Au Fil Des Saisons n°33 - Automne 2010

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EDITO SOMMAIRE DOSSIER Coup de chaud sur les céréales Page 3 Page 2 La vie du Comptoir Les chiffres du Comptoir : Blés 2010 : un bon cru Page 4 En direct du développement La chrysomèle du maïs confinée Viti.com, l’âge de raison Page 5 Zoom sur… Alsépi, une filière durable Approvisionnement : les engrais repartent à la hausse Page 6 Les brèves du Comptoir Témoignage Materne Hauk, président des boulangers D epuis cet été les marchés des céréales s’affolent et la nervosité gagne tous les intervenants. La réaction des médias ne s’est pas faite attendre. Au spectre de la hausse des prix sont souvent associés les bénéfices empochés par les céréaliers. Le démantèlement de la PAC et la « financiarisation » des marchés ont conduit à une volatilité des cours qui n’est satisfaisante ni pour le producteur ni pour le consommateur. Mais il nous faut «faire avec»… Dans un contexte aussi fluctuant, la coopérative doit disposer des hommes et des infrastructures de stockage lui permettant d’assurer de façon optimale la collecte et la commercialisation des céréales. La grande distribution et le consommateur doivent eux accepter de payer le juste prix, celui qui alloue au producteur un revenu décent. Eugène Schæffer Président du Comptoir Agricole #33 • automne 2010 Au fil des saisons le journal des adhérents du comptoir agricole Que chacun joue son rôle ! A l’heure où nous bouclons ce numéro la campagne de collecte de maïs démarre lentement. La faute a une météo capricieuse. Laquelle est à l’origine de catastrophes ailleurs dans le monde, comme en témoigne la récente canicule russe. Les prix des céréales sont repartis à la hausse et ceux des engrais suivent la tendance. Sans pour autant nous retrouver dans le contexte de 2007. Nous revenons longuement sur ces sujets dans ce numéro. Agir en responsabilité Après plus de 30 ans de carrière au service de notre coopérative, de ses adhérents et de l’agri- culture alsacienne, notre directeur général André Schuhler quitte le Comptoir Agricole. Je me joins à l’ensemble du Conseil d’adminis- tration pour le remercier chaleureusement pour toutes ces années passées à la construction et au développement de notre coopérative aujourd’hui devenue «groupe». Il a été pour l’entreprise un homme rare et plein de qualités : visionnaire, investi, énergique, inventif, entreprenant, et respecté à plus d’un titre. Le Conseil d’administration a nommé Denis Fend directeur général du Groupe Comptoir Agricole pour lui succéder. Le nouveau dirigeant a pris ses fonctions le 1 er octobre. Eugène Schæffer, président

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Au sommaire de ce numéro : Marché des céréales 2010 - Bilan sur la collecte de blé - Chrysomèle du Maïs - Viti.com a 10 ans - Alsépi a 10 ans - Marchés des fertilisants - Témoignage de Materne HAUK, Président de la Fédération bas-rhinoise de la boulangerie

Transcript of Au Fil Des Saisons n°33 - Automne 2010

Page 1: Au Fil Des Saisons n°33 - Automne 2010

EDITOSOMMAIREDOSSIER Coup de chaud sur les céréales Page 3

Page 2 La vie du Comptoir Les chiffres du Comptoir : blés 2010 : un bon cru

Page 4 En direct du développement La chrysomèle du maïs confinée Viti.com, l’âge de raison

Page 5 Zoom sur… Alsépi, une filière durable Approvisionnement : les engrais repartent à la hausse

Page 6 Les brèves du Comptoir Témoignage

Materne Hauk, président des boulangers

Depuis cet été les marchés des céréales s’affolent et la nervosité gagne

tous les intervenants. La réaction des médias ne s’est pas faite attendre.

Au spectre de la hausse des prix sont souvent associés les bénéfices

empochés par les céréaliers.

Le démantèlement de la PAC et la « financiarisation » des marchés ont conduit

à une volatilité des cours qui n’est satisfaisante ni pour le producteur ni pour le

consommateur.

Mais il nous faut «faire avec»… Dans un contexte aussi fluctuant, la coopérative

doit disposer des hommes et des infrastructures de stockage lui permettant

d’assurer de façon optimale la collecte et la commercialisation des céréales. La

grande distribution et le consommateur doivent eux accepter de payer le juste

prix, celui qui alloue au producteur un revenu décent.

Eugène SchæfferPrésident du Comptoir Agricole

# 3 3 • a u t o m n e 2 0 1 0

Au fil des saisonsl e j o u r n a l d e s a d h é r e n t s

d u c o m p t o i r a g r i c o l e

Que chacun joue son rôle !

A l’heure où nous bouclons ce numéro la campagne de collecte de maïs démarre lentement. La faute a une météo capricieuse. Laquelle est à l’origine de catastrophes ailleurs dans le monde, comme en témoigne la récente canicule russe. Les prix des céréales sont repartis à la hausse et ceux des engrais suivent la tendance. Sans pour autant nous retrouver dans le contexte de 2007.

Nous revenons longuement sur ces sujets dans ce numéro.

Agir en responsabilité

Après plus de 30 ans de carrière au service de

notre coopérative, de ses adhérents et de l’agri-

culture alsacienne, notre directeur général André

Schuhler quitte le Comptoir Agricole.

Je me joins à l’ensemble du Conseil d’adminis-

tration pour le remercier chaleureusement pour

toutes ces années passées à la construction et au

développement de notre coopérative aujourd’hui

devenue «groupe».

Il a été pour l’entreprise un homme rare et plein de

qualités : visionnaire, investi, énergique, inventif,

entreprenant, et respecté à plus d’un titre.

Le Conseil d’administration a nommé Denis Fend

directeur général du Groupe Comptoir Agricole

pour lui succéder. Le nouveau dirigeant a pris ses

fonctions le 1er octobre.

Eugène Schæffer, président

Page 2: Au Fil Des Saisons n°33 - Automne 2010

2Au fil des saisons

LA VIE DU COMPTOIR

LES CHIFFRES DU COMPTOIR

Blés 2010 : un bon cru malgré une météo capricieuse12 juillet 2010. Les orages s’abattent sur la France, après une petite période caniculaire. Le vent souffle souvent en tempête, et de nombreuses festivités sont annulées pour la Fête Nationale. En Alsace, les coulées d’eau boueuses font craindre le pire, alors que la récolte démarre doucement. Retour en quelques flashes sur cette campagne 2010.

Tout est fait au Comptoir Agricole pour permettre aux adhérents de produire du blé à destination de la meunerie. Avec un différentiel de prix pouvant approcher cette année les 30 euros la tonne, il est primordial de suivre nos conseils à la lettre, que ce soit pour le choix des variétés, la fertilisation azotée fractionnée ou encore la protection des cultures.Le poids spécifique détermine le rendement « farine ». En dessous de 76 kg pour 100 litres, il devient inintéressant pour les meuniers. Chez nous, en 2010, la moyenne se situe autour de 77 kg pour 100 l.L’indice de Hagberg (temps de chute) estime quant à lui le degré de non germination du grain. Il se calcule en secondes. Plus cet indice est bas, plus l’amidon est dégradé, signe que la germination est bien lancée. La meunerie accepte les blés au-dessus de 220 secondes. Notre moyenne 2010 se situe à un niveau proche de 360.Le taux de protéines quant à lui se stabilise en moyenne autour de 11.8%.

La réglementation est précise : A 1250 microgram-mes par kg de désoxynivalénol (ou DON), le blé est impropre à la consommation humaine. Avec des pluies à la floraison et une récolte qui s’est éternisée, le risque était très important. Heureusement que les adhérents continuent de jouer massivement le jeu des variétés les moins sensibles, mais aussi du trai-tement fongicide à la floraison. Nos observations montrent qu’en 2010, sans que le doute ne soit per-mis, ces traitements à la floraison ont fait baisser la moyenne constatée de DON de plus de 50%. Cette année encore, le cocktail variété + pratiques agricoles + traitement à la floraison + conditions météo a apporté une grande variabilité dans les résultats. Certaines livraisons étaient clairement im-propres à l’alimentation humaine. Nous invitons tous nos adhérents à analyser avec leur technicien les ré-sultats d’analyses qui leur ont été transmis.

Mycotoxine (DON) : un risque omniprésent

Maïs 2010, démarrage en douceur

Une campagne qui s’éternise

En avril, les blés viennent déjà de passer l’une des années les plus froides depuis 60 ans. L’azote n’est pas toujours bien valorisé. Cette situation est rectifiée grâce aux pluies du mois de mai. Revers de la médaille, ces mêmes pluies favorisent les maladies du feuillage. En jouant les prolongations courant mai, elles augmentent sensiblement le risque « mycotoxines ». La fusariose est d’ailleurs très visible. Et alors que la douceur serait nécessaire pour que les grains se remplissent, c’est la chaleur qui s’abat sur l’Alsace début juillet. Ce qui limite le rendement.Démarrée très doucement le 7 juillet, la collecte est souvent interrompue par les pluies. Puis se déroule dans de meilleures conditions à partir du 15, avantagée par la mesure de séchage gratuit qui a joué pleinement son rôle. Quelques jours plus tard, la vitesse de collecte ne laisse pas le temps de souffler aux hommes de la coopérative. En l’espace de quatorze jours, 82% de la collecte est réalisée. Il manque encore deux très belles journées pour finir. Les producteurs ne les auront pas : il faudra attendre le 14 août – plus de trois semaines – pour terminer cette collecte.

Un pic de collecte les 19 et 20 juillet

Le record de 2010 est enregistré le 19 juillet avec 17 000 tonnes collectées en une seule journée.

Le saviez-vous ? Ce jour-là, le Comptoir Agricole a collecté de quoi fabriquer cent millions

de baguettes de pain !

140 000

Tonnage aux normes

évolution collecte 2010

évolution collecte 2009

tonage journalier

Evolution de la collecte de blés 2010120 000

100 000

80 000

60 000

40 000

20 000

1 juillet 15 juillet 1 août 15 août0

Une année pour la meunerie

Au moment où nous bouclons ce numéro, la récolte ne fait que commencer, bien plus tard que d’habitude. En effet, la campagne est lancée officiellement le 27 sep-tembre, contre le 9 septembre l’an passé. Mi-juillet, avec un retard végétatif d’envi-ron une semaine, les pluies bienfaitrices n’ont pas gommé les dégâts déjà enregis-trés. Le nord du département est resté longtemps en déficit hydrique, et des pertes directes de 10% pourront en être la conséquence. Les épisodes de grêle, violents par endroits, ont occasionné ponctuellement de fortes pertes. Les attaques de taupins, très fréquentes cette année, ont aussi été préjudiciables.Notre service technique table en moyenne sur une baisse du rendement de 3 à 4 quintaux par hectare, comparé à 2009. Nous encourageons nos adhérents à se rendre régulièrement sur l’extranet www.ariane.coop pour se tenir au courant des évolutions de cette récolte.

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DOSSIER

a u t o m n e 2 0 1 03

Coup de chaud sur les céréalesEurépi : « Il faut plus de vingt mois pour établir un prix moyen sur le Rhin »

COSTAL : « Le prix des céréales a un impact immédiat sur nos prix de vente »

Ces derniers temps, la presse généraliste fait dans la caricature. Les producteurs de blé s’enrichiraient alors que les consommateurs seraient au bord de l’asphyxie. Comme tou-jours en pareils cas, il faut se forger son opinion en écoutant les professionnels. Nous sommes allés à la rencontre d’Eurépi, de Costal et du président d’Alsace volailles.

« Chacun devrait se souvenir qu’en 2009, les céréales n’ont pas permis de dégager un revenu décent aux producteurs. Un an plus tard, ce n’est que justice que les exploitants puissent rééquilibrer leurs comptes. Et si l’alimentation animale est obligée de répercu-ter les hausses des matières premières, il faut comprendre de quoi l’on parle. Prenons l’exemple d’un poulet label. Il faut 3 kg d’aliment pour produire 1 kg de poulet. Et bien, au final, une forte augmentation du prix des céréales se réduit à 29 centimes d’euros par kilogramme de volaille retrouvée sur les étalages. A comparer au prix de vente de 5 à 6 euros constaté. Le consommateur peut comprendre cela et accepter d’en payer le juste prix. Il faut que chacun fasse son travail en aval et l’explique à nos concitoyens. »

Au fil des saisons : Pour le Groupe Comptoir Agricole, comment cela se passe t-il sur le Rhin ? Antoine Wuchner (Eurépi) : Plusieurs para-mètres spécifiques sont à prendre en compte si on veut optimiser notre prix. D’abord, nous disposons d’un nombre de clients locaux restreints pour nos blés, et pas toujours « à l’achat » quand on en aurait envie. D’autre part, il nous faut loger notre maïs, sans être tributaire des fluctuations du niveau d’eau du Rhin. Ce qui impose de « dégager » du blé. Enfin, comme tout le monde, nous voulons profiter des éventuelles hausses de cours du marché.

AFDS : le marché s’emballe depuis quelques mois. Que se passe-t-il ?AW : Depuis la récolte 2008, la situation mon-diale était lourde. Pourtant, ce printemps 2010, les exportations de blés européens se sont accélérées à la faveur d’une chute impor-

tante de l’euro face au dollar. Un assainisse-ment de la situation européenne était sur les rails provoquant la remontée inespérée des cours des céréales. Dans un contexte promet-teur, les fondamentaux s’annonçaient une fois de plus très lourds, avec des stocks mon-diaux élevés. Et puis la sécheresse historique en Russie est arrivée. On parle d’une perte de récolte de 30%. Les esprits ont été marqués au plan mondial, et la hausse rapide des cours s’est enclenchée.

AFDS : Au moment où l’on vous interroge, on parle d’un blé à plus de 220 euros la tonne…AW : Il faut savoir de quoi l’on parle. Vous parlez en fait du cours du blé FOB Rhin base juillet, c’est-à dire d’une cotation au jour « J » et même à un instant « T ». C’est donc une cotation instantanée. Je préfèrerais parler de cotation moyenne car n’oublions pas qu’il faut plus de vingt mois sur le Rhin pour éta-blir un prix moyen sur une campagne. Claire-

ment, des affaires sont faites sur une longue période. Il y aura de bons prix mais aussi de bien moins bons. Cela dépendra du moment. Une seule certitude à ce jour : le prix moyen sera plus haut cette année que ce que nous aurions pu imaginer en début de campagne. C’est-à-dire des prix bien plus convenables que ces deux dernières années.Maintenant, beaucoup de monde s’interroge sur le temps que durera cette hausse. Il fau-dra encore avancer un peu dans la campagne pour le savoir. Le marché a intégré dans son niveau de prix tous les éléments haussiers déjà connus. En se projetant dans le temps, d’autres événements haussiers pourraient se produire, comme une sécheresse dans l’hé-misphère sud, ou encore une mauvaise récol-te de maïs aux USA. En l’absence de nouvelles données, les cours pourraient au contraire stagner, voire baisser.

Laurent Thiaucourt et Jean-Christophe Jugy sont respectivement directeur et acheteur chez Costal, filiale du Comptoir Agricole. Nous les avons rencon-trés pour bien comprendre l’impact de la hausse du cours du blé sur leur activité.

Manque de visibilité « Il y a quelques années, je pouvais encore envisager de travailler avec un fournisseur sur une période de six mois. Le prix était connu, et la sérénité était de mise. Ces derniers temps, je ne suis même pas sûr à 100% d’avoir de la mar-chandise ! Mon obsession : me couvrir ! » explique Jean-Christophe. « Ce n’est évidemment pas nouveau, puisque la réforme de la PAC de 1992 a introduit plus d’incertitude. Et la spéculation brouille encore la donne. »

Matières premières moins interchangeables « Nous avons connu des moments où une source de pro-téines voyait son prix augmenter fortement, mais sans que les céréales ne bougent vraiment. Ce n’est plus le cas. Si techniquement, les céréales sont évidemment dif-

férentes dans leurs apports nutritionnels, nous pouvions toujours passer d’une matière première à une autre, avec discernement. On ne peut plus. Sans oublier que les autres débouchés sont nos concurrents. Produire du blé à voca-tion meunière – et donc mieux rémunéré, jusqu’à plus de 30 euros la tonne – a tout son sens pour les producteurs. La qualité 2010 est excellente. Je vous laisse imaginer les conséquences pour nous… »

Répercussion du prix des matières premières : tout dépend de la situation« Pour Costal, si la visibilité sur le prix des céréales est bon-ne, il est possible de se couvrir sur une longue période. Pen-dant tout ce laps de temps, le prix de l’aliment ne bouge pas. A contrario, en ce moment, les prix sont impossibles à prévoir. L’approvisionnement se fait au fur et à mesure. Le prix de la céréale est donc immédiatement répercuté. Autre facteur important : la structuration de la filière. L’Al-sace a su se doter d’un outil de protection du revenu des producteurs de volailles. Le prix des matières premières est répercuté sur le prix du produit final à l’abattage. En porc,

c’est la dure loi de la libre concurrence qui s’applique. Avec les difficultés que l’on imagine pour les producteurs… »

Les aliments pour animaux : jusqu’à 63% de céréales ! « Les chiffres sont formels : 70% du prix de l’aliment est constitué du coût des céréales. Le reste vient de la logisti-que et de la fabrication. Avec un tel ratio, comprimer son prix de vente n’a plus de sens dans un contexte haussier. »

Le détail du calcul1 kg de poulet label = 3 kg d’aliment = 2.25 kg de céréales (car aliment composé à 75% de céréales) = +20.3 cts d’euro (avec une hypothèse de hausse du blé de 90 euros la

tonne entre 2009 et 2010) = + 29 cts d’euro le kg de poulet à l’étalage (car 30 % de perte sur poulet

vivant)

Eugène Schæffer, président du Comptoir Agricole mais aussi d’Alsace Volailles : « Nous devons tous vivre de nos métiers »

L E C O M B L E D E L’ é L E V E U R

Nourriturepour

volailles

J’achète de la nourriture

pour volailles à un prix… très volatil !

Page 4: Au Fil Des Saisons n°33 - Automne 2010

4Au fil des saisons

DévELOPPEMEnT

Viti.com : l’âge de raison

La chrysomèle du maïs en phase de confinementSubtilité pour les uns, gesticulations verbales pour les autres, nous sommes bien passés d’une politique d’éradication à une autre de confinement. Cela veut dire que le parasite est bel et bien là, et qu’il est impossible de rêver à le faire disparaître de notre territoire. Nous allons devoir apprendre à vivre avec. Avec de gros foyers dans les pays limitrophes (Allemagne, Italie…), l’idée est bien de faire en sorte que la culture phare de la région soit au maximum épargnée. Et par la même, le revenu de nombreux adhérents de la coopérative.Début août, nous vous tenions au courant sur notre site extranet ariane.coop de la démarche profession-nelle initiée par la filière maïs alsacienne auprès du Ministère de l’Alimentation et de l’Agriculture et de la Pêche (MAAP). Et qui visait à faire évoluer la stratégie de lutte contre la chrysomèle du maïs.Nous sommes passés d’une stratégie d’éradication à une stratégie de confinement de l’insecte dans les ré-gions Rhône-Alpes et Alsace.

Si l’arrêté ministériel est en phase de finition, les repré-sentants des producteurs en savaient suffisamment mi-septembre pour animer des réunions d’information à ce propos. Le sujet reste malgré tout complexe.

Focalisons-nous sur les points suivants : la rotation et la lutte larvicide.

Sur tout le territoire, il ne sera plus possible de pro-duire du maïs plus de cinq années consécutives.La raison est simple : même si des insectes se repro-duisent, la rotation reste le meilleur moyen de casser le cycle du ravageur. Après négociations et réunions

d’échanges techniques, il a été décidé de prendre pour référence la sole maïs en 2010. Au plus tard dans 5 ans, chaque producteur devra avoir implanté autre chose que du maïs dans chacune de ses parcelles. Mais afin d’éviter que cette rotation ne se réalise par à-coups, le futur arrêté stipulera qu’il faudra, dès la prochaine cam-pagne, cultiver autre chose que du maïs sur au moins 1/6ème de cette sole, soit 17%. Progressivement, au cours des cinq années suivantes, cette proportion de-vra passer au minimum à :

- un tiers de la référence, en année 2, en cumul sur l’ensemble des deux premières années,

- la moitié en année 3, en cumul sur l’ensemble des trois premières années,

- les deux tiers en année 4, en cumul sur l’ensemble des quatre premières années,

- les cinq sixièmes en année 5, en cumul sur l’en-semble des cinq premières années, et enfin

- 100% en année 6, sur l’ensemble des six années.

La lutte larvicide est également retenue dès qu’une parcelle héberge du maïs pour la troisième année consécutive.

Viti.com fête cette année son dixième anniversaire. A cette occasion, cette filiale à 100 % du Comptoir étoffe son offre de services en proposant à ses clients l’expertise d’un labora-toire œnologique de pointe.

En 2000, ce qui était une activité du Comptoir Agricole, est devenu une en-tité économique à part entière de ma-nière à répondre aux besoins spécifiques et croissants des adhérents viticulteurs. Viti.com était né. Dès le départ, la performance devait être au rendez-vous pour tout ce qui touche à l’approvisionnement traditionnel, des fertilisants aux produits de protection des cultures. Le gros du travail a donc été de créer et d’uniformiser des gammes de produits spécialisés (bouteilles, bouchons, cartons…) et d’y adjoindre les familles et services manquants au fur et à mesure.

Un catalogue de services complet par un prestataire uniquePesant 8 millions d’euros de chiffre d’af-faires, Viti.com est aujourd’hui une struc-ture très saine et bien implantée dans son secteur d’activité. La société dispose d’un excellent maillage du territoire bas-rhinois grâce à ses dépôts de Molsheim, Andlau, Scherwiller et Marlenheim. Bien qu’elle ne les facture pas, c’est grâce à des conseils techniques de grande qualité qu’elle s’est imposée auprès d’une clien-tèle pointue et exigeante. Ces connais-

sances s’appuient d’ailleurs sur un travail quotidien visant à placer la barre plus haut que les concurrents.« On fait nos propres essais », explique Cé-dric Kayser, responsable de la société, « pour les réaliser, un viticulteur nous prête une parcelle tous les ans. Une partie de ceux-ci sont faits dans le cadre du pool tech-nique In Vivo (fédération de coopératives), mais on y rajoute une ou deux modalités propres à Viti.com. » Au final, des conseils sur mesure pour les viticulteurs : « si ce n’est pas la peine, on ne traite pas, on essaie de les pousser à traiter le moins possible » précise M. Kayser. Une volonté de tisser un lien fort avec le producteur, héritage des origines coopératives de la structure. Mais les conseils ne se limitent pas aux traitements : « ces dernières années, les produits ont évolué très vite, les viticulteurs ont besoin de connaître les nouveautés ».

Du nouveau : le laboratoire œnologique Afin d’élargir encore la gamme des ser-vices, Viti.com a racheté cette année le Laboratoire Œnotechnique du Vignoble à Riquewihr. Celui-ci est désormais cha-peauté par Jean-Jacques Kah, œnologue-conseil confirmé déjà bien reconnu sur la région.Grâce à ce laboratoire agréé COFRAC, les viticulteurs peuvent aujourd’hui faire ana-lyser leurs échantillons afin de déterminer la date de mise en bouteille, préparer les concours officiels, envisager l’exporta-tion… Le matériel et les savoirs mis en œuvre permettent d’avoir un suivi quali-tatif au plus juste, et ce de la baie au vin.

Ce laboratoire est également plein de promesses pour d’éventuels dévelop-pements : il pose une nouvelle pierre à l’édifice permettant à Viti.com de ne pas se cantonner à la partie intrants et de sui-vre les viticulteurs jusqu’à la finalisation du vin en proposant toute la gamme des services dédiés à la viticulture. Une démarche loin d’être achevée, certaines étapes du processus viticole restant à explorer comme la filtration, par exem-ple. En tout cas les idées et les pistes ne manquent pas. « La mise en bouteille est à l’étude. Un cer-tain nombre de viticulteurs moyens ou pe-tits ne sont pas équipés de systèmes d’em-bouteillage. Pourquoi ne pas créer une station d’embouteillage mobile et associer la livraison de bouteilles et les bouchons ? » ajoute Cédric Kayser.

Du développement, encore du développement« Aujourd’hui, sans développement, vous disparaissez », affirme M. Kayser. « Viti.com est ouvert à toute collaboration avec d’autres distributeurs. Dans les cinq à dix ans à venir, leur nombre sera probable-ment divisé par deux ou trois. Il nous reste encore à couvrir le Haut-Rhin tout en pro-posant à d’autres de se joindre à nous afin de devenir « la » référence en Alsace.»Et de conclure sereinement : « Les fournisseurs font régulièrement des en-quêtes auprès des viticulteurs et nous sommes perçus comme les plus ef-ficaces et les plus compétents dans notre secteur d’activité, en Alsace ».

Contrairement aux années antérieures, aucun foyer n’a été détecté en Alsace. Seuls des individus isolés ont été identifiés, sur 29 points répartis du nord au sud (cf. carte ci-contre).

Source: DRAAF Alsace

29 captures en 2010 en Alsace

• 2000 : Fusion de l’activité vigne du Comptoir et de la société Agriculture Distribution à Dor-lisheim

• 2002 : Acquisition des établissements Laemle à Illkirch (bouteilles, pro-duits œnologiques, plaques de filtration…)

• 2005 : Viti.com atteint sa vitesse de croisière

• 2010 : Acquisition du laboratoire œno-logique de Riquewihr

Viti.Com en quelques dates

Merci à Christian Schneider pour son aide à la rédaction de cet article.

Bouteilles

Protection de la vigne

Cartons

Engrais

Divers (piquets, fil de fer, libre-service…)

Répartition des 8 millions d’euros de chiffre d’affaires

Page 5: Au Fil Des Saisons n°33 - Automne 2010

ZOOM SUR

5Au fil des saisons

Alsépi : une filière qui sent bon le développement durable

Retenu, Joseph Dorffer, meilleur ouvrier de France et initiateur du projet, était bien présent dans les esprits. Materne Hauk, président des boulangers, l’a bien rap-pelé. Philippe Richert, président de la Région Alsace devait quant à lui souligner l’avance sur son temps de la démarche, d’une extraordinaire modernité. Seule la notoriété fait encore défaut, difficile à acquérir quand

le nombre d’artisans tarde à décoller pour de bon. Mais le frémissement perceptible en ce moment est de bon augure. Bernard Stalter, patron des artisans, a rappelé quant à lui combien l’économie de proximité avait tout son sens.

Eugène Schæffer, président du Comptoir Agricole, de-vait se souvenir des réunions de travail pour arriver à construire un cahier des charges satisfaisant pour tout le monde. « Ce fut long, compliqué, mais il fallait le faire car c’était un moyen de créer de la richesse et de la valeur ajoutée pour les producteurs. » Savoir-faire, terroir, fierté régionale, création de valeur ajoutée, développement résolument durable… autant d’expressions que, tour à tour, Jean-François Vierling pour Alsace Qualité et les représentants d’autres collecteurs et de la meunerie devaient reprendre à leur compte pour expliquer leur engagement.

A en croire l’UNIFA, l’Union Internationale de l’Industrie de la Fertilisation, le marché français reste le cinquième du monde, et le premier en Europe. Mais il convient d’ajou-ter aussitôt que la France ne consomme plus que deux pour cent de ce total… ce qui relativise largement les choses. Sans compter que cette part relative est en chute per-manente, compte tenu de la progression très forte des besoins des pays émergents.

Les fondamentaux de ce marché n’ont pourtant pas beaucoup évolué. La parité euro-dollar permet de gommer certaines hausses et évite une flambée encore plus forte. Très gourmands en énergie, certains fertilisants ont des cours qui suivent celui du pétrole. Fin 2007, le baril flirtait avec les 100 dollars, avant d’atteindre des sommets. Il est aujourd’hui autour de 80 dollars. Il faut donc chercher ailleurs les réponses à nos questions. Probable-ment du côté des pays consommateurs eux-mêmes. Clairement, il convient maintenant de parler de « petite Europe » dans ce domaine, tellement notre agriculture continentale n’intéresse plus les fabricants. Il est vrai que nos efforts pour optimiser leurs effets sont impressionnants ! (voir graphique ci-contre). Sans oublier que l’engrais devient un pro-duit purement spéculatif. Surtout le phosphate et la potasse.

Il y a dix ans, quelques pionniers portaient une idée simple sur les fonts bap-tismaux : faire produire du blé meunier en Alsace, le stocker dans d’excellentes conditions, en faire de la farine localement et le confier à des boulangers régio-naux pour en faire du pain. Mais avec un cahier des charges strict, limitant les ingrédients à leur plus simple expression. La filière Alsépi était née. Le Comptoir Agricole en faisait naturellement partie. Le 18 septembre, la grande famille régio-nale était réunie pour souffler ses dix bougies.

Difficile de ne pas faire de parallèle entre cette année et 2007. Il y a trois ans, au moment où les céréales étaient à leur plus haut niveau, Au fil des saisons signait un article intitulé « Jusqu’où iront les prix des engrais ? ». Pourtant la situation est différente. N’empêche que notre service approvisionnement est encore une fois sous pression pour permettre à nos adhérents de travailler dans de bonnes conditions.

En vingt ans, la production a évolué nettement plus vite que la consommation en engrais azoté (source UNIFA).

Messieurs Richert, Stalter et Schæffer à l’occasion de la signature de la charte.

LE COMPTOIR En aCTIOn

Approvisionnement : les engrais repartent à la hausse

Indice 100 en 1990

Evolution comparée de la production des grandescultures et des livraisons d'azote minéral

140

130

120

110

100

90

80

70

60

50

2009

2008

2007

2006

2005

2004

2003

2002

2001

2000

1999

1998

1997

1996

1995

1994

1993

1992

1991

1990

1989

1988

1987

1986

1985

Développement de la production agricole Fertilisation raisonnée

1984

1983

1982

1981

1980

1979

1978

1977

1976

40

Production de céréales + Colza (source AGRESTE)

Livraison d'azote minéral (source UNIFA)

+50%d'efficacité

UNE ACtIoN

Alsépi, une nouvelle démarche « terroir d’origine garanti »

A présent, si les pains blancs sont réalisés à 100% avec de la farine Alsépi, les recettes des boulangers doivent pouvoir justifier d’au moins 70% de matières premiè-res alsaciennes. Les consommateurs, comme pour de nombreuses autres filières, souhaitent mieux se recon-naître dans leur pain. Avec une baguette produite en Alsace à partir de matières premières locales, la démar-che est cohérente et l’impression de jouer un rôle socié-tal évident. Le Comptoir Agricole, en proposant à ses adhérents de devenir acteurs de la filière, entend jouer pleinement son rôle de premier collecteur régional.

L’avis de l’expert :Dany Muller, responsable approvisionnement

Il y a trois ans, je disais déjà que ma priorité était d’assurer notre approvisionnement. Non seulement la situation n’a pas changé, mais je trouve même qu’elle s’est dégradée. Les adhérents ont raison de nous demander de leur mettre à disposition un produit conforme à leur souhait. Et surtout au moment même où ils le souhaitent. C’est à nous de tout faire pour que cela se passe au mieux. Mais il est bon que les producteurs connaissent les diffi-cultés qui sont les nôtres. Nous n’avons tout simplement plus le choix de nos fournisseurs. Quant aux prix, cela fait bien longtemps que ce n’est plus un point sur lequel nous pou-vons peser vraiment… Nous n’avons simplement plus le choix. Heureusement que nous nous sommes engagés tôt sur des volumes importants, à une période plus favorable.

Marlyse Riegenstiehl, alias Patricia Weller, est marraine de la filière Alsépi. Présente pour ce dixième anniversaire, elle a animé la soirée de ses calem-bours empruntés à la boulangerie. Personne ne fut épargné.

Page 6: Au Fil Des Saisons n°33 - Automne 2010

TéMOIgnAgES

LES bRèVES DU COMPTOIR

Directeur de la publication : Denis Fend - Coordination : Christophe Klotz - Rédaction : Marita Bach, Candide, Christophe Klotz, Antoine Wuchner Photographies : Patrick Bogner, Comptoir Agricole, Labo2, Antoine Neumann, Christophe Poitout, Voronin76/Shutterstock, tous droits réservés

Création graphique et illustrations : Antoine Neumann - Réalisation : Candide / 03 88 45 38 51 Impression : Sicop / Bischheim - Dépôt légal : octobre 2010 - Tous droits de reproduction interdits

Contact journal : Comptoir Agricole / Au Fil des Saisons / 35, route de Strasbourg / 67270 Hochfelden / [email protected]

Formation déchets du personnel

Le Comptoir poursuit ses actions de sensibilisa-tion au développement durable. 60 collabora-teurs (sur sites) ont été formés au tri des déchets industriels spécifiques (DIS). Très prochainement, chaque site sera équipé d’un système innovant de tri destiné à tendre vers le « zéro déchet ».

Foire européenne : the winner is…Madame Hinz, de Schiltigheim. Elle a gagné un panier garni regroupant une série de produits issus de la transformation des céréales: corn flakes, gâteaux, tortillas, biscuits apéritif, huiles, mais aussi papier, dentifrice, détergents .... Bravo à elle!

EVPP : une collecte en routineEn trois jours, début septembre, notre coopéra-tive a récolté pas moins de 300 saches d’emballa-ges vides de produits phytosanitaires. Cette opé-ration désormais routinière témoigne de la forte implication des adhérents sur le sujet de déchets. L’effort national doit maintenant se focaliser sur la valorisation de ces déchets très particuliers.

Assemblées de section : à vos agendas !Nos sociétaires sont invités à se rendre tous aux assemblées de section aux dates et lieux sui-vants (ordre chronologique):• Traenheim, Coopérative du Roi Dagobert,

vendredi 26 novembre à 9h30• Offenheim, restaurant la Houblonnière,

vendredi 26 novembre à 14h30• Wittisheim, Auberge du Hohrust Stirmel,

lundi 29 novembre à 9h30• Bolsenheim, restaurant Kühstall,

lundi 29 novembre à 14h30• Cleebourg, Cave Coopérative,

jeudi 2 décembre à 9h30 • Geudertheim, restaurant La Couronne,

jeudi 2 décembre à 14h30 • Burbach, restaurant le Windhof,

vendredi 3 décembre à 9h30• Schwindratzheim, restaurant au Bœuf,

vendredi 3 décembre à 14h30

L’assemblée générale se tiendra le mardi 21 dé-cembre à 15h00 à la Maison de l’agriculture.

Le Comptoir fier de sa politique vers les jeunes

Le 29 août dernier, la Finale départementale de Labour chez la famille Jost à Dorlisheim a été l’oc-casion pour le Comptoir de manifester son atta-chement au travail bien fait. C’est ainsi qu’Eric Bur-ger – une fois de plus ! – et Thomas Debès se sont vus remettre chacun un home-cinéma des mains du président Schæffer. Un lot prestigieux pour des compétiteurs d’exception. Encore bravo !

Materne Hauk, président de la fédération bas-rhinoise de la boulangerie : « Le Comptoir Agricole est un bon porte-parole des agriculteurs auprès des boulangers ! »

Le Comptoir fait la foire

« Les dix ans d’Alsépi et la hausse du prix des céréales nous réunissent à nouveau. En bon chef d’en-treprise, je ne comprends pas comment un agriculteur peut accepter sans broncher de n’avoir aucune visibilité sur les prix : Il sème en octobre, et il ne sait même pas combien il va être payé en juillet... Il

faut absolument plus de régulation et plus de respect pour les producteurs qui ont le droit de vivre dignement de leur travail. Quant à la hausse que nous annoncent les meuniers, il faut que je

vous dise que sur un euro de pain, la farine ne représente plus que seize pour cent. Chaque artisan réagira à sa façon. Curieusement, notre profession est moins sensible aux charges

salariales et énergétiques quand elles augmentent.Pour ce qui est d’Alsépi, dont on vient de signer une nouvelle Charte à l’occasion de ses dix ans, je crois profondément que c’est la meilleure démonstration de ce qu’est un bon développement durable d’une filière. Je suis moi-même engagé dans Alsépi, car il faut

montrer l’exemple si l’on y croit vraiment. Je suis frappé par la fierté des adhérents du Comptoir quand ils parlent de leur blé Alsépi. Les boulangers ont quelque chose à ap-

prendre d’eux en la matière.Enfin, le Comptoir Agricole est pour moi un excellent porte-parole des céréaliers auprès de

nous. Vous savez nous faire part de vos difficultés, de vos savoir-faire… Je profiterai juste de cette interview pour proposer aux producteurs de s’ouvrir toujours plus à l’aval (1).

Nous prenons conscience de leurs difficultés. Ils ont tout intérêt à comprendre que les artisans qui utilisent leur blé peuvent eux aussi rencontrer des difficultés éco-

nomiques. »

(1) Le Comptoir Agricole et les JA du Bas-Rhin sont toujours de fidèles parte-naires des boulangers lors des fêtes du pain. En témoignage notre présence

forte l’an passé à Hoerdt, lors du dernier « Voyage autour du pain ».

Micro à la main, l’animateur invite les badauds à jouer à la Grande Roue des Grandes cultures. « Je vous don-ne une liste de produits de grande consommation. Un seul n’est pas fabriqué avec du maïs. Lequel ? Le papier, le sirop de glucose, le bio éthanol, certaines peintures, certains isolants, certaines terres cuites, le bio plastique et le carburant diester (1) ». Glace à la main, le petit gar-çon lève la main frénétiquement en criant « je sais, je sais… les corn-flakes ! ». Tout le monde rigole. Ce jeune homme n’a pas écouté la question… Une dame glisse à l’oreille de sa voisine « c’est n’importe quoi. Comme si on pouvait fabriquer tout ça avec du maïs ». Un adhé-rent du Comptoir qui faisait partie du groupe réagit aussitôt. «Je ne saurais pas vous l’expliquer mais quand vous faites vos courses, la moitié du caddie contient des céréales, et surtout du maïs ». Un autre prend la pa-role « C’est vrai tout ça. Je travaille chez Syral, à Marc-kolsheim. On fait venir des énormes quantités de maïs, et à la sortie, ce sont des sucres de toutes sortes qui re-partent. On m’a expliqué que ça allait chez des biscui-tiers, des confiseurs, des fabricants de médicaments et de dentifrice… ». L’animateur reprend la parole et fait semblant d’être agacé « Vous voulez faire le boulot à ma place ? Bien ! Qui veut tourner la roue et jouer avec les céréales ? ». De nouveaux badauds s’arrêtent. La Foire continue…

Un grand merci à nos visiteurs qui ont accepté de ré-pondre à nos questions et de nous prêter leur image.

(1) C’est le diester, bien sûr ! Et vous, auriez-vous su répondre ?

Comme tous les ans, la coopérative a dé-fendu pied à pied les céréales régionales à la Foire Européenne. Dans un contexte de mise en valeur grandissante des circuits courts, nous devons inlassablement expli-quer le devenir de nos produits.

Joseph Rapp retraité Achenheim

« Je lis beaucoup, et je savais déjà pas mal de chose sur le devenir des céréales. J’habite à la campagne, et pour moi, il est évident que le maïs est une production qui rend de vrais services. En gros, je savais déjà pour les céréales du petit dé-jeuner. Mais je ne pensais quand même pas à tous les produits possibles dont on parle ici! »

Michèle Siefer, institutrice jeune retraitée, Schiltigheim

« Je me définirais comme une curieuse. Et quand on vient à la Foire Européenne, c’est sans a priori. Avec les enfants que j’ai eu en classe, nous allions chaque année visiter des exploitations. C’était toujours des moments forts que de voir comment on produit. Ici, avec le Comptoir c’est différent : on découvre et on apprend ce que l’on fait avec ces céréales. Les produits comme les bioplastiques, les détergents, le papier, le dentifrice… c’est fou ! Vous devriez encore plus expliquer ce que vous contribuez à produire ! »

Monsieur et Madame Clauss, Valff

« Nous nous sommes arrêtés car il y avait une animation sympathique avec la roue et que vous n’aviez rien à nous vendre … Nous défions qui-conque de savoir tout ce que vous expliquez sur votre stand. C’est impressionnant de toucher ces tissus et ces rembourrages qui font penser aux fibres synthétiques. Et tout cela est fait avec du maïs ? Et c’est compostable ? Et c’est donc un pro-duit durable ? Franchement, on ne savait pas. »

PR IS SUR LE V IF

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