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«Desfado» Ana Moura vocals Ângelo Freire Portuguese guitar Pedro Soares acoustic guitar André Moreira acoustic bass João Gomes keyboards Mário Costa drums, percussion Autour du monde Samedi / Samstag / Saturday 11.10.2014 20:00 Grand Auditorium

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«Desfado»Ana Moura vocalsÂngelo Freire Portuguese guitarPedro Soares acoustic guitarAndré Moreira acoustic bassJoão Gomes keyboardsMário Costa drums, percussion

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Fado et desfadoAna MouraColine Feler

Le fado…Le fado, genre urbain, naît et grandit dans les bas-fonds de la Lisbonne des années 1820, parmi les voleurs et les prostituées. Ses racines sont, elles, controversées. Carlos Ramos (1907–1969) écrit et chante une Biografia do fado, dans laquelle le fado est présenté comme un homme ivre, un vagabond, de ceux qui «ja-mais n’ont connu leurs parents / Et qui ne sont pas sûrs de leur âge» et «plus voyou que le matelot / Des vieilles ruelles de l’Alfa-ma». Orphelin, le fado part en quête de ses origines et canaille, il s’en trouve de multiples!

La légende raconte que le fado serait le fils du vent. En 1578, le roi Dom Sebastião, dernier héritier légitime de la couronne, meurt lors de la défaite du Portugal au Maroc. On ne retrouve pas son corps sur le champ de bataille mais le sol reste couvert de milliers de guitares. Le vent en fait vibrer les cordes dans le si-lence du désert africain et ramène cette musique de deuil au Por-tugal. D’autres supposent que ce sont les vieux chants de marins qu’on entendait dans le port de Lisbonne déjà au siècle des gran-des découvertes qui ont donné naissance au fado. Les vagues cla-potant contre les coques des navires lui auraient donné son ryth-me. Ou alors son plus vieil ancêtre serait-il le chant des trouba-dours? Ses mélismes (l’ornementation de la mélodie) viendraient- ils des accents de la musique maure qui résonnait dans le quartier de la Mouraria et son rythme, du Brésil?

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L’hypothèse d’une source afro-brésilienne reste la plus proba-ble et la plus documentée. Des témoignages de voyageurs eu-ropéens du 18e siècle rapportent que l’on danse le fado à Rio et à Salvador. La présence de la célèbre chanson «Mãe preta (Barco Negro)» dans les répertoires brésilien et portugais converge vers cette théorie. Cette lamentation d’une nourrice noire obligée de délaisser son enfant pour bercer celui de son maître atteste éga-lement des origines populaires du genre. Cette musique et cette poésie sont celles du destin («fatum» en latin) du marin, du vaga-bond, de l’orphelin, de la chanteuse et même de la religieuse. Le fado se distingue pourtant du ‹destino›. Il exprime l’intériorité et la subjectivité de l’individu, celui qui chante, celui dont l’histoi-re est contée et celui qui écoute. Chacun a son fado.

S’il célèbre Lisbonne, ses ruelles pavées et vertigineuses, ses re-coins sombres et la clarté du Tage, le fado n’en reste pas moins l’expression des tours et des détours de l’âme humaine doulou-reuse et nostalgique, reconnaissante envers la vie et désireuse de mort, amoureuse et haineuse, plaintive et dansante. Ainsi, dans sa singularité il s’adresse au monde, à tous, à nos contradictions.

Ana Moura (photo: Isabel Pinto)

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… et le desfadoAna Moura rend hommage à cette ambivalence dans «Desfado», sur le texte de Pedro da Silva Martins (également auteur de «Não há só tangos em Paris» pour Cristina Branco) «Quer o destino que eu não creia no destino / E o meu fado é nem ter fado nenhum»: «Le des-tin [destino] veut que je ne crois pas au destin / Et mon fado [aussi destin] est de n’avoir aucun fado». Le poème est entière-ment construit sur ce jeu d’antinomies qui participe de l’essence même du fado. Ana Moura interroge le fado, ‹son› fado, dans un texte et sur une mélodie qui émanent de la tradition. Au som-met de sa carrière, elle ose être et ne pas être ‹fadista›. Le «des-» de ‹desfado›, c’est celui qui déstructure la tradition et qui «[signi-fie] qu’il ne s’agit pas de fado pur» comme le déclare elle-même la chanteuse.

Née en 1979 à Santarém, au Portugal, dans une famille pour qui le chant rythme les fêtes et termine les repas, c’est à six ans qu’Ana Moura entonne son premier fado, genre auquel elle s’identifie déjà. Pourtant, c’est avec un groupe de rock qu’elle se lancera comme chanteuse. Sa voix se prêtant particulièrement bien au genre, elle inclut du fado à son répertoire. Elle se spécia-lise après sa rencontre avec Maria da Fé, propriétaire de la mai-son de fado Senhor Vinho où elle est invitée à chanter. Mais elle s’échappe des maisons de fado de l’Alfama, vieux quartier de Lisbonne où l’on écoute hommes et femmes chanter et jouer le fado en buvant un verre de ‹ginga›, cet alcool de cerise si su-cré qu’il brûle doucement la gorge. Elle s’échappe et parcourt le monde, chante avec Mick Jagger en 2007, avec Prince en 2009, collabore avec Caetano Veloso et Herbie Hancock. Elle ren-contre des musiciens de divers horizons et souhaite mêler ces influences au son du fado. Ana Moura ajoute une contrebasse, un piano et une batterie, soit l’emblématique trio jazz, aux tra-ditionnelles guitares qui accompagnent les fadistas (la guitare acoustique aux cordes métalliques et la guitarra portugaise en forme de poire, proche de celle utilisée dans le choro brésilien). Elle rapproche deux cousins en teintant la modalité portugaise d’une harmonie aux couleurs du blues qui relie aussi les deux côtes de l’Atlantique et retrace une histoire de l’esclavage.

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Ana Moura s’aventure également du côté de la folk et reprend «A case of you» de Joni Mitchell. Ce choix n’a rien d’un hasard, nombreux sont ceux et celles qui ont chanté ce titre – pratique-ment un standard –, notamment Cristina Branco en 2005 sur son disque «Ulisses» et Prince en 2002. De plus, l’album «Des-fado», enregistré à Los Angeles, est produit par Larry Klein, ex-mari de la chanteuse folk. Musicalement, «A case of you» n’a rien d’un fado et Ana Moura travaille ses inflexions pour en respecter la sobriété et le style original. L’exercice peut sembler périlleux mais la voix douce et grave de la fadista s’adapte parfaitement à ce registre. Le texte, lui, exploite certaines thématiques de la poé-sie lisboète: l’abnégation face à l’être aimé, l’abandon, le goût doux-amer de l’amour.

Deux autres chansons en anglais ponctuent le nouveau réper-toire qu’élabore Ana Moura dans diverses collaborations, princi-palement avec des artistes étrangers à l’univers du fado: «Thank you» de l’américain David Poe et «Dream of fire», seul morceau écrit par la chanteuse. «Thank you» s’inscrit dans la continuité de «A case of you», folk romantique et douloureuse. Le cœur bri-sé, une femme remercie d’un ton âpre son bourreau de lui avoir donné l’opportunité d’aimer. Pour «Dream of fire», Ana Moura travaille avec Herbie Hancock, puis pour une reprise avec Prince. Il est à la fois surprenant et cohérent que l’unique titre compo-sé par la fadista elle-même soit en anglais. Elle abandonne sa langue maternelle, elle délaisse quelques instants la musique de son enfance pour se replonger dans un univers jazz-rock dans le-quel sa voix grave se fond sans peine.

La plupart des textes restent tout de même en portugais. On y retrouve les grandes thématiques du fado. Ana Moura célèbre Lisbonne et le Tage dans un «Fado alado» («Fado ailé»), une bal-lade lente et sobre qui évoque la fameuse ‹saudade›, terme qu’on ne saurait traduire avec exactitude, elle est la nostalgie, la soli-tude, la distance, le manque, le désir et l’espoir incertain de re-trouver ce qu’on a perdu dans le voyage. Voyage qui, dans «Fado alado», devient l’allégorie de la mort.

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Avec «Havemos de acordar» («Nous devons nous réveiller»), Ana Moura rend hommage au fado lui-même. Cette nécessité «d’in-venter un nouveau fado» pour «aller de ce fado à ton rêve, à mon rêve», elle la chante sur un balancement proche du jazz et l’enregistre avec Tim Ries, le saxophoniste des Rolling Stones, créant ainsi une sonorité complètement étrangère au genre. Cela peut sembler paradoxal, toutefois Ana Moura continue tout sim-plement dans la déstructuration du fado, dans la construction de son fado.

En effet, il s’agit bien de revisiter, recréer quelque chose de neuf avec de l’ancien et non de détruire. «E tu gostavas de mim» («Et tu m’aimais») relie les univers. Le rythme rappelle le caractère dan-sant qu’a parfois le fado mais son tournoiement ternaire contre-dit la tradition de la simplicité du binaire. Le texte établit éga-lement un pont entre le thème éternel de l’amour – «tu m’ai-mais» – et une nouvelle thématique: une liste étourdissante d’in-ventions techniques, du moteur à la sonde envoyée sur Pluton. Cette chanson-passerelle renvoie au ‹fado macau›, style de «Se acaso um anjo viesse» («Si par hasard un ange est venu»), enlevé et dansant, à quatre temps et non plus à trois. La poésie redevient ici plus classique jusqu’à s’emparer des figures de l’ange et du Christ pour finir sur une association du chant et de la religion: «La foi n’a pas de mesure / Le fado n’a pas de raison / Toute vie qui est vécue / Donne plus de vie au cœur.»

Trois autres chansons incarnent le fado d’avant le desfado: «Com a cabeça nas nuvens» («Avec la tête dans les nuages»), «O espelho de Alice» («Le miroir d’Alice» ou quand la folie du fado rejoint celle de l’œuvre de Lewis Caroll) et «A Fadista» («La fadiste») qui est sans doute la plus représentative du goût et du respect pour la tradition d’Ana Moura. Non seulement ce fado est un por-trait musical comme on en trouve tout au long de son histoire («Fado du marin», «Fado de la religieuse», etc.) mais c’est le fado de la chanteuse de fado traditionnelle qui arrive, toute vêtue de noir, son châle sur les épaules, «l’épouse du vice et du péché» au «ton provocateur». Elle commence à chanter «la prière, les pleurs et la prédication» et «en face d’elle, attablé, comme devant une

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déesse, en silence, nous écoutons le fado». Le choix du style ‹pri-mavera›, plus orné, au rythme plus détendu, au tempo plus lent, rappelle les grandes heures de l’icône du fado, Amália Rodrigues chantant – précisément – «Primavera». Ana Moura nous transmet son attachement au fado qu’elle revisite sans jamais vraiment le quitter. Elle se met elle-même en scène peut-être, s’affirmant fa-dista, qu’elle chante de la folk, du jazz, du rock ou de la pop.

Ana Moura tient la promesse annoncée par le titre du disque, elle se défait du fado et y revient, pleine de richesses venues d’ailleurs. Chanteuse avant toute chose, peu importe l’école, peu importe le poids de la tradition qu’elle porte avec aisance, elle déploie des forces nouvelles pour s’approprier toutes les mu-siques qui lui correspondent. Sans rien renier, elle mélange, ex-périmente, défie son propre parcours pour nous conter des his-toires inédites.

Alors, comme on l’annonce à Lisbonne… «Silence! On va chan-ter le fado.»

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«Mysteriös, sinnlich und sehr direkt»Portugals Fado-Star Ana MouraStefan Franzen

Seit dem Tod der Nationalikone Amália Rodrigues hat der por- tugiesische Fado viele Sängerinnen hervorgebracht, die interna-tional enthusiastisch gefeiert werden. Zu den Stimmen, die welt-weit ein Publikum begeistern, zählen jene von Carminho, Mariza und Cristina Branco. Eine andere fällt durch einen cleveren Flirt mit dem Pop auf: Ana Moura stand schon mit den Rolling Stones und Prince auf der Bühne.

2011 empfing er hohe Weihen: Von der Unesco wurde der Fado in der Kategorie «Immaterielles Welterbe» als schützenswert be-funden. Zu Recht: Kein anderer kultureller Ausdruck Portugals verkörpert in so konzentrierter Form die Volksseele des Lan-des. Seine Anfänge liegen rund 200 Jahre zurück, als sich in den Lissabonner Armenvierteln ein musikalischer Hybrid heraus-kristallisierte, über dessen Wurzeln sich Musikologen bis heute streiten. Nährstoffe hat der Fado sowohl Brasilien als auch den Mauren zu verdanken. Die expressiven Gesänge über unstillba-re Sehnsucht, verlorene Liebe, Enttäuschung, Schicksal, Leiden-schaft und Schmerz, aber auch über die Volksbräuche und Jah-resfeste werden begleitet vom klagend-perlenden Timbre der Guitarra Portuguesa – sie gibt dem Fado seine typische Farbe.

Es ist ein Genre, das sich stetig erneuert und für das Portugals Schriftstellerlegende Fernando Pessoa genauso Verse geliefert hat wie heutzutage die zeitgenössischen Lyriker und Buchautoren. In Portugals Nationalikone Amália Rodrigues kulminierte die Fado-

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Kunst über die ganze zweite Hälfte des 20. Jahrhunderts hinweg. Nach ihrem Tod 1999 hat sich eine neue Generation von zu-meist weiblichen Fadistas formiert, die das Nationalerbe bewah-ren – manchmal eher klassisch, immer öfter aber auch mit Ein-flüssen aus Rock, Pop und Jazz. In der Tat schottet sich kaum eine oder ein Fadista unserer Tage von den musikalischen Ent-wicklungen der Popularmusik ab, und genau das macht diesen einzigartigen Gesang überlebensfähig und zeitlos. Ana Moura ist hierfür das Paradebeispiel: Die traditionellen Wurzeln des Fado nutzt sie als starke Basis, um behutsam eine neue Klangsprache zu schaffen.

Vertraute Gefühle, neue ArrangementsMoura wächst in Coruche auf, einer Kleinstadt 60 Kilometer von Lissabon entfernt, und singt schon als Jugendliche leiden-schaftlich gerne. Rock und Pop ist dabei, doch sie frequentiert auch schon die Fado-Kneipen, wo die berühmte Maria da Fé sie entdeckt und flugs für eines ihrer Etablissements in der Haupt-stadt verpflichtet. Da Fé wird zu ihrer Lehrerin, das Schicksal der jungen Vokalistin ist besiegelt. «Ich war immer eine sehr nach in-nen gewandte Person, und vielleicht hat mich deshalb der Fado immer so gefangen genommen, denn er ist mysteriös, sinnlich und sehr direkt», gibt sie im Interview zu. In Maria Da Fés Fado- Haus, dem berühmten Senhor Vinho, trifft die angehende Fa-dista auch auf Jorge Fernando. Der langjährige Begleiter von Amália Rodrigues auf der klassischen Gitarre wandelt fortan an ihrer Seite, als Songschreiber, Produzent und Arrangeur.

2003 startet sie mit ihrem Debüt «Guarda-me a vida na mão» durch und wird in ganz Portugal von Publikum und Kritikern als Überraschung wahrgenommen. Es ist jedoch das Nachfolge-Al-bum «Aconteceu», auf dem sie mit Fernando ihren charakteristi-schen Stil erst richtig ausformt: Sie interpretiert zwar noch tradi-tionelle Fados, bereichert sie jedoch mit innovativen Ansätzen, für die sie auch Songwriter und Sänger aus anderen Genres ins Studio lädt. Ihr Credo:

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Partnerin von Prince und JaggerAna Moura bricht auch in internationale Gewässer auf, gastiert nicht nur im Rest Europas, sondern wird gar in der New Yorker Carnegie Hall gefeiert, und dies als erste portugiesische Künstle-rin überhaupt. Ihr Ruhm eilt bis nach Japan. Ausgerechnet dort kauft ein gewisser Tim Ries einen Stapel Fado-Alben, hört sie durch und bleibt bei Mouras Album hängen – er hat die Stimme gefunden, die er schon lange gesucht hat. Der Saxophonist der Rolling Stones möchte die besten Stimmenkünstler der Welt ver-sammeln und sie für seine Arbeitgeber im «Rolling Stones Pro-ject» zusammenbringen. Und so passiert es, dass die Portugie-sin zunächst zwei Songs für Jagger und Co. einspielt, bald dar-auf Besuch von den Briten in einem Fado-Haus bekommt und schließlich vor 30.000 Zuschauern mit den Altrockern den Song «No expectations» vorträgt. «Ich hatte die Stones mein Leben lang verehrt», sagt Moura, «und das war definitiv einer der größten Momente meiner Karriere.» Die Stones sind jedoch nicht ihr ein-ziger illustrer Kontakt zur Rock- und Popwelt geblieben. Funk-Eminenz Prince aus Minnesota machte sie ausfindig und gesell-te sich 2010 bei einem Festival in Sesimbra zu ihr auf die Bühne, begleitete einige ihrer Lieder mit der Gitarre.

Ana Moura hat ihren Status als eine der Säulen der jungen Fado-Szene neben Mariza und Carminho bekräftigt. Zu ihren Kolle-ginnen möchte sie eigentlich nichts sagen, nur so viel: «Wir sind alle sehr verschieden und haben unsere eigenen Stimmenregis- ter, arbeiten auch in ganz verschiedenen Besetzungen.» Das sti-listisch bislang größte Wagnis stellt Mouras neuestes Werk «Des-fado» dar. Schon der Titel ist eigentlich unerhört, signalisiert er doch, dass hier das Genre «entfadoisiert» werden soll, und kün-digt auf den ersten Blick eine Negation Mouras musikalischer Heimat an.

«Meine Arrangements und die Intros der Stücke sind neuartig gestaltet. Nur so macht es Sinn, Stücke aufzunehmen, die schon tausendmal eingespielt worden sind. Dabei achte ich auch dar-auf, dass ich Texte verwende, die etwas mit der heutigen Zeit zu tun haben. Natürlich wechseln Gefühle nicht von Generation zu Generation. Doch die Art, wie wir damit umgehen, schon!»

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Cleveres Spiel mit Klischees«Oh, wie ich mich danach sehne, mich nach etwas sehnen zu können», singt sie im Titelstück dieses neuen Programms. «Mich nach jemandem sehnen zu können, der hier gewesen ist und nicht existiert, traurig zu sein, nur weil ich mich so wohl und glücklich fühle, mich glücklich zu fühlen, nur weil ich so trau-rig bin.» Clever und doppelbödig spielt sie hier mit den Kli-schees des Fados, demontiert sein überkommenes Bild von dem eines Gesangs, der die Saudade, dieses zentrale Sehnsuchtsto-pos der Portugiesen, in der Vergangenheit zu sehr kultiviert hat. Dieser neue Esprit zieht nicht nur durch die Texte, er hat vor al-lem auch die musikalische Gestaltung ihrer aktuellen Lieder er-fasst. Für die Produktion hat sich Moura Larry Klein ins Boot ge-holt, der vor einigen Jahren mit Jazz-Größe Herbie Hancock ei-nen Grammy gewonnen hat. Der internationale Anstrich wird noch dadurch verstärkt, dass sie ihre Fados in Kalifornien einge-sungen hat. Ihr dunkles Vokaltimbre trägt durch Arrangements, in denen zwar noch eine portugiesische Gitarre fast omnipräsent durchglitzert, die auf ihrer CD aber auch vom Stone-Saxopho-nisten Tim Ries, von Herbie Hancocks Fender Rhodes oder dem ruhigen Bass von David Piltch leben.

Auch in ihren Livekonzerten lässt sie sich zusätzlich zur traditio-nellen Besetzung von Keyboard und Drums unterstützen, um dieses ungewöhnliche Repertoire umzusetzen. Moura interpre-tiert den Klassiker «A case of you» der kanadischen Songwriterin Joni Mitchell, eine getragene Ballade des New Yorker Folk-Mu-sikers David Poe sowie Kompositionen aus der Feder von por-tugiesischen Rock- und Funk-Musikern. Sie geht in erotische Schwüle hinein, kann aber auch mal ganz folkloristisch-tänze-risch daherkommen. Heterogen und wagemutig trotzt sie so dem Fado neue Hörperspektiven ab – und hat ihm mit Pedro Abrun-hosas Schöpfung «Fado Alado» zugleich ein ergreifendes, gerade-zu hymnisches Denkmal gesetzt: «Wir sind ein geflügeltes Volk, ein Volk, das im Fado lebt, mit einer Seele des Andersseins.» Kei-ne größere Liebe gebe es als die für den Fado, so heißt es in den Zeilen, und dann zeichnet der Text das Bild von der Sängerin als einem Zug, der den Gesang durchs ganze Land trägt.

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Gerade in dieser Zeit, da Portugal wirtschaftlich einen schweren Stand in Europa hat, erlebt der Fado als identitätsstiftendes Me-dium eine Renaissance – auch bei einer jungen Generation, die wieder vermehrt in die Konzerte des Nationalgenres strömt und die neuen Fadistas wie Popstars verehrt. Ana Moura ist mit ih-rem offenen Horizont und ihrer frischen Vision eine der Garan-tinnen, dass dies noch lange so bleiben wird.

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InterprèteBiographie

IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII Ana Moura vocalsIl n’y a pas de voix dans le fado comme celle d’Ana Moura, une voix qui explore librement la tradition tout en flirtant en toute élégance avec la musique pop, qui élargit le spectre du fado, une genre si propre à Lisbonne, d’une manière très personnelle. Mais ce qui la distingue, ce n’est pas seulement son ton grave et sensuel, si unique – Ana Moura transforme instantanément n’importe quelle mélodie à laquelle elle prête sa voix, en fado. C’est une étincelle immédiate, une explosion émotionnelle frap-pant impitoyablement le cœur de l’auditeur. Fausto, José Afonso, Ruy Mingas, la musique de l’Angola et le fado. C’est de là que viennent les mélodies qui ont été chan-tées lors des soirées de la famille Moura, à Coruche, lorsqu’Ana Moura était petite fille – elle est née dans une autre ville de la province du Ribatejo, Santarém, en 1979 – et déjà très frian-de de musique. Ses deux parents chantaient, toute sa famille du côté de sa mère chantait et une réunion de famille ne pou-vait s’achever sans une joute chantée. Bien qu’ils chantaient un peu de tout, Ana a commencé à se sentir, sans savoir pourquoi, une prédilection particulière pour le fado. À l’âge de six ans, elle chantait son premier fado, «De Cavalo», et entendait sa mère fredonner «O xaile da minha mãe». Devenue adolescente, elle laisse le fado de côté et s’intéresse à d’autres genres plus en phase avec son âge et les goûts de ses amis du lycée. C’est mue par sa curiosité pour d’autres types de musique, durant ses années d’adolescence – un moment de découver-te et de rébellion – qu’Ana Moura s’installe à Carcavelos, dans

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la banlieue de Lisbonne, à l’âge de 14 ans, pour y achever ses études secondaires. Elle n’est pas venue pour chanter, mais pour étudier, s’inscrire à l’Academia dos Amadores de Música. Elle y forme son premier groupe avec des camarades d’école. Bien qu’elle chante d’autres genres, la voix d’Ana acquiert rapi-dement son ton naturel de fado et, même avec un groupe de rock, elle réussit à inclure un fado ou deux dans son répertoire – le plus souvent «Povo Que laves pas rio», chanté par Amália, qui était alors sa principale influence en matière de chant.

Ana Moura (photo: Isabel Pinto)

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Son expérience avec le groupe à succès, Sexto Sentido, a don-né lieu à la production d’un album pop / rock avec le musicien Luís Oliveira sous le label Universal. Mais l’album n’a jamais été terminé. Le destin a ensuite fait son travail, rattrapant Ana Mou-ra dans un bar à Carcavelos, où elle se laisse aller et chante un fado. Dans le public se trouve le guitariste António Parreira qui, très impressionné, la prend par la main et la présente à plu-sieurs organisateurs de concerts de fado. Puis, lors d’une fête de Noël pour les musiciens et chanteurs de fado, Ana Moura rencontre ces mêmes personnes qui peuplent ses nuits – à par-tir de là, elle est invitée à chanter. Cette fois, c’est Maria da Fé, copropriétaire de la prestigieuse maison de fado Senhor Vinho, qui est saisie par son talent brut. Tout en la félicitant, Maria da Fé l’invite à chanter dans sa maison de fado. Les soirées Senhor Vinho et autres maisons de fado permettent à son chant de mûrir. Jusque-là, Ana Moura chantait le fado en suivant le che-min tracé naturellement par sa voix, suivant son intuition. Dès lors, après avoir reçu l’avis des plus expérimentés – princi-palement Maria da Fé et Jorge Fernando –, elle s’est donnée d’autres raisons de chanter, sans tuer sa spontanéité. Cette passion se révèle d’une manière telle qu’elle a rapide-ment attiré l’attention du journaliste Miguel Esteves Cardoso. Avant que son nom fût connu par les maisons de disques, le journaliste Esteves Cardoso avait amplifié le talent de la nouvel-le chanteuse de fado, après l’avoir vue dans une émission de télévision appelée Fados de Portugal. Et c’est après avoir lu son article enflammé dans Independente que Tozé Brito, directeur général d’Universal, est allé à Senhor Vinho pour découvrir cet-te voix qu’il ne connaissait que de Sexto Sentido. Il n’a pas fallu longtemps avant que Tozé l’invite à enregistrer son premier al-bum. Jorge Fernando a été invité à produire son premier album, «Guarda-me a vida na mão» (2003). Parallèlement à la direction artistique, le musicien est aussi responsable de six chansons sur quinze de l’album, dont l’une est choisie par Ana pour être sa signature – «Sou do fado, sou Fadista» (J’appartiens au fado, je suis une chanteuse de fado). Cette collaboration s’étend aux albums suivants. Dès le début, il est clair que le fado d’Ana

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Moura couvre une gamme d’une étendue rare, avec des gens comme Ciganos d’Ouro et Pedro Jóia, et des instruments com-me le cajon et la guitare flamenco. Mais l’essentiel reste intact: la tradition est d’une importance capitale. La réaction du public et des critiques pour «Guarda-me a vida na mão» a été unani-mement enthousiaste et Ana Moura est devenue la favorite des concerts portugais et, entre-temps, également à l’étranger. «Aconteceu», en 2004, a été la suite logique de son premier al-bum. Il a révélé l’ambition extraordinaire de la chanteuse et a montré la sûreté étonnante de l’artiste sur le chemin qu’elle a choisi: le mariage naturel du fado le plus traditionnel et d’une fa-çon très personnelle de le transmettre qui lui donne un air de contemporanéité. La carrière d’Ana Moura a gagné une telle ampleur qu’elle a abandonné Senhor Vinho pour répondre aux invitations à chan-ter à l’étranger. Elle a ensuite rejoint le casting régulier d’une autre maison de fado, Casa de Linhares – Bacalhau de Molho. Son succès à l’étranger l’a conduite à se produire au prestigieux Carnegie Hall de New York en février 2005. Pendant ce temps, de l’autre côté de la terre, Tim Ries, le sa-xophoniste des Rolling Stones, s’est rendu chez Tower Records à Tokyo, qui déjà cherchait des albums de fado. Son idée était d’inclure un chanteur de fado dans le deuxième enregistrement de son projet avec les Rolling Stones, en invitant des musiciens issus d’autres univers à jouer quelques-uns des thèmes de leur groupe. Il achète alors trois CD, choisis de manière aléatoire, en se laissant simplement guider par son instinct. Pour ce projet, Ana a chanté «Brown Sugar» et «No Expectations». Elle a chan-té plus tard «No Expectations» avec les Stones au stade Alva-lade XXI. Ana Moura se produit ensuite plusieurs fois avec les Rolling Stones. À l’une de ces occasions, à San Francisco, Ries appelle Ana Moura et lui montre une chanson qu’il a compo-sée avec sa voix à l’esprit. Il voudrait que «Velho Anjo» soit in-tégré au prochain album d’Ana Moura, «Para Além da saudade» (2005), après que cette chanson ait reçu une approche plus fado par Jorge Fernando. Une des particularités de «Para Além da saudade» a été la par-ticipation du musicien rare Fausto dans cet album d’un autre

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artiste. Ana, ayant grandi en écoutant la célèbre chanson «Por este rio Acima», a eu le courage de lui demander de composer un nouveau thème pour elle. Un autre invité d’honneur, ayant composé spécialement pour elle, est Amélia Muge. Le mélange des cultures est présent sous la forme d’un duo avec le célèbre chanteur espagnol Patxi Andión. Tim Ries, outre la création de l’une des chansons, a également joué du saxophone sur deux pistes – «Velho Anjo» et «Un Sós com a noite». Récompensé grâce à la chanson «Búzios Os» de Jorge Fernan-do, le succès de «Para Além da saudade» a permis à la carrière d’Ana Moura d’atteindre de nouveaux sommets et l’a conduite à privilégier pour ses concerts deux principaux sites du Portugal, le Coliseu de Lisbonne et le Coliseu de Porto. L’album a égale-ment remporté le prix Amália Rodrigues. Après l’énorme succès de «Para Além da saudade» – resté du-rant 70 semaines au sommet des classements –, le quatrième album «Leva-me aos fados» (2009) est publié et conquiert rapi-dement une récompense de platine. Comme d’habitude, il est produit par Jorge Fernando, les paroles sont de Tozé Brito, Ma-nuela de Freitas, Mário Rainho et Nuno Miguel Guedes, et con-tient un titre original de José Mário Branco. L’album contient aussi une autre composition d’Amélia Muge. «Não é um fado normale» (Ce n’est pas un fado régulier) fait intervenir les Gai-teiros de Lisboa et confirme le chemin unique pris par la chan-teuse, comme l’exprime le titre lui-même. En mai 2009, après une conversation téléphonique, Prince s’envole en personne pour Paris afin d’assister au concert d’Ana Moura à La Cigale. Le 18 juillet 2010, Ana Moura a une fois de plus donné à son récital de fado l’allure d’un grand concert pop / rock, chantant avec Prince des reprises de son spectacle au festival Super Rock Super Bock. Ils réalisent ensemble une version portugaise de «Walk in Sable» et chantent le fado tradi-tionnel «Vou dar de beber à dor». En septembre 2010, Ana Moura a accepté l’invitation de la Radio de Francfort à chanter lors de deux concerts dans la ville alle- mande. En avril 2011, elle chante de nouveau avec un orchestre de jazz dès son retour aux amphithéâtres de Lisbonne et de Porto. Pour Ana Moura, c’est là la consécration de l’année qui

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a vu sa victoire à la cérémonie des Golden Globe portugais, son ascension au sommet des classements du Billboard et d’Amazon et la nomination au titre d’Artiste de l’année dans le magazine anglais Songlines. Quelques mois après, en août, elle a chanté au festival Back2Back à Rio de Janeiro, aux côtés de Gilberto Gil, reprenant «fado tropical» de Chico Buarque. En 2012, Ana a fait une apparition très spéciale dans l’album hommage à Caetano Veloso, avec une version de «Janelas abertas Nº 2», produit par José Mário Branco, annonçant une révolution dans son style. «Desfado», le cinquième album ori-ginal d’Ana Moura, a été publié au Portugal le 12 novembre et l’album représente un tournant dans sa carrière, car il désigne clairement son influence pop et a été produit pour le marché in-ternational – il rassemble cependant aussi un nouveau public portugais. Ana a présenté son nouveau répertoire avec un im-mense succès à travers tout le Portugal. «Desfado» est sorti dans plusieurs pays en 2013. Ana Moura a continué sa tournée nationale et sa carrière internationale a pris un nouvel envol tandis qu’elle effectuait une tournée en Suisse, Allemagne, France, Espagne, États-Unis, au Canada, Royaume-Uni, aux Pays-Bas et en Belgique, entre autres pays. Les racines d’Ana sont profondément ancrées dans le fado, mais avec grand talent et une originalité exceptionnelle.

IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII Ana Moura vocalsThere is no other voice in Fado quite like Ana Moura. A voice that strolls freely through tradition but flirts elegantly with pop music, broadening the spectrum of Fado, so typical of Lisbon, in a very personal way. But what sets her apart is not only the low-pitched and sensual tone, so unique – Ana Moura instanta-neously transforms any melody to which she lends her voice, into Fado. It’s an immediate spark, an emotional explosion aimed ruthlessly to the listener’s heart. Fausto, José Afonso, Ruy Mingas, music from Angola and Fado. Those where the melodies that were sung in the evenings of the Moura family, in Coruche, when Ana Moura was but a lit-tle girl – she was born in another city of Ribatejo province, San-

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tarém, in 1979 – and yet already very fond of music. Both par-ents sung, all her family on her mother’s side sung and any family meeting would end with a singing match. Though they sung a bit of everything, Ana started feeling that, for some reason, she had a special fondness for Fado. At aged six she would sing her first Fado, «Cavalo ruço» and hear her mother humming «O xaile da minha mãe». When she became a teen-ager, Fado was left aside and she became interested in oth-er genres more in line with her age and the preferences of her friends from high school. It is with that curiosity for other types of music, in those teen-age years – a time of discovery and rebellion – that Ana Moura arrived in Carcavelos, in the outskirts of Lisbon, aged 14, to fin-ish high school. She came not to sing but to study, enrolling in Academia dos Amadores de Música. Here she formed her first band with some school friends. Although she would sing oth-er genres, Ana’s voice rapidly gains a natural Fado tone to it and so, even with a rock band, she managed to include a Fado or two in her repertoire – usually «Povo que lavas no rio» by Amália, who was by then her main influence as a singer. Her experience with the cover band, Sexto Sentido, ended up leading to the production of a pop/rock album with musician Luís Oliveira by a Universal label. But the album was never fin-ished. Destiny then played a role, taking Ana Moura to a bar in Carcavelos where she let herself go and sang a Fado. In the au-dience was guitar player António Parreira who, quite impressed, took her by the hand and introduced her to several Fado hous-es. Then, at a Christmas party for musicians and Fado singers, Ana Moura met the very people who would populate her nights from then on, and she is invited to sing. This time, it is Maria da Fé, co-owner of the prestigious Fado house Senhor Vinho, that is taken by her raw talent. Besides cheering her, Maria da Fé also invited her to sing at her Fado house. It is indeed that nightlife in Senhor Vinho and other Fado hous-es that her singing matured. Previously, Ana Moura would sing Fado because of the natural trail of her voice, following her in-tuition. Now, after the advice of the more experienced – main-

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ly Maria da Fé and Jorge Fernando – she has been given other reasons to sing, without killing her spontaneity. That passion reveals itself in such a way that quickly took the attention of journalist Miguel Esteves Cardoso. Before her name was known by the record labels it was the journalism of Esteves Cardoso that amplified the talent of the new Fado sing-er, after he saw her in a TV show called Fados de Portugal. And it was after reading his inflamed article in Independente that Tozé Brito, general manager of Universal, went to Senhor Vinho to witness the voice he knew only from Sexto Sentido. It didn’t take long before Tozé invited her to record her first album. Jorge Fernando was invited to produce her debut album, «Guar-da-me a vida na mão» (2003). Alongside the artistic direction, the musician is also responsible for six out of fifteen songs in the album, one of which is taken by Ana as her signature theme – «Sou do Fado, sou Fadista» (I belong to Fado, I am a Fado sing-er). The collaboration between the two extended to the fol-low-up albums. From the beginning, it was clear that Ana Mou-ra’s Fado had a rare wide range, featuring people like Ciga-nos d’Ouro and Pedro Jóia, and instruments like cajon and Fla-menco guitar. But the essence remains untouched: tradition is of key importance. The reaction of the public and the critics to «Guarda-me a vida na mão» was unanimously enthusiastic and Ana Moura became an immediate feature in Portuguese con-certs and, in time, also abroad. Aconteceu, in 2004 was the logical sequence to her debut al-bum. Being a double record it revealed the singer’s extraordi-nary ambition and showed the amazing sureness on her chosen path: the natural marriage between the more traditional Fado and a very personal way of giving it an air of contemporaneity. Ana Moura’s career began to gain such momentum that she abandoned Senhor Vinho, in order to accommodate the invita-tions to sing abroad. She later joined the regular cast of anoth-er Fado house, Casa de Linhares – Bacalhau de Molho. Her suc-cess abroad took her to perform at the prestigious Carnegie Hall in New York in February of 2005. Meanwhile, on the other side of the world, Tim Ries, The Rolling Stones’ sax player, entered Tower Records in Tokyo, looking for

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Fado albums. His idea was to include a Fado singer in the sec-ond record of his Rolling Stones Project, inviting musicians of other genres to play some of the band’s themes with himself. He bought three CDs at random selection, guided only by his in-stinct, and it was love at first hearing. For the project, Ana sang «Brown Sugar» and «No Expectations». She later performed «No Expectations» live with the Stones at the Alvalade XXI sta-dium. From then on, in several occasions, the tours of Ana Moura and The Rolling Stones met. In one of these occasions, in San Francisco, Ries called Ana Moura and showed her a song he composed with her voice in mind. «Velho anjo» would then be included in her next album, «Para além da saudade» (2005), after being given a more Fado approach by Jorge Fernando. One of the special features of «Para além da saudade» was the rare participation of the musician Fausto in an album by anoth-er artist. Ana, having growing up listening to the performers’ fa-mous song «Por este rio acima», summoned up the courage to ask him to compose a new theme for her. Another special guest, composing specially for herself was Amélia Muge. The mixture of cultures was present in the form of a duet with fa-mous Spanish singer Patxi Andión. Tim Ries, besides authoring of one of the songs, also played the sax in two tracks – «Velho anjo» and «A sós com a noite». Thanks to the song «Os búzios» by Jorge Fernando, the suc-cess of «Para além da saudade» reached new levels in Ana Moura’s career and eventually led to the privilege of singing in the two main venues in Portugal, the Lisbon and Oporto Colise-ums. The album also won the Amália Rodrigues award. After the huge success of «Para além da saudade» – which had spent 70 weeks at the top when the fourth album «Leva-me aos Fados» (2009) was released – quickly reaching platin-ium status. As usual it was produced by Jorge Fernando with lyrics by Tozé Brito, Manuela de Freitas, Mário Rainho and Nuno Miguel Guedes, as well as an original by José Mário Branco. The album has also another composition by Amélia Muge. «Não é um Fado normal» (It’s not a regular Fado) features Gaiteiros de Lisboa and confirmed the singer’s unique path, expressed in the title itself.

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In May 2009, after a phone conversation, Prince flew especially to Paris to witness Ana Moura’s charming performance at La Ci-gale. On the 18th of July 2010, Ana Moura once again took Fado to a great pop/rock concert, singing with Prince on the encore of his show at the Super Bock Super Rock festival. Together, they performed a Portuguese version of «Walk in Sand» and the traditional Fado «Vou dar de beber à dor». In September 2010, Ana Moura accepted the invitation of Frank-furt Radio Bigband to sing in two concerts in the German city. In April 2011, by invitation, she once again sang with the Jazz orchestra in her return to the Lisbon and Oporto coliseums. For Ana Moura it was the celebration of the year that saw her vic-tory at the Portuguese Golden Globe awards, her ascension to the top of Billboard and Amazon and the nomination of Artist of the Year in the English magazine Songlines. Some months af-ter, in August, she sang at the Back2Back festival in Rio de Ja-neiro, together with Gilberto Gil, performing «Fado tropical» by Chico Buarque. In 2012 Ana made a very special guest appearance in the trib-ute album to Caetano Veloso, with a version of «Janelas aber-tas Nº 2», produced by José Mário Branco, and prepared a revo-lution in her music. «Desfado», Ana Moura’s fifth album of origi-nals, was released in Portugal on the 12th of November and the album represents a turning point in her career, as it clearly de-notes her pop influence, and was produced for an internation-al market, but appealing to a new Portuguese audience as well. Ana presented her new repertoire with tremendous success at sold out venues all over Portugal. «Desfado» was released in several countries in 2013. Ana Mou-ra continued her nationwide tour and began her international one performing in Switzerland, Germany, France, Spain, USA, Canada, the UK, the Netherlands and Belgium, among other countries. Ana’s roots are deeply embedded in Fado, but with her excep-tional talent and uniqueness, the sky is the limit.

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IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII AUTOUR DU MONDE Prochain concert du cycle «Autour du monde»Nächstes Konzert in der Reihe «Autour du monde» Next concert in the series «Autour du monde»

Mercredi / Mittwoch / Wednesday 05.11.2014 20:00Salle de Musique de Chambre«Aduna»Malick Pathé Sow & Bao Sissoko Malick Pathé Sow vocals, hoddu, guitarBao Sissoko kora, backing vocalsSerigne Thiam calabashTalike Gelle voice

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