Au Fil Des Saisons n° 22 - Hiver 2007

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EDITO SOMMAIRE DOSSIER Jusqu’où iront les prix des engrais ? Page 4 Page 2 et 5 La vie du Comptoir Les chiffres du Comptoir : rapport d’activité 2006-2007 Mise au point : un abattoir rentable pour des élevages viables Repère technique : la redevance « pollutions diffuses » Le coin d’Ariane Page 3 Zoom PEREN, ou l’Alsace des énergies renouvelables Page 6 Les brèves du Comptoir Unter Uns Témoignage Catherine LEDIG, ou la passion des beaux projets C ette expression colle à merveille au Comptoir : une entreprise qui fait la fierté de ses adhérents, grâce à sa gestion saine, rigoureuse, et à ses choix politiques clairs. Mais aussi une entreprise lucide qui sait que l’avenir ne réserve pas que de bonnes surprises. La chrysomèle du maïs, les mycotoxines, les politiques envi- ronnementales et agricoles à venir sont autant de sujets qui peuvent bouleverser le fragile équilibre d’une coopérative comme la nôtre. Investir chez nos clients est une façon d’assurer nos débouchés. C’est ce que nous avons fait avec les sociétés Syral et Roquette. Mais ce n’est évidemment pas suffisant. Nous devons aller de l’avant, durablement, pour conforter la sérénité des céréaliers de notre région qui ont raison de nous faire confiance. Gleckliches Nejes un’ fruchtbàres Johr ! André SCHUHLER Directeur du Comptoir Agricole #22 • HIVER 2007-2008 Au fil des saisons LE JOURNAL DES ADHÉRENTS DU COMPTOIR AGRICOLE Solide mais fragile Notre assemblée générale du 14 décembre a confirmé, cela devient une bonne habitude, la bonne santé financière de notre coopérative. Nos prises de participation dans la transformation des céréales sont également des indicateurs de confiance intéressants. Certaines filières, comme la viande, suggèrent un rapprochement avec le Comptoir Agricole (Lire « la vie du Comptoir »). Mais nous ne perdons pas de vue les difficultés d’approvisionnement du moment. Nous en faisons le dossier du trimestre. Et le « zoom » sera lui consacré à notre engagement dans le Pôle d’Excellence Rurale d’Alsace du Nord. L’heure des choix

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A la une de ce trimestre: pleins feux sur la flambées des prix des engrais. Le zoom est consacré au PEREN dans lequel le Comptoir est engagé. Le repère technique est quant à lui dédié à la redevance pour pollution diffuse.

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Page 1: Au Fil Des Saisons n° 22 - Hiver 2007

EDITOSOMMAIREDOSSIER Jusqu’où iront les prix des engrais ? Page 4

Page 2 et 5 La vie du Comptoir Les chiffres du Comptoir : rapport d’activité 2006-2007 Mise au point :

un abattoir rentable pour des élevages viables Repère technique : la redevance « pollutions diffuses » Le coin d’Ariane

Page 3 ZoomPEREN, ou l’Alsace des énergies renouvelables

Page 6 Les brèves du Comptoir Unter Uns Témoignage

Catherine LEDIG, ou la passion des beaux projets

Cette expression colle à merveille au Comptoir : une entreprise qui fait la fierté

de ses adhérents, grâce à sa gestion saine, rigoureuse, et à ses choix politiques

clairs. Mais aussi une entreprise lucide qui sait que l’avenir ne réserve pas que

de bonnes surprises. La chrysomèle du maïs, les mycotoxines, les politiques envi-

ronnementales et agricoles à venir sont autant de sujets qui peuvent bouleverser le

fragile équilibre d’une coopérative comme la nôtre. Investir chez nos clients est une

façon d’assurer nos débouchés. C’est ce que nous avons fait avec les sociétés Syral

et Roquette. Mais ce n’est évidemment pas suffisant. Nous devons aller de l’avant,

durablement, pour conforter la sérénité des céréaliers de notre région qui ont raison

de nous faire confiance.

Gleckliches Nejes un’ fruchtbàres Johr !

André SCHUHLERDirecteur du Comptoir Agricole

# 2 2 • H I V E R 2 0 0 7 - 2 0 0 8

Au fi l des saisonsL E J O U R N A L D E S A D H É R E N T S

D U C O M P T O I R A G R I C O L E

Solide mais fragile

Notre assemblée générale du 14 décembre a confirmé, cela devient une bonne habitude, la bonne santé financière de notre coopérative. Nos prises de participation dans la transformation des céréales sont également des indicateurs de confiance intéressants. Certaines filières, comme la viande, suggèrent un rapprochement avec le Comptoir Agricole (Lire « la vie du Comptoir »). Mais nous ne perdons pas de vue les difficultés d’approvisionnement du moment. Nous en faisons le dossier du trimestre. Et le « zoom » sera lui consacré à notre engagement dans le Pôle d’Excellence Rurale d’Alsace du Nord.

L’heure des choix

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LES CHIFFRES DU COMPTOIRLES CHIFFRES DU COMPTOIR

LA VIE DU COMPTOIR

2Au fi l des saisons

MISE AU POINT

Un abattoir rentable pour des élevages viablesCelles et ceux qui sont venus aux as-semblées de section savent maintenant qu’une « feuille de route » existe entre nos structures. Le but est bien de savoir si les conditions d’une fusion entre le Comptoir Agricole et Copvial sont réu-nies. Une étude approfondie doit appor-ter le nécessaire éclairage que chacun attend. Retour sur un des temps forts de l’assemblée générale du 14 décembre dernier, l’intervention du directeur géné-ral, André Schuhler.

« Le Comptoir Agricole est solide, mais fragile (...) les faibles rendements du maïs en 2006, la réapparition de la chrysomèle et le Grenelle de l’environnement sont là pour nous le rappeler. Le Comptoir est solide mais isolé à une époque où la restructuration des outils indus-triels agroalimentaires au niveau européen et français s’intensifi e. Dans un tel contexte, quels ont été, et quels sont nos choix stratégiques ? (...) Nous nous sommes rapprochés de l’aval de la fi lière « grains » au travers de prises de participation dans des industries de transfor-mation de blé (transformation en bioéthanol avec les établissements Roquette) et de maïs (entrée au capital de l’amidonnier Syral) (...)Une autre démarche, mais dans une fi lière voisine celle-là, nous a conduits dans un secteur que nous ne con-

naissions qu’au travers de la fabrication d’aliments du bétail, à savoir la pro-duction de viande. Au nom de la solidarité agri-cole et compte tenu du sens des responsabilités du Comptoir, nous avons été amenés à nous pen-cher sur les diffi cultés de Copvial. Après analyse de la situation et au regard de l’urgence du dossier nous avons agi en deux temps.Il a d’abord fallu apporter l’oxygène indispensable à la poursuite de l’activité. Au travers de la création de Sy-nergie Alsace, le Comptoir Agricole s’est engagé à côté d’autres acteurs alsaciens à savoir : Groupama, le grou-pe Coop Alsace et le Crédit agricole. Dans un deuxième temps, qui arrive maintenant, il nous appartient d’étu-dier et d’analyser les conditions nécessaires et indispen-sables au retour, non pas à l’équilibre de la coopérative, mais à un résultat permettant d’en assurer la pérennité et le développement. A cette étude devront être asso-ciés tous les acteurs de la fi lière : producteurs, syndicats et chambres.Le Comptoir Agricole ne s’impliquera dans la fi lière viande qu’à un certain nombre de conditions dont l’es-sentiel est résumé dans la phrase suivante : « Assurons-nous avant tout de la viabilité des élevages fournisseurs

d’un abattoir rentable ». Cette exigence primordiale s’assortit d’une nécessaire transparence dans la fi lière, du producteur au marché. Enfi n, l’indispensable enga-gement dans la durée des producteurs devra être com-biné à la volonté clairement exprimée par les instances publiques et politiques du maintien et du développe-ment de l’élevage en Alsace. Dans ces conditions, le Comptoir Agricole est prêt à s’engager dans le soutien responsable de la fi lière vian-de alsacienne, dans le respect des éleveurs, mais aussi des céréaliers adhérents actuels du Comptoir, ainsi que de ses personnels. Un abattoir régional compétitif garant de la traçabilité et permettant des services de proximité devrait à notre sens s’imposer, d’autant que la limitation des transports va dans le sens d’une éco-nomie durable. »

Rapport d’activité de l’exercice 2006/2007 (du 1er juillet 2006 au 30 juin 2007)

L’activité « Collecte et vente de céréales et oléagineux »Après avoir frôlé le record de 500 000 tonnes au cours des deux derniers exercices, la coopérative affi che une collecte de 423 000 tonnes, en très net recul de 16% par rapport à l’année précédente.En plus d’un recul des surfaces de 4 000 hectares, la pro-duction de maïs devait subir des conditions climatiques très défavorables. Personne n’oubliera l’hétérogénéité des parcelles ni les symptômes atypiques observés çà et là. Au fi nal, le rendement moyen départemental sera d’à peine 86 qtx/ha. Avec une surface emblavée en hausse, et un poten-tiel au stade fl oraison très important, tous les espoirs étaient permis pour les blés. Mais les températures très élevées dès le mois de juin devaient conduire à un ren-dement moyen de 73 qtx /ha, très variable d’un secteur à un autre. La qualité par contre était au rendez-vous. La progression des tonnages collectés en colza et tour-nesol oléiques est liée à la hausse des superfi cies com-binée à une bonne productivité.

L’activité approvisionnementLes résultats refl ètent à la fois un taux de gel des ter-res fi xé cette année encore à 10%, une baisse des sur-

faces de maïs et, à l’inverse, une hausse de celles de blé. L’exercice aura été marqué par des diffi cultés lo-gistiques consécutives à des livraisons en engrais et en semences perturbées. A retenir la hausse très nette du prix des engrais azotés, dans un contexte de recul de la consommation en unités fertilisantes. La baisse du chiffre d’affaires du poste « semences » est essentielle-ment liée au recul des surfaces de maïs.

L’activité « pommes de terre »Le chiffre d’affaires qui s’établit à 3,2 millions d’euros est en très forte progression suite à une forte augmen-tation du prix moyen de vente. La quote-part de la mar-chandise vendue en « primeurs » a été doublée en une campagne.

Les investissements réalisésIls s’élèvent à 4,58 millions d’euros. Plus de la moitié de cette somme correspond à des immobilisations fi nan-cières : 2 millions d’euros ont été consacrés à une prise de participation dans le capital de la société Syral, et 700 000 euros ont été investis dans l’unité de bioétha-nol de la société Roquette à Beinheim. 515 000 euros auront servi à la deuxième tranche du rachat du silo SOMES. Plus 185 000 euros pour la réhabilitation d’un

de ses halls. Nos autres installations strasbourgeoises se sont vues attribuer 200 000 euros pour des travaux de maintenance et d’améliorations. Le renforcement de la sécurité de nos stations de stockage « vrac » ont coûté plus de 250 000 euros. L’acquisition de divers ma-tériels d’exploitation s’élève à près de 282 000 euros. Le solde des dépenses d’investissement se répartit entre acquisition de matériels de transport, aménagement de certains terrains et rénovation de notre siège de Ho-chfelden.

Le haut de bilan de la coopérativeLes fonds propres du Comptoir Agricole s’élèvent dé-sormais à 74,2 millions d’euros. Notre solidité fi nancière est confortée et notre indépendance affi rmée.

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ZOOM

L’Alsace du Nord, consciente de sa richesse énergétique, décide de développer et de structurer l’exploitation de ses bio-ressources. Cette initiative, en parfaite adé-quation avec la politique environnementale actuelle, s’accompagne de la volonté de pérenniser les leaders industriels et agricoles de la région et d’encourager de nouvelles entreprises à relever ce défi . Partie prenante de cette action, des partenaires publics parmi lesquels la communauté de communes de Pechelbronn, la Ré-gion Alsace ou encore la Chambre d’Agriculture met-tent en commun leurs compétences afi n de faire abou-tir cet ambitieux programme. Le privé n’est pas en reste avec le concours précieux de De Dietrich thermique et des établissements Roquette... enfi n de grandes coo-pératives telles que le Comptoir Agricole et Cosylval y adjoignent également leur savoir-faire.

Pourquoi il faut valoriser les ressources énergéti-ques de la région L’exploitation du bois est peu coûteuse et très répan-due dans la région au regard du massif de Haguenau. Combinée à l’exploitation de la biomasse agricole – fraction biodégradable des produits provenant de l’agriculture – elle constitue un axe important de la dé-marche PEREN. L’exploitation géothermique, elle, est avantageuse dans une région qui regorge de sources chaudes. La valorisation de cette fi lière offre de nouveaux horizons touristiques à l’image de la prochaine ouverture au pu-blic d’un complexe géothermal à Pechelbronn.Nul n’est besoin d’être devin pour augurer des bénéfi -ces pour la région d’un projet de cette envergure ! Et ce, tant au niveau économique qu’humain. En effet s’af-franchir le plus possible des énergies fossiles conduit la région à acquérir une autonomie énergétique avec à la clé un impact économique direct. De plus, l’exécution d’un tel projet va générer de nouveaux champs d’acti-vité ce qui aboutira à de nouveaux débouchés écono-miques et ultérieurement à la création d’emplois.

L’expertise et le savoir-faire du Comptoir au service de PEREN Valoriser et structurer les ressources naturelles c’est bien, mais encore faut-il avoir pensé, au préalable, les outils nécessaires en aval. À commencer par une éva-luation minutieuse des matériaux combustibles qui permettra de déterminer les plus rentables, ceux qui occasionnent le moins de rejets. C’est tout naturelle-ment au Comptoir Agricole, acteur de premier plan engagé dans ce projet, que revient cette mission. L’im-plication du Comptoir se traduit également par la mu-

tualisation avec la coopérative forestière Cosylval de ses moyens de stockage. Il met à disposition ses silos et hangars présents sur l’ensemble du territoire, mais également sa logistique et sa renommée. Il envisage la création d’une plateforme de regroupement-distribu-tion de biomasse brute agricole et forestière co-fi nan-cée par le PEREN.

Il faut voir dans ce projet l’opportunité pour le monde agricole de développer une activité non-alimentaire en parallèle, offrant un nouveau débouché aux agri-culteurs pour les céréales indésirables sur le marché de l’alimentation. Une alternative non négligeable face à une réglementation de plus en plus drastique.

INTERVIEW

L’Alsace des énergies... renouvelables !

H I V E R 2 0 0 7 - 2 0 0 83

Le Comptoir Agricole, dont une des volontés affi chées est la pérennisation de l’agri-culture alsacienne, ne pouvait manquer le rendez-vous fi xé par l’Association pour le Développement de l’Alsace du Nord : le projet PEREN qui obtient en septembre 2006 le label « Pôle d’Excellence Rurale ». Présentation de cette démarche audacieuse fédérant de nombreux acteurs locaux.

Actuellement chargé du dossier PEREN, Denis Fend est responsable logistique cé-réales au Comptoir Agricole depuis près de 8 ans (nous avions réalisé son portrait dans le numéro 13 de Au Fil des Saisons). Il nous démontre ici l’importance d’un tel projet pour les adhérents du Comptoir.

En quoi l’adhésion du Comptoir est-elle primor-diale dans un tel projet ?La compétence et les atouts du Comptoir résident dans sa connaissance des productions végétales, ses implantations dans le Nord du département et sa connaissance de la logistique vrac ; sa place dans une telle entreprise est donc essentielle. De plus, ce qui nous intéresse, nous et nos adhérents, ce sont les activités nouvelles qui se dégagent du projet PEREN en effet, elles valorisent l’outil et les compétences existant déjà.

L’engagement du Comptoir dans le projet PEREN entraîne-t-il des modifi cations dans la façon de produire de ses adhérents ?Pas vraiment puisque le Comptoir va compléter son infrastructure existante par des outils de stockage et de manutention « mixtes » dans le Nord du départe-ment afi n de répondre à des besoins de transport de manutention et de distribution de biomasse com-bustible.Nous nous positionnons comme prestataire logisti-

que pour tous les bio-combustibles possibles (céréa-les – bois – biomasse).En parallèle et en collaboration avec la Chambre d’Agriculture, nous serons présents pour proposer des cultures nouvelles, destinées aux bio-énergies lorsque leur production sera rentable jusqu’à la distri-bution aux particuliers ou aux collectivités. Quelles en sont les retombées pour ses adhé-rents ? L’intérêt pour nos adhérents est de « connecter » les productions végétales annuelles au marché de l’énergie ; en clair, les années où les céréales se valoriseraient mal en consommation alimentaire (2001 – 2002 par exemple), elles pourraient trou-ver une meilleure place sur le marché de l’énergie (combustion à la place des pellets de bois...). C’est tout le travail en cours chez De Dietrich Thermique pour l’adaptation des chaudières domestiques à la combustion directe de céréales. Une telle utilisation pourrait également représenter un débouché pour des cérales impropres à la consommation humaine (contaminées par des mycotoxines par exemple).

Une plateforme de stockage en construction

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DOSSIER

Souvenez-vous. Fin 2004, le dossier du numéro 10 de Au Fil des Saisons était consacré à la fl ambée des prix sur les engrais. Nous vous expliquions que le pétrole fl irtait avec la barre des 55 dollars US le baril, que les fournis-seurs étaient de moins en moins nombreux, que l’Eu-rope de l’Ouest perdait un à un ses industriels, et que la demande des pays émergents était soutenue. Comme nous étions loin d’imaginer ce qui allait suivre ! Trois ans plus tard, en ce début 2008, le pétrole a dépassé les 100 dollars le baril, et la demande de pays comme la Chine est exponentielle. Fidèles à nos habitudes, nous allons tenter de vous apporter une série d’éclairages grâce à quelques éléments clés.

Premier acte : l’azote n’a jamais été aussi demandéQuel paradoxe ! En 35 ans, la consommation mondiale a été multipliée par 3 alors que nous ne parlons plus chez nous que de Directive nitrates ! L’agriculture de l’Inde et de la Chine se rapproche inexorablement des standards occidentaux afi n de subvenir aux besoins de leurs 2,5 milliards d’habitants. Avec une telle demande,

les fournisseurs ont tout intérêt à les ménager. Autant dire que l’Europe de l’Ouest ne fait plus partie de leurs clients stratégiques.

Deuxième acte : la production d’engrais se rap-proche des sources d’énergie et s’éloigne de la «petite Europe »La catastrophe de l’usine AZF de Toulouse avait révélé au monde que la France possédait encore une production d’engrais. Mais pour combien de temps encore ? Rien que pour la campagne en cours, la France et la Belgique perdront près d’un million 500 000 tonnes de production (tous N, P, K confondus) sur 5 sites. Grande Paroisse a fermé ses sites de Grand Quevilly, Basse-Indre et Bor-deaux, Interfertil se sépare de Pithiviers et Prayon

de l’usine d’Engis. Les grands bassins de consomma-tions sont maintenant ailleurs, là aussi en Asie.

Troisième acte : phosphore et potassium suivent le même chemin« Pourquoi les producteurs d’azote gagneraient-ils mieux leur vie que nous ? ». C’est ce que doivent penser nos fournisseurs de K20 et de P205 notamment en Améri-que du Nord, Europe de l’Est ainsi que Proche et Moyen Orient. Pour autant, la demande mondiale en P et K ne suit pas le même chemin que pour l’azote. Mais il est vrai aussi que l’extraction et la transformation coûtent de plus en plus cher, notamment en énergie.

Conclusion : les prix s’affolent Il y a trois ans, les fournisseurs dictaient déjà leur loi. Cela ne fait qu’empirer. Nous devons être tous cons-cients qu’obtenir les volumes désirés par les adhérents est une âpre bataille de tous les jours. Nous faisons no-tre possible afi n que la qualité ne se dégrade pas, ce qui est également diffi cile à garantir à l’avance. Dans tous les cas, nous ne prendrons pas de risque inutile, en nous couvrant au maximum. Mais là aussi le durcissement de la réglementation nous limite dans nos possibilités de stockage d’avance. Les prix s’envolent : le 11 décembre dernier, l’ammoni-trate 33,5 venait de prendre 42 euros la tonne, soit plus de 17 % en quatre semaines. Idem pour l’urée (Atlanti-que) avec + 32,5 euros la tonne (+10% /4 semaines) ou

même la solution 30 (Rouen) avec +30 euros la tonne (+14% /4 semaines).Le phosphore suit le même chemin. + 30% en 4 se-maines, et + 100% depuis un an ! Quant au potas-sium, le chlorure « granulés » a pris 65% en un an.Naturellement les binaires ou les ternaires ne sont pas en reste : + 65 euros la tonne en un mois, soit une fl ambée de 17%…

En ce début d’année 2008, diffi cile d’échapper aux très nombreux reportages sur la baisse du pouvoir d’achat des ménages français. Tous les postes de dépenses sont concernés, mais l’alimentation, dans toute sa symbolique, fait réagir nos concitoyens avec force. Pourtant, le consommateur fi nal ne se rend pas compte de ce que les producteurs vivent avec l’envolée des prix des approvisionnements, et notamment des engrais. Zoom sur des faits aux conséquences encore inconnues.

44Au fi l des saisons

Jusqu’où iront les prix des engrais ?

Un grand merci à M. Gérard Maire et son équipe d’Union Est Agropour leur aimable collaboration à cet article.

Sources des graphiques : UEA, IFA, UNIFA

Parole d’expert : Dany Muller, chef des ventes

C’était déjà délicat de fournir tous nos adhé-rents il y a trois ans. C’est devenu un véritable challenge de chaque jour ! Heureusement que nous avions anticipé, mais juste assez pour ...commander. Quant à notre prix fi nal, nous aimerions bien le connaître nous-mê-mes ! Je crains aussi que certains clients qui n’achètent habituellement pas au Comptoir soient tentés de venir cette année. Qu’ils sachent bien que nos adhérents sont prio-ritaires, comme d’habitude.

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Page 5: Au Fil Des Saisons n° 22 - Hiver 2007

LA VIE DU COMPTOIR

Une redevance pour la qualité de l’eauLe 31 décembre 2006 était promulguée la loi sur l’eau et les milieux aquatiques. La France transposait ainsi en droit national la Direc-tive cadre sur l’eau (DCE), dont un des objectifs majeurs affi chés est la reconquête d’un bon état des eaux d’ici 2015. Montrés du doigt en tant que source possible de pollutions diffuses, les pesticides sont soumis à une pression croissante, concrétisée par la mise en place d’une nouvelle redevance. Petit jeu de questions-réponses pour y voir plus clair.

Tous les produits « phytos » sont-ils concernés ?Non. Et surtout pas de la même manière. Pour inciter les producteurs à utiliser ceux qui apparaissent comme les moins « risqués », une graduation a été imaginée : 3 euros par kg de matière active pour les substances toxiques, très toxiques, cancérogènes, mutagènes ou tératogènes (donc classées T, T+, C, M, R). 1,2 euros par kg de substances dangereuses pour l’environnement. Et 0,5 euro par kg pour les substances minérales. La redevance fi nale payée est donc fonction de la composition du produit commercial utilisé, qualitativement et quantitativement. D’autre part, afi n de permettre une entrée en vigueur progressive, le taux de cette redevance sera de 75%.

A qui bénéfi ciera cette manne fi nancière ?Aux Agences de l’eau, qui justement coordonnent les actions (et pas seulement

pour l’agriculture) en faveur d’une reconquête de la qualité des eaux. Les producteurs les connaissent bien au travers d’opérations bien ci-blées comme l’aide à l’implantation de CIPAN (malheureusement aban-donnée) ou les subventions pour les aires de remplissage, de lavage et autres Phytobacs®.

Qui paiera cette redevance ?Les producteurs. L’objectif de la mesure est bien de peser directement sur les pro-fessionnels afi n qu’ils changent leurs pratiques. Ou plus précisément pour qu’ils changent de produits, et pour qu’ils en consomment moins. Transparente sur fac-ture, cette somme sera intégralement reversée directement par votre coopérative à l’Agence de l’Eau Rhin-Meuse.

A partir de quand cette mesure sera-t-elle effective ?Elle l’est depuis le 1er janvier 2008. A partir de maintenant, le prix de chaque produit commercial vendu est amplifi é par cette redevance.

55Au fi l des saisons

REPÈRE TECHNIQUE

Un extranet sur orbite

Le groupe de travail et de réfl exion sur le déploiement d’ariane.coop s’est réuni fi n décembre afi n de débattre de la place de notre extranet au sein des exploitations. Quelques constats s’imposent.

Tout d’abord, ariane.coop est aujourd’hui accessible pour près de 500 exploitations adhérentes au Comptoir Agricole. C’est un très beau score compte tenu du fait que ce bouquet de services n’est accessible qu’aux seuls agriculteurs équipés d’internet. En outre, chaque activa-tion de compte a été souhaitée par le producteur. Enfi n, l’enregistrement en ligne des pratiques culturales est souhaité dans deux cas sur trois. Comme le Comptoir ambitionne de mettre en ligne de nouveaux services et ce, dès 2008, il a été décidé de de-mander une participation symbolique aux adhérents fi dèles de 4 euros par mois pour l’offre de base ariane.coop. Cette tarifi cation se mettra en place courant de l’année. Ce niveau d’offre inclus aussi bien les fl ashs tech-niques, l’information générale que celle des marchés. Les différentes situations de comptes, dont « appro » et « cé-réales » feront partie également de l’offre. Enfi n, la base

de données techniques phytosanitaires (Fiches données sécurité, ZNT, usages, DAR, etc.) à jour constituera un élément clé de notre extranet.D’autre part, la traçabilité parcellaire en ligne est une ambition que nous partageons avec nos clients transformateurs. Nous savons désormais que notre outil « 100% internet » est opérationnel. Cet outil, multi-cultures, con-tinuera à être gracieusement mis à la disposition de nos adhérents qui s’engagent à l’utiliser pour leurs besoins d’enregistrement. Courant 2008, le Comptoir Agricole se réserve le droit de donner une nouvelle dimension aux efforts de ses adhérents en faveur d’une traçabilité par-cellaire en ligne sur ariane.coop.

Aucune aide aux producteurs ne sera négligée Une aide à domicile pour mettre en route son enregis-trement pourra être demandée par tous nos adhérents

fi dèles. En plus de la formation spécifi que dispensée par nos partenaires du CFPPA.Mutualiser les moyens en faveur d’une mise en réseau de nos connaissances avec nos adhérents nous semble être un geste fort. Notre objectif à terme est que tous les producteurs accèdent aux services d’ariane.coop.

Une question ? Contactez votre commercial ou votre magasin le plus proche.

EXTRANET : LE COIN D’ARIANE

Ce qui va changer sur vos factures

Dorénavant, les lignes de facturation concernant les produits phyto-sanitaires seront détaillées. L’exemple fi ctif ci-dessous pourrait con-cerner un produit commercial vendu en bidon de 20 litres et conte-nant 450 g de matière active (M.A.) par litre. Cette M.A. serait d’autre part classée « dangereuse pour l’environnement »

Comment est calculée la redevance ? Un bidon de 20 litres contient 20x450 = 9000 grammes de principe actif. A raison de 1,2 euros/kg, cela représente une somme de 10,8 euros par bidon. En 2008, le taux appliqué est de 75%. Le bidon est donc taxé à hauteur de 8,1 euros. A remarquer que cette redevance est soumise à la TVA.

Page 6: Au Fil Des Saisons n° 22 - Hiver 2007

De l’énergie... à revendreCatherine Ledig est directrice de l’ADEC*, qui est un pôle de compétences et un incubateur d’entreprises technologiques. En collaboration avec l’ADEAN*, cette agence est à l’origine du PEREN (voir le dossier du trimestre). Nous sommes allés à sa rencontre pour mieux connaître ce qu’il est convenu d’appeler une belle réussite.Au Fil des Saisons : Catherine, comment est né le PEREN ?Catherine Ledig : Nous sommes en permanence à la recher-che de projets fédérateurs, à même de mobiliser des compé-tences au sein de notre territoire. Dès 2005, travailler autour des énergies renouvelables est apparu une excellente idée aux yeux de partenaires comme la Chambre d’Agriculture, l’ADEC, l’ADEAN, De Dietrich Thermique, Dominique Henne-resse son PDG ayant accepté de présider le consortium PE-REN mais aussi Electricité de Strasbourg, qui est par ailleurs le partenaire qui pilote le Comité scientifi que et technique. Il faut souligner que l’enthousiasme a été immédiatement au rendez-vous. Et c’est toujours le cas !

AFDS : le PEREN fourmille de projets. Mais qu’est-ce qui vous semble important de retenir ?C.L. : En ce début 2008, dès que l’on parle énergie renouvela-ble, on pense développement durable. Mais ce n’était pas en-core le cas lors de nos premières rencontres en 2005. Je pen-se que nous avons collectivement eu l’intelligence de bâtir d’entrée de jeu des projets économiquement viables. Et c’est peut-être une des raisons de notre réussite. Bien entendu le soutien de l’Etat, notamment les sous-préfets de Haguenau et de Wissembourg, mais surtout du Conseil Général du Bas-Rhin ont été déterminants.

AFDS : Comment voyez vous le rôle du Comptoir Agricole ? C.L. : le Comptoir est un acteur majeur en zone rurale. Ses infrastructures logistiques (stockage, transport) sont telles

qu’il est LE partenaire idéal pour faire le lien entre des four-nisseurs de matières premières (bois, céréales, plaquettes...) et des consommateurs fi naux. De plus, son expertise sur les marchés internationaux des céréales nous est précieuse.

AFDS : Quels sont vos projets à très court terme ?C.L. : PEREN est aujourd’hui reconnu comme un exemple de plate-forme de bonnes pratiques dans le domaine des éner-gies renouvelables. Le projet PAMINERGIE avec nos voisins allemands dans l’espace PAMINA pourrait déboucher très prochainement. Plus ambitieux, nous sommes également partie prenante dans un projet européen réunissant 9 pays et 12 partenaires (RETS pour Renewable Energies Transfert Sys-tem). Enfi n, notre expertise est reconnue au sein de certains pôles de compétitivité, comme TENERRDIS, en Rhône Alpes qui travaille sur le développement du photovoltaïque ainsi que le Pôle Fibres Grand Est.

En savoir plus : www.peren.org et www.tenerrdis.fr*ADEC : Association pour le Développement des Entreprises

et des Compétences*ADEAN : Association pour le Développement de l’Alsace du Nord

Unter Uns

LES BRÈVES DU COMPTOIR

TÉMOIGNAGE

Directeur de la publication : André Schuhler - Coordination : Christophe Klotz - Rédaction : Marita Bach, Christophe Klotz, Véronique L’Huillier, OLCA, Émilie Schelté / CandidePhotographies : Patrick Bogner, JA67, PEREN, Comptoir Agricole, tous droits réservés - Création graphique : Antoine Neumann - Réalisation : Candide / 03 88 45 38 51 - Impression : Sicop / Bischheim

Illustrations : Antoine Neumann - Dépôt légal : janvier 2008 - Tous droits de reproduction interdits Contact journal : Comptoir Agricole / Au Fil des Saisons / 35, route de Strasbourg / 67270 Hochfelden / au-fi [email protected]

Jean-Marie Sander tire sa révérenceAprès 29 années de présence dont 18 au poste de vice président, Jean-Marie SANDER a annon-cé lors de l’assemblée générale du 14 décembre qu’il désirait se retirer du Conseil d’administra-tion de notre coopérative. « Soyez assurés qu’il ne s’agit nullement de défi ance par rapport au Conseil du Comptoir, de sa direction ou de ses sa-lariés. Bien au contraire. Le Comptoir Agricole m’a beaucoup apporté et je considère que c’est une des plus belles pages de ma vie professionnelle qui se tourne. » Ancien président du Conseil Eco-nomique et Social d’Alsace, M. Sander continue d’assumer des responsabilités importantes au plan national et régional ; il est – entre autres – président de la Fédération Nationale du Crédit Agricole et maire de la commune d’Ohlungen.Franck SANDER fait son entrée à notre conseil. La composition du bureau reste inchangée.

Le Comptoir encourage le fl eurissement de nos fermes

La tradition est respectée avec le concours des fermes fl euries organisé par les Jeunes Agricul-teurs du Bas-Rhin. Toujours plus belles, plus accueillantes, ces exploitations et leurs proprié-taires passionnés méritaient bien nos encoura-gements. Le Comptoir reste aux côtés de ceux qui se battent pour donner une image positive de notre agriculture.

La qualité n’est pas un vain mot au ComptoirBonne nouvelle pour tout le monde : notre coo-pérative a brillamment réussi à faire renouve-ler sa certifi cation ISO 9001 :2000. Ceci est la preuve que notre entreprise reste animée par l’esprit de progrès et d’amélioration continue. Un grand merci à tout le personnel qui œuvre au jour le jour en ce sens.

PPNU : une opération collecte menée de main de maître

Les produits phytosanitaires non utilisables (PPNU) ne doivent plus être stockés à la ferme. C’est pourquoi les exploitants se sont massive-ment rendus dans les magasins du Comptoir en novembre dernier pour amener leurs vieux contenants, indiquant par là-même leur sens des responsabilités. Selon nos sources et notre partenaire ADIVALOR, ce devait être la dernière collecte entièrement gratuite.

Jean-Claude North part à la retraireBien connu des exploitants du secteur de Vendenheim, Jean-Claude ne fera plus partie des effectifs à partir de février 2008, après 25 années de bons et loyaux services en tant que technico-commercial. Il prendra tout de même le temps de passer le relais à Patrick LUTZ qui était jusqu’à présent magasinier sur le même secteur. Merci à tous les deux pour leur fi délité et leur engagement.

D’Wihnàchtstimmunge sinn in d’Vergàngeheit gerutscht ; ‘s neje Johr het’ne Adie gsajt un het uns e d’Tir ufgemàcht. Die lockt àlli in e gànz nejer Gàrte : 2008 wie àlli Winsch un Hoffnunge ufnimmt.

Vergasse sinn die sonnige, àwer au die trürige Daj vom àlte Johr. Vergasse àlles wàs d’r Bodde züer Arnt gebrocht het. Bàld müess d’Kràft von d’r Nàtür àlles widder in Sàft bringe.

Doch isch d’r Gàrtebodde noch hert un wiss. D’r Schnee bedeckt àlles mit sim dicke Màntel. Sogàr d’r Klàng von de Glocke isch nitt so lütt, dàss àlles racht gemietli schlofe kànn.

Nur d’Kinder hàn Freid un Lawe. Sie lon sich ken Rüeh. Sie hàn ihri Computerspieler un àlles wàs’ne so viel Freid àm Chrischtowe gebrocht het leje lon un schnàppe frischi Luft. Ob mit Schlitte, Ski oder Schlittschüeh, schàffe sie sich roti Bàcke àn. E so ‘ne Stimmung gibt’s nur salte. D’r

Schneemànn derf züelüeje wie die Schneebàlleschlàcht üsgeht. Es word profetiert so làng, dàss Schnee lejt. Morje isch viellicht schon àlles vergànge.

Alles wàs sich unterem Bodde üsrüeht kànn iwwer einmol verwàche. Die Schneegleckele sinn d’erschte. Die welle schon làng mit ihrem Kepfel de g’frore Bodde durich stosse. Die bekomme ken Schnüppe, wann sie au im kàlte Schnee müen wàchse fer uns d’erschte Friehjohrshoffnunge ze schanke.

Morje schint d’Sonn widder heecher im Himmel. Morje sinn d’Daj widder länger un Bür un Gartner kenne widder Fald un Landle pfl aje.

Z’erscht müess àwer d’r Hornung erum. Der bringt vielmols kàlter Niederwind. Es müess àwer e so sinn... “Im Hornung Schnee und Eis, macht de Sommer heiss” sajt e lothringer Sprichwort. So kànn m’r sich vor’m wàrme Offe uf besser Watter freue...

In dem Sinn mecht’i nitt vergasse : Gleckliches Nej’s, fruchtbàres Johr !

Stan LOUDwww.olcalsace.org

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Le stand PEREN

La gagnante était cette année Betty Gangloff