AUROVILLE, le rêve a CINQUANTE ANS · auroville, le rêve a cinquante ans rs101_p060-065_auroville...

6
AUROVILLE, le rêve a CINQUANTE ANS RS101_p060-065_AUROVILLE POUR SR_OKSR.indd 60 11/12/2017 19:15

Transcript of AUROVILLE, le rêve a CINQUANTE ANS · auroville, le rêve a cinquante ans rs101_p060-065_auroville...

Page 1: AUROVILLE, le rêve a CINQUANTE ANS · auroville, le rêve a cinquante ans rs101_p060-065_auroville pour sr_oksr.indd 60 11/12/2017 19:15

AUROVILLE, le rêve a

CINQUANTE ANS

RS101_p060-065_AUROVILLE POUR SR_OKSR.indd 60 11/12/2017 19:15

Page 2: AUROVILLE, le rêve a CINQUANTE ANS · auroville, le rêve a cinquante ans rs101_p060-065_auroville pour sr_oksr.indd 60 11/12/2017 19:15

GOLDEN EARTH Coeur de la cité,

le Matrimandir est entièrement dédié

à la méditation.

Ils sont partis vers l’Inde en combi VW à la fin des sixties pour construire la “cité idéale” – sans dogme, sans argent, sans propriété privée ni police. Cinquante ans après, où en sont leurs ambitions

et leur rêve d’une communauté nouvelle ? Visite au cœur d’une utopie encore en marche.

Texte et photographies par CA MILLE SA FÉRIS

AUROVILLE, le rêve a

CINQUANTE ANS

RS101_p060-065_AUROVILLE POUR SR_OKSR.indd 61 11/12/2017 19:15

Page 3: AUROVILLE, le rêve a CINQUANTE ANS · auroville, le rêve a cinquante ans rs101_p060-065_auroville pour sr_oksr.indd 60 11/12/2017 19:15

A

Ja n v i e r-F é v r i e r 201862 | Rol l i ng St on e | rollingstone.fr

auroville a cinquante ans. à la fois expérience spirituelle et rêve beatnik d’un nouveau modèle d’humanité, la “cité de l’au-rore” a vu le jour en février 1968 dans la foulée du Summer of Love, sous l’impulsion de “la Mère”, une Française installée dans la ville voisine de Pondichéry auprès du maître Sri Aurobindo. De toutes les tentatives com-munautaires initiées dans les années 60 ou 70 et liées à un idéal d’égalité, Auroville est quasiment la seule à avoir tenu jusqu’à ce jour. Mais ne vous attendez pas à visiter un village de vacances du Club Med où on joue de la guitare en fumant de la ganja, ou à un campement d’ascètes jeûnant du matin au soir : c’est exactement le contraire ! Loin du cliché d’une meute de vieux hippies ou d’ar-tistes plasticiens fl ashés façon Burning Man, cette zone forestière de 25 kilomètres carrés (dont 10 déjà réalisés) est un endroit étrange et bouillonnant, centré sur l’expérimentation active, l’incarnation concrète d’un projet hors normes qui prône un retour vers la terre et une transformation de la vie – “À quoi bon avoir créé ce monde si c’est pour le fuir ?”, affirmait Sri Aurobindo. Ici donc, chacun travaille et a d’intenses relations avec l’exté-rieur. Lucides et plutôt déterminés, les Aurovilliens construisent des maisons qu’ils équipent d’éoliennes et de panneaux solaires, enseignent, méditent, font du sport, cultivent du bio, inventent des machines à fi ltrer l’eau, fabriquent des ordinateurs ou de l’artisanat

AUROVILLE

© C

AMIL

LE S

AFÉR

IS

SRI AUROBINDO, MAÎTRE À PENSER Philosophe, poète et auteur de nombreux livres, Sri Aurobindo fut un leader activiste du mouvement pour l’indépendance de l’Inde. Né à Calcutta en 1872, il fait ses études à Cambridge. Durant un bref passage en prison, il découvre sa vocation spiritualiste. Expérimentant des états de conscience “au-delà du Nirvana”, il comprend que son combat n’est pas contre un peuple pour la libération d’un pays, mais pour la libération de l’homme. En 1910, cherchant à échapper à l’occupant anglais, il se réfugie dans la petite cité côtière de Pondichéry (Tamil Nadu) bordée par le golfe du Bengale, à l’époque un comptoir français en Inde. Entouré de quelques adeptes (ils seront bientôt des milliers) et épaulé par “la Mère”, future inspiratrice d’Auroville, Aurobindo développe une approche nouvelle du yoga, le “yoga intégral”. Celui-ci part du principe que l’homme actuel, imparfait, est un être de transition vers une nouvelle espèce qui peut décider de collaborer à son évolution, via l’éveil de sa conscience et de ses capacités spirituelles. La plupart des penseurs d’aujourd’hui œuvrant pour populariser la méditation de pleine conscience (Eckhart Tolle, Thich Nhat Hanh…) sont des héritiers plus ou moins assumés de Sri Aurobindo, qui reste pour nombre d’Occidentaux une figure incontournable des spiritualités orientales.

(bougies, poteries, bijoux, vêtements…). Jour après jour, ils créent une forme de société “différente”, écologique, pacifi que et autosuf-fi sante, à la manière d’un kibboutz géant qui aurait traversé plusieurs générations pour continuer à rêver d’un autre monde, comme dirait Jean-Louis Aubert – d’ailleurs un habi-tué de l’endroit. Oui, nous sommes bien en 2017, et le rêve ne fait que commencer.

Cette cité est d’abord un lieu de tous les pos-sibles. La charte fondatrice, déposée lors de l’inauguration le 28 février 1968 dans une urne de marbre en forme de lotus, contenait 124 poignées de terre représentant autant de pays membres de la communauté internatio-nale (l’Unesco reste aujourd’hui un partenaire attentionné). À l’époque, la Mère décrivait ainsi le projet : “Il doit exister sur Terre un endroit inaliénable qui n’appartiendrait à aucune nation, un lieu où tous les êtres de bonne volonté, sincères dans leurs aspira-tions, pourraient vivre librement comme citoyens du monde en obéissant à une seule autorité, celle de la vérité suprême.” Pour séjourner ici, il faut donc être prêt à devenir un “serviteur volontaire de la conscience divine”. Mais aussi s’efforcer de casser les murs érigés ailleurs entre êtres humains, pays, langues et cultures. Cette “cité idéale”, d’où toute religion est com-plètement bannie, se veut un lieu de libre recherche né pour servir d’exemple, un pont entre le passé et l’avenir. “Vu l’état actuel du monde et la violence faite à la planète, il faut le voir comme une expérience qui a un rôle à jouer, qui peut montrer qu’une autre façon de vivre est possible”, confi rme un pionnier. La démonstration, évidemment imparfaite, est souvent décriée. Cité d’avant-garde qui “n’ap-partient à personne mais à toute l’humanité”, Auroville est aussi un lieu de contradictions où tous les coups sont permis, tous les abus recensés. Certains profitent du système, détournent l’idée, créent des entreprises à but

lucratif ou tentent de développer un tourisme malvenu. On a même entendu parler d’af-faires de drogue et de v iols. Pour les habitants, ça n’est pas étonnant : “C’est un laboratoire vivant qui fait évoluer sans cesse sa propre architecture, humaine et maté-rielle. Rien n’est parfait ni sans défauts, et le projet se cherche encore…” La partie habitée, composée de 80 hameaux communautaires répartis en une spirale de cinq zones, était conçue pour abriter 20 000 personnes venues du monde entier. Cinquante ans après, elle ne compte que 2 500 résidents permanents. Faut-il considé-rer cela comme un échec ? “Cinquante ans ce n’est pas long au regard de l’ambition de départ. C’est un début et, chaque année, de n o u v e a u x c a n d i d a t s s ’ i n s t a l l e n t . Heureusement, nous avons du temps devant nous !” À ceux qui voient Auroville comme une secte (bien qu’il n’y ait aucun “guide” pour donner des consignes ou faire des discours), l’Aurovillien sourit : “Ce qui défi nit une secte, c’est qu’il est très facile d’y entrer et très dur d’en sortir. Ici, c’est exactement l’inverse.”

C onsidéré comme l’âme de la cité, le Matrimandir (littéralement “Temple de la Mère”), sphère de béton en forme de balle de golf

géante couverte de pétales d’or, se trouve au centre d’Auroville. Construit par l’architecte français Roger Anger, ce curieux édifi ce au look futuriste fait penser à la Géode de la Villette, dont il possède les dimensions exactes. Mais ici, point de cinéma panora-mique – quoique ! Il s ’ag it d’un l ieu entièrement dédié à la méditation et fréquenté au quotidien par les résidents (quelques rares plages horaires sont réservées aux visiteurs). L’intérieur du temple, d’un blanc immaculé, vous plonge dans un silence absolu et une paix intense, avec une esthétique sixties qu’on croi-rait tout droit sortie d’un James Bond ou d’un épisode du Prisonnier. Via deux rampes cir-culaires, on pénètre lentement dans la chambre de méditation, une grande salle plantée de douze colonnes de marbre. Au sommet, un trou surplombé d’un miroir exté-rieur suit le trajet du soleil pour renvoyer la lumière sur une énorme bille de verre placée au centre de la salle : c’est le focus idéal pour calmer son mental et “trouver le chemin”. On en ressort transformé, apaisé, comme touché de l’intérieur par une grâce nouvelle… Il est peu probable qu’aucune autre cité au monde ait jamais conçu en son cœur, à la place de son hôtel de ville, un lieu comme celui-ci, dédié à la seule méditation. L’objectif assumé est un changement de conscience global pour l’hu-manité, par la méditation, mais aussi le travail physique. “Si vous avez une vieille compré-hension du monde, essentiellement matérielle, vous aurez du mal à comprendre ce qui se fait

RS101_p060-065_AUROVILLE POUR SR_OKSR.indd 62 11/12/2017 19:15

Page 4: AUROVILLE, le rêve a CINQUANTE ANS · auroville, le rêve a cinquante ans rs101_p060-065_auroville pour sr_oksr.indd 60 11/12/2017 19:15

DREAM ON…(1) Le Matrimandir est l’œuvre de

l’architecte français Roger Anger. (2) et (3) Méditations devant le Matrimandir.

(4) Anita, 16 ans, élève à la New Era Secondary School d’Auroville.

(5) Méditation collective sous le grand banyan tree centenaire (arbre sacré

en Inde), considéré comme le centre symbolique d’Auroville.

1

2

3

5

4

RS101_p060-065_AUROVILLE POUR SR_OKSR.indd 63 11/12/2017 19:15

Page 5: AUROVILLE, le rêve a CINQUANTE ANS · auroville, le rêve a cinquante ans rs101_p060-065_auroville pour sr_oksr.indd 60 11/12/2017 19:15

PEOPLE OF EARTH(1) Accueil des visiteurs sous la hutte de la Sadhana Forest. (2) La communauté

autosuffisante utilise des panneaux solaires pour son électricité. (3)Jonas, Français né à Auroville, aura 18 ans cette année.

(4) Méditation devant le golfe du Bengale. (5) Une fois par an, le “bonfire” réunit plus de 3"000 méditants. (6) L’atelier

de l’artiste Pierre Legrand.

1

3

54

2

6

RS101_p060-065_AUROVILLE POUR SR_OKSR.indd 64 11/12/2017 19:15

Page 6: AUROVILLE, le rêve a CINQUANTE ANS · auroville, le rêve a cinquante ans rs101_p060-065_auroville pour sr_oksr.indd 60 11/12/2017 19:15

Ja n v i e r-F é v r i e r 2018 rollingstone.fr | Rol l i ng St on e | 65

© C

AMIL

LE S

AFÉR

IS

ici”, prévient Bernhard, un ingénieur alle-mand qui vient tous les ans. Le but est de tendre à l’évolution intérieure, de devenir plus humains. “Face aux problèmes du monde, il est évident que nous devons tra-vailler ensemble, être plus ensemble. Beaucoup de gens se battent depuis des mil-liers d’années, mais ça ne sert à rien : il faut parvenir à un nouvel État.” À la question de savoir si le fait de méditer, collectivement ou non (pour les anniversaires, ils sont parfois 3 000, réu n i s en s i lenc e de va nt le Matrimandir) peut concrètement changer quelque chose sur la planète, la réponse est pleine de promesses : “La méditation, si vous n’y croyez pas, ça marche aussi !” Certains pionniers d’Auroville qui ont construit de leurs mains les premiers bâti-ments en 1968 y vivent toujours aujourd’hui. D’autres ne font que passer, ou y séjournent pour se ressourcer quelques mois par an – malgré la mer et la forêt tropicale, il fait facilement plus de 40 °C entre avril et août ! Ce qu’ils viennent chercher ici ? Quelque chose qui n’existe pas ailleurs, de “plus grand” et “plus vrai” que la vie normale. Être au contact de cet imperceptible feeling typiquement aurovillien (pour “incarner l’unité humaine”), c’est déjà faire un premier pas sur le chemin spirituel. “Je suis à l’aise ici. Je me sens chez moi et je n’ai pas envie d’être ailleurs”, nous confi e Jesse, une septuagénaire Californienne installée à Auroville depuis 1997. “On y vient parce qu’on est attiré par une découverte de soi, pour trouver la paix intérieure et l’expri-mer dans une réalisation, de façon créative.”

A utre grande fi gure du lieu, le peintre et sculpteur Pierre Legrand est un artiste singulier. Arrivé en Inde à l’âge de 25 ans

avec une quête intérieure, il rencontre la

Mère, travail le dans l’ashram de Sr i Aurobindo comme menuisier, imprimeur et professeur d’art, puis s’y installe dans une hutte de chaume en 1977. À cette époque, tout est encore à créer. Le terrain désertique doit être régénéré, il faut ériger des moulins à vent et ouvrir fermes et laiteries. Pierre Legrand participe activement à ces chantiers, tout en développant son travail artistique. Bientôt, il crée un alphabet codé et des œuvres de formes multiples sur tous supports (toiles, totems, installations en bois, fils de coton ou plas-tique, sculptures sphériques en acier, cordages, tuyaux…). Son style à base de taches multicolores et de paysages abstraits, chroma-tiques ou non, rappellent les pointillistes ou l’art aborigène. “Comme eux, je peins pour comprendre la vie, mettre à nu l’incroyable complexité du monde matériel et de l’invi-sible.” L’atelier de Pierre Legrand est une impressionnante maison à l’architecture avant-gardiste, une des plus anciennes de la cité. Construite en béton et en verre, elle a été spécialement étudiée pour laisser entrer la lumière si particulière de la région, qui y des-sine des jeux d’ombres abstraits changeant au fi l de la journée. Ici, l’éducation est une priorité absolue. Santosh, professeur à la New Secondary School, est passionné par les préceptes édu-catifs de la Mère et de Sri Aurobindo. “Chaque élève a quelque chose en lui de divin, de per-sonnel, c’est une chance de perfection qu’il peut accepter ou refuser. Voilà le but de l’éducation : aider l’âme grandissante à exprimer ce qui est le meilleur en elle.” La cité compte beaucoup d’écoles (gratuites), aussi bien pour les rési-dents que pour les enfants des villages tamouls environnants, avec lesquels elle entretient des rapports étroits. Évidemment, ce ne sont pas des écoles comme les autres : chaque élève est autonome, totalement

responsabilisé. Il se construit lui-même son rythme d’apprentissage et choisit ses profs, il n’y a pas de rapport de force ou de hiérarchie, pas de notes ou d’examens. L’enfant grandit donc au sein de l’école avec ses qualités propres. Cette approche assez révolution-naire de l’enseignement a largement infl uencé les méthodes Steiner ou Montessori, plébis-citées en Occident. L’écologie est aussi au centre des préoccupa-tions. La Sadhana Forest s’occupe par exemple de reforestation. Fondée en 2003, cette com-munauté végane autosuffi sante est un projet écologique fascinant. Sur 70 hectares de terres arides et désertiques à proximité d’Auroville, quelques dizaines de volontaires sont parve-nus en un temps record, grâce à l’invention d’un ingénieux système d’irrigation, à replan-ter une forêt tropicale luxuriante permettant une autonomie de vie énergétique et alimen-taire. Adeptes de la permaculture, ils transforment 100 % de leurs déchets en engrais et n’utilisent aucun produit venu de l’extérieur. Animés par un esprit “d’unité humaine”, ils ont déjà créé des antennes à Haïti et au Kenya pour venir en aide à des populations sous-alimentées. À Sadhana Forest, on croise de vieilles vaches en liberté, à la retraite. “Elles ont tout donné durant toute leur vie : leur lait, leurs veaux… À nous désor-mais de leur donner de l’amour !”

Y a-t-il une hype autour de la “cité idéale” ? Pour nombre de résidents, la conjonction entre l’âge d’or des hippies et la création

en 1968 de cette ville, projet avant tout spi-rituel, est une simple coïncidence. Mais il y a actuellement, c’est indéniable, un revival qui tourne un peu à la tendance lourde. “Ça fait partie du jeu, admet Bernhard. Si des gens viennent ici parce que c’est à la mode, ils sont les bienvenus ! Qui sait ? En séjournant ici, ils seront peut-être touchés par quelque chose de plus profond. Il faut laisser chaque indi-vidu faire son expérience.” De fait, bien que l’Occident ne soit pas encore sur le chemin de la spiritualité, il existe un élan vers la méditation de pleine conscience, aux États-Unis comme en Europe. Hier c’était le bodybuilding, aujourd’hui c’est plu-tôt le hatha yoga. Alors, cinquante ans après, cette cité est-elle toujours une chance pour l’avenir de l’humanité ? “Tant qu’on négligera la dimension spirituelle de la vie, on ne résoudra rien du tout. On a essayé de résoudre le problème de l’extérieur : ‘Le socialisme ne marche pas, utilisons le capi-talisme, le capitalisme ne marche pas, utilisons le communisme…’ Non ! Tant qu’il n’y a pas un vrai changement de conscience, rien ne va changer !” À Auroville, l’utopie a peut-être 50 ans, mais son idéal, lui, est com-plètement d’actualité.

AUROVILLE

LA MÈRE, LE DISCIPLE ET LA POP MUSIC Le 2 avril 1969, un disciple rend visite à la Mère dans son ashram de Pondichéry. Il lui parle des Stones, des Beatles, de ce que tous ces “hippies révoltés” contre la société viennent chercher en Inde. Dans cet extrait de L’Agenda de Mère, il évoque face à celle-ci le nouveau mouvement musical à la mode, la “pop” : — Tout l’ancien monde est balayé. C’est le commencement de quelque chose qui s’exprime d’une façon très barbare. L’idée est d’essayer de toucher ces gens-là, de les brancher sur Auroville. Parce que les Stones ont des millions et des millions de suivants (de fans, ndlr), un pouvoir sur les foules formidable.— Les gens de cette musique, ce sont les mêmes qui prennent des drogues ?— Sans aucun doute. Ils ont la perception que le monde est en révolution et que l’on arrive dans un monde nouveau, que toutes les vieilles conventions sont à balayer. Il n’y a aucun conformisme d’aucune sorte, ils sont ouverts à tout, avec une certaine bonne volonté. Ce sont eux – ou un groupe du même genre, les Beatles, qui sont allés voir ce Mahesh Rishi dans l’Himalaya.— Et alors ?— L’idée de ce yogi était les “méditations transcendantales”. Il les a fait venir pendant un mois chez lui. Évidemment, au bout de quinze jours ils s’embêtaient, ils n’en pouvaient plus!! — Le malheur est que tous ces gens prennent leurs désirs pour des inspirations… Ce qu’il faut, c’est ne plus avoir de désirs !

RS101_p060-065_AUROVILLE POUR SR_OKSR.indd 65 11/12/2017 19:15