdeprendredesmesures correctives si l’on observe une dégradation ou undéclin importants.Danslecasdesbiensmatérielsfabriquéspar l’homme, le coût de l’entretien, du renouvellement, del’augmentation et de l’amélioration du stock de capital faitclairementpartiedescoûtsdeproduction(ladépréciationducapital est considérée comme une dépense). Mais, pour lesressources naturelles, ce n’est pas toujours le cas. Biensouvent,lavaleurducapitalnatureln’estpaspriseencompteau niveau de l’entreprise ou dans la comptabilité nationale.Celasignifiequenilacontributiondesressourcesnaturellesàlacroissance,ni l’étendueetl’impactdeleurdégradation,nesont pleinement mesurés et reconnus par les décideurspolitiques.

L’effetdelarecherchederenteestunautretypedecoûtquiestliéaucaractèreépuisabledesressourcesnaturellesmaisquin’estpasexpressémentprisencomptedansleurutilisation.

La rareté des ressources naturelles génère une renteéconomique(primequelepropriétairedelaressourcereçoitau‑delàducoûtd’opportunité,c’est‑à‑direducoûtdumeilleuremploi alternatif possible de la ressource). Les politiques, ycomprislesmesurescommerciales,quimodifientl’offreetlademande et, donc, le prix des ressources, modifient ladistributiondesrentesdansletempsetentrelespays,cequiconduitparfoisàdestensionsinternationales.

L’évolutiontechnologiquepeuteffectivementaccroître l’offrede ressourcesencontribuantàdenouvellesdécouverteseten permettant l’exploitation de stocks qui ne pouvaient pasêtreatteintsauparavant.D’aprèsleBPWorldEnergyReview(2009),lesréservesprouvéesdepétrole2danslemondeontaugmenté,passantde998milliardsdebarilsen1988à1069milliardsdebarilsen1998,età1258milliardsdebarilsen2008,principalementgrâceauxnouvellesdécouvertesetauxprogrèsdestechniquesd’extraction.L’évolutiontechnologiquepeutaussiavoiruneinfluencesurletauxd’épuisementd’uneressource, soit en augmentant son taux d’utilisation (parexemple l’électricité en raison de l’utilisation accrue dematériel électronique, d’ordinateur, etc.) soit en le réduisant(parexempleréductiondelaconsommationdesautomobiles).Desprogrèstechnologiquesdecegenrepeuventmodifierlerythmed’épuisementd’uneressource,maispaslefaitqu’elleestépuisable.

Denombreuxexpertsenpétroleestimentque laproductionmondialedepétroleaatteint,ouatteindrabientôt,sonniveaumaximumappelé«picpétrolier»(Hackett,2006).Unefoisceniveauatteint,onpensequ’ilseradeplusenplusdifficiledes’approvisionnerenpétroleetquelaproductionconnaîtraundéclin inexorable, selon une distribution logistique appeléecourbedeHubbert.Cettecourbeenformedeclocheportelenom de M. King Hubbert, qui, dans les années 1950, avaitprédit avec justesse que la production pétrolière desÉtats‑Unisculmineraitvers1970etdiminueraitensuite(voirlafigure1).Lesthéoriciensdupicpétrolierlespluspessimistesprédisent d’énormes perturbations économiques dans unavenir proche par suite de la diminution rapide desapprovisionnements, tandis que d’autres observateurs, plusoptimistes,estimentquelaproductionpétrolièremondialeneculminera que dans des années, voire des décennies. Lathéoriedupicpétrolieramoinsbienréussiàprédirel’apogéede la production de pétrole ailleurs qu’aux États‑Unis ou auniveaumondial,maisraressontceuxquicontestentl’idéequelaproductionpétrolièrediminueradansl’avenirsilestauxdeconsommationactuelssemaintiennent.

Lepoissonestunautreexemplede ressource renouvelablequi pourrait être en déclin. Selon les statistiques del’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation etl’agriculture(FAO),laproductionmondialetotaledelapêcheestpasséede98millionsdetonnesen1990à140millionsdetonnes en 2007, soit une augmentation de 42 pour cent.Pendantlamêmepériode,lesexportationsmondialestotalesde poissons ont augmenté de 60 pour cent, passant de 33millions de tonnes à 53 millions de tonnes. La part ducommercedanslaproductionmondialeaelleaussiprogressé,passantde34pour centen1990à38pour centen2007.Malgré l’augmentationde laproductionetducommerce, lesprises annuelles de poissons de mer et d’eau douce sontrestées assez stables pendant cette période, à environ 90millions de tonnes, la croissance enregistrée au cours desdernières années étant due presque entièrement àl’aquaculture,ou«pisciculture»(voirlafigure2).Celapourraitsignifier que les pêcheries océaniques d’eaux douces ontatteintunpicdeproductionetsontmenacésdesurexploitationdufaitdelademandecroissante.

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(b) Répartitioninégaleentrelespays

Denombreusesressourcesnaturellessontconcentréesdansunpetitnombredepays, tandisqued’autrespaysdisposentderéserveslimitées.Parexemple,letableau1del’Appendicemontre que près de 90 pour cent des réserves mondialesprouvéesdepétrolesetrouventdansseulement15pays(surun peu plus de 200 pays dans le monde actuellement), et99 pour cent des réserves de pétrole se trouvent dans 40pays.3Lecommerceinternationalpeutaideràremédieràcesdisparités dans la dotation en ressources naturelles enpermettant le transfert de ressources des régions où l’offreestexcédentaireauxrégionsoùlademandeestexcédentaire,cequipeutaussicontribuerà leurutilisationplusefficiente.Toutefois,commelesressourcesnaturellessontdesintrantsindispensables à la production, et comme elles sont aussinécessairesaumaintiendelaqualitédelaviedespersonnes,la répartition inégalepeutêtre sourcede tensionsentre lesnations.

Ces tensions peuvent être différentes de celles qui sontobservées dans le cas d’autres types de biens. Dans laplupart des différends commerciaux qui portent sur desproduits agricoles ou des produits manufacturés, un payscherche à limiter les importations, et ce pour diversesraisons, notamment pour des raisons budgétaires, poursouteniruneindustrienaissanteou«stratégique»,pourdesraisonsd’intérêtpublic(santé,environnement,sécurité,etc.),ou en réponse à des pratiques commerciales que le paysimportateur juge déloyales. À l’inverse, la plupart des paysimportateurs sont désireux d’obtenir des ressourcesnaturelles des fournisseurs étrangers. Mais les paysexportateurspeuventêtreréticentsàlaisserleursressourcespartir vers d’autres pays et ce, aussi, pour des raisonsdiverses, notamment pour répondre à des besoinsbudgétaires, pour diversifier l’économie en développant latransformation des matières premières pour garantir unapprovisionnement intérieur adéquat et pour protégerl’environnement.

Figure1:Production pétrolière mensuelle des états-unis, de janvier 1920 à janvier 2010 (Millionsdebarils)

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Source: Départementdel’énergiedesÉtats‑Unis,Serviced’informationsurl’énergie.

Figure2:Production mondiale de poisson, 1990-2007 (Millionsdetonnes)

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Production de l'aquaculture Production de la pêche de capture Production totale de poisson

Source: OrganisationdesNationsUniespourl’alimentationetl’agriculture,basededonnéesAQUASTAT.

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La répartition géographique inégale des ressourcesnaturellesfaisantl’objetd’échangesestillustréeaussiparlescartes 1 à 5 de l’Appendice, qui indiquent les exportateursnets et les importateurs nets par produit, sur la base dedonnéessurlecommercedesmarchandisesprovenantdelabasededonnéesComtradedel’ONU.Ilestparticulièrementintéressant de noter la répartition des combustibles et desmétaux non ferreux, toutes les grandes économiesindustriellesétantimportatricesnettesdecesproduits.Tousles pays européens, à quelques exceptions près, sontimportateursnetsdetouslestypesderessourcesnaturelles,tout comme le Japon et la République de Corée. LesÉtats‑Unissontexportateursnetsdeproduitsforestiersetdeminéraux, mais importateurs nets de toutes les autresressourcespouvantfairel’objetd’échanges.L’IndeetlaChinesontseulementexportatricesnettesdepoissons,maisellessontimportatricesnettesdesautresressourcesconsidéréesdansleprésentRapport.LaRussieestexportatricenettederessources, sauf le poisson. Parmi les grandes économiesdéveloppées,seulleCanadaestexportateurnetdetouslestypesderessourcesnaturellesconsidérésici.

L’eau, qui ne fait généralement pas l’objet d’échanges, estaussi très inégalement répartie entre les pays. Selon lesNationsUnies,l’humanitéestconfrontéeàungraveproblèmederaretédel’eau(NationsUnies,2009).Lesressourceseneaude laplanètesontessentiellementde l’eausalée, l’eaudoucen’enreprésentantque2,5pourcent.Environ70pourcent de l’eau douce disponible se trouve à l’état de glacedanslescalottesglacièresdel’AntarctiqueetduGroenland,ce qui laisse seulement 0,7 pour cent des ressourcesmondialeseneaupourlaconsommationet,surces0,7pourcent,environ87pourcentsontdestinésàl’agriculture.Lesréserves mondiales limitées d’eau potable propre à laconsommation humaine sont limitées et diminuentrapidement,cequiconstitueunegravemenacepourlasantépublique,lastabilitépolitiqueetl’environnement.

La rareté de l’eau est aggravée, entre autres, parl’augmentationde lapopulation, l’urbanisationcroissanteetles niveaux élevés de consommation par habitant. Lechangement climatique devrait y contribuer aussi dansl’avenir car l’élévation des températures entraînera dessécheresses, la désertification et l’augmentation de lademanded’eau.Leproblèmederaretédel’eauestplusaigudans certains pays que dans d’autres, comme le montre lacarte6del’Appendice,qui indiquequel’approvisionnementeneauparhabitantestbeaucoupplus importantdansdespays comme le Canada, la Russie et le Brésil qu’auMoyen‑Orient et dans de grandes parties de l’Afrique. Parexemple,auCanada,ilestde87000m3parpersonneetparan, ce qui est environ neuf fois plus qu’aux États‑Unis(9800 m3 par an), où il est pourtant presque 14 fois plusélevéqu’enÉgypte (700m3parpersonneetparan).EtenÉgypte,l’approvisionnementeneauestenvironseptfoisplusimportantqu’enArabiesaoudite,où les ressourcessontdeseulement95m3parpersonneetparan(OrganisationdesNations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, base dedonnéesAQUASTAT).

Le commerce international pourrait éventuellementcontribuer à atténuer les problèmes de pénurie d’eau auniveaulocalenapportantdesressourceslàoùellessontleplusnécessaires.Maislespaysnepeuventpasouneveulentpas le fairecar iln’existepratiquementpasd’expéditionsàgrande échelle. Cette absence de commerce est due engrande partie à des facteurs techniques car l’eau est unemarchandise pondéreuse, donc difficile à transporter. Enoutre, la rareté ou l’abondance de l’eau sont généralementpartagées par la plupart des pays d’une même région, de

sortequ’ilfaudraittransporterl’eausurdelonguesdistancespourremédierauproblèmederareté.

Bien que l’eau elle‑même ne puisse pas faire l’objetd’échanges, le commerce international peut avoir un effetbénéfiqueindirectsurl’approvisionnementdespayseneau.L’exportationdeproduitsàforteintensitéd’eau(commelesproduitsagricoles)depuislesrégionsoùl’eauestabondantevers celles où l’eau est rare peut permettre aux paysimportateurs de réaliser des économies en libérant desressources pour d’autres usages. Par exemple, de 1997 à2001, l’importation au Japon de marchandises à forteintensité d’eau a permis au pays d’économiser 94 milliardsdem3d’eau,lesquelsauraientéténécessairespourproduirecesmarchandisesdanslepays(Hoekstra,2009).

(c) Externalités

Onparled’externalitéquandlesactesd’unagentéconomiqueaffectentindirectementd’autresagents,demanièrepositiveou négative (Nicholson, 2001). En d’autres termes, lesrésultats de certaines activités peuvent imposer des coûtsou procurer des avantages à des consommateurs ou desentreprisesquineparticipentpasàladécisiondeproductionou de consommation. Ces «externalités» peuvent êtrenégatives ou positives. Il est par exemple questiond’externalité négative lorsqu’un processus de productionprovoqueunepollutionquinuitàlasantédesriverainsouàl’environnementenréduisantindirectementlebien‑êtredesindividus.Uneexternalitépositivepeutexister,parexemple,lorsqu’unpropriétaireapporteàsonbiendesaméliorationsquirehaussentlavaleurmarchandedesmaisonsvoisines.

Du point de vue du bien‑être social, les externalitésentraînent, selon qu’elles sont positives ou négatives, lasurproductionou la sous‑productiond’unbien.Cela tient àcequeleprixdumarchédubienconcernénereflètepassoncoût ou son avantage réel pour la société. Un bien dont laproductionetlaconsommationimposentdescoûtsexternesà d’autres agents est généralement surproduit car cessurcoûtsnesontpasintégrésdanslescalculsdel’acheteur.Inversement,unbienquiprocuredesavantagesexternesestgénéralement sous‑produit car son prix sur le marché esttrop faible. Pour résoudre le problème des externalités,qu’ellessoientpositivesounégatives,ilfautintégrertouslescoûtsetavantagesdansleprixdubien,maiscelaestdifficileà faire dans la pratique sans l’intervention d’un agentextérieur(l’État,parexemple).

L’économie des ressources naturelles s’intéresseessentiellement aux externalités négatives résultant del’extractionetdelaconsommationdesressources,bienqu’ilpuisse y avoir aussi des externalités positives dans cedomaine. Ainsi, la surpêche d’une espèce de poisson peutprofiter à une espèce concurrente et améliorer la situationéconomiqued’autresentreprisesdepêche.Ilenvademêmelorsqu’unecompagnieminièreconstruituneroutequipermetaux agriculteurs des environs d’acheminer leurs produitsjusqu’aumarché.Commecetypedeconséquenceinattendueest rare, l’analyse qui suit sera axée exclusivement sur lesexternalités négatives. Le problème des externalités seraexaminéplusendétaildanslasectionC,maislesexemplesci‑dessous illustrent ce problème dans le contexte desressourcesnaturelles.

La combustion des combustibles fossiles produit diverspolluants qui menacent directement la santé humaine etémet de grandes quantités de gaz à effet de serre(principalementduCO2), qui contribuentau réchauffement

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du climat mondial. Comme ce phénomène affecte tous leshabitantsdelaplanète,ycomprisceuxquiutilisenttrèspeudecombustibles, laconsommationdecombustibleentraînedesexternalitésimportantes.

D’après les statistiques de l’Agence internationale del’énergie (AIE), les émissions mondiales annuelles de CO2liéesà lacombustiondecombustiblesontplusquedoubléentre 1971 et 2007, passant de 14,1 à 28,9 milliards detonnes (Agence internationale de l’énergie (AIE), 2009a).Pendant cette période, la part des pays en développementdanslesémissionsmondialesestpasséede34pourcentà55pourcent(voirlafigure3).Cetteaugmentationpeutêtreattribuéeàl’accroissementdelapopulation,àlacroissancedu PIB et à l’augmentation des émissions de CO2 parhabitantdansuncertainnombredepaysendéveloppement.Les émissions mondiales ont augmenté d’environ 17 pourcent entre 1971 et 2007, des augmentations plus fortesayant marqué la fin de cette période en raison de lacroissance rapide de certains pays émergents (voir lafigure 4). Les émissions de CO2 par habitant des paysdéveloppés ont crû tout au long des années 1970, maisdepuisellessesontstabiliséesouontlégèrementdiminué.

Leschiffresci‑dessusnesontpascorrigésenfonctiondesniveaux d’activité économique. Or ce facteur influe surl’intensitédecarbonedelaproductionmondiale,c’est‑à‑diresurleratioCO2/PIB(voirlafigure4).Ceratioadiminuéde33pourcentauniveaumondialentre1971et2007.Danslamesure où la mondialisation accroît la consommation decombustiblesfossilesdufaitdelahaussedesrevenusetdel’industrialisation, on peut considérer qu’elle a un effetnégatif sur l’environnement, mais celui‑ci est peut‑êtrecompensé en partie par les avantages découlant del’efficienceaccruede laproductionetde ladiffusionde latechnologieliéesàlamondialisation.

La fameuse théorie de la «tragédie des biens communs»,développée par Hardin (Hardin, 1968), donne un autreexempled’externaliténégative,dueaufaitquel’absencededroits de propriété sur une ressource commune conduit àsonépuisement.La tragédiedesbienscommunsad’abordserviàexpliquerlesurpâturagesurlesterrespubliques,maisle concept peut aussi s’appliquer à d’autres ressourcescommunes,commelesforêts.Letableau1,établisurlabasedes Indicateurs du développement dans le monde de laBanquemondiale,indiquelespaysoùlessuperficiesboisées

Figure3:émissions mondiales totales de CO2, selon le niveau de développement, 1971-2007 (MillionsdetonnesdeCO2)

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07

Pays développés (OCDE) Pays en développement (reste du monde)

Source : Agenceinternationaledel’énergie.

Figure4:ratio mondial CO2/Pib et émissions mondiales de CO2 par habitant, 1971-2007 (kgdeCO2pardollar(2000)ettonnesdeCO2parhabitant)

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Ratio mondial CO2/PIB (échelle de gauche) Émissions mondiales de CO2 par habitant (échelle de droite)

Source : Agenceinternationaledel’énergie.

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ont le plus reculé entre 1990 et 2005. Au cours de cettepériode, le plus fort recul a été enregistré dans plusieurspaysd’AmériqueduSudetd’Afrique;ailleurs, le reculaétémoins marqué et, dans certains cas, il y a même eu unelégèreaugmentation.Plusquetouteautrerégion,l’Europeavu sa superficie boisée augmenter, mais il y a une grandeincertitude concernant l’accroissement dans d’autresrégions,enparticulierenRussie.Ilconvientdenoterquelesforêts diffèrent considérablement par le nombre d’espècesvégétalesetanimalesqu’ellesabritent, sibienque l’impactdureculdesterresboiséessurlabiodiversitépeutêtreplusimportant dans certaines régions que dans d’autres. En2005,11pourcentdesforêtsmondialesétaientdestinéesàla protection de la biodiversité (FAO, Évaluation desressourcesforestièresmondiales,2005).

(d) Prépondérancedesressourcesnaturelles

Uneautrecaractéristiquemajeuredesressourcesnaturellesest qu’elles occupent une place prépondérante dansl’économie de nombreux pays. La plupart de ces pays onttendance à miser sur un petit nombre de produitsd’exportation. Le tableau 2 présente les indices deconcentration des exportations tirés du Manuel destatistiques de la CNUCED 2008 et indique la part desressources naturelles dans les exportations totales demarchandisesdecertainspays.Lesindicesdeconcentrationsont calculés sur la base du nombre de produits de laClassificationtypepourlecommerceinternational(CTCI)auniveaudespositionsàtroischiffresquireprésententplusde0,3pourcentdesexportationsd’unpaysdonné.Leurvaleurestcompriseentrezéroet1,unevaleurprochede1indiquantuneplusforteconcentration.Ilapparaîtclairementque,àdetrès rares exceptions, les pays dont les indices deconcentrationsont lesplusélevéssontégalementceuxoùles ressourcesnaturelles représententunepart importantedesexportationstotales.

Lestableaux8et10del’Appendiceindiquentlesprincipauxpays exportateurs et importateurs de combustibles et deproduits miniers en 2008 et illustrent l’importance de cesproduits pour les pays en question. Ainsi, en 2008, la partdes combustibles dans les exportations totales demarchandises était d’environ 90 pour cent dans le cas del’Arabiesaouditeetelleétaitde82pourcentdanslecasdel’Iran. Pour le Koweït, la République bolivarienne duVenezuela, l’Algérie, le Nigéria et l’Angola, leur part étaitsupérieure à 90 pour cent. Quoique dans une moindremesure,lescombustiblesreprésentaientaussien2008unepart importante des importations des principaux paysdéveloppés, notamment lesÉtats‑Unis (23pour cent) et leJapon(35pourcent).

La part des produits miniers dans les exportations totalesest beaucoup plus faible que celle des combustibles, maisces produits dominent quand même les exportations denombreux pays, comme la Zambie (80 pour cent), le Chili(60pourcent),leNiger(58pourcent),laJamaïque(56pourcent)etlePérou(43pourcent).

La part prépondérante des ressources naturelles dans lesexportationsest conformeauxprédictionsde la théorieducommerce,selonlesquelleslespayssespécialisentdanslaproductiondesbienspourlesquelsilspossèdentunavantagecomparatifetexportentcesbiensenéchanged’autresbiens.Par contre, le fait que beaucoup de pays soient à la foisexportateurs et importateurs de ressources naturelles estplus difficile à expliquer. L’indice de Grubel‑Lloyd (GL)constitue une mesure utile de ce type d’échanges«intra‑industriels». Pour un pays donné, la part de ceséchangesdansunsecteuriestcalculéecommesuit:

GLi=1–(|exportationsi–importationsi |/(exportationsi+importationsi))

Siunpaysexporteouimporteuniquementleproduiti,l’indiceGLpour ce secteur seraégal à zéro, tandis que s’il importeautantqu’ilexporte,l’indiceseraégalà1pourcesecteur.

Tableau1:Pays où les superficies boisées ont le plus reculé, 1990-2005 (Milliersdekm²etpourcentagedesterresémergées)

Milliersdekm²%desterres

émergées

Brésil ‑423 Honduras ‑24

Indonésie ‑281 ÎlesSalomon ‑21

Soudan ‑88 Corée,Rép.de ‑17

Myanmar ‑70 Indonésie ‑15

Congo,Rép.dém.du ‑69 Cambodge ‑14

Zambie ‑67 Zimbabwe ‑12

Tanzanie ‑62 Nicaragua ‑12

Nigéria ‑61 Philippines ‑11

Mexique ‑48 Timor‑Leste ‑11

Zimbabwe ‑47 Myanmar ‑11

RépubliquebolivarienneduVenezuela ‑43 Équateur ‑11

Australie ‑42 Libéria ‑9

Bolivie ‑41 Zambie ‑9

Philippines ‑34 Bénin ‑9

Cameroun ‑33 Ghana ‑8

Source :Banquemondiale,Indicateursdudéveloppementdanslemonde.

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Le tableau 3 présente les indices GL pour les ressourcesnaturelles (positions à trois chiffres de la CTCI) pour lesgrandeséconomies.Plusleschiffressontprochesde1,plusles échanges de produits similaires sont importants; àl’inverse,plusleschiffressontfaibles,moinsilyad’échangesintra‑industriels. Pour certains produits, notamment lescombustibles et les métaux non ferreux, les indices sontrelativementélevés.Celapeuts’expliquerparlefaitquecesproduits sont différenciés à des niveaux d’agrégationinférieurs, mais il se peut aussi que, dans les grandeséconomiesdiversifiées,ilyaitdesrégionsquiexportentdesressourcesnaturellesetdesrégionsquienimportent.C’étaitlecas,parexemple,auCanadaen2006,où laprovincedel’Ontario importaitde l’électricitédesÉtats‑Unis, tandisquela province du Québec en exportait. Cette hypothèse estconfirmée par le tableau 4, qui présente les indices GLmoyens pour les ressources naturelles et les produitsmanufacturés pour un groupe de pays plus important. Cesindices sont toujours plus élevés pour les produitsmanufacturésquepourlesressourcesnaturelles,tandisquedans les pays plus petits, leurs valeurs sont généralementplusfaibles,tantpourlesproduitsmanufacturésquepourlesressourcesnaturelles.

(e) Volatilité

La dernière caractéristique des ressources naturellesexaminéesiciestqueleursprixsontparfoistrèsvolatils.C’esttout particulièrement le cas des combustibles, dont les prixontflambéàplusieursreprisesdepuislesannées1970,pours’effondrerensuite.Lesprixdesminérauxetdesmétauxontégalementconnudefortesfluctuationsaucoursdesdernièresannées, mais leur importance pour l’économie mondiale estpeut‑êtremoindrecarilsreprésententunepartplusfaibledu

commerce mondial. Les prix des produits forestiers et dupoissonsontbienmoinsvolatilsqueceuxd’autresressourcesnaturelles.D’aprèslesStatistiquesfinancièresinternationalesdu Fonds monétaire international, les prix des combustiblesontbondide234pourcententre2003et2008,tandisqueceux des produits miniers ont augmenté de 178 pour cent.Pendantlamêmepériode,lesprixdupoissonetdesproduitsforestiers ont enregistré une augmentation relativementmodeste,de38pourcentet26pourcent,respectivement.

La figure 5 montre l’évolution des prix du pétrole brut WestTexas Intermediate (WTI) entre 1970 et 2009. La premièreforte hausse a eu lieu en 1973, lorsque les membres del’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) ontdécrétéunembargocontre lesÉtats‑Uniset lesautrespaysqui soutenaient Israël dans la guerre israélo‑arabe. Les prixont de nouveau flambé en 1979‑1980, après la révolutioniranienne et le déclenchement de la guerre Iran‑Iraq. Ils ontensuite fortement baissé entre 1982 et 1986, chutantd’environ75pourcententermesréels.Puisilsontconnuunelonguepériodedefaiblesse jusqu’en2003,annéeoù ilsontcommencé à grimper pour atteindre un niveau record à lami‑2008. Un nouvel effondrement a suivi, provoqué par larécessionmondiale.

Ce qui ressort surtout du graphique, c’est que les prix dupétrolesesontécartésdefaçonprolongéedeleurmoyenneàlongterme.Entre1979et1986,ilsontétésystématiquementsupérieursà leurniveaumoyenpour lapériode1970‑2009.Puis,à l’exceptiond’unebrèveflambéeobservéeaumomentdel’invasionduKoweïtparl’Iraq,ilssontrestésinférieursàlamoyenne de 1986 à 2005. Et, depuis 2005, ils sont restésau‑dessusdelamoyenne,saufpendantunebrèvepériode,enfévrier2009.

Tableau2:Concentration des exportations et part des ressources naturelles dans les exportations de marchandises, 2006 (Indicesetpourcentages)

IndicedeconcentrationdelaCNUCED(de0à1)

Partdesressourcesnaturellesdanslesexportationstotales

(enpourcentage)

Monde 0,08 24

Angola 0,96 100

Iraq 0,95 100

RépubliquebolivarienneduVenezuela 0,91 96

Soudan 0,87 95

Congo 0,87 ..

SaoTomé‑et‑Principe 0,87 47

Nigéria 0,86 92

Yémen 0,85 91

Jamahiriyaarabelibyenne 0,84 97

Gabon 0,84 95

Bahreïn 0,79 90

Iran 0,78 86

Tadjikistan 0,77 67

ÎlesSalomon 0,77 81

Maldives 0,77 99

Arabiesaoudite 0,76 88

Guinée‑Bissau 0,75 1

Oman 0,75 79

Mali 0,75 75

Mauritanie 0,74 87

Source :ManueldestatistiquesdelaCNUCED(2008)etestimationsduSecrétariatdel’OMC.

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Plusieursfacteursontétéinvoquéspourexpliquercesfortesfluctuations des prix du pétrole, notamment les incertitudesgéopolitiques, les chocs ayant affecté les flux pétroliers,l’évolutiondelademandeetlaspéculation.Danslalittératuresur le sujet, il n’y a pas de consensus sur le point de savoir

lequeldecesfacteursestleplusimportant,maisdestravauxrécents indiquent que les modifications de l’offre jouent unrôlerelativementsecondairetandisquecellesdelademandeassociéesauxcycleséconomiquesmondiauxontdeseffetsconsidérables(Kilian,2009).

Tableau3:indices de Grubel-lloyd (Gl) pour certaines économies, 2008 (Indicede0à1)

états-unis union européenne (27)

Pierres,sablesetgraviers 0,93 Briquettes,lignite,tourbe 0,96

Autresmatièrespremièresbrutes 0,92 Produitspétroliers 0,93

Mineraisdeferetleursconcentrés 0,91 Boissimplementtravaillés 0,89

Abrasifsnaturels 0,83 Déchetsetdébrisdemétauxcommunsnonferreux 0,86

Boisdechauffage,charbondebois 0,78 Argent,platine,etc. 0,86

Produitspétroliers 0,73 Energieélectrique 0,84

Pâtesàpapieretdéchetsdepapier 0,69 Nickel 0,84

Produitsrésiduelsdupétrole 0,68 Abrasifsnaturels 0,82

Mineraisdenickeletleursconcentrés,etc. 0,67 Pierres,sablesetgraviers 0,78

Poissonsfrais,réfrigérésoucongelés 0,67 Produitsrésiduelsdupétrole 0,77

Mineraisdemétauxcommunsetleursconcentrés 0,65 Cuivre 0,73

Aluminium 0,64 Déchetsetdébrisdemétauxferreux 0,72

Nickel 0,64 Pâtesàpapieretdéchetsdepapier 0,68

Gazdepétrole 0,62 Gazdehouille,pauvre,etc. 0,65

Argent,platine,etc. 0,60 Plomb 0,63

Japon Chine

Plomb 0,95 Gazdepétrole 0,91

Mineraisd'aluminiumetleursconcentrés,etc. 0,85 Crustacés,mollusques,etc. 0,85

Produitspétroliers 0,84 Poissonsfrais,réfrigérésoucongelés 0,85

Produitsrésiduelsdupétrole 0,84 Houillesnonagglomérées 0,81

Pâtesàpapieretdéchetsdepapier 0,71 Produitsrésiduelsdupétrole 0,80

Déchetsetdébrisdemétauxcommunsnonferreux 0,68 Boisdechauffage,charbondebois 0,78

Mineraisdemétauxprécieuxetleursconcentrés 0,66 Argent,platine,etc. 0,74

Nickel 0,62 Boissimplementtravaillés 0,73

Zinc 0,61 Autresmatièrespremièresbrutes 0,68

Gazdepétrole 0,54 Gaznaturel 0,66

Abrasifnaturels 0,53 Produitspétroliers 0,63

Cokesetsemi‑cokes 0,51 Plomb 0,62

Aluminium 0,42 Aluminium 0,61

Cuivre 0,42 Abrasifsnaturels 0,46

Argent,platine,etc. 0,40 Propaneetbutaneliquéfiés 0,42

Source :BasededonnéesComtradedel’ONU.

Tableau4:indices Gl moyens pour les produits manufacturés et les ressources naturelles, 2008 (Indicesde0à1)

Ressourcesnaturelles Produitsmanufacturés

AfriqueduSud 0,33 0,46

Australie 0,28 0,33

Bahamas 0,06 0,13

Brésil 0,29 0,52

Canada 0,49 0,59

Chine 0,34 0,47

États‑Unis 0,49 0,68

FédérationdeRussie 0,25 0,32

Inde 0,27 0,53

Islande 0,09 0,14

Japon 0,29 0,49

SriLanka 0,16 0,20

Unioneuropéenne(27),commerceextra‑UE 0,47 0,68

Source : EstimationsduSecrétariatdel’OMC.

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2. Commercedesressourcesnaturellesetindicateursconnexes

Ayantdéfinilesressourcesnaturelles,d’unemanièregénérale,commel’ensembledesproduitsforestiers,desproduitsdelapêche, des combustibles et des produits miniers, nousprésentonsmaintenantdiversesstatistiquesdescriptivessurlecommerceinternationaldecesproduits.Lesdonnéessurlecommerce des marchandises sont d’abord présentées auniveau mondial, mais elles sont ensuite ventiléesprogressivement par produit et par région pour donner uneimage plus détaillée des flux commerciaux mondiaux. Destableaux sur le commerce de différents pays par produit setrouventdans l’Appendicestatistique, qui contient aussi descartesillustrantdiversindicateursrelatifsauxressources.

Deuxdéfinitionsdesressourcesnaturellessontutiliséesdansles statistiques du commerce des marchandises, l’une étantunpeupluslargequel’autre.Lestableauxindiquantlespartsdes pays et des produits dans le commerce mondial desressourcesnaturellessontbaséssur ladéfinitionétroite,quin’englobequelesproduitsforestiers,tandisquelestableauxsur le commerce par région géographique s’appuient sur ladéfinitionunpeuplus large,quienglobe toutes lesmatièrespremièresagricoles.Onaprocédéainsiuniquementpourdesraisons de disponibilité des données, et la différence estminimeauniveaumondialourégional.

Ilfautnoterqu’ilyadeszonesgrisesdanslacouverturedesproduits. Outre les combustibles fossiles bruts comme lecharbon, le pétrole brut et le gaz naturel, le groupe descombustibles englobe les produits pétroliers raffinés etl’électricité.Ilpeutsemblerétrange,àpremièrevue,d’incluredans les ressources l’électricité (voir l’encadré 1) et lescombustibles raffinéspuisque leurproductionnécessitedesapportsencapitalimportantsetqueleproduitfinalrésultedel’activité humaine, et non de la simple extraction du milieunaturel.Néanmoins, lescombustibles fossilessont rarementconsommésàl’étatbrut,desortequel’onpeutconsidérerqueleraffinageetlaproductiond’électricitéreprésententledegréminimum de transformation nécessaire pour permettre lecommercedecesproduits.

Les flux commerciaux nominaux sont exprimés en dollarscourantsdesÉtats‑Unisetsont fortement influencéspar lesvariationsdestauxdechangeetdesprixdesproduitsdebase.Ceci vaut en particulier pour les combustibles, qui sont laprincipalecomposanteducommercedesressourcesnaturellesen termes de valeur en dollars: en 2008, ils représentaientenviron 77 pour cent du commerce mondial des ressourcesnaturelleset18pourcentducommercetotaldesmarchandises.

(a) Commercemondialdesressourcesnaturelles

Lavaleurendollarsdesexportationsmondialesderessourcesnaturellesaétémultipliéeparplusdesixentre1998et2008,passantde613à3700milliardsdedollarsEU,cequitientengrandepartieàl’augmentationcontinuedesprixdesproduitsdebase (voir la figure 6). La hausse des prix du pétrole, enparticulier,aportélapartdescombustiblesdanslesexportationsmondiales de ressources naturelles à 77 pour cent en 2008(2900milliardsdedollarsEU), contre57pourcenten1998(429 milliards de dollars EU). Les prix des métaux ont aussifortementaugmentéaucoursdesdernièresannées,maismoinsqueceuxdescombustibles,desortequelapartdesmineraisetautresminérauxetdesmétauxnonferreuxdanslecommercedes ressources naturelles est tombée, respectivement, à8,2 pour cent (308 milliards de dollars EU) et 9,6 pour cent(360milliardsdedollarsEU)en2008.Enoutre,lapartdecesproduits était inférieure à leur part moyenne à long terme(8,3pourcentet13,3pourcent,respectivement.

Lavaleurdesexportationsmondialesdepoissonsestpasséede53milliardsdedollarsEUen1998à98milliardsdedollarsEUen2008,tandisquelesexportationsdeproduitsforestierssontpassés de 52 milliards à 106 milliards de dollars EU. Malgrél’augmentation de la valeur en dollars des exportations depoissonsetdeproduitsforestiers,lapartdecesproduitsdanslecommerce mondial des ressources naturelles est tombée,respectivementde8,6pourcentà2,6pourcentetde8,5pourcent à 2,9 pour cent, en raison de la croissance encore plusrapideducommercedescombustiblesetdesproduitsminiers.

Lerenchérissementdesproduitsdebaseaaussieupoureffetd’accroîtrelapartdesressourcesnaturellesdanslecommerce

Figure5:Prix nominaux et prix réels du pétrole brut, janvier 1970-octobre 2009 (Dollarscourantsetdollarsde2008parbaril)

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Prix nominal du pétrole brut WTI

Prix réel (corrigé de l'IPC) du pétrole brut WTI

Prix réel moyen du pétrole brut

Note : LesprixdupétrolebrutWestTexas Intermediatesontcorrigésde l’Indicedesprixà laconsommation(IPC)américainpour tous lesconsommateursurbainspourobtenirlesprixréels.Source :FederalReserveBankofSt.Louis.

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Encadré1: l’électricité est-elle une ressource naturelle?

L’électricitéestproduiteàpartirderessourcesnaturellescommelecharbon,legaz,l’eauetl’uranium.Doit‑ellealorsêtreconsidéréecommeuneressourcenaturelle?Danslamesureoùsaproductionnécessitedesressourcesnaturelles,ilseraitpeut‑êtrepluslogiquedelaconsidérercommeunproduitmanufacturé.Mais,onpeutdireaussiqu’ilfaudraitlaconsidérercommeuneressourcenaturellepuisque laplupartdesressourcesnécessitentunecertainetransformationpourpouvoirêtreéchangéesouconsommées.Decepointdevue,l’électricitépeutsimplementêtreconsidéréecommeducharbonoudugaznatureltransformé.L’électricitépermetenoutrelecommerceinternationalderessourcesénergétiquesquinesontnormalementpasexportables(commel’eaudesrivièresutiliséepourlaproductiond’électricité).

L’électricitéaplusieurspropriétésquiladistinguentdesautresmarchandises.Premièrement,c’estunbienintangibleetellenepeutêtrestockéequ’entrèspetitesquantités(saufdanslecasdupompagehydroélectrique,oùl’eauestpompéeenamontetstockéedansunréservoirenpériodecreusepourêtreutiliséeenpériodedepointeafindegénérerl’électricitésupplémentairenécessairepourmieuxéquilibrerl’offreetlademande).Enoutre,elledoitêtreproduiteaumomentoùelleestconsommée,desortequ’elles’apparenteplusàunservicequ’àunemarchandise.L’électricitéestclasséeparmi lescombustiblesdanslesstatistiquesducommerceinternational,maisellen’estpassystématiquementpriseencompteparlespays.Decefait, lesstatistiquesducommercedesmarchandisesrelativesàl’électricitépeuventêtreincomplètesouinexactes.

Lesinstallationsdeproductionserépartissententrelescentralesdebaseetlescentralesdepointeenfonctiondutypedecombustibleutilisé.Lescentralesdebaseontunfaiblecoûtmarginalmaisdescoûtsfixesgénéralementtrèsélevés.C’estlecas,enparticulier,descentraleshydroélectriquesetdescentralesnucléaires.Lescentralesdepointeontquantàellesuncoûtmarginalélevé,maisellespermettentplusdesouplessedanslaplanificationdelaproduction.Legaznaturelestsouvent utilisé pour la production de pointe. La structure du commerce international de l’électricité dépend dans unecertainemesuredelacapacitédeproductiondontdisposentlespays.Certainsexportentdegrandesquantitésd’énergienucléaire(France)oud’énergiehydroélectrique(Canada),desortequelevolumeducommerceestimportantmaislescoûtsunitairessontfaibles.D’autrespaysneparticipentaucommerceinternationalqu’enpériodedepointe(parexemplepourrépondreàlademandedeclimatisationenété),afind’assurerlastabilitédeleurréseauélectrique.Danscecas,levolumeducommercedel’électricitépeutêtreassezfaiblemaissavaleurendollarspeutêtreélevée.

Le commerce international de l’électricité est limité par des contraintes physiques (proximité géographique, besoinsd’infrastructures,etc.).Seulslespaysvoisinsachètentouvendentdel’électricité.Deplus,lesréseauxélectriquesdespaysdoiventêtreinterconnectés.Ilfautsoulignerquelecommerceinternationaledel’électricitépeutpermettrel’utilisationplusrationnelledesressourcescomplémentaires(parexempleexportationd’hydroélectricitédontlaproductionestplussoupleenpériodedepointeetimportationd’électricitéthermiqueenpériodecreuse),l’équilibragedesvariationsannuellesdelademandeetdesbesoinsactuelsetfutursetlamiseencommundescapacitésderéserve.

Figure6:exportations mondiales de ressources naturelles, ventilation par produit, 1990-2008 (Milliardsdedollars)

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Source :EstimationsduSecrétariatdel’OMC.

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mondialdesmarchandises,quiestpasséede11,5pourcenten1998à23,8pour centen2008 (voir lafigure7).Pendant lamême période, la part des combustibles dans le commercemondialestpasséede6,5pourcentà18,2pourcent.Lavaleurtotaledesexportationsdemarchandisesestpasséequantàellede5300milliardsdedollarsEUen1998à15700milliardsdedollarsEUen2008,soituneaugmentationannuellemoyennede 12 pour cent, alors que les exportations de ressourcesnaturellesont augmentéde20pour centparanenmoyennependantcettepériode.Lavaleurdesexportationsdeproduitsmanufacturésestpasséede4100milliardsà10500milliardsdedollarsEUentre1998et2008,soituntauxdecroissanceannuelmoyende10pourcent, inférieurdemoitiéàceluidesexportations de ressources naturelles. Malgré la croissancerapide du commerce des ressources naturelles, les produitsmanufacturés représentaient toujoursen2008 l’essentieldesexportationsmondialesdemarchandises(66,5pourcent).

Lapartcroissantedupétroledans lecommercemondialestdue principalement à la hausse des prix, plutôt qu’àl’augmentationdesquantitéséchangées.Celaestillustréparlafigure8,quimontrel’évolutiondelaproductionmondialedecombustiblesfossiles,ycomprislepétrolebrut,depuis1970.La production de pétrole a été remarquablement stable aucours des dernières années, mais cela a coïncidé avecl’accroissement de la demande des grands pays endéveloppement,comme laChineet l’Inde,quiapoussée lesprix à la hausse. Cette production constante ne permet pasnon plus de répondre à la demande due à l’accroissementnormalde lapopulation. Il fautnoterque le rapportentre lecommerce mondial de pétrole et la production mondiale depétrolen’estpasdeunpourun,mais,étantdonnélarépartitioninégale des ressources pétrolières entre les pays, il estlogiqued’établirunlienentrelesdeux.Lapartdelaproductionmondiale de pétrole qui est exportée est en fait restéeremarquablementstabledansletemps,puisqu’elleestpasséede50pourcenten1970à55pourcenten2000etn’apluschangédepuis.L’essordelaproductiondecharbonetdegaznaturel s’est poursuivi ces dernières années, principalementpour satisfaire la demande croissante pour la productiond’électricité(Agenceinternationaledel’énergie(AIE),2009b).

Pouravoiruneidéedel’évolutionàlongtermeducommercedesressourcesnaturelles,ilfautrecouriràdesestimationscarilestdifficiled’obteniruneventilationparproduitdesstatistiquesducommercedesmarchandisespour lesannéesantérieuresà la

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20

04

20

05

20

06

20

07

20

08

Produits manufacturés

Ressources naturelles

Autres produits primaires

Non dénommés ailleurs

Source :EstimationsduSecrétariatdel’OMC.

Figure8:Production mondiale de combustibles fossiles, par produit, 1970-2008 (ktetTJ)

Source : Agenceinternationaledel’énergie.

Pétrole brut (kt)

Charbon (kt)

Gaz naturel (TJ)

0

500 000

1 000 000

1 500 000

2 000 000

2 500 000

3 000 000

3 500 000

4 000 000

4 500 000

1970 1980 1990 2000 2005 2006 2007 2008

0

1 000 000

2 000 000

3 000 000

4 000 000

5 000 000

6 000 000

7 000 000

1970 1980 1990 2000 2005 2006 2007 2008

0

20 000 000

40 000 000

60 000 000

80 000 000

100 000 000

120 000 000

140 000 000

1970 1980 1990 2000 2005 2006 2007 2008

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DeuxièmeGuerremondiale.Lesdonnéeshistoriquesprovenantde l’ONU et du GATT permettent de construire des sériesremontant à 1900, qui font une distinction entre les produitsmanufacturés, les ressources naturelles et les autres produitsprimaires,uneventilationplusdétailléedesressourcesnaturellesétantdisponibleàpartirde1955(voirlafigure9).Cesdonnéesmontrent que les produits manufacturés ne représentaientqu’environ 40 pour cent des exportations mondiales demarchandises au début du siècle dernier, les 60 pour centrestants correspondant aux produits primaires, y compris lesressourcesnaturelleset lesproduitsagricoles.Toutefois,entre1955 et 2000, la part des produits manufacturés dans lecommerce mondial a augmenté régulièrement, passant de 45pour cent à 75 pour cent, surtout au détriment des produitsagricoles. La part des ressources naturelles a également eutendanceàdiminueraprès1955,maisdefaçonmoinsmarquéeque celle des produits agricoles, et elle a augmentéponctuellementdanslespériodesdehaussedesprixdupétrole.

Entre1955et2004,lapartdesressourcesnaturellesdanslecommercemondialachutéde22pourcentà14pourcent,maiselleaatteint30pourcenten1980et24pourcenten2008, en raison du renchérissement du pétrole et d’autresproduits de base. L’augmentation de la part des ressourcesnaturelles entre 1900 et 1955 s’explique probablement parl’accroissement du commerce des combustibles, qui étaitnégligeable au début du siècle dernier, mais qui s’estdéveloppéparallèlementàl’essordel’automobile.

L’évolutiondelapartdesressourcesnaturellesavantlaDeuxièmeGuerre mondiale, indiquée dans la figure 9, repose sur desestimations très approximatives, qui doivent être interprétéesavecprudence.Deplus,ladéfinitiondesproduitsmanufacturésétaitlégèrementdifférenteendébutdepériodecarelleincluaitlesmétauxnonferreux,cequisignifiequel’augmentationdelapart des produits manufacturés peut être légèrementsous‑estimée.Ilestdifficiledediresi lapartdecesproduitsvacontinueràaugmentermaislegraphiquedonneàpenserquelecommerce international des ressources naturelles pourrait sefaireengrandepartiesouslaformedeproduitsmanufacturés.

(b) Commercedesressourcesnaturellesparrégion

Enraisondelarépartitiongéographiqueinégaledesgisementsde ressources naturelles, la structure des exportations varieconsidérablementd’unerégionàl’autre.Danscertainesrégions(Moyen‑Orient,Afrique,Communautéd’Étatsindépendants),lesressources naturelles représentent une part considérable desexportationsdemarchandises, tandisquedansd’autres (Asie,Europe et Amérique du Nord), les exportations sont plusdiversifiées (tableau 5). L’Amérique du Sud et l’Amériquecentralesontuncasintermédiairecarlesressourcesnaturellesyreprésententunepartimportantemaispasprépondérantedesexportationsdemarchandises.En2008,c’estauMoyen‑Orientquelapartdesressourcesnaturellesdanslesexportationsde

Figure9:Parts de différents groupes de produits dans le commerce mondial des marchandises depuis 1900 (enpourcentage)

3,0

40,0 40,0 45,0 44,7

52,3 61,0

55,0

70,4 74,8 66,5

11,0

10,2

9,2 23,7

10,7 10,6

18,2

7,6

6,3

7,2

4,8 3,7

3,1 4,3

3,2

3,0 5,8

11,4

57,0 54,2 43,6

31,7 26,1

18,1 13,1 10,7 7,8 7,9

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

1900 1925 1938 1955 1963 1970 1980 1990 2000 2008

Non dénommés ailleurs Produits manufacturés Combustibles Produits miniers

Produits forestiers

Ressources naturelles

Autres

Source: Annuairestatistiquedel’ONU(1969),GATT,Étudessurlecommerceinternationaln°7etestimationsduSecrétariatdel’OMC.

Tableau5:exportations de ressources naturelles, par région, 2008a (enmilliardsdedollarsetenpourcentage)

Valeur Partdesexportationstotalesdemarchandises

Monde 3.855,4 25

Moyen‑Orient 758,7 74

Afrique 406,0 73

Communautéd'Étatsindépendants(CEI) 489,7 70

AmériqueduSudetAmériquecentrale 281,3 47

AmériqueduNord 397,8 20

Asie 630,4 14

Europe 891,5 14

aCetableauutiliseladéfinitionlargedesressourcesnaturellespourenglobertouteslesmatièrespremièresagricoles,etpasseulementlesproduitsforestiers.Enconséquence,letotalmondialestlégèrementsupérieurauchiffrede3734,2dollarsEUindiquédansletableau1del’Appendice..Source : EstimationsduSecrétariatdel’OMC.

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marchandisesétait laplus importante(74pourcent), lavaleurdesexpéditionss’élevantautotalà759milliardsdedollarsEU.

La valeur totale des exportations de ressources naturelles del’Afriqueétaitd’unpeumoinsde406milliardsdedollarsEU,soit73pourcentdesexportationsducontinent.Lesexportationsderessources naturelles des pays de la CEI s’élevaient au total à490 milliards de dollars EU, c’est‑à‑dire 70 pour cent desexportationstotalesdemarchandises.C’estenEuropequelapartdes ressourcesnaturellesdans lesexportations totalesétait laplusfaible(14pourcent),bienquelavaleurducommercedecesressources soit plus élevée que dans toute autre région(892 milliards de dollars EU). En Asie, la part des ressourcesnaturellesdanslesexportationsétaitassezfaible,(àpeineplusde14pourcent),maislavaleurtotaledesexportationsderessources(environ630milliardsdedollarsEU)plaçaitlarégionendeuxièmeposition. Les exportations de ressources naturelles d’Amériquedu Sud et d’Amérique centrale s’élevaient à 281 milliards dedollarsEU,soitprèsdelamoitiédelavaleurtotaledesexportationsdelarégion.Engénéral,lapartdesressourcesnaturellesdanslesexportationsestplusfaibledanslesrégionsplusindustrialisées.

En général, les régions qui exportent essentiellement desressources naturelles expédient celles‑ci vers d’autres régions,tandis que dans celles qui produisent plus de produitsmanufacturés, la part des échanges intrarégionaux dans lecommercedesressourcesnaturellesestplusimportante(voirlafigure10).Parexemple,82pourcentdesressourcesnaturellesexportées par les pays européens étaient destinées à d’autrespays européens. De même, 78 pour cent des exportations del’Asie étaient intrarégionales, tout comme 62 pour cent desexportationsdel’AmériqueduNord.Enrevanche,auMoyen‑Orient,en Afrique et dans la CEI, les parts intrarégionales étaient,respectivement,de2,3pourcent,5,3pourcentet11,8pourcent.Lapartducommerceintrarégional(22pourcent)enAmériqueduSudétaitplusimportantequedanslesautresrégionsexportatricesde ressources naturelles, mais quand même inférieure auxniveauxenregistrésdanslesrégionsindustrialisées.

En 2008, les combustibles étaient la principale ressourcenaturelleexportéedans toutes les régions(voir lafigure11). Ilsreprésentaientlaquasi‑totalitédesexportationsderessourcesduMoyen‑Orient,avecunepartde98pourcent.C’estenAmérique

Figure10:exportations de ressources naturelles, par région et par destination, 2008 (enpourcentage)

5,3

23,5

78,0

11,0

70,5

15,3 21,5

11,8

38,9

8,7

67,9

82,1

12,0

14,5

18,2

27,5

5,8 5,4 7,2 12,4

61,6 36,2

6,8

22,1

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

Afrique Asie CEI Europe Moyen-Orient Amériquedu Nord

Amérique du Sud et Amérique centrale

Afrique Asie CEI Europe Moyen-Orient Amérique du Nord Amérique du Sud et Amérique centrale

Source : EstimationsduSecrétariatdel’OMC.

Figure11:exportations de ressources naturelles, par région et par produit, 2008 (enpourcentage)

Afrique Asie CEI Europe Moyen-Orient Amérique du Nord

Amérique du Sud et Amérique centrale

5,6

8,7 9,9 10,8 5,7 5,3

12,3 8,3 12,8 20,2

86,1 61,2

85,1 61,9 97,6

63,7 58,0

5,6 12,1

6,7 15,9

10,4 12,7

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

Poisson Matières premières Minerais et autres minéraux Combustibles Métaux non ferreux

Source : EstimationsduSecrétariatdel’OMC.

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du Sud et en Amérique centrale que la part des combustiblesdanslesexportationsderessourcesnaturellesétaitlaplusfaible(58 pour cent), ce qui s’expliquait par la part importante desmineraiset autresminéraux (20pour cent) et desmétauxnonferreux (12 pour cent). En Asie, en Europe et en Amérique duNord,lapartdescombustiblesdanslecommercederessourcesnaturellesétaitcompriseentre61pourcentet64pourcent.C’estenAmériqueduNordquelapartdesmatièrespremièresdanslesexportations était la plus importante (10,8 pour cent), puis enEurope(9,9pourcent)etenAsie(8,7pourcent).

(c) Principauxexportateursetprincipauximportateursderessourcesnaturelles

Lestableaux2et3del’Appendiceindiquentles15principauxexportateurs et importateurs de ressources naturelles, à lafoisen incluantetenexcluant lesÉtatsmembresde l’Unioneuropéenne.En2008, lepremierexportateurderessourcesnaturelles(comptetenudesmembresdel’UE)étaitlaRussie,avec un total de 341,2 milliards de dollars EU, soit 9,1 pourcentducommercemondialdesressourcesnaturelles.LapartdecesressourcesdanslesexportationsdemarchandisesdelaRussieaatteint72,9pourcenten2008, lavaleurdesesexportationsderessourcesnaturellesaaugmentéde34pourcentenglissementannuel.LaRussieétaitsuivieparl’Arabiesaoudite(exportationsd’unevaleurde282milliardsdedollarsEU, soit 7,6 pour cent du commerce mondial), le Canada(177,7milliardsdedollarsEU,4,8pour cent), lesÉtats‑Unis(142,5 milliards de dollars EU, 3,8 pour cent), la Norvège(130,6 milliards de dollars EU, 3,5 pour cent) et l’Australie(114,3milliardsdedollarsEU,3,1pourcent).

En 2008, les États‑Unis étaient le premier importateur deressourcesnaturelles(comptetenu,làaussi,desmembresdel’UE). Leurs importations s’élevaient à 583,4 milliards dedollarsetreprésentaient15,2pourcentducommercemondialdes ressourcesnaturelles.Ellesont augmentéde27,9pourcent en 2008 et la part des ressources naturelles dans lesimportationstotalesestpasséeà27pourcent,principalementsous l’effetdu renchérissementdupétrole.Parmi lesautresgrands pays importateurs figurent le Japon (importationsd’une valeur de 350,2 milliards de dollars EU, soit 9,1 pourcent du commerce mondial), la Chine (330,3 milliards dedollars EU, 8,6 pour cent), l’Allemagne (231,5 milliards dedollars EU, 6,0 pour cent), la République de Corée(182 milliards de dollars EU, 4,7 pour cent), la France(148,5 milliards de dollars EU, 3,9 pour cent) et l’Inde(135,4milliardsdedollarsEU,3,5pourcent).

L’Union européenne, considérée comme une seule entitécommerçante, est le quatrième exportateur mondial deressourcesnaturelles,aprèslaRussie,l’ArabiesaouditeetleCanada.En2008,sesexportationsderessourcesnaturellesvers le restedumondesesontélevéesà176,6milliardsdedollarsEUetsesimportationsà766,6milliardsdedollarsEU,ce qui en fait le plus grand marché unique de ressourcesnaturelles, avec part des importations mondiales (horséchangesUE)deprèsde23pourcent.L’Appendicecontientégalement des tableaux concernant les principauxexportateursetimportateursparproduit.

Le tableau 12 de l’Appendice indique les importations deressources naturelles par région et par fournisseur pourquelques‑unesdesprincipaleséconomies(Unioneuropéenne,États‑Unis,JaponetChine).Onnoteraque leschiffrespourl’Union européenne englobent les échanges intra‑UE: en2008, près de 37 pour cent des importations de l’UEprovenaientdesesÉtatsmembres.Autotal,lesimportationsde l’UE se sont élevées à 1 100 milliards de dollars EU en

2008. Les cinq principaux fournisseurs de ressourcesnaturellesdel’UEétaientlaRussie(16pourcent),laNorvège(8pourcent),laLibye(4pourcent)etlesÉtats‑Unis(2pourcent). La majeure partie des importations de ressourcesnaturellesdel’UEproviennentdel’Europe,delaCommunautéd’États indépendants et de l’Afrique, qui ont représenté en2008prèsde80pourcentdesesimportationsderessources.

En 2008, les importations de ressources naturelles desÉtats‑Unissesontélevéesautotalà583milliardsdedollarsEU.LescinqpremiersfournisseursétaientleCanada(24pourcent),l’Arabiesaoudite (10pourcent), laRépubliquebolivarienneduVenezuela (9 pour cent), le Mexique (8 pour cent) et l’Unioneuropéenne (7pourcent).Les importationsduJaponsesontélevéesà350milliardsdedollarsEU,lesprincipauxfournisseursétant l’Arabiesaoudite (14pourcent), lesÉmiratsarabesunis(13pourcent),l’Australie(12pourcent),leQatar(8pourcent)etl’Indonésie(7pourcent).Enfin,lesimportationsderessourcesnaturelles de la Chine se sont élevées à 331 milliards dedollars EU en 2008. Ses principaux fournisseurs étaientl’Australie(10pourcent),l’Arabiesaoudite(8pourcent),l’Angola(7pourcent),laRussie(6pourcent)etleBrésil(6pourcent).

3. Modesd’échangedesressourcesnaturelles

Denombreusesressourcesnaturellessontcaractériséesparuneassezgrandehomogénéitéetpeuventêtreconsidéréescomme des «produits de base». À la différence desnombreusesvariétésdeproduitsmanufacturés–automobiles,parexemple–ellesseprêtentàuncommercecentraliséetàla formation d’un prix unifié. En outre, certaines de leurscaractéristiques,commeleurrépartitiongéographiqueinégaledans le monde et le pouvoir de marché qui en résulte, ontentraîné l’émergence de différents modes d’échange quiréduisent les risques de marché, notamment le risque deperturbationdel’approvisionnementenressourcesnaturellesindispensables comme intrants. Il est important de garder àl’espritcesmodesd’échangeparticulierslorsquel’onexamineles conséquences que certaines caractéristiques desressources naturelles, comme la volatilité des prix, peuventavoirpourlecommerceetlapolitiquecommerciale.

Cettesous‑sectiondécritd’abordlerôledesmarchéscentralisésaucomptantetàtermedanslecommercedesproduitsdebase,notamment dans le contexte des bourses organisées. Elleindiquel’évolutiondecesbourses,leurrépartitiongéographiqueetleursprincipalesfonctions,àsavoirladécouvertedesprix,laliquidité, la gestion du risque, l’intermédiation financière etl’octroi des garanties d’une chambre de compensation. Nousanalysonsensuitelesautresarrangementsrelatifsaucommercedes produits de base qui peuvent être importants pour desraisons stratégiques ou pour le contrôle de la qualité. Il s’agitnotamment des contrats bilatéraux à long terme portant surcertains produits énergétiques et certains métaux. Nousexaminons aussi l’importance de l’intégration verticale danscertainssecteursderessourcesnaturelles.

(a) Boursesdeproduitsdebase

(i) Principales définitions

Unproduitdebaseestgénéralementdéfinicommeunproduithomogènequipeutêtreéchangéentrelesproducteursetlesconsommateurs.L’expression «produitdebase»est souventutilisée dans la littérature spécialisée pour désigner desproduits agricoles, mais elle désigne aussi plusieurs autres

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produitsquisontclassés iciparmi les ressourcesnaturelles,commelescarburants,lesproduitsforestiers,lesmineraisetles métaux. Comme ce sont essentiellement des produitshomogènes et que leur qualité est généralement facile àvérifier, le commerce des produits de base est facilité parl’existencedemarchésorganisésoùlenégoceestcentralisé(CNUCED, 2006). La concentration en un même lieu desacheteurs et des vendeurs réduit les coûts de transactionafférents à la recherche d’une contrepartie adéquate(ThompsonetKunda,2000).

Lestransactionssur lesmarchésdeproduitsorganiséssonteffectuéesparvoieélectroniqueouàlacriée,surleparquetdelabourse,entredesacheteursetdesvendeursanonymes(Stroupe, 2006). Il s’agit d’opérations «au comptant» ou «àterme», effectués généralement sur une base quotidienne.Sur le marché «au comptant», la livraison physique desproduitsaupaysimportateurparvoiemaritimeouparoléoducou gazoduc est organisée immédiatement (Neuhoff etvon Hirschhausen, 2005). Les producteurs, les négociants,les sociétés de commerce, les distributeurs locaux et lesconsommateurssontlesprincipauxacteurssurcemarché.

Surlemarché«àterme»,lesopérateurss’engagentàacheterouàvendreunequantitédéterminéed’unproduitsous‑jacentàunedateultérieuredonnée,auprixconvenuaumomentoùle contrat est négocié (Valdez, 2007).4 Cela leur permet de«se couvrir», c’est‑à‑dire d’éliminer l’incertitude de prix. Parexemple, un distributeur de gaz peut acheter un contrat àtermepourfixer leprixdugazqu’ilachèteraultérieurement.L’échéancedescontratsàtermepeutêtredequelquesmoisou de plusieurs années. Le plus souvent, ils sont réglés enespèces et ne donnent pas lieu à la livraison physique duproduit sous‑jacent, car lesopérateurs ferment leurpositionparl’achatducontratinverse(Smith,2009).Surlesmarchésàterme, les acteurs sont non seulement les courtiers enproduitsdebasemaisaussilesfondsspéculatifs,lesbanqueset les fonds indiciels de produits. Ces investisseurs «nontraditionnels»utilisentlesmarchésdeproduitspourdiversifierleur portefeuille. Leur contribution possible à la volatilitéaccrue des prix des produits de base est très controversée(voirlasectionC.5).

(ii) Évolution

L’histoire des marchés modernes de produits remonte auxdébuts de la mécanisation agricole et à la révolutionindustrielledans lespaysaujourd’huiavancés.À l’époque, lecommerce des produits agricoles se faisait de manièreempirique. Aux États‑Unis, par exemple, les agriculteursallaient vendre leurs produits à Chicago en raison de lasituation centrale de la ville. Mais, comme ils avaient peud’informationsur lademande, ilsacceptaient leprixoffertetabandonnaient les invendus dans la rue. Au milieu du XIXesiècle, un marché central des céréales a été créé. Lesagriculteurspouvaientyvendreleursrécoltesdirectementetau comptant. Ce marché, appelé Chicago Board of Trade, aété la première bourse organisée de produits de base aumonde (Nathan, 2008). Il a réduit les coûts de transaction,facilitant la rencontre entre acheteurs et vendeurs. Par lasuite,lalivraisondifféréeestdevenuepossible.Avecletemps,lescontratsàlivraisondifféréeontévoluécarlesagriculteursétaientdeplusenplusnombreuxàvendreleurscéréalessurle marché à terme contre des espèces. Si un producteurn’avait plus besoin d’un produit, il le vendait à un autreproducteurquienavaitbesoin.Cettedynamique,conjuguéeàl’incertitudedel’évolutiondesprixdansletemps,estàl’originedudéveloppementdescontratsàterme(CNUCED,2001).

(iii) Répartition géographique

Les plus anciennes bourses se trouvent principalement auxÉtats‑Unis (Chicago Board of Trade, Chicago MercantileExchange, New York Mercantile Exchange (NYMEX)), auRoyaume‑Uni (London Metal Exchange, InternationalPetroleum Exchange) et au Japon (Tokyo CommodityExchange). Dans les années 1980 et 1990, les bourses deproduitsdebasesesontmultipliéesdanslespaysémergents,par exemple en Chine (Dalian Commodity Exchange,Zhengzhou Commodity Exchange et Shanghai FuturesExchange),enAsiedel’Est(plusieursontétécrééesàKualaLumpur et font aujourd’hui partie de Bursa MalaysiaDerivatives), en Amérique latine (Bolsa de Mercadorias &Futoros au Brésil, Bolsa de Cereales en Argentine) et enEuropeorientale(CNUCED,2006).

AuXXIesiècle,onvoitapparaîtreunetroisièmegénérationdeboursesdeproduits,àlafaveurdesprogrèsdestechnologiesde l’information. C’est le cas, par exemple, du NationalMulti‑Commodity Exchange of India (2002), du Dubai Goldand Commodity Exchange (2004) et du Dubai MercantileExchange(2005).C’estenAfriquequeledéveloppementdesbourses de produits de base a été le plus limité, le SouthAfricanFuturesExchange(SAFEX),crééen1987,étantàcejourlaseulebourseimportante(CNUCED,2006).

Malgré le développement des bourses de produits de basedansdifférentespartiesdumonde,laconcentrationdumarchéreste importante, la plupart des transactions ayant lieu dansseulementquatrepays,àsavoirlesÉtats‑Unis,leRoyaume‑Uni,le Japon et la Chine. En fait, les onze premières bourses deproduits de base, en termes de volume de transactions, sesituent dans ces quatre pays (Lewis, 2005). De plus, cesbourses sont spécialisées dans certaines catégories deproduits.Parexemple,auxÉtats‑Unis,lescontratsàtermesurlesproduitsénergétiquesetlesproduitsagricolesconstituentl’essentiel des transactions. Au Royaume‑Uni, le négoce estorienté vers le secteur des métaux. Au Japon, ce sont lesproduitsénergétiquesetlesmétauxprécieuxquidominent,etenChine,cesontlesproduitsagricoles(Lewis,2005).

(iv) Principales fonctions

Découverte des prix

Les bourses de produits de base constituent des points deréférencenaturelspour ladéterminationdesprixdumarché–processusdedécouvertedesprix–carelleslaissentl’offreetlademandedéterminerlesprixaucomptantetàterme.Lestransactions boursières peuvent accentuer la volatilité desprix des produits de base. Mais, en permettant uneconcurrence effective (Thompson et Kunda, 2000), ellespeuvent aussi faire baisser les prix par rapport aux prixnégociésparlespartiesàuncontratbilatéral.

Liquidité

Lesmarchésboursiersorganisésontfacilité lacréationd’unpoolmondialoùpresquetouslesexportateursetimportateursvendentet achètent desproduits quotidiennement (Stroupe,2006). Ils assurent donc une plus grande liquidité dans lamesure où les perturbations de l’approvisionnement enprovenance d’un pays producteur peuvent être compenséespar d’autres fournisseurs. Cette fonction des bourses peutavoirdesconséquencespourlavolatilitédesprix,quiestunecaractéristique majeure des ressources naturelles, analyséedanslasectionC.5.

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Assurance contre le risque

Une fonction importante des marchés à terme est depermettre aux fournisseurs et aux clients de couvrir leursventes et leurs achats futurs en fixant un prix contractuel àterme. En verrouillant le prix pour une livraison à une dateultérieure, les opérateurs peuvent se prémunir contre lesfluctuationsdeprixquipourraientseproduireavantcettedate(Valdez, 2007). Par exemple, l’achat d’un contrat à termepermetàl’acheteurdebloquerleprixpouréviterdesubiruneperteencasdehaussefuturedesprix.Lemarchéestalorsutilisé comme un mécanisme d’assurance. Les contrats àterme peuvent aussi être achetés et vendus à des finsspéculatives,c’est‑à‑direpourréaliserunprofit(ouuneperte)enpariantsurlesfluctuationsfuturesdesprix.

Chambre de compensation

Chaque marché boursier organisé fonctionne avec unechambredecompensation,quiprend lesmarges initialesoulesdépôtsdegarantiedesdeuxpartiesàuncontrat.Par lasuite,siuneperteestenregistrée,unemargesupplémentaireestdébitéequotidiennementducomptedelapartieconcernéeàconcurrencedumontantdelamargeinitiale(Valdez,2007).Leschambresdecompensationfournissentainsidesservicesd’intermédiationfinancièreauxprincipauxintervenantssurlesmarchés de produits de base et, si leur capitalisation estsuffisante,elleslimitentlerisquededéfaillance.Ellesgèrentaussi les risques liés aux transactions en jouant le rôle decontrepartie centrale, c’est‑à‑dire en se substituant àl’acheteur et au vendeur (Valdez, 2007). De surcroît, leschambresdecompensationprotègentl’intégritédumarchéenveillant à ce que les transactions soient exécutées dans lerespectdesrègles(NeuhoffetvonHirschhausen,2005)5etengarantissantl’exécutiondescontrats(Valdez,2007).

(b) Autresmécanismesd’échange

Outrelesboursesorganisées,lesproduitsdebasesontaussinégociésdanslecadredecontratsaucomptantetàtermesurlesmarchésdegréàgré.Pourcertainsproduitsdebase,lestransactionsbilatéralessontimportantes,prenantnotammentla forme de contrats de fourniture à long terme entre pays.Enfin,lesproduitsdebasepeuventaussiêtrenégociésdanslecadredechaînesd’approvisionnementintégréesverticalement.

(i) Marchés de gré à gré

Lecommercedegréàgrénepassepasparunestructuredemarchécommune,maisalieudirectemententredeuxparties.Danslecasdesproduitsdebase,lespartiessontaussibienlesparticipantstraditionnels(producteursetconsommateurs)quedesparticipantsnontraditionnels(fondsindicielsetfondsspéculatifs).Àladifférencedesbourses,lesmarchésdegréàgrésecaractérisentpar lemanquedeliquidité, l’absencedeconcurrence et l’absence de protection contre le risque dedéfaillance. En outre, ils ne sont généralement pasréglementés(Valdez,2007).Bienqu’ils’agisseessentiellementde mécanismes bilatéraux, le processus de négociation estsouvent trèsautomatisé, lescourtiersétantconnectésentreeuxetaveclesprincipauxclients,cequileurpermetd’étudierlemarchépresqueinstantanément(Dodd,2002).

(ii) Contrats à long terme

Jusqu’audébutdesannées1970, lecommercedesproduitsénergétiques (pétrole et gaz naturel) et des métaux (cuivre,aluminium, minerai de fer) faisait le plus souvent l’objet decontrats à long terme entre pays producteurs et paysconsommateurs, passant par l’intermédiaire d’entreprisesd’État ou de multinationales (Stroupe, 2006). Les contratsd’achat ferme à long terme sont des contrats bilatéraux quilient les vendeurs et les acheteurs, généralement pour unepériodede15à20ans,pendantlaquellelesdeuxpartiesontdes obligations strictement définies. En particulier, lesacheteurs sont tenus de payer une quantité minimaleprédéterminéeduproduit,qu’ilsenprennentounonlivraison.Enmêmetemps,leprixestgénéralementindexéd’unefaçonoud’uneautrepourprotégerl’acheteurcontrelesfluctuationsà long terme (Masten, 1988). L’acheteur supporte ainsi lerisquedevolumeetlevendeurlerisquedeprix.Deplus,danslecadredecesystème,siunpaysexportateurn’honorepassesengagementsde livraisonenvers lepaysconsommateur,cedernierdoits’approvisionnerailleurs(Stroupe,2006).Cesarrangements sont généralement associés à une faibleliquiditédumarchéetlesperturbationspeuvententraînerdesdifficultés considérables. Les contrats à long terme avecindexationdesprixpeuventaussiavoirdesrépercussionssurlavolatilitédesprix.

Plusieursfacteurspeuventexpliquerlerecoursauxcontratsàlongterme.Premièrement,plusieurssecteursconcernéssontcaractérisés par des structures de production nonconcurrentielles (Golombeket al., 1987).Deuxièmement, dufaitdeleurcaractèrestratégique,lesproduitsdebasefaisantl’objetdecontratsàlongtermepeuventavoirunevaleurbiensupérieureauprixdeventesurunmarchéplusconcurrentiel(Parsons,1989).Troisièmement,lescontratsàlongtermesurces produits peuvent être utilisés pour éviter le risque decomportement opportuniste lorsqu’il y a d’importantsinvestissements potentiellement irrécupérables (Klein et al.,1978;Williamson,1983).Quatrièmement,dupointdevuedupays importateur, les contrats à long terme augmententprobablement lasécuritéde l’offre.Cinquièmement,dupointdevuedupaysexportateur,ilspeuventconstituerunobstacleà l’entrée sur le marché de nouveaux participants. Enfin, lechoixdescontratsàlongtermedepréférenceaunégoceenbourse peut s’expliquer par la nature de l’infrastructure detransport.Parexemple, l’existenced’unoléoduc6entredeuxpayspeutameneràpréférerlescontratsàlongterme,tandisque lapossibilitéd’utiliserdesnavires‑citernespouvantallern’importe où dans le monde peut encourager le négoce enbourse.

Avec le temps, les contrats de fourniture bilatéraux à longtermenégociésentrepaysexportateurset importateursontétécomplétésetparfoisremplacéspardescontratsnégociéssurlesmarchésorganisés,commeonl’avuauxÉtats‑Unis,auRoyaume‑Uni et plus généralement en Europe occidentale.7Certains pensent que le développement du négoce auxdépensdescontratsà longtermepeutentraînerunmanqued’informations à long terme sur les capacités de productionfutures et peut inciter les fournisseurs à surévaluer leurcapacitédeproductionpourstimulerlademandeetdissuaderleurs concurrents d’investir (Neuhoff et von Hirschhausen,2005). L’encadré 2 décrit cette transition sur le marché dupétrolebrut.

Mais il existe encore des contrats de fourniture bilatéraux àlong terme pour certaines ressources naturelles (produitsénergétiques,métauxetminerais),danslecasdelaRussieetdecertainspaysd’Asieetd’Afrique,parexemple(Alden,2009;

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Stroupe, 2006; Energy Report, 2009). Ces contrats sontsignéspar lesgouvernementsdepays richesen ressourcesnaturelles avec des entreprises ou des investisseurs privésétrangers, auxquels ils concèdentdes licencesd’explorationet d’extraction, assorties d’un régime fiscal particulier. Lescontrats prévoient généralement le paiement initial de lalicence,puislepaiementderedevancesoudel’impôtsurlesbénéfices des sociétés (Collier et Venables, 2009).8 Depuispeu, certains de ces contrats de fourniture prévoient deséchangesspécifiésà l’avance,quis’apparententautroc.Parexemple, le China International Fund finance desinvestissements d’infrastructure en Guinée d’un montant de7milliardsdedollarsEUenéchangedel’accèsauxressourcesnaturellesdupays,commelabauxite(Alden,2009).

Plus récemment encore, on a observé que le phénomèned’acquisition massive de terres agricoles (une ressourcenaturelle)prenaitdel’ampleurenAfrique,enAmériquelatine,en Asie centrale et en Asie du Sud‑Est, dans le cadre decontratsentrelesgouvernementsdespaysconcernésetdesentreprises privées, des entreprises d’État et des fondssouverains étrangers. Ce phénomène est motivé par lemanquedeterresarablesetlesutilisationsconcurrentesdesterresagricolesdanslespaysacquéreurs(Cotulaet al.,2009).

(iii) Intégration verticale

Leschaînesd’approvisionnementpeuventcomporterplusieursétapes de production dans certains secteurs de ressourcesnaturelles. Par exemple, pour les produits énergétiques(pétrole et gaz naturel), les minerais et les métaux, ellescomprennentl’exploration,l’extraction,latransformationouleraffinage, la distribution et la commercialisation. Ainsi, lesproducteursvendentetlivrentleurproductionauxraffineriesou aux usines de transformation. Les raffineurs vendentensuiteleursproduitsauxnégociantsdegrosetdedétail,quilesvendentauxconsommateursfinals(Smith,2009).

Chaque étape de la chaîne d’approvisionnement peut êtrelocaliséedansunerégiondifférente,enfonctiondel’avantagecomparatif(OMC,2008)(voirlasectionC.1).Lesentreprisespeuventdoncréduireleurscoûtsdeproductionenlocalisantchaqueétapeduprocessusdeproductiondanslepaysoùlesintrantsutilisésdemanièreplus intensiveàcetteétapesont

relativement abondants (Jones et Kierkowski, 2001). Ellespeuventlefairededeuxfaçons:parintégrationverticaledesdifférentes étapes du processus de production au sein del’entrepriseouaumoyendecontratspassésentreentreprisesindépendantes.Lechoixentrecesdeuxoptionsestluiaussifondé sur l’avantage comparatif (Coase, 1954). Pour quel’intégration verticale soit économiquement justifiée, il fautque les fournisseurs internes soient plus efficients que lesfournisseursexternes.

Outre l’argumentplusgénéralde l’efficience, il yaplusieursraisons pour lesquelles les ressources naturelles peuventfairel’objetd’échangesauseindesentreprises.Premièrement,l’intégration verticale réduit le risque car les bénéfices auxdifférentes étapes de la chaîne d’approvisionnement onttendanceàfluctuerdedifférentesfaçons.Parexemple,danslecasdupétrole,quandlecoursdubrutestbas,lesmargesde raffinage et de commercialisation ont tendance àaugmenter (Al‑Moneef, 1998). Cela vaut en particulier pourlesproduitsquisontcaractérisésparunefortevolatilitédesprix. Deuxièmement, à la différence des échanges entreentreprises indépendantes, l’intégration verticale garantitl’accèsaux ressourceset la sécuritéde l’approvisionnement(Al‑Moneef,1998).

Troisièmement, pour vendre un bien intermédiaire à uneentreprise en aval, un fournisseur en amont peut faire uninvestissement initial important dans un lieu ou un siteparticulier, afin de réduire les coûts de stockage et detransport. Les installations d’extraction et de transformationdes produits miniers en sont de bons exemples (Joskow,2005). Quatrièmement, le passage des transactions aucomptantàl’intégrationverticalepeutaussis’expliquerparlefait que les producteurs veulent contrôler plus strictementleurs chaînes d’approvisionnement pour répondre à lademande des consommateurs en termes de qualité et desécurité(MénardetKlein,2004).Danslesecteurdupétroleetdugazparexemple,denombreusesentreprisesdeforageélargissent le champ de leurs activités pour y inclure ledéveloppement de gisements et la gestion des ressources.9L’encadré3décritbrièvementlecasdeChevron,unesociétépétrolièreetgazièreintégréeverticalementdontlesdifférentssegmentssontlocalisésdansdifférentespartiesdumonde.

Encadré2: l’évolution du marché du pétrole brut : des contrats à long terme au négoce en bourse

Jusqu’audébutdesannées1970, lesmarchéspétroliersétaientcaractériséspardescontratsdefourniturebilatérauxàlongterme(d’uneduréededixà20ans,ouplus)entrepaysexportateursetpaysimportateurs,conclus,généralementparl’intermédiaire de sociétés pétrolières multinationales. Huit grandes compagnies étaient les «fournisseurs habituels» etdominaientlecommercedubrut.Ellesvendaientdegrandesquantitésdepétroledontellesn’avaientpasbesoinpourleurspropres opérations à des compagnies pétrolières intégrées, à des raffineries indépendantes et à des négociants, pouréquilibrerlesmarchésmondiaux(Mohnfeld,1980).Maislerenforcementdel’OPEPetlaguerreisraélo‑arabede1973ontdéclenché une vague de nationalisation dans plusieurs pays exportateurs. Il s’en est suivi un embargo ciblé contre lesÉtats‑Unisetuneflambéedescoursdubrut.

Après une brève période de strict contrôle des prix, le gouvernement des États‑Unis a amorcé un processus dedéréglementation. Des marchés du pétrole au comptant et à terme ont été créés et le New York Mercantile Exchange(NYMEX)estdevenulapremièreboursecentraliséepourlepétrole.Aufildesans,laproliférationdesmarchésorganisésafacilitélacréationd’unmarchémondialdupétrolelibelléendollarsEU.Parcontre,laRussieetsespartenairesproducteurset consommateurscontinuentd’opérerdans lecadredecontratsde fourniturebilatérauxà long terme.Onobserveparailleursunetendanceàlacréation,auMoyen‑OrientetenAsie,denouvellesboursesdupétrolequitententderivaliseraveccellesdeNewYorketdeLondres.Leurstransactionspeuventêtre libelléesdansdesmonnaiesautresque ledollarEU(Stroupe,2006).

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Pourrésumer,l’analysequiprécèdeamontréplushautquelecommerce des ressources naturelles diffère du commercedesproduitsmanufacturésdufaitdecertainescaractéristiquesparticulières de ces ressources, notamment leur caractèrehomogène, la possibilité de les stocker, leur répartitiongéographique inégale et l’importance stratégique de bonnombred’entreelles.Compte tenude labaisseducoûtdestransports et de la libéralisation accrue des marchés, lecommercedesressourcesnaturelless’effectueaujourd’huiengrande partie au niveau mondial, souvent par l’intermédiairede bourses de produits organisées. Toutefois, certainsmarchés de produits de base restent caractérisés par uneinterventionimportantedel’Étatetl’exerciced’unpouvoirdemarché,cequipeuts’expliqueràlafoispardesconsidérationséconomiques et non économiques, allant du développementindustrielauxfacteursgéopolitiques.

4. Ressourcesnaturelles:lamondialisationetledébatintellectuel

(a) Lamondialisationdesressourcesnaturelles

Au cours des deux derniers siècles, et, en particulier, cesdernières décennies, on a observé un accroissementconsidérable du volume et de la gamme des ressourcesnaturelles faisant l’objet d’échanges internationaux. À unmoment donné, seules les ressources les plus précieusesétaient expédiées vers les marchés lointains. Aujourd’hui,presque toutes les matières premières sont échangées engrandes quantités à travers le monde, contribuant à l’essorrapide de l’industrialisation et du développement quicaractérise l’économie moderne. Plusieurs facteurs ontcontribué à la «mondialisation» des ressources naturelles –notamment la croissance démographique, la colonisation,l’industrialisationet lamontéedespaysendéveloppement–mais cette section examine surtout deux tendances qui ontpermis ce processus: premièrement, les immenses progrèsdesmoyensdetransportdepuislemilieuduXIXesiècle,quiontconsidérablementréduitlecoûtducommercedesproduitsde base; et, deuxièmement, la libéralisation du marché desressourcesnaturelles,enparticulierdepuislesannées1980,quiaouvertlavoieàlamondialisationdecemarché.

(i) Raccourcissement des distances

L’apparition d’un marché mondial des ressources naturellesest un phénomène relativement récent. Pendant la majeurepartiedel’histoirehumaine,ilétaittropcoûteuxdetransporterdesmatièrespremièresenvracsurdelonguesdistances,cequi obligeait de fait à produire là où se trouvaient les

ressources naturelles essentielles, telles que le bois, lecharbon ou le minerai de fer. Ces contraintes ont pu êtrelevéesgrâceàcequeNils‑GustavLundgrenappellelestrois«révolutions» des transports (Lundgren, 1996). La premièrerévolutionaeu lieuengros entre leXVIeet leXVIIIesiècle,avecl’améliorationgraduelledelaconceptionetdel’efficacitédesbateauxàvoiles.Certes,lescoûtsélevésnepermettaientd’expédieràtraverslesocéansquelesproduitslespluschers,comme le café, le cacao, les épices et les métaux précieuxmaislamarineàvoileapeuàpeureliél’Europeauxcôtesdel’AmériqueduNord,de l’AmériqueduSud,de l’Afriqueetdel’Asie, esquissant ainsi, pour la première fois, les contoursgénérauxd’une«économiemondiale».

Ladeuxièmerévolutiondestransportss’estproduiteaumilieudu XIXe siècle, lorsque l’utilisation de la vapeur dans lestransports terrestre et maritime a modifié l’économie dutransport de marchandises de faible valeur sur de grandesdistances,enlerendantmoinscoûteux.Avecleremplacementduchevalparlechemindeferetdesbateauxàvoileenboisparlesbateauxàvapeurenmétal,lescentresindustrielsonteusoudainaccèsàunlargeéventaildeproduits,enparticulierdeproduitsagricolesd’AmériqueduNord,d’AmériqueduSud,d’Afrique et d’Asie, ce qui a grandement encouragé lecommerce, l’exploration et l’investissement à l’étranger,élargissant considérablement les possibilités d’expansionindustrielle. Le coût du transport transatlantique a chutéd’environ60pourcententrelesannées1870etledébutduXXe siècle, ce qui a transformé le commerce des produitsagricoles, les céréales d’Amérique du Nord et d’Europe del’Est devenant soudain concurrentielles sur les marchéseuropéens,etcequiaaccéléréleprocessusdespécialisationindustrielle(Lundgren,1996).

La troisième révolution des transports a eu lieu après lesannées1950,avecl’augmentationspectaculairedelataillemoyennedesnaviresmarchands.LafermetureducanaldeSuezen1956‑1957(puis,denouveau,en1965)a jouéunrôle majeur dans le lancement de ce processus. Soudainconfrontéeaucoûtdutransportdupétrole,ducharbon,duminerai de fer et d’autres marchandises en vrac sur desdistances beaucoup plus importantes, l’industrie dutransportmaritimeadécidéd’investir dans la constructionde grands vraquiers spécialisés et dans les installationsportuairesnécessairespouraccueillircesnouveauxnavires.Lespétroliers,quifaisaientenmoyenne16000tonnesdeportenlourd(tpl)audébutdesannées1950(leurcapacitéétantlimitéeparlanécessitédefranchirlecanaldeSuez),atteignaient plusde100000 tpl dans les années1990–les super‑pétroliers modernes dépassant 500 000 tpl etpouvant transporterplusde3millionsdebarilsdepétrole.Les mêmes avancées technologiques ont transformé lescargos,dontlacapacitéestpasséedemoinsde20000tplen moyenne en 1960 à environ 45 000 tpl au début desannées1990.

Encadré3:Chevron – un exemple d’intégration verticale

Chevronad’importantesactivitésd’explorationetdeproductiondepétroleetdegazdanslemondeentier.10C’estlepremierproducteurprivédepétroleauKazakhstan,lepremierproducteurdepétroleetdegazenThaïlandeetleprincipaldétenteurdegisementsdegaznaturelnonexploitésenAustralie;c’estaussil’undesplusgrandspropriétairesdefondsmarinsauNigéria,etlasociétéenlouedansleGolfeduMexique.Enoutre,Chevronestprésentdanstouslessegmentsdel’industrieen aval: transformation, commercialisation et transport. Les moyens de raffinage de l’entreprise sont concentrés enAmériqueduNord,enEuropeoccidentale,enAfriqueduSudetdanslarégionAsie‑Pacifique.Travaillantpourdesclientsdanslemondeentier,Chevroncommercialisedesproduitsraffinésprincipalementsoustroismarques:Chevron,TexacoetCaltex.Encequiconcerneletransport,ChevronPipeLineCo.transportedupétrolebrut,dugaznaturel,dugaznaturelliquéfié,duCO2,desproduitspétrochimiquesetdesproduitsraffinésauxÉtats‑Unisgrâceàunvasteréseaudegazoducs,d’oléoducsetd’installationsdestockage.Enoutre,ChevronShippingCo.gèreuneflottemondialedenaviresquitransportentdesproduitsdedétail.

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Demêmequel’avènementdutransportàvapeuraréduit lecoûtducommercedesproduitsagricolesdansladeuxièmemoitiéduXIXesiècle,lesnouvellestechniquesdetransportont considérablement réduit le coût de l’expédition denombreusesmarchandisesenvracdefaiblevaleurpendantlapériodedel’après‑guerre.Lestauxdefretontdiminuéde65 pour cent entre les années 1950 et les années 1990,tandisquelecommercedesmarchandisesenvracestpasséd’environ500millionsdetonnesà3977millionsdetonnes,soituneaugmentationde657pourcent.11Globalement, lecoût du transport des ressources naturelles a diminué de90 pour cent entre 1870 et 1990 – ce qui a entraîné unaccroissement massif du volume des matières premièreséchangées, des distances parcourues et de la gamme desproduits concernés. Presque toutes les marchandises envrac–dumineraideferetdesengraisphosphatésaupétrolebrut et au gaz naturel – sont maintenant courammentexpédiées sur de grandes distances par terre et par mer.Même les résidus de ressources – comme les déchets demétaux, les déchets de mine et les rebuts forestiers etagricoles – font de plus en plus l’objet d’échangesinternationaux.

(ii) Ouverture des marchés

Un deuxième grand facteur ayant influencé le commercemondialdesressourcesnaturellesestl’interventionfluctuantede l’État sur les marchés nationaux et internationaux deproduits de base. Bien qu’il soit difficile de généraliser, ilsemble que l’ampleur et la nature de l’intervention de l’Étatsurlesmarchésderessourcesdépendaitnonseulementdespositions et des tendances idéologiques, mais aussi del’abondance ou de la rareté relatives des ressourcesnaturellessurlesmarchésmondiaux.

Certaines interventions, comme les accords internationauxde produit, visaient à régler les problèmes d’excédentsmondiaux et de volatilité des prix. D’autres, comme lesrestrictionsàl’exportation,étaientmotivéesparlararetédesressources, la concurrencestratégiqueentre lespayspourl’obtentiondematièrespremièresessentielleset la volontéde diversification économique. Si, au cours des dernièresdécennies,latendancegénéraleàl’ouverturedesmarchésaétéencouragéeparl’abondancerelativeetlabaissedesprixde nombreux produits de base, il reste à savoir sil’augmentationrécentedesprixdesproduitsdebaseetlessignes de rareté croissante, en particulier dans le cas desmatières premières stratégiques, donneront lieu, dansl’avenir, à une intervention plus importante des pouvoirspublicssurlesmarchésderessources.

Lapériodederelative libertéducommercedes ressourcesnaturelles qui a prévalu au XIXe siècle a pris fin dans lapremière moitié du XXe siècle. Le déclenchement de laPremière Guerre mondiale et les efforts faits pour priverl’ennemideressourcesontamenélespaysàsepréoccuperdeplusenplusde leur accèsaux sources stratégiquesdenourriture, de combustibles et de matières premières pourapprovisionnerleurpopulationetleurarmée.L’effondrementdesprixdenombreuxproduitsdebaseaprès laguerre,enparticulierpendantlaGrandeDépressiondesannées1930,a aussi conduit les gouvernements du monde entier àintervenirsurlesmarchésafind’aiderlesagriculteursetlesmineurs.Cettetendances’estpoursuiviependantlaSecondeGuerremondialeetaudébutdelaguerrefroideàlafindesannées1940.Lesgouvernementsontalorsprisdenouveaudesmesurespourgarantirl’accèsauxmatièrespremières,àla fois dans leur pays et à l’étranger, pour des raisonsstratégiquesetdesécurité.

Ladislocationdesempiresd’avant‑guerreetleprocessusdedécolonisation qui s’en est suivi dans les années 1950 et1960ontsuscitéunenouvellevagued’interventionétatiquesurlesmarchésderessourcesnaturellesaumomentoùlespays d’Afrique et d’Asie nouvellement indépendantscherchaient à prendre le contrôle des secteurs miniers eténergétique qui étaient auparavant entre des mainsétrangères.Pendantcettepériode,lesinterventionsétaientmotivées,dansbiendescas,parlaprofondeconvictionqueles gouvernements et la planification d’État pouvaientcorrigerlesdéfautsapparentsdumarché(Skidelsky,1996).

Ces interventions étaient diverses, de grande portée etcomplexes. De nombreux pays développés et endéveloppementont imposédesdroitsoudes restrictionsàl’exportation sur le blé, le sucre, le caoutchouc, l’étain etd’autres produits de base dans le souci de contrôler lesapprovisionnements internationaux et de soutenir les prix.Desannées1920auxannées1980,plusieurstentativesontété faites–avecplusoumoinsdesuccès–pournégocierdes accords internationaux de produit entre paysexportateursetpaysimportateurspourlesproduitsdebaseessentiels, comme lecafé, lecaoutchoucet l’étain,dans lebut de gérer l’approvisionnement mondial et les fluxcommerciaux.Ceseffortsontsouventéchouéparcequelesconsommateurs souhaitaient que la volatilité des prixdiminue,tandisquelesproducteursvoulaientaugmenterlesprix. Pour des raisons stratégiques et économiques, uncertainnombredepaysontaussi imposédesrestrictionsàl’exportation ou un contrôle des prix intérieurs pour lesproduits essentiels, comme le pétrole. Les inquiétudessuscitées par la dépendance croissante à l’égard desfournisseurs étrangers ont encouragé certains pays àconstituer des stocks stratégiques de pétrole, d’étain etd’autresressourcesessentielles.

Lesmarchésmondiauxdeproduitsontétéinfluencésaussipar l’aide étrangère – sous la forme de garanties donnéespar les pays importateurs pour l’achat de quantitésprédéterminéesd’unproduitdonné,ousouslaformed’aidealimentaire ou d’autres types d’aide, par lesquels les paysexportateurs transféraient de fait leurs excédents deproduitsauxpaysendéveloppementpluspauvres(Radetzki,2008).

Toutefois, la tendance à l’intervention de l’État sur lesmarchés de ressources naturelles – et d’ailleurs dansl’économie en général – a commencé à diminuer dans lesannées 1980, pour diverses raisons, notamment d’ordreidéologique, avec le remplacement du système deplanificationetdecontrôlecentraliséspar lesmécanismesdumarchépourstimulerlacroissanceéconomique.

À l’exception partielle du secteur de l’énergie, les marchésdeproduitsdebaseontétécaractérisésparune tendancegénéraleàl’ouverture.Lescyclessuccessifsdenégociationscommerciales multilatérales ont fait que la moyenne desdroits de douane sur la plupart des matières premières abaissé.Lenombreetl’importancedesaccordsinternationauxdeproduitontaussidiminuéetl’accentaétémisdavantagesur les opérations de couverture dans les bourses deproduitsdebasepouraideràstabiliser lesprix.Lesstocksstratégiquescontrôlésparlespouvoirspublicsonteuxaussidiminué.Désormaislimitésengrandepartieaupétrole,ilsnereprésententplusqu’unepetitefractiondecequ’ilsétaientily a plusieurs décennies. L’idéologie n’explique pas à elleseule ce changement. La baisse tendancielle à long termedes prix internationaux de nombreux produits de base,conjuguée au recul des préoccupations stratégiques dansl’après‑guerre froide, ont renforcé la tendancegénérale au

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remplacement de la propriété et du contrôle d’État par lesmécanismes du marché pour stimuler l’investissement,améliorerl’efficacitéetgarantiruneplusgrandestabilitédesprix.

Mais,pourimportantqu’ilsoit,ledésengagementdel’Étatdesmarchésderessourcesnaturellesest loind’êtreuniversel,nimêmepermanent.Lesexceptionslesplusévidentessontlesmarchés de produits agricoles sur lesquels les tarifs, lessubventions et les réglementations des pays développéscontinuent de fausser notablement les échanges mondiaux.Le secteur de l’énergie est un autre exemple évidentd’intervention de l’État sur les marchés internationaux deproduits de base. Les États restent les principaux acteursdanslesecteurdupétroleetdugaz,nonseulementparmilesmembres de l’OPEP, mais aussi parmi les autres paysproducteurs d’énergie, car non seulement ils possèdent etgèrentlesprincipauxactifs,maisencoreilsinfluentactivementsur les marchés mondiaux en contrôlant la production etl’investissement(Instituteof InternationalEconomics,2004).Leseffortsfaitsrécemmentparcertainspayspourrenforcerleur mainmise sur les ressources naturelles nationales oulimiter l’approvisionnement des marchés mondiaux – enparticulierenpétroleetengaznaturel–préfigurentpeut‑êtreunenouvellevagued’interventionpubliquesurlesmarchésderessources naturelles, encouragée, en particulier, par leniveauélevédesprixetdesprofits(Radetzki,2008).

(iii) Résumé

La «mondialisation» en cours du commerce des ressourcesnaturellescontinueàtransformernonseulementlanaturedesmarchés des produits de base, mais aussi la structure del’économie mondiale (Krugman, 1991). L’accroissementconsidérable du volume et de la gamme des ressourcesnaturellessur lesmarchésmondiauxaucoursdesdernièresdécenniesaélargil’accèsauxmatièrespremièresetl’arendupluséquitable,enfaisantbaisser lesprixd’ungrandnombrede ressources, en encourageant l’investissement dans denouvelles sources géographiquement éparses et encontribuant de façon générale à l’expansion de l’économiemondiale. Laproximitédes ressources naturelles, comme lecharbon et le minerai de fer, a aussi beaucoup moinsd’importancepourlaproductionindustrielleaujourd’huiqu’ilyaunsiècle,desorteque ledéveloppement industrielestdeplus en plus découplé de la dotation en ressources, ce quipermet aux entreprises de s’établir dans les endroits dumondeoùlerapportcoût‑efficacitéestleplusélevéetcequiaccélère la tendance à la spécialisation internationale(Radetzki, 2008; Sachs et Warner, 1995). Dans le mêmetemps, l’expansion du commerce des ressources naturelles,qui a contribué à l’accroissement de la consommationmondiale, pourrait avoir des implications en termesd’épuisement des ressources et d’effets négatifs surl’environnement.

(b) Ledébatintellectuel:raretéouabondance?

Depuisplusdedeuxsiècles, laquestionde l’incidencede lacroissanceéconomiquesurlesressourcesnaturelleslimitéesde la planète est au cœur d’un vaste débat intellectuel.Certains font valoir que la croissance économique effrénéeconduirainévitablementàl’épuisementdesressourcesetàladégradation de l’environnement. D’autres estiment aucontraire que la croissance économique et le progrèstechnologiquepeuventaideràgérerlesressourcesraresetàtrouverdessolutionsderemplacement.Laquestiondesavoir

silesmarchés,telsqu’ilssontorganisésactuellement,sontàmême de répondre à ces pressions constitue un point dedésaccordcentral.Lespréoccupationsactuellesausujetdulien entre la mondialisation, la rareté des ressources et lesproblèmes environnementaux (comme le changementclimatique)confèrentàcedébatdéjàancienuneactualitéetunepertinencenouvelles.

(i) L’optimisme libéral

Adam Smith a été le premier économiste à systématiserl’argument en faveur du rôle central du libre marché dansl’allocation efficace et productive des ressources, y comprisles ressourcesnaturelles.DansLa richesse des nations, il aformulé la thèse fameuse selon laquelle la recherche del’intérêtpersonneldanslecadred’unmarchélibreétaitlaclédelacroissanceéconomiqueetduprogrèssocial–«commeparunemaininvisible».12

S’appuyant sur les physiocrates français, il a rejeté l’idéemercantilistetrèsrépandueselonlaquelle,commelarichessedesnationsestfixe,lespaysdoivents’efforcerdeladissiperlemoinspossible–etde thésauriserautantquepossible. Ilpensaitaucontraireque larichesseétaitcrééepar letravailproductif, par la division du travail et par le commerceinternational.Enparticulier,ilestimait,commelesphysiocrates,quelaproductivitédelaterre(souventsynonyme,chezlui,de«ressources naturelles») et l’expansion de la productionagricoleétaientlesfondementsdelaprospérité,permettantàuneplusgrandepartiedelapopulationdetirersasubsistancede l’industriemanufacturière.13Leproblèmeétaitnonpas lemanque de terres mais plutôt le manque d’investissementdanslaproductivitédelaterre–quireflétaitsouventunautreproblème,celuidel’interventiondel’Étatsurlesmarchés,quidécourageaitl’espritd’entreprise.

Bien que ses travaux n’aient pas porté expressément sur laquestiondel’épuisementdesressourcesoudeslimitesdelacroissance économique, Smith croyait profondément quel’humanité pouvait prospérer avec les ressources dont elledisposait–opinionconfortéeparsesobservationsaujourlejour sur la façon dont le monde était transformé par lesprogrès spectaculaires de l’industrie manufacturière, del’agricultureetdesmines(Kula,1998).Safoidansletravailetl’ingéniosité des individus et dans le pouvoir de la «maininvisible»dumarchéd’allouerefficacement les ressourcesamarqué de façon décisive les penseurs qui, après lui, ontréfléchi à la gestion des ressources, et exerce toujours unegrandeinfluenceaujourd’hui.

(ii) Le pessimisme malthusien

Les idées de Thomas Malthus étaient diamétralementopposées à la croyance d’Adam Smith dans la capacité dumarché de résoudre la tension entre la croissance de laconsommation humaine et la finitude des ressourcesterrestres–etd’ailleurs,ellesallaientaussiàl’encontredelafoidesLumièresdansunesociétéperfectibleetenprogrès.PourMalthus,l’idéed’unprogrèssansfinétaitnonseulementnaïve mais aussi dangereuse, en raison des pressionsinexorables de la croissance démographique et de lacapacité limitée de la planète de les supporter. Dans sonEssai sur le principe de population,ilaaffirméquel’effetdela croissance démographique sur l’offre limitée de terre etd’autres ressources conduirait à la famine. La croissanceéconomique, lecommerce internationalet leprogrèssocialn’apportaient aucune solution car ils ne faisaient quecontribuer à l’accroissement insoutenable de la population,quiseraitàsontourinterrompuparlafamine,lamaladieetla

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mort.14Malthusestimaitqueleniveaudeviedelamassedelapopulationavait tendanceàbaisserà long termevers leniveau de subsistance – auquel la population pouvaitseulement se reproduire et non s’accroître, et auquell’économie atteindrait un état de stabilité, avec unepopulation constante et des niveaux de vie de subsistanceconstants(Permanet al.,1996).

Le pessimisme de Malthus, qui doutait que la croissanceéconomiquepermettede transcender les limitesnaturellesde la planète, a eu autant d’influence à son époque – etmêmeaprès–quel’optimismedeSmith.Parexemple,DavidRicardo pensait, comme Malthus, que la diminution desressources naturelles due à l’expansion de l’activitééconomiquefiniraitparstopperà lafois lacroissancedelapopulationetcelledel’économie.Selonlui,onpouvaitcertesaugmenter la production agricole en exploitant les terresdisponibles de manière plus intensive et en mettant enculturedenouvellesterres,maislesgainsrésultantdecetteaugmentation diminuerait peu à peu, ce qui aboutirait à lastagnationde lacroissanceetdesniveauxdevie (Ricardo,1817).

Comme d’autres économistes classiques, John Stuart Millcroyait que le développement économique était destiné àatteindreunétatd’équilibreoudestabilité.Sacontributionau débat a consisté à mettre en doute non seulement lafaisabilité, mais aussi l’opportunité d’une croissanceéconomiquesans limite(Mill,1848).Écrivantàuneépoqueoùleproduitparhabitantallaitenaugmentant,Millaadmisque l’innovation technologique, la découverte de nouvellessourcesdematièrespremièresetl’utilisationdecombustiblesfossilesdansleprocessusdeproductionétaientimportantspouréviterlabaissedesrendementsdueàlalimitationdesressources naturelles. Cependant, Mill avait adopté uneconceptionpluslargedurôledesressourcesnaturellesdansl’économie. Préfigurant la réflexion ultérieure sur laprotectiondelanature,ilafaitvaloirquelaqualitédumilieunatureldéterminaitnonseulementlaproductivitémaisaussileniveauetlesconditionsdeviegénéralesdesgénérationsprésentes et futures. Selon Mill, le problème n’était pas lacroissance économique dans le monde développé – où leprogrèsmatérielatteignaitdéjàsonapogée–maisc’étaitsarépartitionetsesincidences(Permanet al. ,1996).

Karl Marx, peut‑être plus que les économistes qui l’ontprécédé, a reconnu le pouvoir de transformation ducapitalismeetlacapacitédelatechnologiedesurmonterlescontraintes liées aux ressources – bien qu’il ait partagé lepostulat de l’école classique selon lequel le progrèséconomiquefiniraitpars’arrêterousestabiliser.Selonlui,lapaupérisation de la classe ouvrière résultait non pas despressions démographiques sur les ressources naturellesfiniesmaisduvolde lamain‑d’œuvreexcédentaireetde lavaleur ajoutée par la classe capitaliste (Marx, 1867). Marxestimait qu’une crise du capitalisme était inévitable mais,alors que Malthus et Ricardo pensaient que cette criserésulteraitdelabaissedesrendementsdueàlacroissancedémographique, il pensait qu’elle serait déclenchée par labaisse des profits et l’insuffisance du pouvoir d’achat desmassespauvres(Kula,1998).

(iii) Les économistes néoclassiques : un optimisme prudent

Tout le monde ne partageait pas le pessimisme deséconomistesclassiquesausujetdeslimitesdelacroissanceéconomique.HenryCarey, quiallaitdevenirdeplusenpluscritique à l’égard de l’économie politique classique, croyait

danslapossibilitéd’unprogrèséconomiquecontinuetd’uneharmonisation des différents intérêts économiques.Contestant la théorie de Malthus et Ricardo selon laquellel’expansion économique conduisait inexorablement àl’augmentation de la population, à l’épuisement desressourcesetàlastagnationduniveaudevie,ilafaitobserverquel’histoiredel’agricultureetdel’industrieminièreavaitétémarquée par l’accroissement constant de la productivité,résultantdel’accumulationducapitaletdel’améliorationdesméthodes (Carey, 1840). En général, la production agricoles’était déplacée des terres pauvres vers les terres riches,processusfavoriséparl’améliorationcontinuedestechniquesagricolesetdesmoyensdetransport.Unprocessusanalogueétaitobservédansl’industrieminière.Alorsquelesanciennesminess’épuisaientpeuàpeu,denouvellesminesplusrichesétaient constamment mises en exploitation, grâce à denouveaux investissements, à l’application de nouvellestechnologiesetàladécouvertedenouveauxgisements.15

Toutefois, les économistes néoclassiques reconnaissaientaussi que le marché ne pouvait pas résoudre tous lesproblèmesliésàl’allocationetàl’épuisementdesressources,en particulier dans leurs travaux sur la raréfaction desressources et les effets externes. Dès le milieu du XIXesiècle, Mill avait constaté que l’extraction minière était uneactivité économique qui différait de l’agriculture ou del’industrie manufacturière dans la mesure où il s’agissaitd’une ressource non renouvelable qui pouvait finir pars’épuiser (Perman et al. , 1996). L’extraction aujourd’huisignifiait une réduction des profits futurs; inversement,l’extraction demain impliquait une réduction des profitsprésents.Danssonouvragetrèslu,intituléSur la question du charbon, William Jevons a développé cette idée en attirantl’attention sur l’épuisement imminent des ressourcesénergétiquesetenformulantdesidéessurl’épuisementdesressources qui ont récemment suscité un regain d’intérêtdanslestravauxsurle«picpétrolier».

C’est dans cet ouvrage que l’auteur a énoncé ce qu’il estconvenu d’appeler le paradoxe «de Jevons», selon lequeltouteaméliorationdel’efficacitéaveclaquelleuneressourceest employée entraîne une augmentation, et non unediminution,delaconsommationdecetteressource,enraisonde la baisse des prix, ce qui conduit en définitive à sonépuisement.HaroldHotellingaémisunavisunpeudifférentet plus optimiste sur cette question. Dans son articlefondateur, The Economics of Exhaustible Resources , ilsoutient que des spéculateurs rationnels, anticipant lapénurie future d’une ressource non renouvelable,conserverontoustockerontcetteressourceenattendantunehaussedesprix.Lahaussedesprixprovoquéeparladécisiondes spéculateurs de constituer des réserves réduira laconsommation et encouragera la recherche de substitutsmoinschers(Hotelling,1931).

Alfred Marshall est allé un peu plus loin dans l’analyseéconomique de l’épuisement des ressources et de ladégradation de l’environnement en mettant en lumière leproblème des retombées involontaires ou «externalités» –c’est‑à‑dire les coûts ou les avantages pour les tiers qui nesont pas pris en compte par l’agent qui prend la décisionéconomique.ArthurPigou,discipledeMarshall,adéveloppésathéorie des externalités, préconisant l’intervention de l’Étatpour corriger de telles défaillances du marché. Comme lemarchén’incitepas lesacteurséconomiquesànepascréerd’externalités négatives (comme la pollution) ou à créer desexternalitéspositives(commelerecyclage),l’Étatavaitunrôleessentielàjouerdanslagestiondesressourcesnaturellesetdelapollution,notammenteninfluençantlescomportementsprivéspardestaxesoudessubventions(Pigou,1929).

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(iv) Les néomalthusiens : les limites de la croissance

Les idées néomalthusiennes ont été ressuscitées en 1972aveclapublicationretentissantedurapportduClubdeRomeintitulé «Halte à la croissance?». Tentant de modéliserl’incidence de la croissance démographique rapide et del’expansionéconomiquesurdesressourcesnaturellesfinies,ce rapport prédisait que les tendances observées nepouvaient pas se poursuivre indéfiniment et qu’«unecroissance exponentielle conduirait finalement à uneffondrement écologique et économique» (Meadows et al. ,1972).Lerapportsemblaitdireaussiquelemondeétaitdéjàsurlepointdemanquerdecertainesressourcesessentielles(le pétrole en 1975, l’or en 1981, l’argent et le mercure en1985,lezincen1991)–conclusionquelechocpétrolierde1973 a semblé corroborer. Des conclusions analogues ontété formulées dans un rapport du gouvernement desÉtats‑Unissur l’avenirde laplanète,publiéen1980sous letitreGlobal 2000, quiprévoyaitqu’en2000,lemondeserait«plus peuplé, plus pollué, moins stable écologiquement etplusvulnérableauxperturbations»etquiannonçaitque«degraves tensions sur la population, les ressources etl’environnement[étaient]clairementprévisibles».16

Même des économistes du courant dominant, comme JohnKenneth Galbraith (1974), Ezra Mishan (1967) et Potter etChristy(1962)sesontinterrogéssurlacapacitédelaplanèteàsupporterlestensionsprovoquéesparlaquêteincessanteet obstinée de la croissance économique qui caractérise lasociété moderne.17 Plus récemment, le champ despréoccupationss’estélargiet,àladiminutiondesressourcesnaturelles, s’est ajouté le souci d’une consommationinsoutenable–etnuisiblepourl’environnement.Lapollutiondes sols, des eaux et des airs, l’extinction de certainesespèces et le réchauffement climatique sont autantd’élémentsquiannoncentunavenirdanslequell’écosystèmene sera plus en mesure de supporter une croissanceéconomiqueeffrénée.Lemalthusianismeétaitderetourdanslapenséeéconomiquedominante(Turner,2008).

Dans le même temps, plusieurs économistes ont fait valoirqu’ilfallaitétudierl’économiedanslecontextepluslargedessystèmes naturels. En 1966, Kenneth Boulding a publié unarticle bref mais édifiant, intitulé The Economics of the Coming Spaceship Earth,danslequelilcomparaitlaplanèteàunpetitvaisseauspatialoùtouteslesactivitéséconomiquesont lieu dans le contexte de l’épuisement des ressourcesnaturelles.Bouldingappelait leséconomistesàabandonnerl’idée d’économie ouverte aux ressources illimitées pour leconceptd’économiefermée«sansressourcesillimitées,qu’ils’agisse d’extraction ou de pollution, sans laquelle l’hommedoit, par conséquent, trouver sa place dans un systèmeécologiquecyclique»(Boulding,1966).

SelonBoulding,l’économienepouvaitêtrecomprisedefaçonconstructive que comme un sous‑ensemble d’un systèmenaturelbeaucoupplusvaste,etilétaitdangereuxdevouloirladissocier du monde naturel dans lequel elle s’inscrivait carcela risquait d’aboutir à une catastrophe environnementale.Boulding est généralement considéré comme l’un desfondateursdel’économieécologiqueouenvironnementale,etsesthéoriesontsouventservidebaseauxtravauxultérieurssur le développement durable et la «comptabilité verte»(courant dit du «capitalisme naturel»18) ou de la «valeuréconomiquetotale».

(v) Une Terre pleine de ressources

Uncertainnombred’économistesmodernesontcritiqué leshypothèses, les méthodes et les conclusions du Club deRome,en faisantobservernotammentqu’avec le temps, lesproduitssemblaientêtredevenusplusabondants,etnonplusrares,surlesmarchésmondiaux.

DansThe Resourceful Earth,JulianSimon,l’undesprincipauxcritiques à l’égard des conclusions du Club de Rome, asouligné que les prix à long terme de presque tous lesproduits avaient diminué par rapport au siècle précédent,preuve d’une plus grande abondance des ressourcesnaturelles, non de leur raréfaction.19 Simon n’était pas lepremieràfairecetteobservation.Audébutdesannées1960,PotteretChristy(1962)etBarnettetMorse(1963)ontvérifiéla validité du postulat de la raréfaction des ressources enanalysant l’évolution des prix à long terme de diversesressources naturelles. En partant de l’hypothèse qu’unehausse des prix serait une preuve de la raréfaction desressources, ils ont constaté en fait que, à une ou deuxexceptionsprès(commeleboisd’œuvre),lesprixavaienteutendance à baisser pendant le siècle précédent, ce quiimpliquait que les ressources naturelles devenaient plusabondantes et que «la technologie pouvait résoudreindéfiniment le problème de la rareté croissante desressourcesnaturelles».Cependant, lesauteursontprévenuquel’augmentationrégulièredelaproductionderessourcesnaturelles ne tenait pas compte des effets négatifs quel’accroissement de la consommation pouvait avoir surl’environnement.

Plus récemment, William Nordhaus (1992) a formulé descritiques analogues au sujet de la dernière mise à jour desprojectionsduClubdeRome,publiéeen1992,sous letitreBeyond the Limits. Tout en soulignant que «les estimationssont grossières, les modèles sont primitifs, l’avenir estincertainetnotreignoranceestimmense»,ilavanceque«lescontraintespesant sur la croissanceéconomiquedu fait del’environnement et des ressources devraient être modestesaucoursdes50prochainesannées»etqu’«ilfaudraitunfortralentissement de la croissance de la productivité ou unesous‑estimationmassivedesfreinsàlacroissancepourqueles contraintes liées aux ressources provoquent une baissedesniveauxdeviedanslemonde»(Nordhaus,1992).

Une critique plus fondamentale était que la théorie desLimites de la croissance netenaitpascomptedelacapacitéde l’humanité à innover, à s’adapter et à maîtriser latechnologie pour développer l’utilisation des ressourcesnaturellesoudécouvrirdesproduitsdesubstitution.Entantqueloiéconomique,l’hypothèsedesrendementsdécroissantsnesevérifiequesil’étatdelatechnologieestconstantetnondansunmondeoùlesméthodesetlesapprochess’améliorentconstamment. Robert Solow (1986) a noté que, dans lesmodèles pessimistes, la croissance de la population, ducapital et de la pollution était toujours exponentielle, maisrarementcelledelatechnologie.Ou,commeleditNordhaus,«aucoursdesdeuxdernierssiècles, la technologieaété levainqueur incontestable dans la course contre l’épuisementdes ressources et les rendements décroissants». La raretédes ressources, loin d’être un problème, a encouragél’investissementdans la recherchedenouvelles ressources,ledéveloppementdetechnologiespermettantd’exploiterdenouvelles ressources de substitution et l’amélioration del’efficacité de manière à réduire la consommation deressources.Enconséquence,l’offreaaugmenté,laproductionestdevenueplusefficienteetlescoûtsontbaissé.

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(vi) Résumé

AdamSmithetThomasMalthusvivaientdansunmondetrèsdifférentdunôtremaisleurspréoccupationsetleursintuitionsrestent très pertinentes. Nos inquiétudes au sujet du picpétrolier, du réchauffement climatique et des nombreuxautres problèmes actuels relatifs aux ressources et àl’environnementontravivéundébatvieuxdedeuxsièclessurlaquestiondesavoirsiledéveloppementéconomiquecontinusauveralaplanète,ouladétruira.

Il semblerait que ni les pessimistes ni les optimistes neproposentuneréponsecomplèteousatisfaisante.Malthusetses successeurs n’ont pas tenu compte de la capacitéd’adaptation d’une économie sans entrave ni du fait que latechnologie et l’innovation ont permis de venir à bout decontraintes apparemment insurmontables en termes deressourcesetd’environnement.Assurément,l’hypothèsedeséconomistes classiques, selon laquelle le potentiel d’uneéconomie(«legâteau»)estessentiellementfixe,ladifficultéest simplement d’allouer plus efficacement les ressources(«lespartsdugâteau»)et,enraisonducaractèrelimitédesressources, la croissanceéconomiqueet lesniveauxde vieatteindront tôt ou tard un équilibre ou un plafond, s’est,jusqu’ici, révélée fausse.Aujourd’hui, lapopulationmondialeestplusdeseptfoisplusnombreuxqu’ilyadeuxsiècles,etpourtant la plupart des gens vivent plus longtemps et enmeilleuresantéet sontmatériellementplus richesque touslescontemporainsd’AdamSmith,sauf lesplusprivilégiésetlesnantis.

Bienquelaconsommationdeminéraux,demétauxetd’autresmatières premières soit beaucoup plus importantequ’autrefois,etbienque l’onaitannoncéàmaintesreprisesl’épuisement imminentdeces ressources, lemarché fournittoujours des quantités viables de la plupart des ressourcesnaturelles.Lespessimistesn’avaientpasvunonplusque,àmesure que les niveaux de revenu et d’éducation s’élèvent,les gens ont tendance à modifier leur comportement, enlimitant la taille de la famille, en freinant certains types deconsommation et en investissant davantage dans lapréservation des ressources naturelles et la protection del’environnement.

Cependant,cequ’AdamSmithetsessuccesseursontsouventsous‑estimé, c’est l’ampleur du dysfonctionnement desmarchés–etlamesuredanslaquelleilssontpeudéveloppésouincomplets.En1974,RobertSolowaaffirméque,commechaque ressource naturelle à un substitut potentiel sur lemarché,ilnepeutpasyavoirdeproblèmed’épuisementdesressources: «L’épuisementn’estqu’unphénomène,pasunecatastrophe»(Solow,1974).L’ennui,c’estquelesressourcesquisontaujourd’huilesplusmenacéesd’épuisement,commel’atmosphère ou les océans, sont précisément celles pourlesquelles il n’existe pas de marché. En brûlant descombustiblesfossiles,onpolluel’airquechacunrespireetonréchauffe l’atmosphère dont chacun a besoin. L’exploitationforestièreprovoquel’érosiondessolsetdétruitlesforêtsquiabsorbent les gaz à effet de serre. La surpêche pourraitentraîneruneperteirréparabledebiodiversité.Danschacunde ces cas, il n’y a pas de marché viable pour assurer unemédiationentreceuxquicausentledommageetceuxquiensontaffectés–enparticulierlesgénérationsfutures.

Alors que la plupart des décisions prises aujourd’hui enmatière d’allocation des ressources, comme l’utilisation descombustibles fossiles, ont des conséquences pour demain,les personnes qui prennent ces décisions n’auront pasforcémentàensubirleseffets.Commel’aditPigou(1929)il

yaplusd’undemi‑siècle,ilsembledanslanaturehumainedesous‑estimer les besoins futurs – et donc de ne pas lesanticiper suffisamment.Lesmarchésactuelsde ressourcesnaturelles sont par définition incomplets, ne serait‑ce queparcequelesgénérationsfuturesnepeuventpasyparticiper.

(c) Ledébatintellectuel:exportationsderessourcesnaturellesetdépendanceéconomique

Unautredébat intellectuel importantaportésur lepointdesavoirsilesressourcesnaturellessontune«aubaine»ouune«malédiction»pour ledéveloppementéconomiquedespays.Bienqueleséconomistesaienttraditionnellementconsidéréla dotation en ressources comme un facteur déterminantessentieldel’avantagecomparatifet,partant,delacroissanceéconomique, certains ont fait valoir qu’une dépendanceexcessiveàl’égarddesexportationsderessourcesnaturellespouvait en fait enfermer les pays dans un état de«sous‑développement».

(i) La thèse de Singer‑Prebisch

La thèsedu «sous‑développement» a été formuléepour lapremière fois par Raul Prebisch (1950) et Hans Singer(1950)danslesannées1950.Notantqueleprixdesproduitsprimairesavaitbaissédefaçoncontinueparrapportàceluides produits manufacturés, ils ont soutenu que ladétériorationdes termesde l’échangequien résultaitpourlespaysendéveloppementexportateursdeproduitsdebaseenfermaitcespaysdansunétatdesous‑développement.

Leproblèmeétaitdûenpartieaucaractèretrèsconcurrentieldes marchés de produits, qui faisait que les gains deproductivité entraînaient une baisse des prix plutôt qu’uneaugmentationdes revenus (à ladifférencedesmarchésdeproduits manufacturés organisés de façon monopolistique,oùlesgainsdeproductivitésetraduisaientpardesrevenusplus élevés). Un autre problème était que la hausse desrevenuss’accompagnaitd’uneaugmentationplus rapidedelademandedeproduitsmanufacturésexportés.Étantdonnéquelabaissedesprixdesproduitsdebaseobligeaitlespaysendéveloppementàexportertoujourspluspouracheterunequantitédonnéedeproduitsmanufacturés,lespayspauvresne pouvaient pas accumuler le capital excédentairenécessairepourinvestirdansl’infrastructure,latechnologieet lacapacitéindustrielle,cequiétaituneconditiondeleurdéveloppementfutur.20

Cedéséquilibredesforcesentrelespaysendéveloppementtributaires des produits de base et les pays industrialisésproducteursdebiensmanufacturés–entre la «périphérie»etle«centre»–enfermaitlespayspauvresdansuncycledebaissedesrecettesd’exportation,desous‑investissementetde sous‑développement. Selon Prebisch et Singer, poursortirdecettespirale, lespaysendéveloppementdevaientdiversifier leur économie et réduire leur dépendance àl’égarddesproduitsprimairesendéveloppant leur industriemanufacturière,notammentenrecourantàdesmesuresdeprotection sélective et en tentant de remplacer lesimportationsparlaproductionlocale.Plusgénéralement,lathèsedeSinger‑Prebisch reposait sur une idéenouvelle, àsavoir que c’était la structure intrinsèque des marchésmondiaux,etnonlescarencesdeteloutelpays,quiétaitàl’origine du creusement des inégalités dans l’économiemondiale.

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(ii) La théorie de la dépendance

LathèsedeSinger‑Prebischadonnénaissanceàunethéorieéconomique de plus en plus influente, la «théorie de ladépendance», fondée sur l’idée que l’échec apparent desefforts de développement de nombreux pays était dû à unrapport de forces inégal entre les pays pauvres etsous‑développés de la «périphérie» et les pays riches etindustrialisés du «centre». En raison de ces inégalitésstructurelles, les ressourcesvontde lapériphérieaucentre,enrichissant les pays industrialisés aux dépens des payspauvres,privantlespaysendéveloppementducapitaletdelatechnologienécessairesàleurindustrialisationetperpétuantlesinégalitésetlesdisparités.Contrel’idéenéoclassiquequel’ouvertureducommerceetl’expansionéconomiqueprofitentà tous les pays et que la croissance des pays industrialisésstimulera à terme la croissance des pays pauvres («théoriedesétapes»dudéveloppement),lathéoriedeladépendanceaffirme que les relations économiques existantes – et lanature de l’intégration mondiale – enferment les pays endéveloppementdansunétatperpétueldesous‑développementetdesubordinationéconomique.

Sous l’égidede la théoriede ladépendance,plusieurs idéesont été avancées pour expliquer comment et pourquoi lesinégalités structurelles se perpétuent dans l’économiemondiale.Prebisch(1950)etSinger(1950),commeonl’avu,ont centré leurs travaux sur la détérioration des termes del’échange des pays pauvres et sur la contribution de cephénomène au sous‑développement. Paul Baran (1957) amontré comment l’«excédent économique» des pays endéveloppement est extrait par les pays industrialisés etcommentladivisioninternationaledutravail(entretravailleursqualifiésaucentreettravailleursnonqualifiésàlapériphérie)renforce ladépendance.AvecSamirAmin,Baranaenoutremontrécommentlesélitesdespayspériphériquescoopèrentavec celles du centre pour perpétuer l’exploitation desressources naturelles. Arghiri Emmanuel (1972) a introduitdansledébatleconceptd’«échangeinégal»,suggérantquec’étaitleniveauhistoriquedessalairesquidéterminaitlesprix,et non l’inverse, ce qui contribuait encore à la détériorationdestermesdel’échangedespaysendéveloppement.

Plusrécemment,MatiasVernengo(2004)aémisl’idéequelarelation de dépendance résultait moins d’une inégalitécommercialeoutechnologiquequed’unedifférencedeforcefinancièreentrelespaysducentreetceuxdelapériphérie–les pays en développement ne pouvant pas emprunter dansleur propre monnaie. Andre Gunder Frank (1971; 1972) etd’autres théoriciens du «système‑monde» ont élargi cetteanalyse, considérant cette stratification de l’économiemondiale entre pays du «centre» et pays de la «périphérie»commeuneprojectionplanétairedesdivisionsdeclassedeMarx – division entre détenteurs et non‑détenteurs desmoyens de production. Des idées analogues sur la naturestructurelle des relations entre «centre» et «périphérie» setrouventaussidanslathéoriestructuraledel’impérialismedeJohanGaltung(1971).

Les théoriciens de la dépendance différaient aussi par lessolutionsqu’ilsproposaientpourremédieraudéséquilibredesrelationséconomiques internationales.Desauteurs, telsquePrebisch et Singer, Osvaldo Sunkel (1969) et FernandoHenriqueCardoso(1979),reliaientleproblèmeàlanaturedel’économie mondiale et à l’histoire du développementéconomique international. Les pays pauvres devaients’engager sur une voie de développement distincte ouautonomeetréduireleurdépendanceàl’égardducommerceavec les pays développés, notamment en protégeant leurs

industriesnaissantesetenremplaçantlesimportationsparlaproduction locale. En revanche, des économistes marxistes,commeBaranetGunderFrank,considéraientleproblèmedeladépendancedespaysendéveloppementcommeendémiqueau système capitaliste lui‑même. Le mouvement vers lesocialismemondial–etlafindeladominationétrangèreetdel’impérialisme–étaituneconditionpréalablede l’éliminationdusous‑développement.

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5. Conclusions

Lesressourcesnaturellessontindispensablespourassurerlefonctionnementdeséconomiesmodernesetpouratteindreetmaintenir un niveau de vie élevé dans tous les pays. Parexemple,lesmineraisetlesautresminérauxsontdesintrantsessentiels dans la production de tous les produitsmanufacturés. Les combustibles fournissent l’énergienécessaireautransportdespersonnesetdesmarchandises,à l’éclairage des villes et au chauffage des maisons et deslieux de travail. Les forêts et les océans constituent unesource potentiellement infinie de matériaux précieux ainsiqu’unhabitatpourlafauneetlafloresauvages.Enfin,l’eauestindispensablepoursoutenir la viesur laplanète. Il n’estpasexagéré de dire que la façon dont le monde gère sesressourcesnaturellesdétermineraengrandepartielaviabilitédel’économiemondiale.

Danscettesection,nousavonsexaminécertainsdesfacteursqui font que le commerce des ressources naturelles estdifférentducommercedesautresproduits.Nousavonsaussiexaminé des données sur les flux commerciaux mondiaux,nous avons présenté quelques‑uns des mécanismes parlesquels lesressourcessontnégociéesdans lesboursesdeproduits et nous avons retracé l’histoire de ce commercedepuislarévolutionindustrielle.Touscesélémentspermettentdemieuxcomprendrepourquoi lecommercedesressourcesnaturellesestparfoissujetàcontroverse.

Ducôtépositif,ilpermetauxpayspeudotésenressourcesdetirerpartideleurutilisation.Deplus,ilcontribueàl’efficiencedelaproduction,ilprocureauxpaysexportateursdesrevenusqu’ils peuvent réinvestir dans la production future et il leurpermet de diversifier leur économie. Du côté négatif, lecommerce peut, en contribuant à l’augmentation de laproduction, exacerber certains effets préjudiciables del’utilisationdesressources,commelapollutiondel’aircauséeparlescombustiblesfossilesoularéductiondelabiodiversitédueà ladestructiondeshabitatsnaturels. Il fautcependantgarder à l’esprit que la solutiondecesproblèmesne résideprobablement pas dans la réduction du commerce maisconsiste plutôt dans la gestion appropriée des ressourcesrares et dans l’atténuation des effets nocifs de l’activitééconomiquesurl’environnement.

Ledébatintellectueletpolitiquesurlesressourcesnaturelles,résumé dans la section B.4, a montré que le public et lesexpertsoscillaiententreoptimismeetpessimismeausujetdela disponibilité future des précieuses ressources naturelles.L’inquiétude grandissante concernant l’environnement,conjuguée à la hausse continue des prix des ressourcesnaturellesaucoursdesdernièresannées,aremisunefoisdeplus cette question au premier plan des préoccupationspubliques.

Le commerce des ressources naturelles continueracertainementdecroîtredansl’avenir,maisl’améliorationdelacoopération internationaleetde la réglementation intérieuredevraitpermettrederéaliserdesgainsd’efficience,d’éliminerles effets négatifs de l’extraction et de l’utilisation desressourcesnaturelleset,éventuellementd’accroîtrelastabilitédesprixdecesressources.Cettesectionaprésentéquelqueséléments d’information essentiels sur ces questions, mais ilfaut disposer d’un cadre théorique cohérent pour mieuxcomprendre les défis que doivent relever les décideurspolitiques.L’exposédecetappareilthéoriquefaitl’objetdelasectionC.

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Notes1 Pourexprimerl’idéequelesressourcesnaturellesdoiventêtrerares

etéconomiquementutiles,onpeutdireaussiqu’ellesdoiventavoirunprixpositifsurlesmarchésetqu’ellespeuventêtreutiliséessoitcomme facteurs de production, soit directement comme sourced’utilitépourlesconsommateurs.

2 Les réserves prouvées sont définies comme les «quantités depétrole qui, d’après les données géologiques et techniquesdisponibles,sontraisonnablementexploitablesdansl’avenir,àpartirdes réserves connues, dans les conditions économiques ettechniquesactuelles».

3 La répartition des autres combustibles dénote une concentrationanalogue:20payspossèdent90pourcentdesréservesmondialesdegaznatureletseulementneufpaysdétiennent90pourcentdesréservesmondialesdecharbon(BritishPetroleum,2009).

4 Lescontratsà terme («futures»)diffèrentdescontratsà livraisondifférée(«forward»),quisontnégociésnonpasenboursemaisdegré à gré, c’est‑à‑dire directement entre l’acheteur et le vendeur(Valdez,2007).

5 Leschambresdecompensationsontsurveilléespardesorganismesderéglementationindépendants.

6 Ces considérations sont importantes dans le cas des itinérairesterrestres.

7 Toutefois,danslecasdugaznaturel,silesmarchésorganiséssontprépondérants aux États‑Unis et au Royaume‑Uni, les contrats àlongtermerestentprédominantssur lesmarchésdesautrespayseuropéens(NeuhoffetvonHirschhausen,2005).

8 Cescontratspeuventavoiruneffetd’«entrave»important:commelesgouvernementsnepeuventpass’engagerànepasrenégocierlesconditionsdescontrats, le risquequiendécouledissuade lesinvestisseurs,cequipeutfreinersystématiquementl’explorationetl’exploitation(CollieretVenables,2009).VoirlasectionE.3.

9 L’intégration verticale dans l’industrie pétrolière a quelque peureculéaucoursdesdeuxdernièresdécennies(Smith,2009).Celapeutêtresimplementdûaufaitqueplusieursgrandsproducteursdepétroleontconcludesaccordspouréchangerleschargesdebrutafinderéduirelescoûtsdetransport.

10 Voirwww.chevron.com.

11 Lecommercedumineraidefersurdelonguesdistancesestpasséde23pourcentdelaproductionmondialeen1960à36pourcenten1990etlecommerceducharbonestpasséde2pourcenten1960à13pourcenten2005.Aujourd’hui,lespétrolierstransportentenviron2milliardsdebarilsdepétroleparan,contremoinsde400millions en 1950. Le gaz naturel, qui est la ressource naturelleéchangéelaplusvolumineuse,estledernierproduitdebaseàavoirétésoumisauxforcesdelamondialisationdufaitdelabaissedescoûts du transport. Jusqu’aux années 1980, le transport parcanalisation était le principal mode de fourniture, ce qui signifiaitque le commerce du gaz naturel avait une portée géographiquelimitéeetquelesmarchésrestaientsegmentésauniveaurégional.Toutefois, les progrès de la technologie du gaz naturel liquéfié(GNL)et lapossibilitédetransporter legazdefaçonéconomiquedansdegrandsnavires‑citerneséliminentrapidementlesobstaclesgéographiques restants. En 2005, 26 pour cent de la productionmondialedegaznaturelfaisaientl’objetd’échangesinternationaux,dontplusd’unquartsousformedeGNL(Lundgren,1996;Radetzki,2008).

12 Comme l’a expliqué Smith, «[l’]intention [de chaque individu] n’estpas…deservirl’intérêtpublic,etilnesaitmêmepasjusqu’àquelpointilpeutêtreutileàlasociété…encela,commedansbeaucoupd’autrescas,ilestconduitparunemaininvisibleàremplirunefinquin’entrenullementdanssesintentions…Toutennecherchantqueson intérêt personnel, il travaille souvent d’une manière bien plusefficacepourl’intérêtdelasociété,ques’ilavaitréellementpourbutd’ytravailler»(Smith,1776).

13 AdamSmithaexpliquéquetantqu’ilyavaitdesressourcesagricolesinexploitées,uncapitalistenechercheraitpasà investirdansunefabrique«pourétendresaventeplusauloin»(Smith,1776).

14 «Lepouvoirmultiplicateurdelapopulationestinfinimentplusgrandquelepouvoirqu’alaterredeproduirelasubsistancedel’homme»,soutenaitMalthus.«Aucuneutopieégalitaire,aucuncodeagrarien,même poussés à l’extrême, ne pourraient en écarter le joug, nefût‑cequepourunseulsiècle»(Malthus,1798).

15 «Grâceàl’accroissementducapital,lemineurpeutdescendredeuxfois plus profond et la valeur est plus grande maintenant qu’audébut. Avec plus de capital, il peut descendre successivement à300,500,600,1000ou1500piedset,chaquefois,lavaleurdubienaugmente indépendammentde laqualitéducharbonextrait»(Carey,1840).

16 Lerapport Global 2000 aétécommanditéparlePrésidentCarteren1977.Unrapportsupplémentaireaétépubliéen1981sousletitreGlobal Future : Time to Act (CouncilonEnvironmentalQuality(CEQ)etDépartementd’ÉtatdesÉtats‑Unis,1980).

17 «Lacroissanceétantlebutessentieldelasociété,rien,naturellementrien, ne doit pouvoir l’entrave», a dit Galbraith. «Cela inclut seseffets,mêmenégatifs,surl’environnement,l’air,l’eau,latranquillitédelavieurbaine,labeautédespaysages»(Galbraith,1974;Mishan,1967).

18 Le capitalisme naturel est un mouvement qui considère quel’économie mondiale fait partie de l’économie plus vaste desressourcesnaturellesetdesservicesrenduspar l’écosystèmequiassurentnotresurvie.Celasignifiequ’ilfaudraitattribuerunevaleuràtouteschoses–intelligencehumaineetcultures,hydrocarbures,minéraux, arbres, champignons microscopiques. Les auteurs fontvaloir que c’est seulement en reconnaissant cette relationessentielle avec les précieuses ressources de la Terre que lesentreprises et les individus qu’elles font vivre pourront continuerd’exister(Hawkenet al.,2009).

19 En1980,JulianSimonapariéaveclebiologistePaulEhrlichque,dixansplustard,plusieursressourcesnaturelles(choisiesparEhrlich)seraientmoinschères,endollarsconstants.Simonagagnésonpari(Simon,1984).

20 Unevariantemodernedecettethèsedestermesdel’échangeaétéformuléeparDaronAcemogluetJaumeVentura.Tentantd’expliquerlarelativestabilité(etl’inégalité)delarépartitiondesrevenusdansle monde depuis les années 1960, ils avancent que les pays quiaccumulentducapitalplusrapidementquelamoyenneenregistrentunebaissedesprixàl’exportationetunedétériorationdestermesde l’échange – qui réduisent le taux de rendement du capital etdécouragent lapoursuitede l’accumulation(AcemogluetVentura,2002).