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AVIGNON victime de son succès DOSSIER RÉALISÉ PAR SYLVAIN ROLLAND REPORTAGE PHOTO : CORINE BRISBOIS/ALPACA/ANDIA POUR L’EXPRESS RÉDACTEUR EN CHEF : OLIVIER LE NAIRE

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AVIGNONvictime de son succès

DOSSIER RÉALISÉ PAR SYLVAIN ROLLANDREPORTAGE PHOTO : CORINE BRISBOIS/ALPACA/ANDIA POUR L’EXPRESS

RÉDACTEUR EN CHEF : OLIVIER LE NAIRE

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L’EXPRESS I III

d’Azur et Languedoc-Roussillon)et de trois départements (Vau-cluse, Gard, Bouches-du-Rhône),toute décision concernant Avignonimplique de nombreux acteursaux couleurs politiques différenteset aux visions parfois contra-dictoires. D’où les difficultés pourlancer de grands projets cruciaux,comme la liaison est-ouest (LEO)ou la ligne Avignon-Carpentras(voir pages IV-V). « Pendant desdécennies, les élus n’ont pas étécapables d’agir collectivement nide penser les enjeux à grandeéchelle. C’est pourtant la seulesolution si l’on veut tirer parti denos nombreux atouts », déploreCécile Helle, la vice-présidente(PS) de la région Paca chargéde l’aménagement du territoire.Une densification de l’habitat quipréserve les terres agricoles etle lancement d’un réseau de trans-ports efficace sont donc lesgrands enjeux des années à venir.Pour cela, les élus peuvent s’ap-puyer sur le schéma de cohérence

territoriale (Scot) élaboré parle syndicat mixte du bassin de vied’Avignon, un organe de l’agenced’urbanisme créée en 2004. Envigueur depuis mars 2012, le Scots’impose aux plans locaux d’urba-nisme (PLU) des 26 communeset 4 communautés de communeset d’agglomération qui y parti-cipent. « Il a fallu du temps et destrésors de diplomatie pourconvaincre les élus d’oublier lesclivages politiques et de se ran-ger derrière nos analyses. Les fairerenoncer à l’étalement urbainn’est toujours pas une choseaisée », constate Alain Farjon,le directeur du Scot.

Reste à mettre ces principesen application. « C’est tout sim-plement indispensable pour déve-lopper l’attractivité économiqued’Avignon. Et le temps presse »,plaide François Mariani, prési-dent de la CCI. A défaut, la citédes Papes sera condamnée àdemeurer, selon l’expression, une« belle endormie ». � S. R.

SPÉCIAL RÉGIONS

II IL’EXPRESS

PiolencCamaret-Sur-aigues

Gigondas

Modène

Mazan

Cheval-blanc

Beaumettes

Aramon

Bagnols-Sur-cèze

Tavel

Gordes

Beaumes-De-venise

L'isle-sur-la-Sorgue

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Jonquières

Châteauneuf-du-Pape

Courthézon

Sorgues

Le Pontet

Morières-lès-Avignon

Monteux Althen-des-Paluds

Velleron

Saint-Saturnin-lès-Avignon

Vedène

Entraigues-sur-la-Sorgue

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Roquemaure

Villeneuve-lès-Avignon

Montfaucon

Saint-Laurent-des-Arbres

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Lirac

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Saint-Rémy-de-Provence

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Avignon

+ 37,7 %Lirac

+ 14 %

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JonquièresJ+ 13,2 %

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S+ 11,9 %

+ 22,8 %

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res-lorièrMorières

èneVedè+ 19,6 %Morières l+ 16,3 %

+ 21,6 %

UN BASSIN DE VIE TRÈS ATTRACTIF

Évolution de la population de 1999 à 2009 dans les 26 communesdu SCOT du bassin de vie d’Avignon

HES UES-DUUCHE U-RHHÔNENEEEHBBOU

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5 km

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Périmètre de l’aireurbaine d’Avignon

Carpentras

La rançon de la g loireAttirés par un cadre de vie exceptionnel, des milliersd’habitants s’installent chaque année dans le bassinde vie d’Avignon. Mais cette croissance peu maîtriséesoulève de nombreux défis, notamment dans ledomaine des transports et de l’urbanisme.SYLVAIN ROLLAND

lus de 43 000 nouveauxhabitants entre 1999et2009! Ce chiffre n’éton-nera personne, mais il estrévélateur : l’aire urbained’Avignon (508 604 habi-tants), qui s’étend jusqu’à

Orange au nord et Châteaurenardau sud, en passant par Carpentraset Cavaillon, est tout simplementl’une des plus attractives de Francedepuis 1962. Sa population a augmenté de 80 %, soit plus dudouble de la moyenne française(+ 34 %). « Avignon est histori-quement atypique, il n’est pasétonnant qu’elle ne cesse de sedistinguer », résume FrançoisMariani, le président de la cham-bre de commerce et d’industrie(CCI) de Vaucluse.

L’ancienne capitale européennede la culture de l’an 2000 n’estpas une ville moyenne comme lesautres. Avant que son festivalde théâtre et son célèbre pontne lui apportent une renomméemondiale, Avignon a surtoutaccueilli la papauté en exil de Romependant plus d’un siècle (1309-1418). Le palais des Papes, biensûr, mais aussi les remparts etles 155 monuments historiquesrestaurés au fil du temps, sontautant de témoins d’un patrimoineexceptionnel. « Avignon n’est pas

pour autant une ville-musée tour-née vers son passé glorieux. Aucontraire, elle porte haut son héri-tage mais continue de rayonnergrâce, notamment, à son festival »,estime la maire (UMP), Marie-Josée Roig. Créé en 1947 par JeanVilar, « le plus grand marché duspectacle au monde » forge l’âmede la ville et représente une véri-table aubaine pour le tourisme etle commerce.

L’attractivité d’Avignon est lefruit d’une combinaison d’atoutsuniques en France. A la croisée desaxes rhodanien et méditerranéen,la préfecture du Vaucluse se situeàun carrefour stratégique majeur.Grâce à une excellente dessertepar les réseaux autoroutier (A7 et

A 9) et ferroviaire (TGV), la citédes Papes n’est qu’à 2h 15 de Parisen train, et à une heure de Mar-seille et de Montpellier en voiture.« Ce positionnement a permisde développer une spécialisa-tion dans l’agroalimentaire et dansle secteur des transports et de l’entreposage. Cela explique quel’industrie y périclite moins qu’ail-leurs », ajoute Jacques Pougnard,coauteur pour l’Insee d’une étudesur l’aire urbaine d’Avignon. Enfin,la douceur du climat provençalet la beauté des paysages en fontune région fort agréable à vivre.Les Parisiens et les étrangers nes’y sont pas trompés: les résidencessecondaires fleurissent dans le Ventoux ou le Luberon, où l’onse sent « à la campagne ».

Seuls 3 % des déplacements en transports en commun

Mais chaque médaille a son revers.« L’absorption de ces nouveauxhabitants n’a été ni anticipée nimaîtrisée à l’échelle du territoire»,déplore Christian Gros, le prési-dent de l’Agence d’urbanisme

Rhône-Avignon-Vaucluse (Aurav).Résultat : les villes de la premièreet de la deuxième couronne se sontétalées, à l’image de Monteux, dontla population (11 000 personnes)a presque doublé en quarante ans.« La pression foncière est telleque les paysages, fierté de larégion, sont menacés par cettepériurbanisation consommatriced’espace », met en garde BernardMille, secrétaire général de laFédération départementale dessyndicats d’exploitants agricoles(FDSEA). Les communes de l’aireurbaine d’Avignon sont effecti-vement deux fois plus étenduesque celles des zones compara-bles en France.

A ces problématiques s’ajoutentles difficultés de circulation dansun territoire où seuls 3% des dépla-cements ont lieu en transportsen commun. Les embouteillagessur les ponts du Gard ou sur l’axeAvignon-Le Pontet prennent par-fois des proportions épiques…

En raison de sa situation géo-graphique au carrefour de deuxrégions (Provence-Alpes-Côte

PEn chiffres SUPERFICIE

2 083 km2soit 6,6 % du territoirede Paca.POPULATION

508 604habitants en 2009,soit 10,4 % de la population de Paca.REVENU FISCALMÉDIAN

16 881€annuels par unitéde consommation(Paca, 18 200 € ;France, 18 355 €).CHÔMAGE

13,9%en 2009 (Paca, 13 % ; Francemétropolitaine 11,2 %).PARC DELOGEMENTS

247 565logements en 2009,dont 87,4 % derésidences principales,4,4 % de résidencessecondaires (9,6 % en France) et 8,2 % de logements vacants.Source : Insee Paca.

L’aire urbaine d’Avignoncomprend également quelques communes situées dans la régionLanguedoc-Roussillon (Gard).

ˇ DÉFI Avignon doit développer sonattractivité économiqueen s’appuyant sur le schéma decohérence territoriale(Scot). Ici, l’esplanadedu palais des Papes et la rue du Portail-Matheron (à g.).

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travailler ensemble », se féli-cite Marie-Josée Roig. Enfin !

Reste le futur tramway,attendu pour 2016-2017. Ceprojet colossal, de 250 millionsd’euros, déchaîne les passions.« Ce transport en site propreva représenter un tremplin éco-nomique dans toutes les zonesqu’il va desservir », s’enthou-siasme François Leleu. « Soncoût est délirant pour une villedéjà très endettée. Avignonaurait besoin d’un réseau debus beaucoup plus ambitieuxet de davantage de voies pourles vélos », critique ChristineLagrange, conseillère munici-pale d’opposition (PS). Lescommerçants, inquiets, ne déco-lèrent pas. « Nos recomman-dations ont été totalement igno-rées. Les deux années de travauxvont tuer nos boutiques, alors

L’EXPRESS IV

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IV IL’EXPRESS

réaliser la « virgule», la navettequi doit relier la gare TGV àcelle d’Avignon-Centre, dontle coût est estimé à 38 millionsd’euros. Grâce à elle quelque2 000 voyageurs pourronteffectuer leur trajet quotidienen cinq minutes, là où les busen mettent quinze. Enfin, auterme d’un bras de fer finan-cier, les collectivités territo-riales ont fini par trouver lemoyen, en mars dernier, de serépartir le coût (180 millionsd’euros) de la deuxième tranchede la liaison est-ouest (LEO),qui fait suite à la première,inaugurée en 2010. Prévue àl’horizon 2020, elle permettrade contourner l’agglomérationavignonnaise par le sud afinde désengorger la rocade.« Au pied du mur, tous lesacteurs locaux ont fini par

que ce tramway va surtout pro-fiter aux grandes surfaces d’Avi-gnon-Nord », s’étrangle Jean-Pierre Bellucci, président de lafédération des commerçantset artisans avignonnais. Fran-çois Mariani, président de laCCI de Vaucluse, a parfois l’im-pression que les élus « viventsur une autre planète. Ce pro-jet prend beaucoup de place,au détriment d’enjeux plus cruciaux. Quid de la troisièmetranche de la LEO, reportéeaux calendes grecques ? Quidde la valorisation des 80 kilo-mètres de Rhônepour le trans-port fluvial ? » Selon les pré-visions de l’Insee, l’aire urbained’Avignon pourrait accueillirenviron 90 000 habitants sup-plémentaires à l’horizon 2040.Un nouveau casse-tête enperspective. � S. R.

deux régions et trois dépar-tements, les grands projetstransversaux qui pourraientdésengorger le territoire pei-nent à se réaliser en raison d’unmanque de collaboration poli-tique. Après des années destagnation, plusieurs d’entreeux vont cependant finir parvoir le jour. C’est le cas de laréouverture de la ligne TERAvignon-Carpentras, ferméedepuis… soixante-dix ans. Pré-vue pour 2015, elle permet-tra chaque jour à 5 800 voya-geurs d’effectuer le trajet entreles deux villes en trenteminutes, contre près d’uneheure par la route en cas debouchons. Coût total : 130 mil-lions d’euros.

Après dix ans de tergiversa-tions, un point final a été posésur l’accord permettant de

D 952

N 1007

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AVIGNON

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AéroportAvignon-Caumont

1 km

Rhône

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Avignon-facultés

Le Pontet-Gare

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N 7

D 90

7

D 57

0N

AvignonTGV

Avignon- Centre

SorguesEntraigues-sur-la-Sorgue

Monteux

Gare existanteGare prévueGare à l’étude

LA LIAISON AVIGNON-CARPENTRAS

AvignonTGV

Avignon-Centre

Carpentras

Avignon-Facultés

Le Pontet

Althen-des-Paluds

Tramway en projet :Ligne ALigne B

Routier :Liaison est-ouest en serviceLEO projet (phase 2)LEO projet (phase 3)Rocade Charles-de-Gaulle

Ferroviaire :LGV en serviceLignes classiques« Virgule » qui permettrala liaison entre la gared’Avignon TGV,la gare d’Avignon-Centreet CarpentrasTER, réouverture auservice voyageurs

5 km

Mobilité Tout reste à fairearie-Caroline Jean-pierre est une habi-tuée des bouchons.Matin et soir, cetteemployée de banque

se mêle à la fourmilière des voitures qui traversent leRhône pour rejoindre Avignonintra-muros. Soit près detrente minutes pour effectuerles 7 kilomètres qui séparentson domicile, aux Angles, deson travail, rue de la Répu-blique. « Sur les ponts d’Avi-gnon, on y attend davantagequ’on y danse », lâche-t-elledans un soupir.

Aux heures de pointe, de larocade Charles-de-Gaulle à laroute de Lyon, du pont Dala-dier au boulevard Limbert, desmilliers d’automobilistes,comme Marie-Caroline, avan-cent au rythme des ralentis-sements et au son des klaxons.« Il est de plus en plus difficilede circuler dans et autour dela ville », admet François Leleu,vice-président du Grand Avi-gnon, délégué aux transports

urbains. « Mais nous sommestrès loin de l’enfer des agglo-mérations parisienne ou lyonnaise », s’empresse-t-ild’ajouter. Certes, les distancesparcourues et l’intensité dutrafic n’ont rien de compara-ble. Mais le réseau routier estbel et bien saturé. Pour Chris-tian Gros, directeur de l’Agenced’urbanisme Rhône-Avignon-Vaucluse (Aurav), la préfec-ture du département est vic-time de son attractivité. « Lapopulation a beaucoup aug-menté autour d’Avignon, maisla ville reste petite. Son accèsest limité par les remparts etpar des contraintes naturellesimportantes, comme la pré-sence du Rhône et de laDurance », explique-t-il. Defait, Avignon est le poumonéconomique d’une aire urbainede 508 000 habitants. Tous lesjours, environ 34000personnesviennent y travailler, maisseuls 3 % utilisent les trans-ports en commun. « La voi-ture-reine a encore de beaux

jours devant elle. Les transportscollectifs comme le bus et letrain ne sont pas assez déve-loppés et ne sont guère perçuscomme des alternatives crédi-bles », ajoute Christian Gros.

Pour alléger le trafic, une évo-lution des mentalités s’impose.Marie-Josée Roig, la maire UMPd’Avignon, en fait son chevalde bataille. « Je veux diminuer

Tram, train, nouvelles routes… Face aux bouchons qui compliquent l’accès à la ville et aux difficultés de stationnement croissantes, les collectivités locales développent une série de grands projets. Mais cela sera-t-il suffisant ?

drastiquement la circulation au bénéfice des transportsen commun. Mais organiserun réseau performant exigedu temps », argumente-t-elle.Première étape de cette « révo-lution urbaine » : le réseauBus +, mis en place en sep-tembre. Ce nouveau maillagedu territoire s’appuie sur cinqlignes « à haute fréquence »,c’est-à-dire plus souvent des-servies, connectées à seizelignes complémentaires à des-tination des autres communesdu Grand Avignon. Mais l’ab-sence de couloirs réservés etles retards occasionnés par lesbouchons ont un effet repous-soir. « Les distances n’étantpas énormes, je préfère sup-porter les embouteillages quem’en remettre à des transportsen commun aléatoires qui neme feraient pas gagner detemps », assume Philippe Bou-din, un habitant du Pontet.

Pour les usagers comme pourles élus, la circulation avi-gnonnaise est un vrai casse-tête. Voici le problème : la citédes Papes étant coincée entre

ˆ SATURATION Sur le pont Daladier (au-dessus du Rhône), on ne danse pas. On patiente pour se rendre au centre-ville !

LE STATIONNEMENT, LA PLAIE DE L’INTRA-MUROSarie-Josée Roig l’assume : lesstations de Vélopop et ledéveloppement de parkings

relais dans l’extra-muros devrontréduire drastiquement la place de lavoiture en centre-ville d’ici à quelquesannées. Problème : si les habitantsapprouvent un intra-muros moinssaturé, le stationnement devienttrès difficile. « Les infrastructuresne sont pas à la hauteur, il n’y a pasassez de parkings relais à l’extérieurdes remparts et de moins en moinsde places de stationnement à l’in-térieur. Se garer en centre-ville est devenu untel enfer que je me déplace maintenant en scoo-ter », raconte Martial Hanoun, 65 ans, antiquaire

dans la rue Carreterie. « Je suis obli-gée de louer un parking privé pourêtre certaine de trouver une placeprès de chez moi », renchérit MichèleVerra, la présidente de l’Associa-tion d’aide aux automobilistes (Adav).Les commerçants ont déjà tiré lasonnette d’alarme. Pour eux, la« désertification » du centre-villeau profit des grands centres com-merciaux situés en périphérie esten marche. Face aux critiques, lamunicipalité relativise. « Limiter lavoiture en centre-ville est un choix

d’avenir. Lorsque les Avignonnais auront changéleurs habitudes, je garantis qu’ils seront ravis »,assure Marie-Josée Roig. Verdict dans dix ans ? � S. R.

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CIRCULATION Le scooterfait de plus en plus d’émules.

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Urbanisme Le centre déserté

Avec ses 32 % de logements sociaux, Avignon concentre la précarité, tandis que les cadres et les catégories socioprofessionnelles plus aisées ont tendance à partir vers les communesrésidentielles. Enfin, la forte attractivité du Luberon et du Ventoux menace l’identité de ces territoires agricoles prisés des rurbains.

’odeur des gaz d’échappe-ment ou les vitres qui trem-blent lors du passage dessemi-remorques sur la rocadevoisine, Erwan, 19 ans, n’y

fait presque plus attention. Ques-tion d’habitude. Cet électricien,qui est né et a grandi dans la citéde la Croix-des-Oiseaux, au sudd’Avignon, sort rarement de sonquartier, hormis pour son travail.Il habite avec ses parents un loge-ment social, dans une ville quien compte 32 %. Largement au-dessus de la moyenne nationale,et même locale.

« Le tissu économique avi-gnonnais est bien développé grâceà notre position stratégique surla vallée du Rhône. Le dynamismedu commerce et la présence dedeux pôles de compétitivité dansles fruits et légumes et l’énergiey ont aussi leur part », expliqueJacques Pougnard, de l’Insee Paca.Mais l’attractivité d’Avignon est

à double tranchant. Depuis 1968,le nombre d’emplois offerts dansl’aire urbaine a doublé. Pourtant,cette croissance est inférieure àcelle de la population active, quia été multipliée par 2,2 dans lamême période, avec des emploisplutôt moins qualifiés qu’ailleurs.« Cette difficulté à absorber laforte hausse des travailleurs setraduit par un chômage impor-tant et de longue durée, notam-ment à Avignon, où se concentre

la précarité», précise le chercheur.De fait, la cité des Papes présenteun tableau social préoccupant.Le revenu médian (la moitiédes habitants gagne plus, l’au-tre moins) y est très faible – seu-lement 1 157 euros par mois et parménage en 2009, très en des-sous de la moyenne nationale(1 529 euros). Si l’intra-murosaffiche une réelle mixité, le restede la ville est socialement trèshétérogène, entre zones pavillon-naires cossues et quartiers défa-vorisés. « La misère sociale seconcentre autour de la rocadedepuis la vague d’urbanisation desannées 1960 et la construction denombreuses tours destinées àaccueillir les travailleurs agricoles,les ouvriers, mais aussi l’affluxd’immigrés venus d’Afrique duNord », détaille Frédéric Rogier,l’adjoint (sans étiquette) chargédes finances et de l’urbanisme.Une situation très difficile

ˆ PAVILLONNAIRELes habitants les plusaisés quittent le centred’Avignon pour le calmede la campagne. Ici,Villeneuve-lès-Avignon.

ˇ PRÉOCCUPANTAutour de la rocadeCharles-de Gaulle, laprécarité se concentredans les constructionsdes années 1960.

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L

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VIII IL’EXPRESS

à corriger malgré les effortsde la municipalité. Depuis dix ans,les pouvoirs publics ont lancéde nombreuses opérations de des-truction-reconstruction et réha-bilitation de logements insalubres.A Monclar, 48millions d’euros ontainsi été investis pour un projetde rénovation urbaine qui doit êtreterminé en 2013. Pour Marie-JoséeRoig, cette précarité n’est pas unefatalité. « Nous devons renfor-cer l’attractivité des zones éco-nomiques comme Courtine, dés-enclaver les quartiers défavoriséset miser sur notre dynamisme culturel pour attirer à nouveau cescatégories aisées », plaide-t-elle.

Le défi est énorme. Car pourl’heure, les habitants à fort pou-voir d’achat préfèrent s’installerdans les communes de la premièrecouronne comme Villeneuve-lès-Avignon, Les Angles ou Morières-lès-Avignon. Un mouvement quis’est accéléré ces cinq dernièresannées. Les sociologues BrunoCarlon et Corinne Dessis ont ainsidéménagé aux Angles en 1999après avoir vécu une décennie aucentre-ville. « Nous adorions labeauté, l’offre culturelle et l’am-biance de village de l’intra-muros.Mais arrive un moment où l’on sesent un peu étouffer. Nous avonseu envie de calme et d’espace pourles enfants », raconte Corinne.Comme eux, beaucoup de famillesont choisi le confort d’une villadans une cité-dortoir, tout en continuant à travailler et à sortir

à Avignon. Jean-Marc Roubaud,l’édile (UMP) de Villeneuve-lès-Avignon, assume ce manqued’identité. « Du temps des papes,les cardinaux fuyaient déjà ! Noshabitants ont toujours été trèsdépendants d’Avignon et plusaisés que la moyenne », sourit-il.Depuis les villas des hauts deVilleneuve, la vue imprenable surle Rhône et le palais des Papesa effectivement de quoi fairedes jaloux.

Les Parisiens et les étrangers aussi !

Direction Monteux, à 25 kilo-mètres à l’est. Attablés à la ter-rasse d’un café proche de la mairie,Fabrice et Martin, deux retrai-tés septuagénaires, avouent « neplus reconnaître leur ville ». Lapopulation a considérablementaugmenté, passant de 5 237 habi-tants en 1962 à 10 850 en 2009.Située à seulement dix minutesde Carpentras et à quarante d’Avi-gnon, cette bourgade médiévales’est longtemps distinguée parson agriculture et son industrieliée aux feux d’artifice. A présent,elle attire en masse les rurbains,qui se sont étalés sur 39 kilomè-tres carrés, soit plus du double dela superficie de Villeneuve-lès-Avignon, pourtant plus peuplée !Même si le maire, Christian Gros(PS), également président del’agence d’urbanisme de l’aireavignonnaise (Aurav), a stoppél’étalement, la commune devraitattirer beaucoup de monde avec

la réouverture de la ligne TERAvignon-Carpentras, prévue pour2015. « Une bonne chose pour lesactifs, mais bientôt, plus personnene se connaîtra, regrette Fabrice.Cette urbanisation tue à petit feunotre identité. »

Un constat partagé par BernardMille, secrétaire général de la Fédération départementale dessyndicats d’exploitants agricoles(FDSEA). Ce producteur de cerises,de raisin de table et de vin installéà Goult, dans le Luberon, compterégulièrement les victimes de lapression foncière. « Les prix desterres deviennent délirants, nousavons perdu 10% des espaces agri-coles vauclusiens en dix ans »,déplore-t-il. Rien d’étonnant quandles parcelles destinées à la construc-tion se vendent 55 fois plus cher !« Non seulement le Luberon et leVentoux attirent les rurbains, maisle cadre de vie et la beauté des pay-sages en font un des territoiresprisés par les Parisiens et les étran-gers », explique Jean-Marc Rosier,agent immobilier à Gordes. Dansles environs de cette communeétiquetée « plus beau village deFrance », les villas entre 1 et 2 mil-lions d’euros, qui appartiennentparfois à des grands patrons ouà des personnalités politiques, sesont multipliées. Elles suscitentchez beaucoup d’habitants un sen-timent mitigé. Entre la fierté deconstater l’attractivité de leur territoire et l’agacement de sen-tir qu’il leur échappe. Un dilemmequi n’est pas près d’être résolu. � S.R.

SPÉCIAL RÉGIONS

ˆ PÉRURBANISATIONBernard Mille,producteur de ceriseset de vins, à Goult,dans le Luberon,compte régulièrementles victimes de la pression foncière,dévoreuse de terresagricoles…

ˇ POUVOIR D’ACHATLe revenu médian des Avignonnais (ici,rue Carretterie) esttrès faible. Seulement1 157 euros par mois etpar ménage en 2009.La moyenne nationaleest de 1 529 euros.

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X IL’EXPRESS

Festival Un paradis…L’événement créé par Jean Vilar en 1947 représente un atout économique et culturel incontestable pour la ville. Même s’il n’a pas que des partisans.

ne parenthèse magiquedans la vie de la cité. » C’estainsi que Corinne Dessis,une habitante des Angles,décrit le festival qu’elle

affectionne depuis trente ans. Desrues noires de monde sous le soleilestival, des restaurants pleins àcraquer, des affiches placardéessur chaque centimètre carré demur… « L’intra-muros rayonne.Le théâtre s’invite dans tous leslieux publics, jusque dans les jar-dins, et même dans des garagesprivés transformés en salles impro-visées », s’enthousiasme-t-elle.

Cette mutation brutale – et éphémère – d’un centre-ville encapitale internationale de la créa-tion artistique est évidemmentune aubaine pour l’économie locale.Mais personne ne sait véritable-ment l’estimer à sajuste valeur. La der-nière étude sur lesujet date de 2001.Elle indiquait queles retombéeséconomiques du« in », le festivalofficiel, s’élevaientà 22,9millions d’eu-ros. L’impact total,lui, est « très dif-ficile, voire impos-sible à chiffrer »,estime MurielBotella, la directricede l’office du tou-risme d’Avignon.

En 2012, le « in » a vendu plusde 136 000 billets, tandis que le« off » a dépassé le million detickets. Greg Germain, le prési-dent du « off », s’est prêté au jeudu calcul. En estimant que chaquefestivalier dépense en moyenne100 euros par jour, entre l’héber-gement, la restauration et les pièces,le « off » rapporterait à lui seul« entre 37 et 45 millions d’euros »

à Avignon. Muriel Botella s’in-terroge : « Comment savoir exac-tement ce que les festivaliersdépensent ? Est-ce le festival quileur donne envie de découvrirla ville puis, pour certains, larégion ? Seraient-ils venus quandmême ? Comment mesurer l’im-pact en termes d’image et deretombées économiques futures ?»

Une certitude, cependant. «Sansle festival, beaucoup mettraientdirectement la clef sous la porte»,assure Gaël Murzilli, le gérant durestaurant Joke & Co, au cen-tre-ville. Tous les hôtels sont pleins,y compris les plus chers. «En troissemaines, les commerçants réa-lisent la moitié de leur chiffre d’af-faires annuel, et certainementdavantage pour les métiers debouche », confirme Jean-Pierre

Bellucci, le président de la fédé-ration des commerçants et arti-sans avignonnais.

Mais le dynamisme de juilletretombe comme un soufflé unefois le dernier tréteau démonté.Pour beaucoup, le contraste estsaisissant. « Le reste de l’année,les commerçants tirent un peu lalangue », déplore David, 37 ans,patron d’une boutique de déco-

ration. Pour Christine Lagrange,élue d’opposition PS, le festivalest bien géré, mais pas optimisé.« Il pourrait être le socle d’unepolitique ambitieuse pour lesjeunes. Or, le sport et les loisirssont réduits à peau de chagrin »,tacle-t-elle.

Le sentiment qu’Avignon est deux villes

Frédéric Rogier, l’adjoint auxfinances et à l’urbanisme, souligneque le festival a dynamisé la vieculturelle de la cité. «Avignon dis-pose d’équipements dignes d’uneville de plus de 150 000 habitants.Nous avons quatre millions detouristes par an, un opéra et davantage de places de théâtreque Paris, proportionnellementà la population », rappelle-t-il.Reste le sentiment tenace qu’Avi-gnon est deux villes : une utopiede trois semaines et une réalitébeaucoup moins attrayante le restede l’année. Le prix à payer pouraccueillir un événement de portéemondiale. � S. R.

… OU UN ENFER ?ne aubaine, le festival ? Unehorreur, plutôt ! « Se faireinsulter quand on essaie

simplement de se garer près dechez soi après une journée detravail est une expérience trèsdésagréable », témoigne Béran-ger, 54 ans. « Les embouteillages,la saleté et le bruit à toute heuredu jour et de la nuit m’étaient devenus insupportables », se souvient Marie-Josée Combaz, quia fini par quitter l’intra-muros pourun logement « plus calme » ausud de la ville. Certains ont trouvéune autre solution : poser leursvacances et partir. Emmanuelleet François, trentenaires, sous-louent leur appartement à des fes-tivaliers pour 2 500euros le mois.Une pratique très répandue, selonBenjamin Caillot, de l’agenceDerivot immobilier. « Les prix peu-vent monter jusqu’à 1 500 eurosla semaine », assure-t-il. De quoiconsoler bien des exilés. � S. R.

U

RENOMMÉE En 2012,le « in » a vendu plusde 136 000 billetstandis que le « off »a dépassé le milliond’entrées.

« Le festivalpourrait être le socled’une politiqueambitieuse pour les jeunes »

CHRISTINE LAGRANGE,ÉLUE D’OPPOSITION PS

Page 7: AVIGNON€¦ · ou la ligne Avignon-Carpentras (voir pages IV-V). « Pendant des décennies, les élus n’ont pas été capables d’agir collectivement ni de penser les enjeux à

SPÉCIAL RÉGIONS

XII IL’EXPRESS

« Le tramway seraune pièce maîtressedu développementd’Avignon »

« On ne peutplus penser à petiteéchelle »

Votre projet de tramway, qui devrait être livré en 2016-2017,suscite une énorme polémique. Pourquoi est-il essentielselon vous ?› Ces deux lignes vont complètement restructurer la ville. Letramway permettra de se déplacer rapidement sans subir la cir-culation. Il va dynamiser l’activité économique de tous les quar-tiers qu’il desservira. Grâce aux parkings relais disposés auxterminus et à son imbrication dans l’étoile ferroviaire avi-gnonnaise, il attirera aussi beaucoup de monde au centre-ville.

Le tramway est unepièce maîtresse du déve-loppement d’Avignon.Un projet moderne etdurable qui va amélio-rer notre image.Pourtant, beaucoup,parmi lesquels l’op-position municipale,le conseil régional, le conseil général oules associations decommerçants, y sontfermement opposés.Même la CCI émet des réserves…› Je peux comprendreque certains craignentla durée des travaux,mais les commerces quien pâtiront serontindemnisés. Les retom-bées économiques d’untramway sont colossalesdans toutes les villesqui l’adoptent : regar-dez Montpellier ! Ceprojet est pris en otagepar l’opposition pourdes raisons politi-

ciennes. J’ai organisé des consultations publiques, et une étudea révélé que 80 % des habitants du Grand Avignon y sontfavorables. Je ne l’aurais jamais mené envers et contre tous.Lorsque le conseil régional PS me sollicite pour rouvrir la lignede TER Avignon-Carpentras, je la finance car c’est un pro-grès. J’attends la réciproque.Vous achèverez en 2014 votre troisième mandat. Allez-vousprésenter aux électeurs un « ticket » avec l’ancien minis-tre des Transports, Thierry Mariani ?› Thierry Mariani est un ami avec lequel je travaille depuis longtemps. Une telle association est tout à fait probable.

Pourquoi êtes-vous contre le tramway ?› Tel qu’il se présente aujourd’hui, ce projet dilapide l’argentpublic [NDLR : 250 millions d’euros] et va nous endetterinutilement. Le tracé laisse de côté l’hôpital, des quartierstrès peuplés comme Monclar ou Fontcouverte et les zones éco-nomiques de Courtine et d’Agroparc. Il va juste favoriserl’accès aux centres commerciaux d’Avignon-Nord. Un tramwaydoit s’insérer dans le tissu économique et social pour amélio-rer la vie des habitants. Or, ce ne sera pas le cas, car il est inadaptéaux enjeux d’une agglomération qui ne cesse de s’étendre.Que proposez-vous à la place ?› On ne peut plus penser à petite échelle. Je propose uneassociation intelligente entre les TER régionaux, qui devrontêtre renforcés, et des bus à haut niveau de service (BHNS)sur des voies dédiées. Ces lignes à haute fréquence permettentd’offrir la même rapidité et la même qualité de service que letramway pour trois fois moins cher ! C’est la seule façon derésoudre les problèmes de circulation tout en favorisant le développement économique.Pourtant, la région Paca pourrait bien contribuer au financement du tramway…›Notre éventuelle participation sera minime, entre 5 et 10 mil-lions d’euros, car nous devons participer à tout projet de transport en site propre. Mais le tramway s’inscrira dans lecadre d’un contrat de développement territorial avec leGrand Avignon, qui englobe de nombreux projets. En contre-partie, nous mettrons l’accent sur le développement du logement social et de l’étoile ferroviaire, donc ce sera du gagnant-gagnant. Les négociations sont loin d’être terminées et nousespérons toujours obtenir gain de cause.Voulez-vous être la prochaine maire d’Avignon ?› Je suis candidate à l’investiture du PS pour les élections muni-cipales de 2014. � PROPOS RECUEILLIS PAR SYLVAIN ROLLAND

CÉCILE HELLE, conseillère régionale (PS), vice-présidente de la région Paca chargée du développement du territoire.

MARIE-JOSÉE ROIG, présidentede la communauté d’agglomérationdu Grand Avignon (Coga)et maire (UMP) de la ville.