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Vivien LHERAUX - Alain ! Arrête ! - AVERTISSEMENT Ce texte a été téléchargé depuis le site http://www.leproscenium.com Ce texte est protégé par les droits d’auteur. En conséquence avant son exploitation vous devez obtenir l’autorisation de l’auteur soit directement auprès de lui, soit auprès de l’organisme qui gère ses droits. Cela peut être la SACD pour la France, la SABAM pour la Belgique, la SSA pour la Suisse, la SACD Canada pour le Canada ou d'autres organismes. A vous de voir avec l'auteur et/ou sur la fiche de présentation du texte. Pour les textes des auteurs membres de la SACD, la SACD peut faire interdire la représentation le soir même si l'autorisation de jouer n'a pas été obtenue par la troupe. Le réseau national des représentants de la SACD (et leurs homologues à l'étranger) veille au respect des droits des auteurs et vérifie que les autorisations ont été obtenues et les droits payés,même a posteriori. Lors de sa représentation la structure de représentation (théâtre,MJC, festival...) doit s’acquitter des droits d’auteur et la troupe doit produire le justificatif d’autorisation de jouer. Le non respect de ces règles entraine des sanctions (financières entre autres) pour la troupe et pour la structure de représentation. Ceci n’est pas une recommandation, mais une obligation, y compris pour les troupes amateurs. Merci de respecter les droits des auteurs afin que les troupes et le public puissent toujours profiter de nouveaux textes. 1

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Vivien LHERAUX - Alain ! Arrête ! -

AVERTISSEMENT

Ce texte a été téléchargé depuis le site http://www.leproscenium.comCe texte est protégé par les droits d’auteur.En conséquence avant son exploitation vous devez obtenir l’autorisation de l’auteur soit directement auprès de lui, soit auprès de l’organisme qui gère ses droits.Cela peut être la SACD pour la France, la SABAM pour la Belgique, la SSA pour la Suisse, la SACD Canada pour le Canada ou d'autres organismes. A vous de voir avec l'auteur et/ou sur la fiche de présentation du texte.Pour les textes des auteurs membres de la SACD, la SACD peut faire interdire la représentation le soir même si l'autorisation de jouer n'a pas été obtenue par la troupe.Le réseau national des représentants de la SACD (et leurs homologues à l'étranger) veille au respect des droits des auteurs et vérifie que les autorisations ont été obtenues et les droits payés,même a posteriori.Lors de sa représentation la structure de représentation (théâtre,MJC, festival...) doit s’acquitter des droits d’auteur et la troupe doit produire le justificatif d’autorisation de jouer. Le non respect de ces règles entraine des sanctions (financières entre autres) pour la troupe et pour la structure de représentation.Ceci n’est pas une recommandation, mais une obligation, y compris pour les troupes amateurs.Merci de respecter les droits des auteurs afin que les troupes et le public puissent toujours profiter de nouveaux textes.

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Vivien LHERAUX - Alain ! Arrête ! -

Alain ! Arrête !Comédie en 3 actes

de Vivien LHERAUX

Il suffit que Gérard et sa sœur découvrent le contenu d’une lettre pour que ce jour de l’an tourne au grand délire !

Tout s’emballe très rapidement et on assiste à :- des mensonges, des bouleversements, des catastrophes en chaîne, des hallucinations, des cris,du chantage, des révélations, des baffes, des insultes, des crises... - On voit aussi un Lieutenant et maman qui n’est pas maman, des escrocs, de la drogue, un burn-out et même un poulpe...Bref, c’est la grande folie dans cette famille !

Durée : environ 1h40

Personnages : 5 femmes et 3 hommes

5 femmes : 3 hommes :- Valérie : La femme de Gérard. - Gérard Flanelle, le mari de Valérie.- Josiane : la sœur de Gérard. - Alain, le mari de Josiane.- Mémé : une voisine. - Franck Gravosse.- Amanda Gravosse,- Le Lieutenant Daniel.

Nombre de répliques : Voir la dernière page.

Le décor : Le salon de Valérie et Gérard (voir la dernière page).

Contact :

Vivien [email protected]

Mars 2015

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Vivien LHERAUX - Alain ! Arrête ! -

ALAIN ! ARRÊTE !

Le décor : Le salon de Gérard et Valérie. Un canapé, une table de salon. Au fond, la porte d'entrée et la porte de la cuisine.

ACTE 1

Valérie et Gérard installent sur la table de salon des verres, une carafe d'eau et deux bouteilles.

Gérard : Josiane et Alain ne devraient pas tarder, il est quelle heure ?

Valérie : Bientôt midi. Au fait, ta sœur a téléphoné quand tu prenais ta douche. Elle voulait prévenir qu'elle vient seule, Alain arrivera après, il prendra un taxi.

Gérard : C'est bien sa première sortie depuis qu'il est interné ?

Valérie : Oui, je crois.

Gérard : Ça fait combien de temps déjà, qu'il est dans cet hôpital psychiatrique ?

Valérie : C'est simple, il a fait son burn-out il y a tout juste un mois, on était le premier décembre.

Gérard : Il a bien pété les plombs quand même !

Valérie : Je n'aurais jamais imaginé ça ! Je savais bien que son nouveau travail lui prenait tout son temps et qu'il avait plein de responsabilités, mais je ne pensais pas qu'un jour il craquerait comme il l'a fait.

Gérard : Il n'aurait surtout pas dû accepter ce poste de directeur de magasin, il était tellement stressé qu'il ne dormait plus. Je connais Alain, il n'est pas fait pour ce genre de boulot.

Valérie : C'est sûr, il est trop sensible. Rappelle-toi, quand il a rencontré Josiane il voulait devenir acteur de théâtre.

Gérard : Bah, maintenant il vend des boîtes de conserve... En tout cas, c'est sympa de l'autoriser à sortir pour le premier de l'an.

Valérie : Josiane m'a dit qu'il est sous tranquillisant, il risque d'être un peu somnolent...

Gérard : C'est dommage, j'aurais bien aimé assister à une nouvelle crise, histoire de se marrer...Valérie, raconte-moi encore comment il a craqué au magasin...

Valérie : Oh ! Tu exagères, ne recommence pas, ce n'est pas drôle !

Gérard : Il était à l'étage dans les bureaux, derrière les vitres, il a pris le micro pour que tous les clients l'entendent dans le magasin et il a gueulé « Tous à poil ! », c'est bien ça ?

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Valérie : Il paraît qu'il a d'abord cassé un ordinateur et une cafetière et il a tout renversé dans son bureau. Ensuite il a pris le micro.

Gérard : Et il a vraiment gueulé « Tous à poil ! » ? Imite-le, tu le fais bien, j'adore !

Valérie : Bon...Voilà ce qu'il a dit exactement : « Chers clients, je vous annonce une bonne nouvelle : la société de consommation dans laquelle nous vivons, n'a aucun sens. Elle nous mène à notre perte ! Vous ne pensez qu'à acheter, à consommer, à posséder ! Vous voulez toujours plus ! Avoir ! Avoir ! Avoir ! Et bien je vous annonce qu'aujourd'hui tout sera gratuit pour ceux qui pousseront leur chariot à poil ! Tous ceux qui passeront à poil à la caisse dans l'heure, ne paieront pas leurs achats ! Alors préparez vous ! Je donne le départ : trois, deux, un, partez ! Tous à poil ! C'est parti pour les courses à poil ! Une heure de course ! Méfiez-vous dans les virages, le terrain est glissant : la balayeuse est passée ! Méfiez-vous aussi des chariots qui vous suivent ! Ceux qui se mettent une plume dans le derrière bénéficieront en plus d'une réduction de 50% sur leurs prochaines courses ! Tous à poil ! Tous à poil ! »

Gérard : C'est énorme quand même ! Énorme !

Valérie : Le pire, c'est que des clients se sont déshabillés... Ma copine Christine était dans le magasin quand c'est arrivé, elle m'a tout raconté.

Gérard : Incroyable ! J'aurais voulu voir ça !

On entend une sonnette.

Valérie : C'est ta sœur.

Valérie ouvre la porte. Josiane entre, ils se font la bise.

Josiane : Bonjour Valérie, bonne année.

Valérie : Bonne année Josiane, et bonne santé ! Surtout un bon rétablissement à Alain, comment il va ?

Gérard : Bonne année ma p'tite sœur !

Josiane : Bonne année Gérard. Alain va nous rejoindre tout à l'heure, il prend un taxi à l'hôpital. Je l'ai eu ce matin au téléphone, il était plutôt calme, il faut dire aussi qu'il est bourré de calmants. Je suis un peu inquiète, c'est sa première sortie et les médecins ont dit qu'il lui faut un environnement calme.

Valérie : Il n'y a pas de raison de s'inquiéter, c'est juste un repas en famille, ce sera calme crois-moi. Et notre nièce Marion, elle ne vient pas ?

Josiane : Oh non, elle est grande maintenant, et je crois bien qu'elle est amoureuse... Marion va passer le premier de l'an avec son petit ami.

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Valérie : Que le temps passe vite ! Ça ne nous rajeunit pas tout ça ! Tu seras bientôt mamie ?

Josiane : Pff… Arrête… Marion a encore le temps...

Gérard : Ouais, on se prend un sacré coup de vieux... Au fait, tu as pensé à la lettre ?

Josiane : La lettre de maman, oui je l'ai dans mon sac. C'est aujourd'hui qu'on doit l'ouvrir, c'est bizarre quand même cette histoire.

Gérard : C'était son souhait : elle voulait que l'on ouvre cette lettre le premier jour de la deuxième année qui suivrait son décès...

Josiane : Je sais bien, mais je me demande bien pourquoi... Ce n'est pas une question d'héritage, c'est déjà réglé.

Gérard : Maman avait certainement ses raisons, elle avait peut-être un secret à nous dire...

Josiane : Un secret ? Quel secret ? Ça m'étonnerait... De toute façon on va être fixé.

Valérie : Donne-moi ton manteau, installez-vous tous les deux sur le canapé.

Josiane donne son manteau et regarde le porte manteau.

Josiane : Tiens, c'est nouveau ce grand impair et ce chapeau noir, j'aime bien... c'est de la déco ?

Valérie : Oui, oui c'est de la déco.

Josiane : Oh ! Et cette casserole en cuivre accrochée au mur, c'est nouveau non ?

Valérie : Oui, je l'ai dénichée dans une petite brocante dimanche dernier.

Josiane : C'est sympa j'aime bien.

Gérard : Bon, si vous voulez on va commencer l'apéro en attendant Alain.

Josiane : Alors, je l'ouvre cette lettre ?

Gérard : Oui, mais avant, fais-voir ce qui est marqué sur l'enveloppe.

Josiane : Il est écrit : « Cette enveloppe est destinée à Josiane et Gérard. Ils devront lire cette lettre le premier jour de la deuxième année qui suivra mon décès. En espérant que cela se passe le plus tard possible... signé Marie Flanelle ».

Valérie : Si vous voulez, je vais vous laisser, cela ne me regarde pas.

Gérard : Allons, reste avec nous, c'est certainement une plaisanterie. Tu connaissais l'humour de maman ! Bon, je vous sers un verre, vas-y Josiane commence la lecture, je sens qu'on va bien rigoler !

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Josiane : Maman avait de l'humour, mais là c'est quand même douteux, non ?

Gérard : Elle aimait l'humour noir, allez vas-y on t'écoute.

Josiane : Bon, je commence : « Mes chers enfants, si vous lisez cette lettre c'est que je ne suis plus de ce monde. Cela me fait bizarre d'écrire ces mots, mais comme vous le savez, personne n'est éternel. J'espère quand même que vous lirez cette lettre dans bien longtemps, je ne suis pas du tout pressée. Quand la mort se présentera j'aimerais bien ne pas être là, mais je crois que je n'aurai pas trop le choix, en tout cas si elle peut m'oublier un bon moment cela m'arrangerait... »

Gérard : Tu vois ça va être drôle !

Valérie : Chut ! Écoute.

Josiane : « Je n'ai jamais eu la force, ni le courage de vous dire de mon vivant, ce que vous allez découvrir dans cette lettre. Vous êtes mes deux enfants et vous le resterez à tout jamais ... »

Gérard : C'est moins drôle, elle commence à me foutre les boules cette lettre.

Josiane : « Comme vous le savez Gérard est né le premier, Josiane est née deux ans après. Je vous ai élevés avec tout mon amour, j'ai essayé d'être une maman parfaite, même si ce n'était pas toujours facile. Je vous ai toujours admirés, j'aimais vous voir jouer ensemble quand vous étiez petits, j'aimais vous voir grandir ensemble, vous m'avez donné tellement d'amour » Bah, là j'ai envie de chialer.

Gérard : Pourquoi elle a envie de chialer ?

Josiane : Pas maman ! C'est moi, c'est émouvant quand même !

Valérie : Moi aussi j'ai envie de pleurer. Continue Josiane.

Josiane : « Quand Gérard a eu six ans, j'ai reçu la visite d'une dame. Jamais je n'oublierai ce jour. Ce que je vais vous dire est terrible. Gérard, toi qui lis ou écoute cette lettre ce premier janvier d'une année que j'ignore, je t'en prie assieds-toi. »

Gérard : Quoi ? Arrêtez, je commence à avoir vraiment la trouille !

Josiane : « Cette dame avait énormément de peine, elle pleurait, elle voulait me rencontrer pour me dire ce qu'une mère n'aimerait jamais entendre. » Ouah, c'est lourd !

Gérard : Hein ? Qu'est-ce qui était lourd ?

Josiane : Arrête ! Tu es con ou quoi ? C'est pesant, c'est lourd cette lettre !

Gérard : Ah ! Excuse, continue !

Josiane : « Cette personne avait mis au monde un bébé, un petit garçon, il était né le même jour que

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Gérard à la maternité les Bleuets. Ce bébé s'appelait Franck, elle l'aimait comme une maman aime son enfant. Un jour, cette dame a reçu une lettre, une lettre terrible... »

Valérie : Là, ça devient carrément angoissant !

Josiane : « Cette lettre était une lettre de vengeance, elle expliquait que son petit Franck, n'était pas son enfant. Une aide-soignante qui travaillait à la maternité les Bleuets avait volontairement échangé son enfant avec un autre. Cela s'était produit juste après l'accouchement, après la première toilette. L'aide-soignante avait enlevé son petit Franck et l'avait posé sur le ventre d'une autre maman qui venait également d'accoucher dans la salle voisine. L'autre maman, qui venait de ressentir sur son ventre la douceur et la chaleur de l'enfant qu'elle aimerait toute sa vie, s'appelait Marie. C'était moi. »

Gérard : Oh merde ! C'est pas vrai ! C'est quoi ces conneries ?! C'est pas possible !

Valérie : Ça y est, je pleure...

Josiane : Moi aussi je chiale, attendez ce n'est pas terminé : « J'avais sur mon ventre le bébé de cette dame, mais pour moi c'était mon bébé, il s'appelait Gérard. Gérard, toi qui lis ou écoutes ces mots, j'espère ne pas te faire trop de mal. »

Gérard : C'est pas possible! C'est pas possible!

Josiane : C'est affreux ! Je continue : « Nous avons longuement discuté avec cette dame, elle souffrait autant que je souffrais, nous avons aussi beaucoup pleuré. Ce jour-là, nous avons décidé de ne rien dire, de garder notre enfant, celui qu'on avait toujours aimé, même s'il n'était pas celui qu'on avait porté dans notre ventre pendant neuf mois. On a décidé de ne jamais voir notre vrai enfant biologique, ni en vrai, ni en photo, cela nous aurait trop fait souffrir. »

Gérard : Ouah ! Putain je ne suis pas moi ! Je ne suis pas moi !

Josiane : Je n'arrive plus à lire, c'est horrible ! Tu peux continuer Valérie ?

Valérie : « J'ai toujours ignoré la raison de cette vengeance, je ne sais toujours pas pourquoi cette aide-soignante à commis cet acte odieux. La dame pensait que cette vengeance était destinée à son mari, mais lorsqu'elle a reçu cette lettre, son mari était décédé, il a toujours cru être le père de ce petit Franck. J'ai eu mal pendant des années, mais pour rien au monde je ne regrette d'avoir eu ce fils, mon petit Gérard qui est et restera mon enfant aimé à tout jamais. »

Gérard (en reniflant): Ça y est je chiale ! C'est pas vrai ! Dîtes-moi que ce n'est pas vrai !

Valérie : « Je vous devais la vérité à vous deux mes enfants chéris. Josiane, sois forte soutiens ton frère Gérard. Je vous en prie, ne me jugez pas. Vous penserez peut-être que j'ai été lâche de ne pas vous dire cette triste vérité lorsque j'étais vivante, mais je n'en avais pas le courage. Vous trouverez ci-dessous l'adresse et le téléphone de la dame, vous ferez alors ce qui vous semble bon. Cette lettre sera donnée à mon notaire qui vous la transmettra après mon décès.PS : Je suis désolée mais j'ai certainement plombé l'ambiance de ce jour de l'an, j'espère que cela ne vous empêchera pas de faire la fête !

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Signé : Votre petite maman Marie, qui est vivante lorsqu'elle écrit ces mots mais qui ne le serra plus lorsqu'ils seront lus. »

Josiane : Ben... pour une surprise, c'est une surprise ! Merci maman !

Valérie : Je n'arrive pas à y croire ! C'est tellement... tellement... inattendu.

Gérard : Je ne suis pas moi ! Vous vous rendez compte ? Vous croyez que je suis moi ? Eh non ! Je ne suis pas moi !

Josiane : Mais si je t'assure, tu es bien toi, cela ne change rien.

Gérard : Cela ne change rien ? Tu te moques de moi ? Je viens d'apprendre que je ne suis pas Gérard Flanelle, j'ai toujours pensé être Gérard Flanelle ! On s'habitue depuis le temps ! Eh non ! Pour moi c'est différent : Je suis Franck machin chose ! Putain faut que j'avale quelque chose !

Gérard boit cul-sec un verre d'alcool.

Valérie : Tu es l'enfant de Marie, tu le sais bien.

Gérard : J'étais ! J'étais son enfant ! Depuis deux minutes je ne le suis plus ! J'ai un autre père, une autre mère, des frères ou des sœurs peut-être ? Ça se trouve j'ai une autre femme que je ne connais pas !

Josiane : C'est fou ce bouleversement ! Quand je pense que moi aussi j'ai un vrai frère, que je ne connais pas...

Gérard : Ah ! Tu vois, tu dis un vrai frère ! Moi je suis le faux, celui qui ne compte plus !

Josiane : Ce n'est pas ce que je veux dire, tu es et tu seras toujours mon frangin.

Gérard : Et dire que tu n'es pas non plus ma vraie sœur... J'avoue que je ne m'attendais pas à commencer l'année comme ça... Bordel de bordel de merde !

Josiane : Tu considères que je ne suis plus ta sœur ? Merci ! Ça fait plaisir !

Valérie : Et puis arrête de jurer comme ça ! Tu crois que cela va changer quelque chose ?! Et moi, tu crois que ça me fait plaisir ? J'ai épousé Gérard Flanelle et maintenant je ne sais plus qui est mon mari ! Je ne connais pas l'identité de celui qui est dans mon lit toutes les nuits ! J'ai l'impression d'être trompée !

Gérard : Quoi ?! Et pourquoi pas « violée » pendant que tu y es ! Oh nom de... Mais arrêtez toutes les deux ! Qui est la victime de cette histoire à dormir debout ? C'est moi et personne d'autre ! J'ai toujours pensé être moi ! Je pensais avoir une sœur : Josiane, une mère : Marie et un père qui d'ailleurs a eu la bonne idée de mourir trois an après ma naissance...

Josiane : Ne parle pas de papa de cette manière ! C'est nul !

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Gérard : M'en fous c'est pas mon père !

Valérie : Oh Gérard ! Ne dis pas n'importe quoi !

Gérard : Excusez-moi, mais j'ai un peu de mal à accepter... Je suis dans un beau merdier !

Josiane : Il faut toujours que tu t'énerves pour un rien !

Gérard : Pour un rien ? Ma propre famille vient de disparaître et je découvre à l'instant que je suis un inconnu... Tu as raison ce n'est rien du tout !

Valérie : Calme-toi ! De toute façon, ça ne sert à rien de s'énerver, regarde Josiane elle a toujours eu un tempérament plus calme que le tien.

Gérard : On a l'explication maintenant...

Josiane : Comment ça ?

Gérard : On n'a pas les mêmes gênes, ça explique notre différence de tempérament.

Josiane : Mouais... Tu as sans doute raison : j'ai fait des études supérieures pour devenir prof de biologie, et toi les études ce n'était pas ton truc. Tu aimes le sport, je déteste le sport...

Gérard : Et alors, qu'est-ce que tu veux dire ? Tous ceux qui n'aiment pas le sport seraient donc tes frères et sœurs ? Il va falloir pousser les meubles lors des repas de famille, car crois-moi, il y aura foule ! Et puis, je n'aime pas beaucoup tes insinuations.

Josiane : Quoi ? J'insinue quelque chose ?

Gérard : Mais oui ! Si tu crois que je ne te vois pas venir ! Tu es très intelligente et je suis un demeuré ! C'est ça ? Et c'est normal que je suis con car je ne suis pas ton frère biologique ! Et c'est normal car mon vrai père et ma vraie mère sont certainement des abrutis ! Et toi, ton vrai frère biologique est certainement Einstein ! Tout s'explique ! Bravo !

Josiane : Tu es complètement fou Gérard, tu me déçois !

Gérard : Bah oui je suis fou ! Parfaitement ! Et c'est normal car ma vraie famille est certainement une famille de cinglés ! Et crois moi, ton mari Alain sera le bienvenu dans ma nouvelle famille !

Valérie : Gérard !

Josiane : Tu penses que Alain est fou ?! Hein ? Répète-le !

Gérard : Ce n'est pas le problème ! Mais, moi, j'ai vraiment l'impression de devenir taré...

Valérie : Il faut qu'on se calme tous les trois, ça n'a pas de sens. C'est une épreuve pour nous tous, mais essayons de raisonner calmement.

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Gérard (énervé): Mais je suis calme bordel ! Je suis super calme ! Je n'ai jamais été aussi calme de ma vie !

Josiane : Moi, je veux bien me calmer, mais je ne veux pas qu'on traite mon mari de fou !

Valérie : Oh ! Et nos enfants !

Gérard : Quoi, nos enfants ? Je suis toujours le père, non ? Ne me dis pas que ce n'est plus moi !

Valérie : Nos enfants étaient les petits enfants de Mamie Marie... Ils ne le sont plus... Ils étaient les neveux de Josiane et Alain et ce n'est plus le cas... Et le pire c'est...

Gérard : Le pire ? Je vais te dire : c'est de la foutaise tout ça ! Ils feront toujours partie de la famille, ce n'est pas cette maudite lettre qui fera la loi !

Valérie : Mais, imagine que un de nos fils, couche un jour avec la fille de ton vrai frère ou de ta vraie sœur ! Il coucherait alors avec sa propre cousine !

Gérard : Eh bien, il n'en mourrait pas ! Et puis j'ai plus de chance de devenir miss France que lui de coucher avec la fille de mon frère ou de ma sœur ! Surtout que je ne sais même pas si j'ai un frère ou une sœur ! Et ils n'ont peut être pas d'enfant ! En plus, nos fils n'ont pas encore l'âge de faire des galipettes !

Josiane : Et l'autre famille, tu imagines pour eux ? Ils doivent être autant bouleversés que nous...

Valérie : Tu crois que ce Franck est au courant de la situation ?

Gérard : Tu parles en fait de Gérard Flanelle ?

Valérie : Bah non, je parle de Franck... C'est comment son nom ? Fais voir la lettre, Franck Gravosse... En plus, c'est moche comme nom.

Gérard : Je te signale que le véritable Franck Gravosse c'est moi ! Lui il aurait dû vivre la vie de Gérard Flanelle ! Il aurait dû grandir au côté de Josiane, et de Marie ! Il t'aurait peut-être même épousée ! Ah ! Tout ça me dégoûte !

On entend une sonnette.

Valérie : C'est certainement Alain, je vais ouvrir.

Alain entre, il tient une bouteille de champagne.

Alain : Salut la compagnie ! Je vous souhaite une excellente année ! Comment ça va Gégé ? Tiens j'ai apporté du champagne.

Gérard : Merci, ça va, ça va... Tu sais j'ai bien senti le changement cette année... J'ai l'impression d'avoir pris dix ans en quelques minutes...Salut Alain, bonne année, entre.

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Alain : Vous en faites une tronche ! Qu'est ce qui se passe ? Vous avez fait brûler le rôti ?

Valérie : On va te raconter... En tout cas, toi, tu as l'air beaucoup moins fatigué.

Alain : Oui, c'est un vrai petit miracle, ce traitement médical... Je me sens bien mieux maintenant, j'avais besoin de repos. Vous savez, j'ai craqué de manière spectaculaire au magasin, j'ai mis un sacré souk ! Je ne vous raconte pas...

Josiane : Oui, ne raconte pas... Je n'ose même plus aller faire mes courses.

Valérie : Mais non, les gens oublient vite de toute façon.

Josiane : Tu peux croire ! J'y suis allé la semaine dernière et un employé m'a tendu une grande plume et m'a demandé si j'en avais besoin pour avoir des promos !

Alain : Tu ne me l'avais pas dit ! C'est la preuve que j'ai des employés qui ont de l'humour ! Enfin, ce ne seront plus mes employés pour longtemps, j'ai décidé de changer de boulot une fois que je serai guéri.

Gérard : Et tu as une idée de ce que tu veux faire ?

Alain : C'est un peu trop tôt pour en parler... Par contre, ce qui est sûr, c'est que je vais refaire du théâtre en amateur !

Valérie : C'est une bonne idée, cela te rappellera ta jeunesse, tes débuts d'acteur.

Alain : Oui, j'ai envie de monter sur les planches, de changer d'identité, de me mettre dans la peau d'un autre.

Gérard : Changer d'identité c'est de la connerie ! C'est de la fumisterie ! C'est de la daube !

Alain : Bah... Je...

Josiane : Gérard est un peu nerveux, il vient d'apprendre une mauvaise nouvelle. Une nouvelle qui concerne toute la famille.

Alain : Ah ? Mince alors... Racontez-moi.

Valérie : Installe-toi, dans le canapé, on va te dire.

Gérard : Crois-moi il va y avoir du spectacle !

Alain : Ah ? (Alain se gratte avec ardeur le bras droit et ensuite le bras gauche)... Ça me gratte dis-donc...

Josiane : Tu as des démangeaisons ?

Alain : Ouais, c'est désagréable... (il se gratte toujours) Bon, raconte-moi.

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Vivien LHERAUX - Alain ! Arrête ! -

Josiane : Nous venons de lire une lettre de maman. Elle nous révèle une chose terrible, une chose bouleversante...

Alain (en se grattant) : Hein ? Ta mère à envoyé un courrier ? Comment est-ce possible ? Elle est morte depuis presque deux ans... Ah ! Vous me faites marcher ! Vous êtes cons quand même ! Elle est un peu grosse votre blague ! Vous pensiez que j'allais gober ?

Gérard : J'aimerais bien que ce soit une plaisanterie...

Alain (il regarde fixement un mur ): Ouais... Wahou ! J'avais jamais remarqué ! C'est incroyable ce machin !

Gérard : Hein ? Quoi ?

Alain se lève et se positionne à quelques centimètres du mur. Il observe attentivement le mur.

Alain : Wahou ! Je suis admiratif ! Comment ils ont fait ça ?

Josiane : Mais de quoi parles-tu ?!

Alain : Il inventent des sacrés trucs maintenant ! On est dépassé ! En tout cas c'est vachement beau !

Valérie : Mais qu'est-ce qu'il a notre mur ? On n'a pourtant pas changé la tapisserie.

Alain : L'eau coule tout le long du mur, on dirait une fontaine silencieuse, c'est vraiment une super décoration ! En plus, les couleurs sont magnifiques...

Gérard : Hein ? Il y a une fuite ? Où ça ?!

Gérard court vers le mur et le regarde.

Alain : Tu m'avais caché ça mon Gégé ! Cela a dû vous coûter une petite fortune !

Gérard : Bah, il n'y a absolument rien d'anormal, je ne vois pas d'humidité, le mur est comme d'habitude...

Alain : L'eau coule tout le long et en plus c'est silencieux... Mais elle va où ensuite ? Je ne comprends pas où elle s'écoule.

Alain se met à genoux, et observe la base du mur.

Josiane : Il n'y a rien Alain ! Tu me fais peur !

Alain : J'ai compris ! Il doit y avoir des micros trous dans le sol ce qui permet à la flotte de s'évacuer ! C'est ingénieux !

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Gérard se met à genoux, et observe également la base du mur.

Gérard : Où ça ? Je ne vois rien...

Alain se déplace rapidement à quatre pattes pour aller voir les autres murs.

Alain : Je disais des conneries !

Valérie : Ah ! Tu nous a fait peur Alain ! J'ai pensé que tu devenais fou.

Alain : Il y a bien un petit bruit... Vous entendez le glouglou ? Y'a un glouglou ! Un tout petit glouglou !

Josiane : Alain ! Tu as pris tes médicaments avant de venir ?

Alain : Oui, oui... Je peux prendre la fontaine en photo avec mon portable ? C'est pour montrer à mes collègues, j'aimerais bien faire installer ce truc dans mon bureau.

Gérard : Si tu veux... Si tu veux... Mais ils risquent d'être déçus en voyant la photo...

Josiane : Donne-moi ta boîte de médicaments, vite !

Alain : Tiens, la voilà... Elle est bonne ? Elle est potable ?

Alain prend une photo avec son portable, Josiane lit ce qui est marqué sur la boite de médicaments.

Gérard : Bah... je ne sais pas, je n'ai jamais pensé à la goûter...

Valérie : Il faut faire quelque chose !

Alain : Valérie peux-tu me passer un verre s'il te plaît ?

Gérard : Tu ne veux pas te reposer un peu Alain ?

Alain prend le verre, il le fait toucher ensuite au mur et attend.

Alain : Le verre se remplit, il n'y a qu'une solution pour savoir si elle bonne : il faut la goûter. Voilà, le verre est plein... Vous voulez en boire ?

Gérard : Euh... non merci, vas-y toi.

Alain : Wahou ! La vache ! C'est énorme !

Gérard : Quoi ? Elle n'est pas bonne ?

Alain : Putain ! C'est du champagne !

Josiane : Hallucination ! C'est marqué sur la boîte de médicaments : Lors d'un surdosage ce

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Vivien LHERAUX - Alain ! Arrête ! -

médicament peut provoquer des hallucinations, des délires, une psychose, une agitation !

Alain : C'est du bon ! Ils ne sont pas moqués de toi mon Gégé, goûte tu vas voir...

(Alain tend le verre à Gérard qui le prend)

Gérard : Bah santé alors ! Mummm c'est vrai qu'il est bon.... un peu sec non ?

Alain : Je suis crevé d'un seul coup... c'est certainement ce champagne...

Valérie : Oui certainement... Viens te reposer Alain, allonge-toi sur le canapé, viens.

Josiane : Tu devais prendre trois comprimés par jour. Alain, combien en as-tu avalé ?

Alain : J'sais plus... plein... j'voulais être détendu pour le nouvel an... plein... et ce champagne... il m'endort...m'endort...m'en...

Valérie : Il s'est endormi...

Josiane : Sur la notice, il est écrit que les effets devraient s'estomper dans quelques heures.

Gérard : Excuse-moi Josiane, je retire ce que j'ai dit tout à l'heure, quand j'ai insinué que Alain était fou...

Josiane : Ce n'est pas drôle ! Franchement on commence bien l'année !

Valérie : Dans quelques heures il sera en pleine forme, ne t'inquiète pas... Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais je crois qu'il faudrait appeler la dame, son numéro est noté dans la lettre.

Gérard : Et pour quoi faire ?

Josiane : Valérie a raison, il faut entrer en contact avec cette famille, il s'agit de ta mère biologique, et de mon frère. On n'a pas le droit de les ignorer.

Gérard : Et pourquoi ce serait à nous de le faire ? Pourquoi ils ne nous ont pas appelé ?

Josiane : Il doit bien y avoir une raison... Mais franchement, tu te vois continuer ta vie sans les rencontrer, en faisant comme si de rien n'était ?

Gérard : Non pas vraiment... Mais ça me fait peur ! Voilà ! J'ai peur d'être déçu et j'ai peur que cette dame... que ma mère soit déçue en me voyant... J'y peux rien, j'ai la trouille !

Josiane : Tu n'es plus un gamin ! Agis en adulte responsable !

Valérie : Je vais vous laisser appeler cette dame, je comprends que vous voulez être seuls pour le faire. Je file à la cuisine finir de préparer le repas.

Valérie sort de la pièce.

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Vivien LHERAUX - Alain ! Arrête ! -

Gérard : OK, bon donne-moi le numéro, on va le faire tout de suite.

Josiane : Voilà...Elle s'appelle Françoise Gravosse.

Gérard compose le numéro.

Gérard : Ça sonne... Allô ? Bonjour Madame... euh, Madame Gravosse ?... Oui, bonjour... euh, je suis votre... ton... je suis Gérard... euh, non Franck... euh, Gérard Flanelle à l'appareil... Vous ne me connaissez pas ?… Je… hum, hum, je serais votre vrai fils... Non, je ne me fous pas de vous... En fait, je viens de lire une lettre écrite par ma mère... par Marie Flanelle et il est expliqué que... comment dire... que vous seriez ma vraie mère... Oui je veux parler à Madame Gravosse, à Françoise Gravosse... Ah ! Ce n'est pas vous ?... Vous êtes sa fille !... Ah ! Je comprends mieux... Quoi elle est décédée ?... Ben merde alors ! Maman est morte pour la deuxième fois...

Alain s'étire, il se réveille, se gratte les bras, regarde sa montre et s'avance vers Gérard et Josiane.

Gérard : Non, je disais quel dommage... Pardon, je ne savais pas... Elle ne vous avait rien dit avant de mourir ?... Au sujet de son fils Franck ?... Vous attendiez mon appel depuis son décès ?... Ah... Vous étiez au courant, mais vous ne connaissiez pas le nom de notre famille... OK... Vous savez donc que Franck n'est pas Franck... Oui Gérard... Oui Gérard à la place de Franck et Franck à la place de Gérard... Oui c'est drôle... Enfin non, ce n'est pas drôle du tout !... Hein ?

Alain : Je peux parler au téléphone ?

Gérard : Attends, Alain... Il faut qu'on se rencontre ? Oui, bien-sûr... Attendez... Je ne sais pas, est-ce que vous voulez venir prendre l'apéritif chez moi ?... Oui, maintenant... Vous pouvez ?... Gérard sera là, euh je veux dire Franck sera là ?... Très bien alors... Oui, je vous donne l'adresse tout de suite... j'habite un lieux dit : Les Pougnettes... Alors, vous prenez l'autoroute et vous prenez la bretelle... Voilà, et vous montez le long du boulevard Bellecuisse... Voilà, en haut de Bellecuisse, vous trouverez Les Pougnettes... Oui, le mieux c'est par devant... Non, pas par derrière ! Non, si vous passez par derrière, il faudra faire demi-tour... de toute façon, c'est interdit et c'est un cul de sac... Oui, le mieux c'est de prendre par devant... Voilà... vous...

Alain arrache le téléphone des mains de Gérard.

Alain : Oui venez prendre l'apéro chez Gérard, ce sera sympa !

Gérard : Mais... Alain ! Arrête ! Je n'ai pas terminé, donne ce téléphone.

Alain : N'oubliez pas l'huile !... Pourquoi ?... Mais on va se mettre de l'huile de bronzage sur tout le corps et on ira se baigner ensemble ! Tous à poil ! On va se prendre un bon bain de minuit sous le soleil ! Et à poil !

Josiane : Alain ! Tais-toi !

Alain : Pis ça se trouve on fera une tite partouze !

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Vivien LHERAUX - Alain ! Arrête ! -

Josiane gifle Alain.

Josiane : Non mais ! Là tu dépasses les bornes ! Quelle honte !

Alain : Apparemment la touze est annulée, mais apportez quand même l'huile...

Gérard arrache le téléphone des mains de Alain.

Gérard : Mais... file-moi ce téléphone ! Allô ?... Allô ? Elle a raccrochée...

Alain ne bouge pas mais affiche un grand sourire de satisfaction.

Josiane : Tu es content de toi en plus ! J'ai honte ! Vraiment honte ! Que vont-ils penser de nous !Ce n'est pas vrai !

Gérard : Là, ça craint... Ça craint grave...

Josiane : Quelle honte ! C'est la première fois que tu parlais à ta sœur... C'est une réussite... Mais quelle honte !

Gérard : Je vais certainement me réveiller, je fais un cauchemar... Je dois certainement faire un horrible cauchemar...

Alain : Les cauchemars ça pue !

Gérard : Ta gueule ! Alain, je t'aime bien mais permets moi de te dire : ta gueule !

Josiane : Et toi, pourquoi en donnant ton adresse, tu fais des insinuations sexuelles douteuses ?

Gérard : Ça ne va pas non ! Je n'ai absolument rien dit d'anormal ! Seuls les gens qui ont l'esprit mal tourné peuvent entendre de telles choses !

Valérie entre dans la pièce.

Valérie : Alors cet appel ? Ça s'est bien passé ?

Gérard : Formidable... Je pense qu'ils ont hâte de nous rencontrer...

Valérie : Ah ! Tant mieux !

On entend une sonnette.

Valérie : C'est sans doute Mémé, on l'avait invitée à prendre un verre pour fêter le nouvel an.

Josiane : Mémé ?

Gérard : C'est notre voisine, un petite vieille, une ancienne prof de maths à la retraite, elle est très sympa tu verras. En plus, elle adore la pêche. Enfin, elle ne tombe pas très bien avec toutes ces

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Vivien LHERAUX - Alain ! Arrête ! -

histoires...

Alain : Les maths ça pue !

Josiane : Alain ! Arrête !

Gérard : Je te préviens, tu as intérêt de te contrôler : je ne veux pas d'histoire avec notre voisinage !

Josiane : T'inquiète, je vais le surveiller.

Valérie ouvre la porte, Mémé entre. Son allure est plutôt masculine

Valérie : Bonjour Mémé, entrez donc, je vous fais la bise, bonne année Mémé.

Mémé : Bonne année Valérie. Ah toute la famille est réunie, j'vais pas vous déranger longtemps.

Gérard : Ne dîtes pas de bêtises, bonne année Mémé et surtout bonne santé.

Mémé (à Alain et Josiane) : Bonne année messieurs dames. Oui, surtout bonne santé ! Quand la santé va tout va...

Valérie : Et vous, vous avez une santé de fer, pas vrai ?

Mémé : Oh, y'a bien mon cœur qui me cause des soucis, y'a bien toujours mes petits problèmes cardiaques...

Gérard : Allons, allons, vous nous enterrez tous Mémé, installez-vous dans le canapé on va prendre un verre ensemble.

Valérie : Je vais servir, tiens Alain tu peux m'aider s'il te plaît ?

Valérie et Alain remplissent les verres. Alain se gratte et il prend un verre, il se lève et s'éloigne un peu. Il prend sa boîte de médicaments et dépose des comprimés dans le verre. Personne ne le voit faire. Au même moment :

Gérard : Mémé, racontez-nous, vous êtes allée à la pêche dernièrement ?

Mémé : Oui mais j'ai pas pris grand chose, y'a bien eu deux ou trois carpes, du gardon et du goujon mais pas de brochet. On en voit moins du brochet, y'a un temps on en voyait beaucoup, mais là on ne le voit plus... y'a bien moins de brochet... À l'époque, y'avait du brochet, mais là y'en a plus...

Josiane : Vous êtes passionnée par la pêche ? C'est bien d'avoir une passion.

Mémé : Oui ça occupe et pis ça me change d'autrefois, de mes cours de maths. Vous savez j'étais enseignante, j'aimais bien mes élèves, mais ils m'en ont fait voir ces p'tits cons...

Josiane : Je comprends, je suis moi-même prof de biologie au collège.

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Vivien LHERAUX - Alain ! Arrête ! -

Mémé : Ah ? C'est bien ça, c'est bien... Et ils ne vous en font pas trop voir vos élèves ?

Josiane : Non, non, tout se passe bien.

Mémé : Eh bien, vous avez de la chance, moi j'en ai bavé... Ils avaient de l'imagination les petits saligauds ! Par exemple un jour, dès que j'avais le dos tourné, chaque élève prenait la place de son voisin de droite... je croyais que je devenais folle...

Josiane : Ah ?

Mémé :Une autre fois, il y a un élève qui a crié « Autruche » et j'ai demandé ce qui se passait et tous les élèves ont baissé la tête et ont ramassé leur stylo qui était par terre... Deux minutes après un élève à crié « Kangourou » et ils se sont tous mis debout sur leur bureau ! Oh les p'tits cons je vous jure !

Josiane : Ah ?

Mémé : Et c'est sans parler des concours de pets ou de rots !

Gérard : Eh bien ! C'est intelligent !

Mémé : Et les compas plantés au plafond ? Ils ne vous l'ont pas fait ça ?

Gérard : Moi quand j'étais gamin, on balançait des boules de papier toilette mouillé au plafond et forcément au bout d'un moment, ça finissait par retomber sur quelqu'un, et avec un peu de chance sur le prof.

Valérie : Pff.. ce n'est pas malin.

Mémé : Ah oui ce n'est pas intelligent... Le pire qu'ils ont fait c'est de chauffer la poignée de la porte de la classe avec un briquet et lorsque je suis entrée...

Gérard : Aïe.. oui ?

Mémé : Non, la poignée avait refroidi mais heureusement ! Heureusement !

Gérard : Hé bien...

Mémé : Par contre quand ils ont mis de la colle sur la poignée, là je n'ai rien pu faire...

Valérie : Vos élèves étaient de véritables petits monstres Mémé !

Mémé : Oui, mais je les aimais bien pourtant... Enfin tout ça c'est du passé...

Valérie : Voilà, l'apéritif est servi.

Alain propose à Mémé, le verre dans lequel il a mis des médicaments.

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Vivien LHERAUX - Alain ! Arrête ! -

Alain : Tenez.

Mémé : Merci, c'est gentil. Ben alors on va tous se souhaiter la nouvelle année : beaucoup de bonheur, de sérénité et surtout la santé !

Gérard : Pour la sérénité, on va attendre encore un petit peu...

Alain : Bonne santé ! Et bon courage !

Tous avalent leur verre.

Mémé : Merci, J'vais vous en racontez une bien drôle. La semaine dernière j'étais chez mon docteur et il écoutait mon cœur avec son appareil, et vous savez ce qu'il m'a dit ?

Valérie : Racontez-nous.

Mémé : Il m'a dit... C'est drôle quand j'y repense... Il m'a dit : Aaaaarrh ! Aaaaarrh !

Gérard : Hein ?

Mémé : Aaaaarrh ! Aaaaarrh ! Mon cœur !

Valérie : Mémé ! Mémé ! Dîtes quelques chose !

Mémé : Aaaaarrh !

Mémé s'écroule sur le canapé, elle ne bouge plus.

Gérard : Nom de Dieu ! C'est pas vrai !

Josiane se penche et écoute le cœur de Mémé.

Josiane : Je n'entends rien... Mon Dieu... elle est... Elle est morte !

Gérard crie : Au secours ! Il faut la réanimer !

Valérie crie : Au secours ! Au secours ! Est-ce que quelqu'un à son brevet de secouriste !? Vite ! Est-ce que quelqu'un à son brevet ?!

Josiane : Non pas moi !

Gérard crie: J'ai mon brevet ! Vite ! Il faut lui faire un massage cardiaque !

Valérie : Tu as ton brevet, toi ?

Gérard panique : J'ai mon brevet des collèges, c'est pareil ! Il faut lui faire venir de l'air !

Dans la panique Gérard prend les deux mains de Mémé, il lève les bras et les abaisse très

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Vivien LHERAUX - Alain ! Arrête ! -

rapidement.

Gérard : Aidez-moi bordel ! Ne restez pas planté là !

Josiane : Mais qu'est-ce qu'il faut faire ?!

Gérard : Faites pareil avec les pieds !

Josiane prend un pied de Mémé et Valérie l'autre. Ensemble, elles lèvent les pieds et les abaissent très rapidement. Gérard continue avec les bras.

Gérard : Réveillez-vous Mémé ! Réveillez-vous !

Josiane : Tu crois que ça sert à quelque chose ?

Gérard : Ta gueule et pompe ! Pompe ! … Pompe plus vite !

Valérie lâche un pied se penche et écoute le cœur de Mémé.

Valérie : J'entends rien !

Gérard : Fais-lui le bouche à bouche !

Valérie : Mais... je ne sais pas !

Gérard : Le bouche à bouche ! Bordel ! Le bouche à bouche !

Valérie : Mais fais-le toi !

Gérard : Ah ! C'est pas vrai !

Gérard se penche sur Mémé, il est dos au public. Il inspire de l'air bruyamment et se penche sur le visage de Mémé. Il fait le même geste plusieurs fois.

Josiane : Alors ?

Gérard : C'est infecte ! Je ne peux pas, elle a dû bouffer du rat crevé ! Ou les asticots qui lui servent pour pêcher, c'est une infection !

Valérie : Mais tais-toi et souffle !

Gérard : C'est horrible j'ai l'impression de souffler dans une bouche d'égout !

Valérie : Continue ! Souffle !

Gérard : N'arrêtez pas ! Pompez nom de Dieu ! Pompez !

Josiane : On pompe ! On pompe !

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Vivien LHERAUX - Alain ! Arrête ! -

Gérard : Je sens qu'elle gonfle quand je souffle !

Valérie : C'est normal ça ? C'est normal qu'elle gonfle ?

Gérard : J'en sais rien merde ! Faut trouver autre chose ! Arrêtez de pomper.

Josiane : Tu crois qu'il faut la gifler ?

Gérard : J'en sais rien ! Commence par lui jeter de l'eau !

Valérie : Attends je m'en occupe ! Mémé ! Réveillez-vous !

Valérie prend un verre d'eau sur la table de salon. Elle s'approche de Mémé et lui jette l'eau au visage.

Alain : Je peux aussi ? Dites-moi je peux lui jeter de l'eau ?!

Gérard : Alain ! Arrête !

Josiane : Alors ?

Valérie écoute le cœur de Mémé.

Valérie : Elle ne gonfle plus, elle ne respire pas mais elle est tout mouillée.

Josiane : Une bonne claque ! Il faut lui en coller une !

Josiane la gifle.

Valérie : Alors ?

Josiane : Je lui en mets une autre ?

Gérard : Non, ça ne sert plus à rien... c'est mort... La morte est morte.

Valérie : Mémé ! Réveillez-vous ! Je vous en prie, réveillez-vous !

Gérard : Il ne manquait plus que ça ! Mémé est morte ! Elle est morte chez moi ! C'est pas possible ! C'est pas possible ! Le cauchemar continue !

Alain : Les cauchemars ça pue !

Gérard (démoralisé): S'il te plaît Alain... s'il te plaît...

Josiane : Qu'est-ce qu'on doit faire maintenant ?

Gérard : Il faut appeler la police tout de suite !

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Vivien LHERAUX - Alain ! Arrête ! -

Valérie : Tu crois ?

Gérard : Oui appelle la police !

Valérie compose le numéro.

Valérie : La police ?... Oui, bonjour... Oui, bonne année... Oui, merci... Oui... Meilleurs vœux, aussi...Je ne vous appelle pas pour ça, je vous appelle pour un décès... oui un vrai décès... chez moi... une voisine, une vieille dame... on prenait l'apéritif et paf... paf, elle vient de faire une crise cardiaque, elle est tombée comme une ... non elle ne bouge plus... oui je vous donne l'adresse... Nous habitons dans un lieux dit : Les Pougnettes... Pour venir vous montez le long du boulevard Bellecuisse... En haut de Bellecuisse, vous trouverez les Pougnettes... Vous connaissez bien ? Oui, avant c'était marécageux mais maintenant c'est touffu, ça a beaucoup poussé depuis... Non, le mieux c'est de prendre par devant... non pas par derrière...

Soudain Mémé lève un bras. Elle bouge.

Mémé : Qu'est ce qui se passe ? J'ai eu un comme un trou...

Gérard : Elle se réveille !

Valérie : Attendez ! La morte s'est réveillée !... Non, je ne me moque pas de vous... Elle était morte et soudain elle ne l'est plus !... Non je n'ai pas trop fêté le nouvel an... Non je vous jure... C'était juste un malaise... Excusez-moi... Non ce n'est plus la peine de venir... oui elle respire... oui... non... oui... non... Bonne journée docteur, euh bonne journée Monsieur l'agent.

Gérard : Mémé, comment vous sentez-vous ?

Mémé : Je parlais de brochet avec vous et soudain le trou... Je crois que j'ai fait un rêve... Ah oui c'est ça : je rêvais que j'étais sur la plage et je pêchais avec mon lancer... Et au bout de ma ligne, il y avait un énorme poulpe...

Gérard : Un poulpe ?

Mémé : Oui, le poulpe s'est avancé vers moi et il a commencé à me tripoter les bras et les jambes avec ses tentacules... ensuite il m'a embrassé avec sa grosse bouche gluante ! C'était affreux !...

Alain : Tentacules ! J'aime bien ce mot, il me fait rire !

Mémé : Mais pourquoi je suis trempée ?

Gérard : C'est rien : c'est la marée qui est montée...

Alain : Ils sont quand même drôles mes médocs ! C'est vachement bien !

Josiane : Qu'est-ce que tu racontes encore ?

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Vivien LHERAUX - Alain ! Arrête ! -

Alain : Bah, tu mets quelques médicaments dans un verre et hop on s'écroule en poussant des cris rigolos !

Josiane : Quoi ?! Tu as mis tes médicaments dans le verre de Mémé ? C'est pas vrai !

Alain : Bah, si ! Ça me fait rire ! De toute façon c'est de sa faute : elle tue les poissons ! C'est une tueuse de poissons ! Elle tue tous les poissons qui vivent dans l'eau !

Mémé : Il a mis des médicaments dans mon verre ? Il ne serait pas un peu cinglé, lui ?

Gérard (énervé) : Mais tu es complètement con ! Mais il est con cet abruti !

Gérard énervé frappe Alain sur les épaules et le haut du dos.

Alain : Mais aïe ! Aïe !

Gérard (énervé, il continue de frapper Alain) : Quand vas-tu arrêter tes conneries à la fin ! J'en ai marre de toi ! Tu insultes ma nouvelle famille au téléphone ! Tu bois du champagne sur les murs ! Tu empoisonnes les voisins ! Année de merde !

Josiane gifle Gérard.

Josiane : Arrête Gérard : la violence n'est jamais la bonne solution !

Valérie : Calme-toi Gérard, je t'en prie, calme-toi. Et puis toi, arrête de gifler mon mari sinon je te fous un coup de boule !

Mémé : Je vais peut-être vous laisser, j'ai bien l'impression que vous avez des ennuis à régler en famille...

Alain : Je ne réponds pas aux tueuses de poissons d'eau douce !

Mémé : Bonjour l'accueil... ça fait plaisir...

Gérard (calmement) : Tu sais, des fois j'ai envie de m'allonger par terre et de pleurer en attendant que ce cauchemar s'arrête...

Alain : Les cauchemars ça...

Gérard : Alain si tu dis un mot de plus, je dis bien un seul mot... eh bien je te tue, je te fais avaler tous tes médocs et ensuite je te tue, c'est bien compris ?

Alain : Rien à carrer... Je suis immortel !

Gérard : Je crois que je vais me le faire ! Je vais me le faire !

Valérie : Arrêtez tous les deux ! Excusez-nous Mémé, on a des ennuis mais ce n'est pas de votre faute, restez encore un peu avec nous, vous voulez boire quelque chose ?

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Vivien LHERAUX - Alain ! Arrête ! -

Mémé : Bah... Non merci, ça suffira pour cette fois...

Josiane : Vous souhaitez vous allonger un petit peu ?

Mémé : Non, non ça va aller, merci. Au fait, est-ce que je vous ai raconté la dernière ? Vous allez rire... La semaine dernière j'étais chez mon docteur et il écoutait mon cœur avec son appareil, et vous savez ce qu'il m'a dit ?

Josiane, Valérie, Gérard : Non !!!

Alain : Si ! Racontez !

Mémé : Il m'a dit... C'est drôle quand j'y repense... Il m'a dit : Aaaaarrh ! Aaaaarrh ! Aaaaarrh !

Mémé s'écroule sur le canapé.

Gérard : Putain ! Elle remet ça !

Alain : Yes ! Trop drôle !

Valérie se penche sur Mémé et écoute son cœur.

Valérie : Rien... Elle est morte, je n'entends plus le pouls...

Alain : Les poux ça gratte la tête, les morpions ça gratte la …

Gérard : Ta gueule ! Tu vas la fermer ta grande gueule !

Josiane : Taisez-vous donc tous les deux ! Laissez-moi écouter...

Josiane se penche sur Mémé et écoute.

Gérard : Alors ?

Josiane (solennel): Ce premier jour de l'année était son dernier...

Gérard : Il faut appeler tout de suite la police !

Josiane : Tu es fou ! Pas question ! Je te signale que Alain vient de l'empoisonner ! Tu veux qu'il aille en prison ?!

Gérard : Aaaaah ! Aaaaah ! Cet abruti vient de commettre un meurtre chez moi ! Aaaaah !

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Vivien LHERAUX - Alain ! Arrête ! -

ACTE 2

Gérard, Josiane et Valérie ont les mains jointes sur le bas du ventre, ils regardent la dépouille de Mémé. Une couverture est posée sur elle, elle lui couvre le visage (pour les besoins de la pièce un mannequin est placé sous la couverture). Alain observe de très près le mur.

Valérie (renifle) : Elle n'a pas souffert...

Gérard : C'était une personne discrète et elle est partie en silence... Enfin, sauf ces cris...

Josiane : Elle est morte... c'est la vie.

Valérie (renifle) : Elle qui aimait tant les poissons.

Gérard : C'est sûr... elle était tellement humaine.

Valérie : Elle a quand même dû être drôlement surprise de mourir comme ça, d'un seul coup.

Josiane : Oui, et elle a dû être très déçue...

Valérie : On a beau dire, la mort des autres ce n'est quand même pas drôle...

Gérard : C'est encore moins drôle quand il s'agit de la nôtre...

Josiane : Elle croyait en Dieu ?

Valérie : Oui, je crois... Pourquoi tu demandes ça ?

Josiane : Des fois ça aide de croire en Dieu.

Gérard : Enfin, ça aide surtout avant de mourir.

Valérie : Je la connaissais bien, elle avait très peur de la mort. L'idée de mourir un jour, l'angoissait énormément.

Josiane : Maintenant que c'est fait elle n'aura plus cette angoisse.

Valérie : C'est sûr...

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Vivien LHERAUX - Alain ! Arrête ! -

Gérard : Elle n'aura fait qu'une seule erreur cette année : celle de venir chez nous, pour nous souhaiter une bonne année...

Valérie : Oui, on lui a souhaité une bonne année et elle n'a même pas atteint la fin de la journée...

Josiane : Son année aura été bien courte...

Valérie : C'est sûr... C'est quand même triste de mourir empoisonnée à cet âge là.

Gérard : Moi j'aurais surtout préféré qu'elle se fasse empoisonner chez elle mais pas ici !

Alain (regarde toujours le mur) : En regardant mieux, il y a même des petites bulles... des toutes petites bulles...

Gérard : Il ne va pas mieux lui...

Josiane : Ses hallucinations finiront bien par partir.

Valérie (renifle) : Je te le souhaite Josiane, je te le souhaite de tout mon cœur...

Josiane : Elle a de la famille ?

Gérard : Elle a un fils qui vit à côté de chez elle, c'est comment son prénom déjà ?

Valérie (renifle) : Bathieu... snif, Bathieu... Mathieu.

Josiane : Il faudra penser à le prévenir... Au fait, j'ai lu la notice des médicaments : il ne fallait surtout pas en donner à une personne cardiaque.

Gérard : Bah, tu diras à ton mari de mieux lire la notice, la prochaine fois qu'il aura envie d'empoisonner quelqu'un...

On entend la sonnette

Valérie : On attend quelqu'un ? Je vais ouvrir...

Franck et Amanda entrent.

Amanda : Messieurs, dames.

Valérie : Euh, bonjour Madame, Monsieur.

Amanda : Gérard nous a invité. Je suis Amanda Gravosse et voici mon frère Franck.

Franck : M'sieurs Dames.

Gérard : Ah ! Vous êtes venus !

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Vivien LHERAUX - Alain ! Arrête ! -

Franck : On nous invite, on vient ! Ça se refuse pas un p'tit apéro !

Gérard : Ah ! Oui, bien sûr, entrez, je vous en prie.

Franck : Pis comme on dit : bonne année ! Et tout ce qui va avec !

Valérie : Oui, bonne année, entrez, entrez, je suis Valérie la femme de Gérard, voici Josiane la sœur... euh... la... la... de Gérard et voici Alain son mari.

Josiane : Bonjour.

Amanda : Alain c'est donc lui qui fait des blagues au téléphone ?

Gérard : Euh... oui... Il avait un peu bu et il aime beaucoup plaisanter, même si ses blagues ne sont pas toujours du meilleur goût...

Amanda : Si, si c'était très drôle, au contraire ! Mais excusez-moi, je n'ai pas apporté l'huile de bronzage...

Gérard : Euh... Ah ! Ah!..(rire forcé), je vois que vous avez de l'humour...

Alain : Ah tu vois, c'était rigolo au téléphone ! Lui, il dit que j'insulte sa famille ! Et puis après il me tape en plus ! Il dit que je suis un con et qu'il veut me tuer !

Gérard : Euh... Ah ! Ah! (toujours rire forcé) Sacré Alain ! Vous verrez il est très drôle, c'est parfois à mourir de rire...

Alain s'éloigne. Il observe le mur, il n'écoute pas la conversation.

Franck : Ben, vaut mieux se marrer que d'faire la gueule ! Pas vrai ?

Josiane : Euh... Oui bien sûr...

Gérard : Euh... Vous avez trouvé facilement pour venir ?

Amanda : Oui, très facilement, et il a un nom charmant ce lieu dit : « Les cougnettes », c'est joli !

Valérie : Vous voulez dire Les Pougnettes.

Amanda : Oui,... pardon.

Gérard : Bon... Avancez, je crois qu'on a plein de choses à se dire.

Franck : Ah bon ?

Josiane : Excusez-moi si je suis un peu directe, mais autant en parler tout de suite. Voilà, j'aimerais bien savoir : vous étiez au courant depuis longtemps pour l'échange... Je veux dire l'échange des bébés, Gérard et Franck ?

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Vivien LHERAUX - Alain ! Arrête ! -

Amanda : Notre mère nous a laissé une lettre à son décès.

Gérard : Ah ? Elle aussi ?

Amanda : Dans sa lettre elle expliquait l'échange des deux bébés, elle ne donnait pas le nom, ni l'adresse de la famille de Gérard. Elle disait que peut-être un jour on aurait la visite d'un Gérard et que si c'était le cas elle souhaitait de tout son cœur que cela se passe bien entre nous.

Valérie : Et c'est tout ?

Amanda : Oui, c'est tout. Vous savez notre mère n'était pas très bavarde, elle n'aimait pas parler de son passé.

Josiane : Et cela fait longtemps qu'elle est décédée ?

Amanda : Quatre ans, non cinq ans, Franck ça fait cinq ans ?

Franck : Ben, tu sais moi les chiffres... J'sais pas ça fait un p'tit bout de temps déjà.

Valérie : Et elle est décédée soudainement ?

Franck : C'est à cause du docteur, il lui a donné un médicament qui l'a fait gonfler.

Gérard : Gonfler ?

Franck : Ils ont dit que c'était un œuf de dame.

Gérard : Un œuf ?

Amanda : Un œdème, Franck, un œdème. C'était une allergie.

Franck : Ouais, c'est ça. Elle a pris son médoc et elle a gonflé comme un ballon de gaudruche.

Amanda : De baudruche Franck.

Franck : Ouais, c'est ça. Ça gonflait ! Ça gonflait ! Elle devenait énorme ! Comme un gros ballon de gaudruche et d'un seul coup...

Gérard : Oui ?

Franck : Paf ! On aurait dit que le ballon venait de crever, elle a dégonflé d'un seul coup ! Elle est devenue tout mègue ! Mègue comme un fil de guerre ! Pis elle était morte ! Ça faisait pitié à voir, j'vous jure.

Valérie : C'est horrible !

Josiane : Elle a dû beaucoup souffrir...

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Vivien LHERAUX - Alain ! Arrête ! -

Franck : Bah, on sait pas elle disait rien, elle était trop gonflée pour nous le dire... Elle a juste fait un son bizarre à la fin.

Gérard : Un son bizarre ?

Franck : Quand elle dégonflait, ça faisait un très gros « pschitt». Ça faisait comme ça : « pschitt, pschitt, pschitt ! »

Valérie : C'est vraiment horrible !

Alain : Ça devait être vachement marrant ce pschitt ! Mémé elle, elle a fait : Aaaaarrh ! Aaaaarrh !

Valérie : Alain, on va aller à la cuisine tous les deux, tu vas venir m'aider à préparer le rôti. Au fait, nous vous invitons à déjeuner. J'ai préparé un rôti et il est gros, il y en aura bien assez pour tout le monde...

Amanda : On vous remercie, c'est vraiment gentil, il ne fallait pas...

Gérard : Oui, c'est une bonne idée.

Franck : C'est cool ! J'ai soif et en plus j'ai la dalle !

Alain : Valérie si on mettait de la banane avec du savon dans le rôti pour rigoler ?

Valérie : Viens Alain, suis-moi.

Alain et Valérie sortent et vont dans la cuisine.Josiane, Gérard, Franck et Amanda avancent vers le canapé qui est occupé par le corps de Mémé. La couverture lui couvre toujours le visage.

Amanda : On dirait qu'il y a quelqu'un sous cette couverture, non ?

Josiane : Euh... oui, c'est la voisine.

Amanda : La voisine ?

Gérard : Oui, elle dort. C'est une personne âgée.

Amanda : Vous n'avez pas peur qu'on la réveille ?

Gérard : Oh, non... On est tranquille de ce côté là...

Franck : Bah quand elle roupille celle-là, elle roupille ! Pourquoi elle dort avec une couverture sur la tronche ?

Josiane : Euh, elle préfère sans doute.

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Vivien LHERAUX - Alain ! Arrête ! -

Gérard : C'est à cause de la lumière... Elle dort toujours de cette manière...

Franck : Même la nuit ?

Gérard : Oui, même la nuit.

Franck : Bah y'a pas de lumière la nuit.

Josiane : Elle laisse tout le temps sa lampe de chevet allumée...

Gérard : Voilà... Et avec la couverture sur le visage elle ne voit plus la lumière de la lampe.

Franck : C'est pas con ! C'est même vachement intelligent !

Gérard : Oui, il fallait y penser... Voilà... Voilà...

Amanda : On risque de la réveiller quand-même... Mais pourquoi elle vient dormir chez vous ?

Josiane : Mémé est venue nous souhaiter la nouvelle année et ensuite elle était fatiguée, elle n'est plus toute jeune... Alors on lui a dit de s'allonger un peu sur le canapé, et elle s'est endormie. C'est aussi simple que ça.

Franck : Mémé ? C'est elle qui pousse des cris ?

Gérard : Euh... Oui, mais c'est pour rire, elle était... elle est très drôle.

Franck : Bah comme ça, j'sens qu'on va ben s'marrer quand elle va s'réveiller !

Josiane : On va s'installer sur les chaises, on va la laisser dormir...

Gérard : Un peu de champagne ?

Franck : Ah ouais ! Fais péter le bouchon, j'aime bien !

Amanda : Franck, s'il te plaît... Tu viens de tutoyer Gérard.

Gérard : Mais il a raison ! Il a entièrement raison ! Ça ne me gêne pas, il faut se tutoyer.

Josiane : Oui, ce serait peut être plus simple.

Gérard : Vous n'avez pas... Tu n'as pas parlé de mon père.

Amanda : On ne l'a pas beaucoup connu, il est mort quand nous étions petits. Je n'ai pas de souvenir de lui.

Gérard : Ah ? Et il faisait quoi dans la vie ?

Franck : Il était célèbre, il était dans le journal et il passait même à la télé !

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Vivien LHERAUX - Alain ! Arrête ! -

Josiane : Il était journaliste ? Acteur, chanteur ?

Amanda : Non rien de tout cela, Franck doit confondre. Il a sans doute rêvé d'avoir un père célèbre. Il était trop jeune pour avoir des souvenirs précis.

Franck : Ah ouais, ça doit être ça.

Josiane : C'est bizarre de se dire que Gérard et vous... et toi vous êtes frère et sœur...

Amanda : Et que vous... Et que toi et Franck vous êtes également frère et sœur.

Josiane : En tout cas, je trouve qu'il y a une ressemblance entre vous deux.

Gérard : Ah bon ? Et quelle ressemblance ?

Josiane : En fait je ne sais pas trop, mais il y a quelque chose... Vous pouvez vous lever tous les deux ? Je vais vous dire.

Amanda et Gérard se lèvent.

Amanda : Alors ?

Josiane : Faites voir vos yeux, c'est peut-être les yeux.

Côte à côte, Amanda et Gérard font exactement le même geste : avec leurs index ils tirent sur le bas de la paupière et ouvrent ainsi grand leurs yeux.

Josiane : Non ce n'est pas ça, vos dents peut-être ?

Amanda et Gérard font un grand sourire figé pour montrer leurs dents. Une sorte de chorégraphie commence, les gestes sont identiques.

Gérard : Alors ? On a les mêmes dents ?

Josiane : Non, ce n'est pas ça non plus. Vos oreilles ?

Amanda et Gérard décollent leurs oreilles en plaçant les doigts derrière.

Josiane : Non plus. Les bras ?

Franck : Ouais, ça doit être les bras, faites-voir..

Amanda et Gérard lèvent les bras et les bougent, cela fait penser à une danse synchronisée.

Amanda : Alors ?

Josiane : Les jambes ?

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Vivien LHERAUX - Alain ! Arrête ! -

Amanda et Gérard bougent leurs jambes, ils font toujours les mêmes pas de danse.

Josiane : Mouais... Tournez-vous pour voir, c'est peut-être le dos ?

Amanda et Gérard pivotent, ils font plusieurs tours. De dos, ils font des déhanchés.

Gérard : Ça donne quoi ?

Josiane : Non, franchement, ce n'est pas ça...

Gérard : C'est bien la peine...

Josiane : Ah si ! Je sais ! Vous avez exactement la même manière de bouger, la même manière de vous déplacer ! C'est flagrant !

Amanda : C'est certainement héréditaire alors.

Franck : Ouais, c'est certainement l'air et la terre... et en plus on se ressemble vachement avec ma sœur. Moi aussi regardez quand je bouge le cul.

Franck se tourne et fait un déhanché.

Franck : Alors ça donne quoi ?

Gérard : Il n'est pas au courant ? Je ne comprends plus rien !

Amanda : Franck ne se préoccupe pas de ce genre de chose. Il est au courant mais bon... ça lui passe au-dessus de la tête.

Gérard : Il s'en fout ? Franck, tu t'en fous ?

Franck : De quoi ?

Josiane : De savoir que Amanda et Gérard sont frère et sœur.

Franck : Ah ouais ? Bah ça change quoi ?

Josiane : Et le fait de savoir que tu es mon frère biologique ?!

Franck : Franchement la biologie j'étais nul à l'école. Pis les profs de biologie sont tous des cons ! C'est comme les profs de maths ! J'pouvais pas les sentir ceux-la ! Des vrais cons !

Gérard : Mais... Moi, depuis que je suis au courant de cet échange de bébé, je me pose plein de questions ! Pas toi ?

Franck : Des questions ? Ah bon ? Pourquoi ?

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Vivien LHERAUX - Alain ! Arrête ! -

Gérard (commence à s'énerver): Je me pose des questions existentielles, philosophiques et même des questions éthiques ! Pourquoi moi ? Que serais-je devenu si j'avais grandi dans votre famille ? S'il n'y avait pas eu cet échange : est-ce que maman t'aurait plus aimé qu'elle m'a aimé ? Est-ce que j'aurais connu Josiane ? Est-ce que j'aurais rencontré ma femme ? Est-ce que je suis moi ? Est-ce que tu es toi ou moi ? Est-ce que être né quelque part est le fruit du hasard ? Est-ce le destin ? Est-ce que tout ça à un sens ? Qui suis-je ? D'où viens-je ? Où vais-je ?

Franck : Bah arrête de te poser toutes ces questions bizarres, tu va attraper un mal de crâne. Et en plus je ne comprends même pas tes mots... On s'en tape de tout ça pas vrai ?

Soudain on entend crier Valérie (elle est toujours dans la cuisine) :

Valérie : Alain ! Arrête !

Josiane : C'est pas vrai, qu'est-ce qu'il a encore fait ?! Venez !

Amanda, Josiane et Gérard sortent de la pièce pour aller dans la cuisine.Alain sort de la cuisine et entre dans la pièce, il se tient la joue.

Alain : Elle m'a giflé dis-donc !

Franck : Ah ouais ? Et pourquoi ?

Alain : Bah rien, j'ai juste mis de la confiture dans les frites.

Franck : Y'a des frites ? C'est cool j'adore les frites !

Alain : Moi aussi j'adore les frites !

Franck s'approche du corps de Mémé, il la regarde et la touche avec son doigt au niveau du torse.

Franck : Oh ! Elle dort drôlement bien cette bonne femme.

Franck se penche et la tâte avec ses deux mains. Alain le regarde.

Franck : Pouic, pouic... pouic, pouic... c'est dingue ça ne la réveille pas !

Franck la chatouille.

Franck : Guili guili. Oh mort de rire ! Elle s'réveille pas.

Alain : Attends, moi aussi je veux essayer !

Alain la chatouille.

Alain : Pouic, pouic, guili guili !

Franck : Comment elle dort elle ! J'le crois pas !

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Vivien LHERAUX - Alain ! Arrête ! -

Alain : Je vais essayer un truc pour la réveiller.

Alain s'approche du mur, il tend un verre et attend quelques secondes. Ensuite il revient et verse le verre vide sur Mémé.

Alain : Oh putain ! Ça ne la réveille même pas !

Franck : Bah là, ça m'étonne pas. Attends j'ai une meilleure idée !

Franck récupère une carafe pleine d'eau sur la table de salon et verse le contenu sur le corps de Mémé.

Franck : Et voilà ! La sieste est finie ! C'est l'heure du debout !

Alain : Trop drôle ! Elle dort toujours ! Debout feignasse !

Alain décroche du mur la casserole en cuivre. Il s'approche du corps de Mémé.

Alain : À la une, à la deux et à la trois ! Et bing !

Alain frappe avec la casserole sur la tête : cela résonne.(un objet métallique sera placé sur la tête du mannequin qui est sous la couverture).

Franck : Ouah ! Tu as entendu ce bruit ! Ça résonne ! Recommence pour voir !

Alain tape une fois encore.

Alain : Eh ! Faut se lever grosse feignasse ! C'est vrai que ça fait un sacré bruit dis-donc !

Franck : Mort de rire ! À moi ! Je veux essayer !

Franck prend la casserole et tape. On entend toujours ce bruit métallique.

Alain : Pas mal !

Franck : Yes ! C'est cool !

Franck tape plusieurs fois de suite. Il donne du rythme et imite un musicien jouant de la batterie.

Alain : Super ! J'adore le rythme !

Franck : Yes ! On s'éclate ! On fait de la musique !

Valérie et Amanda entrent dans la pièce précipitamment.

Valérie : C'est quoi ce bruit ?! Oh mon Dieu !... Oh mon Dieu !

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Vivien LHERAUX - Alain ! Arrête ! -

Amanda : Aaaaah ! Ils l'ont tuée ! Au secours ! Ils l'ont tuée !

Valérie : Gérard ! Viens ! Oh mon Dieu !

Gérard et Josiane entrent.

Gérard : Qu'est-ce qui se passe ?

Amanda : Franck était en train de frapper sur la tête de la dame avec cette casserole ! Ils ont tué la veille dame ! Ils l'ont tuée !

Gérard : Hein ? Encore ?

Franck : Bah non, on fait rien de mal, on fait de la musique.

Alain : Yes ! On s'éclate !

Josiane : Alain ! Arrête ! Tu ne crois pas que tu en as assez fait pour la journée ?! Imbécile !

Franck : Si on ne peut même plus rigoler...

Amanda : Franck tu es un inconscient ! Tu as frappé cette dame pendant son sommeil ! Elle ne bouge plus ! Elle est morte ! Tu es un assassin ! Et pose cette casserole !

Franck : Bah, elle n'a jamais bougé de toute façon.

Alain : Ouais ! Et on lui balançait de l'eau sur la tronche et elle dormait toujours cette conne ! Même le champagne du mur ça ne la réveillait pas !

Gérard : Hum... Ah bon ça ne la réveillait pas ?

Amanda : Dîtes-moi, vous êtes sûr qu'elle dormait ?

Gérard : Hum.. oui, comme un bébé...

Valérie (énervée) : Comme un mort oui ! Vous pensez mentir encore combien de temps ?! C'est vrai quoi ! J'en ai plein le dos de vos mensonges ! Il faut dire la vérité à Amanda et à Franck ! Personne ne respecte Mémé ici ! Et puis je n'ai rien à me reprocher moi ! Je ne suis pas l'assassin !

Amanda : Quelqu'un l'a assassinée avant qu'on vienne ici ?

Josiane : Mais non voyons ! Valérie tu disjonctes ! Tu pètes les plombs ou quoi ?! Reprends-toi !

Valérie : Je pète les plombs ? C'est la meilleure de l'année !

Gérard : Enfin, non ce n'est pas la meilleure de l'année... je crois qu'on a déjà eu de belles surprises...

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Vivien LHERAUX - Alain ! Arrête ! -

Valérie : Et ton mari tu ne crois pas qu'il pète les plombs lui ?! Il est devenu complètement débile et en plus il a empoisonné cette pauvre Mémé ! Alors ton pétage de plombs tu sais où je me le mets !

Amanda : Alain ? C'est Alain qui a tué la vieille dame ?

Alain : Ouais ! Moi, madame je tue les tueuses, c'est comme ça ! Je suis un justicier !

Franck : La vieille était une tueuse ? Bien fait pour sa gueule alors !

Alain : Ouais ! Elle tuait les poissons ! Et moi j'aime pas qu'on tue les gentils poissons qui nagent dans l'eau !

Josiane : Alain ! Arrête ! S'il te plaît arrête... Bon, OK, Alain a mis ses médicaments dans le verre de Mémé, il ne savait pas que ça pouvait la tuer. Alain n'était pas dans son état normal. Il suit un traitement à base de calmants et il en a avalé une quantité trop importante. Depuis il souffre d'hallucinations et il délire. Je pensais que ça se remarquait...

Franck : Ben moi j'ai rien remarqué, on se marre bien tous les deux.

Alain : Ouais ! On se marre et on vous emmerde !

Amanda : Je comprends mieux maintenant... Mais Alain risque gros, non ? La police va certainement mener une enquête.

Gérard : C'est bien ça le problème...

Valérie : Une enquête ? Oh, mon Dieu !

Josiane : Il est hors de question que Alain fasse de la prison ! Dîtes-moi, vous n'allez pas me laisser tomber ? Vous allez m'aider à protéger Alain, hein ?

Gérard : Évidement Josiane, tu peux compter sur nous. De toute façon, la police n'est pas encore là, on a le temps de réfléchir à ce qu'il faudra dire. On doit élaborer un plan...

Alain : Ouais ! Et la police je l'emmerde !

Franck : Moi aussi je l'emmerde !

Amanda : Franck !

Valérie : Ils me fatiguent tous les deux... Ils me fatiguent...

On sonne à la porte.

Valérie : Qui est-ce ? Je vais ouvrir.

Une femme entre.

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Vivien LHERAUX - Alain ! Arrête ! -

Lieutenant : Messieurs-dames, excusez-moi de vous déranger un jour de fête... Je me présente : Police judiciaire, je suis le Lieutenant Daniel... (elle montre sa carte de police).

Valérie : Ah ? Euh...bonjour madame, euh bonjour Lieutenant... Entrez, entrez...

Le Lieutenant sourit, elle observe rapidement la pièce et les personnes. Elle voit le corps sur le canapé.

Lieutenant : On m'a fait part d'un appel téléphonique : vous avez appelé la police pour signaler un mort, qui ensuite se serait réveillé... Alors comme je suis d'une nature très curieuse, je voulais voir comment se porte le ressuscité...

Gérard : Euh... elle dort...

Josiane : Oui, comme un bébé...

Le Lieutenant s'approche du corps.

Lieutenant : On dirait qu'elle à le sommeil bien lourd, elle dort souvent avec une couverture sur le visage ?

Franck : Ouais ! C'est à cause de la lumière ! Même que la nuit elle laisse allumer sa lampe de chevet et elle met sa couverture sur sa tronche pour ne pas voir la lumière ! Elle n'est pas conne, c'est une intello !

Lieutenant : Comme c'est amusant... Expliquez-moi, vous qui semblez si perspicace, pourquoi cette couverture est trempée ?

Franck : Bah, j'sais pas... Elle est vieille, il a dû se pisser dessus...

Amanda : Franck !

Alain : Yes ! Elle se pisse dessus ! En plus elle aime tuer les poissons qui...

Valérie : Alain ! Tais-toi !

Josiane : Ne dis pas n'importe quoi Alain, le Lieutenant n'a pas besoin de...

Lieutenant : Laissez-le parler, au contraire. Vous disiez ?

Alain : Elle aime tuer les poissons qui sont trempés... Mais... Ce n'est pas vrai ! Je ne vous avais pas reconnu ! Ouaaah ! Je ne le crois pas ! C'est bien vous ! Ouaaah ! Incroyable ! Incroyable !

Lieutenant : Oui ?

Alain : Jane Becook ! Jane Becook en personne ! JB ! Ouaaah ! Je ne le crois pas !

Gérard : Jane Becook ?

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Vivien LHERAUX - Alain ! Arrête ! -

Alain : Jane Becook ! La reine du Rock ! La star Jane Becook ! JB ! J'ai toutes vos chansons ! Je les écoute tout le temps ! C'est incroyable quand même ! Je suis ému, ça me fait quelque chose... Je suis souvent allé voir vos concerts !

Lieutenant : Ah oui ?... Et c'était bien ?

Alain : Elle me demande si c'était bien ?! C'était génial ! Géant ! JB c'est du lourd !

Josiane : Alain, arrête...

Lieutenant : Non, non, continuez... vous avez donc aimé mes concerts ?

Alain : J'aime trop ! Comment elle joue de la guitare en plus ! Par contre JB, je dois m'excuser...

Lieutenant : Ah oui ? Et pourquoi ?

Alain : Je n'ai pas pu venir à ton dernier concert, je suis désolé je ne pouvais pas faire autrement. Je t'ai envoyé un mot d'excuse, tu l'as reçu ?

Lieutenant : Oui, oui, je l'ai reçu...

Alain : Ouf ! Je suis soulagé, j'avais peur que le concert soit annulé à cause de moi. C'est pas rien quand-même le Stade de France.

Gérard : Ne l'écoutez pas Lieutenant, il n'est pas dans son état normal.

Lieutenant : Je vois, je vois... Quelqu'un connaît cette « Jane Becook » ici ?

Tous, sauf Alain, font signe de la tête qu'ils ne connaissent pas Jane Becook.

Alain : Mort de rire ! Tout le monde te connaît Jane ! Tout le monde !

Lieutenant : Bon, c'est évident : il se drogue... Vous savez quoi ?

Valérie : Non, Lieutenant.

Lieutenant : Eh bien, je ne regrette pas d'être venue, ça sent le trafique de drogue à plein nez ici... Maintenant, on va gentiment soulever cette couverture pour voir comment dort un ressuscité...

Elle se positionne devant le corps, le public ne voit pas la tête lorsque le Lieutenant bouge la couverture.

Franck : J'peux voir sa tronche de cake aussi ?

Amanda : Franck tais-toi, laisse faire madame.

Le Lieutenant remet la couverture.

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Vivien LHERAUX - Alain ! Arrête ! -

Lieutenant : Sa résurrection aura été de courte durée... Bon, nous avons donc un cadavre, un drogué, un débile et ici une casserole.

Le Lieutenant prend la casserole et l'observe attentivement.

Gérard : Euh, elle est morte ?

Josiane : Non ! Pas possible ! Mémé est morte ?

Gérard : Pas possible ! Mémé est morte ?

Lieutenant : Je vais être encore plus précise : nous avons un cadavre, un drogué, un débile, une belle paire de menteurs et une casserole. Je pense même avoir le mobile du crime... Il me manque uniquement l'assassin... ou les assassins...

Franck : Elle est forte dis-donc ! Elle trouve tout ! Et puis vachement vite en plus ! Pas conne la nana!

Amanda : Chut ! Tais-toi Franck...

Alain : Elle est peut-être forte mais elle n'a même pas vu le champagne que j'ai balancé sur Mémé ! Lieutenant : Il va de soi qu'aucun de vous ne doit sortir de cette maison, c'est un ordre. Et je vais demander au drogué de la mettre en veilleuse, j'ai besoin de réfléchir.

Gérard (mielleux): Évidemment Lieutenant, évidemment !

Valérie : Oh là là...

Alain : C'est qui le drogué ?

Franck : Elle doit parler de moi, mais j'en ai rien à cirer, de toute façon si elle croit que je...

Lieutenant : Je vais également demander au débile de se taire !

Alain : Alors là, elle doit parler de moi, c'est pas très, très sympa... Je sens qu'au magasin je vais prendre le micro et je vais dire mes quatre vérités à tous les...

Josiane : Alain ! Arrête !

Lieutenant : Nous allons jouer à une devinette, voulez-vous ?

Alain : Oh oui ! J'adore les devinettes !

Lieutenant : Qui peut me dire pourquoi la victime a de nombreuses bosses sur le crâne ?

Alain : Attends je sais ! Attends je sais ! Euh... non je ne sais pas...

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Vivien LHERAUX - Alain ! Arrête ! -

Gérard : Elle était prof de maths. Elle adorait les mathématiques et elle avait donc la bosse des maths... Lorsqu'elle était enfant, elle avait déjà ces bosses sur la tête, ses parents savaient donc qu'elle serait plus tard une professeur de mathématiques. Et... je... je...

Lieutenant : Vous n'avez rien de plus intelligent à me dire ? Mauvaise réponse : vous avez perdu.

Gérard : Désolé...

Franck : Attendez ! Je sais ! Elle s'est cognée plein de fois avec sa canne à pêche ! Ah non mieux : quand on va à la pêche on prend de la bière fraîche et du saucisson. Et comme y'avait pas de poisson, ça l'énervait et elle a pris son sauciflard et elle s'est donnée plein de coups sur la tête pour se calmer (il mime) !

Lieutenant : C'est complètement con... vous avez également perdu. Personne d'autre ne veut jouer ?

Alain : Moi ! Je veux jouer ! Je veux jouer ! Elle était à la pêche, elle a emmêlé sa ligne dans les branches d'un arbre, elle a grimpé dans l'arbre et elle est tombée !

Franck : Ça s'peut pas, y'a plein de bosses ! Ou alors, la ligne était toujours coincée dans les branches et elle est remontée dans l'arbre, elle est tombée, elle est remontée, elle est tombée, elle est remontée, elle est...

Josiane : Arrêtez !

Valérie (sanglote) : Pauvre Mémé...

Lieutenant : Bon, les débiles ont terminé ?... Je vais vous donner la solution.

Alain : Oui ! La solution ! La solution !

Lieutenant : La victime a été sauvagement assassinée avec cette casserole. J'ai remarqué de petits impacts sur le cuivre qui correspondent aux coups portés sur cette malheureuse. Le nombre de bosses sur le crâne correspond exactement au nombre d'impacts sur la casserole.

Franck : Moi je dis bravo ! C'est fortiche ! Bravo !

Alain : Ouais, bof, elle ne nous a pas laissé assez de temps pour trouver la solution...

Amanda : Franck s'il te plaît, laisse travailler le Lieutenant de police.

Gérard : Mais ça ne tient pas debout ! Pourquoi quelqu'un aurait voulu tuer Mémé ?

Lieutenant : Je vous ai dit que j'ai le mobile du crime. Vous le saurez peut-être plus tard, cela dépendra de votre coopération.

Alain : Pff ! C'est même pas du jeu...

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Vivien LHERAUX - Alain ! Arrête ! -

Lieutenant : Le jeu est terminé, je vais commencer...

Alain : Déjà terminé ? Pff ! Il est nul ton jeu JB. T'as des jeux trop nuls ! Il sont nuls tes...

Lieutenant : Lui, il commence à me gonfler sérieusement ! Faîtes-le taire sinon cela va mal se passer !

Gérard : Alain ! Arrête ! Ferme-la ! Tu me gonfles aussi !

Valérie : Oui Alain ! Tu nous gonfles !

Alain : Tant pis pour vous je vais bouder !

Alain s'éloigne et va « au coin ».

Josiane : Mais arrêtez de lui gueuler dessus tout le temps !

Franck : Ouais, faut pas gueuler comme ça ! Y'a quand même une personne toute morte ici ! Merde ! Un peu de respect s'il vous plaît !

Amanda : Franck ! Tais-toi !

Lieutenant : Vos gueules ! Je veux le silence ! Vos gueules ! Je peux commencer mon enquête ? Oui ou non ?... Bon... Je vais vous poser quelques questions très simples. Et croyez-moi, vous avez intérêt à être très précis dans vos réponses ! Bon, je commence par vous (il s'adresse à Gérard): Nom et prénom ?

Gérard : Franck Flanelle, euh... non, Gérard Gravosse, euh... je ne sais plus... Ah si !... Gérard Flanelle.

Lieutenant : C'est la première fois que je rencontre quelqu'un qui ne se rappelle plus de son propre nom ! Vous aussi vous touchez à la drogue ?

Gérard : Mais non voyons ! Mais il fallait me poser la question hier ! J'aurais répondu sans hésiter !

Lieutenant : Vous aussi, vous commencez à me gonfler sérieusement !... Votre nom est donc Gérard Flanelle ?

Gérard : Oui, c'est ça.

Lieutenant : Continuons : vous avez combien de frères et sœurs ?

Gérard : Euh... Vous n'auriez pas une question un peu plus simple ?

Lieutenant : Vous vous foutez de moi ? Vous ne savez pas ?!

Gérard : Euh, non... j'ai deux sœurs, enfin non... si je compte mieux j'ai une seule sœur... mais en fait j'en ai deux... Je peux si vous...

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Vivien LHERAUX - Alain ! Arrête ! -

Lieutenant : Mais oui ! Il se fout de moi ! C'est pourtant simple ce que je demande ! Une ou deux sœurs ?

Gérard : On va dire une.

Josiane : Oui, une.

Valérie : Oh là là...

Lieutenant : Et vous combien de frères et sœurs ? (il s'adresse à Franck)

Franck : Ben... J'sais pas... ça dépend.

Lieutenant : Ça dépend ?

Franck : Ben ouais... J'en sais rien moi ! J'ai jamais compté ! Dis-lui toi Amanda.

Amanda : Il a une sœur. Juste une sœur.

Lieutenant : C'est quand même pas compliqué à compter ! Une sœur ! Et vous pouvez me donner votre nom ?

Franck : Ben... J'sais pas... ça dépend.

Lieutenant : C'est pas vrai... Il est encore plus con que je ne pensais...

Franck : Gérard ou Franck comme vous voulez...

Amanda : Il s'appelle Franck Gravosse.

Lieutenant : Gravosse ? Tiens, ce nom me dit quelque chose...

Alain qui est toujours « au coin » se retourne et dit :

Alain : Et moi ! Pourquoi on ne me demande pas ?!

Valérie : Non Alain, pas toi...

Lieutenant : Je crains le pire... OK combien de frères et sœurs ?

Alain : Attendez je compte ! Je sais compter moi ! Je suis directeur de magasin ! (il compte lentement sur tous les doigts de ses mains)

Lieutenant : Bon alors ? C'est pour aujourd'hui ou pour demain ?

Alain : Ça y est ! je sais ! Y'en a zéro ! Je suis fils unique !

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Vivien LHERAUX - Alain ! Arrête ! -

Lieutenant : Il est encore plus con que l'autre con...

Franck : Zéro, moi j'aurais su ! Pour moi c'était vachement plus compliqué, il y en avait un de plus... Et, moi aussi je sais compter ! Regarde (il compte sur ses doigts) : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 9,10.

Alain : 7 et 8 !

Franck : Quoi ? 7 et 8 ?

Alain : Le 7 et le 8 tu en fais quoi ?

Franck : Ah, non, je n'aime pas ces deux chiffres, ils m'embrouillent la tête. Surtout dans les tables de multiplications, j'ai jamais rien pigé, c'est encore un truc inventé par les intellos pour nous faire...

Lieutenant : Ça suffit ! C'est quoi cette maison de dingues ?! Et l'autre toxico qui ose me dire qu'il est directeur de magasin !

Josiane : Mais c'est vrai, il est directeur mais il a eu de légers...

Lieutenant : Tais-toi ! Euh, taisez-vous ! Je ne vous interroge pas ! Alors cela consiste en quoi le métier de directeur de magasin (elle regarde Alain) ?

Alain : C'est pas très compliqué JB. C'est un peu comme toi, j'ai un micro et je m'adresse à la foule. Toi c'est le public, et moi c'est la clientèle.

Lieutenant : Allons-donc ? Continuez, mais je ne vous permets pas de me tutoyer !

Alain : Comme tu veux JB. Je prends le micro et je dis aux clients de se mettre à poil ! Tous à poil ! Et ceux qui en plus se mettent une plume dans le fion payent moins cher à la caisse ! Yes ! C'est trop génial comme job !

Lieutenant : Alors lui il a bien forcé sur les doses, je ne sais pas ce qu'il prend mais c'est du costaud... Et vous : votre nom et prénom ? (elle regarde Amanda)

Amanda : Je suis Amanda, Amanda Gravosse. Je suis la sœur de Franck.

Franck : Ouais, c'est ma frangine.

Lieutenant : Votre mère s'appelle Gravosse ?

Amanda : Elle s'appelait Gravosse.

Lieutenant : Elle est décédée ?

Franck : Ouais, elle a éclaté.

Amanda : Maman est morte oui.

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Vivien LHERAUX - Alain ! Arrête ! -

Lieutenant : Gravosse est le nom de votre père ou de votre mère ?

Amanda : De maman. C'est le nom de ma mère.

Lieutenant : Et vous (elle s'adresse à Valérie) ?

Valérie (pleurniche) : Oh... Franchement, je suis un peu perdue avec tous ces événements... Pauvre Mémé...

Lieutenant : Je récapitule : votre mari est le frère de Josiane. Vous confirmez ?

Valérie (pleurniche) : Oh... Si vous le dites...

Franck : Ben moi je comprends que dalle...

Lieutenant : Ne vous forcez pas, c'est normal : vos neurones ne vous permettent pas de comprendre l'évidence... Bon... Et vous Monsieur Gérard Flanelle, quel est le nom de votre mère ?

Gérard est perturbé, il mime un nageur qui fait la brasse.

Alain : C'est rigolo, moi aussi je peux nager ?

Alain fait semblant de nager, il est ravi.

Alain : Je nage !

Franck imite Alain, en faisant du crawl.

Franck : Moi je fais du crawl, je vais plus vite que toi !

Alain : On fait la course ?

Lieutenant : Arrêtez ces conneries immédiatement !

Alain : Venez ! Elle est bonne une fois qu'on est dedans ! Allez ! Tous en slip !

Josiane : Alain !

Lieutenant : Toi le camé : ta gueule ! Tu me fatigues !...Vous savez quoi ? C'est vraiment usant de vous interroger... J'ai l'impression de poser des questions simples à une bande de débiles qui est incapable de me répondre clairement... Maintenant que c'est un peu plus clair au niveau de vos identités, je vais vous donner ma version des faits : je vais vous dire comment ce crime s'est passé, mais il est vrai aussi que certains d'entre vous le savent déjà... Je vais donc vous raconter cette histoire sordide.

Franck : Ouah, c'est cool j'aime bien les histoires ! Sordide ça veut dire quoi ? Ça fait flipper ?

Lieutenant : L'affaire est grave ! Gravosse ! N'aggravez pas votre cas !

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Vivien LHERAUX - Alain ! Arrête ! -

Franck : Oh ça va .. Si on ne peut plus rien dire, c'est même plus drôle...

Lieutenant : Écoutez-moi bien maintenant, je ne le dirai pas deux fois. Cette personne que vous appelez « Mémé » est venue chez vous aujourd'hui. Je laisse pour l'instant de côté les raisons de sa visite. Bref, Mémé arrive chez vous, vous avez une dispute violente avec elle. Quelqu'un parmi vous prend cette casserole et la frappe violemment sur la tête. Il s'acharne sauvagement jusqu'à ce que Mémé ne bouge plus : elle est morte. Que faut-il faire pour cacher cet assassinat ? Appeler la police pour signaler un décès naturel ? C'est l'idée qui est d'abord retenue. Madame Flanelle appelle la police pour déclarer qu'une personne vient de mourir d'une crise cardiaque. Et puis pendant l'appel, quelqu'un réalise qu'une autopsie sera certainement faite et qu'il vaut mieux trouver une autre solution. Il faudra sans doute faire disparaître le corps, il fait signe à Madame Flanelle qui est toujours au téléphone. Celle-ci revient sur ses propos, elle annonce à la police que la personne n'est plus morte, il s'agissait juste d'un malaise... Vous soulevez le cadavre qui était certainement sur le sol et l'allongez sur ce canapé, vous le couvrez avec une couverture.

Franck : Ouah ! Elle raconte bien.

Alain : Yes, c'est cool, j'aime bien cette histoire, elle me fait rire.

Josiane : Alain ! Arrête !

Lieutenant : L'un d'entre vous pousse même le vice jusqu'à verser de l'eau sur la défunte, il s'agit sans doute d'un rituel macabre, d'un geste de vengeance. Je mènerai l'enquête.

Alain : Pff.. C'est le champagne du mur...

Lieutenant : Je pense que vous avez bien compris maintenant que vous êtes tous complices de cet odieux assassinat. La Cour d'Assises vous jugera et décidera de votre sort.

Gérard : Mais... Mais ça n'a pas de sens !

Valérie : Mon Dieu... On n'a pas tué Mémé ! C'est horrible !

Amanda : Tout ceci est entièrement faux ! On ne va pas se laisser faire !

Josiane : Il n'y aucune preuve ! Et pour quelles raisons on aurait tué Mémé ?

Lieutenant : Les preuves je les ai. Quant au mobile, je vous le donnerai tout à l'heure, mais je dois d'abord m'absenter pour aller effectuer quelques vérifications. Je vous ordonne de rester dans cette maison pendant mon absence.

Le Lieutenant se dirige vers la porte, l'ouvre, se tourne et dit :

Lieutenant : Au fait, j'avais complètement oublié : Je vous souhaite une très, très, bonne année !

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Vivien LHERAUX - Alain ! Arrête ! -

ACTE 3

Gérard : On est seul ? Tu es sûre ?

Josiane : Mais oui, ils sont tous dans la cuisine.

Franck est accroupi sur un côté du canapé, il se cache et écoute la conversation.Josiane et Gérard ne le voient pas.

Gérard : Quel merdier quand-même ! Quand je pense que hier tout allait bien... Aujourd'hui je n'ai plus le même nom, plus la même mère, plus le même père, plus la même sœur... Il y a un cadavre chez moi et bientôt je serai peut-être en taule...

Josiane : Oui, l'année ne pouvait pas commencer plus mal... Et tu as vu cette famille Gravosse ?! Tu as vu Franck ?! Il est demeuré ! Ses méninges sont en grève, c'est tout juste s'il sait parler.... Et en plus c'est mon frère... mon frère... Je suis dégoûtée...

Gérard : C'est vrai qu'il n'est pas très futé...

Josiane : Tu veux dire qu'il est complètement con !

Gérard : Oui pour être con, il est con. On peut difficilement être plus con.

Josiane : Il incarne la connerie universelle... Je suis affligée... Je n'arrive pas à imaginer que je suis la sœur de ce... de ce... de cette sorte de tube digestif relié à un système nerveux.

Gérard : Tu as raison : il a certainement l'intelligence d'un mollusque...

Josiane : Pourtant je suis prof et je suis donc habituée à entendre des conneries à longueur de journée... Mais lui, il bat tous les records... Je n'avais jamais rencontré des spécimens de son espèce, jamais...

Gérard : Oui, heureusement c'est rare...

Josiane : Il doit être dépourvu de cellules grises, je ne vois pas d'autre explication..

Gérard : Ou alors elles sont gris pale, presque blanches, ou translucides... Josiane : Dire que j'ai des gènes en commun avec lui... Ça me dégoute.

Gérard : Comme quoi la connerie n'est pas forcément héréditaire... C'est sans doute son environnement familial qui l'a rendu aussi débile. Tu te rends compte : si j'avais été élevé par la famille Gravosse je serais peut-être aussi débile que lui aujourd'hui... J'aime mieux ne pas y penser...

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Vivien LHERAUX - Alain ! Arrête ! -

Josiane : Oh arrête c'est affreux !... affreux.

Gérard : Josiane, je ne veux pas faire partie de cette famille ! Je ne veux pas ! Je ne veux pas être le frère d'Amanda, je veux rester ton frère, je veux rester le fils de maman ! Ça me rend dingue cette histoire... Je sais bien qu'on ne peut pas choisir sa mère, mais tant pis, mon choix est fait : maman restera maman.

Josiane : C'est horrible de penser que si tu étais le vrai fils de maman, eh bien, tu ne serais pas toi... tu serais un autre... D'ailleurs on ne peut même pas dire que tu serais un autre, on peut juste dire que j'aurais un autre frère mais qui ne serais pas toi...

Gérard : Oh arrête c'est affreux... affreux.

Josiane : Moi aussi ça me prend la tête cette histoire... Et Amanda ? Qu'est-ce que tu en penses ? J'ai du mal à la cerner... J'ai l'impression qu'elle nous cache quelque chose... Je ne la sens pas trop cette femme, elle semble hypocrite.

Gérard : Ah bon ? Tu crois ? Je pense plutôt qu'elle est un peu comme moi, elle se pose des questions sur son identité familiale... Non, elle me semble équilibrée, intéressante, contrairement à l'autre gros con.

Franck fait un peu de bruit et il fait légèrement bouger une partie du corps de Mémé.

Josiane : Tu as entendu ?!

Gérard : Putain elle a bougé ! Mémé a bougé ! Je l'ai vue !

Josiane : Elle n'est plus morte ?!

Gérard : Ce n'est pas possible ! Elle ne va pas encore se réveiller ! Ça ne va pas recommencer !

Josiane et Gérard s'approchent du corps. Soudain Franck se lève.

Josiane et Gérard : Aaaaah !

Franck : Coucou !

Gérard : Ah le con ! Il m'a fait peur !

Josiane : Ah moi aussi ! J'ai eu si peur !

Franck : J'étais bien caché, hein ?

Gérard : Très bien... Très bien... Ça fait longtemps que tu es là ?

Franck : Depuis le début.

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Vivien LHERAUX - Alain ! Arrête ! -

Josiane : Quel début ?

Franck : Depuis le début de votre discussion.

Gérard : Ah ? …

Franck : Le gros con a tout entendu...

Josiane : Euh... Il ne faut pas faire attention à ce qu'on disait, on est tous très choqués par la mort de Mémé, et il ne faut …

Franck : Toi ta gueule !

Gérard : Non mais ! Ça ne va pas non ?!

Franck : Toi ta gueule aussi !

Josiane : Mais il se prend pour qui l'abruti ?!

Franck : L'abruti il a tout entendu et maintenant c'est vous qui allez m'écouter !

Gérard : Mais ...

Franck : Silence ! Vous croyez peut-être qu'on est venu ici avec ma sœur pour voir votre tronche ?Pas du tout ! On s'en fout de votre gueule ! On vient pour le pognon ! Amanda ! Amanda viens ! Amanda vite !

Amanda, Valérie et Alain entrent dans la pièce.

Amanda : Qu'est-ce qui se passe ?!

Franck : Je les ai entendus, ils parlaient de nous ! Ils disent que je suis con comme un mollusque et ils se méfient de toi, ils disent que tu es une... pocrite !

Josiane : Mais pas du tout, ce n'est pas la question, il faut...

Franck : Elle a dit que je suis un tube digestif gris pale et que je la dégoûte !

Gérard : Et toi ? Tu viens de dire que tu te fous de notre gueule et que tu viens pour le pognon ! Qu'est-ce que ça veut dire ?!

Amanda : Franck ?! Qu'est-ce que tu leur as dit ?

Franck : La vérité ! On vient ici car on a besoin de fric ! Si c'est vrai que je fais partie de votre famille, eh bien je viens toucher ma part !

Valérie : Quelle part ?

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Vivien LHERAUX - Alain ! Arrête ! -

Franck : Ma part d'héritage !

Josiane : Quelle horreur ! Tu n'as pas honte ?!

Franck : Honte de quoi ? Ma vraie mère est morte, je dois toucher un héritage ! Hein c'est vrai Amanda ?

Amanda : Écoutez... Notre mère était très pauvre et lorsqu'elle est décédée elle nous a laissé en héritage uniquement ses dettes, de grosses dettes... Pour Franck et moi, c'est très difficile financièrement. En plus, nous avons toujours vécu dans la misère, on a beaucoup souffert, énormément souffert... Ce serait donc tout à fait normal et juste que Franck hérite de sa vraie mère biologique.

Josiane : Oh ! Les escrocs ! Je ne le crois pas ! Ils sont venus ici pour nous réclamer l'argent de maman !

Gérard : Ce n'est pas possible ! Je rêve ! Dites-moi que je rêve !

Franck : Je veux au moins trente mille euros ! Hein Amanda c'est ça qu'on a dit ? Trente mille euros !

Valérie : Franck !

Alain : Moi aussi je veux trente mille euros !

Valérie : Alain !

Gérard : Mais... Mais, certainement pas ! Tu n'auras rien ! Rien !

Franck : Je veux trente mille sinon je dis tout !

Josiane : Mais il va se taire l'abruti ! Le voleur ! L'escroc !

Franck : Trente mille sinon je dis tout !

Alain : Moi aussi je dis tout !

Valérie : Alain ! Arrête !

Gérard : Tu dis tout ? Mais qu'est-ce que tu veux dire, pauvre con ?!

Franck : Je dirai au Lieutenant que c'est Alain qui a empoisonné Mémé ! Hein Amanda c'est vrai ?

Josiane : Oh l'enfoiré ! Tu n'oserais quand-même pas ?!

Franck : Je vais me gêner ! Trente mille !

Gérard : Mais tu es un maître chanteur ! C'est honteux !

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Franck : Je chante ce que je veux ! Je veux trente mille ! Trente mille !

Valérie : Amanda dites-nous que ce n'est pas vrai !

Amanda : Mais il a parfaitement le droit de toucher sa part d'héritage ! C'est normal ! Pourquoi Gérard a hérité de Marie Flanelle alors qu'il n'est pas son enfant ? Gérard n'a apparemment manqué de rien pendant son enfance. Ce n'est pas le cas de Franck qui lui, n'a pas eu une enfance très heureuse : un père absent, une mère pauvre, il n'a pas pu faire d'étude, il n'a pas toujours mangé à sa faim, il n'a ...

Josiane : Oh ! Arrête, je vais chialer ! C'est quoi ce chantage !? Tu veux qu'on s'apitoie sur son sort ?! Escroc !

Amanda : S'il n'y avait pas eu cet échange de bébé, c'est Gérard qui aurait connu le sort de Franck ! Il doit le dédommager !

Josiane : Oh ! C'est honteux ! Honteux !

Franck : Trente mille sinon je dis tout ! Trente mille ! Je dirai au Lieutenant que vous êtes tous complices ! Vous irez tous en taule ! Bien fait pour votre gueule ! Trente mille !

Gérard : Je vais me le faire ! Laissez-le moi ! Je vais le tuer ! Je vais le massacrer !

Gérard prend la casserole et essaie de frapper Franck, il lui court après. Au même moment la porte s'ouvre et le Lieutenant entre.

Gérard : Je vais le buter ! Le zigouiller ! Le rétamer ! L'anéantir !

Soudain Gérard voit le Lieutenant. Il arrête de courir.

Lieutenant : Eh bien, je constate que les langues se sont déliées... Après un crime collectif, il n'est pas rare que les nerfs lâchent : on veut éliminer les complices gênants... Ne vous occupez pas de moi, continuez, continuez... Pourquoi pas un assassinat de plus ? Les jurés vont se régaler aux Assises.

Gérard : Mais... il y a méprise, je ne voulais...

Franck : Il veut me tuer ! Arrêtez-le ! Arrêtez-le ! Mettez-le en taule !

Lieutenant : Bon, à partir de maintenant tout ce que vous direz ou ferez pourra être utilisé contre vous au tribunal ! Est-ce clair ?

Alain : Tout ce qu'on dit ?

Lieutenant : Parfaitement, tout ce que vous dites.

Alain : C'est cool ! Si je dis que la Lieutenant est plus conne que JB et qu'elle refoule du goulot ce

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sera dit au tribunal ?

Josiane : Alain ! Valérie : Alain ! Non !

Lieutenant : Cela va vous coûter cher ! Très cher ! Ma patience a des limites !

Josiane : Il faut l'excuser, il n'est pas dans...

Lieutenant : On se tait ! On la ferme ! Ok ?... Bon, comme vous le savez, je m'étais absentée afin de procéder à quelques vérifications. Vérifications très utiles d'ailleurs... Est-ce que cela vous intéresse si je vous expose les mobiles de ce crime répugnant ?

Gérard : Mais, il n'y a pas de mobile puisqu'il n'y a pas de crime ! J'en ai marre qu'on nous traite tout le temps de criminels !

Franck : Moi, je ne connais pas ce mot : mobile. Cela a un rapport avec le jeu ?

Lieutenant : Le jeu ? Quel jeu ?

Franck : Vous savez les petits bonhommes en plastique avec des drôles de coiffure.

Alain : Pas du tout un mobile, c'est un téléphone !

Lieutenant : C'est… Expliquez, moi je ne peux pas... ils m'épuisent tous les deux.

Amanda : Franck, le mobile c'est la raison du crime. C'est ce qui pousse un criminel à tuer.

Franck : Ah d'accord ! Dans les films les meurtriers ils tuent toujours pour du fric, ou pour de la drogue, ou parce que le mec il a piqué la nana de l'autre mec, alors le mec il tue le mec qui lui a piqué sa gonzesse, ou alors des fois c'est parce que c'est de l'espionnage et de la magouille politique mais là c'est vachement compliqué parce que ...

Lieutenant : Fermez là ! Taisez-vous !

Amanda : Franck, chut, écoute la police.

Lieutenant : Remarquez, bien que vous soyez un crétin de première catégorie, tout n'est pas tout à fait idiot dans ce que vous venez de dire...

Franck : Ah tu vois ! Pas folle la guêpe !

Lieutenant : Bon... Revenons au mobile...

Alain : Le mobile ! Le mobile ! Le mobile !

Valérie : Alain, s'il te plaît...

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Josiane : Oui, s'il te plaît...

Lieutenant : Je… Je peux expliquer ? Oui ou non ?

Valérie : On vous écoute Lieutenant.

Lieutenant : Mémé est donc venue chez vous un peu avant midi. Elle a ensuite été victime d'un meurtre. Meurtre réalisé avec cette casserole qui a été utilisée comme une arme redoutable. Maintenant, il reste à découvrir le mobile de ce crime : pourquoi l'un d'entre-vous a décidé de tuer cette malheureuse ?

Gérard : J'aimerais bien le savoir ! Car il n'y a aucune raison ! Aucune !

Lieutenant : Il y a toujours une raison... Pour trouver le mobile, il fallait observer attentivement. J'ai donc observé et j'ai constaté qu'une personne se droguait. (Elle fixe Alain).

Alain : C'est moi ? Yes c'est super cool ! Cool ! Cool !

Lieutenant : Il est vraiment lourd lui... Bon, je continue : j'ai aussi remarqué que cette personne (Elle montre du doigt Franck) tenait des propos dépourvus de raison, ses facultés mentales sont faibles, très faibles. Première hypothèse : il s'agit d'un idiot congénital, c'est à dire que pour schématiser, il est né idiot et le restera... Deuxième hypothèse : l'utilisation abusive de drogue a transformé ses neurones en une sorte de... mayonnaise... Bref, la drogue l'a rendu complètement con. J'ai retenu cette deuxième hypothèse.

Amanda : Mais pas du tout !

Lieutenant : Taisez-vous quand je parle !

Alain : Moi, j'aime bien la mayonnaise avec les langoustines !

Franck : Ouais moi aussi, c'est super bon ! J'aime bien avec du beurre aussi ! Et les bigorneaux c'est...

Lieutenant : Vos gueules les drogués ! Vos gueules !

Josiane : Mais ça n'a pas de sens ! Personne ne se drogue ici !

Lieutenant : Je continue mon raisonnement : comme vous le savez, il faut beaucoup d'argent pour se procurer de la drogue. Et lorsqu'on doit de l'argent à un dealer, il vaut mieux le payer rapidement si on ne veut pas risquer sa vie...

Gérard : Je ne comprends rien... Que voulez-vous dire ?

Lieutenant : Dans votre famille, vous dépensiez beaucoup d'argent pour acheter de la drogue. Le dealer est venu vous réclamer l'argent que vous lui deviez. Vous ne pouviez plus payer votre dette. Il vous a menacé, et d'un commun accord, vous avez décidé de le supprimer : plus de dealer, plus de

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dette.

Gérard : Et le dealer serait Mémé ? On aurait tué Mémé car elle nous menaçait ?

Lieutenant : Précisément. Josiane : Mais c'est du grand n'importe quoi !

Amanda : Ça n'a pas de sens !

Valérie : Oh pauvre Mémé...

Lieutenant : Vous l'avez tuée sauvagement pour une sordide histoire de drogue. Le coup classique, ce n'est pas la première fois, ni la dernière, croyez-moi.

Franck : Ben merde alors ! La vieille faisait du trafic de drogue...

Alain : Moi qui croyait qu'elle faisait de la pêche...

Gérard : Vous ne pouvez pas nous accuser sans preuve !

Valérie : Nous connaissions très bien Mémé, vous êtes en train de salir sa mémoire !

Lieutenant : Vous voulez des preuves ? Je vais donc continuer l'histoire de ce crime abjecte. Je vous ai dit que pour mener à bien une enquête, il faut savoir observer. J'ai donc observé également votre maison, et j'ai vu sur ce portemanteau un impair et un chapeau.

Gérard : Et alors ? On n'a pas le droit d'avoir un impair et un chapeau ?

Pour obtenir la fin du texte, veuillez me contacter directement :

[email protected]

Rappel :

La diffusion et l'exploitation de ce texte est interdite.Ce texte demeure la propriété inaliénable de son auteur Vivien LHERAUX.Si une troupe souhaite jouer la pièce ou un extrait de la pièce "Alain ! Arrête !" elle doit en demander l'autorisation à l'auteur.

Franck : Ça veut dire quoi inaliénable ?

Gérard : Ta gueule et pompe !

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Vivien LHERAUX - Alain ! Arrête ! -

Contact : Vivien [email protected]

Nombre de répliques :

Acte 1 Acte 2 Acte 3 TotalGérard 127 65 76 268Valérie 78 41 36 155Josiane 88 51 67 206Alain 51 54 39 144Mémé 29 0 0 29Amanda 0 44 18 62Franck 0 72 60 132Lieutenant 0 58 70 128

Total 373 385 366 1124

Décor (suggestion) :

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Porte d'entrée

Porte de la cuisine

canapé

Table de salon

Téléphone mobile posé sur un guéridon

PortemanteauCasserole en cuivre accrochée au mur

chaises

chaise

chaise

chaise