Association Sénégalaise de l’Ecole Moderne [ASEM] n°36 ...

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Association Sénégalaise de l’Ecole Moderne [ASEM] n°36 - juillet 2016 Journal de l’ Asem Réflexions Pédagogiques Quand les enfants quittent l’école trop tôt Pratiques de classe Le coin lecture Politiques éducatives Embellir l’école avec… des déchets ! Vie de l’Asem Les vingt ans de la CAMEN Editions Asem – Pédagogie FREINET Centre Morgane BP 30 Dagana – Sénégal

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Association Sénégalaise de l’Ecole Moderne [ASEM] n°36 - juillet 2016

Journal de l’AsemRéflexions

PédagogiquesQuand les

enfantsquittent l’école

trop tôt

Pratiques de classe

Le coin lecture

Politiques éducatives

Embellir l’écoleavec…

des déchets !

Vie de l’AsemLes vingt ansde la CAMEN

Editions Asem – Pédagogie FREINET Centre Morgane BP 30 Dagana – Sénégal

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Les changements viendront de l’école

Papa Meïssa Hanne, président de la CAMEN, a prononcé le discoursd’ouverture de la Rencontre africaine des éducateurs Freinet (RAEF) qui s’est déroulée du 24 au 30 novembre 2015 à Notsé au Togo.

Un décor pittoresque, au bord de l’océan Atlantique, sous lesmajestueux filaos de la Ville de Saint-Louis-du-Sénégal : c’est làque la CAMEM (Coordination Africaine des Mouvements de

l’Ecole Moderne) fut créée un 10 septembre 1995.On n'était pas nombreux. Mais le nombre, même s’il est important,n’est pas le plus déterminant pour relever des défis. Notre engagementétait sans faille, et notre démocratie était à l’image de l'arbre à palabreafricain : sous un arbre, un grand arbre, assis à même le sable, les unsà côté des autres autour du cercle… cela me rappelle nos premiersconseils d’enfants à Diawar.La CAMEM est née par nous et pour nous les éducatrices et éducateursFreinet africains avec le soutien indéfectible d’un sage français, Jean leGal, militant des bonnes causes et seul représentant de l’ICEM et dela FIMEM à cette rencontre historique.Les objectifs de la CAMEM se résument comme suit :- Promouvoir des innovations pédagogiques qui répondent mieux auxbesoins de chaque pays membre.- Favoriser les relations de recherches et d’échanges d’expérience entreles éducateurs des mouvements membres de la coordination- Organiser des rencontres africaines et internationales sur la pédago-gie Freinet.- Instaurer des relations de partenariat avec des ONG et organisationsinternationales (sur la pédagogie Freinet) pour des soutiens matériels etfinanciers de la coordination, des groupes Freinet et des écoles.Aujourd’hui je suis fier d’être à Notsé au Togo, pour plusieurs raisons.

La CAMEM vit et elle existe vraiment ; Elle a grandi etse développe : une dizaine de pays en sont membres.Merci Samie Essohanam, l’Afrique est fière de toi.Nous n'avons pas tort de te renouveler notreconfiance. Nous savions que le MOUVEN regorgeaitd’hommes et de femmes de valeurs, intelligents, hon-nêtes et NOVATEURS.

3 éditorialpar Papa Meïssa Hanne prédisent de l’ASEM et de la CAMEN

4 pratiques de classeLe « coin lecture », les élèvesen raffolent !par Ibrahima Sanecellule ASEM de DaganaLe brevet de capacitéen lecturepar Saliou Sarr et Abou Tallcellule ASEM de Saint-Louis

10 politiques éducativesEmbellir l’école…avec des déchets !par El Hadji Ndiaye Sarrcellule ASEM de Rufisque

13 réflexions pédagogiquesLa déperdition scolaireau village de Keur Barkapar Marie Madeleine Ndiaye Seckcellule Asem de Saint-LouisUne classe expérimentalede perfectionnementpar Oumar Seckcellule ASEM de Dagana

18 vie de l’asemLes vingt ansde la CAMENUn premier bilan partiel

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Mariages précoces,attrait de la ville, travailaux champs : dans le village de pêcheurs et de maraîchers de Keur Barka, pourtantprès de Saint-Louis, il arrive que les enfantsquittent l’école bien trop tôt…

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Directeur de la publication,rédacteur en chef : Papa Meïssa HanneRédacteur en chef adjoint :Abdoulaye NdiayeSecrétaire de rédaction :Mamadou DembaChefs de rubrique :Abou Tall (Pratiques de classe)Karim Fall (Réflexion pédagogique)Fadel Kane (Vie de l’Asem)Ndiaye Sarr (Politique éducative)Saliou Sarr (LibreExpression)Malick Mbaye (Détente)Distribution : Cheikh M Seck Photos : DR

Maquette : Association Morgane

(suite p. 22)

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peuvent suivre les différentes forma-tions que celle-ci propose. Parmi cesmodules de formation, nous avonschoisi de vous présenter le « coin lec-ture ».

Une sessionde formationEn 2015, l’ASEM en partenariat avecl’Association Réunion Dagana à Paris, aregroupé les chargés de « coin lecture »de ses cellules pour une formation quia consisté à apprendre à :- Trier, classer et codifier de livre ;- passer commande de livres ;- tenir les registres de gestion ;- susciter le goût de la lecture.En 2016, l’ASEM en partenariat avec leCNDRE AO, a organisé une formationsur le thème du renforcement descapacités en « coin lecture ».Parmi les lacunes décelées par lesenseignants chez certains élèves, nouspouvons citer : le manque notoire devocabulaire, la non-maîtrise de la lec-ture et l’incapacité à exprimer des idéesen français. Le « coin lecture » consti-tue donc un support indispensable pouréradiquer ces insuffisances et faire denos apprenants de très bons élèves. Le coin lecture pour la classe de CM2de l’école Médina Chérif2 de Daganaétait installé au fond, dans un coin de laclasse. Les livres étaient exposés dansun meuble en bois à trois rayons ; sahauteur atteignait à peine 1m sur unelongueur d’environ 1,20m. Il participaitau décor de la classe et permettait l’ex-position des différents livres.Malheureusement ce meuble fut trans-féré dans la salle informatique pourrépondre aux besoins matériels de la

petite bibliothèque que l’école tente demettre sur pied au profit de tous les élè-ves de l’établissement. Mais vu son impact positif sur les ensei-gnements/apprentissages, c’ était vrai-ment devenu impensable pour mes élè-

ves et moi dene plus en dis-poser. Nousavons dû aucours de l’an-née réadaptertous nosmoyens pourrépondre mieuxaux critèresd’un « coin lec-ture ». C’est

donc l’armoire de la classe qui servaitde garderie pour le matériel didactique,que nous avons réaménagée pour pou-voir y installer nos documents. Ellerègle le problème de l’insécurité liéeaux vols qui peuvent s’opérer parfois sila vigilance n’est pas de rigueur. Maisl’inconvénient qu’elle présente est quenous sommes obligés le plus souventde la garder fermée pour mieux sécuri-ser les autres matériels didactiques quinous sont confiés. L’autre désavantage est que les livresrangés trop haut ne facilitent pas l’ac-cès. L’intérêt de l’élève est plus solli-cité si les livres sont placés à portée demain.

Différents genreslittérairesDans notre « coin lecture », on trouveles différents genres littéraires, maisles élèves s’intéressent davantage auxalbums de lecture qu’aux romans ou

L’école de Médina Chérif2 estun établissement scolairepublic, situé à l’extrémité de lacommune de Dagana, à 1,5 kmenviron du centre de la ville. La

population est à cheval entre la vieurbaine et rurale. Ses élèves sont un peu défavorisés parrapport à leurs camarades de la ville.Les enseignants sont très soutenus parleur directeur, membre de l’ASEM, et

Coin lecture,les élèvesadorent !

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Parmi lesinnovations de l’ASEM,

le coin lectureoccupe une place

prépondérante.Dans nos classes

qui expérimententnos malles « coin

lecture »l’enfant est lecteur,

acteur et animateur.Retour sur

l’expériencede l’école

Médina Chérif 2à Dagana

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Le Brevet de capacité en lecture est une des innovations del’ASEM. Nous avons pratiqué cette technique dans deux écolesdifférentes : l’école de Ricotte dans L’IEF de Saint-Louisdépartement et l’école de Savoigne dans L’IEF de Dagana. Les personnes ressources qui l’ont testé, Saliou Sarr et AbouTall partagent ici leur constat.

Le brevetde capacité en lecture,

un stimulant pour l’élève

Nos élèves ne savent pas lire,ou bien lisent mal : c’est ceque nous disons très sou-vent sans y apporter réelle-ment des solutions. Avons-

nous diagnostiqué le mal ? Avons-noussuscité le goût de la lecture chez eux ?Avons-nous poussé nos élèves à lire cequi les intéresse ? Voilà quelques ques-tions auxquelles nous devons réflechir.Pour cela nous vous invitons à essayerla pratique du Brevet de capacité enlecture dans votre classe, qui pourraitéventuellement apporter une solution àvos problèmes.

Viser l’implicationde l’élèveLe Brevet de capacité en lecture esttout d’abord une technique créée en1993-94 et pratiquée par certainsenseignants de l’ASEM (AssociationSénégalaise de l’Ecole Moderne) dansleur classe. Elle vise une plus grandeimplication de l’élève dans la séance de

lecture. Elle ne s’arrête pas à la lecturemagistrale du texte mais prend encompte les notions de disciplines-outils(grammaire, orthographe, conjugaisonet orthographe) et aussi de forme et defond du texte. L'élève a le droit de choisir son texte. Ille prépare. C'est cette liberté qui man-que souvent dans nos séances de lec-ture et que nous tentons de restaurerau niveau de cette pratique.Cette technique est sanctionnée par undiplôme qui constitue un stimulus pourles élèves qui l’obtiennent, pour leurspairs et pour ceux qui voudront êtredécorés. C'est cette interaction entreélèves qui pousse souvent les enfants àvouloir se surpasser et obtenir undiplôme. Le brevet obtenu en classe ades effets insoupçonnés au niveau dugroupe classe et au sein de la famille.L’expérience a permis à beaucoup d’en-fants de surmonter leurs difficultés enlecture.Donc ici le challenge est d’abord per-

sonnel. C’est l’élève candidat qui

livres documentaires. Les activitésmenées autour du livre sont plus oumoins diversifiées : nous pratiquonsrégulièrement des comptes rendus delecture, des interprétations de textesdialogués, des narrations de conte ettrès souvent des textes adaptés etjoués sous forme de pièces théâtralesdans les cours d’art scénique.

Les élèvesgèrent les empruntsLes heures pendant lesquelles sedéroulent nos activités ne sont pasfixes mais ces dernières créent tou-jours, outre l’instruction, des momentsde détente et de réjouissance. Les élè-ves en raffolent tellement que la simpleannonce d’une séance de ce genre crée

une effervescence totale dans toute laclasse. Une petite commission forméede quatre élèves très dynamiques gèreles emprunts et veille scrupuleusementau retour et au bon entretien des livresque nous avons prêtés.

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pratiques de classe

IBRAHIMA SANECELLULE ASEM DE DAGANA

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décide librement de choisir de passerson brevet devant ses camarades. Legroupe classe élit un jury ainsi com-posé :•d’un animateur. Il a pour rôle de don-ner la parole à ceux qui ont le désir deposer des questions au candidat.•d’un secrétaire. Il a la fiche de nota-tion. Autrement dit il ou elle reporte surla fiche les appréciations des élèves.Le candidat doit lire d’abord son texte.Les élèves et le maître écoutent attenti-vement le candidat et préparent leursquestions. Le candidat doit être en premier être-évalué sur : •La clarté de voix•Le respect de la ponctuation •La prononciation des motsC’est la phase1 de l’évaluation.La phase 2 concerne la compréhensiondu texte. C’est là où les élèves et le maî-tre essayeront de pousser la réflexionpour se rendre compte du niveau decompréhension du texte par le candi-dat.

Un modèle de fiched’évaluationNous vous présentons un modèle defiche que nous avons expérimenté etque chacun peut améliorer (voir pagesuivante).A chaque fois les élèves votent pour

une couleur et le secrétaire met unecroix dans la case de la couleur choisiepar le groupe classe.La proclamation des résultats se passecomme suit :•S’il y a plus de vert : le candidat est

admis avec la mention BIEN•S’il y a plus de jaune le candidat estadmis avec la mention ASSEZ BIEN •S’il y a plus de rouge le candidat estajourné. Pour ce cas le candidat peut,s’il le désire, préparer le même texte etreprogrammer un autre passage devantle jury. Après proclamation des résul-tats des conseils seront donnés auxcandidats dans le but d’améliorer leurpratique de la lecture.

Les apportspédagogiquesLe Brevet de capacité en lecture permetde :•Développer la communication entreélèves et entre les élèves et le maître ;•Développer la démocratie dans l’orga-nisation des débats ; •Renforcer l’interdisciplinarité•Développer l’expression orale•Développer le goût à la lecture.

pratiques de classe

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Saliou SarrEcole de RicotteCellule ASEMSaint-Louis

Abou TallEcole

de PoloCellule ASEM

Saint-Louis

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Embellir le cadrede vie à l’école…avec des déchets !L’environnement de bon nombre d’écoles élémentaires deRufisque-commune s’améliore grâce à des aménagementsréalisés avec des « écobriques ». Il s’agit d’une nouvelletechnique. « emprisonner » les déchets dans des bouteilles enplastique de différents gabarits qui serviront à la construction debancs, parterres, bacs à fleurs…

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Le 17 juin 2015, dans l’écoleNdiagne Samb, ce fut la jour-née de lancement de l’éduca-tion au développement durable (EDD) pour les écoles de la

commune de Rufisque. Initiée par laPlateforme pour l’éducation au dévelop-pement durable qui regroupe des asso-ciations et des établissements scolai-res, elle a été l’occasion de présenter leprojet « écobrique » aux populationsdes quartiers concernés par l’école, auxélèves et aux enseignants venus nom-breux à cette cérémonie. L’importantemobilisation de la commu-nauté éducative a démon-tré son adhésion au pro-jet. A titre d’illustration, lagrosse moisson d’écobri-ques produite par les par-ticipants venus chacunavec une bouteille rempliede déchets comme ticketd’entrée pour assister aujeu de « faux lions », prin-cipale attraction de cetteimportante cérémonie.

Les aménagements réalisés le lende-main dans la cour ont complètementfini de changer le visage de l’école. Desbancs, des parterres et des bacs àfleurs ont été construits avec ces bou-teilles pleines de déchets. Au-delà de ces aménagements nova-teurs et originaux, il s’est surtout agid’installer en amont, chez les enfantsprincipalement, le reflexe du tri sélectifdes déchets, en vue d’une gestion plusresponsable de notre environnement. En effet la conception d’une écobriquerequiert de la part des apprenants une

réelle maitrise de la tech-nique de tri de déchets.Car dans ces briques éco-logiques, on ne met quedes déchets non biodé-gradables qui foisonnentdans les cours d’école. Placées dans un coin de laclasse ou dans la cour,elles peuvent aider à lafois à préserver l’espacescolaire de tous lesdéchets qui transforment

nos écoles en dépotoir et initier petit àpetit les enfants à une gestion plus effi-cace des ordures.Egalement, cette technique innovantepermet de réaliser des économies entermes de matériaux de construction(ciment, sable et béton) car les déchetsqui étaient destinés à la décharge sontdésormais valorisés et intégrés dansles aménagements.

Nous sommes tousresponsables !Enfin, le projet écobrique, adopté dansles programme d’éducation environne-mentale, au préscolaire et à l’élémen-taire dans une optique de développe-ment durable, pourrait contribuer àcourt et moyen termes à la formationde citoyennes et citoyens à une meil-leure gestion responsable de leursdéchets. D’ailleurs les autorités académiques deRufisque Commune convaincues de lapertinence du projet écobrique l’ontvite adopté et ont décidé à la rentrée

2015 de le diffuser dans la circonscrip-tion. Ainsi, des rencontres d’informa-tion et de mise à niveau ont été organi-sées. Un guide pratique d’éducation environ-nementale à l’école élémentaire quiintègre la dimension écobrique a étéproduit. Il fera bientôt l’objet d’un par-tage avec les équipes pédagogiquesdes écoles publiques et privées et la

Des bouteillesen plastique et des déchets :une façon originale et économiqued’améliorerl’environnement.Ici, en construisantun mur.

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communauté à travers les responsablesdes Comités de gestion d’école. (CGE). Au moment où, dans notre pays, des ini-tiatives hardies sont en train d’êtredéveloppées pour rendre nos villes pro-pres, et promouvoir la constructiond’une citoyenneté participative.Le projet écobriques qui interpelle cha-cun d’entre nous, se veut comme unecontribution, et non des moindres, à lasolution de l’épineuse question desdéchets qui s’accumulent. Nous som-

mes tous responsables du « problème »,donc nous devons tous « faire partie dela solution » Comme le stipule le sloganadopté par la plateforme. A nos bouteilles et prenons d’assaut lesinnombrables tas d’immondices quijonchent nos rues et places publiquespour rendre le cadre de vie plus sain etplus accueillant ! Il y a du travail maisl’enthousiasme peut être là.

M. Meguèye Guèye, inspecteur, secrétaire général del’IEF de Rufisque Commune, a souligné que « Le déve-loppement durable passe par des schèmes d’actionsprotectrices de l’environnement à travers des attitu-des saines et respectueuses du cadre de vie. Le projet Écobrique en est un en ce sens qu’il pro-

meut une éducation à l’assainissement et à l’hygiène individuelle etcollective aussi bien à l’école que dans le quartier. Essentiellementpratique, éco-brique manifeste par l’action, la possibilité pour cha-que membre de la communauté d’impacter positivement son envi-ronnement en participant à sa transformation au plan sanitaire,esthétique et à moindre cout. Ainsi, de par son caractère simple,efficace et efficient, éco-brique est un levier sur lequel on peutactionner pour assainir et rendre attrayant notre cadre de vie ».

Des cours d’écoleplus accueillantes etdes déchets en moinsc’est bénéfique pourtout le monde !

EL HADJI NDIAYE SARRCELLULE ASEM DE RUFISQUE

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les enfants quittentl école trop tôtSitué à une dizaine de kilomètres de Saint-Louis en allant vers leGandiol, Keur Barka, village de maraichers et de pêcheurs, estconfronté à plusieurs maux parmi lesquels la déperditionscolaire. C’est un phénomène persistant dans cette localité. Sonécole créée en 2001 avec un abri provisoire, une classe en paille,en souffre terriblement. Témoignage d’une institutrice.

L a population de Keur Barka esttrès conservatrice de ses legsancestraux. Les parents don-nent très tôt leurs filles enmariage en prétextant que la

fille n’a pas besoin de faire de longuesétudes à l’école. Une fois le Certificatde Fin d’Etudes Elémentaires obtenu,elle est obligée de rejoindre le marichoisi si le mariage est scellé.

La pauvreté et le manque d’infrastruc-tures dans le village poussent aussi cer-taines jeunes filles à quitter très tôtl’école pour se rendre en ville en quêtede travail. Elles s’embauchent commedomestiques, femmes de charge oumême lingères. Quant aux garçons, ilsbravent les dangers de la mer pour allerpêcher dans les zones poissonneusesparfois jusqu’en Gambie ou enMauritanie.Les élèves qui réussissent à intégrer lescollèges et lycées de Saint-Louis sontsouvent confrontés à un problème d’ac-cueil et d’hébergement. Ils sont dépay-sés. Leur suivi scolaire pose problème.Les plus courageux font la navette Keur-St Louis, parfois à pied, tous les jours,afin de trouver un cadre meilleur pourleurs études. Enfin, plus grave, les filles qui étudientdans les établissements de Saint-Louisfaute de collèges ou lycées de proxi-mité, sont souvent victimes de viol oud’agressions sur le chemin de retour.Ce qui ne manque pas d’inquiéter et dedécourager les parents. Ces fléaux

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cités font partie des causes de la déper-dition scolaire. Par ailleurs les jeunes àqui on pose la question : « pourquoiabandonnez-vous tôt l’école ? » répon-dent le plus souvent : « nous voulonsaider nos parents et améliorer nosconditions de vie ». Les mariages préco-ces entrainent forcément des grosses-ses précoces. Les jeunes filles devien-nent vite mères de famille et ne pen-sent plus aux études mais plutôt à la vieconjugale. Les domestiques, pas prêteset pas très bien sensibilisées enEducation à la Vie Familiale (E.V.F) tom-bent parfois enceintes.

Des villagesdésertésL’exode rural se fait sentir dans le vil-lage. Aujourd’hui, il n’y a pratiquementplus d’hommes. Ceux-ci ne reviennentau village que pendant les fêtes reli-gieuses ou pour les cérémonies familia-les. A leur retour, les hommes et sur-tout les jeunes qui ont amassé beau-

coup d’argent, ne pensent qu’aumariage. Il y a donc tout un travaild’éducation à faire pour lutter contre ceretard des mentalitésSur le fond, nosélèves veulent étudier et réussir. Mais ilfaut que les situations soient meilleurespour éviter tous les facteurs qui entra-vent cette envie. Alors, pour le maintiendes filles et des garçons à l’école deKeur Barka ne faudrait-il pas que lesautorités administratives s’impliquentdavantage ? Autrement dit, il seraitnécessaire de :— Créer des collèges de proximité ; — Octroyer des bourses d’études auxenfants ; — Installer des mécanismes pour luttercontre les mariages ;— Aider les familles à vaincre cette pau-vreté qui est en réalité la source princi-pale de tous ces phénomènes désas-treux.

Des adosdésœuvrésau bord dufleuve Sénégalà Saint-Louis. Adix kilomètres,Keur Barka estun village depêcheurs et demaraichers.

MARIE MADELEINE NDIAYE SECKSURVEILLANTE AU CEM

AUGUSTIN-HENRY-LOUIS-GUILLABERTCELLULE ASEM DE SAINT-LOUIS

L’équipe pédagogique de l’école Célestin Freinet de Dagana amis en place une classe de perfectionnement expérimentale. C’est une innovation de l’ASEM. Elle a pour but d’aider lesélèves qui ont des difficultés en français et en mathématiques.Oumar Seck, enseignant de l’école et personne ressource del’ASEM fait le bilan.

La classe de perfectionnement

à l’école Freinet

Depuis plus de deux ans, nousmenons une expérience declasse de perfectionnement(PF) dans notre école. Ellevise essentiellement à iden-

tifier les élèves qui éprouvent de réellesdifficultés en lecture et en mathémati-ques après plusieurs tests effectuéssous forme de diagnostic par le maitretitulaire de la classe. Un deuxième testest réalisé par le maître de la classe deperfectionnement pour déterminer leniveau de chaque élève.En se servant de la technique d’indivi-dualisation et de personnalisation desapprentissages, nous essayons d’aiderl’enfant à surmonter ses difficultés.L’objectif principal est d’améliorer laqualité de l’enseignement du français etdes mathématiques en plaçant l’enfantau début et à la fin de toute activitéd’apprentissage. Ainsi l’organisationcoopérative de cette classe de perfec-tionnement permet de :— Libérer l’expression de l’enfant ;— de le responsabiliser ; — de lui apprendre à vraiment travailler

en toute autonomie ; — de lui donner le goût d’apprendre ;— de le doter d’outils didactiques ;— et de réduire ainsi le taux de redou-blement.La technique d’individualisation et depersonnalisation consiste à mettre cha-que enfant dans une situation d’acquisi-tion, de consolidation et de remédia-tions qui prend en compte son niveau etson rythme de progression dans toutesles disciplines. A l’aide d’un dispositifde fichiers autocorrectifs et d’étiquet-tes, chaque enfant a la possibilité auxheures réservées à cette activité de tra-vailler seul ou avec de l’aide sur lesdomaines planifiés dans son cahier decontrat individuel.

Le rôle du maîtreNous ciblons les enfants en difficultédans les cours : CE1, CE2 A, CE2 B,CM1 et CM2. Chaque cours est orga-nisé en classe coopérative. La classe deperfectionnement est dotée de tous lesoutils et équipements nécessaires pour

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mener correctement son activité. Tousles maîtres participent à la gestion et àl’animation de cette classe.Au fur et à mesure de son fonctionne-ment, l’organisation de la classe estaméliorée, réadaptée aux circonstan-ces. La classe de perfectionnement endébut d’année est différente de celle dumilieu ou de fin d’année.Le maître a un quadruple rôle :— Exécuter son programme en lien avecle travail individualisé et personnaliséde la classe ;— concevoir et gérer tous les fichiersautocorrectifs ; — aider à la gestion et l’organisation decette classe de perfectionnement ;— suivre tous les enfants dans l’exécu-tion du travail permettant l’atteinte desobjectifs individuels et collectifs.Les disciplines suivantes sont travail-lées dans toutes les classes : les mathé-matiques (calcul, numération, résolu-tion de problèmes, activités géométri-ques et de mesure) ; le français (priori-tairement la lecture et la grammaire -conjugaison, orthographe -, et la pro-

duction de textes). La classede perfectionnement planifieses activités en parfaite arti-culation avec les emplois dutemps des autres classes. Lesélèves travaillent dans cetteclasse spéciale à tour de rôlependant deux heures parsemaine selon un planningélaboré en commun. En prenant pour référence lescahiers de contrats de perfor-mance ou de fiches de perfor-mance des enfants, quicontiennent les tests réalisés

en début d’année puis repris en coursd’année scolaire, nous constatons quele niveau de la classe est sensiblementrelevé.Par ailleurs, le travail individualisé etpersonnalisé forge la personnalité del’enfant, renforce sa confiance propreet surtout son autonomie. Ceux-ci eneffet travaillent seuls avec ou sans lemaître. Ils doivent bien s’organiser pourmener toutes les activités relatives aucontrat. On peut mesurer ainsi leur pro-gression dans l’acquisition du sens desresponsabilités.

Les outilsIl est important que la classe de perfec-tionnement puisse disposer :— de boitiers ; — de fichiers autocorrectifs dans toutesles disciplines ciblées ;— d’un support métallique pour les boi-tiers ;— des outils nécessaires pour laconception de nouvelles fiches ;— d’un équipement en tables et chaises

pour un travail individuel et collectif.Nous comptons améliorer la qualité desapprentissages et aussi relever leniveau des élèves en français et enmathématiques afin de réduire le tauxde redoublement.

D’abord la lectureCes deux disciplines sont fondamenta-les dans l’enseignement de base auSénégal. Les difficultés liées à la lec-ture sont notées dans tous les systè-mes éducatifs mais elles sont plus com-plexes pour nos enfants qui utilisentune langue seconde et étrangère. Eneffet au Sénégal le français a le statutde langue d’enseignement et de travail.Durant ces premières années d’expéri-mentation l’accent a été mis sur la lec-ture. Il s’agit :— d’identifier, à l’aide d’étiquettes, lesvoyelles et les consonnes doubles quiposent beaucoup de difficultés auxenfants pour former des syllabes puisdes mots ;— de lire des mots contenant ces sylla-bes et, à chaque mot, faire la corres-pondance avec l’objet, l’animal ou lapersonne nommée. A défaut d’exem-ples concrets, on utilise des images ;— de construire des phrases avec lesmots formés pour développer l’expres-sion orale ;— de lire un texte dans l’album de lec-ture ou dans le journal de l’école. A cha-que fois l’enfant s’exerce à identifier lessons concernés (relever, encadrer, sou-ligner etc.) ;— d’encadrer des sons, des consonnesdoubles dans le texte ;

— de faire s’exercer l’enfant à former etlire des syllabes et des mots à l’aide desétiquettes ;— de lire et relire un texte suivi, à plu-sieurs reprises, afin d’améliorer la flui-dité ;— de pratiquer une lecture courante etexpressive ;— de lire et comprendre le texte (à l’aidede questions).D’autres types d’exercices sont égale-ment proposés avec des étiquettespour la formation syllabique, la forma-tion de mots, la reconstruction de phra-ses et de textes.La classe de perfectionnement est uneinnovation de l’ASEM et elle intègre lesprojets du ministère de l’Educationnationale du Sénégal (PALME par exem-ple) sur l’amélioration de la qualité desapprentissages notamment dans lesdisciplines fondamentales que sont lalecture et les mathématiques. A l’école Célestin Freinet de Dagana, laclasse de perfectionnement est l’acti-vité dominante de notre contrat d’amé-lioration de la qualité.

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OUMAR SECKCELLULE ASEM DE DAGANA

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vie

de l’

asem Vingt ans d’activité

de la CAMEN,un bilan partiel

L a quatrième Rencontre africaine des éducateurs Freinet 2015 (RAEF) s’esttenue à l’Ecole normale d’instituteurs de Notsé au Togo. Les pays suivantsétaient représentés : Sénégal, Bénin, Burkina, Côte d’Ivoire, Cameroun,

Maroc, Congo et Togo. Le Niger était excusé. Luc Herbreteau, membre du comité du comité d’organisation de la RIDEF du Bénin2016, était présent en tant qu’observateur. Le partenaire pédagogique et financier de cette rencontre était l’EPI (Ecoles péda-gogiques institutionnelles). A cette occasion, un bilan partiel de la CAMEN, de sacréation en 1995 à 2015, a été établi. Le voici résumé dans le tableau suivant :

Petitlexique

ABEM : Association Béninoise de l’Ecole ModerneASEM : Association Sénégalaise de l’Ecole ModerneCAMEN : Coordination Africaine des Mouvements de l’Ecole ModerneEPI : Ecole Pédagogique InstitutionnelleFIMEN : Fédération Internationale des Mouvements de l’Ecole ModerneICEM : Institut Coopératif de l’Ecole ModerneMOUVEN : MOUVement des Enseignants Novateurs du TogoRIDEF : Rencontre Internationale des Educateurs FreinetRAEF : Rencontre Africiane des Educateurs Freinet

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Des enseignantsdu MOUVEN, de la CAMEN et de l’EPIpour la 4ème

rencontreafricainedes éducateursFreinet (RAEF)à Notsé au Togoen novembre2015.Elle avait pourthème :pédagogieFreinet et culture de la paix en Afrique

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Page 12: Association Sénégalaise de l’Ecole Moderne [ASEM] n°36 ...

Mais cette RAEF nous le prouve davantage et nous réconforte dansnotre conviction.Merci à vous toutes, à vous tous, membres ou non du MOUVEN, pour letravail appréciable abattu. Vive l’hospitalité togolaise. Le Togo est bienle pays du Sourire et des petits miracles. La RAEF4, à l'instar des pré-cédentes, est un don de l’EPI (Ecole Pédagogie Institutionnelle), commel’Egypte l’est pour le Nil.Grâce à Nicole Maillard et Marguerite Bialas, la CAMEM a connu unsursaut. Tout un continent fraternise, échange des expériences, se soli-darise pour avancer. Chers collègues, chers amis et parents, chèresautorités administratives et académiques, aidez-nous à remercier l’EPIet Nicole Maillard.La CAMEM a vécu entre 1998 et 2010 une longue période de vachesmaigres. L’Epi est actuellement notre meilleur partenaire de l’histoirede la CAMEM. En vérité, la CAMEM doit beaucoup à la France (auxFrançais et aux Françaises) Une RAEF est une rencontre d’éducatrices et d'éducateurs Freinet afri-cains. Elle n’est pas un congrès à l’image de celui organisé par l’ICEM.Elle n’est pas une RIDEF à l’image de celle organisée par la FIMEM, elleest unique à son genre : alternant pratiques de classe, échanges d’ex-périences et découvertes de milieux et de systèmes éducatifs. Ellecontribue ainsi aux règlements des problèmes de société auxquelssont confrontés nos pays d’Afrique. C’est pourquoi la CAMEM a choisison thème : « Pédagogie Freinet et culture de la paix en Afrique »Il nous faut innover, trouver d’autres modèles d’élaboration de règles de vie dans nos classes, de traitement des infractions et transgres-sions. Aucune transformation viable n’est possible dans nos sociétéssans l’Ecole. Nous avons surtout besoin d’une démocratie adaptée ànos cultures, à nos us et coutumes. Copiée et imposée, elle provoquedes désastres dans beaucoup de pays, en Afrique surtout : Egypte,Libye et j’en passe.Les vrais changements de mentalité que nous espérons en Afrique ne peuvent venir que de l’Ecole et de nulle part ailleurs. Voilà chers amis, les défis à relever et les éducateurs Freinet que noussommes apporterons leur contribution pour la construction d’uneAfrique moderne mais réconciliée avec elle-même. Au nom de laCAMEM, je remercie et félicite tous les mouvements Freinet africainsprésents à cette RAEF.

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(éditorial suite de la p. 3)