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RCE MPS – SL

L’entomologie légale

Histoire de l’entomologie légale

2012

Auteurs :Annabelle Lemonnier et Sophie de Reguardati, enseignantes de Physique-Chimie

Lucilia sericata, © Alvesgaspar

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Les insectes et la mort Les représentations de la mort associées à des insectes sont récurrentes. Une tablette d’argile datant d’il y a 3600 ans, retrouvée en Mésopotamie, porte la mention « mouche bleue » et mouche verte » en cunéiforme. Le Livre des Morts de l’Égypte antique contient des formules pour repousser les nécrophages, voire pour fabriquer des insecticides, afin de préserver les momies. Quelques millénaires plus tard, l’égyptologue Champollion (1790-1832) observe des petits scarabées entre les doigts d’une momie. La pullulation des mouches nécrophages est d’ailleurs l’une des dix plaies d’Égypte (Exode 8:20-32).

Le vocabulaire pour dénommer les insectes et la mort est parfois mêlé. Le nom de famille Sarcophagidae fait référence à la pierre utilisée pour les sarcophages et signifie « qui consomme les chairs ». En effet, les Égyptiens attribuaient à cette pierre un pouvoir d’accélération dans la décomposition des cadavres. D’autre part, on désigne souvent le diable par « Belzebuth » qui est en fait un terme d’origine phénicienne et hébreuse dérivée de « Baal Zebub » qui signifie maître des mouches.

La genèse de l’entomologie légale ➜ Un premier rapport écrit par un homme de loi chinois Sung Tzù date du XIII siècle :

Au XVIIIe et XIXe siècles, durant des exhumations en France et en Allemagne, les médecins légaux observent que les corps enterrés sont habités par des arthropodes qui participent à la putréfaction.

En 1767, Carl von Linné fait la déclaration que « trois mouches détruiraient un cheval aussi vite qu’un lion ».

Le Dr Orfila (1787 - 1853) écrit de nombreux ouvrages de médecine légale, il détermine dans un ouvrage « traité pour l’utilisation des exhumations », différentes espèces d’insecte d’un cadavre.

➜ 1855 : Le docteur français Bergeret publie le premier rapport d’entomologie judiciaire incluant une estimation de l’intervalle post mortem (IPM : intervalle entre le décès et la découverte du corps). Il étudia le cadavre d’un enfant nouveau-né dans une cheminée où il s’était momifié sous l’influence d’un milieu chaud et sec.Quatre familles de locataires avaient vécu dans cette maison pendant trois ans, la détermination de la date du décès pouvait donc renseigner sur le coupable. Il tente de déterminer l’époque du décès par la présence de nymphes et de larves, et par l’étude de leurs métamorphoses. Il disculpe ainsi dans son rapport 3 familles mais évoque le peu de connaissance encore dans ce domaine. Rétrospectivement, son rapport s’avère inexact dû aux manques de connaissances de l’époque concernant la succession d’insectes et leurs métamorphoses. Il pensait certaines

“Un homme est trouvé poignardé près d’une rizière. Le lendemain, l’enquêteur demande à tous les paysans de déposer leurs outils de fauche. Des mouches sont attirées par un seul outil présentant des minuscules traces de sang invisibles à l’œil nu. Ainsi confronté, le meurtrier confesse son crime.”

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espèces univoltines, (une génération annuelle) alors qu’elles ne l’étaient pas.

➜ 1878 : Le professeur Brouardel (titulaire de la chaire de médecine légale) est chargé par un juge d’instruction de procéder à l’examen d’un corps trouvé dans un terrain vague rue Rochebrune. Il s’adresse au professeur Edmond Perrier (directeur du Muséum d’histoire Naturelle de Paris), et à Pierre Mégnin (vétérinaire, entomologiste). L’étude entomologique montre que le corps a été déplacé récemment dans le terrain et la date du décès est estimée un an plus tôt. Après 15 ans de collaborations sur une vingtaine d’expertises médicolégales, J.P. Mégnin publie en 1894 : « La faune des cadavres : application de l’entomologie à la médecine légale. »

Dans cet ouvrage il expose sa théorie des vagues d’insectes appelés escouades en distinguant les cadavres librement exposés, et les cadavres enterrés. Le livre traite de l’identification des insectes à travers des dessins montrant l’anatomie globale pour des formes larvaires et adultes d’un certain nombre de familles.

Extrait de « La faune des cadavres : application de l’entomologie à la médecine légale. » par Mégnin ©gallica.bnf.fr/Bibliothèque nationale de France

Première escouade deuxième escouade

P. Mégnin a inspiré d’autres études en Europe, Canada et aux Etats Unis développant l’entomologie médicolégale.

• Après la seconde guerre mondiale, l’entomologie médico-légale pris son essor :

A partir de 1947 avec notamment M. Leclercq (médecine, entomologiste à l’institut Médico-Légal de Liège Belgique) .Chargé de travailler sur une affaire d’homicide, son étude entomologique, confirma l’enquête et permis de disculper deux personnes suspectées. P. Nuorteva en Finlande, M.I. Marchenko en Russie ont également publié de nombreux travaux traitant des insectes nécrophages.

• Ces dernières années, les progrès des connaissances sur la Systématique et la Biologie des insectes, les recherches et expériences dans le domaine de l’entomologie légale les résultats des expertises, ont fait de cette science, un outil de plus en plus pris en compte dans les tribunaux du monde entier, orientant des enquêtes ou constituant des preuves de plus en plus probantes.

Des conférences internationales réunissant des chercheurs spécialisés en entomologie judiciaire sont organisées par des organismes tel que l’European Association for forensic entomology ( EAFE) ou the North American Forensic Entomology Association (NAFEA).

Au Etats Unis, depuis 1980, le Fédéral Bureau of investigation (FBI) a mis en place une cellule spécialisée. Au Canada une unité d’entomologie légale s’est créée en 1988.

En France, depuis 1992, l’IRCGN l’Institut de Recherche Criminelle de la Gendarmerie Nationale possède un laboratoire d’entomologie.

© gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

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