Au Fil Des Saisons n°23 - Printemps 2008

6
EDITO SOMMAIRE DOSSIER Le Comptoir s’engage en faveur des abeilles Page 4 Page 2 et 5 La vie du Comptoir Les chiffres du Comptoir : céréales 2008, que peut-on en dire? Le Conseil d’Administration se rend chez Roquette Repère technique : petit couvert mellifère, grandes conséquences Le coin d’Ariane Page 3 Zoom Le recyclage des déchets plastiques en passe d’être résolu Page 6 Les brèves du Comptoir Unter Uns Témoignage Franz Jacobs, l’ami des abeilles C ette phrase apparaît en titre d’un des grands chantiers – le quinzième – du Grenelle de l’environnement. Beaucoup aimeraient que nous l’interprétions par « produisez plus mais sans produits phytosanitaires et sans OGM ». Mais l’accepter ne serait pas honnête vis-à-vis de nos concitoyens. Leur faire croire que l’on peut se passer totalement des produits de traitement tout en maintenant les niveaux de rendements actuels serait irresponsable. Ce serait aussi accepter que des pans entiers de notre agriculture disparaissent et que des milliers de producteurs cessent toute activité. Qui pourrait bien croire qu’un agriculteur utilise des produits phytosanitaires par plaisir ou par simple habitude ? Soyons sérieux. Des efforts sont possibles en termes de choix des molécules mais aussi d’agronomie. A condition que la recherche puisse travailler vite, sereinement, et avec des moyens adaptés. Mais d’ici là, que doit-on faire ? Nous préférons consacrer une partie de nos efforts à des dossiers sur lesquels nous pouvons agir efficacement et rapidement. Mieux gérer les déchets agricoles comme les plastiques et les bidons vides est un enjeu en soi. Œuvrer en faveur de la biodiversité pour les insectes pollinisateurs en est un autre. André SCHUHLER Directeur du Comptoir Agricole #23 • printemps 2008 Au fil des saisons le journal des adhérents du comptoir agricole Une agriculture écologique et productive Les semis de maïs démarrent dans un contexte de tension extrême sur l’approvisionnement. Les premières conséquences du Grenelle de l’environnement commencent à se faire sentir. Le débat sur les OGM et les produits de protection des cultures est plus animé que jamais. Le Comptoir profite de l’occasion pour affirmer son rôle de leader régional en mettant l’accent sur la biodiversité et pour expliquer comment il envisage d’agir en faveur des abeilles. Toujours dans un souci de préservation collective de l’environnement, notre coopérative s’active autour de la récupération des plastiques agricoles. Nous faisons de ces deux sujets les grands dossiers du trimestre. L’entreprise citoyenne

description

Au menu de cette édition du printemps 2008: Le Comptoir Agricole, une entreprise citoyenne. Avec deux grands dossiers, l'un consacré au recyclage des plastiques agricoles, et l'autre aux efforts de la coopérative en faveur de la biodiversité.

Transcript of Au Fil Des Saisons n°23 - Printemps 2008

Page 1: Au Fil Des Saisons n°23 - Printemps 2008

editosommairedossier Le comptoir s’engage en faveur des abeilles Page 4

Page 2 et 5 La vie du comptoir Les chiffres du comptoir : céréales 2008, que peut-on en dire? Le conseil d’administration se rend chez roquette repère technique : petit couvert mellifère,

grandes conséquences Le coin d’ariane

Page 3 zoom Le recyclage des déchets plastiques en passe d’être résolu

Page 6 Les brèves du comptoir unter uns témoignage Franz Jacobs, l’ami des abeilles

Cette phrase apparaît en titre d’un des grands chantiers – le quinzième – du Grenelle de l’environnement. Beaucoup aimeraient que nous l’interprétions par « produisez plus mais sans produits phytosanitaires et sans OGM ». Mais

l’accepter ne serait pas honnête vis-à-vis de nos concitoyens. Leur faire croire que l’on peut se passer totalement des produits de traitement tout en maintenant les niveaux de rendements actuels serait irresponsable. Ce serait aussi accepter que des pans entiers de notre agriculture disparaissent et que des milliers de producteurs cessent toute activité. Qui pourrait bien croire qu’un agriculteur utilise des produits phytosanitaires par plaisir ou par simple habitude ? Soyons sérieux. Des efforts sont possibles en termes de choix des molécules mais aussi d’agronomie. A condition que la recherche puisse travailler vite, sereinement, et avec des moyens adaptés. Mais d’ici là, que doit-on faire ? Nous préférons consacrer une partie de nos efforts à des dossiers sur lesquels nous pouvons agir efficacement et rapidement. Mieux gérer les déchets agricoles comme les plastiques et les bidons vides est un enjeu en soi. Œuvrer en faveur de la biodiversité pour les insectes pollinisateurs en est un autre.

André SCHUHLERDirecteur du Comptoir Agricole

# 2 3 • p r i n t e m p s 2 0 0 8

Au fil des saisonsl e j o u r n a l d e s a d h é r e n t s

d u c o m p t o i r a g r i c o l e

une agriculture écologique et productive

Les semis de maïs démarrent dans un contexte de tension extrême sur l’approvisionnement. Les premières conséquences du Grenelle de l’environnement commencent à se faire sentir. Le débat sur les OGM et les produits de protection des cultures est plus animé que jamais. Le Comptoir profite de l’occasion pour affirmer son rôle de leader régional en mettant l’accent sur la biodiversité et pour expliquer comment il envisage d’agir en faveur des abeilles. Toujours dans un souci de préservation collective de l’environnement, notre coopérative s’active autour de la récupération des plastiques agricoles. Nous faisons de ces deux sujets les grands dossiers du trimestre.

L’entreprise citoyenne

Page 2: Au Fil Des Saisons n°23 - Printemps 2008

2

LES CHIFFRES DU COMPTOIR

LA VIE DU COMPTOIR

Au fil des saisons

LA VIE DU COnSEIL

Le Conseil d’administrationse rend chez RoquetteFin mars, l’ensemble du Conseil d’Adminis-tration s’est rendu chez Roquette, l’un de ses clients transformateurs, sur son site alsacien de Beinheim. Il y a été reçu par Guillaume Fichet, directeur de l’unité, qui lui a fait visiter les installations et plus par-ticulièrement le nouvel outil de production de bioéthanol. Avec un potentiel de transformation de 2300 tonnes de céréales par jour, dont 1200 tonnes de blé et 1100 ton-nes de maïs, cette entité est un acteur majeur de l’in-dustrie agro-alimentaire alsacienne. Située au bord du

Rhin, sur une superficie de 70 hectares, elle compte un effectif de 250 personnes auquel viennent s’ajouter 80 emplois induits. Enfin, retenons que cette usine du groupe Roquette gé-nère un trafic fluvial de plus de 1,5 millions de tonnes de céréales par an.

La toute nouvelle unité de bioéthanol est la seule du genre dans l’Est de la Fran-ce. L’agrément obtenu grâce à la volonté conjuguée de quatre coopératives (dont le Comptoir Agricole) et de la société Roquette autorise cette dernière à produire 95 000 tonnes d’éthanol par an à partir de blé, pour une capacité théorique de 160 000 tonnes. Guillaume Fichet a rappelé que l’on trouve déjà 3% d’éthanol dans l’essence française, preuve s’il en est que notre pays est soucieux d’avancer dans la voie des biocarburants. Il a également abordé le fait que le démarrage de cette unité coïncidait avec un marché très porteur des céréa-les, que personne il y a encore un an n’envisageait à ces niveaux de prix. Mais cet investissement doit être pensé sur le long terme. Les ressources en énergies fossiles s’épuisent rapidement et nul ne sait jusqu’où grimpera le prix du baril de pétrole.

A ce sujet, monsieur Fichet s’est clairement prononcé en faveur de l’utilisation d’énergies renouvelables pour alimenter l’unité de bioéthanol. D’ores et déjà, une uni-té de biogaz de 2 MW est opérationnelle, mais l’objectif est d’en générer non loin de 70 de plus grâce à la bio-masse mais aussi à la géothermie profonde. Cette der-nière technologie dont l’Alsace est un leader mondial devrait permettre de chercher de la chaleur à plus de 3 000 mètres de profondeur.

Le Conseil a ensuite consacré le reste de la matinée à étudier la situation des marchés des céréales ainsi que les premières conséquences sur notre agriculture du Grenelle de l’environnement.

Monsieur Fichet remet solennellement les premiers centilitres

d’éthanol produits à Beinheim au Président Schæffer. Par ce ges-

te symbolique, il est rappelé que le Comptoir Agricole est éga-

lement contributeur financier puisque 700 milliers d’euros y ont

été investis.

Céréales 2008 : que peut-on en dire ?

Après une campagne 2007 qui restera dans les esprits tant les niveaux de prix atteints ont été aussi hauts qu’inatten-dus, l’attente des producteurs est grande quant à ce qui va se passer dans les mois qui viennent. Nous avons interrogé Euré-pi pour en savoir plus.

Au Fil des Saisons : Avec du recul, quels sont pour vous les éléments les plus marquants qui expli-quent les niveaux de prix atteints par les céréales ?Eurépi : On ne le dira jamais assez, mais ces niveaux sont la conjonction de plusieurs facteurs. Tout d’abord, les pays émergents très peuplés comme la Chine ou l’Inde ont d’énormes besoins liés directement à la hausse du niveau de vie moyen. Le tout dans un contexte de croissance inexorable de l’ensemble de la population mondiale. Ensuite, les à-coups climatiques de plus en plus fréquents ont tendance à affoler les marchés. La spéculation de certains fonds de pension a également joué un rôle certain. Enfin, l’augmenta-tion du coût du fret a été lourd de conséquences.

Au Fil des Saisons : Le différentiel de prix entre blé et maïs était historiquement en faveur du maïs. Depuis août dernier, la tendance s’est inversée. Comment expliquez-vous cela ?

Eurépi : Toujours à propos de ce qui s’est passé la campagne der-nière, mais plus proche de nous, la production de blé était en baisse et de qualité médiocre au sein de l’Union Européenne. Le blé fourra-ger a donc naturellement augmen-té, occasionnant un « appel d’air » sur le maïs qui se traduit par des im-portations en provenance du Brésil et de l’Argentine en tant que source fourragère. Ce « plus » en faveur des blés, s’il était important sur la campagne 2007, devrait considé-rablement se réduire. Si toutefois les conditions climatiques restent favorables.

Au Fil des Saisons : Quels sont les éléments structurels et conjoncturels à surveiller dans les prochains mois ?Eurépi : Nous retrouverons toujours les mêmes, à sa-voir la météo mondiale, les prévisions de récolte 2008 dans les grands pays producteurs sans oublier la parité euro/dollar ainsi que le cours du pétrole. Plus conjonc-turel, il y a un débat actuel aux Etats-Unis pour savoir s’il vaut mieux semer du maïs ou du soja. Moins de maïs serait synonyme de hausse potentielle.

Au Fil des Saisons : Même s’il est évidemment trop tôt pour se prononcer, avez-vous une certaine visi-bilité sur les prix de la campagne 2008 ?

Eurépi : C’est beaucoup trop tôt pour le savoir. La météo des mois de juin et juillet aura une incidence considérable. Si tout se passe bien, les prix devraient se tasser. D’autant que nous devons nous attendre à une production mondiale de blé en hausse de plus de 70 000 tonnes. Mais une incertitude persiste quant aux besoins des industriels.

Page 3: Au Fil Des Saisons n°23 - Printemps 2008

zoom

L’agriculture n’échappe pas au besoin général de consommer « durable ». Chacun doit s’engager à son niveau pour réduire ses déchets. Les plastiques en agriculture sont depuis toujours une préoccupation des exploitants et de leur coopérative. Mais si les bidons sont depuis quelques années correctement gérés grâce à ADIVALOR, ce n’était pas le cas des big-bags, saches et autres plastiques de paillage. Ce sera bientôt chose faite.

Plastiques agricoles : solution en vueDepuis que la réglementation interdit au producteur de brûler ou d’enfouir ses déchets plastiques, nos ad-hérents ont pris l’habitude de les stocker chez eux, puis de les amener en déchetteries. Mais là aussi, les choses évoluent et les SMICTOM rechignent de plus en plus à recevoir ce genre de denrées, car les volumes sont quel-quefois importants. Le développement de la technique d’enrubannage y est aussi pour quelque chose. D’autre part, des industriels capables de transformer et valoriser des objets en polyéthylène et polypropylène commen-cent à proposer aux agriculteurs de reprendre leurs dé-chets dans le but de les recycler. Mais le transport reste souvent un frein important. Conscient de cet état des choses, le Comptoir Agricole a décidé d’agir pour pro-poser une solution à la fois efficace, élégante et surtout gratuite pour les adhérents. En partenariat avec la FDSEA et la Chambre d’agricul-ture du Bas-Rhin, notre coopérative a trouvé une solu-tion « tout en une » pour ses producteurs. Il s’agit de per-mettre à chacun de se rendre dans un site du Comptoir Agricole choisi pour cette opération et d’y déposer ses plastiques agricoles. Trois journées entières seront pro-posées aux agriculteurs.

Quand, comment et où cette collecte se fera-t-elle ? La première collecte de films plastiques se fera du jeudi 18 au vendredi 20 juin inclus. La carte ci-contre vous in-dique les sites dédiés à cette opération, auxquels il faut ajouter le site de la Coop de Hoerdt.Pour cette collecte, 4 catégories de déchets pourront être amenées. Il faudra d’ailleurs bien les séparer avant de venir sur nos sites.

1 Les ficelles plastiques et les filets en polypropylène. Nous vous conseillons de les rassembler tous et de les stocker dans un big-bag usagé.

2 Les big-bags d’engrais et de semences, avec la sache intérieure. Bien penser à vi-der complètement chaque big-bag. Là aussi, le mieux est de les rouler et des les mettre dans un big-bag usagé.

3 Les bâches d’ensilage, les films d’enrubannage (polyéthylène), les sacs en plastique vides d’en-grais et d’aliments de 25 à 50 kg. Ces bâches et ces sacs devront être les plus propres possibles et pliés.

4 Les plastiques de paillage des asperges. Pour cet-te première année, nous nous limiterons à cette pro-duction sachant que le nettoyage de ces déchets est un frein réel pour les recycleurs qui préfèrent quelque-fois détruire plutôt que de recycler ces déchets. Notre capacité collective à apporter du plastique débarrassé de sa terre sera de toute évidence observée avant de renouveler l’opération les prochaines campagnes.Attention : Tout autre plastique sera refusé lors de cette opération. En outre, nous nous réser-vons le droit de refuser toute livrai-son trop souillée (terre). Bien en-tendu, il conviendra également de vérifier l’absence de tout corps étranger tel que cailloux, mor-ceaux de ferraille, verre ou bois.

Solidarité avec tous les producteurs du département

Le problème des déchets agricoles en passe d’être résolu

?

p r i n t e m p s 2 0 0 83

Quoi de neuf à propos des EVPP et des PPNU ?

Nos adhérents sont désormais habitués à stoc-ker leurs emballages vides de produits phytosa-nitaires (EVPP) après les avoir correctement vidés et rincés. Les dates de collecte en 2008 sur nos sites leurs seront données très prochainement. En terme de nouveauté, notons la signature d’un accord entre notre partenaire ADIVALOR et l’UNIFA. Grâce à cet accord, il sera désormais pos-sible d’apporter en plus de vos EVPP des bidons vides de fertilisants (engrais foliaires par exem-ple). Nous y reviendrons en détails en temps et en heure.Concernant les produits phytosanitaires non utilisés (PPNU), l’accélération du retrait de cer-taines spécialités commerciales met nombre de producteurs dans une situation inconfortable. C’est pourquoi les organisations profession-nelles agricoles du département se sont mises d’accord avec ADIVALOR sur le principe de re-conduire une collecte en 2008. Mais le gisement de PPNU risque d’être bien moins important que les années précédentes. D’autant que seuls les bidons portant le logo « ADIVALOR » pour-raient être repris gratuitement. C’est pourquoi toute nouvelle opération de collecte sera obli-gatoirement plus cadrée que les précédentes. Les producteurs doivent d’ailleurs s’attendre à être soumis à déclaration préalable. Le Comptoir Agricole fera son possible pour alléger ces dé-marches par ailleurs compréhensibles.

Le Comptoir Agricole est conscient qu’une telle opération n’est pas envisageable pour tous les distributeurs du Bas-Rhin. C’est pourquoi nous avons décidé pour cette première année 2008 de collecte de reprendre les plastiques de tous les producteurs, quelle que soit leur provenance. Il s’agit pour nous de montrer à l’ensemble du monde agricole qu’une action citoyenne est de nature à mobiliser les forces vives de la coopérative pour le bien de l’ensemble des agriculteurs.

BON à SAVOIR

Pas de PPNU au milieu des produits utilisables !

Rappelons une règle simple en cas de contrôle sur l’exploitation : votre local pour produits phytosanitaires ne doit conte-nir que des spécialités susceptibles d’être utilisées. En clair, pas de produit interdit à l’utilisation (même si cette interdiction est intervenue quelques semaines plus tôt) et pas de produit homologué sur une culture inexistante sur l’exploitation. Par contre, l’administration sait bien que vous n’êtes pas en mesure de vous débarrasser de ces PPNU aussi facilement. C’est pourquoi les contrôleurs tolèrent la présence d’un conte-neur à PPNU dans votre local phytos. Il vous suffit simplement d’y faire figurer distincte-ment la mention « PPNU – A détruire ».

9 centres de collecte sont mobilisés au Comptoir Agricole.

Page 4: Au Fil Des Saisons n°23 - Printemps 2008

DOSSIER

Ce qui allait devenir récemment le Réseau Biodiversité pour les Abeilles a vu le jour il y a déjà une quinzaine d’années dans la Marne, quand Philippe Lecompte, apicul-teur bio sur la Montagne de Reims, a pour la première fois initié la mise en place de jachères apicoles. En 2007, le réseau comptait à travers la France 54 apiculteurs, 4 partenaires institutionnels et 187 partenaires agricoles, dont le Groupe Comptoir Agricole. La même année, ce sont plus de 1000 hectares qui ont été semés. Mais un tel résultat n’est pas le fruit du hasard. Au contraire, des scientifiques reconnus, comme le Pr Jacobs de l’université de Gand en Belgique qui étudie la physiologie des abeilles depuis plus de 30 ans, sont persuadés que la cause de la mortalité des abeilles est à attribuer à plusieurs facteurs. Parmi ceux les plus fréquemment cités, nous trou-vons la difficulté qu’ont les abeilles à trouver de la nourriture à certai-nes époques de l’année.

L’évolution des cultures impacte directement la présence de pol-len utilisable par les abeillesEn 20 ans, de nombreuses cultures comme le tournesol ou la luzerne ont fortement régressé dans notre pays. Et les espèces cultivées majo-ritaires n’ont pas le même potentiel mellifère. En parallèle, ce sont cha-que année 60 000 hectares de terres agricoles qui disparaissent au profit

de l’urbanisation. Pour certains spé-cialistes la conséquence est directe : certaines années, une trop faible ressource pollinique peut conduire à une période de disette pour les abeilles à un moment – fin d’été – où la génération « d’abeilles d’hiver » a besoin de stocker des réserves afin de passer la mauvaise saison dans les meilleures conditions possibles. Le constat étant dressé, ne peut-on rien faire ? Bien sûr que si !

La reconquête de la biodiversité est l’affaire de tous !Si les agriculteurs ont pris conscien-ce de la nécessité d’agir, encore faut-il leur donner les armes pour agir. En 2008, le groupe Comptoir s’est associé à la FDSEA du Bas-Rhin, à la Chambre d’agriculture, à la Fédéra-tion des chasseurs et à celle des api-culteurs pour mettre sur pieds un ambitieux plan de bataille en faveur des couverts faunistiques et mellifè-res. S’il est beaucoup trop tôt pour faire un premier bilan de cette ac-tion (amenée à être reconduite dès 2009), il est clair que l’intérêt pour les producteurs est évident. Encore faut-il que la loi (et donc les textes relatifs à la PAC) ne devienne pas un obstacle insurmontable. C’est pour-quoi il est proposé dès cette année deux types de contrats, suivant que la parcelle florifère soit déclarée en jachère ou non. Des mélanges adaptés à chaque situation ont été mis au point avec notre partenaire

Nova Flore. Il n’est pas trop tard pour agir : appelez nous ! Par contre, le monde non agricole doit aussi se sentir concerné. Ar-boriculteurs amateurs, forestiers, mais aussi jardiniers amateurs et même industriels et PME qui ont des espaces verts pas forcément paysagers, sont autant d’acteurs potentiels pour la biodiversité. On sait aujourd’hui que de très petites surfaces de couverts apicoles sont très utiles. Retenons que si un tel couvert représente moins de 1% de l’aire de butinage potentielle d’une colonie d’abeille, il couvre par contre jusqu’à 90% des apports quotidiens de pollen pendant sa période de floraison (voir notre « re-père technique » de ce numéro du Fil des Saisons).

Depuis le début des années 90, les apiculteurs constatent des mortalités anormalement élevées de leurs colonies en sortie d’hiver. A n’écouter qu’un seul son de cloche, on finirait par croire que l’agriculture est à l’origine de ce phénomène inquiétant. Pire, que les producteurs ne s’en préoccupent pas ! Alors que nous savons tous que ces mêmes abeilles sont indispensables à la pollinisation de très nombreuses plantes cultivées. C’est pourquoi une association, le Réseau Biodiversité pour les Abeilles, a vu le jour, regroupant professionnels de la filière « miel » et agriculteurs, pour trouver des solutions ensemble.

4Au fil des saisons

Le Comptoir s’engage – humblement – en faveur des abeilles

Pour en savoir plus : www.jacheres-apicoles.fr, www.afssa.fr (taper « abeille » dans le moteur de recherche)

Contact : Christophe KLOTZ – 06 76 45 08 02

Le Comptoir Agricole donne l’exemple

S’il est toujours plus facile de donner des conseils et de rester en retrait, ce n’est pas l’attitude choisie par le Comptoir. Plusieurs de nos sites (silos, ma-gasins) vont très prochainement accueillir ce type de couverts mellifères. Histoire de donner l’exemple à d’autres industriels, mais aussi de tester les différentes façons de mettre en place ce genre de couvert. L’expérience de notre département « espaces verts » qui travaille avec de nombreuses col-lectivités sur le fleurissement est en ce sens un atout précieux.

Nectar et pollen : à ne pas confondre !Si l’Homme a essentiellement besoin de glucides pour être en forme (pâtes, riz, pommes de terre, féculents divers…) son organisme a également besoin de trouver des sources en protéines (viandes, laitages, poissons, œufs, voire graines protéagineuses comme le soja ou le pois). Il en va de même pour les abeilles. Le nectar est l’aliment énergétique par excellence, grâce à sa richesse en glucides. Les abeilles le transforment alors en miel. Quand le nectar fait défaut, l’apiculteur peut pallier ce manque en apportant à la colonie des sirops dits de nourrissement. Par contre, le pollen est LA source protéique des abeilles, et sa quantité aussi bien que sa qualité sont essentielles. Plus il sera d’origines diverses, donc issu de fleurs différentes, plus l’équilibre alimentaire sera garanti. Des études très sérieuses ont prouvé que cette alimentation pollinique avait un effet sur la taille des abeilles, le développement de certains organes mais aussi sur la résistance de la colonie aux agressions extérieures. Or quand le pollen vient à manquer, les apiculteurs n’ont pas de solution de remplacement.

Impact des insecticides : le doute persiste dans les espritsFaisons preuve d’humilité. Expertises et contre ex-pertises se succèdent sans qu’une vérité unique n’éclate au grand jour. Tout le monde se souvient des accusations portées contre les traitements de semences qui avaient abouti à la suspension en 2004 des matières actives montrées du doigt. Et malgré cette suspension, les abeilles continuent de dépérir… Depuis, de nouvelles investigations scientifiques comme l’étude multifactorielle 2002-2006 de l’AFSSA ont démontré l’absence de corrélation entre la surmortalité des abeilles et les produits incriminés. Par contre, l’alimentation des abeilles est clairement désignée comme capitale dans ce phénomène. Malgré tout, le doute persiste chez certains apiculteurs, comme le prouvent les manifestations contre la mise sur le marché d’un nouveau traitement de semences fin 2007.

Page 5: Au Fil Des Saisons n°23 - Printemps 2008

LA VIE DU COMPTOIR

Pourquoi un petit couvert mellifère peut avoir un grand effet sur les ruches ?

Les spécialistes s’accordent à dire qu’une abeille peut butiner dans un rayon d’ac-tion qui se situe autour de 10-12 km. Ce qui représente une superficie visitée de 314 km², c’est-à-dire 31 400 hectares ! Bien entendu, toute cette surface ne présente pas forcément un intérêt mellifère mais un petit calcul rapide nous renseigne sur les besoins de ces abeilles.Partons d’une hypothèse théorique de départ mais acceptable par un profes-sionnel : imaginons 50 ruches de 30 000 abeilles chacune dont un tiers de butineu-ses, lesquelles ne dépassent pas un rayon de butinage de 1,5 km, ce qui est le cas quand les fleurs sont abondantes. Cela fait 500 000 butineuses (50 x 10 000) sur une aire de 707 ha. Ou bien encore 710 abeilles par ha, soit une abeille pour 14 m². Intéressons nous maintenant aux diffé-rents couverts disponibles. On compte couramment 10 capitules épanouis de pissenlit par mètre carré dans une prairie,

alors qu’un colza en pleine floraison pré-sente 1000 fleurs par mètre carré. Un cou-vert implanté par l’Homme pour son pou-voir mellifère peut parfaitement atteindre cette même performance. Sans compter le fait que cette source de pollen diversifié est disponible en fin d’été, au moment où les abeilles en ont le plus besoin.Conclusion : si 1% de la surface butinée, soit 7 ha, est implanté avec un couvert mellifère d’une densité de 1000 fleurs par mètre carré, cela représente une dispo-nibilité théorique de 140 fleurs pour une abeille ! Ce qui explique en grande partie les efforts entrepris par le Comptoir Agri-cole et ses partenaires afin de promouvoir les couverts fleuris. Chaque canton n’hé-berge pas un apiculteur professionnel. Il n’est donc pas indispensable que ces couverts se comptent en hectares par commune. Mais si chacun fait un effort, les besoins des pollinisateurs seront… couverts !

DéfinitionLes plantes mellifères produisent des substances récoltées par les insectes butineurs pour être transformées en miel. Beaucoup de plantes sont melli-fères, mais seulement une partie peut être butinée par les abeilles domes-tiques du fait de leur morphologie (encombrement du corps, longueur de trompe...). L’apiculture classe une plante comme mellifère lorsqu’elle est ex-ploitable par l’abeille domestique. http://fr.wikipedia.org/wiki/Flore_mellifère

5Au fil des saisons

REPÈRE TECHnIQUE

Enregistrer ses applications phytos avec une aide en ligneSi chaque producteur garde une trace de ses traitements, il n’est parfois pas évi-dent de noter à la fois le nom de la spé-cialité commerciale, la dose, mais aussi l’usage. Or un produit phytosanitaire est autorisé sur une culture, avec une dose pour chaque cible. Avec l’aide de l’infor-matique et d’internet, pourquoi ne se-rait-il pas possible de faire cet enregis-trement sans risque de se tromper ? C’est maintenant possible grâce au portail www.ariane.coop et son module « Agréo/ Néotic » d’enregistrement des pratiques culturales.

Un exemple ? Imaginons que vos maïs aient besoin d’être protégés contre le liseron. Vous décidez de pro-céder à une application de Banvel à 0.6 Litre/ha pour lutter contre cette vivace.

Dans la rubrique Mes travaux / ajouter une intervention, le fait de choisir une protection herbicide conduira le logiciel à vous proposer une liste de produits phytosa-nitaires homologués sur cette culture et donc autorisés à la vente. La base de données qui gère automatique-ment cette liste est mise à jour une fois par semaine sans aucune intervention extérieure, ce qui est capital compte tenu des très nombreux retraits de spécialités commerciales depuis quelques mois. Après avoir entré les premières lettres du nom (« B », « A » puis « N »..) le nom « Banvel» apparaît automati-quement dans le menu déroulant. Pour les utilisateurs avertis, les pre-miers produits de la liste seront ceux que le producteur aura pris soin d’entrer dans ses stocks en début de campagne.Si le producteur prend la peine de dérouler le menu « usages », tous les parasites contre lesquels Banvel est homologué s’affichent. En l’occur-rence, ce sera le mot officiel « dés-

herbage » qui apparaît (le même que sur le site e-phy). Enfin, la dose d’homologation est automatiquement proposée par défaut.

Quel intérêt de pratiquer ainsi ?Tout le monde ne sait pas forcément quels sont les pro-duits retirés de la vente. Avec Ariane, ne prenez pas de risque en n’affichant que les produits autorisés. Et par le menu déroulant « usages », vérifiez en ligne que l’auto-risation existe bien et laissez une trace plus précise de votre intervention.

ExTRAnET : LE COIn D’ARIAnE

Le Réseau Biodiversité pour les Abeilles défend l’idée de créer une appellation « miel de couverts mellifères » dans les endroits où de tels couverts sont implan-tés ! Une boutade ?

Page 6: Au Fil Des Saisons n°23 - Printemps 2008

L’ami des abeillesLe Professeur Jacobs est un des grands spécia-listes européens de l’abeille. Directement impli-qué dans les démarches actuelles qui tendent à expliquer le dépérissement de certaines colo-nies au cours de l’hiver, notre journal l’a rencon-tré pour en savoir plus.

Au Fil des Saisons : Depuis combien d’années étudiez-vous les abeilles et leur comportement ?Pr Franz Jacobs : Le laboratoire de zoophysiologie de l’Uni-versité Belge de Gand existe depuis les années 70. J’ai réalisé moi-même de nombreux travaux, notamment une thèse sur le développement de Nosema apis, un protozoaire parasite chez l’abeille domestique, Apis mellifera L. Nos domaines de recherches sont axés sur la physiologie et les pathologies de l’abeille. Ainsi que sur tous les facteurs inhérents à l’apiculture. Nous avons déjà écrit de nombreuses publications sur l’impact de la qualité du pollen sur les abeilles dans les années 1980 et nous continuons aujourd’hui d’étendre nos connaissances sur le sujet grâce à de nouvelles méthodologies. Je suis également expert et consultant auprès du Ministère de l’Agriculture et de l’Environnement Belge, consultant du Musée d’Apiculture de Kalmthout, en Belgique, et en relation directe avec le monde apicole belge depuis plus de trente ans.

Au Fil des Saisons : Dans vos interventions à travers l’Eu-rope, vous défendez l’idée que seuls des apports diversi-fiés et réguliers de pollen permettent aux colonies d’être correctement alimentées en protéines. Pourquoi ?Pr Franz Jacobs : Effectivement, tout comme l’homme, les abeilles ont besoin de protéines pour se développer. Or, le pollen est la seule source de protéines accessible aux abeilles dans la nature. J’ai observé et prouvé dans mes différentes expérimentations que des abeilles auxquelles on fournit du pollen de faible qualité nutritive auront une durée de vie bien inférieure à celles à qui l’on donne du pollen de bonne qualité. Par exemple, dans le cadre de mes expérimentations, des abeilles nourries exclusivement avec du pollen de fraises

(de très haute valeur nutritive) vivront 27 jours de plus que celles nourries avec un autre pollen de faible valeur nutritive. D’autre part, il existe un facteur de 1 à 60 entre certains types de pollens. En effet, les abeilles ne savent pas différencier dans la nature un pollen de bonne ou de mauvaise qualité nutriti-ve. Quand elles ramènent des pollens faiblement protéiques dans la colonie, cette dernière ne peut pas compenser ce dé-ficit, par exemple en diminuant la ponte de la reine. Chaque ouvrière qui naît sera donc plus faible, au point d’entraîner le dépérissement d’une colonie en quelques semaines.

Au Fil des Saisons : Avez-vous observé des différences en-tre des colonies d’abeilles à proximité de couverts melli-fères et d’autres ?Pr Franz Jacobs : Oui absolument. Nous avons déjà analysé des échantillons de mélanges de pollens de jachères apico-les, qui montrent des résultats de haute valeur nutritive, qui permettront donc une durée de vie plus longue des abeilles, équivalents aux résultats obtenus avec du pollen de fraises. Pour aller encore plus loin, nous avons mis en place cette année un programme de monitoring en Belgique afin de comparer des colonies entre des zones urbanisées (Gand), agricoles (Gembloux), horticoles (Brakel) et naturelles (Beau-chevain).

Unter Uns

Les brèves du comptoir

témoignage

Directeur de la publication : André Schuhler - Coordination : Christophe Klotz - Rédaction : Denis Fend, Christophe Klotz, OLCA, Réseau Biodiversité pour les AbeillesPhotographies : Patrick Bogner, Comptoir Agricole, tous droits réservés, Réseau B iodiversité pour les Abeilles - Création graphique : Antoine Neumann - Réalisation : Candide / 03 88 45 38 51

Impression : Sicop / Bischheim - Illustrations : Antoine Neumann - Dépôt légal : avril 2008 - Tous droits de reproduction interdits Contact journal : Comptoir Agricole / Au Fil des Saisons / 35, route de Strasbourg / 67270 Hochfelden / [email protected]

Fin des subventions pour les aires de remplissageLe PVE est aujourd’hui le seul moyen d’aide finan-cière dont dispose un producteur pour s’équiper d’une aire de remplissage ou de lavage de son pulvérisateur. La convention qui permettait avant au Comptoir Agricole de remplir ce rôle en relation avec l’Agence de l’Eau Rhin-Meuse pren-dra officiellement fin en juillet prochain. Nos ad-hérents concernés par un dossier incomplet sont invités à le finaliser très rapidement.

Des kits pour se protégerPrès de 2000 de nos adhérents se sont vus proposer des kits d’équipement de protection individuelle à un prix exceptionnellement bas au cours de l’hiver. Initiée par notre groupe-ment d’achat avec l’aide des fournisseurs, cette opération vise à sensibiliser les agriculteurs aux risques liés à une utilisation de produits phy-tosanitaires sans aucune protection. Le kit se compose de gants nitriles, de lunettes, de com-binaisons jetables et de protections respiratoi-res adaptées de type masque A2P3. Ce disposi-tif a été salué par la MSA et la Caisse d’accidents agricoles du Bas-Rhin.

Mycotoxines : ne pas relâcher la pressionUne enquête sur les mycotoxines présentes dans l’alimentation des animaux de compagnie vient de paraître dans le numéro d’avril 2008 de 60 millions de consommateurs. Il y est expres-sément demandé aux pou-voirs publics de réfléchir pour « imposer des règles plus stric-tes de contrôle et de seuils ». Nous réaffirmons avec force que tous les efforts sont entre-pris par le Comptoir Agricole afin de réduire ce risque.

Enquête BVAUne grande enquête de satis-faction est confiée à la société BVA afin de mieux cerner et mesurer le degré de satisfaction de nos adhérents. Grâce aux résul-tats attendus, le Comptoir envisage d’innover en termes de services.

Mieux anticiper ses approvisionnements Trop d’adhérents n’anticipent pas encore assez leurs besoins d’appro. Or nos fournisseurs fonc-tionnent de plus en plus en flux tendu ce qui occasionne des ruptures fréquentes. Les pro-ducteurs sont invités à faire preuve d’encore plus de rigueur dans leurs prévisions.

Un jeune retraité…

André Cavalerie a quitté le Comptoir fin mars après 26 années passées chez Silostra. Il aura formé depuis de très nombreux jeunes qui ap-préciaient apprendre avec lui. Il laisse « son » silo à à Freddy Stoeckle, Xavier Kieffer et Nicolas Bauer. Salut André « un’ mach’s guet ! »

…et des arrivéesAurélie Gander, après un passage réussi au ser-vice technique, vient d’être recruté au service commercial appro en vue du remplacement programmé de Denise Martin. Sandrine May a rejoint dernièrement Eurépi pour s’occuper de l’exécution des contrats d’achat et de vente des céréales. Enfin, Coralie Huck vient d’être re-crutée au poste de commercial au sein du dé-partement espaces verts en remplacement de Stéphane Lasson.

D’Mensche ziehn sich widder mit fàrbvolle Kleider àn un dröje üs’m Hüs enüs ohne Màntel, ohne Hüet.

‘S het sich ebs g’andert. Un diss nannt m’r Friehjohr.

D’r Bür kànn nimm wàrte. Er weiss dàss d’r Bodde von Dàà züe Dàà wärmer word un dàss àlles bàl widder in ‘s wàchse kànn komme. D’Baim verwàche äu un mànchi Knospe hàn schon làng gstose, fàscht frach in’re noch züe frische Luft. D’Rawe äu fànge àn ze hile wànn m’r sie schnid…

Im Immehisele verwàcht die gànz Fàmilie noch’m tiefe Winterschlof.

‘S kleine Immele wie noch nie nix von Fald un Lawe het gsahn kànn nimm wàrte. Es dappelt vor’m Üsgàng erum wie wànn’s ebs dat blöje, lüejt àllewil ob ‘s ken spàlte Liecht durich d’Tir kànn verwitsche. Doch find’s andli e so stràhlender Karne in d’r Bratterwànd. Es geht àls nahder bis’es durich diss Lechele kànn spioniere ! “Mensch isch’s do hüsse natt, wundernatt” hert

m’r ‘s bewundere. D’Immemàmme het’s g’hert un fröjt’s üs “…Schen, wunderschen isch’s do hüsse” sàt ‘s kleine Immele züer Antwort… “Wiss, gànz Wiss, àlles isch Wiss” setzt’s noch dezüe. “Oh, schnall, komme àlli widder in’s Bett” meint, gànz bekimmert, die Immemàmme…

“Wiss isch kàlt un Schnee, so kenne ihr nitt nüs”… Un schon schlopfe sie àlli schnall in d’Wärme. ‘S kleine Immele schloft àwer nitt làng. Es hert e Vejele wie gànz lüt pfift :

“d’Zit isch do, d’Zit isch do…” un mecht nix ànder’s dàss e nüs, frei flieje, in d’frisch Luft. E Immeonkel meint : m’r hàn fàscht ken Honig meh, m’r müen ebs finde ; ich weiss e Bliemele wie trotz Schnee un Wind kànn blieje… komme, m’r gehn, d’Schneegleckele sinn sicher schon im Blüecht”. Üsgemàcht. Un schon sinn sie drüsse… E schener Sonnestràhl lockt sie in d’Heh. E wàrmi Luft singt’ne e Morjeliedel. E lawesvolli Nàtür zeijt’ ne de Waj fer dene erschte Üsflug. Alles isch wiss, gànz wiss : d’r Kirschbààm,

d’r Apfelbààm, àlli Baim un Hecke stehn im Blüecht !

D’r Bür äu isch schon im Fald un het Freid, dàss die Immele widder verwàche… Wer weiss, meint’r, wie làng noch. Hoffendli düen m’r sie nitt noch umbringe mit’m moderne Gift !

Stan LOUDwww.olcalsace.org