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Directrice de la publication :Marie-Louise DUBOIN

Recherche et documentation : René MARLIN

Diffusion et relations extérieures : André PRIME

*Rédacteurs (tous bénévoles) :les abonnés qui le souhaitent.Les manuscrits sont choisis

par le comité de lecture et ne sont pas renvoyés.

*Impression : TIPE, R. PERNEL11, rue du Progrès, Montreuil.

Commission paritaire N°57434.Diffusé par les N.M.P.P.

AUAU SOMMAIRESOMMAIRE DEDE CECE NUMERONUMERO ::

* EDITORIALL'échec de l'Europe

par M-L DUBOIN

* ACTUALITES

page 4 A Berlin-Est:Le sort d'une grève

En Suisse:L'éthique avant le fric!

page 5 Et maintenant?par A.PRIME

page 7 Lu,vu,entendu

* REFLEXIONS

page 9 Stratégiespar R.MARLIN

page 11 Cette “clef” qu'est l'économie distributive

par A.PRIMEpage 12 Environnement

Des chiffres pour faire réfléchirpage 4 La publicité et le progrès

par A.CHANTRAINEpage 4 La politique du yoyo

par H.MULLER

* COURRIER pages 14 et 15

* RESUME DE NOS THESESpage 16 L'ECONOMIE DISTRIBUTIVE

page 3

*BLOOC-NOTES page 13

TARIF DES ABONNEMENTS ANNUELS

France.....................................................................110 FFAbonnement d'essai (6mois) ....................................65 FFAbonnement de soutien......................................... 155 FFAbonnement de propagande : ..... 5 n° mensuels.175 FF.....................................................10 n° mensuels 220 FFEtranger..................................................................140 FF

(Par avion nous consulter)Règlements :par C.C.P. " La Grande Relève ", n° 13 402.39 M Parispar mandat ou par chèque bancaire à l'ordre de :

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ééééddddiiii ttttoooorrrr iiiiaaaallllL’ÉCHEC DE L’EUROPE

par Marie-Louise DUBOIN

LA GRANDE RELEVE N °897

uelle aubaine cette guerre duGolfe ! C’était vraiment lafête, après l’annonce des pre-

miers bombardements, ce 17 janvier1991,dans toutes les Bourses dumonde. Celle de Paris a crevé leplafond : +7 %. Tandis que le prixdu pétrole faisait une chute specta-culaire. Les économistes, tous dis-tingués bien sûr, n’avaient évidem-ment pas prévu celà, bien aucontraire. D’ailleurs, ils n’en sontpas encore revenus!Pour nous c’est, hélas, une éclatan-te confirmation de plus non seule-ment du fait que, de façon générale,ce qui est bon pour la Bourse nel’est pas forcément pour lespeuples, contrairement à ce queprétendent les tenants du libéralis-me, mais aussi du fait que la guerredu Golfe n’a pas pour motivationessentielle le Droit du peuple duKoweit, comme on aimerait le croi-re.Cette “croisade” est d’abord des-tinée à combattre la récession auxEtats-Unis et à rétablir, si possible,leur hégémonie économique,sérieusement menacée par leJapon, par l’Allemagne, et mêmedans certains domaines, par despays récemment développés.L’aveu en a été fait cyniquement parJames Baker en une phrase quenous avons déjà citée ici-mêmedans notre dernier numéro “Pour-quoi la guerre? En un mot, pour lesemplois” .La preuve en est encoreapportée par le Monde. Le 3 janvier,ce journal titrait “Les Etats-Unisen récession” et en montrait lesconséquences effrayantes, entreautres l’augmentation record de lacriminalité en 1990 où 2200 per-sonnes ont été tuées à New-York,483 à Boston, 522 à Philadelphie,959 à Los Angeles .Le 6 janvier, je

QQQQ le cite :“Chômage aux Etats-Unis.Le plus haut niveau depuis juillet1987. Entre juin et décembre 1990,le nombre des sans-emploi a aug-menté d’un million... L’économieaméricaine a perdu 515.000emplois pour l’ensemble du 4e tri-mestre 1990”. Tandis qu’en premiè-re page on notait le même jour :“Les bons comptes des banquesallemandes malgré le coût de l’unifi-cation”.Voilà bel et bien le véritable mobilede l’épouvantable guerre qui vientde commencer. Alors, qu’on nenous raconte pas que James Bakerétait déçu de n’avoir pas réussi ànégocier à Genève avec Tarak Azizpour éviter la guerre : il ne le voulaitpas ! Il a joué la comédie.Que pouvait-on faire, alors, pourarrêter ces va-t-en guerre? L’inva-sion du Koweït ne peut pas êtretolérée, ni plus ni moins que n’auraitdù être toléré l’écrasement d’autrespeuples, les Palestiniens, lesKurdes ou les Libanais. Puisqu’enfinil parait que les changements inter-venus à l’Est offrent à l’ONU la pos-sibilité de jouer le rôle qui devraitêtre le sien, il fallait que les 28 paysqui se sont mis d’accord pour exigerde Saddam Hussein son retrait duKoweït élargissent leur résolution enexigeant aussi une conférence inter-nationale sur le Moyen Orient desti-née à reconnaitre les Droits de tousles peuples de cette région. C’est ceque F.Mitterrand a proposé à l’ONUdès le mois de septembre. Ce sontles Etats-Unis, sous la pression deslobbies qui les dirigent et d’Israel quis’y sont opposés. Celà n’a pas étéassez souligné. Et celà explique lemanque de conviction de Perez deCuellar dans son ultime mission debons offices.

Et l’Europe s’est écrasée…Elle avaitpourtant un rôle essentiel à jouer,en faisant valoir une volonté de jus-tice et de négociation entre les nou-veaux “blocs”. Il lui fallait trouver laforce de persuasion nécessairepour imposer cette volonté. Elle ena été incapable. L’union fait la force,dit-on. Or il n’y a pas d’union euro-péenne. Chaque pays n’a pas deplus grand souci, dans la compétiti-vité qui y domine toutes les pen-sées, que de tirer profit, pour soiseulement, de l’Europe en projet.On aurait voulu un Parlement euro-péen capable d’exprimer le désir depaix et de justice des peuples, onaurait voulu voir un Président del’Europe capable de dénoncer lesfauteurs de guerre où qu’ils soientet leurs véritables motivations,capable en un mot de faire entendrela voix de la sagesse au sein del’ONU.On n’a rien vu de tout celà. L’Euro-pe a été incapable de faire entendrela voix de la raison parce qu’ellen’est pas unie. Et c’est ainsi que laFrance s’est retouvée seule pourtenter, et celà jusqu’à la dernièreminute, d’éviter la guerre en prenantl’initiative d’un plan de paix qui com-portait à la fois le retrait du Koweïtpar l’Irak ET la tenue d’une conféren-ce internationale. L’intransigeancedes Etats-Unis s’est opposée irré-médiablement à cette entreprised’un pays qui ne peut faire le poidsseul en face d’eux.

En attendant, nous n’avons plusque la guerre pour faire échec àl’ambition hitlérienne d’un SaddamHussein doté des moyens mo-dernes de destruction que nousavons contribué, par intérêt, à luiprocurer.

3

AAAAuuuu bbbboooonnnn llllooooggggoooo

Nous publions dans ce numéro neuf propositions de logo et slogans envoyés par nos lecteurs. Certainesdatent de plusieurs dizaines d’années…et beaucoup se réfèrent de façon un peu démodée à une corne d’abon-dance. Dites-nous si l’une de ces propositions (la première a été publiée dans notre numéro précédent) vous aséduit. ou envoyez-nous des propositions meilleures avec des slogans encore plus percutants.

A vos méninges!

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aaaaccccttttuuuuaaaallll iiii ttttééééLE SORT D’UNE GREVE

4 LA GRANDE RELEVE N° 897

u début de novembre, les che-minots de l’ancienne RDA ontfait une grève…Tous les trains

étaient arrêtés pour deux jours.Mesure syndicale extraordinaire. Il ya 270.000 cheminots dans ce terri-toire, 95 % ont voté pour la grève,majorité rare dans une initiative syn-dicale. Les cheminots demandaientune augmentation de leurs salairespour atteindre 50 % des salairesdes cheminots de l’Allemagne del’Ouest. Actuellement, ils ont 30 %de ces salaires et ils veulent arriverà la moitié. Une demande bienmodeste. Malgré cela, le gouverne-

AAAA ment de Bonn a vigoureusementcondamné la grève et mobilisé l’opi-nion publique contre les cheminots.La pression était tellement forte queles cheminots ont dû abandonner lagrève sans résultat. On leur a pro-mis de discuter la question dans unan. Tout de même, la grève montreque les formes scandaleuses del’annexion de la RDA ne restent passans réponse des travailleurs. Pro-bablement est-ce le signal degraves conflits sociaux dans ce terri-toire.

Karl RITTER

LA POLITIQUE DU YOYO

e prix du pétrole augmente ? LesCompagnies engrangent les dollars

à la pelle. Il diminue ? Elles engrangentle produit pour des temps meilleurs,réduisent l’allure de leurs tankers. Ledollar monte ? La vie renchérit. Lesspéculateurs pavoisent. Les populationsgémissent. Il chute ? Une bonne affairepour les pays endettés. La ruine pour lagent exportatrice. Les prix s’envolent ?Le commerce hisse le grand pavois.Les acheteurs se serrent la ceinture. Ilss’effondrent sous l’effet de l’abondance? Agriculteurs et éleveurs descendentdans la rue, arrêtent les trains et cas-sent la baraque. Les faillites se précipi-tent. Le chômage progresse. La mon-naie se dévalue ? Les épargnants per-dent leur chemise. Elle se réévalue ?C’est au tour des endettés de vendre laleur.Ainsi va l’économie de marché et deprofit. Une économie de funambule à larecherche d’un équilibre toujours pré-caire. L’insécurité à perpète.

Henri MULLER

LLLL

Nous avons reçu de Berlin-Est le témoignage suivant:

LA PUBLICITE ET LE PROGRES

La publicité freine l’évolution del’humanité.

Elle ne rend pas service puisqu’elle est au service de

l’argent et du profit.

Mensongère et servile, elle conditionne,abêtit et asservit

les hommes, les femmeset les enfants.

Elle n’est pas informative, maisdéformative.

Elle défend l’accessoire au détriment de l’essentiel.

Elle va à l’encontre du véritable pro-grès économique et social.

La preuve :Avez-vous déjà vu de la publicité

en faveur de la Justice et de la Paix ?

Albert CHANTRAINE

Une grande première:L’ÉTHIQUE PASSE AVANT LE FRIC

a “Banque alternative” (BAS) ouvre ses guichets ce matin à Olten. Le“PBH” (paysage bancaire hélvétique) s’enrichit ainsi d’un établissementqui se veut cependant différent de tous les autres : laBAS ne cherche

pas de bénéfice maximum. La banque souhaite n’accepter que de l’argent“propre” et accorder des crédits à des conditions avantageuses pour desprojets éthiquement défendables, a-t-il été souligné à Olten.Le déposant de fonds auprès de la BAS doit non seulement en déclarer l’ori-gine et confirmer que ces fonds ont été imposés, mais aussi accepter unintérêt très bas. Par exemple, la banque servira un intérêt de 3,5 % sur uncompte d’épargne, ou 4,25 % sur une obligation de caisse de deux à cinqans. Pour le client, c’est le prix de la bonne conscience. En effet, il pourraêtre sûr que son argent sera utilisé selon des exigences éthiques rigou-reuses pour des projets de type social ou écologique.Une différence idéologiqueLa banque s’écarte donc, idéologiquement, des autres banques, surtout desgrandes banques. En conséquence, elle renonce aussi à des services ban-caires classiques tels comptes-salaires, paiements, bourses, mandats degestion de fortune, petits crédits et leasing. Elle n’a pas de comptes à numé-ros et entend présenter des bilans “transparents comme du verre”, a préciséle président du conseil d’administration Hans Ulrich Schudel.La BAS démarre avec un capital-actions de 9,5 millions de francs. Labanque travaille selon le principe de la couverture globale des coûts et réali-se des gains en vue de la constitution de réserves, du renforcement du capi-tal propre et la formation de provisions. Pendant les cinq premières années,un dividende sera versé, selon un taux correspondant à celui offert pourl’épargne. Les craintes, émises au départ, que la BAS ait de la peine à placer les fondsde ses clients, se sont estompées, a noté un membre de la direction,Andreas Ragaz. La banque a déjà reçu plus d’une centaine de demandesde crédits, dont la moitié, soit quelque 50 millions de francs, répondent auxcritères idéologiques de la BAS et sont recevables.Plusieurs crédits ontd’ailleurs déjà été octroyés.Les projets candidats à un crédit de la BAS se concentrent actuellement sur-tout dans le domaine hypothécaire, en particulier dans la construction delogements. Une première hypothèque est actuellement fournie au taux de6,25 %. (Tribune de Genève, 28 octobre 1990, Transmis par D. Bloud)

LLLL

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aaaaccccttttuuuuaaaallll iiii ttttéééé ET MAINTENANT ?

par André PRIME

LA GRANDE RELEVE N °897

l y a quelques années, JeanBoissonnat (1) écrivait :”Il fautanalyser la crise comme une

période de transition qui peut durerun quart de siècle”. Autrement dit,jusqu’à l’an 2000. D’ici là, il peutdonc se passer encore beaucoup dechoses.Pendant trois années (1987-89), leséconomies des pays riches, en crisedepuis près de quinze ans, avaientretrouvé une croissance et des pro-fits dignes des “trente glorieuses”.Peu importait que ce soit au prixd’un désastre social. Les plus opti-mistes pouvaient penser que c’étaitreparti... comme en 45.Las, dès 1990, les choses segâtent. La morosité resurgit et lesperspectives pour 1991 sont plutôtsombres : croissance voisine dezéro aux Etats-Unis - qui ont donnéle “la” - , de 1 à 2 % dans les autrespays, exception faite du Japon et del’Allemagne qui ne semblent pas“touchés” par la récession (2).Le chômage qui n’avait pas vrai-ment régressé pendant les troisannées d’euphorie, s’accroit à nou-veau (train de licenciements chezBull, Thomson, Renault en France); les déficits commerciaux s’alour-dissent, les investissements ralen-tissent, l’inflation sévit en Angleter-re, aux Etats-Unis. L’industrie est laplus touchée.En 1989-1990, on n’en finissait pasde saluer la fin du communisme etle triomphe du libéralisme, baptiséplus communément “économie demarché” qui, dans la bouche ousous la plume de ses hérauts, n’estautre que l’euphémisme de capita-lisme.

***Pour mémoire, rappelons quelqueslignes de la prestation de cet obscurconseil ler américain, FrancisFukuyama, prestation qui a fait untabac parce qu’elle venait à pointpour servir “la cause” : “En deuxsiècles, un consensus s’est bâtiautour du libéralisme, désormaisconsidéré, en politique comme enéconomie, comme un systèmeviable et souhaitable. C’est cetteadhésion à la démocratie libérale en

IIII tant que forme ultime de gouverne-ment que j’appelle “la fin de l’Histoi-re”...Cette évolution est arrivée àson terme dans les états libéraux etdémocratiques issus des révolu-tions française et américaine et fon-dés sur les principes de liberté etd’égalité. (...) Il est clair qu’en Occi-dent, la lutte des classes est dépas-sée. L’égalitarisme de l’Amériquemoderne incarne dans ses grandeslignes cette société sans classesdont rêvait Marx”.Or, que constate-t-on au terme del’année 1990 ? Le communisme -mais aussi dans la foulée le socia-lisme - est à peine “enterré” (encorequ’on veuille ignorer qu’il reste ungros morceau : la Chine) ; le capi-talisme est à peine au faîte de sagloire que déjà, de plusieurs côtés,le doute s’instaure : car rien n’estsimple, rien n’est joué.Pour s’en tenir à la France, à la“une” de l’Evénement du Jeudi du29 novembre , on peut lire : “Aprèsle naufrage du communisme et lafaillite du socialisme, demain lacrise du capitalisme”. Et sans pointd’interrogation.Et Le Monde du 27 novembre cha-peautait ainsi un très long articled’E. Balladur : “Avant qu’il ne soittrop tard. Le monde est menacé parune crise monétaire et financièregrave qui rend urgent un nouvelordre international”.Voici quelques extraits, parmi lesplus significatifs, de l’article de E.Balladur : “Personne ne peut croireque la situation actuelle, caractéri-sée par une trop grande différenceentre le volume des sommes trans-férées d’une place à l’autre et levolume des capitaux réellementnécessaires pour le financementdes échanges commerciaux et desinvestissements sera durable... Sans verser dans un pessimismeexcessif, on peut craindre que nousne soyons dans une situation tellequ’à tout moment le moindre inci-dent financier détruise, par uneréaction en chaine incontrôlable, leprogrès et la stabilité du monde... Pourtant l ’urgence me paraîtd’autant plus grande que le monde

développé n’est peut-être pas dura-blement sorti de la crise écono-mique, qu’il doit aujourd’hui faireface au redressement des pays del’Est et au sauvetage de la plupartdes économies du tiers-monde,sans parler des nuages qui s’amon-cellent sur la situation financière desEtats-Unis et du Japon...Prenons garde ! Si le monde devaitconnaître une crise monétaire etfinancière grave qui détruirait saprospérité, c’est un libéralisme quise serait montré incapable de sediscipliner et de s’ordonner qui enserait rendu responsable, et alorsrenaîtraient immanquablement lestentations étatiques qui font l’essen-tiel du socialisme...”.

***Les différents articles de l’Evéne-ment du Jeudi sur la crise du capita-l isme se situent dans un autreregistre : “ C’est le capitalisme quia enfanté le socialisme en réactionà ses turpitudes et c’est le socialis-me qui, en retour, par la terreur qu’ila suscitée, a permis au capitalismede se régénérer par la réforme.D’où la question bizarre qui vienttout de suite à l’esprit : le capitalis-me n’a-t-il pas perdu avec le socia-lisme un de ses éléments régula-teurs ? Dès lors, i l n’y a plusd’autre comparaison possible quecelle de soi avec soi, du capitalismeavec lui-même. En face de lui ne sedresse plus “l ’autre”, mais sonpropre double grimaçant, tel que l’amodelé peu à peu la nouvelle crois-sance des inégalités, des précaritéset des exclusions...Demain des émeutes programméesde Katowice ou de Poznan, Brati-slava ou Budapest, ne seront plusdes insurrections anticommunistes,mais des explosions internes ausystème libéral. Il faudra donc gérerce qu’il suffisait jusque là de stigma-tiser. Le capitalisme désormaisn’est plus innocent de rien... Donc,nous sommes revenus au point dedépart. Il n’y a plus deux systèmes,il n’y en a plus qu’un”.C’est assez bien vu : le capitalismese retrouve face à ses proprescontradictions. Dire que nous

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les nouvelles luttes, les nouveauxrégimes anticapital istes ? Peuimporte, ce qui compte, c’est la réa-lité des combats. Mais le capitalisme

a tort de croire que le beau mot desocialisme est rayé de l’histoire. Non, M. Fukuyama, “l’égalitarismede l’Amérique moderne n’incarnepas cette société sans classe dontrêvait Marx” (elle en est très, trèsloin) ; non, M. Fukuyama, les deuxsiècles de luttes depuis la Révolu-tion de 1789 n’auront pas servi detremplin pour assurer le triomphedéfinitif du capitalisme.Déjà, les pays de l’Est qui ont foncétête baissée dans l’économie demarché, type capitalisme intégral,sont inquiets : le chômage galope,la drogue, le vol, le crime s’instal-lent. La liberté et la démocratie, ver-sions occidentales, ne sont pas leparadis. Loin de là (3).

En France, le gouvernement “socia-liste” qui gère au mieux le capitalis-me comprend sa douleur : grèves,violence, chômage en hausse.

Pour nous, distributistes, aumoment où tous les partis sont enpanne de “Grand dessein” et de sur-croît discrédités, c’est le moment oùjamais d’accroître notre action : lesocialisme, l’économie distributifsdoivent apparaître de plus en pluscomme la seule solution globale etharmonieuse : urbanisme, écologie,éducation, emploi pour tous avecsalaires en augmentation constante,paix. Ce n’est pas le moment de baisserles bras. ——-(1) Le même Jean Boissonnat, dansl’Expansion du 11 janvier 1990, écrivait: “Jamais autant d’hommes nés dans lesconditions du Moyen-Age ne serontmorts éclairés à l’énergie nucléaire,transportés à la vitesse du son, infor-més instantanément de ce qui se passeà l’autre bout du monde par un écraninstallé dans leur salle à manger....Cependant l’homme et les sociétésrecherchent d’autant plus le sens deschoses que ces dernières changent plusvite. Voilà bien la question que le XXesiècle transmet au XXIe”.(2) Sans doute parce que ces deuxpays, sans négliger l’activité financière,ne se sont pas contentés d’une “écono-mie-casino” et ont développé une activi-té industrielle et exportatrice sérieuse etsoutenue.(3) “Le pire des systèmes à l’exceptionde tous les autres” disait Churchill

sommes “revenus au point dedépart”, c’est inexact en ce sensque l’Histoire reprendra sa marcheen avant en tâchant d’éviter derenouveler les mêmes erreurs.Un autre article de l’Evénement,signé A. Chambraud, offre un autreéclairage :“ Paradoxe de l’Histoire, ilsemble au contraire que nousentrions dans une période qui seramarquée par une socialisation crois-sante de la planète, pour des rai-sons non pas circonstancielles,mais durables et de fond... Il vadonc falloir nous habituer à l’idéeque le capitalisme n’est pas notremaître, mais seulement un instru-ment, parmi d’autres, du progrès.Irremplaçable sans doute pour régu-ler l’économie marchande ordinaire,il n’est pas opérationnel pour le reste...”.En résumé, la faillite du communis-me tel qu’il a évolué et a été appli-qué ne consacre pas, contrairementà ce que pense Fukuyama, la fin dela lutte des classes. Au contraire.Celle-ci doit être envisagée commebeaucoup plus vaste : le secteur“négatif” de la société duale secrétépar la dernière crise du capitalismeva se mettre en marche. Noussommes peut-être à l’année zérod’une nouvelle lutte gigantesque àl’intérieur des pays riches et auniveau nord-sud.La lutte va repartir à un nouveaupalier, avec une nouvelle donne,variable selon les pays, les grandsgroupes de la planète. Ainsi, si laguerre du Golfe avait lieu, l’islamis-me serait une composante majeurede cette lutte (il l’est déjà sans cela).Quel nom - quels noms - prendront

Un socialisme à visage humainndré Prime vient de publier sous ce titre une brochure de 40 pages(21X15 cm) correspondant, avec quelques développements, autexte de la cassette proposée dans nos derniers numéros. Il se pro-

pose de vendre la cassette et la brochure ensemble au prix de 70 F, ou labrochure seule au prix de 20 F l’exemplaire, 55 F les trois, 85 F les cinq ou160 F les dix.Toutes les personnes qui ont déjà commandé une cassette recevront bien-tôt une brochure gratuite, de même que tous ceux qui commanderont lacassette avant la fin du mois de mars prochain.Rappelons que la cassette a été enregistrée pour vous dispenser de fairevous-même la “conférence-maison” et lancer le débat lorsqu’ayant réuniquelques amis, vous souhaitez les amener à réfléchir et discuter sur lacrise du capitalisme et l’économie distributive. Son prix franco est de 50 F.Envoyez, à l’adresse du journal , vos commandes et chèques à l’ordre deAndré Prime.

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aaaauuuu bbbboooonnnn llllooooggggoooo

proposition N°2 proposition N°3ces deux dessins, très colorés, ont beaucoup perdu dans la reproduction

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lllluuuu,,,,vvvvuuuu,,,,eeeennnntttteeeennnndddduuuu

LA GRANDE RELEVE N °897

Y VIENDRAIENT-ILS?L”Evénement du Jeudi”,(29-11-1990), publie un dossier intitulé demanière suffisamment explicite :“Après le naufrage du communismeet la faillite du socialisme... Demainla crise du capitalisme” Outre desaffirmations contestables, et pourcause, telles que “les errements ducapitalisme ne peuvent être jugés àaucune aune, toutes ses alterna-tives sont en ruine”, l’hebdomadairene découvre rien que nous n’ayionspas déjà dénoncé. Néanmoins ilconstate que le capitalisme est inca-pable de résoudre à la fois les pro-blèmes limités dans l’espace de laconcentration urbaine et à l’autrebout, ceux de la protection de la pla-nète. Dans une interview illustréepar une photo de Wall Street en1929, L. Stoleru affirme “Si les capi-talistes ne sont pas imposés, il yaura un jour une nouvelle révolutionpopulaire” et il ajoute : “Le chôma-ge d’aujourd’hui est lié à la révolu-tion technologique ; on peutaujourd’hui produire tellement pluset tellement mieux qu’il est difficiled’uti l iser beaucoup de main-d’oeuvre, même avec un taux decroissance élevé. Il y a sans douteun nouveau modèle d’emploi à ima-giner, mais aucun pays n’a encoreréussi à le mettre au point. Si vrai-ment il fallait parler d’un danger quimenace l’économie de marché,c’est bien celui-là. Le reste, les pro-blèmes financiers et autres, on lerésoudra”.L’EDJ cite M. Allais : “L’économiemondiale tout entière reposeaujourd’hui sur de gigantesquespyramides de dettes, prenant appuiles unes sur les autres dans unéquilibre fragile. Jamais dans lepassé une pareille accumulation depromesses de payer ne s’étaitconstatée. Jamais sans doute, iln’est devenu plus difficile d’y faireface...Jusqu’ici un effondrement apu être évité, mais il devient de plusen plus dificile de faire face à desdéséquilibres que personne n’estréellement capable de contrôler etde maîtriser. En fait, i l n’existeaucun exemple dans le passé où undéveloppement aussi inconsidérédu crédit et de l’endettement ne sesoit pas finalement terminé par uneffondrement”.

Y-M Laulan (économiste, anciendirecteur des études économiquesde l' OTAN) affirme “Le vrai capita-l isme ne doit pas autoriser lesrentes de situation et le systèmeest malade lorsque l’on constate undé-calage entre le taux de crois-sance de l’économie réelle et letaux de croissance de l’économiefinancière. La condamnation auxEtats-Unis de l’ex-roi des junkbonds Michael Milken, la chute deMargaret Thatcher en Grande-Bre-tagne, les difficultés d’Alain Minc,patron de Cerus, en France, sonttrès symboliques. Mais je penseque la correction du capitalismesera extraordinairement longue etdouloureuse. Je m’attends notam-ment à un véritable effondrementaux Etats-Unis”.Le dossier contient des articles sur“la chute du thatchérisme” aprèsavoir été à l’origine d’une inflationrecord en Europe (11 %) et avoirmenacé 400.000 personnes d’êtrejetées à la rue ; sur “la mort dugrand rêve américain” avec lesfaillites des caisses d’épargne etdes banques en série, plus 3100mill iards de dollars de dettespubliques de l’Etat; sur la “plongéeangoissante chez les stakhano-vistes de la finance” où l’on voit lesdémarcheurs financiers japonaisacheter leurs propres actions sous defaux noms pour atteindre leurs quo-tas de vente…

R.M.

***ORIGINAL !

Voici du même économiste que ci-dessus une proposition originalepour un pays qui compte deux mil-lions cinq cent mille chômeurs:

…La solution est donc ailleurs. Elleconsiste à permettre aux per-sonnes âgées, celles qui ont atteintl’âge de la retraite, et qui le peu-vent et le souhaitent, de continuerà produire. .…Il faut…redonner à ceux qui lesouhaitent la capacité d’accroîtrel’offre de leurs services et d’en tirerune amélioration de leur niveau devie.Et c’est un journal réputé sérieuxqui le publie !(Y.M. Laulan, Le Monde, oct.1990)(Transmis par R. Pellet, Argenteuil)

***ET RAYMOND BARRE?

Le 8 janvier, au cours d’un débatorganisé par “La vie publique”,R.Barre déclarait:M.Bush veut devenir le gendarmedu globe. C’est une ambition queles Européens ne peuvent accep-ter. Nous serons fatalementconduits à mettre un frein à cettepolitique. De plus en plus, les inté-rêts européens n’apparaissent passuperposables aux intérêts améri-cains. Il y a une différence entre uncomportement de satellite et uncomportement departenaire…Nous avons fait tout ceque les Etats-Unis oint successive-ment demandé.”

(Le Monde,9-1-1991)Courageuse et lucide déclarationd’un homme de droite qui apportede l’eau à notre moulin.

A.P.

***L’IVRAIE ET LE BON GRAIN

Jean-Michel Baylet, ancien prési-dent du MRG, souhaite une nou-velle majorité, “associant tous ceuxqui voient la France comme unegrande démocratie l ibérale enmatière économique, progressisteen matière sociale, vigilante quantaux libertés individuelles et sou-cieuse de sa place en Europe etdans le monde”.

(Le Monde, 25 -11-1990)Profession de foi qui serait excel-lente si elle n’était favorable aulibéralisme économique. Or celui-cimenace de ruiner le progrès social,et, de différentes manières, leslibertés individuelles.

P.H.

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proposition N°4

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8 LA GRANDE RELEVE N° 897

LES VICTIMES DE L’EMBARGODéclaration de M. Richard Reid,directeur de l ’UNICEF pour leProche-Orient et l’Afrique du Nord:“La crise actuelle a déjà un impactimportant sur des enfants en Jorda-nie et au Yémen, mais bien moindre(...) en Irak. Je pense que la principa-le raison en est que, pendant laguerre contre l’Iran, les Irakiens ontmis en place des réserves de pro-duits de première nécessité - vivres,médicaments - qui leur sont d’ungrand secours”.

(Le Monde, 21 -12-1990,transmis par P. Herdner)

***

TIMISOHARA EN PERMANENCE!J-F Kahn, directeur de l’Evénementdu Jeudi, passait sur France-Interdébut janvier. Il donnait, entre autreschoses, son point de vue de journa-liste sur la façon dont les événe-ments de Roumanie, f in 1989,s’étaient en fait déroulés. Tout lemonde sait maintenant que lesfameux charniers de 6 ou 7000 per-sonnes - dont des bébés - torturéesn’étaient qu’un montage réaliséavec quelques dizaines de cadavresrécupérés dans les morgues, nudi-fiés et mutilés abominablementaprès coup. Or tout le monde a mar-ché. L’horreur nous a saisis aucoeur même des fêtes de Noël.Et souvenez-vous des 60.000 morts!Or J.F. Kahn expliquait qu’on nousavait là aussi servi des scènesd’envergure truquées. L’essentiel,selon lui, avait été filmé dans un car-refour où se trouvaient 200 à 300personnes. Chacun sait qu’un boncinéaste peut donner une impres-

sion de foule immense avecquelques centaines de per-sonnes. Et ce témoignage de J.F. Kahnétait curieusement conforté parSerge Moati qui racontait à laradio - à propos de la Rouma-nie ou de la Bulgarie - qu’ils’était insurgé auprès deschaînes de la Télé et qu’on luiavait répondu en substance :“Ceci est notre affaire, mêlez-vous de ce qui vous regarde”.La méthode Coué pour “for-cer” les événements : Desphotos “scoop” à la une desjournaux télévisés ou écrits, et,ensuite, de timides “rectifica-tifs” ,souvent perdus en quelqueslignes dans les pages intérieures ! Nous voilà informés. Nous sommesinformés. Méfions-nous quandmême !

A.P.***

ErratumLa phrase de J. Chirac relative àSaddam Hussein, citée dans notre“Lu, vu, entendu” du n° 895, a ététronquée. Elle doit être ainsi com-plétée: “C’’est un grand dirigeantréaliste, conscient de ses responsa-bilités, soucieux du bon équilibre decette région du monde qu’est leProche-Orient”.

P.H.***

Devinettes : QUI A DIT ?

1. “La machine a pris le pouvoir sur laterre. Elle y a lancé un progrès matérielimmense. Mais en même temps notresociété n’est pas encore adaptée à lacivilisation des machines...”2.“ Si les agitateurs du printemps de

l’an dernier ont trouvé lesmoyens d’obnubiler tant demonde, c’est parce qu’ils ontexploité le malaise des rapportshumains qui existe à l’intérieur dela civilisation mécanique moder-ne. Malaise profond d’ailleurs, aupoint que tous les régimes issusdu vieux marxisme sont rongéset que tous les régimes qui veu-lent s’en tenir à l’ancien capitalis-me en sont ébranlés.Comment trouver un équilibrehumain pour la société méca-nique moderne ? Voilà la grandequestion de ce siècle...”3. “Nous ne sommes pas en faced’un besoin de réforme, mais enface d’une des crises les plus

profondes que la civi l isation aitconnue...”4. “Cette répétition générale d’un dramesuspendu montrait chez les grévistes,comme chez ceux qui les regardaientpasser, la conscience de la fin d’unmonde...”

REPONSES

1. De Gaulle devant le Congrès amé-ricain.

2. De Gaulle - 1969 - Conférence depresse.

3. et 4. Malraux 1969(Source :FR3 émission “De Gaulle et

Malraux” , Novembre 1990)

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proposition N°6

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proposition N°5

SOUSCRIPTION PERMANENTEPOUR QUE VIVE

LA GRANDE RELEVE

Mme Fournier 390 - M. Regard 90 - L.Fouret 90 - P. Herdner 110 - S. Faure130 - P. Le Nin 50 - B. Palier 145 - A.Robin 90 - G. Vaucel 125 - Anonyme5.000 - H. Druel 40 - J. Robert 40 - P.Quittelier 40 - P. Delpon 65 - M. Beau-deau 100 - Calas 75 - H. Bevancon890 - Allemand 40 - P. Magre 40 - J.Cornelio 190 - J. Valat 200 - R. Villégier250 - Mle Corcellet 40 - R. Delloue22,50 - Le Troter 600 - M. Couton 140 -Mme Gaidou 45 - Mme Bargas 300 -Mme Lahens 300 - Mme Deiro 140 - B.Labbé 140 - J. Legros 90 - R. Quicroit90 - A. Liaume 290 - C. Fourcault 10 - J.Bourdette 105 - Z. Jérémie 90 - P. et C.Simon 155 - R. Carpentier 50 - A.Nahoum 240 - G. Jullien 40

Total : 11.077,50 francs Merci à tous

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rrrrééééffff lllleeeexxxxiiiioooonnnnSTRATEGIES

par René MARLIN

LA GRANDE RELEVE N °897

l’occasion des questionnairesparus récemment dans laGrande Relève (1), un débat

s’est instauré entre nos lecteursdont il convient, je pense, de se féli-citer car, si nos thèses fondamen-tales sont l’objet, entre nous, d’unlarge accord, les moyens de parve-nir à les mettre en oeuvre sont pluscontroversés.Tout d’abord, nous n’avons pas à nousdésoler d’avoir reçu une soixantaine deréponses à nos deux demandes. Cer-taines étaient fort argumentées et peu derevues telles que la nôtre pourraient setarguer d’une telle résonance parmi leslecteurs sur un sujet malgré tout difficile etaustère. Mais les comptes-rendus de cesopérations ayant été donnés, l’objet decette chronique sera plutôt d’examiner endétail certains points qui peuvent êtreconsidérés comme plus importants queles autres.

TACTIQUE

La révolution brutale étant exclue, ilconvient de rechercher les dispositions àprendre et les idées à diffuser en prioritéafin de se rapprocher de nos objectifs.Rejetons, tout d’abord, ce que certainssoutiennent et que nous rangerons sousl’appellation “politique du pire”. Il est cer-tain que nos idées progresseraient plusvite dans un pays pauvre où le nombredes miséreux serait encore plus grand etles salaires plus bas (2). Remarquonsque pour s’instaurer l’économie desbesoins suppose une certaine abondan-ce et aussi que nous ne pouvons passouhaiter sérieusement que notre actionse développe au milieu d’un champ deruines. Quoique très différent de notresocialisme, le communisme soviétique adémontré par l’absurde que le progrèspolitique ne se conçoit pas sans la satis-faction raisonnable des désirs deconsommation courante. Chaque étapede l’évolution doit correspondre à uneamélioration du niveau de vie afin demotiver les citoyens pour le pas suivant.Les “lendemains qui chantent” ne mobili-sent plus. Nous avons donc à nous féliciter, selonmoi, de tout progrès matériel qui survientdans le cadre du système économiqueactuel, surtout si il correspond à un soula-

AAAA gement pour les plus démunis et mêmesi les chances d’instaurer l’économie dis-tributive devaient en être différées oucompromises.Il est certain que si le capitalisme évoluaitde lui-même vers l’économie desbesoins “... en douceur et sans révolu-tion” nous ne pourrions que nous en féli-citer. Toutefois croire que le loup se trans-formera magiquement en agneau meparait relever de l’illusion dangereuse etdémobilisatrice. Il faudra pour cela qu’il ysoit acculé, même si nous convenons denous limiter à des moyens démocra-tiques et pacifiques. Mais nos thèses pro-gressent. Le principe suivant lequell’ensemble des revenus doit permettred’absorber toute la production écologi-quement et matériellement possible estmaintenant bien admis bien que les des-tructions d’aliments, les autolimitations decultures et “l’assainissement” des mar-chés soient encore largement pratiqués.Il en résulte que pouvoir d’achat et travailsont à séparer, sans que l’incitation aulabeur salarié encore nécessaire dispa-raisse entièrement. Le revenu minimumd’insertion, quoiqu’il y ait beaucoup à diresur le terme “insertion” qui ne conduit pasforcément à un emploi classique, estcommunément admis. Il s’agit bien d’undébut de revenu de citoyenneté tel quenous l’envisageons. La prochaine étapequi se dessine pourrait bien être l’alloca-tion universelle de BIEN, le revenu mini-mum européen d’Alexandre Marc ou,pour se limiter à la France, le revenud’existence de Yoland Bresson.

MANOEUVRE

Essayons d’observer comment la disso-ciation entre salaire et rendement, hierencore inconcevable, à la fois pour lestravailleurs et pour les chefs d’entre-prises, s’est imposée. Nous en tireronssûrement une leçon pour notre avenir.Malheureusement le cheminement d’unconcept de ce genre est très mystérieuxpuisqu’il se produit dans la consciencecollective des individus. Retenons pour-tant que nos actions si inefficaces et siminimes qu’elles puissent paraitre contri-buent toutes à faire avancer les choseset finalement à les faire basculer. La poli-tique, même dans son sens le plusnoble, est régie par des épreuves de

force. Quelques ralliements individuelsdus à votre puissance de conviction ou àla mienne peuvent entrainer la décision.Par contre, je ne crois pas qu’il soitconstructif de se heurter de front et sanspréparation à une opinion dominantemême s’il s’agit, selon nous, d’un préjugénéfaste. Choisissons deux exemples :l’héritage et le marché.

RELEVE

La disproportion choquante desrichesses provient en grande partie del’héritage. La plupart de nos concitoyensestiment normal de transmettre à leurdescendance le patrimoine qu’ils ontconstitué au cours de leur vie et il s’agit,chez beaucoup, d’une motivation essen-tielle; les mêmes, pourtant, n’admettent pasque les Rockefeller se succèdent les unsaux autres. En fait l’héritage est bienla plus grande injustice dans nossociétés. Il constitue l’une des plusimportantes inégalités des chanceset l’on pourrait soutenir qu’il n’estpas conforme à l’article 1 de la Déclara-tion des Droits de l’Homme et du Citoyende 1789.Cela posé, nous en avons déduit uneproposition sur l’héritage déjà exposéedans ces colonnes (3) et dans “Lesaffranchis de l’an 2000” (4). En quelquesmots, les grandes entreprises serontsocialisées c’est-à-dire gérées au niveaude la collectivité nationale ou territorialeintéressée, sous forme coopératives ouen autogestion. Les héritiers entreront enpossession des biens meubles person-nels de leurs parents décédés. Ils aurontune priorité sur la résidence de ceux-ci,mais ils devront la louer à la collectivitépar prélèvement sur leur revenu social.Ce revenu devant permettre de vivre lar-gement et confortablement de la nais-sance à la mort, il ne sera plus nécessai-re d’assurer une succession à sesenfants.Il s’agit évidemment là du fonctionne-ment normal de l’économie nouvelle. Ilpourra être prévu toute étape utile pourne point provoquer inutilement ceux quine seraient pas prêts à accepter directe-ment un tel changement. Par exemple,en transition, des formules de rachatpourraient être envisagées pour lespetites et moyennes propriétés et pour

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rrrrééééffff lllleeeexxxxiiiioooonnnn

10 LA GRANDE RELEVE N° 897

certains biens mobiliers tels qu’oeuvresd’art ou gros équipements de toutessortes.

INTENDANCE

Une autre question importante et difficileest la formation des prix liée au “marché”en économie capitaliste. Nous n’avonspas l’outrecuidance d’espérer la traiterrapidement ici. Le cadre restreint de cetarticle nous l’interdit, ainsi que le sujetchoisi. Notons tout de même que l’adop-tion de la monnaie distributive, non thé-saurisable, s’oppose à la plupart des spé-culations éhontées courantes actuelle-ment : jeux de bourse, monopoly desentreprises, revenus et pertes astrono-miques des marchés à terme, salairesénormes, etc... Dès lors, il est tentant delaisser jouer la loi de l’offre et de lademande comme le suggère un corres-pondant (5). Ce serait sûrement la solu-tion la plus simple. Elle serait peut-êtreacceptable, compte tenu de ce que nousvenons de noter, et aussi que le marchépourrait jouer pleinement son rôlepuisque :1. les producteurs n’auraient plus intérêt,comme actuellement, ni la possiblité decréer des ententes, cartels et autres hol-dings ou trusts, à l’effet de limiter laconcurrence et d’accroitre les profits.2. les grossistes et détaillants de toutessortes seraient dans le même cas.3. les consommateurs seraient enfinreconnus comme des acteurs à partentière dans le processus de distribution,car les politiques ne seraient plus sous lecoup du chantage à l’emploi des patronset ne se croiraient donc plus obligés defavoriser outrancièrement ces derniers.4. les responsables financiers ne seraientplus, comme les banquiers actuels, enmême temps juges et parties, puisqueles gestionnaires désignés par la collecti-vité auraient seuls, au nom de cette der-nière, la maitrise de la monnaie.Sous ces réserves et moyennant uneétude plus approfondie, il me semble quela suggestion de Georges Gaudfrin (5)est recevable. Nous nous trouverionsbien dans la ligne de notre propos : trou-ver des transitions, ne rien bouleverserpour le plaisir, profiter de la dynamique decertaines institutions existantes en suppri-mant leurs tares évidentes.Ainsi serait organisé un véritable “mar-ché” ouvert au lieu de la caricature actuel-le manipulée par les puissances finan-cières.

Mais cela suppose que nous avancionsvers notre institution de base : la mon-naie. Dans ce domaine, je continue àpenser que nous avons à militer pour lefranc vert tel que l’a imaginé Guy Deni-zeau (6). Voilà une proposition généreu-se originale, réalisable de suite, progres-sive et progressiste, excellente transitionvers l’économie que nous souhaitons etde nature à bien mettre en évidence, enparticulier au coeur de l’hiver, le scandalede “la misère dans l’abondance”.D’abord limitée aux plus démunis, lamonnaie verte véritable préfiguration dela monnaie distributive pourrait être éten-due à des catégories moyennes, puis àtous. Pourquoi pas, pour commencer leversement en monnaie verte d’un sup-plément au RMI ou d’une partie de celui-ci ? Alors quelle organisation devons-nous adopter pour progresser ?

RECRUTEMENT

De nombreux distributistes regrettent quenous soyions incapables de réaliser notreunité et de transférer massivement notrelutte sur le plan politique. Je dirai quenotre progression peut emprunter quatrevoies :1. la réflexion, les études, les mises aupoint, les informations, la diffusion de nosthèses qui ne sont, ce me semble, pastrop mal assurées par la Grande Relève.2. l’association avec membres actifs,cotisations, sections, réunions qui estreprésentée par le Mouvement pourl’Autogestion Distributive (MAD).3. le syndicat des groupes de salariéspour l’économie distributive (GSED) ; ilest vrai surtout présents à Nantes et àMarseille.4. le parti-type “Parti pour la 6e Répu-blique”.Ceux qui veulent l’unité sont souvent lesmêmes qui envisagent la création d’unautre groupement ou parti et le ralliementautour d’eux-mêmes ou de leur groupe.Sans aucune animosité, mais plutôt entoute amitié, je leur demande de réfléchirà ces questions :- le parti ou groupement devra-t-il et pour-ra-t-il se substituer aux organismes exis-tants ? pourquoi et comment ?- les militants et éventuellement les sou-tiens financiers seront-ils vraiment plusnombreux ? Pour quelles raisons ?- nos structures actuelles n’offrent-ellespas justement la variété et la souplesserequises pour que chacun choisisse des’engager suivant ses disponibilités et

ses préférences dans l’une ou l’autre deces activités, sinon plusieurs comme lefont beaucoup d’entre nous ?- ceux pour qui cela ne suffit pas encore,n’ont-ils pas le choix de travailler pourdes organismes proches, ou autres ? demiliter, d’agir et d’écrire afin qu’y soiententendues nos idées ?- ces associations ne sont-elles pas suffi-samment nombreuses et ne prolifèrent-elles pas tellement que l’on devrait hési-ter avant d’en soutenir ou d’en créer uneautre qui soit vraiment différente ?- enfin une campagne de type politiqueavec des candidats, des réunions, desaffiches, etc... est-elle vraiment impos-sible en conservant l’organisation tellequ’elle est ?Nos expériences passées dont beau-coup ont échoué - leur liste serait troplongue pour être donnée ici - montrentqu’il est illusoire de vouloir l’unité à toutprix puisque chacun d’entre nous a sapropre inclination tout à fait respectable.Si l’union fait la force, le parti unique amontré ailleurs toute sa nocivité.Je conclurai donc sur ce point qu’il seraitseulement souhaitable :- qu’un pacte de non-agression et d’aidesréciproques soit instauré et respectéentre nous et que le maximum de com-préhension soit recherché.- que, peut-être, une structure souple soitinstituée à l’effet de rechercher quellesactions communes pourraient être envi-sagées. Cette structure serait telle qu’elleéviterait que chacun ait la sensation dese sentir invité à se rallier autour d’unepersonne ou d’une sensibilité qui neserait point la sienne.Encore faudrait-il trouver des militantsassez ouverts et disponibles pour s’yconsacrer et des moyens matériels nou-veaux pour la soutenir. C’est là, à monsens, la vraie question.

——

(1) Voir notamment GR 891, 894 et 895(2) Il faut quand même savoir que la Francese situe au 9e rang de la CEE (donc sur 12)pour les gains horaires des ouvriers convertisen ECU (Source Eurostat). Seules l’Espagneet la Grèce sont derrière nous.(3) “Vivre et mourir en économie distributive”G.R. n° 878.(4) par M.L. Duboin, éditions Syros(5) G.R. n° 895(6) “La monnaie verte” G.R. n° 880. “Le francvert” G.R. n° 869

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rrrrééééffff lllleeeexxxxiiiioooonnnnCETTE “CLEF”QU'EST L’ECONOMIE DISTRIBUTIVE

LA GRANDE RELEVE N °897

oint n’est besoin d’être supé-rieurement intelligent - le bonsens suffit - pour comprendre

et même prévoir les événements dumonde, dans quelque domaine quece soit (politique, social, écono-mique, culturel) quand on possèdela “clef” de l’économie distributive.Un simple cas : Reagan, huit ans“patron” du pays le plus puissant dumonde. Dans le premier tome de lachronique “la décennie Mitterrand”qu’ont entrepris P. Favier et M. Mar-tin-Roland (Editions du Seuil), page247, on peut lire : “Jacques Attaline peut oublier une scène surréalis-te dans le bureau ovale. A quelquespas de Reagan en conversationavec Mitterrand, Dick Allen se plaintouvertement de la “nullité” de sonpatron : “Je ne le supporte plus, il litmes discours sans changer un mot,sans corriger. La semaine prochai-ne, il doit parler au Congrès et voilàce que je vais lui écrire : “Mes-dames et Messieurs, la situation estgrave, c’est pourquoi je viens depasser le week-end à Camp Davidpour réfléchir. personne n’y avaitencore pensé, mais ça y est, j’ai

PP trouvé la solution aux grands pro-blèmes de la planète. Tout serarésolu pour des siècles quand jevous aurai dévoilé mon plan”. Et là,poursuit Allen dans ungrand éclat de rire, Rea-gan tournera la page deson discours et aura sousles yeux mon derniermessage : “and now sonof a bitch you are on yourown!!!” (et maintenant, filsde pute, tu te débrouillestout seul).Or, dès mars 1984 (voirG.R.), nous évoquions“ce dangereux analpha-bète politique”. Et dans laGrande Relève de juillet1987, nous écrivions,démonstration à l’appui :“Ronald Reagan quel’histoire retiendra commeun comédien de secondezone, aussi bien sur lascène politique qu’à l’écran, jadis”.

Autre point sur lequel la GrandeRelève était “en avance”. Le NouvelObservateur du 3 au 9 janvier est

consacré à “La revanche de Dieu.Les religions partout à l’offensive”.Dans un encadré, on peut lire unecitation du livre de Gilles Kepel(Seuil) “la revanche de Dieu” :

“Ronald Reagan, durant sa cam-pagne électorale, fait état de sesdoutes sur la validité de la théoriede l’évolution darwinienne et estimeque la théorie de la création divinedevrait être enseignée en parallèledans les écoles”.Or, la Grande Relève.de janvier1989, dans “la crise est finie” citaitdéjà ces fortes paroles de Reagan :“J’ai de sérieux doutes sur la théoriede l’évolution ; on devrait, dans lesécoles, enseigner aussi la versionbiblique de la création”.Et, en ce qui concerne le NouvelObservateur lui-même, la GrandeRelève.l’a devancé en février 1990,dans “libres propos”, le paragraphe3 est intitulé :“le XXIe siècle serareligieux”. Il commence par cesmots :”Le XXIe siècle sera religieuxou il ne sera pas” a écrit l’agnos-tique Malraux. Oui les thèses del’économie distributive ont valeur declef universelle. Une clef qui permetd’embrasser à la fois une culture dupassé et une culture d’avenir, maisaussi une clef qui peut nous inquié-ter quand on songe à cette autreclef qu’a détenue pendant huit ansla “nullité” Reagan, capable de fairesauter la planète ! Mais Bush vaut-ilmieux ? A.P.

11

UN SYNDICAT ULTRA-CONFORMISTE

Des camarades nous avaient mis en garde. Le Syndicat des Chômeurs quiédite le mensuel “Partage” est sous influence vaticane et ne prend rien encompte qui ne soit compatible avec le système économique qui nous oppri-me. Nous avons voulu voir. Nous avons vu.Nous avons assisté bien gentiment les 6 et 7 avril 1990 aux derniers EtatsGénéraux du Chômage et de l’Emploi où nous avons pu glisser furtivementquelques allusions à l’économie distributive (1). Nous avons eu, à cetteoccasion, un entretien avec Maurice Pagat, président du Syndicat et direc-teur du Mensuel. Il nous a proposé de publier dans “Partage” un article afinde faire connaitre nos thèses. Nous avons donc rédigé une étude originaleet la lui avons fait parvenir en mai. Depuis... rien. Le 20 septembre, nousavons donc écrit une lettre à Maurice Pagat afin de lui rappeler sa promes-se. Aucune réponse ne nous est parvenue à ce jour. “Partage” continue,pendant ce temps, à reproduire des textes d’auteurs connus qui ne sont enfait que de longs extraits de livres ou de revues déjà parus ailleurs. La facili-té... et le conformisme...A la fin des Etats Généraux, certains chômeurs (oui, il y en avait dans lasalle, au milieu des orateurs officiels...) s’étaient plaints de ne point avoirreçu de réponses concrètes à leurs angoisses. Ils peuvent compter sur cetétrange syndicat pour faire le silence sur des idées qui, peut-être, en dehorsdu consensus ambiant c’est vrai, seraient de nature à leur ouvrir les yeux etrépondre à leur attente.

R.M.———(1) Voir G.R. n° 890

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proposition N°7

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ddddeeeessss cccchhhhiiii ffffffffrrrreeeessssPPPPOOOOUUUURRRR FFFFAAAAIIIIRRRREEEE RRRRÉÉÉÉFFFFLLLLÉÉÉÉCCCCHHHHIIIIRRRREnvironnement :

12 LA GRANDE RELEVE N° 897

DÉMOGRAPHIEPopulation mondiale en 1938:

2 milliards (dont 30 % dansles pays industrialisés) En 1988:

5,234 milliards (dont 23 %dans les pays industrialisés).Prévision pour 2000 :

6,121 milliards (dont 21 %dans les pays industrialisés).Prévision pour 2020:

8,8 au rythme des années1940-80,

7,8 si le taux de croissancepasse par un maximum en 2000(prévision des Nations Unies).

***DÉFORESTATION

Recul des forêts tropicales jusqu’en1986 : 11 millions d’hectares paran. Forte augmentation depuis1987. La forêt amazonienne a déjàperdu plus du quart de sa surface.Dans la ceinture intertropicale, ladéforestation a pratiquement détruitla moitié des forêts en 50 ans. Rapi-dité vertigineuse : celle du Libanavait pris 3000 ans et celle del’Espagne, plusieurs siècles.

(d’après le rapport de la Commis-sion des Nations Unies sur l’envi-ronnement et le développement)

***DISPARITION DES ESPECES

Cinq millions d’espèces animales etvégétales vivent aujourd’hui surterre. Dans les dix ans à venir, prèsd’un million risque de disparaitre, letaux actuel de disparition étant millefois plus grand que le taux natureld’extinction.(d’après J.M. Pelt, Institut Européen

d’Ecologie)***

ECHAUFFEMENT PAR EFFET DE SERREAlors qu’on estime à 270 parties parmillion (ppm) la concentration degaz carbonique dans l’atmosphère àl’aube de l’ère industrielle, on amesuré qu’elle est passée de 318ppm en 1958 à 352 ppm en 1989 :augmentation de 30 % en deuxsiècles, de 10 % en trente ans.Conséquence : absorption accruedu rayonnement thermique dansl’infra-rouge, donc réchauffement.Autres gaz contribuant à l’effet deserre : le méthane (qui a doublé endeux siècles) et qui est 20 fois plus

efficace, le protoxyde d’azote (N2O)et les CFC (qu’on désigne commeresponsables du “trou” de la couchestratosphérique d’ozone) et dontune molécule est 10.000 fois plusefficace qu’une molécule de CO2.Sans l’effet de serre de l’atmosphè-re, la température de la planèteserait de -18° C alors qu’elle est enmoyenne globale, de 15° C.

***POLLUTION DES MERS

La plus contaminée est la mer Bal-tique, puis viennent la mer Noire etla Méditerranée. La mer du Nordreçoit chaque année plus d’un mil-lion de tonnes de composés nitrés,35.000 tonnes de zinc, 12.000tonnes de plomb, 4.000 tonnes decuivre ou de cadmium.

(d’après l’Ifremer)***

L’EAU EN FRANCEEn année moyenne, la France reçoit(pluies et neige) 440 milliards dem3, dont 270 s’évaporent. Denovembre 1988 à octobre 1989, letotal des précipitations a été le plusfaible depuis 33 ans.Chaque Français utilise 150 litresd’eau potable, en moyenne, par jour(120 litres pour une lessive en lave-linge, 80 en lave-vaisselle).On estime, qu’en moyenne toujours,40 % de l’eau potable produite estperdue par suite de fuites (fuites surle réseau de distribution et chezl’usager), soit près de 1,2 milliardsde m3. Le transport représente 70% de la facture d’eau.

***POLLUEURS DES RIVIERES

Nitrates et phosphates en excèsdans l’eau des rivières ou des lacsentrainent l’entrophisation, c’est-à-dire la mort de l’écosystème. Onestime que la concentration dephosphate que peut supporter unerivière est dix fois le seuil de satura-tion d’un plan d’eau, qui est d’envi-ron 50 millièmes de milligrammme-par litre. Or les eaux de la Loire àVilleret en charrient jusqu’à 1500par litre, 30 foisplus. Il y a une dizai-ne d’années, le taux n’était que dequelques dizaines. Les phosphates du mlilieu aqua-tique ont quatre origines :

- les engrais agricoles:

110.000 tonnes/an en France- l’industrie : 40.000 tonnes

par an- les rejets domestiques :

20.000 tonnes par an dans les les-sives (85 % des détergents en sontà base de phosphates),

- et 20.000 tonnes par andans les rejets physiologiqueshumains.Le surcoût d’une unité de déphos-phoration reviendrait entre 6 et 15francs par an et par habitant.Les nitrates sont d’origine essentiel-lement agricole : 2,5 millions detonnes d’azote (fertilisants) sontépandus par an (90 kilos/hectare) etles déjections animales apportentun million de tonnes. Ils sont à l’ori-gine de la multiplication par un fac-teur 3 à 5 selon les exploitations,des rendements agricoles. Cesnitrates sont actuellement retenusau sol par l’excès de sécheresse. Ilss’infiltreront vers les nappes phréa-tiques aux premières pluies impor-tantes, constituant une menacepour les eaux potables.La concentration maximale est fixéeen Europe à 50 mg par l. Aujourd’hui,en France, 800.000 h ab i t an t sconsomment une eau qui dépassecette norme. En certains lieux (Bre-tagne) la teneur en nitrates a étémultipliée par 5 en vingt ans. Il afallu ralentir la course folle à la pro-ductivité en limitant le nombre deporcs élevés par km2 : leur lisieravait rendu les eaux toxiques.Au rythme de 100 m3 à l'heure,l’eau ressort d’une usine de dénitrifi-cation avec une teneur inférieure à25 mg par litre. Estimation du coûtd’une lutte antinitrates : 5 milliardsde francs. Les recherches effectuées à l’INRAmontrent qu’il est possible de fabri-quer des fertilisants moins riches,donc moins nocifs, sans condamnerl’agriculture française à revenir 30ans en arrière. Il est temps : selonles experts de l’OMS, huit maladiessur dix dans le monde sont liées àla mauvaise qualité de l’eau potableet chaque année, 20 mil l ionsd’enfants sont victimes d’une eaupolluée.

***(suite page suivante)

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rrrrééééffff lllleeeexxxxiiiioooonnnn

13LA GRANDE RELEVE N° 897

¨LES ORDURES300 kg de déchets domestiqueset 360 kg d’origine industrielle,par an, par habitant, en France.Au total, 170 millions de tonnespar an, 6.000 décharges illé-gales, 20.000 petites déchargessauvages. On pourrait en recy-cler plus des 2/3, plus astucieu-sement qu’en brûlant tout. Maisil faudrait tr ier... comme aucentre de Romainville qui récu-père chaque année 10.000tonnes de papier, 3.000 tonnesde verre, 5.000 tonnes de fer-raille et 1.000 tonnes d’autresmatières... secondes.

***A Montech, à 30 km de Toulou-se, les ordures toulousainesn'ont pas accès (arrêté préfecto-ral). Mais…la ville de New Ulm,en Bavière, y verse, chaquesemaine , 1250 tonnes d'or-dures. Distance parcourue=1400 km, mais déposer desordures en Allemagne coûte4.880 F.Belges la tonne. A com-parer aux 397 FB que la mêmetonne coûte à Montech.

(source:Réalités de l'écologie,janvier 1991)

***DÉTECTEURS DE FUMÉE

La majorité des détecteurs ioniquescontient de 1 à 5 microcuries d'Amé-ricium 241 dont la demi-durés de vieest de 433 ans…et on les jette à lapoubelle!

***POLLUTION DE L’AIR

La pollution soufrée (SO2) abaissé de 50 % depuis quinzeans. Cela a coûté de l’ordre de10.000 à 20.000 F l’heure.La pollution automobile (oxydesd’azote et de carbone) n’évolueguère. 5 millions de véhiculescirculent en Ile de France, relâ-chent 1,2 million de tonnes deCO, 80.000 tonnes d’oxydesd’azote et 150.000 tonnesd’hydrocarbure.

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celà peut atteindre Trois kilos d'in-sectes détruits, donc sans aucunpesticide polluant, par chaquechauve-souris.Malheureusement,des superstitions débiles (on assi-mile encore de nos jours leschauves-souris au diable et il estdes gens qui s'acharnent à lestuer) et la pollution sont déjà parve-nus à en exterminer totalementbon nombre d'espèces…

***BOUTEILLES

Cinq bouleilles consignées d'undemi-litre peuvent, en coût de fabri-cation, en matièrespremières et enénergie dépensée, remplacer 450cannettes métalliques de 33 cl. Enplus elles n'encombrent pas lespoubelles. Et encore en plus, ellescoûtent dix fois moins cher.

(d'après Tam-Tam)

***CHAUVES-SOURIS

Les chauves-souris, essentiellementinsectivores, consomment en unenuit l'équivalent de leur poids eninsectes… Pour une moyenne d'acti-vité par an d'une centaine de jours,

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proposition N°8

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14 LA GRANDE RELEVE N° 897

avant de proposer nos réflexionséconomiques... il n’y a pas d’espoir.Notre raisonnement est inverse.Nous pensons que les moyens éco-nomiques ont évolué de façon telle-ment révolutionnaire que le bonsens peut amener les hommes à s’yadapter pour en profiter tous, depuisqu’il est désormais possible d’habillerPaul sans déshabiller Pierre.

M-L D***

Les abonnés, les sympathi-sants se trouvent dispersés dansl’hexagone, beaucoup militent isolé-ment et abandonnent au bout d’uncertain temps par lassitude.Cet isolement étant préjudiciable àla propagation de nos thèses, ilserait souhaitable d’établir uncontact, un rassemblement annuelpar exemple, qui permettrait deséchanges d’idées. Actuellement, lelien existant est la publication de laGrande Relève, nous ne pouvonsnous apprécier mutuellement.Un mot sur la Grande Relève quej’apprécie, mais je considère qu’il ya trop de textes techniques, je sou-haite dans les premières pages desarticles d’une compréhension

simple et facile, accessible à tousnouveaux lecteurs à l’exemple desanciens éditoriaux de J. Duboin, lesdernières pages aux textes tech-niques demandant une plus granderéflexion.

J.F., Le ChesnayNOTRE RÉPONSE :

Tous les lecteurs de laGrande Relève ne veulent pas oune pourront pas se déplacer pour serencontrer à une date donnée. C’estpour celà que nous pensons que lejournal doit être pour eux une tribu-ne permanente, un moyen faciled’échanger leurs idées, de faire partde leurs projets, de leurs initiatives,de leurs besoins. C’est également

pour celà que nous publions desextraits de la plupart des lettres quenous recevons, afin que tout lemonde en ait connaissance, plutôtque de divulguer l’adresses des lec-teurs qui, peut-être, n’apprécieraientpas. Mais si vous entreprenez d’orga-niser des réunions de distributistes,nous ne manquerons pas de l’annon-cer dans nos colonnes.Il est difficile de faire aussi clair etaussi simple que les éditoriaux deJ.Duboin, malgré nos efforts. En par-ticulier sur les questions monétaires,devenues extrêmement complexes,comme si un petit nombre d’expertsse les réservait pour mieux en tirerprofit. Nous essayons tous lesmoyens pour amener nos lecteurs àaborder ces questions… vitales !M-L D

***La crise écologique, comme

la crise sociale, ne connait pas defrontières. Les deux reposent sur unevision exploitationniste du monde, engénéral.C’est donc bien au-delà d’un systè-me économique qu’il faut chercherles racines du mal, mais dans lavision même du monde.

C’est toute une prétendue civili-sation qui bascule ayant achevéson temps. C’est un autre regardqu’il faut porter sur ce qui nousentoure, hommes, animaux etchoses de la nature. Un regardconvivial et amical. Si l’espoird’une économie juste et humaineest plus que jamais d’actualité,pour se réaliser, il faut embrassertout l’horizon d’une civilisation ànaître. En se cantonnant dans

des théories économiques datantd’un demi-siècle, sans aller au fondde la conscience humaine, il mesemble que les combattants de l’éco-nomie distributive, qui se veut abon-danciste, retardent d’une guerre.

E.V., Le PradetNOTRE RÉPONSE :

Merci, on nous reproche engénéral d’être beaucoup trop enavance sur notre temps !Quant à notre souci d’élargir laréflexion à tout ce qui nous entoure,hommes, animaux et choses de lanature, la Grande Relève prouve parla diversité des réflexions qu’elletransmet que tel est bien notre objec-tif. M-L D

J’adhère pleinement auxthèses distributistes, c’est uneéthique supérieure, mais applicableseulement à une société composéed’individus très évolués. I l mesemble que la réflexion économiquene suffira pas pour changer lesmentalités qui ne suivent pas lesformidables progrès des sciences etdes techniques.Les préjugés, la crédulité, l’égoïsmesavamment entretenus barrent laroute aux idées généreuses.Les faibles moyens de ceux quiveulent la libération de l’hommesont bien dérisoires en face de lapuissance et l ’ ingéniosité desmédias au service du dieu argent. La plupart des émissions de la télé-vision ne servent qu’à entretenir laparesse de l’esprit en lui donnantl’illusion d’une fausse culture, alorsqu’elles devraient répandre le goûtdu savoir et de la connaissance.Beaucoup trop d’individus ne com-prennent rien aux termes écono-miques, le niveau culturel est auplus bas, tout est fait pour les empê-cher de penser, c’est le sabotageorganisé de l’intelligence populaire.Toutes les morales qui ont été pro-posées jusqu’à ce jour n’ont étéque des adaptations del’éthique d’Aristote, elles visenttoutes à entretenir les inégalitésavec l’aide des mythes plus oumoins religieux.Nous sommes dans un cerclevicieux, la société, jusqu’ici, n’afait que refléter les défauts deshommes, pourtant ce n’est quelorsque ces derniers serontdevenus meilleurs que la socié-té pourra le devenir.

R.G., Tonnay-CharenteNOTRE RÉPONSE :

Eternel problème de lapoule et de l’œuf... Et pourtant,peut-on soutenir qu’il n’y a jamais eude progrès ? Les utopistes du passén’ont-ils pas fait évoluer les mentali-tés ? L’inquisition, le droit absolu devie et de mort sur des esclaves, parexemple, n’ont-ils pas régressé, aumoins dans certains pays ?Toutes les forces de l’argent tendentà conditionner l’homme pour leurplus grand profit. Vous nous rejoi-gnez parfaitement sur ce constat. Mais, s’il faut attendre que, dans cesconditions, les mentalités changent

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proposition N°9

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LA GRANDE RELEVE N °897

***Il ne me parait pas utile de

revenir sur ma critique du systèmecapitaliste. Ma réflexion parue sousle titre “Accusé, levez-vous” dans lenuméro 884 en dit assez à ce sujet.Par ailleurs, je suis entièrementd’accord sur l’analyse globale quefont les distributistes, parfaitementrésumée à la dernière page dechaque numéro de la revue, et lanécessité d’instaurer un systèmeéconomique permettant la justerépartition des biens et services pro-duits tout en veillant à ce que ceux-ci correspondent aux besoins, nefait pas l’ombre d’un doute.Mais il me semble qu’entre la réalitéet les théories énoncées tant dans“l’économie libérée” que sous formeromancée dans “les affranchis del’an 2000”, il y a un fossé où l’aven-ture humaine se casse la gueule.C’est le fait que l’initiative humaine,seule source de progrès, vient desindividus et ne trouve son épanouis-sement qu’avec leur liberté d’action,que toute structure étatique centrali-sée non seulement n’est pas àmême de mettre en valeur producti-ve cette liberté d’action mais encoreque, par l’inertie des rouages admi-nistratifs, elle tend à étouffer et àbloquer toute velléité d’initiative indi-viduelle.Toutes les prétenduesbonnes raisons pourpréconiser l’institutiond’un système écono-mique centralisé théori-quement juste ne peu-vent éviter, sauf aveu-glement relevant de “lafoi”, de découvrir leurtalon d’Achille dans lafaillite économique, socialeet politique des pays del’Europe de l’Est.Or, sauf imbécillité dema part, tout le systè-me imaginé (jusqu’àprésent) désigné sousle nom d”économie dis-tributive”, repose sur lacentralisation du pou-voir économique auniveau de l’Etat, tant ence qui concerne la pro-duction que la distribu-tion, du seul fait que, la monnaien’étant pas transmissible après sa

première utilisation, l’Etat devientl’intermédiaire obligé et obligatoireentre le consommateur et le distri-buteur pour son approvisionnement,- entre le distributeur et le produc-teur - pour le même approvisionne-ment entre le producteur et leconstructeur des matériels d’équipe-ments nécessaires à la productiondes biens de consommation.Autrement dit, l ’Etat devient le“patron”, le “maître absolu” del’ensemble productif qui, comme toutmaître absolu, ne peut que paraly-ser les initiatives individuelles.Quoique ne mettant nullement endoute la volonté de justice et de pro-grès de mes amis distributistes, ilme semble, pour cette raisonmême, que nous devons encore,cent fois sur le métier, remettre notreouvrage.

E. V, Le PradetNOTRE RÉPONSE :L'épanouissement des individus estun objectif essentiel de l'économiedistributive. Attachant par consé-quent, comme vous, à l'initiative pri-vée, je me suis attachée à montrerdans "les affranchis" combien mespersonnages étaient libres de créer,d'inventer, d'innover, de changer.Mais avec, en plus, et c'est capital,les moyens de le faire. Les moyensaccordés aux entreprises le sont

sans intérêt financier,dès lors que l'utilité duprojet a été démon-trée. Pour moi, l'initiati-ve privée est beau-coup plus possible enéconomie distributivequ'en économie capi-taliste où elle est assu-jettie à l'aide intéresséedesbanques…qui ne prê-tent que sur critèrespurement financier etsan s l a mo ind reconsidération d'utili-té.Non, les distributistesn'ont aucune attirancepour un Etat totalitai-re, qu'ils ne confon-dent pas (relisezJ.Duboin) avec l'Etatutilitaire. Ce sont nosdétracteurs qui se plai-

sent à confondre. Employant un motà la mode, nous tenons au principe

de subsidiarité, c'est à dire quenous pensons que les décisions doi-vent être prises au niveau le plusbas qui soit compatible avec leursobjectifs: la création d'une petiteentreprise est l'affaire de la commu-ne, voire du quartier et n'a pas àrecevoir d'autorisation ou demoyens au niveau plus élevé, dudépartement, par exemple. Parcontre, la création d'une centrale,d'une usine d'automobiles ou d'unevoie ferrée doit être définie à uneéchelle plus large, la région, parexemple.Ce qui vous a fait croire, probable-ment, que l'économie distributives'appuie sur un Etat centralisé, c'estla création de monnaie, qui, c'estvrai, n'y est plus le privilège desbanques. Certaines distributionsdoivent être faites à un niveau suffi-samment haut pour être plus justes.De même que la distribution d'élec-tricité doit être centralisée, pour desraisons d'uti l i té. Le revenu decitoyenneté sera plus juste s'il estévalué à un niveau élevé , au moinscelui de la région. N'ayant pas laplace ici de rentrer dans les détails,disons que l'essentiel est que sonévaluation soit faite sur des critèresdémocratiquement définis et defaçon à assurer un maximum dejustice en tirant le meilleur parti despossibilités. M-L D.

***Malheureusement, je ne

vois aucun progrès des “hommespar la science”, allant vers l’écono-mie distributive et assurant aumonde une vie de solidarité, d’équi-té, de justice et de paix.La politique actuelle du monde,c’est la loi de la jungle, où le fortdomine par l’argent ou la guerre...Cà, vous le savez mieux que moi !... Moi, je crois toujours à votre“économie,” mais, malheureuse-ment, les hommes politiques n’ycroient pas.... Je pense que pour sefaire “entendre” dans le mondeactuel, il faut assumer une “poli-tique”, mais pas seulement parlerd’économie. A ce moment-là, vousserez reçu ou accepté par lesmédias, et là, peut-être votre mes-sage pourra passer.

M.G., AmbarèsNOTRE RÉPONSE :

L’article “Stratégies” dans cemême numéro. R. M

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proposition N°10

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Pour produire ce dont il a besoin pourvivre, I’homme a toujours cherché àaméliorer ses techniques, afin d’allégersa peine. Mais en ce XX ème siècle,I’accélération des progrès technolo-giques est une révolution sans commu-ne mesure avec celles du passé. Depuissantes machines et des robotssont capables aujourd’hui de remplacerle travail de l’homme dans toutes lestâches de routine, se substituant nonseulement à ses muscles et à l’agilitéde ses doigts, mais aussi à sa mémoi-re, à la plupart de ses sens, et mêmeaux activités purement logiques de soncerveau.Avec la découverte des codes de lanature (génie génétique en particulier) et lesproductions de matières premières surmesure, I’humanité est en train de vivreune véritable mutation ; elle est auseuil d’une nouvelle civilisation.Cette “révolution de l’intelligence “ est,comme l’annonçait J. Duboin en lan-çant ce journal en 1934, “ la granderelève “ des hommes par la technique,dans tous les processus de production.Fini le temps, où, pour assurer sa sur-

vie, I’être humain était obligé d’y consa-crer toutes ses forces et toute sa vie !L’essentiel des productions nécessairespeut désormais être réalisé par desrobots...Ceci implique d’énormes change-ments dans nos comportementséconomiques. Le pouvoir d’achat ne pouvant plusêtre mesuré par la durée d’un travailaccompli, il faut imaginer d’autresmoyens que le salaire pour accéder àce que les robots doivent fabriquerpour tous.Parce que nous n’avons pas eu le cou-rage de renoncer à des habitudes qui serévèlent inadaptées, nous avons laissénotre monde se transformer en unegigantesque poudrière, où tout craque,où tous s’affrontent. La course au profitdes uns, la lutte des autres pour leur sur-vie, font courir à notre environnement desrisques majeurs , alors que le fossé secreuse entre les riches qui s'enrichis-sent, et les pauvres qui s'appauvrissent.La misère grandit en ce mondeau moment où s'ouvre l'ère del'abondance ! Ce monde absurde

où l'on dépense plus de 10 millions defrancs chaque minute pour la guer-re, mais où on ne trouve pas d’argentpour empêcher des millions de gens desoufrir de malnutrition ! Nous sommes placés à la charnièreentre deux civilisations. Héritièred’un formidable potentiel de savoir-faire et de techniques (qui est le fruitdes efforts accumulés par toutes cellesqui l’ont précédée), notre génération al’énorme tâche d’assurer l’adaptationde la société à cette brutale transfor-mation. Il nous appartient d’ima-giner et d’installer les moyenspour que ces immenses possi-bilités, au lieu d’écraser la plu-part d’entre nous, soient maîtri-sées et organisées pour assu-rer l’épanouissement optimumde tous les êtres humains... etde leurs descendants sur cetteplanète.A l’époque où le monde dit civilisé sur-montait la crise de 1929... pours’enfoncer dans la seconde guerremondiale, ces moyens ont été propo-sés par J. Duboin sous le nom de :

rrrrééééssssuuuummmméééé ddddeeee nnnnoooossss tttthhhhèèèèsssseeeessss

régulièrement son REVENU DECITOYEN (la carte à mémoire estparfaite pour cela) de la naissanceà la mort: tout individu homme oufemme, travaillant ou pas, devientainsi un ê t re économique -ment indépendant . C’est unmoyen pour ce dernier d’exprimerson choix quant à la production àrenouveler (la loi du marchéretrouve donc son rôle) et d’orien-ter les investissements en fonctionde ses besoins.LES INVESTISSEMENTS, de mêmeque le fonctionnement des ser-vices publics, sont pris en comptepour évaluer la production “dispo-nible“ et celle-ci détermine le mon-tant total des revenus à distribuer;il n’y a donc pas d’impôt et lesrevenus augmentent avec la pro-duction.Ainsi l’ère de l’abondance n’est plus lerègne du veau d’or, c’est celui d’unegestion objective des biens de cemonde en fonction des besoins.

L a c o m p é t i t i v i t é f a i tplace à la convivial i té .

LE TRAVAIL : Même en développanttoutes les possibilités, il restera tou-jours les tâches que seul un humainpeut accomplir. Celles-ci doiventêtre partagées entre tous, en fonc-tion des aptitudes et des besoins.C’est à la fois un devoir, celui departiciper, et un droit, celui d’être uncitoyen qui assume son rôle. Cetteparticipation aux tâches néces-saires devient un SERVICE SOCIALdont la durée calculée sur une viene fera que diminuer à mesure desprogrès de l’automatisation. Ainsipeut augmenter pour tous la propor-tion de temps dégagé pour desactivités librement choisies.Dès lors que le temps de travailhumain décroît pour une produc-tioncroissante, il faut dissocier travail etrevenus.LES REVENUS : Les revenus n’étantplus mesurés par le travail, il fauttrouver d’autres critères pour quechacun reçoive sa part d’une pro-duction qui peut croître à volonté.L’économie distributive assure àchacun cette part en lui versant

Mettre l'économie au servicedes gens et non plus l'inver-se , adop te r e t su iv re unesaine pol i t ique de gest iondes ressources, celà n'est paspossible tant que la monnaie(le "sang de l'économie") per-met la spéculation et tant quela créat ion de cette monnaieex -n i h i l o r es te l e p r i v i l ègeexercé par les banques avecleur intérêt pour objectif.

La première et radicale transfor-mation nécessaire est donc celle deLA MONNAIE : la monnaie dis-tr ibut ive n 'est pas thésau-r i s a b l e e t e l l e n e c i r c u l epas . C’est une monnaie deconsommat ion qui s’annule(comme s’annule un bi l let detrain) quand une production ouun service est parvenu à sonconsommateur. Elle est crééeproport ionnellement à la pro-duction : il y a équilibre entrerevenus distribués et montantdes richesses disponibles.

llll ''''ééééccccoooonnnnoooommmmiiiieeee ddddiiiissssttttrrrr iiiibbbbuuuutttt iiiivvvveeee

La Grande Relève, mensuel fondé en 1934, BP 108, 78110 Le Vésinet