AU NOM DU PÈRE

4
Date : SEPT/OCT 16 Pays : France Périodicité : Parution Irrégulière Page de l'article : p.50,51,52,54 Journaliste : Alexis Goujard Page 1/4 SANCERRE 6147788400524 Tous droits réservés à l'éditeur Mag FIL de... AU NOM DU PÈRE Déjeunes vignerons reprennent les domaines de leurs parents et perpétuent leur savoir-faire. Ces porteurs d'histoire sont les nouveaux talents du vignoble français. Textes Alexis Goujard T ransmettre la passion du vm et de la viticulture à ses enfants Voilà le rêve de tout vigneron qui a consacré sa vie à son domaine et à ses vignes Si certains jeunes héritiers rejettent complètement le monde du vin pour avoir vu leurs parents sept jours sur sept, se dévouer corps et âme à la culture de la vigne faire leur vin et le vendre, d'autres ont attrapé le virus et, résolument passionnés, sont déterminés à perpétuer et soutenir une histoire de famille, chacun à sa manière Les uns marquent leur passage en révolutionnant tota- lement l'organisation (arrêt d'utilisation de pesticides et d'herbicides, travail des sols, vinifications plus proches du fruit ) à l'image de Matthieu Delaporte a Sancerre, une valeur montante de la Vallée de la Loire Les autres

Transcript of AU NOM DU PÈRE

Page 1: AU NOM DU PÈRE

Date : SEPT/OCT 16

Pays : FrancePériodicité : Parution Irrégulière

Page de l'article : p.50,51,52,54Journaliste : Alexis Goujard

Page 1/4

SANCERRE 6147788400524Tous droits réservés à l'éditeur

Mag FIL de...

AU NOM DU PÈREDéjeunes vignerons reprennent les domaines de leurs parents

et perpétuent leur savoir-faire. Ces porteursd'histoire sont les nouveaux talents du vignoble français.

Textes Alexis Goujard

Transmettre la passion du vm et de la viticulture àses enfants Voilà le rêve de tout vigneron qui aconsacré sa vie à son domaine et à ses vignes Si

certains jeunes héritiers rejettent complètement lemonde du vin pour avoir vu leurs parents sept jours sursept, se dévouer corps et âme à la culture de la vignefaire leur vin et le vendre, d'autres ont attrapé le virus

et, résolument passionnés, sont déterminés à perpétueret soutenir une histoire de famille, chacun à sa manièreLes uns marquent leur passage en révolutionnant tota-lement l'organisation (arrêt d'utilisation de pesticideset d'herbicides, travail des sols, vinifications plus prochesdu fruit ) à l'image de Matthieu Delaporte a Sancerre,une valeur montante de la Vallée de la Loire Les autres

Page 2: AU NOM DU PÈRE

Date : SEPT/OCT 16

Pays : FrancePériodicité : Parution Irrégulière

Page de l'article : p.50,51,52,54Journaliste : Alexis Goujard

Page 2/4

SANCERRE 6147788400524Tous droits réservés à l'éditeur

rendent hommage a leurs parents en approfondissantle travail accompli C'est le cas de Florent et RomainFlageoles à Gaillac, qui défendent, la convicton chevil-lée au corps, les vieux cépages du Sud-Ouest en exploi-tant le domaine Flageoles Un héritage précieux dontprend soin également Etienne Portails, qui affine lesmagnifiques rouges du château Pradeaux à Bandol etporte une histoire familiale vieille de plus de 260 ansCe legs peut revêtir différentes formes comme le sug-gère le légendaire vigneron de Champagne, AnselmeSelosse, qui y voit, lui, "avant tout une transmission deréflexion plutôt que d'un savoir" en mettant le pied àl'etner à son fils Guillaume, dont les premieres bouteillessont attendues impatiemment par le fan-club de SelosseDans tous les cas, les portraits de vignerons que vousallez découvrir mettent à jour des passionnés et desamoureux de leur métier, dont la sensibilité est percep-tible dans chacune de leurs bouteilles

Matthieu Delaportea repris I exploitation

familiale dans levignoble de Sancerrepres de la commune

de Chavignol dansle respect du terroir

et de I environnement

SANCERREDomaine Delaporte, Matthieu Delaporte

Chavignol est un village d'irréductibles dans le vignoblede Sancerre C'est une fierté pour les vignerons d'ar-borer Chavignol sur leure étiquettes ' Un cru à part dansl'appellation dont les blancs de sauvignon, plus géné-reux et solaires que sur les calcaires et les silex de San-cerre, s'exportent dans le monde entier Maîs tout n'estpas si rose dans la petite commune vigneronne En 2010,Jean-Yves Delaporte est pessimiste sur l'avenir de sondomaine La crise économique frappe, les ventes s'ef-fondrent, les maladies ravagent les vignes Maîs cetteannee, l'aîné de ses trois enfants, Matthieu, revient auberceau familial plein d'ambition et d'idées pour pour-suivre cet héntage qui remonte au XVIIe siècle Le minotde 22 ans prend un virage à 180 degrés II se débarrassedes pesticides et herbicides, entreprend le labour dessols, baisse les rendements des récoltes et débute lesvendanges manuelles "La concurrence mondiale estféroce Nous sommes obligés de passer par tout ce tra-vail pour que les vins se démarquent", confie lejeunevigneron Ces années de labeur paient. Désormais lesvins de ce domaine font parler les amateurs à proposde deux cuvées issues des terroirs historiques de Cha-vignol Les Monts Damnes, un sauvignon exposé ausud, plein et ciselé, et Le Guide Beaujeu, un pinot noirplanté sur un coteau pentu, coloré et tout en chair Aseulement 28 ans, Matthieu Delaporte est lom d'avoirdit son dernier mot '

BANDOLChâteau Pruneaux, Étienne Portails

Le château Pradeaux est une propnété histonque incon-tournable de Provence Ce domaine est dans le gironde la famille Portails depuis 1752 ' A l'époque, cettepropriété de Samt-Cyr-sur-Mer appartenait à JeanÉtienne Marie Portails, corédacteur du code civil etnégociateur du Concordat sous Napoléon Ier Transmisau fil des générations, c'est pendant la Seconde Guerremondiale que Pradeaux prend un tournant grâce àSuzanne Portails et sa fille Arlette Les deux femmesrelancent le domaine et participent à la création del'AOC Bandol qui verra le jour en 1941 Dès lors, lesrouges du château s'inscrivent parmi les ténors de Pro-vence Vinifiés en grappes entières (la majonté des ban-dols est totalement éraflée), élevés quatre ans en vieuxfoudres, puis quèlques mois en bouteille, les rouges dePradeaux s'affirment avec beaucoup de muscle et derace, hors des normes actuelles qui façonnent les vinsafin qu'ils soient consommés de plus en plus tôt ll fautattendre au moins dix ans avant que ces bandols

Page 3: AU NOM DU PÈRE

Date : SEPT/OCT 16

Pays : FrancePériodicité : Parution Irrégulière

Page de l'article : p.50,51,52,54Journaliste : Alexis Goujard

Page 3/4

SANCERRE 6147788400524Tous droits réservés à l'éditeur

Étienne Portailspoursuit I aventurefamiliale du bandoletdumourvedreau Chateau Pradeaux

musclés ne se livrent Etienne Portails, 30 ans, estl'héritier de cette longue et riche tradition familiale Sansrompre avec le «style Pradeaux», ce première ligne derugby s'attelle, depuis son retour au bercail en 2011, àsouligner la finesse et la tension qui demeurent dansces mourvèdres méditerranéens Avant de déguster leGrand Vm 2011 (25 €), essayez/.** Lys 2012 (15 €) pourvous imprégner des notes florales et épicés et de latrame iodée de ces grands rouges provençaux

CHAMPAGNEGuillaume Selossc

Guillaume Selosse est un jeune homme humble et dis-cret à côté de son père, Anselme, 62 ans, un monstresacre de la Champagne Ce dernier est le premier vigne-ron a avoir porté ses champagnes à une notonété aussihaute que les marques de prestige (Cristal de Roederer,

Guillaume Selossea rejoint depuis 2012son pere Anselmeau domaine familialet présentera sonpropre champagnedia la fin 2016

Dom Pérignon, Grande Annee de Bollinger, Salon )auprès des amateurs de vin Ses blancs de blancs, pnn-cipalement issus des prestigieux Grands Crus de la Côtedes Blancs, s'arrachent dans le monde entier La robedoree les notes florales, légèrement ranciotées, rappe-lant des xérès d'Andalousie, à la texture vineuse, richeen extraits secs et en saveurs salees et ameres quidonnent une sensation poignante sur la langue et fontde ces champagnes des vins à part Selosse soit onadore, soit on déteste Maîs parlons de Guillaume llapprend le metier avec son père qui évoque plutôt lepartage d'une réflexion et d'une philosophie Sous l'éti-quette "Guillaume S ' , le jeune de 27 ans s'émancipell mettra sur le marche chez quèlques cavistes, à la finde l'année son propre champagne issu de chardonnayd une petite parcelle de Cramant, Au-dessus du grosmont (75 € la bouteille), offerte par sa grand-mère pourses 18 ans Cette cuvee est attendue

Page 4: AU NOM DU PÈRE

Date : SEPT/OCT 16

Pays : FrancePériodicité : Parution Irrégulière

Page de l'article : p.50,51,52,54Journaliste : Alexis Goujard

Page 4/4

SANCERRE 6147788400524Tous droits réservés à l'éditeur

impatiemment par les ama-teurs, curieux de connaître la relèvedu domaine Jacques Selosse

GAILLACDomaine Flageoles,Florent et RomainFlageoles

"Mon grand-père, Marcel, aretrouvé les cépages ancestraux,mon père, Robert, les a plantés,moi, je les vinifie et mes fils les élè-veront", nous raconte Bernard Fla-geoles, vigneron emblématique deGaillac Depuis des générations, lafamille Flageoles défend bec etongles les variétés autochtones deGaillac Mauzac, ondenc, verdanel,prunelart, duras Pas moins dedouze cépages sont cultivés audomaine à Cahuzac-sur-VèreAvec vingt-trois millésimes à son actif Bernard a portéle domaine au sommet des vins du Sud-Ouest Maîsil ne cache pas sa joie de passer tranquillement les rênesdu domaine à ses deux fils, Florent, 33 ans, et Romain,29 ans Après avoir baroudé à l'étranger dans desvignobles et bistrots à vins, les deux frères font leursarmes depuis quèlques années au côté de leur pèretout en vinifiant leurs propres cuvées Tërroinsts, expé-rimentant différents types d'élevage (en cuves, enfûts, en demi-muids ) et poursuivant le travail derecherche sur l'adaptation des cépages dans leur ter-roir à travers une pépinière de varietés Le passage à!a biodynamie d'ici quèlques années est, pour les frèresFlageoles, la suite naturelle afin que les vins du domaineaillent plus loin dans l'expression du terroir, et pourapprofondir le travail des anciens

SAINTÉMILION,Château Mangot, Yann et Karl Todeschini

Loin des Grands Crus classes pompeux et des étiquetteshors de prix, des châteaux, plus discrets, nous régalentde leurs rouges finement élevés sans aucun artifice AuChâteau Mangot, Yann et Karllbdeschini ne subissentpas le "bordeaux bashing" Les deux frères reprennentle flambeau en 2008 et s'attachent depuis à produiredes vins sous l'appellation Saint-Emilion Grand Cru àfort caractère, au goût proche du raisin et du sol Pourcela, ils convainquent leurs parents de passer progres-sivement le vignoble de 34 hectares (21 parcelles) enbio avec des pratiques biodynamiques (sans revendi-

Apres avoir fait leursclasses auprès deBernard leur pere

Florent et RomainFlageoles envisagent

le passagea la biodynamie

Yann et KarlTodeschini sont deuxfins techniciens et ontpane sur le bio pourleur saintemilion

quer de certification) En cave, ils affinent les vinifica-tions et les élevages de plus d'un an en barriques. Ilsgardent ensuite les bouteilles entre deux et sept ans encave pour les mettre sur le marché lorsqu'elles sontprêtes à être bues Une aubaine pour leurs clients ' Cesdeux fins techniciens n'ont pas révolutionné le domainefamilial, maîs ont pns la bonne direction vers une culturepropre et réfléchie •