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AU-DELÀ DU JOUR

MÁS ALLÁ DEL DÍA

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En couverture : huile et acrylique sur toile de SilvaineArabo,"Gestation" (1999).

DU MÊME AUTEUR

Échos de la Mémoire,Éditions Haravi, Lima, Pérou, 1988

Dimanche,Éditions Barde la Lézarde, Paris, 1995

Les Vigies,Éditions de L’Harmattan, 1997

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AU-DELÀ DU JOUR

Poèmes

traduits de l’espagnol (Pérou)par Elisabeth Passedat

E D I T I N T E R

PORFIRIO MAMANI MACEDO

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© Editinter, 2000ISBN 2-910892-90-5

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A ma fille Alba Ondina Manuela

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I. ALBA

Amanece el día, como siempre, con tu aliento suave aperturbar mi soledad. Un vacío ha colmado mi sueño.Palabras que no me dicen nada. Hojas que caen, seamontonan, se pudren en otoño. Desafíos míos entiempos de olvido. Quedo sentado, esperando en unapuerta, no sé a quién, Alba, cada tarde al anochecerse yael día. Pensaré en tu forma, amanecer que fuiste por uninstante un delirio. Que se vayan todos a recoger lo quehan dejado. No se detiene el destino. Miremos solos, elmar, desde el llano en que nacimos. Alba, constanteamanecer que tanto esperamos abrazar los navegantes.Llévame aire, aroma protector, a tus profanos hori-zontes que nunca he frecuentado. Allá encontraré,viento anunciador de males, lo que he perdido. En tusáureas tierras, ave solitaria, acamparé un día. Cruzaré,Alba, el ancho mar para contemplar, dónde habitas enlas noches.

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I. AUBE

Le jour se lève, comme toujours, avec ton souffle doux,à perturber ma solitude. Un vide a comblé mon rêve.Des mots qui ne me disent rien. Des feuilles qui tom-bent, s’amoncellent, se pourrissent en automne. Desdéfis à moi dans les temps de l’oubli. Je reste assis,attendant à une porte je ne sais qui, Aube, chaque soirlorsque déjà le jour se meurt. Je penserai à ta forme, journaissant qui fus délire l’espace d’un instant. Que tousaillent chercher ce qu’ils ont laissé. Le destin ne connaîtpas de trêve. Seuls, regardons la mer, depuis la plaine oùnous sommes nés. Aube, constant point du jour quenous espérons tellement étreindre, nous les navigateurs.Emmène-moi, air, arôme protecteur, à tes profanes hori-zons, que jamais je n’ai fréquentés. Là-bas, je trouverai,vent annonciateur du mal, ce que j’ai perdu. Sur testerres en or, oiseau solitaire, un jour je poserai ma tente.Je traverserai, Aube, la vaste mer pour contempler lelieu, où la nuit tu habites.

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II. HIERBA

Que no quede, fuego, nada del ayer; ni este raro dolor,ni aquel sueño rencoroso que siempre me ha seguido.Ya es hora de irse, hierba mía, por otros campos, por lasriberas para encontrar otros ríos profundos. De mi ins-tinto queda este sello azul. Que no suene más el ayer,que no lloren, oh sol, cuando paso, las humanas som-bras. Hierba mía, siembra en tu ser, este recuerdolejano. Secreto mío, súmate al silencioso bogar queinicio esta noche. No ignoro a nadie, silueta que teacercas, que preguntas por un olvido de distancias.Hierba, crece en mi desierto para que las aves reposenpor un instante su larga travesía, en mis dunas.Fecundemos, hierba, la noche. De repente un sonido sequiebra, cuando subimos las viejas escaleras de losviejos edificios. Arriba nos espera el infinito, amor queperdimos en los deshabitados valles. Entre la borrascaseguimos, hierba mía, a mostrar el rostro que llevamos.Piedras, por esta sola vez, déjenme pasar hacia mitienda.

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II. HERBE

Qu’il ne reste, feu, rien de l’hier ; ni cette étrange dou-leur, ni ce rêve amer qui toujours m’a suivi. Il est tantde s’en aller, mon herbe, vers d’autres champs, et sur lesrives à la recherche d’autres fleuves profonds. De moninstinct il reste ce sceau bleu. Que ne résonne plusl’hier, que ne pleurent point, ô soleil, à mon passage, lesombres humaines. O mon herbe, sème en ton être celointain souvenir. Et toi mon secret, viens te joindre à lanavigation silencieuse que cette nuit, à la rame, j’entre-prends. Je n’ignore personne, silhouette qui t’ap-proches, qui t’enquières d’un oubli des distances.Herbe, croîs dans mon désert afin que les oiseaux sereposent un instant de leur longue traversée, dans mesdunes. Herbe, fécondons la nuit. Tout à coup un son sebrise, alors que nous montons les vieux escaliers desvieux édifices. En haut nous attend l’infini, amour quenous perdîmes dans les vallées dépeuplées. Dans latourmente continuons, mon herbe, à montrer le visagequi est le nôtre. Pierres, pour cette seule fois, laissez-moi passer jusqu’à ma tente.

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III. AGUA SOLITARIA

Agua solitaria no me sorprendas más con tu mirada.Fuerza inalterable, cesa de sugerirme vientos, mares dedesesperanzas. Quiero avanzar por el camino que tantohe soñado. Déjame soñar avispa del desierto. Desde labrumosa altitud observas toda mi esperanza. Voy arecorrer este campo con todo lo que tengo. No esmucho, es sólo la evidencia que ha quedado conmigo apesar del tiempo. Voy a escarbar la tierra para encontrarmis imágenes doradas, porque ya este rostro no me per-tenece. ¿A quién le pertenecerá? Agua, llévame al mar,y tú, vago viento, a las montañas diles dónde meencuentro. Sí, es una ciudad grande como un amor sinpenas. Allí estoy sentado hasta la muerte. Es una ciudadantigua bañada en costumbres modernas. Allí ensilencio me desnudo para dormir. Hace frío, un frío y uncalor insoportables. Yo veo el cielo nublado; el cielogris de todo el año. Agua, de ti he nacido, a ti quierovolver; pero germino, crezco y padezco en la tierra.Estoy esperando que vuelva mi amada; sagrada ilusiónque jamás he visto. ¿Dónde estará? Las noches en estaciudad son profundas, a veces interminables. Cadanoche sueño realidades innombrables. Sólo mi mentesolitaria las crea y las destruye. Allí quedan como lossueños que nunca viviré; sin embargo por ti me acerco,agua que desciendes por los ríos salvajes a un lugar queignoro. No hay piedad en tu mirada, sólo quieres per-derme en tus brazos. Me arrastras, sedienta de mi alma,yo resisto esperando a mi amada. ¿Dónde estará? Estamañana he preguntado por ella. ¿No la habrán visto enlas rocosas horas del día a mi amada? Ella está perdidacon un sentimiento que sólo yo lo entiendo. ¿Qué com-prenderás tú, qué comprenderán ellos? Sigues bajando

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III. EAU SOLITAIRE

Eau solitaire, ne me surprends plus avec ton regard.Force inaltérable, cesse de me suggérer vents et mers dedésespoirs. Je veux avancer sur le chemin dont j’ai tantrêvé. Laisse-moi rêver, guêpe du désert. Depuis la bru-meuse altitude tu observes l’étendue de mon espérance.Je vais parcourir ces champs avec tout ce que j’ai. C’estpeu de choses, ce n’est que l’évidence qui est restéeavec moi malgré le temps. Je vais creuser la terre pourtrouver mes images dorées, car ce visage-là ne m’ap-partient plus. A qui appartiendra-t-il ? Eau, conduis-moià la mer, et toi, vent vagabond, va dire aux montagnesoù je me trouve. Oui, c’est une ville aussi grande qu’unamour sans peines. C’est là que je suis assis jusqu’à lamort. C’est une ville ancienne baignée de coutumesmodernes. C’est là qu’en silence je me dénude pourdormir. Il fait froid, un froid et une chaleur insuppor-tables. Je vois le ciel nuageux ; le ciel gris de toutel’année. Eau, de toi je suis né, à toi je reviendrai ; maisje germe, croîs et souffre dans la terre. J’attends querevienne ma bien-aimée ; illusion sacrée que je n’aiencore jamais vue. Où est-elle ? Les nuits dans cetteville sont profondes, parfois interminables. Chaque nuitje rêve de réalités innommables. Seul mon esprit soli-taire les crée et les détruit. Elles restent là comme lesrêves que jamais je ne vivrai ; cependant par toi je m’ap-proche, eau qui descends les fleuves sauvages, d’unendroit que j’ignore. Il n’y a pas de pitié dans tonregard, tu veux seulement me perdre dans tes bras. Tum’entraînes, assoiffée de mon âme, je résiste dans l’at-tente de ma bien-aimée. Où est-elle ? Ce matin je l’aicherchée. Ne l’aurait-on pas vue, ma bien-aimée, auxheures rocheuses du jour ? Elle est perdue, avec un sen-timent que je suis seul à comprendre. Que comprendras-

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agua eterna por mis labios: fuente de una ilusión queespera.

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tu, toi, que comprendront-ils, eux ? Toujours tu des-cends de mes lèvres, eau éternelle : source d’une illu-sion qui attend.

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IV. PASEO

Nada en el oscuro panorama, cuente, los años que nosiento pasar. Así, hierba juvenil me desengañas. Miúltimo cansancio, recobre las cenizas de mis otros naci-mientos. Recorro la ciudad, proscrito yo, en los muros yen las aceras. Arboles de otoño, hojarasca que sopla elviento de la tarde. Al oscurecer el día, cae una piedra sindestino. Asomo la mirada, flecha invisible que der-rumba pareceres. Hoy no he visto el camino soñado, hesentido la lluvia, mi desconocida naturaleza. Descubroun puente en el largo río que recorro. Humedezco miexistencia, para darme fuerzas, al final de mi camino.Allá las estaciones no me alcanzan. Aroma, condúcemefuera, para encontrar lo que he perdido. Dejemos lahuella en las arenas. Humildes selvas quedan, entretantas, cosas que guardan su secreto. El insomnio mesuma el tiempo que nunca viviré. Un anciano en la pra-dera, mira, el inmenso territorio que deja. El vuelo quese llevan las aves, es un anochecer que vuelve. Mástarde llamaré, preguntaré por el signo que llevo en mifrente.

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IV. PROMENADE

Que rien dans l’obscur panorama, ne compte, les annéesque je ne sens pas passer. Ainsi, herbe juvénile, tu medétrompes. Que ma dernière fatigue retrouve lescendres de mes autres naissances. Je parcours la ville,moi le proscrit, le long des murs et des trottoirs. Arbresd’automne, feuilles mortes que fait voler le vent du soir.Quand le jour s’assombrit, tombe une pierre sans destin.Je lance un regard, flèche invisible qui détruit les appa-rences. Aujourd’hui je n’ai pas vu le chemin rêvé, j’aisenti la pluie, ma nature inconnue. Je découvre un pontsur le long fleuve que je parcours. J’humidifie monexistence, pour me donner des forces, au bout de monchemin. Là-bas les saisons ne m’atteignent pas. Arôme,emmène-moi hors d’ici, que je trouve ce que j’ai perdu.Laissons l’empreinte dans les sables. D’humbles forêtsrestent, parmi tant d’autres, des choses qui gardent leursecret. L’insomnie me fait la somme du temps que je nevivrai jamais. Un vieil homme dans la prairie,contemple, l’immense territoire qu’il laisse. Le vol queles oiseaux emportent est un crépuscule qui revient.Plus tard j’appellerai, je chercherai le signe que je porteà mon front.

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V. NOCHE

Y de repente la noche. ¿Dónde está la noche? Me caigo.En el barro miro el espejismo de mi rostro pálido. Hayun signo invertebrado en mi cuerpo. La noche cae, sederrumba en mis ojos. Sigue bajando el agua por misvenas. ¿Dónde está el día? Intento levantarme. Dossombras han corrido, se han desintegrado para sal-varme. Sin temor se han detenido de perfil en mi frente.Hay un espejo que refleja el pasado. Círculos sucesivosconstruyen una puerta, allí no me pierdo. Del otro ladosurge la amenaza inesperada. Volteo una página y nada.Sólo oigo mi voz, traspasada por las uñas del olvido. Misoledad está en mí. No puedo correr. ¿Dónde huir? Hanapagado las luces de la ciudad. Los grillos ya no cantan.Los campos están desiertos, secos, inhabitables. Se hadetenido el tiempo en mis manos, lo sostengo, al final lodejo volar como una paloma. Estoy herido en la noche.Espero que las sombras me dejen ir. Seguramente unguía destruirá el espejo. Error irreparable. Los espejosse habrán multiplicado. La infinitud ha engendrado lanoche: ésta, aquélla. Se ha quebrado mi silencio. Sólome queda la tinta: manchas que describen una nochedeforme. Me alejo, me estoy alejando: me digo. No haysaber posible mientras espero. En el campo se desatauna lluvia uterina. Ese aguacero hiere mi ritual de lamañana. He nacido. Por la ventana se me acercan lashoras que no espero borrar: vestiduras de un color inal-canzable. Estoy viendo llegar de la tormenta el vino: elulular incesante del miedo. Mi silencio se ha ido albosque, allí crece silencioso entre las ramas. Más allálas costumbres han quemado el agua. Sigue lloviendoen el sediento día. Yo, prosa imaginaria, sujeto el barco,único medio para salir de pesca. Una terrible alegría medetiene. El dolor es una tempestad. Veo caer la noche en

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V. NUIT

Et tout à coup la nuit. Où est la nuit ? Je tombe. Dans laboue je vois le mirage de mon visage blême. Il y a unsigne invertébré dans mon corps. La nuit tombe,s’écroule devant mes yeux. L’eau continue de coulerdans mes veines. Où est le jour ? Je tente de me lever.Deux ombres ont couru, elles se sont désintégrées pourme sauver. Sans crainte, à mon front elles se sont arrê-tées de profil. Il y a un miroir qui reflète le passé. Descercles successifs construisent une porte, là-bas je neme perds pas. De l’autre côté surgit la menace inat-tendue. Je tourne une page et puis rien. Je n’entends quema voix, traversée par les ongles de l’oubli. Ma solitudeest en moi. Je ne peux pas courir. Où fuir? On a éteintles lumières de la ville. Les grillons ne chantent plus.Les champs sont déserts, secs, inhabitables. Le tempss’est arrêté dans mes mains, je le soutiens, je le laissefinalement s’envoler comme une colombe. Je suisblessé dans la nuit. J’attends que les ombres me laissentpartir. Sûrement un guide détruira le miroir. Erreur irré-parable. Les miroirs se seront multipliés. L’infini aengendré la nuit : celle-ci, celle-là. Mon silence s’estbrisé. Il ne me reste que l’encre : des taches qui décri-vent une nuit difforme. Je m’éloigne, je suis en train dem’éloigner : me dis-je. Il n’y pas de savoir possibletandis que j’attends. Dans les champs se déchaîne unepluie utérine. Cette averse déchire mon rituel du matin.Je suis né. Par la fenêtre s’avancent vers moi les heuresque je n’espère pas effacer : habits d’une inaccessiblecouleur. Je vois venir de la tourmente le vin : le ulule-ment incessant de la peur. Mon silence s’en est allé aubois, là-bas il croît silencieux parmi les branches. Plusloin les habitudes ont brûlé l’eau. Il pleut toujours dansle jour assoiffé. Moi, prose imaginaire, je maintiens le

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el desierto. Un suspiro cercano al mar me despierta.Una rara cosa ha nublado el día. Frágilmente mi cuerpoy el dolor resiste. Espérenme allá, allá me encontrarán.No muy lejos habrá una tienda abierta. Vayan porquelos ruidos seguirán consumiendo las ciudades. Yo en lashoras otoñales paseo por los parques. No hay secretoentre nosotros. ¿Dónde está la noche? La ciudad apa-renta dormir. Unos ojos, discretos faros, vigilan lasesquinas. Por los canales, aguas y misterios ignorados.Pasan: toda una vida, toda una noche. No me importanlos murmullos, ruidos austeros de hipócritas descenden-cias. Solo. Haber cruzado el mar, sin cruzarlo; habercruzado el cielo sin verlo: movimientos que dibujan losniños cuando oran. ¿Dónde está la noche? Las polillasla perforan. Hacen un camino. Por allí huyen losladrones y los insectos. Hace frío en el paladar de laexistencia, la piedra: altura que siempre ignoramos a lahora de la selva. La abundancia nos mata. ¿Dónde estála noche? Todos miran la salida, la llegada, la puerta.Las ventanas proyectan la luz de la ciudad. Habremosde recomenzar el cuaderno del olvido. Allí escribimoslos prósperos recuerdos que no son. Palabras, oscurosplaceres del silencio. Allí queda la memoria, viejorecurso de la vida, que conserva el instinto para seguirviviendo. Sígueme aliento, a la altura que tanto hemossoñado, a la espesura donde la voz no timbra. Se des-cubre el horizonte de las noches, la herrumbre de laspuertas, las luces que ya no podremos ver mañana. Todocae en el tiempo, vacío absoluto que encontramos alnacer: retorno siendo fuego y principio. Sencillamenteun ocaso nos impide seguir. Una mirada torpe, un rostrode cera: durmiendo los destruimos.

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bateau, unique moyen de transport pour aller à la pêche.Une joie terrible me retient. La douleur est une tempête.Je vois tomber la nuit dans le désert. Un soupir prochede la mer me réveille. Une chose étrange a voilé le jour.Fragile mon corps, mais la douleur résiste. Attendez-moi là-bas, là-bas vous me trouverez. Pas très loin il yaura une tente ouverte. Partez, car les bruits consume-ront toujours les villes. Aux heures d’automne, je mepromène dans les parcs. Il n’y a pas de secret entre nous.Où est la nuit ? La ville semble dormir. Des yeux, pharesdiscrets, surveillent les coins. Dans les canaux, eaux etmystères ignorés. Passent : toute une vie, toute une nuit.Peu m’importent les murmures, bruits austères delignées hypocrites. Seul. Avoir traversé la mer sans latraverser ; avoir traversé le ciel sans le voir : des mou-vements que dessinent les enfants quand ils prient. Oùest la nuit ? Les mites la perforent. Elles tracent unchemin. Par là fuient les voleurs et les insectes. Il faitfroid dans le palais de l’existence, la pierre : hauteur quetoujours nous ignorons à l’heure de la forêt.L’abondance nous tue. Où est la nuit ? Tous regardent lasortie, l’arrivée, la porte. Les fenêtres projettent lalumière de la ville. Nous aurons à recommencer lecahier de l’oubli. Nous y avions écrit les souvenirs pros-pères qui n’existent pas. Des mots, obscurs plaisirs dusilence. C’est en eux que réside la mémoire, vieille res-source de la vie, qui conserve l’instinct pour continuerà vivre. Suis-moi, souffle, jusqu’aux sommets que nousavons tant rêvés, aux épaisseurs où la voix ne résonnepas. L’horizon des nuits se découvre, la rouille desportes, les lumières que nous ne pourrons plus voirdemain. Tout tombe dans le temps, vide absolu que nousavons trouvé en naissant : le retour étant feu et début.Un coucher de soleil nous empêche simplement decontinuer. Un regard maladroit, un visage de cire : endormant nous les détruisons.

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VI. VOZ

Pero las horas no han dejado de pasar. Desde muy lejos,hoy han preguntado por mí. ¿Quién será? No distingoesa voz que me ha traído el viento. No sueño. Más bien,soy un recuerdo ausente en la memoria de los sueñosque corren a dictar metáforas, a las desdichadasamantes. Proverbio donde reposan los ausentes. Haciaallá se dirige a florecer mi sombra. He sorprendido aldía con sus vestiduras de anciano. En el alba me dis-tancio de las raíces de la noche. Desde la costra de unárbol, una súplica se eleva. No hay ribera en el ano-checer que predecimos. Soy aquél que ha sembrado ilu-siones en las piedras. No me avisen de dónde viene lavoz. Ninguna melodía me acompaña, por el estrechocamino que me alejo. ¿De quién será la voz querumorea? Quiero saber más bien que no soy nadie. Elinvierno es todo mi ser. Fragmentos de peligros inelu-dibles, nos esperan siempre. Sólo queda ya la voz queprofana mi existencia. No ha dicho más el mensajero ypronto ha desaparecido. El viento estival golpea mirostro. Nada. Esta ausencia que soy me delata.Sobrellevo las heridas, espumas que otros tiempos hansido, huellas que los peregrinos han dejado al atravesar:pueblos, ciudades que ya no existen. Sin embargo, unavoz desconocida ha preguntado por mí. Resentimientosque nunca podré oír.

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VI. VOIX

Mais les heures n’ont pas cessé de passer. Loin d’ici,aujourd’hui quelqu’un m’a cherché. Qui sera-t-il ? Je nedistingue pas cette voix que m’a soufflée le vent. Je nerêve pas. Je suis plutôt un souvenir absent dans lamémoire des rêves qui courent dicter des métaphores,aux amoureuses affligées. Proverbe où reposent lesabsents. Vers là-bas se dirige mon ombre pour fleurir.J’ai surpris le jour avec ses vêtements de vieux. Al’aube, je m’éloigne des racines de la nuit. De l’écorced’un arbre, une prière s’élève. Il n’y a pas de rive au cré-puscule que nous avions prédit. Je suis celui qui a semédes illusions dans les pierres. Ne me dites pas d’où vientla voix. Aucune mélodie ne m’accompagne sur lechemin étroit où je m’éloigne. De qui sera la voix quimurmure ? Je veux plutôt savoir que je ne suis personne.L’hiver est tout mon être. Des fragments de dangers iné-luctables nous attendent toujours. Il ne reste plus que lavoix qui profane mon existence. Le messager n’a riendit de plus, et vite, a disparu. Le vent estival me bat levisage. Rien. Cette absence que je suis me dénonce.J’endure les blessures, écumes qui en d’autres tempsfurent, des traces que les pèlerins ont laissé en traver-sant : villages, villes qui n’existent plus. Pourtant unevoix inconnue m’a demandé. Rancœurs que je nepourrai jamais entendre.

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VII. HEREDAD

De mí mismo no queda nada. Un sueño me despierta enel agua. Sólo quedan huellas de aves que se han ido.Recuerdos vírgenes me sorprenden, ahora cuando jalolas cortinas de mis ojos. Quiero decir que más allá delmar hay un territorio; cumbre de rocas que inscriben unnombre antiguo y fabuloso. Tiempo y montaña resisten,bajo el manto denso que las nubes tejen y destejen.Cuando veo hacia ese lado: una profundidad y una son-risa se me escapan. Entonces me acerco a un aleja-miento extraordinario. De mi cuerpo no queda sino estaflama: herencia eterna que llevo en la mirada. Viejoperfil, no hay pena que nombrar, porque hasta en losmás alejados lugares de la tierra te recuerdan.

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VII. HÉRITAGE

De moi il ne reste rien. Un rêve me réveille dans l’eau.Il ne subsiste que des traces d’oiseaux, qui s’en sontallés. Des souvenirs vierges me surprennent, à présentque je tire les rideaux de mes yeux. Je veux dire que par-delà la mer il y a un territoire ; sommet de roches quiinscrivent un nom antique et fabuleux. Temps et mon-tagne résistent, sous le dense manteau que les nuagestissent et défont. Quand je regarde de ce côté : une pro-fondeur et un sourire m’échappent. Alors je m’approched’un extraordinaire éloignement. De mon corps il nereste rien si ce n’est cette flamme : éternelle héréditéque je porte en mon regard. Vieux profil, il n’y a pointde peine à nommer, car même jusqu’aux confins lesplus reculés de la terre, on se souvient de toi.

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VIII. PASO

Un hombre y su barca se me alejan. De este y del otrolado del puente, yo no puedo evitar el olvido. Ningúnaliento me reservas, jardín que no frecuento. Nadaqueda ya en los muros de la tarde. Pero tú, incansable,vas y vienes viejo rostro, llevándote lo que me falta. Hedespertado otra vez, en un lugar lejano, en una calle,que los otros han soñado por mí. De esas herrumbresdesconocidas, para mí que soy sólo viento, una jauría,se lanza sin temor, a devorar mis sueños. Corro hacia lavíspera del día, siendo el único viajero que llega de lanoche. Me acerco al instante predilecto: tiempo yespacio que no nombro. Nadie alumbra este camino, nieste cuerpo doloroso que llevo por el tiempo, a los tran-quilos cementerios. Desde aquí oigo las olas que gol-pean los acantilados. Sólo bogar me queda, arenaslejanas, para salvar mis sueños. Aún los azuzadosdientes, que dan forma y principio, me siguen, por ahí,por las ajenas horas que pierdo.

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VIII. PASSAGE

Un homme et sa barque s’éloignent de moi. De ce côtédu pont et de l’autre, je ne peux éviter l’oubli. Aucunsouffle tu ne me réserves, jardin que je ne fréquente pas.Il ne reste plus rien entre les murs du soir. Mais toi, infa-tigable, tu vas et viens, vieux visage, en emportant cequi me manque. Je me suis réveillé, une fois de plus,dans un endroit lointain, dans une rue que les autres ontrêvé pour moi. De ces décombres inconnus, sans craintes’élance vers moi, qui ne suis que vent, une meute, pourdévorer mes rêves. Je cours jusqu’à la veille du jour,étant l’unique voyageur arrivant de la nuit. Je m’ap-proche de l’instant favori : temps et espace que je nenomme pas. Personne n’éclaire ce chemin, ni ce corpsdouloureux que j’emmène par le temps, aux cimetièrestranquilles. D’ici j’entends les vagues qui battent lesfalaises. Il ne me reste plus qu’à ramer, sables lointains,pour sauver mes rêves. Les dents excitées, qui donnentforme et commencement, me suivent encore, par là,dans les heures lointaines que je perds.

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IX. PALABRAS

¿Adónde se han ido los infieles, tarde ya, cuando losvientos infernales, arrastran las moradas, el únicorecuerdo que nos queda? Muchos han dejado de vivir Acierta distancia de mis ojos, se oyen sus últimos que-jidos en la oscuridad. No hay fondo en su mirada. Veoun hombre en el crepúsculo, sentado en una piedra,mueve sus manos para salir del fuego. Ese hombre secuida del silencio y del olvido. Otros lo recordarán. Elmal tiempo le enturbia las aguas. Salen las imaginariaspalabras, que son el mármol y la vida. El hombre, teme-roso, busca una cosa, en la oscura habitación que le handado. Al medio día, un indecible rayo, aflorará sus disi-dentes ojos y sus temblorosas manos. Hay una cuerdaque conduce, peregrinos, no muy lejos de un amanecerposible. Hay una renuncia en cada pecho. No todosllevan una asta ni un manto. Palabra, riesgo fatal, hasprometido, otras ciudades y otras tierras y nada. Esehombre despierta cada día, en un mundo que no le per-tenece.

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IX. PAROLES

Où sont allés les infidèles, tard déjà, quand les ventsinfernaux arrachent les demeures, seul souvenir quinous reste ? Beaucoup ont cessé de vivre, à la distancede mes yeux on entend leurs derniers gémissementsdans l’obscurité. Il n’y a pas de fond dans son regard. Jevois un homme dans le crépuscule, assis sur une pierre,il agite ses mains pour sortir du feu. Cet homme sedéfend du silence et de l’oubli. D’autres se souvien-dront de lui. Le mauvais temps lui trouble les eaux.Sortent les paroles imaginaires qui sont le marbre et lavie. L’homme, craintif, cherche quelque chose, dansl’obscure pièce qu’on lui a donnée. A midi un indiciblerayon apparaîtra à ses yeux dissidents et ses mains trem-blantes. Il y a une corde qui conduit, pèlerins, pas trèsloin d’une aube possible. Il y a un renoncement danschaque poitrine. Tous ne portent pas une lance et unecape. Parole, risque fatal, tu as promis d’autres villes etd’autres terres, et puis rien. Cet homme se réveillechaque jour dans un monde qui ne lui appartient pas.

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X. HUELLA

Perdemos siempre la huella, aroma que llevan las maes-tras tempestades, al místico rincón que nos espera desdetiempos ya pasados. Lágrima, sufrimiento que nopodemos resistir, ¿qué oralidad nos lleva como dester-rados a preguntarnos de todo lo que cae en la ceniza?No canto sino para los hombres. Por afuera, siguenpasando las polvorientas almas. Llevan una bandera,cuyo significado refleja su destino, y en el polvo quelevantan al andar, se pierde. No hay piedad en sumirada, pero se desdoblan las noches en invierno paradescifrar, esa mirada que se nos cae. Alguien nos sor-prende desnudos en el valle sagrado. Por allí van lasespecies sudorosas a recoger hierba. Yo sigo la huella,hundiéndome en el lodo, como aquellos que me hanprecedido. Se revelan historias que nunca han sidodichas. Huellas, manchas imborrables en la faz de unhombre, siguen clavadas, allí, sin encontrar palabraspara calmar el llanto. Avanzo y veo un paisaje rena-ciente. Subo las escaleras del día, para ver cómo sealejan las naves en el mar.

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X. TRACE

Nous perdons toujours la trace, arôme que portent lestempêtes magistrales, vers le lieu mystique qui nousattend depuis des temps déjà révolus. Larme, souffranceà laquelle nous ne pouvons résister, quelle oralité nousmène, tels des exilés, à nous questionner sur tout ce quitombe dans la cendre ? Je ne chante pas, si ce n’est pourles hommes. Dehors, les âmes poussiéreuses continuentde passer. Elles portent un drapeau dont la significationreflète leur destin et, dans la poussière qu’elles soulè-vent en marchant, elle se perd. Il n’y a pas de pitié dansleur regard, mais les nuits en hiver se dédoublent pourdéchiffrer notre regard abattu. Quelqu’un nous surprendnus dans la vallée sacrée. Par là vont les espèces ensueur à ramasser des herbes. Je suis la trace, m’enfon-çant dans la boue, comme ceux qui m’ont précédé. Il s’yrévèle des histoires encore jamais contées. Des traces,taches indélébiles sur la face d’un homme, sont encoregravées, là, sans trouver de mots pour calmer les larmes.J’avance et vois un paysage renaissant. Je monte lesescaliers du jour pour voir, comment s’éloignent lesbateaux dans la mer.

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XI. LA PARTIDA

He partido al otro lado del mar. No llevo ningún adiósen mi recuerdo. En la travesía, las aves, mis únicas com-pañeras de viaje, han preferido callar su canto. No sénada de los días, aquellos que preceden y anteceden alas formas futuras. He presenciado el invierno. No hepreguntado a nadie de la tierra a donde voy ni de latierra que dejo. Sólo guardo un sueño debajo de unapiedra, en el campo. Llevo este nombre que me handado las aves al alejarme. Viaje, ya no nos alcanza lamano del olvido, aunque haya tempestad, en este vueloque nunca esperemos, cruzar, como un viejo animal, eldía. ¿Qué puedo decir de lo que soy? En alguna partequedará mi cuerpo. No habrá fiesta, sólo en una piedradeforme, grabará, la tinta en la costra el nombre.Seguramente un día, no lejos de un allá, pernoctará,silenciosa y triste la lluvia. Un camino, ya herida latierra, será el río. Amanecer que tanto el corazón sus-pira.

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XI. LE DÉPART

Je suis parti de l’autre côté de la mer. Je n’emporteaucun adieu dans mon souvenir. Durant la traversée, lesoiseaux, mes uniques compagnons de voyage, ont pré-féré taire leur chant. Je ne sais rien des jours, de ceuxqui devancent et précèdent les formes futures. J’aiassisté à l’hiver. Je n’ai demandé à personne sur quelleterre je marche ni quelle terre j’ai quittée. Je ne gardequ’un rêve sous une pierre, dans les champs. Je porte cenom que m’ont donné les oiseaux lorsque je me suiséloigné. Voyage, déjà la main de l’oubli ne nous atteintplus, malgré les tempêtes, dans ce vol que jamais nousn’espérions traverser, comme un vieil animal, le jour.Que puis-je dire de ce que je suis ? Quelque part moncorps restera. Il n’y aura pas de fête, seule une pierred i fforme gravera, l’encre dans l’écorce, le nom.Sûrement un jour, non loin d’un là-bas, passera la nuit,silencieuse et triste, la pluie. Un chemin, terre déjàblessée, sera le fleuve. Tellement le cœur soupire pourque le jour se lève.

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XII. AUSENCIA

Un atuendo incorregible nos separa. En la frontera sedespunta el día. Un silencio vertiginoso nos arrastra,hacia los ariscos valles. Somos una onda indecible,cuando la tarde nos llega. Por esas aberturas, algunostientan el vacío, otros tientan el día. No hay cosa que nosea la suma de las cosas. No se distingue nada entre lasramas secas que nos dejan. Ausencia dime, cuándo losviajeros retornarán del allá que no me muestras. No hevisto la señal. Pero una rara sensación asalta la dudosa,distancia que exhiben, los médanos y las moscas. Yaninguna voz llega, a las oscuras alcobas, que acogen alas huyentes madreselvas. Viejo mar, sírvete ese paisaje,ese nacimiento, en la vertiente de pleno día. Sóloalgunas horas, en tu ribera, quedarán, mar, esas aves.Me asomo de perfil a ver el mundo, yo que soy el inago-table silencio, por las húmedas arenas me conduzco alanzarle una piedra. Soy la voz irremediable que suturaen la noche, la urgente llanura. Todavía otros vendrán asembrar su ser. Para reconocerlos, viejo mar, en todocuerpo habrá una llaga. Nosotros, los desgraciados, talvez vayamos de dos en dos para no perdernos. Sinmirarnos habrá tiempo de querernos. Hay una ventana,un vuelo y una tarde sin fondo. No te hemos olvidado,viejo mar, en esta ausencia que llevamos.

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XII. ABSENCE

Un incorrigible accoutrement nous sépare. A la frontièrepoint le jour. Un silence vertigineux nous entraîne versles vallées sauvages. Nous sommes une onde indiciblequand nous arrive le soir. Par ces ouvertures, quelques-uns tâtent le vide, d’autres tâtent le jour. Il n’est point dechose qui ne soit la somme des choses. On ne distinguerien parmi les branches sèches qu’on nous laisse.Absence, dis-moi quand les voyageurs reviendront dece là-bas que tu ne me montres pas. Je n’ai pas vu lesignal. Mais une étrange sensation vient assaillir la dou-teuse distance, qu’exhibent les bancs de sable et lesmouches. Déjà plus une voix ne parvient aux obscuresalcôves, qui accueillent les chèvrefeuilles en fuite.Vieille mer, sers-toi ce paysage, cette naissance sur leversant du plein jour. Seulement quelques heures sur tarive, mer, resteront ces oiseaux. Je m’avance de profilpour voir le monde, moi qui suis l’inépuisable silence,sur les sables humides je me dirige, pour lui lancer unepierre. Je suis l’irrémédiable voix qui la nuit suture, laplaine impérieuse. D’autres viendront encore semer leurêtre. Pour les reconnaître, vieille mer, en tout corps il yaura une plaie. Nous, les infortunés, peut-être irons-nous deux par deux, pour ne pas nous perdre. Sans nousregarder, nous aurons le temps de nous aimer. Il y a unefenêtre, un envol, et un soir sans fond. Nous ne t’avonspas oubliée, vieille mer, en cette absence que nous por-tons.

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XIII. EL RETRASO

Otra vez el polvo, al andar, se interpone entre nosotrosdos. Que no te sorprendan más las avenidas, ni los silen-cios ni las aves, cuando hacia el crepúsculo las piedraste dirigen la mirada. En ese camino que te encuentras,hay un sudor, un suspiro acabado, una sonrisa quesiempre queda: gestos del hombre que ha pasado. Si tehe llamado, será porque ya es tarde y no has vuelto atocar la puerta. ¿Adónde te has ido? ¿Quién te retiene,hoy que es invierno afuera? Te estamos esperandotodos, cerca de un acantilado, mirando este mar que nomarea la sombra, ni asoma la mar hacia ese desiertodonde te has quedado, seguramente, mirándonosmirarte. No apagues, entonces amigo, tu luz cuando meacerque.

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XIII. LE RETARD

Une fois de plus la poussière de la marche, entre nousdeux s’interpose. Que les avenues ne te surprennentplus, ni les silences, ni les oiseaux, quand vers le cré-puscule les pierres te dirigent le regard. Sur le cheminoù tu te trouves, il y a une sueur, un soupir achevé, unsourire qui toujours reste : gestes de l’homme qui estpassé. Si je t’ai appelé, c’est peut-être parce qu’il estdéjà tard et tu n’es pas revenu frapper à la porte. Où es-tu allé ? Qui te retient, à présent que c’est l’hiverd e h o r s ? Nous t’attendons tous, près d’une falaise,contemplant cette mer qui n’étourdit pas l’ombre ; etmême la mer ne s’étend pas jusqu’à ce désert où tu t’esréfugié, sûrement en nous regardant te regarder. Alors,ami, quand je m’approcherai, n’éteins pas ta lumière.

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XIV. DESDE OTRA PIEDRA

Un día y recuerdas lo que has amado, un país, un des-conocido que encontraste sentado en una esquina.Pudiste haber sido tú, aquél que murió, en el alba, pre-sintiendo otro fin, otro paisaje en la ribera de la vida.Has amado el desorden que queda. Y siguen los rumoresque inflaman la dolosa lengua. Necesitas serotro,subirte a una piedra para ver a los que van, cabiz-bajos, hacia su tienda. Ahora, ya tarde, con una metálicasonrisa, ya vieja, ya pobre, ya vencida, ves a los quesuben. Hay un límite en la frente de todo nacimiento.

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XIV. D’UNE AUTRE PIERRE

Un jour et tu te souviens de ce que tu as aimé, un pays,un inconnu que tu as rencontré assis dans un coin. Tuaurais pu être celui qui est mort, à l’aube, pressentantune autre fin, un autre paysage sur le rivage de la vie. Tuas aimé le désordre qui reste. Et les rumeurs continuent,qui enflamment la dolosive langue. Tu as besoin d’êtreun autre, de monter sur une pierre pour voir ceux quivont, tête baissée, vers leur tente. Maintenant, tard déjà,un sourire métallique aux lèvres, un sourire déjà vieux,déjà pauvre, déjà vaincu, tu vois ceux qui montent.Toute naissance porte une limite à son front.

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XV. ACASO SEA YO

Sólo tengo por vivir este ruido silencioso, que habitaconmigo, estos muros, por este río que navego, no sinpreguntarme de los árboles que han crecido en lasriberas. Aroma que habré ignorado un día, en la moradade los sueños. No soy sólo la voz que el terror imita, soytambién el ocaso de la historia. Ahora cuando oigo estepaso que navega, me digo: seguramente se habrán ido,las graves olas que tanto han golpeado los acantilados.Ningún éxtasis me lleva por la noche que espero pasar,solo. Para cantar no digo, mas para cantar otro humil-lante beso se me escapa, con el fin del día. Desde allíregresan las prontas melodías, siempre duras, como lasinfelices horas que me vienen. Siendo aún, yo la causade todo lo vivido, vivo. Tú, amor, tiempo perdido aquél.No soy el artificio que sigue, paciente, el polvo queduerme. El fuego no consumirá esta llama que dejo.Allá perdidos mis desvelados ojos, vigilarán las cenizasde quiénes fueron habitantes supremos de estas tierrasvírgenes, siendo tan viejas como el mundo. Sea lo quehubieran hecho mis manos, no merezco ser odiado. Sólohaber nacido un día, haber visto el sol, la tierrafértil.Saber todo esto sin saberlo. Ser ese otro que lle-vamos dentro. Ser uno mismo para vivir el ruido, eldiente que amenaza la sombra. Haber entrado por unapuerta y salir por una que conduce a un callejón, a unlaberinto que suprime o supera el otro laberinto del cualhemos salido. No tengo más sueño para seguir viviendo,olvidado amor que nunca has sido. Ya no me sorprendeel rostro de la noche, sino el dolor que renace cada día.¿Cómo destruirlo? ¿Hay una respuesta que acaso seayo?

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XV. SERAIT-CE MOI

Je n’ai pour vivre que ce bruit silencieux, qui habiteavec moi, ces murs, sur ce fleuve où je navigue, nonsans m’étonner des arbres qui ont poussé sur les rives.Arôme qu’un jour j’aurais ignoré, dans la demeure desrêves. Je ne suis pas seulement la voix que la terreurimite, mais aussi le crépuscule de l’histoire.Maintenant, lorsque j’entends ce pas qui navigue, je medis : elles seront certainement parties, les dures vaguesqui ont tant battu les falaises. Aucune extase ne m’em-porte dans la nuit que j’attends de passer, seul. Pourchanter je ne dis pas, mais pour chanter, un autre baiserhumiliant m’échappe, lorsque le jour touche à sa fin.C’est de là que reviennent les promptes mélodies, tou-jours amères, comme les heures d’infortune qui versmoi s’avancent. Étant toujours la cause de tout vécu, jevis. Toi, amour, ce temps perdu. Je ne suis point l’arti-fice qui suit, patient, la poussière qui dort. Le feu neconsumera pas cette flamme que je laisse. Là-basperdus, mes yeux sans sommeil surveilleront lescendres de ceux qui furent les habitants suprêmes de cesterres vierges, aussi vieilles que le monde. Quoiqu’aientpu faire mes mains, je ne mérite pas d’être haï.Seulement être né un jour, avoir vu le soleil, la terre fer-tile. Savoir tout cela sans le savoir. Être cet autre quenous sommes à l’intérieur. Être soi-même pour vivre lebruit, la dent qui menace l’ombre. Être entré par uneporte et sortir par une autre qui mène à une ruelle, à unlabyrinthe qui supprime ou surpasse le labyrinthe d’oùnous étions sortis. Je n’ai plus de rêve pour continuer àvivre, amour oublié qui n’as jamais été. Ce n’est plus levisage de la nuit qui me surprend, mais la douleur quirenaît chaque jour. Comment la détruire ? Serait-ce moila réponse ?

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XVI. MIRADA

Dolor, agua o mar que no libero cuando duermo. Aún eltiempo es llano en la secreta, imagen que forma, losocéanos y las cosas. Mirando, renace en mi frente, otradudosa suerte que se quiebra. Me digo:si no es este elmal del cuerpo, ¿qué llanto habita, en las desiertasalmas? Se acerca impaciente la mirada. Observa, dis-tingue la estrella que derrama incertitudes. Va y viene lavigilante, forma que la luz no ahuyenta. He perdido, ohtiempo, el paso, en la imperdonable, cosa que mehunde. En nuestra isla, humana cabecera, el arrepenti-miento no salva el error. Al despertarme, tú, amargasensación, por los enlodados callejones, andarásconmigo. Nadie sabe qué llevo, ni qué viento me lleva,a mirar aquel paisaje azul, después de haber llovido.¿No es acaso la semilla la que vive? Pero hay una fuerzainfinita en la mirada que llevamos.

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XVI. REGARD

Douleur, eau ou mer que je ne libère pas en dormant. Letemps est encore une plaine dans la secrète image quiforme, les océans et les choses. Alors que je regarde, ilrenaît sur mon front une autre chance, incertaine, qui sebrise. Je me dis : si ce n’est pas là le mal du corps,quelles sont les larmes qui habitent les âmes désertes?Impatient, le regard s’approche. Il observe, distinguel’étoile semeuse d’incertitudes. Elle va et vient, la vigi-lante forme que la lumière ne chasse pas. J’ai perdu, ôtemps, le pas, dans l’impardonnable chose qui m’ac-cable. Sur notre île, oreiller humain, le repentir ne sauvepas l’erreur. A mon réveil, toi, amère sensation, dans lesrues boueuses avec moi tu marcheras. Personne ne saitce que je porte en moi, ni quel vent me porte à contem-pler ce bleu paysage, après la pluie. La semence n’est-elle donc pas ce qui vit ? Mais dans notre regard est uneforce infinie.

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XVII. ¿ DÓNDE ESTAS VIAJERO ?

Hacia dónde miraremos, cuando llegue el ardor quedeseamos, viajero. Te has quedado, en alguna parte,oculto, para que yo más tarde, quizá, te encuentre. Miúnico norte, es la saliva que trago cuando tengo hambre.Subo a las piedras para mirar el horizonte que me viene,mas no volteo para ver el que dejo. Por ahí me han pre-guntado de dónde vengo y la sola respuesta ha sido micuerpo y mi silencio. Me han dejado pasar la frontera.He llegado a un país muy grande, y más grande todavía.Sólo me queda buscarte viajero. Hace frío en el paísdonde me encuentro. No puedo preguntar nada, a lagente aquella, que no me mira pasar cuando paso, lle-vando en mis brazos, esta sola inquietud mía de animalabandonado. ¿Serán todos así, me digo yo, serás tú,como ellos, viajero, cuando te encuentre? Para seguir,sólo me tengo a mí. Cuando estoy afuera, es como si noestuviera en ninguna parte. Qué otros caminos seguiré,qué otros me evitarán, para llegar al lugar donde vives,viajero azul. ¿Qué puedo decirte? Dame una señal paracruzar el campo, desierto que me trae más recuerdosamargos, y dar con el fin que me he propuesto. ¿Allíestarás tú? No quiero perder el tiempo que me queda.

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XVII. OÙ ES-TU VOYAGEUR ?

Vers où tourner le regard, quand viendra l’ardeur quenous désirons, voyageur. Tu es resté, quelque part,caché, pour que plus tard, peut-être, je te trouve. Monunique nord est la salive que j’avale quand j’ai faim. Jemonte sur les pierres pour contempler l’horizon qui versmoi s’avance, mais je ne me retourne pas pour voir celuique je laisse. Par ici on m’a demandé d’où je viens, etma seule réponse a été mon corps et mon silence. Onm’a laissé passer la frontière. Je suis arrivé à un paystrès grand, et plus grand encore. Il ne me reste plus qu’àte chercher, voyageur. Il fait froid, dans le pays où je metrouve. Je ne peux rien demander à ces gens, qui ne meregardent pas passer quand je passe, portant dans mesbras cette unique inquiétude d’animal abandonné, quiest la mienne. Sont-ils donc tous ainsi, me dis-je, et toi,voyageur, seras-tu comme eux quand je te trouverai ?Pour continuer, je n’ai que moi. Quand je suis dehors,c’est comme si je n’étais nulle part. Quels autres che-mins suivrai-je, quels autres chemins m’éviteront, pourarriver à l’endroit où tu habites, voyageur bleu. Quepuis-je te dire? Fais-moi un signe pour traverser leschamps, désert qui m’évoque encore plus de souvenirsamers, et rencontrer la fin que je me suis proposée. Yseras-tu ? Je ne veux pas perdre le temps qui me reste.

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XVIII. ARENAS MOVEDIZAS

Ya nada refleja el cristal con el que miras, la puerta, eljardín donde las aves han perdido el vuelo prometido.Sólo cuando despiertes sabrás que ha llovido. Esahumedad cubrirá tu cuerpo, como se hunden en el barronuestras huellas. Pero se irán retirando los indeseables,momentos que procuran manchas en los muros de lasciudades abiertas. No sé cómo recordarte, arena, espé-cimen, frente al sol cuando los ojos insisten en sabertodo lo que haces. No sé qué hacer con este fuego, rayasque tejen mi memoria, para encontrar, en las caídasramas, una respuesta, que las indefensas horas no medictan. Sin embargo tú sigues, caminante, por el círculovedado.

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XVIII. SABLES MOUVANTS

Plus rien ne reflète le cristal par lequel tu vois, la porte,et le jardin où les oiseaux ont perdu le vol promis. Cen’est qu’à ton réveil que tu sauras qu’il a plu. Cettehumidité couvrira ton corps, comme nos traces s’enfon-cent dans la boue. Mais ils se retireront, les momentsindésirables, qui font des taches sur les murs des citésouvertes. Je ne sais comment me rappeler de toi, sable,spécimen, face au soleil, quand les yeux insistent àsavoir tout ce que tu fais. Je ne sais que faire de ce feu,rayures qui tissent ma mémoire, pour trouver, sur lesbranches mortes, une réponse, que les heures sansdéfense ne me dictent pas. Pourtant tu continues tamarche, voyageur, dans le cercle interdit.

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XIX. LEYENDA

Voy por la secreta sombra ensombrecido, llano cami-nante, calmo y ciego. Allá no me detengo, sigo, cualonda, la llama inflama, sea en el bosque, sea en la jor-nada que tanto prescribió, ya un día, mi instinto. A Dioslo veo caminando, solo, bajo una grave estrella,sudando el dolor, que al pasar el día a sentido. El, es unviejo amigo de la noche, desprendido de los día llanos yde las horas graves. Por ser lo que es: el dicho está en eldicho y el lenguaje en el lenguaje. No puede ser otrodía, el día. Más arde la llama, más el día. Así sea elpolvo, el viento o el río el que conduce; siempre elextraviado ser seguirá su instinto. Los hombres,en lapuerta dejan las razones que los consumen. Nada essuficiente en lo que dicen, las ilusiones que hurgan lamemoria de los muertos.

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XIX. LÉGENDE

Assombri je vais par l’ombre secrète, authentique voya-geur, calme et aveugle. Là-bas je ne m’arrête pas, je suiscette onde que la flamme enflamme, au bois, ou danscette journée qui, une fois, a tant décidé de mon instinct.Je vois Dieu marcher, seul, sous une étoile menaçante,exhalant la douleur, qu’au passage du jour il a sentie.Lui est un vieil ami de la nuit, détaché des jours pleinset des heures graves. L’être est dans l’être : le dicton estdans le dicton et le langage dans le langage. Le jour nepeut être un autre jour. Si la flamme brûle, le jour encoreplus. Ainsi, que ce soit la poussière, le vent ou le fleuvequi mène, l’être égaré suivra toujours son instinct. Leshommes laissent à la porte les raisons qui les détruisent.Rien n’est suffisant dans ce qu’ils disent, pour les illu-sions qui remuent la mémoire des morts.

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XX. HERENCIA

Algo se nos va de repente. Se hacen las distancias, loscaminos intransitables. ¿Qué respuestas me llegan,aquellas de la lluvia y del destino? Girasoles en loshuertos, cactus en los cerros, serpientes en las piedras.Soledades en todo aquello que florece. Hacia ese nuncaque hemos dicho, miramos todos, como único recursopara alcanzar el fruto que queremos. Una súbita alegríase nos muere en los labios. Somos el río de los valles.Nadie responde ahora cuando llamo. Yo solo me pre-gunto del dolor: mi universo y mi calvario, soledad querimas este tiempo. Hago una pausa en el caudalosoviento. Sigo siendo vulnerable, sueño lluvioso, en estaotra dimensión que me guardaron los océanos. Ya nopienso en la hora, ni siquiera en el dichoso día, aquél,que no aparece ya en los diversos calendarios. Sólotengo esta tinta para sembrar palabras, frases desi-guales, quizá para confundir a los que llegan.

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XX. HÉRÉDITÉ

Quelque chose nous quitte soudain. Les distances sefont, les chemins impraticables. Quelles réponses meviennent, celles de la pluie et du destin ? Tournesolsdans les jardins, cactus sur les collines, serpents dans lespierres. Solitudes en tout ce qui fleurit. Vers ce jamaisque nous avons nommé, nous nous tournons tous,comme le seul recours pour atteindre le fruit que nousdésirons. Une joie subite se meurt sur nos lèvres. Noussommes le fleuve des vallées. Personne, à présent, nerépond quand j’appelle. Je suis seul à me questionnersur la douleur : mon univers et mon calvaire, solitudequi fait rimer ce temps. Je fais une pause dans le ventfurieux. Je suis toujours vulnérable, rêve pluvieux, danscette autre dimension que m’ont gardée les océans. Jene pense plus à l’heure, ni même au jour heureux, cejour qui n’apparaît plus dans les divers calendriers. Jen’ai que cette encre pour semer des mots, phrasesinégales, peut-être pour confondre ceux qui arrivent.

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XXI. SOLEDAD

En otras ocasiones, oscura soledad, te presentas comoeres. Un torrente de frío te protege en las noches. Vivescon tu pelos negros, largos, azotando rostros vírgenes,rostros viejos y olvidados. Yo te sigo y tú me devoras.El tiempo que me queda es siempre tuyo. Por eso meretiro a los parque despoblados y me pierdo en las callesmás oscuras; pero jamás te apartas de mi lado. A vecescuando pienso en ti, no me encuentro tan solo, porquetú respiras, rara estrella, a mi lado. En los suburbios, enlos bosques, en las ciudades te he conocido. Te oigogemir entre mis huesos cuando hace frío. En los apar-tados desiertos reinas, como ese viento helado quenavega. Tener que ser el que soy para encontrarte. Eresinsoportable en las horas más delicadas, cuando quierohablar con alguien. Te confundes con el silencio, esesordo rugido que habita mi pecho. Cómo explicarle alos otros cuando caes, así, como brutal melancolía. Estevacío que llevo, desgarrada vestidura, se ha impregnadoen mi cuerpo. Bella, parecer ausente, sin cuidadotuerces la mirada cuando toso. No sé qué tiempo harámañana.

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XXI. SOLITUDE

En d’autres circonstances, obscure solitude, tu te pré-sentes telle que tu es. Un torrent de froid te protège lanuit. Tu vis avec tes cheveux noirs, longs, fouettant desvisages vierges, des visages vieux et oubliés. Je te suiset tu me dévores. Le temps qui me reste est toujours letien. C’est ainsi que je me retire dans les parcs dépeu-plés et me perds dans les rues les plus obscures ; maisjamais tu ne te sépares moi. Parfois, quand je pense àtoi, je ne me trouve pas si seul, car tu respires, étrangeétoile, à mes côtés. Dans les faubourgs, dans les bois,dans les villes, je t’ai connue. Je t’entends gémir dansmes os quand il fait froid. Dans les déserts lointains turègnes, tel ce vent glacé qui navigue. Devoir être celuique je suis pour te rencontrer. Tu es insupportable auxheures les plus sensibles, quand je veux parler à quel-qu’un. Tu te confonds avec le silence, ce sourd rugisse-ment qui habite ma poitrine. Comment expliquer auxautres quand tu tombes, ainsi, comme une brutalemélancolie. Ce vide qui est en moi, vêtement déchiré, aimprégné mon corps. Belle, au paraître absent ; avecinsouciance, tu dévies le regard au son de ma toux. Je nesais pas quel temps il fera demain.

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XXII. DESAFÍO

Tierra, umbral, pensamiento inexplicable. Todo es unsueño que tuvimos en la infancia, entonces respiramospara entender el desafío, la causa del desastre. No veovenir aún, los seres, aquellos alados infernales, que hanprometido venir, a derrumbar mi templo. La únicamuralla de mí, seré yo cuando despierte, cuando ya noesté aquí, sino evitando el fuego, evitando el agua.Serán otros recorridos míos, lamentables odiseas, queme llevarán a un allá, lugar inhóspito, a procrear estahierba. Pero cómo arrancarle a la piedra, las raíces, lanoche, el tiempo que ha vivido. Abrete mar para quepase cuando llegue, mi hora, mi solo enfrentamiento.De este lado, no digo nada de los que no he visto, siguenhablándome los que me hablan, y yo, ya en alguna otraparte, tocando otra puerta, y después otra y otra. Tierra,hombre, fuego, polvo que una vez has sido, continuaránlas lluvias, el barro prometido.

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XXII. DÉFI

Terre, seuil, pensée inexplicable. Tout est un rêve quenous avons eu dans notre enfance, alors nous respironspour comprendre le défi, la cause du désastre. Je ne voispas encore venir les êtres, ces ailés infernaux qui ontpromis de venir, pour démolir mon temple. L’uniquemuraille, pour moi ce sera moi, quand je m’éveillerai,quand je ne serai plus ici, mais en train d’éviter le feu,en train d’éviter l’eau. Ce seront d’autres parcours quej’aurai faits, lamentables odyssées, qui me mènerontvers un là-bas, lieu inhospitalier, pour procréer cetteherbe. Mais comment arracher à la pierre, les racines, lanuit, le temps qu’elle a vécu. Ouvre-toi, mer, afin quepasse quand elle arrivera, mon heure, mon seul affron-tement. De ce côté, je ne dis rien de ceux que je n’ai pasvus, ils continuent à me parler ceux qui me parlent, maismoi, déjà en quelque autre lieu, frappant à une autreporte, puis une autre et une autre. Terre, homme, feu,poussière qu’une fois tu as été, continueront les pluies,la boue promise.

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XXIII. INMENSIDAD

La tierra, un vasto dominio que no me encierra. Allíestas, luna, sol, firmamento donde refleja y brilla milarga cabellera. Ya no son los años los que vuelven, sontus ojos, tu mancha, mar profano, mar, ciego azul, quesolo sin dolor me contemplas cuando lloro. Nunca estasen mí cuando te busco. Inmensidad, no me cuentes his-torias, gestos acabados de la aurora, principio que arre-bata sudores cuando nace. Sorpréndeme en el ruido quedivago, infinitud, eterno precipicio. Entre tu luz, tusflores y tus labios; déjame seguirte por el jardín que mehas heredado, en una noche sin ventanas. No hay sonidoabsoluto en lo que dices, viento, palabra; espada y beso.Inmensidad, animal insomne, recuerda que no somossólo un sueño, sino la delicada frente que se asoma porel cristal de la ventana, cuando da la hora del otoño,cuando el invierno tiende sus músculos, orgasmo sutilde todo tiempo. Violenta llegas sombra, soledad ysilencio, a las húmedas tierras que me engendran. Cielo,nube y horizonte, proclamas ser inalcanzables a laespuma, siendo las mareas un extraño acerca-miento.¡Qué oscuro movimiento, en todo aquello quefenece, en todo aquello que renace, mariposa, insectoque engendras otras flores! Pero sigue siendo, una, ladistancia entre los labios, parpados azules que limitanotros universos.

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XXIII. IMMENSITÉ

La terre, un vaste domaine qui ne m’enferme pas. Tu eslà, lune, soleil, firmament où se reflète et brille malongue chevelure. Ce ne sont plus les années qui revien-nent, mais tes yeux, ta tache, mer profane, mer, aveuglebleue, toi qui seule sans douleur me contemples lorsqueje pleure. Tu n’es jamais en moi quand je te cherche.Immensité, ne me raconte pas d’histoires, gestesachevés de l’aurore, commencement qui arrache dessueurs en naissant. Surprends-moi dans le bruit car jedivague, infinitude, précipice éternel. Parmi ta lumière,tes fleurs et tes lèvres, laisse-moi te suivre dans le jardindont tu m’as fait l’héritier, lors d’une nuit sans fenêtre.Il n’y a point de son absolu dans ce que tu dis, vent,parole, épée et baiser. Immensité, animal sans sommeil,souviens-toi que nous ne sommes pas qu’un rêve, maisle front délicat qui se penche au carreau de la fenêtre,quand sonne l’heure de l’automne, quand l’hiver tendses muscles, orgasme subtile de tout temps. Violente, tuarrives, ombre, solitude et silence, aux terres humidesqui m’engendrent. Ciel, nuage et horizon, tu proclamesêtre inaccessible à l’écume, les marées étant un étrangerapprochement. Quel obscur mouvement, en tout ce quipérit, en tout ce qui renaît, papillon, insecte quiengendres d’autres fleurs ! Mais elle reste toujours une,la distance entre les lèvres, paupières bleues qui limitentd’autres univers.

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XXIV. LUZ

Luz, lugar donde no se ocultan mis huellas, ni las floresni los desastres. Hay un esplendor de huerto prometidoen tu palabra. Quizá sea yo, el hombre que se busca enel furor que nace de tus sombras, al final del día. Hay undeseo, vida y éxtasis, que me encarna este sudor, paraexplorar las áridas tierras que me esperan. Por ahí vanmis dudosos pasos que ya no cuento; recuerdos, cenizasdel pasado que una vez han sido: lágrima y sustento.Transparencia que llenas y creas el mundo, ¿cómoborrar lo que he vivido, cómo hacer otro camino,estando a bordo de la única nave que nos queda? Luz,hemisferio siempre soñado, me dejas ir por este otrocamino, tal vez hacia la ciudad oscura, donde sólohabitan los que se han perdido.

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XXIV. LUMIÈRE

Lumière, lieu où ne se dissimulent pas mes traces, ni lesfleurs ni les désastres. Dans ta parole est une splendeurde verger promise. Peut-être est-ce moi, l’homme qui secherche dans la fureur qui naît de tes ombres, à la fin dujour. Il y a un désir, vie et extase, qui m’incarne cettesueur, afin d’explorer les terres arides qui m’attendent.Par là vont mes pas chancelants que je ne compte plus ;souvenirs, cendres du passé qui une fois ont été : larmeet soutien. Transparence qui emplis et crées le monde,comment effacer ce que j’ai vécu, comment faire unautre chemin, étant à bord de l’unique bateau qui nousreste ? Lumière, hémisphère toujours rêvé, tu me laissesaller par cet autre chemin, peut-être vers la cité obscure,où seuls habitent ceux qui se sont perdus.

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XXV. CONFUSIÓN

No se muestra la palabra que busco entre mis ropasviejas. Me desvisto, corro por la entrepierna del sueño.He despertado, lleno de sudor, como una araña dandobrincos. Mi mano es una araña. En la puerta he distin-guido, una sombra, jadeando como si llegara de un viajeilimitado. Este paisaje es un vacío que consumo, la nadaque me entregan los semáforos muertos. Bajo la luz deneón, recuerdo el beso de una mujer desconocida. Susojos son abismos. Noche, espuma que desbordas, no mesueltes, llévame en tu vientre. Silencio, abrigo de mipiel cuando camino, condúceme hacia las lejanas playasdonde se baña el sol. Metáfora, fuerza que navegas,inentendible y ciega. Hay un espejo que al girar el sol,no refleja, la dicha o la desgracia.

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XXV. CONFUSION

Il ne se montre pas, le mot que je cherche parmi mesvieux vêtements. Je me déshabille, je cours dans l’en-trejambe du rêve. Je me suis réveillé, couvert de sueur,comme une araignée qui bondit. Ma main est une arai-gnée. A la porte, j’ai distingué une ombre, haletantecomme si elle revenait d’un voyage sans limite. Ce pay-sage est un vide que je consomme, le néant que me pro-jettent les feux éteints des villes. Sous la lumière desnéons, je me souviens du baiser d’une femme inconnue.Ses yeux sont des abîmes. Nuit, écume qui débordes, neme lâche pas, porte-moi en ton ventre. Silence, manteaude ma peau quand je marche, conduis-moi vers les loin-taines plages où se baigne le soleil. Métaphore, forcequi navigues, incompréhensible et aveugle. Il est unmiroir qui lorsque le soleil tourne, ne reflète pas, le bon-heur ou le malheur.

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XXVI. MUERTE

Sólo tienes una hora para recuperar el sueño, víspera,terror de los que nacen. La humedad no preservará lamateria que dejas. Te has ido sumando a los que llaman,aunque no haya sonoridad en lo que dices. No llego adescifrar lo que me cuentas, sea la tarde, sea la sonrisaque me traes envuelta en tu abrigo de amante solitaria.Pasajera, visitante irremplazable, no ahuyentas el aul-lido de los lobos, que emigran a los helados prados,cuando pasas. Todos guardan tu retrato hasta la horadecisiva cuando llegues, siempre esquivando el sueñode los que duermen. Pero interrumpes este doradosilencio con un golpe de machete. ¿Qué rostro tienescuando miras? Nos hemos preguntado este día quevienes, con tu lluvia, tormenta inesperada en los lagos.Eres la única habitante que no se olvida de nadie, sea ellugar o tiempo en que vivan. No hay temor, niños,porque existe un manantial que vence a la muerte. Viejorostro sin forma, veo que cambias de color cuando digolo que surge de la fuente. Hay una aventura en todo loque hacemos, como el aire que revuelve tu mansa cabel-lera, oh enigma, que un día serás la respuesta a todo lovivido.

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XXVI. MORT

Tu n’as qu’une heure pour récupérer le sommeil, veilledu jour, terreur de ceux qui naissent. L’humidité ne pré-servera pas la matière que tu laisses. Tu t’es peu à peuajoutée à ceux qui appellent, bien qu’il n’y ait pas desonorité dans ce que tu dis. Je ne parviens pas à déchif-frer ce que tu me racontes, que ce soit le soir ou le sou-rire que tu m’apportes enveloppée dans ton manteau demaîtresse solitaire. Passagère, irremplaçable visiteuse,ne chasse pas le hurlement des loups, qui à ton passageémigrent vers les prés gelés. Tous gardent ton portraitjusqu’à l’heure décisive de ton arrivée, esquivant tou-jours le sommeil de ceux qui dorment. Mais tu inter-romps ce silence doré d’un coup de machette. Quelvisage as-tu quand tu regardes ? Nous demandons-nousaujourd’hui que tu viens, avec la pluie, tourmente inat-tendue sur les lacs. Tu es la seule habitante à n’oublierpersonne, quelque soit le lieu ou le temps. N’ayezcrainte, enfants, car il est une source victorieuse de lamort. Vieux visage sans forme, je vois que tu changesde couleur quand je prononce les paroles qui surgissentde la fontaine. Il y a une aventure en chacun de nosactes, comme le vent qui bouleverse ta douce chevelure,ô énigme, car un jour tu seras la réponse à tout le vécu.

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XXVII. LLAVE

Sonido universal que abres el cielo y el infierno, paraqué cifrarte ya, otros templos más oscuros, construc-ciones que guardan tu secreto. Ni siquiera una noche tebasta para dar muerte y nacimiento, libertad y encierroa lo que ya existe. Ahora cuando llueve piedras de otroshorizontes, corrientes, dicciones apócrifas, no sé quécuerda procurarme, por estas aguas sucias que navego,para alcanzarte, quizá, en ese patio prohibido: elanverso y reverso de la historia que devora los libros ylas puertas. No me anochezcas más la salida, el puente,el hilo de tu sangre cuando duermes, para encontrar elcofre de la suerte que los dioses me ocultan. Frío o solimperturbable, ya no nombraras, por esos callejones quehemos ido, las cosas que me faltan. Sin embargo enu-meraremos tus edades, luz o sombra de horizontalesojos, otra vez tu edad y tu enigma cabalgando, tal unregimiento, por el desierto: laberinto de mar, laberintode arena. Estando allí, quieta forma, elemental portento,metal y símbolo, no prometes nunca nada; pero salvasla entrada, salvas la salida.

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XXVII. CLEF

Son universel qui ouvres le ciel et l’enfer, à quoi bont’énumérer, d’autres temples plus obscurs, construc-tions qui gardent ton secret. Pas même une nuit ne tesuffit pour donner mort et naissance, liberté et prison àce qui déjà existe. Maintenant, quand il pleut des pierresd’autres horizons, courants, paroles apocryphes, je nesais quelle corde me procurer, dans ces eaux sales où jenavigue, pour t’atteindre, peut-être, dans cette courinterdite : le revers et l’envers de l’histoire que dévorentles livres et les portes. Ne m’obscurcis plus de ta nuit lasortie, le pont, le filet de ton sang quand tu dors, afinque je trouve le coffre du bonheur que les dieux m’oc-cultent. Froid ou soleil imperturbable, tu ne nommerasplus, dans ces ruelles que nous avons parcourues, leschoses qui me manquent. Néanmoins nous compteronstes âges, lumière ou ombre aux yeux horizontaux, etencore ton âge et ton énigme chevauchant, tel un régi-ment, dans le désert : labyrinthe de mer, labyrinthe desable. Étant là, forme tranquille, merveille élémentaire,métal et symbole, jamais rien tu ne promets ; mais tusauves l’entrée, tu sauves la sortie.

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XXVIII. LA DUDA

Quién entre los que me han visto caer, me diga que nosea yo el que descienda por las escaleras del olvido.Para qué nombrate, viejo amigo de la noche, si measaltan todavía los recuerdos, las brasas que bullen, elcarbón, el incienso, la línea y el pecado. Sé que hay unfinal que no termina de labrar el mármol para cerrar eltiempo. Aquella sombra amurallada, cordón de piedrasque jamás se unirá conmigo, sube a la balanza paramedir sus uñas y su vientre. Yo continuaré la marcha,sea en el barro, sea en las cenizas que otros han dejado.Para recordarme, sólo basta mirar las raíces crepuscu-lares, donde las aves van a reposar su vuelo. De ese ladosolitario, viejo amigo de la noche, seguramente vendrála tempestad soñada. Hace falta un rayo de luz paraalumbrarnos en el espejo, el rostro, la duda que invadenuestras indefensas casas.

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XXVIII. LE DOUTE

Qui parmi ceux qui m’ont vu tomber, me dira que je neserai pas celui qui descendra les escaliers de l’oubli. Aquoi bon te nommer, vieil ami de la nuit, si encore m’as-saillent les souvenirs, les braises brûlantes, le charbon,l’encens, la ligne et le péché. Je sais qu’il y a une fin quine termine pas de façonner le marbre afin de clore letemps. Cette ombre emmurée, cordon de pierres quijamais ne s’unira à moi, monte sur la balance pour peserses ongles et son ventre. Je continuerai la marche, quece soit dans la boue ou dans les cendres que d’autres ontlaissées. Pour me souvenir, il me suffit de regarder lesracines crépusculaires où les oiseaux vont reposer leurvol. De ce côté solitaire, vieil ami de la nuit, viendrasûrement la tempête rêvée. Il faut un rayon de lumièrepour nous éclairer dans le miroir, le visage, le doute quienvahit nos maisons sans défense.

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XXIX. ELLA

Muy de madrugada, Ella me trae se dolor. Ahora la veobajar, ha salido por una puerta desacostumbrada, con elrostro cubierto. El viento frío sopla su vestido negro.Quisiera alcanzarla y preguntarle el destino que llevansus apresurados pasos por las venas más oscuras de lanoche. Ninguna respuesta me caen con las hojas secasde este otoño inolvidable. Asomo la mirada febril por laranura de mis huesos. Mis manos secas no alcanzan atocar esa sombra que huye. En un desconocido valle sepierde la mancha, como castigo de hijos abandonados.Hay un letrero para entrar, entonces unos la esperan ensus puertas, otros suben a las montañas con una banderapara guiar su arribo o su partida. No soy sólo aquél quete ha preguntado, quién habita al otro lado del puente,mas soy también aquél otro que al abrir una puerta noencuentra a nadie. Harapienta, seguirás siendo la quehuye, de cuerpo en cuerpo, hasta un día que apenasllego a imaginar más allá de todo sueño. No estaré yapara verte, vieja criatura, que has modelado en una horaeste canto.

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XXIX. ELLE

Très tôt le matin, Elle m’apporte sa douleur. A présentje la vois descendre, elle est sortie par une porte inhabi-tuelle, le visage couvert. Le vent froid souffle dans sarobe noire. Je voudrais la rejoindre et lui demander àquel destin mènent ses pas empressés dans les veines lesplus sombres de la nuit. Aucune réponse je ne reçois,avec les feuilles sèches de cet automne inoubliable. Jeglisse mon regard fébrile par la rainure de mes os. Mesmains sèches ne parviennent pas à toucher cette ombrefuyante. Dans une vallée inconnue se perd la tache,comme le châtiment des enfants abandonnés. Il y a unécriteau à l’entrée, alors certains l’attendent à leursportes, d’autres escaladent les montagnes avec un dra-peau pour guider son arrivée ou son départ. Je ne suispas seulement celui qui t’a demandé qui habite del’autre côté du pont, mais je suis aussi cet autre qui enouvrant une porte ne trouve personne. Vêtue dehaillons, tu seras toujours celle qui fuit, de corps encorps, jusqu’à un certain jour que j’ai peine à imaginerau-delà de tout rêve. Je ne serai plus là pour te voir,vieille créature, qui as modelé en une heure ce chant.

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XXX. ORFANDAD

No es tarde aún para nombrarte, Paz, rama que has deflorecer en tierras invernales. En la borrasca quevivimos, no hemos logrado, hermana melodía, borrarlas batallas que devastan las ciudades. Sigue el eco delas antiguas corrientes, donde se bañaban los forasterosy las infieles amantes. Más allá de la noche hay un niñodesnutrido. El rumor de los océanos no le consuela laherida, por ese horizonte vedado que atraviesa. Quéhacer teniendo tanta edad en la dura espera. Ser lo quesiempre hemos sido, pero queriendo ser lo que nuncafuimos, y que se lleven las aves nuestras penas, ya singanas de volver.

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XXX. ABANDON

Il n’est pas encore trop tard pour te nommer, Paix,rameau qui dois fleurir en des terres hivernales. Dans labourrasque que nous vivons, nous ne sommes point par-venus, mélodie ma sœur, à effacer les batailles dévasta-trices des villes. Il se fait toujours entendre, l’écho desanciens courants, où se baignaient les étrangers et lesmaîtresses infidèles. Au-delà de la nuit il y a un enfantmal nourri. La rumeur des océans ne le console point desa plaie, dans cet horizon interdit qu’il traverse. Quefaire quand on est depuis tant d’années dans l’impla-cable attente. Être ce que depuis toujours nous avonsété, mais en voulant être ce que nous n’avons jamaisété, et que les oiseaux emportent nos peines, mais quedéjà ils n’aient plus envie de revenir.

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XXXI. SEÑAL

La transparencia surge de la nada, del inmenso vacíoque dejan los que se han ido. Rostros que guardan uni-versos de inquietudes. Es un desafío la señal, rama sus-tancial que se distancia de nosotros, como un secoladrido a la infinitud. No hay plegaria en tu diente, viejacampana cuando lloras. Tiempo, soy el polvoriento sus-piro sin descanso, que come estas frutas amargas. Nome acostumbro a ser hombre. Veo mi sombra de perfilen las rocas, y ninguna distancia nos separa. Rondo lasorillas de mi ser. Soy aquél que no sigue la corriente delas tranquilas aguas, aquél que no espera a nadie. Hanbajado la voz los comensales. Ha muerto una luz. Pasanlas horas por el umbral de mis sueños. Hay un parquedesolado que me espera. Ave negra, no me digas quéencontraré cuando llegue.

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XXXI. SIGNAL

La transparence surgit du néant, du vide immense quelaissent ceux qui s’en sont allés. Visages qui gardent desunivers d’inquiétudes. Le signal est un défi, branchesubstantielle aussi distante de nous qu’un aboiement secà l’infinitude. Il n’y a point de prière entre tes dents,vieux clocher, quand tu pleures. Temps, je suis le sou-pire poussiéreux sans repos, qui mange ces fruits amers.Je ne m’habitue pas à être homme. Je vois mon ombrede profil dans les roches, et aucune distance ne noussépare. Je fais le tour des rives de mon être. Je suis celuiqui ne suis pas le courant des eaux tranquilles, celui quin’attend personne. Les convives ont baissé la voix. Unelumière est morte. Passent les heures sur le seuil de mesrêves. Il y a un parc désolé qui m’attend. Oiseau noir, neme dis pas ce que je trouverai à mon arrivée.

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XXXII. MÁS ALLÁ DEL DÍA

Soledad más allá del día, sólo me queda caminar. Estavez la ventana está cerrada, y yo, viento enamorado, nopodré verla. Entonces la noche me abre su nefastovientre. No hubo nubes ni hubo nieve en el negro cristalde la mañana. Con este frío que hace, me quedaré afuera. Un hombre me hablará en un idioma que yo noentenderé. Nos cruzaremos y cada quién seguirá siendo,un vago perfil bajo las lejanas estrellas que ya no guíana ninguna parte. Me quedaré afuera, mirando todavía lasventanas abiertas, iluminaciones que dan forma a lasciudades en las noches. Sólo me queda caminar.Seguramente lloverá y no tendré un paraguas paracubrir los pasos que daré, en el charco de hojas y basura.Mi mano es un desorden de palabras, sentimientos queno expresa mi rostro, en las largas horas del día y de lanoche cuando me acerco por esa ventana, ahora cerrada.Pero cómo sonreírle al ciego, todavía por estas orillassalvajes, bajo este sol que ya no alumbra.

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XXXII. AU-DELÀ DU JOUR

Solitude au-delà du jour, je n’ai plus qu’à marcher.Cette fois la fenêtre est fermée, et moi, vent amoureux,je ne pourrai pas la voir. Alors la nuit m’ouvre sonnéfaste ventre. Il n’y a pas eu de nuage ni de neige dansle noir cristal du matin. Avec le froid qu’il fait, je res-terai dehors. Un homme me parlera dans une langue queje ne comprendrai pas. Nous nous croiserons et chacuncontinuera d’être, un vague profil sous les lointainesétoiles qui ne guident plus personne. Je resterai dehors,à regarder encore les fenêtres ouvertes, illuminationsqui donnent forme aux villes la nuit. Il ne me reste qu’àmarcher. Il pleuvra sûrement et je n’aurai pas de para-pluie pour couvrir les pas que je ferai, dans le bourbierdes feuilles et des ordures. Ma main est un désordre demots, sentiments que n’exprime pas mon visage, dansles longues heures du jour et de la nuit, lorsque je m’ap-proche de cette fenêtre, maintenant fermée. Mais com-ment sourire à l’aveugle, et puis sur ces rives sauvages,sous ce soleil qui n’éclaire pas.

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TABLE DES TEXTES

Aube . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .9Herbe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .11Eau solitaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .13Promenade . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .17Nuit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .19Voix . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .23Héritage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .25Passage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .27Paroles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .29Trace . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .31Le départ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .33Absence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .35Le retard . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .37D’une autre pierre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .39Serait-ce moi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .41Regard . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .43Où es-tu voyageur ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .45Sables mouvants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .47Légendes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .49Hérédité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .51Solitude . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .53Défi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .55Immensité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .57Lumière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .59Confusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .61Mort . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .63Clef . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .65Le doute . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .67Elle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .69Abandon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .71Signal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .73Au-delà du jour . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .75

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