AVERTISSEMENT - Le Proscenium · Laurent Bof. Arnaud On voit ... On m'a raconté qu'il y a un mec...

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AVERTISSEMENT

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La Peste Rose Comédie pandémique

Thomas C. Durand

« L’homosexualité peut être acquise, mais aussi rééduquée » (Christian Vanneste, député. 2005). Imaginons que cette idiotie soit vraie et que la contagion se produise…

© Thomas C. Durand 2010

N° ISBN 978-2-9533944-5-0

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Durée : 1h30 Résumé : Quatre amis enfermés dans un appartement assistent à la transformation du monde autour d'eux. L'homosexualité se répand comme une épidémie implacable. Dans les média, les discours changent du tout au tout, à moins qu'ils ne restent exactement les mêmes… Distribution : Minimum : 2 hommes & 2 femmes (rôles multiples) Maximum : 4 hommes + 4 femmes + 4 rôles asexués. Personnages : ♂Laurent ♂Arnaud, frère de Marina ♀Marina, compagne de Laurent ♀Kenza, amie de Marina. Autres personnages (éventuellement en vidéo) ♂♀Présentateur (trice) du journal ♂♀Animateur (trice) de l’émission politique ♂♀Présentateur (trice) de l’émission religieuse ♂♀Dr Leunèc, expert médicalo-médiatique ♀Mme Darlan, ministre de la santé ♀Mlle Mirguet, femme politique ♂M. Foyer, homme politique ♂Le religieux, un religieux

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Acte 1 Acte 1 - Scène 1

Laurent & Arnaud

Dans l'appartement de Laurent et Marina, Arnaud rend visite à sa sœur qui n'est pas là… Il discute avec Laurent en l'attendant en dégustant un paquet de chips ou autre denrée antidiététique.

Arnaud — Quoi de prévu pour ce week end ?

Laurent — Avec Marina, on doit aller au théâtre. Des amis à elle qui jouent une pièce sur le racisme.

Arnaud — Ah. Ca doit être chiant.

Laurent — J'espère que non. Si c'est bien fait…

Arnaud — Mouais. Perso, j'aime mieux éviter les espaces publics en ce moment. Tu vas te faire vacciner, toi ?

Laurent — Contre ?

Arnaud — Bah tu sais bien… LE vaccin.

Laurent — J'ai pas envie. Parait qu'il y a trop de risques.

Arnaud — C'est juste des rumeurs, ces histoires de risques. Je préfère avoir des effets secondaires plutôt que d'attraper cette saloperie.

Laurent — Mouais.

Arnaud — T'as pas l'air convaincu !

Laurent — Bof.

Arnaud — On voit que t'as pas des collègues qui l'ont chopé, toi. Chez nous, y a eu Julien, Aurélien…

Laurent — Oui d'accord, mais peut-être qu'ils ont toujours été comme ça et qu'ils profitent du climat pour le montrer ou le dire.

Arnaud — Je vois pas bien le rapport avec le climat. Et en admettant que t'aies raison, bon, pour Julien et Aurélien,

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je veux bien… Mais pas plus tard que lundi, c'est mon beau-frère Christophe qui l'attrapait aussi.

Laurent — Ah merde. Et ta sœur, elle en pense quoi ?

Arnaud — Ben, déjà elle l'a quitté ! Et puis elle est allée se faire dépister. J'ai pas de nouvelle.

Laurent — Et toi, tu t'es fait vacciner ?

Arnaud — Hier matin.

Laurent — Il parait que la ministre a commandé 96 millions de doses !

Arnaud — Ouais. Elle s'est un peu énervée sur le coup-là, on dirait.

Laurent — Et avec quoi ils le font, leur vaccin ? C'est quoi l'agent infectieux ?

Arnaud — L'agent vicieux ?

Laurent — Non, sérieux. Je me pose la question moi : comment ça s'attrape ?

Arnaud — C'est sexuellement transmissible, Laurent.

Laurent — Oui, je veux bien. Mais, enfin, pour qu'un mec attrape l'homosexualité par contact sexuel, il faut peut-être qu'il soit consentant, non ?

Arnaud — J'en sais rien ! Tu m'en poses de ces questions, comme si j'en savais plus que toi. Je suis normal, moi, okay ?

Laurent — D'accord, je dis pas le contraire. J'ai juste l'impression que tu es drôlement inquiet à l'idée que ça puisse t'arriver.

Arnaud — Mais pas du tout ! Mais ça m'énerve, c'est tout. C'est tous les jours qu'on apprend qu'untel est pédé, qu'une autre est gouine. A croire que ça va jamais s'arrêter.

Laurent — On en parle tellement dans les média qu'on a l'impression que c'est beaucoup plus grave que ça ne l'est vraiment.

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Arnaud — Tu crois ?

Laurent — Y en a qui voient des juifs partout aussi.

Arnaud — Ca, c'est un autre débat, Laurent si tu veux bien. Tu lis pas les infos ou quoi ?

Laurent — … Prudemment. La presse s'intéresse à ce qui est à la mode. L'année prochaine, ce sera la grippe, et dans deux ans l'immigration, les impôts ou les grèves… Ils s'emballent, ils en font trop et ils ont jamais le courage de l'admettre.

Arnaud — Mais si c'était vrai ? Tu trouves pas, toi, qu'on en voit de plus en plus ? Des homos, dans la rue. J'ai jamais rien eu contre eux, hein, bien sûr. Mais ça, c'était avant qu'on nous dise que ça devenait contagieux.

Laurent — Légende urbaine.

Arnaud — Ben voyons ! (sursaut) Dis-donc, t'en as, toi, des amis… (il mime un homosexuel aussi mal et peut-être plus que n'importe qui essayant de mimer un homosexuel)… tu sais ?

Laurent — Oui. Qu'est-ce que tu es en train d'essayer de me dire ?

Arnaud — Tu te sens pas fiévreux ? Il parait que ça donne un peu de fièvre au début.

Laurent — Non, je me sens bien, Arnaud, merci.

Arnaud — Des picotements dans les doigts ? Non… ? Envie de manger de la viande rouge ?

Laurent — Où est-ce que tu as entendu ces conneries ?

Arnaud — Je me documente ! Je vais sur Internet. J'ai lu des tas de témoignages sur des forums. Ca fout les jetons !

Laurent — Je suis désolé que tu aies peur. Si tu connaissais quelques gays, tu serais sans doute moins anxieux.

Arnaud — Non, merci.

Laurent — De toute façon, tu es vacciné, non ?

Arnaud — Oui, c'est vrai.

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Laurent — Alors, voilà.

Arnaud — (Il hésite un peu) Et avec des lesbiennes, tu crois qu'on peut l'attraper ? Non, parce que… rencontrer des lesbiennes, ça me dérange moins, tu vois.

Laurent — Pour l'instant, mon avis à moi, si tu veux le savoir, c'est que cette idée d'épidémie c'est du n'importe quoi. Alors arrête un peu de t'affoler.

Arnaud — M'affoler ? Non, non, non. Mais pourquoi on en parlerait autant si c'était pas vrai ? Pourquoi on nous mentirait là-dessus ? On n'est même pas en période d'élections.

Laurent — On est toujours entre deux élections.

Arnaud — Mais c'est pas seulement chez nous, Laurent. Ca twitte de tous les côtés. Ca se passe partout dans le monde. Ce serait un complot mondial ?

Laurent — C'est comme d'habitude : les gens parlent avant de savoir de quoi ils causent, on répète n'importe quoi, on se convainc tout seul. Avec un peu de chance ça finit à la télé, et alors là, ça devient officiel. Des gens qui deviennent homo, tu y crois toi ? Putain, si j'avais voulu devenir gay, j'aurais fait ça en colo !

Arnaud — Ah ouais ?

Laurent — Façon de parler. Je te resserre un verre ?

Arnaud — (il acquiesce) Elle arrive quand, Marina ?

Laurent — Elle ne devrait plus tarder. Elle avait des courses à faire. Tu restes manger avec nous ?

Arnaud — Ouais, ouais, c'est gentil. (un temps) Si ça se trouve, c'est dans la bouffe.

Laurent — Pardon ?

Arnaud — Avec les OGM, les hormones dans le soja, les pesticides… C'est peut-être ça qui rend les mecs pédés.

Laurent — (neutre) Oui. Ca se tient. On avait prévu des endives au jambon… Tu crois que c'est prudent ?

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Arnaud — Rigoles-en si tu veux. J'ai lu des trucs là-dessus.

Laurent — Je me demande si le vaccin est efficace contre les endives au jambon.

Entrée brusque de Marina.

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Acte 1 - Scène 2

Laurent, Arnaud et Marina

Marina entre en trombe, chargée de nombreux sacs de course qu'elle laisse tomber par terre. Elle ferme vivement la porte derrière elle.

Marina — T'as pas fermé à clef ? Tu devrais fermer à clef ! Ah, tu es là, Arnaud.

Arnaud — Bonjour, grande-sœur.

Laurent — Tu as l'air toute stressée. Qu'est-ce qui t'arrive, ma puce ?

Marina — Il vaut mieux fermer à clef, d'accord ?

Laurent — Oui, d'accord, mais pourquoi ?

Marina — C'est fou ce qui se passe !

Laurent — Un souci au travail ?

Marina — J'ai jamais vu ça. Pourtant ils en ont parlé à la télé, à la radio, partout. Mais j'aurais pas cru…

Laurent — Bon, calme-toi, s'il te plait.

Arnaud — Dis-nous ce qui se passe.

Marina — Des homos. Partout ! Plein le magasin.

Arnaud — Arrête tes conneries !

Marina — Ils se déplaçaient en bande. Ils ont carrément envahi le rayon cosmétique. Et il parait que c'était rempli de lesbiennes au rayon quincaillerie. Mais ça, j'ai pas pu le voir de mes yeux.

Laurent — C'était… une manifestation ?

Marina — Tu parles ! Ils voulaient embrasser tous les garçons qui passaient. On m'a raconté qu'il y a un mec de la sécurité, Philippe, un grand blond, très con, il s'est laissé faire. Et il est parti avec eux.

Laurent — Et les gens n'ont pas réagi ?

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Marina — Ben, heureusement que si. On les a virés du magasin, mais les lesbiennes, elles se sont pas laissé faire. C'est teigneux une lesbienne.

Silence…

Arnaud — Donc ça se confirme. Tu vois, Laurent. Tu vois que c'est pas des histoires. Marina, elle les a vus.

Laurent — Attendez là… Marina, elle a vu un groupe d'homos dans un magasin. Ca va, c'est pas la fin du monde.

Arnaud — Ils essayaient de contaminer les gens ! Et il y avait plein de lesbiennes dans la quincaillerie !

Laurent — Qu'est-ce qu'on en sait qu'ils voulaient contaminer les gens ? C'était peut-être un happening, un kiss-in, je sais pas moi. Et puis de toute façon, on n'a pas dit que quelqu'un a été infecté. Si ?

Marina — Ah ben quand même ! Le grand Philippe, hier il était déjà con, mais il était pas pédé, ça c'est sûr.

Arnaud — Tu vois ! J'avais raison. Merde, j'avais raison !

Laurent — Bon, Arnaud, tu arrêtes de t'agiter comme ça, s'il te plait. Tu es vacciné oui ou non ?

Arnaud — Oui, je suis vacciné. Je suis vacciné.

Laurent — C'est pas la peine de paniquer. Regardez, on est en bonne santé. On ne t'a pas agressée, ma Puce ?

Marina — Non. Je suis restée à la caisse centrale. Personne n'a osé s'attaquer à la caisse centrale.

Laurent — Tu vois. Il y a sûrement une explication logique à tout ça.

Arnaud — Une attaque terroriste.

Marina — Hein ?

Arnaud — Ils ont diffusé un produit qui rend tout le monde gay. Pour pouvoir nous envahir.

Laurent — Il va franchement falloir que tu arrêtes Internet, toi.

Arnaud — Vas-y ! Prouve-moi que j'ai tort !

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Marina — Il faut qu'on commande nos vaccins ! (elle court ramasser l'un de ses sacs de course) J'ai acheté des masques et des gants (elle les pose sur une table). Ce sera plus prudent pour quand on ira se faire vacciner. En dehors de ça, on ne sort plus. Aucun contact avec l'extérieur. On a des provisions pour deux semaines.

Laurent — Vous vous rendez compte un peu à quel point vous psychotez ?

Marina — (ignorant la remarque) J'avais pas prévu que tu serais là, Arnaud… Mais il nous reste des paquets de pâte et de riz. Et le congélateur est plein. En faisant attention, deux semaines c'est jouable. Vous pensez qu'il faudrait calfeutrer les fenêtres ?

Arnaud — Il nous faut de l'eau minérale. Si ça se trouve, ils ont balancé leurs produits dans les canalisations.

Marina — J'avais pas pensé à ça !

Laurent — Alors n'y pense plus ! Vous voulez bien qu'on s'asseye calmement et qu'on discute ? Parce que là, j'ai l'impression qu'on part en live complet. Alors on prend cinq minutes, ça va pas nous tuer. Et on réfléchit. Il s'est passé quoi, aujourd'hui au magasin : vous avez viré un groupe d'homos qui venait faire de la provocation. Voilà, c'est tout.

Marina — Et la police est venue. Elle les a tabassés un peu et puis on les a embarqués.

Laurent — Ah…

Marina — Ca m'a rassurée.

Laurent — Je suis désolé, mais moi je ne suis pas d'accord pour qu'on tape sur les gens parce qu'ils sont homos.

Arnaud — Parles-en à mon beau-frère !

Marina — Oh c'est vrai, pauvre Christophe. La honte.

Laurent — Ca ne justifie pas qu'on soit violent. Ils n'ont pas choisi d'être comme ça.

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Marina — Ben non, je sais. J'en veux pas aux gens qui attrapent la grippe, c'est pareil. Je suis pas conne non plus.

Laurent — Oui, mais là, ils ne sont pas malades.

Marina — (hors d'elle) Non mais écoute, j'étais là ! J'ai bien vu que ça s'attrapait puisque j'étais là. Si ça s'attrape, c'est bien une maladie ! Et puis arrête de faire comme si tu comprenais tout ! Tu m'énerves. Je vais ranger les courses.

Elle emporte les sacs vers la cuisine.

Arnaud — C'est vrai que t'es énervant à rester calme comme ça !

Laurent — Navré.

Arnaud — Tu crois peut-être que tu risques pas de l'attraper, c'est ça ?

Laurent — Je ne suis pas encore persuadé que ça soit possible, c'est tout.

Arnaud — Faut toujours que tu soies plus fort que les autres.

Laurent — Mais, enfin ! J'ai quand même le droit de demander à être convaincu.

Arnaud — Va te promener dans la rue les fesses à l'air ! Tu vas voir, ça va te faire tout drôle. Ca m'étonne pas moi, tout ça. Ca nous pendait au nez. A force de réclamer des droits par-ci par-là comme les gens normaux, je savais bien que ça finirait pas arriver. Ils veulent que tout le monde soit comme eux !

Laurent — Ils veulent peut-être être comme tout le monde, c'est ça que tu veux dire, hein ?

Arnaud — Non, non. Ils seront très contents quand tout le monde sera perverti !

Laurent — Là, tu t'énerves, Arnaud. Franchement, t'as jamais été homophobe comme ça. Qu'est-ce qui t'arrive ?

Arnaud — Qu'est-ce qui m'arrive ? J'ai peur, espèce de con !

Laurent — (prévenant) Tu… T'es pas sûr de ta sexualité ?

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Arnaud — Arrête, je jure que je vais t'en coller une !

Retour de Marina

Marina — Bon, ils disent quoi aux infos ? Mais allumez la télé ! Comment vous voulez qu'on sache ce qui se passe si vous allumez pas la télé ?! La porte est toujours bien fermée ?

Laurent — Oui, oui. Assied-toi.

Arnaud allume la TV…

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Acte 1 - Scène 3

Média 1 : L’expert.

Le présentateur, le Dr Leunéc.

Sur un plateau de télévision ultra classique, un journaliste télégénique interroge un expert télégénique aussi.

Journaliste — Des nouvelles maintenant de cette épidémie qui touche, c'est désormais prouvé, tous les pays du monde. Cette affection encore mystérieuse et connue sous le nom d'homosexite a suscité de nombreuses réactions, notamment de la part des autorités religieuses qui ont vilipendé, je cite, la "permissivité des mœurs" de nos sociétés et la "déliquescence de la famille". Avec nous aujourd'hui pour y voir plus clair, un expert médical, le docteur Leunéc. Bonjour docteur.

Dr Leunéc — Bonjour.

Journaliste — Alors la première question que j'ai envie de vous poser, c'est : où en est-on ? Quelle est la mesure de la crise ? Et puis, d'abord s'agit-il d'une crise ?

Dr Leunéc — Si je compte bien, cela fait trois questions (ricane). A l'heure actuelle, on commence à parler de crise mais c'est un peu prématuré. Il existe, c'est vrai, quelques foyers que l'on a qualifié d'épidémiques dans les grandes capitales. On comprend encore mal le mode de transmission, mais nous sommes à pied d'œuvre pour trouver un moyen d'enrayer cette propagation.

Journaliste — A-t-on une idée du temps d'incubation ?

Dr Leunéc — Cela semble assez variable. C'est très… On ne sait pas.

Journaliste — Et les malades deviennent contagieux au bout de combien de temps ?

Dr Leunéc — (gêné) Je ne parlerais pas de "malade" ici. Parce que je n'ai pas le droit (ricane). Ce qu’en ma qualité d’expert médiatique, je pense pouvoir dire qu’ils sont contraires à la loi naturelle. Ils ferment l'acte sexuel au don de la vie. Ils ne

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procèdent pas d'une complémentarité affective et sexuelle véritable. Ils ne sauraient recevoir d'approbation en aucun cas1. Toutefois, il ne s'agit plus, officiellement, d'une maladie depuis le 17 mai 1990.

Journaliste — Mais vous savez probablement que certains hommes politiques et de responsables religieux remettent en cause cette décision de l'Organisation Mondiale de la Santé.

Dr Leunéc — Et il ne vous aura pas échappé à vous, que je ne suis ni l'un ni l'autre.

Journaliste — Qu'en est-il de la période durant laquelle les personnes infectées sont contagieuses ?

Dr Leunéc — Elle est inconnue.

Journaliste — Le vecteur de la maladie a-t-il été identifié ?

Dr Leunéc — Hm, pas vraiment.

Journaliste — Il existe pourtant un vaccin qui représente d'ailleurs un marché économique considérable.

Dr Leunéc — Oui. Le ministère de la santé a commandé quatre vingt seize millions de doses.

Journaliste — N'est-ce pas beaucoup ?

Dr Leunéc — C'est comme d'habitude. On s'est dit qu'il valait mieux avoir trop que pas assez.

Journaliste — Ce vaccin, mis en circulation extrêmement rapidement, a-t-il une efficacité prouvée ?

Dr Leunéc — Oh, vous savez… C'est un vaccin. Ca peut pas faire de mal. (ricane)

Journaliste — On a un peu l'impression que vous êtes venu sans aucune réponse à apporter.

Dr Leunéc — Je ne peux pas répondre à cette question.

Journaliste — Alors, quel sont les conseils que vous pouvez donner aux téléspectateurs ?

1 Catéchisme de l'Église catholique (2333, 2334, 2357).

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Dr Leunéc — Qu'ils ne s'inquiètent pas. (face public) Ne vous inquiétez pas !

Journaliste — Tout de même, vous venez nous dire que vous n'avez aucune piste, aucun remède sérieux, et vous demandez aux gens de ne pas s'inquiéter.

Dr Leunéc — Exactement !

Journaliste — Vous ne craignez pas d'être contre-productif ?

Dr Leunéc — Je n'ai pas à être productif, vous savez. Je suis ici en tant qu'expert, vous n'avez pas à me contredire. Ou alors il fallait inviter d'autres experts pour que nous ayons une discussion technique à laquelle personne n'aurait rien compris.

Journaliste — Cela aurait probablement accru l'inquiétude…

Dr Leunéc — Oui !

Journaliste — Il faut donc éviter la panique, c'est bien ça, docteur Leunéc ?

Dr Leunéc — Tout à fait. Ne pas paniquer. Je tiens à rassurer les gens qui nous regardent : la situation est grave.

Journaliste — Vous… Vous nous rassurez, là ?

Dr Leunéc — Moi, ça me rassure de le dire. On ne pourra pas nous reprocher d'avoir sous-estimé le problème. Les gens ne doivent pas paniquer. Et ils devraient éviter de sortir de chez eux. Manger bio. Et surveiller leurs enfants.

Journaliste — Merci, docteur Leunéc. Passons maintenant au volet économique, avec le nouveau scandale des rémunérations record du PDG de…

Noir

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Acte 1 - Scène 4

Laurent, Arnaud et Marina

Marina — Si j'ai bien compris, il sert à rien leur vaccin !

Arnaud — Oh non. Dis pas ça. Dis pas ça ! Et l'effet placebo ? Ca compte, quand même, non ?

Laurent — Tout va bien. Tu t'es fait vacciner, Arnaud. C'est le plus important.

Arnaud — Oui. Oui, ça c'est vrai. Mais tu vois ! Tu vois, ils disent bien que c'est une épidémie.

Marina — Et que c'est grave !

Laurent — Je suis désolé, j'arrive pas à être inquiet.

Arnaud — Quoi ? Mais imagine que tu deviens pédé. Ca t'inquiète pas, ça ?

Laurent — Comment veux-tu que je devienne homo ? Je suis amoureux de ta sœur.

Marina — Oui. Arrête de dire des horreurs ! Il est pas pédé, mon chéri.

Laurent — Et puis si je l'étais, ça changerait quoi ? Pourquoi je serais moins heureux ?

Arnaud — Oh la vache, Laurent, tu déconnes.

Il prend sur la table l'un des masques, laissés par Marina. Il le pose sur son visage.

Marina — Qu'est-ce que tu fais ?

Arnaud — M'en veux pas, mais je commence à croire que ton mec est infecté.

Marina — Dis pas ça. Ca me fait pas rire.

Laurent — C'est ridicule, ma Puce. Arrête de t'inquiéter. On nait homo ou hétéro. Ca s'attrape pas.

Arnaud — Qu'est-ce que t'en sais ? Attends, mais qu'est-ce que tu en sais ?

Laurent — Il me semble qu'il y a eu des études là-dessus.

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Arnaud — Ben, voyons. Des études ! Nous, on a regardé la télé. Y a une putain d'épidémie ! Et moi je veux pas finir comme ça !

Laurent — Personne n'a encore dit qu'on en mourait, je crois.

Marina — Laurent. Chéri. Arrête. On est stressés, là. On dit des bêtises. Vous voulez que j'ouvre une boîte de calmants pour l'apéritif ?

Laurent sort vers une autre pièce de l'appartement.

Marina — Les gars, il va falloir faire un effort, parce que si on doit passer deux semaines enfermés ici, ça va pas être gai ! (tête d'Arnaud) Pardon, je voulais pas dire gai. Chut. Ca va pas être gai du tout, je te promets.

Laurent revient avec un ordinateur portable.

Marina — Qu'est-ce que tu fais, chéri ?

Laurent — On aura plus d'informations sur Internet qu'à la télévision. Avec un peu de chance, on va vite se rendre compte que c'est un hoax.

Marina — Un canular ?

Laurent — Voilà. Alors, je tape "homosexite"…. Ah ouais. Quatre millions de résultats.

Marina — C'est mauvais signe. Mais c'est pas surprenant. On te l'avait dit.

Laurent — Attends. J'ajoute "hoax" à la recherche. Six mille. Euh… Bon. Apparemment on en parle partout… C'est… surprenant.

Arnaud — Ah. Tu vois tu avais tort. Môssieur Laurent avait tort. Incroyable, hein ?

Laurent — Oui… c'est incroyable. Ravi que tu sois content.

Arnaud — Je suis pas content, okay !?

Laurent — J'avoue que j'avais pas du tout mesuré l'ampleur du problème. Là, ils disent qu'en Russie, en Afrique et au

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Texas, il y a des appels au meurtre. Ils veulent exécuter les homos. Les États ont dû faire intervenir l'armée.

Arnaud — Même la marine ?

Laurent — Non. Non, çà, par contre toutes les flottes du monde ont été envoyées au large.

Marina — Ben pourquoi ?

Arnaud — Parce que c'est la marine, grande sœur. Des hommes qui vivent qu'entre eux. Sur des bateaux.

Marina — Oh ! J'avais jamais pensé à ça ! On est cernés.

Laurent — Il y a un paquet de vidéos avec des émeutes… Ca devient vraiment violent. Même chez nous. Il y a des milices qui patrouillent dans les villes. Ils ravagent les salons de coiffure et les magasins de mode…. Et… Et les quincailleries ?

Marina — Normal. Moi je comprends, c'est logique. Fais voir les images. La vache ! Les gens d'extrême droite, ils ont super peur de devenir gay, on dirait. Mais y a pas des contre-meeting ?

Laurent — Ils sont interdits. Là, un article qui dit que toute manifestation d'homosexualité entraine une garde à vue. C'est un décret présidentiel.

Arnaud — Faut ce qui faut. C'est dur, mais c'est la sécurité qui est en jeu. Quand on veut de la sécurité, faut bien sacrifier un peu de liberté2.

Laurent — Je suis pas sûr. Tu te rends compte qu'ils agissent comme si c'était une maladie mortelle.

Arnaud — Ben ouais.

Marina — Mais c'est normal. Si tout le monde devient homo, qui c'est qui va payer nos retraites ? (silence) Ah ben oui, tu vois, faut réfléchir à tout ça aussi !

2 On a le droit de préférer l'avis de Benjamin Franklin sur ce sujet.

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Laurent — J'avoue que j'ai rien à te répondre, ma Puce. Des fois, tu me laisses sans voix.

Arnaud — Vous avez des armes dans l'appart ?

Marina — Hein ? Mais non !

Arnaud — Même pas une batte de baseball. Je sais pas… une hache ?

Marina — Mais pour quoi faire ?

Arnaud — Pour se défendre. S'il y a des émeutes, faut être prêt. Faut choisir son camp. On n'est pas des pédés !

On tambourine violemment à la porte. Arnaud glapit et se jette au sol, les fesses en l'air.

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Acte 1 - Scène 5

Laurent, Arnaud, Marina & Kenza

On tambourine à nouveau. Marina se dirige vers la porte.

Marina — Qu'est-ce que c'est ?

Kenza — (dans le couloir) Marina ! Marina c'est moi, c'est Kenza. Ouvre-moi, s'il te plait.

Arnaud — Non ! N'ouvre pas !

Arnaud saute un peu partout, il disparait en direction de la cuisine.

Marina — Pourquoi ?

Kenza — S'il te plait ! J'ai peur. Laisse-moi entrer !

Marina — Pourquoi tu viens me voir ? Je te préviens, je suis avec Laurent. On est en couple, tu te rappelles.

Kenza — Mais ouvre-moi !

Laurent — Marina, ne la laisse pas hurler dehors comme ça. Ouvre-lui.

Marina se dirige vers les gants et les masques qu'elle a achetés. Pendant ce temps, Laurent ouvre la porte. Kenza, en pleurs, entre. Elle tend les bras vers Laurent pour être consolée.

Marina — Recule ! Pas de contact. (elle lui lance un masque) Tu mets ça tout de suite. (à Laurent) Ferme la porte !

Arnaud surgit de la cuisine en brandissant une baguette de pain comme une massue.

Kenza — Mais quoi, vous êtes fous, vous aussi, ou quoi ?

Marina — Tu mets le masque ! Voilà. Qu'est-ce qui t'amène ici ?

Kenza — C'est tellement horrible, Marina. J'ai eu si peur.

Marina — De quoi ?

Kenza — Des pédales. Partout. Dans la rue. Ils s'embrassaient. Si ma pauvre maman avait vu ça… J'ai même vu des gougnottes. Je te jure, en pleine ville. Un cauchemar. Ils avançaient en se tenant la main. Sans gêne. Ils avaient des T-shirt moulant. Y avait même des noirs ! Des

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arabes. Et j'ai vu au moins un vieux. Mais c'est pas possible (sanglot) mais pourquoi ils se cachent pas ?!

Marina — Ouf, elle a pas l'air contaminée.

Laurent — Tu trouves ?

Kenza — Ils étaient des centaines ! Les pauvres skin head, ils osaient même pas les approcher. Ils avaient trop peur de se faire peloter le cul. Les militaires, ils ont barré la route. Ils ont ouvert des lances à incendie. Et les autres, les pédés et les gouines, ils ont rien trouvé de mieux à faire que des concours de T-shirt mouillés ! On peut plus circuler en ville, tout le monde se fait embarquer, alors je suis partie en courant, j'ai pas osé récupérer ma voiture. Il parait qu'il y en qui se cachent dans le noir dans les parkings pour te faire un gros câlin. J'ai couru, j'ai couru et puis quand j'ai reconnu le quartier, je me suis rendue compte que tu habitais tout près. Je voulais pas rester seule. (énorme sanglot) Je peux rester avec vous ?

Marina — Oui, mais tu gardes ton masque. On n'est toujours pas sûr que tu soies pas contaminée.

Kenza — Moi ?

Marina — Tu vas aller prendre une douche. On mettra tes vêtements dans un sac poubelle. Je te prêterai un pyjama quand tu auras pris une douche.

Kenza — Tu crois ?

Laurent — Tu nous fais quoi là, un plan vigi-lopette ?

Marina — Je dis qu'il faut être prudent ! Kenza dormira dans la chambre d'ami. Et interdiction d'en sortir.

Arnaud — Ben, et moi ?

Marina — Toi, tu dormiras sur le canapé.

Elle avise le bout de la baguette qu'Arnaud tient toujours. Une empreinte de mâchoires est clairement visible.

Arnaud — Mais quoi ? J'avais faim.

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Marina — (saisissant la baguette) On est quatre, maintenant ! Il va falloir rationner. Je ne veux pas te voir dans la cuisine !

Arnaud — Eh, Marina, sans déconner, tu parles presque comme un mec.

Marina — Tu ne dis pas ça ! (elle lui assène de violents coups de baguette) Ca ne fait rire personne ici, tes blagues sexistes. J'organise tout pour qu'on s'en sorte, alors vous faites comme je dis, pis c'est tout. Vous faites pas chier !

Noir

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Acte 2 Acte 2 - Scène 1

Marina, Kenza & Arnaud.

Le lendemain matin. Kenza est en pyjama, elle porte son masque, au milieu de la scène. Marina fait les cent pas derrière elle. Arnaud dort sur le canapé.

Marina — Bon, alors, aucune fièvre.

Kenza — Non.

Marina — Pas de démangeaison ?

Kenza — Non.

Marina — Pas de troisième téton qui aurait poussé ?

Kenza — Mais non ! Pourquoi tu me demandes ça ?

Marina — J'ai téléchargé une fiche de diagnostic. C'est très sérieux. Les yeux injectés de sang, c'est non. Question dix-neuf : Est-ce que tu as toujours un reflet dans le miroir ?

Kenza — Hein ?

Marina — Tu as raison, c'est n'importe quoi ce questionnaire. Tu te sens bien, tu es sûr ? Tu… Tu n'as aucune envie de venir me toucher les seins ?

Marina s'approche, prend les mains de Kenza, les pose sur sa poitrine

Marina — Ca ne te fait rien, là ?

Kenza — Ben écoute, si. Ca me fait drôle. Mais c'est tout. J'y prends aucun plaisir.

Marina — Non ? Et comme ça ?

Kenza — Oh là là. Bof…

Marina — Et si moi, je te touche ?

Kenza — Hum ?

Marina — Et là ?

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Sur ces palpations, Arnaud émerge du sommeil, sursaute, les pointe du doigt.

Arnaud — Wouho ! Hey. Je sais pas si je dois être excité ou dégoûté là. En fait si… Comme t'es ma sœur, je suis obligé d'être dégoûté. Merde !

Marina — C'est ça, continue à faire des commentaires et tu seras privé de petit déjeuner.

Arnaud — Hé, mais j'en ai marre !

Marina — Va plutôt dans le bureau, aider Laurent.

Arnaud — A quoi faire ?

Marina — Il appelle des amis et la famille pour savoir ce qui se passe, si les gens sont infectés.

Arnaud — Ouais. Pas con.

Il sort.

Kenza — Tu te rends compte de ce qui nous arrive ? Obligés de se soupçonner les uns les autres ?

Marina — Ouais, c'est moche. Vas-y, tu peux retirer ton masque.

Kenza — Qu'est-ce qu'on va faire ? Si on vivait à la campagne, on pourrait manger des légumes, chasser des lapins. Mais ici, on peut pas sortir.

Marina — On va s'organiser. Ils ont pas encore gagné. L'armée a été appelée en renfort. Il y a des gens qui veulent tuer les homos pour les empêcher de se reproduire.

Kenza — C'est malheureux d'en arriver là, mais… Quand même, c'est bien qu'il y ait des gens qui sont prêts à se battre.

Marina — Tu crois que ça va être la fin de l'humanité ?

Kenza — Non. Impossible. Moi j'ai la foi, tu sais. Ca peut pas finir comme ça. Impossible.

Marina — Pourquoi ?

Kenza — Bah. Impossible. C'est tout.

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Marina — Mouais… J'entends bien ce que tu dis. Mais je vois pas pourquoi…

Kenza — Ca aurait pas de sens.

Marina — C'est pas faux. (silence) C'est obligé que la vie ait un sens ?

Kenza — Oui.

Marina — D'accord. (silence) Pourquoi les gens sont homos… Je veux dire, même avant qu'il y ait l'épidémie, tout ça… Ca leur sert à quoi ?

Kenza — C'est une perversion. Ils sont malformés dans la tête. C'est des infirmes.

Marina — Oui, je sais. Mais je me demande quel sens ça peut avoir, puisque la vie doit avoir un sens.

Kenza — Ce qui est sûr c'est que l'hétérosexualité, c'est supérieur. Je suis pas la seule à le dire. Tu vois, en plus, moi je m'y connais un peu : je suis fleuriste. Les fleurs, je sais pas si tu sais, mais c'est les organes sexuels des plantes.

Marina — Ah oui, c'est vrai.

Kenza — Tu savais ?

Marina — Oui, oui, je savais.

Kenza — Bon, ben moi qui passe toutes mes journées le nez dans les pistils, je peux te le dire : le sexe, c'est pas une fin en soi.

Marina — Tu le dis vachement bien.

Kenza — La sexualité, c'est un moyen d'obtenir de la variété au sein de l'espèce. Et toutes les espèces qui se reproduisent avec le sexe, et il y en a un paquet, elles le font pas par sodomie ! C'est bien une preuve non ?

Marina — Ah oui, alors le problème c'est la sodomie ?

Kenza — Oui. Sans doute.

Marina — Les lesbiennes, elles font pas ces trucs là ?

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Kenza — Ben si. C'est pareil. C'est mal. C'est pas naturel. C'est logique. Y a que l'hétérosexualité qui permet la reproduction. Sans ça, y a pas de nouvelle génération et ça aurait pas de sens.

Marina — Oui, oui, d'accord. D'où l'évolution et tout ça.

Kenza — Ah non, çà par contre, l'évolution j'y crois pas trop.

Marina — Pourquoi ?

Kenza — Bah. Parce que.

Marina — D'accord. (silence) Moi je me dis que, peut-être… Je sais pas. A force de polluer, de massacrer les baleines, de brûler les forêts, d'égorger les poules… Tu sais, on a peut-être provoqué la colère de… Tu vois, la Terre. Et la Nature se venge.

Kenza — Ah ouais. J'aime bien l'idée. C'est dommage, j'ai pas le droit d'y croire.

Marina — Non ?

Kenza — C'est pas dans le Coran3.

Marina — Ah, okay.

Kenza — Mais ça pourrait être un châtiment divin.

Marina — Oui, bien sûr.

Kenza — Et là, ça aurait du sens.

Marina — Carrément. On se reproduit plus. Du coup, c'est la fin de la surpopulation. Plus de famine. Les homos ça fait pas la guerre, ça se saurait. Et voilà, fini les massacres. Si ça se trouve, on vient de comprendre toute l'histoire !

Kenza — Alors tu veux devenir gouine ?

Marina — Franchement, ça me dit rien. Déjà, j'aime pas le mot.

Kenza — C'est vrai. Moi non plus.

3 Les metteurs en scène ont toute latitude pour remplacer Coran par Bible, Torah, livre de Mormon, ou Almanach des Grosses Têtes. Mais Coran, ça marche vachement bien.

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Marina — Et puis j'aime pas porter des chemises à carreaux ni avoir les cheveux courts.

Kenza — C'est clair. Pis en plus, faut coucher avec des filles.

Marina — Ouais. C'est quand même bizarre tout ce qu'on raconte. Que les gens infectés, les mecs comme les filles, tout de suite, ils ont qu'une envie, c'est se vautrer les uns dans les autres. Même dans la rue. Partout.

Kenza — Ils ont des besoins sexuels plus importants. C'est parce qu'ils sont frustrés.

Marina — Ah punaise. Il faut être frustré en plus ?

Kenza — Oui. Pour les filles, on est frustrées du pénis… Sauf que finalement on a gardé celui de notre père imaginaire et qu'on veut le donner aux filles qu'on aime, quelque chose comme ça, je sais plus trop4. Mais j'y crois, c'est quasiment religieux comme truc. Et la frustration, tout ça, le problème de castration refoulée aussi, ça pousse à multiplier les partenaires sexuels et à en avoir même plusieurs en même temps. Et les mecs pédés, ils en ont encore plus !

Marina — Je sais pas si ça donne envie…

Kenza — C'est comme ça, c'est leur perversion. Les pauvres.

Marina — Tu les plains ?

Kenza — Bah oui. J'ose pas trop les haïr. Ca se fait pas.

4 Rien ne permet d'affirmer scientifiquement que Kenza s'exprime sur le sujet avec moins de clarté que les psychanalystes les plus réputés.

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Acte 2 - Scène 2

Marina, Kenza, Laurent & Arnaud.

Les garçons entrent en scène, l'air abattu.

Marina — Alors, c'est quoi les nouvelles ? Oh, non faites pas ces tête là. C'est si mauvais ?

Arnaud — Mon meilleur pote a viré sa cuti. Ca me fait tout drôle. Je comprends pas, il adore le foot !

Laurent — Eh bien moi, mes parents se sont séparés. J'ai cru comprendre que ma mère vit chez la voisine maintenant. Elles militent déjà pour le droit au mariage…5

Arnaud — J'ai une cinquantaine d'amis qui ont fait leur coming out sur facebook ! Putain, en plus il y en quatre ou cinq que je connais vraiment.

Laurent — (à Marina) Quand j'ai eu ma mère au téléphone, elle m'a demandé de tes nouvelles. Elle m'a dit qu'elle voulait te présenter à Solène, qui, dit-elle, est très jolie. C'est la fille de la voisine. J'ai pas su quoi répondre.

Arnaud — J'ai discuté avec ma cousine Marion. Avec ses parents, ils se sont enfermés chez eux, comme nous. Elle m'a dit qu'elle se sent bizarre. Depuis hier soir elle fait de la muscu. Et puis ses parents font chambre à part. Et puis euh… Elle dit que ses poissons rouges passent leur temps à s'enculer.

Laurent — Après ça, Maman m'a demandé pardon de ne pas avoir été assez castratrice avec moi ou trop distante ou je ne sais quoi. Elle est désolée que cela ait eu des conséquences sur ma sexualité qui me rendent malheureux.

Kenza — Elle se fiche du monde, ta mère ! C'est le monde à l'envers. C'est pas nous qui sommes malheureux !

Sur scène, tous les quatre sont comme des âmes en peine.

5 Si tout se passe bien, cette réplique est périmée. Elles peuvent militer pour la Procréation Médicalement Assistée, la Gestation Pour Autrui, le mariage religieux, un changement de constitution ou tout bonnement une égalité de salaire homme/femme

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Kenza — C'est pas nous ! Nous on va bien ! (gros sanglot)

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Acte 2 - Scène 3

Média 2 : Les politiques

Le Journaliste, Mme Darlan, Mlle Mirguet, M. Foyer

Retour sur le plateau de télévision où cette fois s'organise un débat entre des représentants des principaux partis politiques.

Journaliste — Epidémie sans précédent, crise sanitaire mondiale, l'homosexite s'affirme comme une réalité omniprésente qui effraie beaucoup nos concitoyens. C'est pourquoi cette émission spéciale lui est consacrée. La parole sera donnée aux responsables politiques qui ont beaucoup à dire sur le sujet. Avec nous sur ce plateau, le ministre de la Santé. Madame Darlan, bonjour.

Mme Darlan — Bonjour. Bonjour à tous.

Journaliste — Monsieur Foyer, vous dirigez le PPO, le Principal Parti d'Opposition. Merci d'être avec nous.

M. Foyer — Merci à vous de m'avoir invité.

Journaliste — Et enfin, Mademoiselle Mirguet, fille du fondateur du parti "la Race et le Sang" dont vous êtes la nouvelle Présidente.

Mlle Mirguet — (grand sourire charmeur) Bonjour à vous.

Journaliste — J'ajoute que nous avions invité d'autres responsables qui n'ont pas souhaité s'exprimer ici.

Mlle Mirguet — (grand sourire adorable) Ou bien qui ont quelques ennuis de santé. Il faut faire attention en ce moment.

Journaliste — Dans un premier temps, avant d'amorcer réellement le débat, j'ai envie de me tourner vers vous, Madame le ministre, et de vous demander où en est l'action du gouvernement.

Mme Darlan — J'ai réclamé des expertises. J'ai rassemblé des experts, euh, très compétents. Je suis convaincue qu'ils vont aboutir à une expertise puisque ce sont des experts. Et j'ai d'ores et déjà commandé, comme vous le savez,

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quatre vingt seize millions de doses de vaccin à une entreprise américaine.

Journaliste — Vous commandez des vaccins avant d'avoir l'avis des experts ?

Mme Darlan — Mais enfin, si je ne fais rien, à quoi je sers ? Qu'est-ce qu'on n'aurait pas dit si j'avais attendu de comprendre quelque chose pour prendre une décision ! Soyez sérieux !

Journaliste — Très bien. Vous réunissez donc des experts, et vous commandez des doses de vaccin. Estimez-vous cela suffisant ? Etes-vous satisfaite des résultats ?

Mme Darlan — Si je suis satisfaite ? Mais ce n'est évidemment pas la question que se posent nos compatriotes ! Ils veulent savoir quelles mesures sont mises en place pour répondre à cette crise qui est grave, qui est sérieuse et qui nécessite que nous fassions notre travail de façon irréprochable, ce qui est valable pour les journalistes. Voilà ce que les gens veulent savoir. Et si je suis là, c'est pour le leur expliquer.

Silence.

Journaliste — Eh bien allez-y, madame le ministre, nous vous écoutons.

Mme Darlan — Ne m'interrompez pas, monsieur ! C'est trop facile. Le gouvernement prend ses responsabilités. J'ai décidé de réunir un Grenelle de l'homosexite dans une semaine.

Journaliste — Vous connaissez sûrement la critique qui est faite dans de telles circonstances. On reproche aux responsables d'organiser un Grenelle quand ils n'ont pas d'idée.

Mme Darlan — Mais pas du tout.

Mlle Mirguet — Quand on a des idées, on les met en œuvre !

Mme Darlan — Mais c'est bien ce que je fais. C'est moi qui ai eu l'idée du Grenelle, chère madame ! Vous voyez, vous avez raté une occasion de vous taire.

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M. Foyer — Permettez que je m'étonne que l'on demande à des représentants de la nation de perdre leur temps à s'intéresser à cette aberration anthropologique6. Voilà, c'est dit.

Journaliste — Madame le ministre, comment réagissez-vous aux vagues de violence envers les 'homosexieux' comme on a baptisé les personnes contaminées ?

Mme Darlan — Je vais bien sûr vous dire que la violence n'est pas une solution. Je ne vais pas vous dire le contraire. Ces personnes doivent être soignées. Si une telle personne essaye d'infecter d'autres avec son homosexualité, alors l'Etat doit intervenir7. L'homosexualité est la négation de l'ordre familial et une fragilisation de la personne8, un signe de désordre moral9. J'ai fait débloquer aujourd'hui même presque… deux mille places dans les hôpitaux. Oui, je sais, deux mille, c'est pas beaucoup, mais on a sucré tous les budgets hospitaliers depuis cinq ans, alors je fais ce que je peux.

Journaliste — Vous préconisez une prise en charge médicale pour tous les homosexieux ? Les chiffres qui circulent évoquent à l'heure où je vous parle 20 à 25 % de la population, voire davantage.

Mme Darlan — Je prends note de cela ; je vais tâcher de grappiller cent ou cent cinquante places de plus d'ici demain… Pour vous répondre : évidemment que c'est une approche médicale qu'il faut privilégier. Ces gens sont malades puisque c'est une épidémie, puisque c'est contagieux, et puisque que ça fait peur. Rien dans la constitution ne nous permet d'en vouloir aux malades d'être malades. Ecoutez, moi-même, je suis allergique au gluten, ce qui est assez grave, mais moins que

6 « Je ne vois pas en quoi la représentation nationale doit s’intéresser à une aberration

anthropologique. (…) L’égalité entre des gens qui ont des comportements sexuels pour le moins originaux, je ne vois pas du tout l’intérêt. » Christian Vanneste, le 14 juin 2011 à l'Assemblée Nationale. 7 Kazimierz Marcinkiewicz, Premier Ministre Polonais, 2005. 8 Philippe Malaurie, professeur de droit émérite, auteur de nombreux classiques de droit civil. Recueil Dalloz, octobre 1987. 9 Rocco Buttiglione, commissaire européen, ministre italien 2001

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l'homosexualité. Laissez-moi vous dire que cela pose de nombreux problèmes dans la vie de tous les jours. Et même si je dois me passer de gluten, par la force des choses, il ne me viendrait pas à l'esprit de vouloir interdire aux autres d'en consommer. Ce ne serait pas républicain.

Journaliste — Vous… désiriez faire une analogie avec l'épidémie ?

Mme Darlan — Non.

Mlle Mirguet — Pardonnez moi, mais je trouve que c'est un peu tard pour dire que la situation est grave. Nos compatriotes n'ont pas besoin de vous pour savoir que la situation est grave. Ils la vivent au quotidien, ils en souffrent. Plus que vous. Il n'est que temps maintenant de se poser les bonnes questions, de savoir comment nous en sommes arrivés là. Eh bien, je vais vous le dire. Nous assistons au résultat de quarante ans de politique de droite et de gauche, de gauche et de droite où les politiques n'ont rien fait. Ils ont laissé faire ! Ils se sont vendus à la solde de lobbies tout puissant qui sont la négation des valeurs de la République et de la Nation. Ils ont laissé croire que toutes les formes de sexualité étaient équivalentes. Ce qui est évidemment faux. Ce qui est un mensonge. Ce qui n'est pas vrai. La promotion de ce choix de vie menace l'équilibre psychique et moral de la jeunesse10. Je ne peux pas comprendre qu'ils revendiquent d'être au même niveau que ceux qui ont le courage de mettre au monde, d'élever un enfant11. Toutes les civilisations qui ont reconnu et justifié l'homosexualité comme un mode de vie normal ont connu la décadence12. Voilà le résultat de votre politique : la décadence. Vous êtes fière de votre bilan ?

Mme Darlan — Je suis en désaccord avec Mlle Mirguet. Elle n'est pas républicaine, et donc tout ce qu'elle dit est odieux. Cependant, il est évident que notre modèle socio-économique de croissance indéfinie et de consommation

10 Déclaration écrite des Jeunesses UDC du Valais roman (Suisse) en mai 2009. 11 Michel Guérin, maire PC de Saran, 17 mai 2010, La République du Centre. 12 Cette phrase a été prononcée par Christine Boutin à l'Assemblée Nationale le 3 Novembre 1998.

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galopante, d'exploitation intensive des populations et des ressources non renouvelables est un bon modèle. Il n'y a pas lieu de le modifier, et certainement pas en faisant la promotion de la sodomie, mademoiselle !

Mlle Mirguet — Ce n'est pas ce que j'ai dit ! N'essayez pas de détourner mes propos, vous ne trompez personne. Je réclame la vérité au nom de la Nation. La vérité est la suivante : l'homosexieux est contagieux par sa transpiration, ses larmes, sa salive, son contact. C'est un espèce de lépreux si j'ose dire. Et celui là, je souhaiterais qu'il soit dans un centre avec un personnel spécialisé13.

Mme Darlan — Mais qu'est-ce qui vous permet de penser que ce n'est pas exactement ce que mon Grenelle va décider ? C'est un peu facile de lancer ainsi des incantations. Vous n'avez aucune responsabilité politique…

Mlle Mirguet — Dans vos échecs ? Aucune, c'est vrai.

Mme Darlan — Ma phrase n'était pas finie ! Vous n'avez aucune responsabilité politique, alors ne venez pas donner des leçons à ceux qui travaillent, qui se lèvent tôt et qui sont au service du pays.

Mlle Mirguet — Un pays que vous avez transformé en back room homosexuelle !

Mme Darlan — Oh ! Comment osez-vous ?

Journaliste — Mesdames, s'il vous plait.

Mlle Mirguet — Les rues sont devenues des théâtres pornographiques ! Quelle honte !

Journaliste — Ce n'est pas ainsi que le débat…

Mme Darlan — Vous êtes outrancière dans vos propos et marginale sur…

Journaliste — On ne s'entend plus, s'il vous plait du calme ! Merci.

13 Remplacez "homosexieux" par sidaïques, et vous obtenez les trois exactes phrases prononcées par Jean-Marie le Pen dans l'émission l'Heure de Vérité le 06/05/1987. Vous avez le droit de vous pincer.

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M. Foyer — Si vous le permettez, j'aimerais intervenir un peu dans ce débat qui est pour l'instant d'un niveau tout à fait déplorable. De quoi parlons-nous ? D'une épidémie. De gens qui deviennent homosexuels. Il s'agit d'un désordre objectif14. Il s'agit d'une menace pour la survie de l'humanité15. Nous en sommes tous d'accord. Mais alors, que préconise le gouvernement ? Je vous le demande. D'attendre un peu pour voir ? Ou bien d'interner les gens ? Ce gouvernement, c'est bien simple, promet des tas de choses absolument scandaleuses. Vous m'entendez : scandaleuses. Et après ? Il ne les applique même pas ! Alors qu'il faut les appliquer, bien entendu.

Journaliste — Ne venez-vous pas de dire que ces propositions sont scandaleuses ?

M. Foyer — Mais oui. Elles sont scandaleuse ces mesures, bien sûr, évidemment, et nous les critiquerons avec la plus grand énergie, nous sommes là pour ça, nous sommes le Principal Parti d'Opposition. Cependant, ils disent qu'ils les mettent en œuvre, mais ils ne font rien. C'est inadmissible ! (le présentateur veut l'interrompre) Non, cessez un peu de me demander de vous ré-expliquer les choses encore et encore, monsieur le journaliste. Les téléspectateurs, croyez-moi, ont très bien compris, eux, ce que je viens de dire !

Mlle Mirguet — On devrait extirper ces gens de la société aussi vite que l'on peut et tous les interner, car c'est ici que gît la contagion de l'immoralité et la destruction de l'éthique. Les seules réponses semblent être la quarantaine permanente de ces gens, afin d'éviter la contagion de leur folie16.

Journaliste — La proposition de votre parti, la Race et le Sang, mademoiselle Mirguet, est donc l'enfermement. Sous quelles modalités ?

14 Joseph Ratzinger, futur Benoit XVI, 1986. 15 Christian Vanneste, le 07.12.2004, à l'Assemblée Nationale. 16 Cette réplique entière est de la plume de L. Ron Hubbard, fondateur de la Scientologie (Science de la Survie, Une prédiction du comportement humain).

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Mlle Mirguet — N'attendez pas de moi que je sorte les détails techniques d'un chapeau comme un charlatan ! Je ne tomberai pas dans ce piège, monsieur.

Journaliste — Ne craignez-vous pas que vos propos soient taxés d'homophobes ?

Mlle Mirguet — (ricane) Mais mon cher monsieur, l'homophobie n'existe pas17. Nous avons le droit d'être fiers de qui nous sommes. Nous avons le droit d'être fiers d'être français18. Voulez-vous nous ôter la fierté d'être hétérosexuels ? Moi je vous le dis : je suis fière, tout à fait fière d'être hétérosexuelle ! Mais cela dérange les homosexuels. Ils sont hétérophobes, donc racistes19.

Journaliste — Je me tourne vers vous, monsieur Foyer. Partagez-vous ce point de vue ?

M. Foyer — Pas du tout. Je ne peux pas être d'accord avec Mademoiselle Mirguet : c'est un principe. Vous savez, je suis professeur de philosophie, cela veut dire que je suis quelqu'un de très intelligent, parce que j'ai lu des livres qui ont été écrits par des gens qui se considéraient eux-mêmes comme suffisamment intelligents pour gloser sur des sujets extraordinairement complexes. Et qui plus est : je prétends avoir compris ces livres. Ce que je peux vous dire aujourd'hui, c'est que si nous sommes dans une telle situation, une situation catastrophique, c'est à cause de la politique laxiste et répressive du gouver-nement. C'est d'ailleurs vrai à l'échelle mondiale. Les gouvernements actuels font n'importe quoi, tout va à vau-l'eau. On ne prend absolument pas la mesure du problème, on se focalise sur des questions techniques eurocratiques, sur des crispations bureaucratiques, sur des injustices socio-économiques, sans se rendre compte que c'est notre civilisation entière qui est en danger. Le

17 Roger Helmer, député européen britannique conservateur, mai 2009. 18 Ou canadiens, ou belges, ou même bretons. 19 Christian Vanneste, 2008. Oui, encore lui.

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gouvernement voudrait justifier l'homosexualité ? Alors qu'elle est une mauvaise conduite sexuelle20 ?

Mme Darlan — Pas du tout, pas du tout. Ce que vous dites est parfaitement faux. Et vous le savez. Allons ! Nous savons vous et moi qu'on ne peut pas tout tolérer. Les homosexuels sont les fossoyeurs de l'humanité21. Alors bien sûr, il faut condamner la violence, mais il faut aussi ne pas avoir peur de laver au Nettoyeur haute pression22 les rues et les banlieues quand elles sont sales.

M. Foyer — Vous ne pouvez pas dire ça ! Vous devez le faire, mais vous n'avez pas le droit de le dire ! C'est indigne.

Journaliste — Excusez-moi, je vous interromps un instant. Nous venons de recevoir un communiqué du groupe d'extrême gauche Prolé-paria. Je cite ce communiqué : « Nous dénonçons l'homosexualité comme un vice bourgeois, une pathologie provoquée par l’aliénation capitaliste. Avec l’avènement du socialisme, l'homosexualité devrait tout naturellement disparaître23. » Fin de citation. Quelqu'un souhaite-t-il réagir à cette déclaration ?

Mlle Mirguet — Je passe.

Mme Darlan — Les gens d'extrême gauche sont constamment dans la surenchère, dans le rejet du monde tel qu'il est, et tel qu'il fonctionne. Le socialisme ne guérira jamais les homosexuels, voyons !

M. Foyer — Laissez-moi vous expliquer. L'homosexualité est un repli narcissique, une perversion, un arrêt dans le développement cognitif24. C’est étrange que l’on ait voté contre le classement de l’homosexualité comme maladie25, mais la déclaration de Prolé-Paria, je vous le dis, me choque, parce qu'il s'agit

20 Dalaï Lama, 2007. 21 François Abadie, Sénateur PRG, le Nouvel Observateur, juin 2000. 22 Mme Darlan a l'élégance de ne pas associer de marque déposée à sa "politique" sociale. 23 Position de Lutte Ouvrière depuis sa fondation… 24 Conception permanente de la Psychanalyse depuis Freud. 25 Vanneste. Oui, toujours le même.

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d'une instrumentalisation politique du malheur des gens. Ce n'est pas bien de faire ça.

Mlle Mirguet — La démagogie non plus, ce n'est pas bien, monsieur Foyer !

M. Foyer — Vous dites ça parce que vous débutez.

Mme Darlan — J'aimerais assez que ce débat n'aille pas dans tous les sens. Revenons à l'essentiel. Il est question d'épidémie. De santé. J'ai annoncé un Grenelle. J'ai acheté des vaccins.

Mlle Mirguet — Vos vaccins ne serviront à rien. Vous mentez. Vous mentez car cette maladie est un problème de dévelop-pement psychologique, une question d'exemplarité, de modèle, de tradition. Or la jeunesse, toute la journée, à longueur de temps, que voit-elle à la télévision et sur Internet ? Des dépravations, des perversions érigées en modèle. Et puis surtout, ce que tout le monde ici se garde bien de dire, c'est qu'il s'agit d'un problème fondamentalement étranger au sol de notre pays. Nous payons aujourd'hui le prix d'années de permissivité en matière d'immigration.

Journaliste — On aborde un nouveau thème, cher au parti de mademoiselle Mirguet. La politique migratoire pourrait répondre à l'épidémie selon vous ?

Mlle Mirguet — Eh bien, écoutez, on ne peut pas rester sans rien faire. On ne veut pas les exécuter ni les mettre dans des camps. Moi, je propose que tous les homosexieux soient déplacés, qu'on désigne un territoire pour les accueillir. Il faut créer une enclave, un pays, pourquoi pas au Moyen Orient, ils ont là bas l'expérience de ce genre de chose.

Journaliste — Vous proposez la création d'un pays, d'un État homosexuel ?

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Mlle Mirguet — Voilà. Et qu'ils soient déchus de leur nationalité actuelle26. Comme ça : chacun chez soi.

Mme Darlan — Ecoutez, franchement, je doute que mes experts de mon Grenelle me proposent ce genre de solution. D'ailleurs ce n'est pas une solution. En Antarctique, peut-être…

Journaliste — Monsieur Foyer, vous souhaitez réagir à cette proposition ?

M. Foyer — Je vous ai déjà donné ma position : tout ce que dit mademoiselle Mirguet est ignominieux. C'est indigne.

Journaliste — Alors, vous parliez à l'instant du Moyen Orient, nous avons justement des nouvelles de plusieurs pays de cette région du monde. Les dirigeants d'une vingtaine d'états islamiques se sont réunis aujourd'hui et ont signé une déclaration commune. Ils ont tout d'abord rappelé la lettre de la loi, la Sharia. Elle condamne les homosexuels à être décapités avec une épée, ou bien tranchés en deux. Le corps doit ensuite être brûlé, ou bien précipité du haut d'une montagne après quoi les morceaux doivent être rassemblés et brûlés. L'alternative, rappellent-ils, est de creuser un simple trou dans le sol, d'y mettre le feu et d'y jeter la personne vivante27…

Mlle Mirguet — Voilà des gens qui restent fidèles à leurs traditions ! Ils ne se renient pas, et ils ont parfaitement raison d'appliquer la loi telle qu'elle est enseignée de manière traditionnelle.

M. Foyer — Non, non, c'est odieux. C'est une pratique absolument scandaleuse. Ils ont raison de le faire, naturellement, mais je ne peux pas les laisser le dire sans protester.

Journaliste — J'en termine avec cette information qui conclue la déclaration de ces vingt chefs d'État. Ils affirment, tous

26 Comme ce fut le cas pour M. Frédéric Minvielle, déchu de la nationalité française en décembre 2007 lorsqu'il a demandé la double nationalité hollandaise, alors qu'il s'est marié avec un homme aux Pays-Bas en 2003. 27 D'après Musawa Ardelsili, Ayatollah, Téhéran, 1998.

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solidaires, qu'aucun cas d'homosexite ne s'est déclaré dans leurs pays. L'homosexualité ne se propagerait donc pas en terre d'Islam d'après cette déclaration. Je me tourne vers mes invités pour recueillir leur réaction.

Mlle Mirguet — Ca prouve bien que les frontières servent à quelque chose.

Mme Darlan — Euh… peut-être qu'ils mentent ?

M. Foyer — Si l'épidémie est jugulée à l'étranger, nous devons en tirer des enseignements. La Sharia est peut-être une solution qui mérite d'être testée. Après tout, si la Gay Pride nous a conduits où nous en sommes, peut-être que la foi peut nous sauver.

Journaliste — Il n'y a que la foi qui sauve, madame le ministre ?

Mme Darlan — Ce n'est pas tellement mon ministère, vous savez… Ce n'est sans doute pas une réponse adaptée à l'urgence de la situation… Mais il y a des limites à l'immoralité publique !28 Oui, c'est vrai.

Journaliste — Nous nous sommes éloignés des questions de base de notre émission. Alors, posons la question clairement telle que vous semblez l'aborder. Est-ce qu'en tant que responsables politiques, vous remettez en cause la qualité de la morale de nos concitoyens ?

Mlle Mirguet — Pas de nos concitoyens, voyons ! Certainement pas. Ils sont innocents, eux. Les homosexuels sont d'un égoïsme fou29. Dans leur fantasme narcissique d’auto-engendrement30, ils veulent se substituer au modèle traditionnel. C'est un retour à la barbarie31 ! La Race et le Sang ne les laissera pas faire. Je le dis bien fort et je peux même le répéter : nous ne les laisserons pas faire.

Mme Darlan — Mais nous non plus ! Je peux être tout aussi véhémente que vous, chère madame. Vous croyez que ça

28 Jacques Larché, sénateur Démocratie libérale, à propos de la Gay Pride parisienne. 29 Joseph Sitruk, Grand Rabbin de France, émission Tout le monde en parle, juin 2006. 30 Christine Boutin, 03.11.1998. 31 Philippe de Villiers, Président du Mouvement pour la France , 07/11/98 à propos du PACS.

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m'effraie de dire qu'il s'agit d'une avilissante dépravation contre nature et asociale ? 32 Eh bien vous voyez, je n'ai pas peur, je l'ai dit. Je déteste cette maladie au moins autant que vous.

M. Foyer — Moi, je suis désolé, mais ça ne se dit pas, madame Darlan.

Journaliste — Ainsi, monsieur Foyer, vous dénoncez la violence verbale de mesdames Mirguet et Darlan ?

M. Foyer — Oui, mais je désapprouve tout autant le comportement homosexieux, il est très important de le dire. Les mœurs homosexuelles sont immorales et incompatibles avec l'exercice de l'autorité parentale sur de jeunes mineurs33. Je suis sûr que dans le fond d'eux-mêmes, et je l'ai vécu directement, ils cherchent des excuses à leur comportement34.

Journaliste — Je crois que les téléspectateurs ont parfaitement saisi ce message depuis une bonne dizaine de minutes.

M. Foyer — Très bien. Moi, je réclame une politique ferme qui mette un terme à l'épidémie par tous les moyens, même les plus brutaux, mais je refuse que l'on utilise certains mots. Ca ne se fait pas. Les anciens le disaient très bien : "grand diseux, petit faiseux", eh bien soyons de grands faiseux.

Mlle Mirguet — Ah oui mais non ! Non, non, je regrette. Il faut dire des choses. La Race et le Sang est bien trop peu souvent invité à s'exprimer pour que vous nous supprimiez le débat.

Journaliste — Pour l'instant le débat est relativement consensuel. Sur le fond sinon sur la forme.

Mlle Mirguet — Mensonge journalistique. Ca ne m'étonne pas de vous ! Vous ne m'empêcherez pas de dire ce que j'ai à dire. Ce n'est pas surprenant ce qui arrive. Et nous l'avions prévu. Dans notre dernier programme électoral,

32 Jean Soulier, maire de Beaulieu, dans la Nièvre, 2000. 33 Arrêt de la cour d'appel de Rennes, 27 septembre 1989. 34 Michel Guérin, maire PC de Saran, 17 mai 2010, La République du Centre.

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déjà nous déplorions la perte des repères, la perte des traditions qui s'accompagnent d'une perte de motilité des spermatozoïdes. Parfaitement ! Ce n'est pas la peine de secouer la tête comme ça, monsieur le journaliste, ce sont des faits, j'ai consulté mes experts avant de venir. Des années et des années d'incurie politique ont accouché d'une Nation malade de la couille !

Journaliste — Ce n'est tout de même pas ainsi que vous comptez expliquer le lesbianisme ?

Mlle Mirguet — Je vous en pose des questions, moi ? J'ai pas envie de vous répondre. J'avais pas prévu de parler de ça, je vous répondrai pas

Journaliste — Mademoiselle, Mirguet, il faut…

Mlle Mirguet — M'emmerdez pas ! Vous êtes à la solde du gouvernement et de la présidence, il faut que les gens le sachent ! De toute façon à la télévision, c'est rempli de pédés. Essayez pas de me faire croire le contraire. Oh, et puis j'en ai marre, c'est assez, je n'ai plus rien à faire ici ! Vive la Race ! Vive le Sang ! Vive la Nation !

Elle sort du plateau.

Journaliste — Eh bien voici une sortie énergique, sans doute très marquante, mais qui ne répond pas beaucoup aux questions que se posent les gens. Madame le ministre, en dehors du Grenelle, que pouvez-vous nous annoncer ?

Mme Darlan — Eh bien, euh… Je ne sais pas. Demain, il devrait faire beau, par exemple.

Journaliste — Vous n'avez pas de conseil à donner aux gens pour qu'ils se protègent contre la contagion ?

Mme Darlan — Ah, si si. Mesdames et messieurs je vous en prie : évitez de vous faire contaminer. Il fait très froid en Antarctique. A ce qu'il parait, hein. Vous êtes mieux au chaud. Alors faites attention.

Journaliste — Merci, madame le ministre. Monsieur Foyer, voulez-vous conclure ?

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M. Foyer — Volontiers.

Journaliste — Merci. C'est la fin de cette émission spéciale. Naturellement, nous vous tiendrons informés toute la journée en temps réel des avancées de l'épidémie. Pour l'instant, je vous laisse avec la suite de nos programmes, votre feuilleton : La Nostalgie des Saisons du Cœur des Amours de Jadis. Au revoir.

Noir

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Acte 2 - Scène 4

Marina, Kenza, Laurent & Arnaud.

Arnaud — On n'aurait pas dû regarder cette émission.

Kenza — C'est effrayant ! Comment on va faire ? Emigrer en Iran ? Il parait qu'il n'y a pas d'homos là bas35.

Arnaud — Mais, et le vaccin… Il est fiable ou pas ?

Kenza — T'as confiance dans les scientifiques toi ? C'est des gens qui ont fait la bombe atomique, je te rappelle ! Et puis s'ils étaient si doués, déjà, ils seraient capables d'expliquer d'où vient cette perversion.

Arnaud — On le sait, ça. C'est des traumatismes. Des problèmes dans l'enfance. Ou bien des chagrins d'amour. Ca peut jouer. Mais là c'est différent, là c'est devenu contagieux.

Kenza — Non, c'est la même chose. Dans la vie, les hommes doivent faire des choix qui vont les rapprocher de Dieu, ou les éloigner. C'est une question de morale, et la morale fonctionne par l'exemple.

Arnaud — Mais la morale, c'est pas contagieux !

Marina — Arnaud, tu te calmes ! T'as pas le droit de critiquer la religion des autres.

Arnaud — Et depuis quand ?

Marina — Ca se fait pas, c'est du racisme.

Arnaud — Ca n'a rien à voir avec le racisme !

Kenza — Si.

Arnaud — Elle est bonne celle-là !

Kenza — C'est de la phobie, c'est pareil.

Arnaud — Mais quoi, mais j'ai quand même bien le droit de faire remarquer quand quelqu'un dit des conneries, non ?

Marina — Ne recommence pas à lui reprocher d'être croyante !

35 D'après Mahmoud Ahmadinejad, lors d'un débat à l'université de Columbia (New York) le 24/09/2007.

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Kenza — Oui, ne recommence pas. Les athées n'ont aucune moralité, alors voilà le résultat. C'est le châtiment. Et tous les impies vont payer.

Laurent — Le problème c'est que Dieu ne vise pas toujours très bien. Son rayon, c'est plutôt les gros chantiers : le Déluge, Babylone, Sodome et Gomorrhe. Niveau dommages collatéraux, il est pas très regardant.

Marina — Non, Laurent, ne commence pas à critiquer aussi. C'est malpoli.

Laurent — Parce que c'est plus poli d'imposer ses préjugés aux autres ?

Kenza — Moi je suis une victime des préjugés, attention !

Laurent — Oui, oui, c'est ça. Il n'empêche qu'en science, on considère que les homos sont comme ça de naissance, c'est biologique.

Arnaud — Ouais, mais alors si c'est biologique, ca veut bien dire qu'on peut l'attraper !

Laurent — Mais non, pas si c'est un problème développemental !

Arnaud — Putain Laurent, tu fais chier ! Tu bosses à l'office du tourisme, t'as pas fait fac de médecine, que je sache !

Laurent — Alors que toi, tu es un sexologue puceau de renommée mondiale !

Le téléphone d'Arnaud sonne alors qu'il cherchait une réplique bien sentie à envoyer.

Arnaud — Allô. Salut Guillaume. Comment ça va, mec ? (Il s'isole).

Kenza — Moi je remarque que, à part critiquer, tu sais pas dire grand-chose ! T'as aucune explication logique pour cette épidémie. Aucune.

Laurent — En effet. Elle n'est pas logique, cette épidémie.

Kenza — Alors c'est Dieu !

Laurent — Chérie, tu la fais taire, s'il te plait ?

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Marina — (totalement déconnectée de la discussion, elle est un peu perdue dans ses pensées) Bon, objectivement, quand même, moi je suis pas homophobe, hein, parce que je reconnais qu'il y a des métiers dans lesquels ils sont très bons : couturier, coiffeur, esthéticien, ministres de la culture, mais tu vas pas me dire que tu voudrais d'une folle pour conduire un train. Cheminot c'est un métier d'homme ! J'en sais quelque chose, mon père était cheminot ! S'il était pédé, ma mère me l'aurait dit.

Laurent — Tu crois que les trains seraient arrivés en retard ?

Marina — N'insulte pas la mémoire de mon père !

Laurent — Mais, il n'est pas mort ton père, ma Puce. Tu deviens irrationnelle.

Arnaud — (au téléphone, gravement inquiet) Attends, attends, qu'est-ce que tu racontes, mec ? Mais… Non, je te dis non, Guillaume. Je sortirai pas avec toi. Parce que c'est pas possible. J'ai pas dit… J'ai pas dit que je te trouvais gros, c'est pas le problème. Mais arrête de pleurer. Je t'aime bien, t'es mon pote. Ecoute. Je. Non… Je dois raccrocher (ce qu'il fait). C'était Guillaume, mon pote du moto-cross. Il m'a dit que tout le club est contaminé. Mais qu'est-ce qu'on va faire !? Qu'est-ce qu'y s'passe !?

Marina — Oh ! Les ondes ! J'ai entendu un truc sur les ondes. C'est les ondes de téléphone.

Kenza — Qui nous rendent pédés ?

Marina — Oui.

Arnaud — (Détruit son téléphone d'une manière brutale laissée à la discrétion du metteur en scène) Saleté ! J'ai mal à l'oreille en plus. Elle est rouge ? Vous voyez quelque chose.

Laurent — Calme-toi, tu vas très bien.

Arnaud — Non !

Marina — Oh là là, je viens de penser à un truc : on a une antenne relai sur le toit.

Laurent — Ca n'a rien à voir.

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Arnaud — Qu'est-ce que t'en sais ?

Kenza — Et le principe de précaution, t'en fais quoi, hein ?!

Laurent — Ce n’est pas tout à fait ça, le principe de précaution…

Kenza — Et moi je dis que si !

Arnaud — On doit aller démonter cette antenne ! C’est ça ou la mort.

Laurent — Laisse l’antenne où elle est, tu vas encore te faire mal.

Marina — Oh, Laurent chéri, j'ai si peur. On va jamais tenir deux semaines comme ça.

… A suivre.

Pour obtenir le texte intégral, il suffit de vous adresser à l'auteur :

[email protected]

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Quelques pièces de Thomas C. Durand

Mont de Dieux ! comédie 'culte' 2 heures. 6 hommes – 3 femmes (+ une voix Off).

Tout fout le camp sur le Mont Olympe. Zeus est fatigué d'être roi des

dieux. Il aimerait prendre un peu de recul... vendre l'univers ?

Justement, deux monothéistes (un ange et un démon) viennent pour

acheter l'entreprise familiale.

Seulement voilà, Héra a invité la famille pour l'anniversaire de Zeus et

elle ne veut pas entendre parler de vente.

Il y a de l'orage dans l'air, en somme.

L’avis du mort comédie policière 1h30. 4 hommes – 3 femmes (modulable).

Hervé Perdeillon est éditeur, et il est mort. Ca l'ennuie parce qu'il avait

un emploi du temps chargé. Il hante désormais le bureau où il a été tué

à coup de statuette de bronze sur le crâne. On enquête ; ses amis

deviennent soudain suspects. Et même si Hervé finit par comprendre

qui l'a tué, personne ne l'écoute. En somme, on se moque de l'avis du

mort.

Psychofluide comédie sentimentale 1h20. 3 Hommes – 5 femmes.

Anthony, homme dynamique, brillant, milliardaire, a frôlé la dépression,

mais il va mieux car il aime à nouveau : sa psychiatre. Seulement Émilie

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est mariée à Barnabé, médecin généraliste. Anthony se lance dans un

méthodique travail de sape : colérique et jaloux, Barnabé semble mûr

pour sombrer dans la folie. Les personnages qui fréquentent son

cabinet ne vont pas arranger son état.

L'embarras du choix comédie de mœurs 1h40. 4 hommes – 2 femmes.

Nous sommes dimanche midi. Etienne et Irène arrivent à l’appartement

que leur fils partage avec Maxime. Il n’y a personne. Ils patientent en

s’obstinant à ne rien voir des indices qui jalonnent le salon. Car Florian

et Maxime s’aiment, et tout le monde l’a compris, mais on fait mine de

rien parce qu'on ne sait pas comment aborder la question. Sauf que ce

dimanche là, une machination est en place pour que la vérité soit dite.

Psyché comédie tragique 2h. 7 hommes – 5 femmes.

La légende de Psyché, amoureuse de Eros, plus que légèrement adaptée

avec une famille (re)composée de Midas, roi dépressif qui ne parle

qu'en alexandrins ; Pasiphaé, reine égoiste et piètre mère ; Pandore et

Cassandre en improbables soeurs de Psyché ; et Psyché elle-même,

jeune princesse au charme ravageur à laquelle bien des prophéties ont

prédit un destin hors du commun. Reconnaissons aussi que c'est un peu

ce qu'on attend d'une prophétie...

Passage à l'acte comédie en relief 1h50. 4 hommes – 3 femmes.

Alexis, gentil comptable, fait tout pour arranger les choses autour de lui.

Il est un ami, un collègue et même un fils fidèle et plein d'abnégation.

Très vite, cela commence à agacer Marie. Marie est une spectatrice

venue voir Passage à l'Acte, une comédie dont elle trouve l'auteur

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prévisible et, pour tout dire, fainéant. La voici qui s'invite sur scène

pour faire avancer tout ça à un rythme plus trépidant.

Il n'est pas acquis qu'Alexis prenne bien cette intervention fort étrange,

et il n'est pas certain que l'auteur se laissera faire...

Vertiges des auteurs comédie abîmée 1h30. 6 hommes – 5 femmes (modulable).

Vous assistez à l'adaptation scénique de la série culte « La Nostalgie des

Saisons du Cœur des Amours de Jadis », un soap absurde où les

machiavéliques membres de la famille Van de Mac O'Brian tentent

d'élucider la disparition du chef de famille : Edmond. Mais soudain tout

bascule, et vous voici plongé au cœur des répétitions de la troupe, avec

un metteur en scène tyrannique, injuste, des comédiens par toujours

motivés. Et puis intervient l'auteur de la pièce, imbuvable, et même

l'auteur du best-seller qui a inspiré la série TV et l'adaptation. Parfois les

auteurs, à force de mépris, se perdent dans des abîmes qu'ils prennent

pour des cimes.

La première fille comédie imaginaire 1h30. 3 enfants (1 fille, 2 garçons) + 3 hommes + 2 femmes + 1 narrateur.

L'Illustre Institut d'Ithtir est la plus prestigieuse école de magie. Seuls

les garçons peuvent y apprendre à développer leurs pouvoirs car de

vieux messieurs ont décidé que les filles n'étaient pas douées pour ça.

Mais si jamais le meilleur élève s'avérait ne pas être exactement un

garçon, que se passerait-il ?

Le Propre de l'Homme comédie pseudo-scientifique

1h30. 7 personnages.

Dans un monde où l'on ne rit presque plus, un laboratoire scientifique

tente de comprendre ce qu'est le rire. Dans une chambre secrète est

enfermé un précieux cobaye, un homme doté d'humour. Il est Belge…

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Ces chercheurs sont-ils sur la bonne voie pour découvrir le "propre de

l'homme" pour peu qu'une telle chose existe ?

Contre-Temps comédie de science-fiction 1h30. 3 hommes, 2 femmes.

Benjamin, intelligent et plein d'idées, colocataire de Prosper, aime

secrètement sa voisine Hélène. Débarque un inconnu qui semble bien

renseigné sur lui, et pour cause : c'est son propre fils, venu de quarante

ans dans le futur !

Suivra Louise, la fille de Prosper. Les deux visiteurs, enfants alternatifs

d'Hélène et d'un des deux amis, en provenance de deux avenirs

alternatifs sont tout simplement en guerre pour leur existence.

La rançon du succès comédie overground 1h15. Distribution modulable, de 9 à 15 rôles.

Emma Leprince est la révélation musicale française de 2022, elle est le

pur produit de l'industrie du show business et elle doit en payer les

conséquences. Dans le même temps, ou plus exactement un temps

parallèle, Emma n'est pas une star mais une jeune femme autonome

pleine de projets. Et ce soir, elle assure son premier spectacle musical.

Deux versions alternatives de l'accomplissement personnel, deux

manières de considérer l'activité artistique et les revenus qu'elle peut

engendrer.

La Peste Rose comédie pandémique 1h30. Distribution modulable, de 4 à 12 rôles. Minimum 2♂ et 2♀.

Quatre amis enfermés dans un appartement assistent à la

transformation du monde autour d'eux. L'homosexualité se répand

comme une épidémie implacable. Dans les média, les discours changent

du tout au tout, à moins qu'ils ne restent exactement les mêmes…

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La Question du Siècle comédie médiévale 1h50. 6 hommes, 3 femmes.

Dans une auberge miteuse se réunissent des États Généraux officieux

en vue de l'assassinat du roi. La duchesse, l'inquisiteur et le ménestrel

ont des motivations relativement incompatibles qui ne facilitent pas

l'organisation du complot. Evidemment, les choses dégénèrent.

Ca$hting comédie patrimoniale 1h40. 3 hommes, 4 femmes.

La femme la plus riche et la plus acariâtre du monde refuse de léguer ses milliards à sa décevante famille. Elle décide de se trouver un héritier qui prendra soin de sa fortune, mais la convoitise rôde et compromet ses projets.

Plus d'infos : www.thomas-c-durand.fr