Aspects juridiques de la numérisation et de la réutilisation de contenus

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Aspects juridiques de la numérisation et de la réutilisation de contenus Pierre Naegelen Responsable du Service des Ressources Electroniques Administrateur de contenus - site web SCD Université Paul Sabatier Toulouse III enssib 23 février 2015 Membre du collectif SavoirsCom1

Transcript of Aspects juridiques de la numérisation et de la réutilisation de contenus

Aspects juridiques de la

numérisation et de la

réutilisation de contenusPierre Naegelen

Responsable du Service des Ressources Electroniques

Administrateur de contenus - site web

SCD Université Paul Sabatier – Toulouse III

enssib – 23 février 2015

Membre du collectif SavoirsCom1

- Rappel sur le droit d’auteur et les exceptions

- Numériser des thèses

- Numériser des livres

- Numériser des documents sonores

- Numériser une revue

- Numériser des images

- Numériser des films

I) Aspects juridiques de la numérisation

II) Réutilisation de contenus

- Quelques exemples de licences

- Le « Copyfraud »

- L’exception culturelle

- Les accords BnF

- Les œuvres orphelines

- La loi sur les œuvres indisponibles et le registre

ReLIRE

I) Aspects

juridiques de la

numérisation

Rappel sur le droit

d'auteur et les exceptions

+ cas particuliers (conflits

de lois, œuvres

posthumes)

Rappel sur le droit d'auteur et les exceptionsPropriété littéraire et

artistique

Un droit qui existe ab initio

Droits d’auteurs

Œuvres de l’esprit

Logiciels

Droits voisins

Droits des artistes-interprètes

Propriété industrielle

un droit qui nécessite une formalité d’enregistrement

Dessins et modèles

Créations esthétiques

Brevets

Inventions techniques

Marques

Connaissances techniques

Obtentions végétales

Protection des semi-conducteurs

Secret de fabrique

Droit spécifique des producteurs de bases de

données

un droit sui generis

Lorsque la vérification ou la présentation du contenu de la base atteste d'un investissement financier, matériel ou humain substantiel

Protection: 15 ans renouvelables à compter de chaque investissement substantiel

La base de données bénéficie

également de la protection du droit

d’auteur lorsque celui qui a pris

l’initiative et le risque de la

constituer démontre :

un choix original des données et/ou

une structure originale de la base

Droits moraux (inaliénables donc perpétuels)

• Droit à la paternité

• Respect de l’intégrité de l’œuvre

• Droit de divulgation

• Droit de retrait ou de repentir

Droits patrimoniaux (cessibles et négociables)

• Droit de reproduction

• Droit de représentation

Limités dans le temps: dans la plupart des cas protection de 70 ans

Rappel sur le droit d’auteur et les

exceptions

Cas d’une diffusion en ligne

Rappel sur le droit d’auteur et les

exceptions

Source : Durée de protection d'une oeuvre par les droits

d'auteurs. Par Miroslav Kurdov. CC-BY-NC-SA

sketchlex.com

Article L122-5 du CPI

Les représentations privées et gratuites effectuées

exclusivement dans un cercle de famille ;

Les copies ou reproductions réalisées à partir d'une source

licite et strictement réservées à l'usage privé du copiste et non

destinées à une utilisation collective,

Les analyses et courtes citations

Les revues de presse ;

La diffusion des discours politiques

Les reproductions, intégrales ou partielles d'oeuvres d'art

graphiques ou plastiques destinées à figurer dans le catalogue

d'une vente judiciaire

Exception pédagogique

La parodie, le pastiche et la caricature, compte tenu des lois du

genre ;

Les actes nécessaires à l'accès au contenu d'une base de

données électronique

Les copies techniques accessoires et provisoires ;

Exception handicapés

Exception conservation

La reproduction ou la représentation d'une oeuvre d'art par voie

de presse dans un but d'information

Les exceptions au droit d’auteur

5 exceptions concernent de près ou de loin les bibliothèques

Devrait être révisée à l’occasion du vote de la future loi sur le numérique

Arrêt du 11 septembre 2014: la CJUE consacre une exception de conservation élargie… qui s’articule avec l’exception de copie privée (si compensation équitable des ayants-droit) : possibilité pour les usagers de récupérer les fichiers sur leur clé USB la légalité des Copy Party est confortée

• Exception accordée aux organismes en charge du dépôt légal

Cette exception est introduite dans le Code du patrimoine

(articles L132-4, L132-5 etL132-6) [loi DADVSI 2006]

C'est une exception au droit de reproduction et au droit de représentation.

- Les organismes en charge du dépôt légal sont autorisés à effectuer la

reproduction sur tout support et par tout procédé d'une œuvre, lorsque cette

reproduction est nécessaire à la collecte, à la conservation et à la

consultation sur place.

- Ils sont également autorisés à donner accès à l'œuvre sur place à des

chercheurs, dûment accrédités, sur des postes individuels de consultation

dont l'usage leur est exclusivement réservé.

Les exceptions au droit d’auteur

Source : BnF

Délais supplémentaires pour compenser les périodes de guerre

– 6 ans et 152 jours: Œuvres publiées avant le 1er janvier 1921 et non tombées dans le domaine public le 3 février

1919

– 8 ans et 120 jours: Œuvres publiées entre le 1er janvier 1921 et le 31 décembre 1947 non tombées dans le

domaine public le 13 août 1941

Une durée supplémentaire de 30 ans a été accordée en 1951 à ceux qui étaient morts pour la

France

La durée des droits des oeuvres musicales a été étendue de 50 à 70 ans (loi Lang de 1985)

La durée des droits a été étendue de 50 à 70 ans (loi du 27 mars 1997), nouvelle durée qui

s’applique à toutes les œuvres encore protégées par le droit d’auteur le 1er janvier 1995

La durée des droits patrimoniaux en France

C.Cass. 27 fév 2007. Arrêts Monet et Boldini.

Les prorogations de guerre s'appliquent

- aux œuvres musicales

- ou bien... (le cas échéant), aux autres œuvres quand l'auteur est mort pour la

France et que l'œuvre remplit les conditions de prorogation de guerre.

La durée des droits patrimoniaux en France

A lire : "Durée des droits d’auteur et

musique : Ah Dieu, que la guerre est

jolie !" Par Yves Alix. Blog du BBF.

A lire : "Zweig, Apollinaire et Musil,

vedettes du domaine public en 2013"

Par Par Cécile Dehesdin et Jean-Marie

Pottier . Slate.fr

Mais dans ce second cas, les deux «bonus» (30 ans + prorogations) ne s’ajoutent

pas aux 70 ans mais à l’ancienne durée de protection, qui n’était que de 50 ans

Cas pratiques

La durée des droits patrimoniaux en France

Boléro (1928) de Ravel (mort en

1937):

50 ans + 8 ans et 120 j + 20 ans (loi 1985)

-->2015

La guerre des boutons (1912) de

Louis Pergaud (mort pour la France

en 1915 ) :

50 ans + 30 ans +14 ans et 272 j

--> 2010

Alcools (1913) d'Apollinaire (mort

pour la France en 1918 ) :

50 ans + 30 ans + 14 ans et 272 j

--> 2013

Le Petit Prince (1943) de Saint-

Exupéry ( mort pour la France en

1944) :

50 ans + 30 ans + 8 ans et 120 j

--> 2032

Toutes ces images sont dans le domaine public.Source : Wikimedia Commons

Le calcul de la durée des droits

• Concerne l’Europe

uniquement

• En février 2015,

seuls 6 Etats sont

représentés : France,

Suisse, Espagne,

Luxembourg, Pays-

Bas, Allemagne

• Simple rhabillage du

Public Domain

Calculator

d’Europeana (2011),

qui produit des

réponses assez

vagues

Calculateur

européen mis en

ligne le 12 février

2015

Article L123-12 du CPI

« Notre loi prévoit que la «la durée de protection est celle accordée dans le pays d'origine de

l'oeuvre sans que cette durée puisse excéder» celle prévue par la loi française. Dans le cas

du Vieil Homme et la Mer, la durée américaine

excède la durée française, le livre sera donc

dans le domaine public dans notre pays en 2032. »

Un cas récent : Le vieil homme et la mer d’Hemingway

Conflit de lois…

Source: « Hemingway est-il dans le

domaine public ? » Par Cécile Deshedrin.

Slate.fr

Les faits :

En 2012, François Bon publie une nouvelle traduction du

Vieil Homme et la mer, d’Hemingway (1899-1961), sous

forme numérique. Les éditions Gallimard demandent à

François Bon le retrait immédiat de sa traduction sous peine

de poursuites.

Le problème :

L’œuvre d’Hemingway entre dans le domaine public à des

dates différentes selon le pays :

Canada : 1961 + 50 ans 2012

Etats-Unis : 1961 + 95 ans 2047

France : 1961 + 70 ans 2032

Solution :By Not specified, owned by John F. Kennedy

library [Public domain], via Wikimedia Commons

• Art. L 123-4 du CPI :

Pour les œuvres posthumes, la durée du droit exclusif est celle prévue

à l'article L. 123-1. Pour les œuvres posthumes divulguées après

l'expiration de cette période, la durée du droit exclusif est de vingt-cinq

années à compter du 1er janvier de l'année civile suivant celle de la

publication.

Le droit d'exploitation des œuvres posthumes appartient aux ayants

droit de l'auteur si l'œuvre est divulguée au cours de la période prévue à

l'article L. 123-1.

Si la divulgation est effectuée à l'expiration de cette période, il

appartient aux propriétaires, par succession ou à d'autres titres, de

l'œuvre, qui effectuent ou font effectuer la publication.

Œuvres posthumes

« Nécropyright ! »

Illustration

Œuvres posthumes

« La partition manuscrite de l’opéra Les

Boréades, composée par Jean-Philippe Rameau

en 1764, a été retrouvée à la BnF en 1976. La

« propriétaire » du manuscrit inédit, en a cédé

les droits aux éditions musicales Stil qui ont

publié la partition en 1982. Cette partition a été

protégée pendant 25 ans jusqu’au 31

décembre 2007 (1982+25)

Un producteur phonographique ayant enregistré

l’opéra Les Boréades sans l’autorisation des

éditions Stil, a été condamné pour contrefaçon

(TGI Paris, 26 janv. 1989) En effet, la protection

de 25 ans sur la partition s’étend à l’œuvre

musicale elle-même. »

Jean-Philippe Rameau . Portrait par Joseph

Aved(1702-1766) Musée des Beaux-Arts de

Dijon [Public domain], via Wikimedia Commons

Source : Anne-Laure Stérin . Guide pratique du droit d’auteur (2ème éd), p.

30. Editions Maxima.

Illustration

Œuvres posthumes

Achat en 2006 par un particulier des

partitions du compositeur Jakob

Froberger mort en 1667

Facsimile of a piece by Johann Jakob

Froberger (1616-1667). PD. Source:

Wikimedia Commons

A lire : « Du droit des œuvres posthumes »

Le droit des marques à l’assaut du

domaine public ?

A lire: «La malédiction du Petit Prince ou le domaine public un jour dissous dans le droit des marques ?» . Lionel Maurel

La numérisation des

œuvres

• Les auteurs des thèses sont titulaires des droits sur leurs travaux et ils

doivent être contactés pour toute nouveau mode d’exploitation de leurs

œuvres

• Une bibliothèque accessible au public (ce qui est le cas des bibliothèques

universitaires, par exemple) peut, en revanche, numériser les thèses de

son fonds à des fins de conservation, en s’appuyant sur l’exception au

droit d’auteur accordée aux bibliothèques, exception qui permet de

préserver les conditions de consultation des œuvres abîmées ou qui

figurent sur des supports obsolètes (art. L122-5 CPI 8°). Dans ce cas,

l’œuvre numérisée est consultable par le public, mais uniquement dans

les locaux de l’établissement et sur des terminaux dédiés, ce qui

interdit une mise en ligne sur les réseaux, même si ceux-ci sont sécurisés.

Numériser des thèses

Source : « Une bibliothèque peut-elle numériser une thèse appartenant à ses collections? » Paralipomènes. Blog de Michèle Battisti. CC BY-ND 2.0

Il faut distinguer :

• la numérisation dite « homothétique » (reproduction

numérique du texte imprimé) cas du programme de

numérisation des œuvres indisponibles

• la numérisation produisant des « livres enrichis » (le

CNL participe au programme d’aide à la création

numérique « DICREAM »)

Numériser des livres

Quelques exemples de programmes de numérisation

Numériser des livres

Programme Œuvres sous droits ou du domaine public ?

Description

Knowledge Unlatched Sous droits Organisation à but non lucratif associée à environ 300 bibliothèques dans le monde; vise à « libérer » des best sellers de la recherche académique

Ebooks on Demand (EoD) Domaine Public Bénéficie du financement de la Communauté européenne dans le cadre du Programme Culture ;

Service Interétablissement de la Documentation SID2 Grenoble

Domaine Public SID2 Grenoble ; gratuit pour tous types d’usagers

WikiBooks Domaine Public Fondation WikiMedia

Numalire Domaine Public Lancé en septembre 2013 par la société YABé, Numalire repose sur un partenariat construit avec 8 bibliothèques patrimoniales.

Numériser des livres

Source : « EoD : quand les bibliothèques numérisent et

diffusent des œuvres du domaine public

». Numeribib [Blog] Par Pierre Naegelen. CC BY.

Il faut distinguer :

• L’exploitation des œuvres protégées par des droits d’auteur

(paroles et compositions musicales)

• L’éditeur de musique

• L’exploitation des œuvres protégées par des droits voisins du

droit d’auteur (artistes-interprètes et producteurs de

phonogrammes)

Numériser des documents sonores

Ne pas confondre…

Numériser des documents sonores

œuvre musicale de

collaboration

œuvre protégée pendant la vie des auteurs et les 70 années qui suivent la mort du dernier auteur survivant (CPI art. L 123-2)

ex : La chanson Les Feuilles mortes coécrite par Jacque Prévert (paroles) et Joseph Cosma (musique)

œuvre musicale composite

composantes de l'œuvre protégées séparément (CPI art. L 113-2)

ex : La Nuit transfigurée de Schönberg sur un poème écrit par Richard Dehmel

Un arrangement ou un remix sont des œuvres composites

Source : Anne-Laure Stérin . Guide pratique du droit d’auteur (2ème éd), p.

255. Editions Maxima.

Numériser des documents sonoresL’exploitation des œuvres protégées par des droits d’auteur

(paroles et compositions musicales)

- La SACEM perçoit les

rémunérations dues aux auteurs et

éditeurs dont les musiques sont

diffusées en public

- La SACD gère pour les auteurs le

droit de représenter les musiques

de scène

- La SCAM gère les droits d’auteurs

sur les œuvres sonores non

musicales sans caractère de fiction

diffusées en public (texte de voix off,

de chroniques, de magazines, de

portraits, de reportages)Source : Anne-Laure Stérin . Guide

pratique du droit d’auteur (2ème éd), p. 255. Editions Maxima.

Sociétés sans répertoire propre communes à

la SACEM, la SACD et la SCAM

- La SDRM (Société pour la gestion du

Droit de Reproduction mécanique) perçoit

et redistribue les rémunérations dues aux

adhérents des 3 sociétés quand leurs

œuvres sont reproduites sur des supports

- La SESAM perçoit et redistribue les

rémunérations dues aux adhérents des 3

sociétés quand leurs œuvres sont

reproduites sur support multimédia (site

web, CD-Rom, jeu vidéo)

• Les producteurs de phonogrammes

la Société civile pour l’exercice des droits des producteurs phonographiques (SCPP) :la SCPP gère les droits des "majors" (Sony-BMG, Universal, Warner), mais aussi de près de 1 000 indépendants ;

la Société civile des producteurs de phonogrammes en France (SPPF) :La SPPF est la société de répartition des droits des seuls producteurs indépendants.

Numériser des documents sonoresL’exploitation des œuvres protégées par

des droits voisins du droit d’auteur

• Les artistes-interprètes : la Société civile pour l’administration des droits

des artistes et musiciens interprètes (ADAMI):L’ADAMI gère les droits des artistes "nommés" (solistes, chanteurs de variétés, etc., mais aussi acteurs, comédiens, danseurs, etc.), que cela soit pour le générique d’un film, d’une émission télé ou radio, ou sur une pochette de disque ;

la Société de perception et de distribution des droits des artistes interprètes de la musique et de la danse (SPEDIDAM ) :La SPEDIDAM gère, elle, les droits des artistes "non nommés" (par exemple les musiciens d’orchestre) qui ne sont pas, effectivement, mentionnés nominativement sur les supports de diffusion ou de distribution.

Source : BnF

La Société pour la perception de la

rémunération équitable (SPRE) perçoit des

rémunérations pour les interprètes et

producteurs, auprès des radios, télévisions

et discothèques qui diffusent des CD

Durée de protection des droits voisins

Numériser des documents sonores

Bientôt 70 ans et non plus 50 ! (Dès la publication du décret d’application)

Le Conseil des Ministres de l’UE a validé l’extension de la durée le 7

septembre 2011

A lire : « Droits d'auteur : 20 ans de plus pour les producteurs et musiciens » . Numerama. Guillaume Champeau

Projet de loi du gouvernement du 20 octobre 2014 (étude

d’impact):

Les dispositions nouvelles « n’ont pas pour conséquence des

rappels de protection en défaveur du domaine public. Les

phonogrammes tombés dans le domaine public à la date du

1er novembre 2013 ne bénéficieront pas de la protection

supplémentaire de 20 ans. »

Texte voté par le Sénat le 10 février 2015Source : « PROJET DE LOI portant diverses dispositions d’adaptationau droit de l’Union européenne dans les domaines de la propriété littéraire et artistique et du patrimoine culturel» 10 février 2015. Sénat

la loi est rétroactive... mais seulement pour les œuvres non encore tombées

dans le DP au 1er novembre 2013

Le journal : Une « œuvre collective »

Art. 113-2 du CPI: définition de l’ « œuvre collective » :

• créée sur l’initiative d’une personne physique ou morale qui l’édite,

la publie et la divulgue sous sa direction et son nom

• dans laquelle la contribution personnelle des divers auteurs […] se

fond dans l’ensemble

Numériser une revue

• L’éditeur

Des droits sur l’ensemble de l’œuvre

• Le journaliste

Des droits sur sa contribution

Le journaliste

• Avant la loi Hadopi

Le journaliste ne cède ses droits à son employeur que

pour la première exploitation

• Après la loi Hadopi

Le journaliste cède ses droits à son employeur pour

toutes les déclinaisons du titre pendant une durée

donnée, définie par des accords collectifs ou individuels

Numériser une revue

Source : « Mise en ligne et valorisation de la

presse ». Par Michèle Battisti. CC BY-ND.

Slideshare

A lire : « Les contributions des journalistes antérieures à la Loi HADOPI demeurent sous l’empire de l’ancien régime », It’s IP [Blog]

• Le journal : Une œuvre collective

protégée pendant 70 ans par le droit d’auteur

• 2014 : Numérisation et mise à disposition des journaux

publiés avant 1944

• Sous réserve :

– des droits des journalistes qui n’ont cédé leurs droits que pour la

première exploitation

– des droits des photographes, des illustrateurs, ..

Numériser une revue

Source : « Mise en ligne et valorisation de la

presse ». Par Michèle Battisti. CC BY-ND.

Slideshare

Et si l’on prenait des risques ?

Obtenir l’accord de l’éditeur

• Domaine public (avant 1944 en 2014).

L’éditeur, titulaire de l’œuvre collective, assume le risque puisqu’il

n’y a pas eu de cession expresse des auteurs pour cet usage.

– Peu, voire aucune réclamation

– Opt‐out : suppression de l’article, de la photographie

• Œuvre sous droits.

L’éditeur négocie en interne.

Les difficultés varient selon le type d’œuvres (textes, illustrations,

photos …)

Numériser une revue

Source : « Mise en ligne et valorisation de la

presse ». Par Michèle Battisti. CC BY-ND.

Slideshare

Illustration : Persee

Numériser une revue

Les revues recherchent les auteurs ou leursayants droit et adressent un courrierindividuel aux auteurs pour lesquels uneadresse récente a pu être identifiée. Cetteprocédure longue et complexe est le garant durespect du droit d'auteur auquel le programmePersée est attaché.Néanmoins, la visibilité des revues françaises surles réseaux étant fondamentale pour la recherchefrançaise dans le contexte actuel et dans un soucide cohérence des collections, il a été décidé :• en l'absence de réponse dans un délai detrois mois à dater du jour d'envoi ducourrier, l'article correspondant sera diffusé. Siun auteur souhaite retirer son article du portail,sa demande sera prise en compte à compter dela réception de son courrier.

• cette clause ne concerne pas lesreproductions (illustrations...) dont ladiffusion ne sera effective que si l'autorisationexplicite a été donnée, en dehors de tout délai.

Source : Persee

Illustration : Bulletin de la SHNT

Convention de coopération numérique pour

la dématérialisation de revues sous droit

entre la BnF et la Société Histoire Naturelle

de Toulouse :

Article 12 – Propriété intellectuelle

« Le Partenaire s’engage à obtenir

l’autorisation des auteurs ou de leurs ayants

droit pour la reproduction numérique et la

diffusion en ligne des articles parus entre

1942 et 2002 dans la Revue.

Numériser une revue

A cet effet, le Partenaire s’engage à mettre en œuvre une démarche

systématique de demande d’autorisation aux auteurs dont elle dispose des

coordonnées (12.1). Le Partenaire insèrera par ailleurs dans les numéros de la

Revue un encart invitant les auteurs ou leurs ayants droit à se faire connaître

(12.2) »

12.1 Le Partenaire prend à sa charge toutes négociations avec les auteurs ou leurs

ayants droit qu’elle aura pu contacter.

Pour les textes et illustrations dont les auteurs ou ayants droit auront été contactés et

auront donné leur autorisation, le Partenaire garantit la BnF contre toute réclamation,

revendication, recours ou action de toute personne, susceptible de revendiquer un droit de

propriété intellectuelle sur lesdits textes et illustrations reproduits pas voie de numérisation

et diffusés sur son site Internet.

Les textes et illustrations dont les auteurs ou ayants droit auront exprimé un refus

ne seront pas mis en ligne.

Le Partenaire prendra à sa charge et tentera de résoudre par la voie amiable ou

judiciaire tout litige de propriété intellectuelle en lien avec l’exploitation de ces textes

et illustrations.

12.2 A l’issue d’un délai de six mois suivant la publication du premier encart, les parties

conviennent que les textes et illustrations dont les auteurs ou ayants droit n’auraient pu

être retrouvés, feraient l’objet d’une numérisation et d’une diffusion sur Gallica dont elles

assumeraient conjointement la responsabilité.

12.3 La BnF s’engage à retirer, à la demande du Partenaire ou d’un titulaire de droits,

tout texte ou illustration en cas de réclamation dudit titulaire. »

Numériser une revue

Et les données personnelles ?

• Une protection pendant 100 ans

• Condamnations, internements psychiatriques, ….

Anomymiser ? Pas toujours

MAIS

Tout projet de bibliothèque numérique doit faire l’objet d’une

déclaration à la CNIL

Attention à l’interconnexion de certaines données !

Numériser une revue

Source : « Mise en ligne et valorisation de la

presse ». Par Michèle Battisti. CC BY-ND.

Slideshare

Plusieurs droits en présence :

• L'auteur de la photographie

• L'auteur de l'objet photographié

Les autorisations pour reproduction et diffusion de ces œuvres

peuvent être délivrées par des sociétés de gestion collectives.

Dans le domaine de l’art graphique, l’ADAGP est représentative.

Cette société de gestion collective a mis en place des barèmes

pour mise en réseau.

Architecture : la « théorie de l’accessoire » mais pas la liberté de

panorama

Numériser des images

Source : BnF

• Théorie de l’accessoire • Mais pas de liberté de panorama

Numériser des images

En reproduisant cette image sans

autorisation de l’architecte, je me

mets dans l’illégalité !!!

BNF - the 4th tower . Par Gregory Bastien. CC-BY-NC-ND 2.0. Source: Flickr

• La personne photographiée :

le droit à l’image et la vie privée

Art. 9 du Code Civil et art. 226-1 du Code Pénal

Jurisprudence : le respect de la vie privée et le droit à

l’image des personnes représentées sur les photos s’éteint

après le décès des personnes sauf si les proches peuvent

prouver un « préjudice personnel, direct et certain » de la

diffusion de l’image.

• Le propriétaire du bien photographié

Droit très limité et encadré. Il faut prouver

qu’un « trouble anormal » a été causé à la

jouissance paisible du bien

Numériser des images

A lire : « Le droit à l'image des

morts ». Par Alexandre

Blondieau. Juritravail [Blog].

Images d’œuvres d’art dans le domaine public :

Distinguer les œuvres en 2 ou en 3 dimensions !

Règle élaborée par Wikimedia à partir de l'arrêt issu de la jurisprudence

américaine Bridgeman Art Library v. Corel Corp. (1999) : cet arrêt exclut du champ du droit

d'auteur les photographies destinées à n'être que les reproductions fidèles d'œuvres d'art en

deux dimensions, comme les tableaux. (...) En conséquence, une personne prenant aux États-

Unis une photographie banale (plein cadre, neutre) d'une œuvre d'art en deux dimensions ne

verra pas son travail protégé. Si l'œuvre d'origine est suffisamment vieille pour être tombée

dans le domaine public, cette photographie pourra être librement importée sur Commons.

Numériser des images

Source : « Commons:Quand utiliser le bandeau PD-Art » . Wikipedia. CC-BY-SA

Numériser des images

Source : « Commons:Quand utiliser le bandeau PD-Art » . Wikipedia. CC-BY-SA

Numériser des imagesIllustration : les CGU du Walters Art Museum

Le film est une œuvre de collaboration.

• Ont la qualité d'auteur d'une œuvre audiovisuelle « la ou

les personnes physiques qui réalisent la création

intellectuelle ».

• Sont présumés, sauf preuve contraire, coauteurs d'une

œuvre audiovisuelle réalisée en collaboration : – l’auteur du scénario,

– l'auteur de l'adaptation,

– l'auteur du texte parlé,

– l'auteur des compositions musicales avec ou sans paroles spécialement

réalisées pour l’œuvre

– et le réalisateur

(art. L. 113-7 CPI)

Numériser des films

Sociétés sans répertoire propre communes à

la SACEM, la SACD et la SCAM

- La SDRM (Société pour la gestion du

Droit de Reproduction mécanique) perçoit

et redistribue les rémunérations dues aux

adhérents des 3 sociétés quand leurs

œuvres sont reproduites sur des supports

- La SESAM perçoit et redistribue les

rémunérations dues aux adhérents des 3

sociétés quand leurs œuvres sont

reproduites sur support multimédia (site

web, diffusion en streaming sur Internet,

CD-Rom, jeu vidéo)

Numériser des filmsL’exploitation des œuvres protégées par des droits d’auteur

(œuvres audiovisuelles)

- La SACEM gère les droits des auteurs-

compositeurs de musiques non

scéniques, des auteurs de doublages de

films, des auteurs de sous-titres, des

auteurs de sketches

- La SACD gère les droits des

scénaristes, dialoguistes, réalisateurs

audiovisuels de fictions…

- La SCAM gère les droits des scénaristes

et réalisateurs audiovisuels de non-

fictions (documentaires, reportages,

portraits).

Source : Anne-Laure Stérin . Guide pratique du droit d’auteur (2ème éd), p.

255. Editions Maxima.

Droits voisins :

• Producteur : « la personne physique ou morale qui

prend l’initiative et la réalisation de l’œuvre » (art.

L 132-23 CPI)

Numériser des films

3 SPRD :

Procirep : Société des producteurs de cinéma et de télévision.

Angoa : Agence nationale de gestion des œuvres audiovisuelles

ARP : Société civile des auteurs réalisateurs et producteurs

Droits voisins :

• Les interprètes

« Personne qui représente, chante, récite, déclame,

joue ou exécute de toute autre manière une

œuvre littéraire ou artistique, un numéro de

variétés, de cirque ou de marionnette » (CPI art. L.

212-1)

Numériser des films

Numériser des filmsL’exploitation des œuvres protégées par

des droits voisins du droit d’auteur

• Les artistes-interprètes : la Société civile pour l’administration des droits

des artistes et musiciens interprètes (ADAMI):L’ADAMI gère les droits des artistes "nommés" (solistes, chanteurs de variétés, etc., mais aussi acteurs, comédiens, danseurs, etc.), que cela soit pour le générique d’un film, d’une émission télé ou radio, ou sur une pochette de disque ;

la Société de perception et de distribution des droits des artistes interprètes de la musique et de la danse (SPEDIDAM ) :La SPEDIDAM gère, elle, les droits des artistes "non nommés" (par exemple les musiciens d’orchestre) qui ne sont pas, effectivement, mentionnés nominativement sur les supports de diffusion ou de distribution.

Source : BnF

Attention à la renaissance de droits

Numériser des films

A lire : « Le Voyage dans la Lune de Méliès en couleur : une restauration… de copyright ?» . S.I.Lex. Blog de Lionel Maurel. CC0

L’exemple du Voyage dans la Lune de

Méliès. La bande-son spécialement

composée à l’occasion de la nouvelle

diffusion, fait renaître des droits.

A lire aussi : CA Paris, 5 octobre 1994 : la restauration d'une oeuvre audiovisuelle entrée dans le domaine public ne saurait faire renaître un monopole sur l'exploitation de l'oeuvre

Numériser des films

Uruguay Round Agreements Act :

Attention aux films arrachés rétroactivement du domaine public…

Source : « Uruguay Round AgreementsAct» . Wikipedia. CC-BY-SA

II) Réutilisation de contenus

Quelques exemples de licences

Le « Copyfraud »

L’exception culturelle

Les accords BnF

Les œuvres orphelines

La loi sur les œuvres indisponibles et

le registre ReLIRE

Quelques exemples de

licences permettant la

réutilisation de contenus

Les licences libres

Un renversement de la logique classique du

droit d’auteur…

L’auteur interdit a priori la réutilisation de son œuvre

« Tous droits réservés »

L’auteur autorise a priori le partage de son œuvre

« Certains droits réservés »

Attribution : signature de l’auteur initial (ce choix est obligatoire en droit français) (sigle : BY)

Non Commercial : interdiction de tirer un profit commercial de l’œuvre sans

autorisation de l'auteur (sigle : NC)

No derivative works : impossibilité d’intégrer tout ou partie dans une œuvre composite ;

l'échantillonnage (sampling), par exemple, devenant impossible (sigle :ND)

Share alike : partage de l’œuvre, avec obligation de rediffuser selon la même licence ou une licence

similaire (version ultérieure ou localisée) (sigle : SA)

Les 4 briques des licences Creative Commons

Source: « Creative Commons ». CC-BY-SA 3.0 Unported . Wikipedia.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Creative_Commons

Les licences libres les plus connues: les licences Creative Commons

But des licences CC: faciliter le partage

Les 6 licences Creative Commons

AbréviationsBY = PaternitéSA = Share AlikeND = No Derivative WorksNC = Non Commercial

LicenceChamp d’application :

contenu ou métadonnées (MD) ?

Contenu sous droits ou dans le domaine

public?

Droit de la propr.intellectuelle ou des données publiques ?

Risque d’enclosure ?

Public Domain Mark

Contenu Domaine Public Propr. Intellectuelle Non

PD-Art, PD-old et PD-old-100

Contenu (photographies d’œuvres d’art uniquement)

Domaine Public Propr. Intellectuelle Non

Licence Art libre Contenu Sous droits Propr. Intellectuelle Non, car clause de partage à l’identique

GNU Free

Documentation License

Contenu Sous droits Propr. Intellectuelle Non, car clause de partage à l’identique

Creative Commons (sauf CC0)

Contenu. MD pour la version 4.0, compatible avec le droit sui generis des bases de données)

Sous droits Propr. IntellectuelleNon si clause de partage à l’identique (SA). CC-BY-SA : Licence conseillée pour les œuvres des agents publics français

CC0 Contenu ou MD Domaine Public volontaire

Propr. Intellectuelle Non

Licence

Ouverte/Open Licence

Contenu ou MD Question non pertinente

Données publiques (mais compatible avec

CC-BY 2.0)

Oui, car pas de clause de partage à l’identique

ODBL MD Question non pertinente

Données publiques Non, car clause de partage à l’identique

Principales licences permettant la réutilisation de contenus numérisés

Public Domain Mark

British Library BU Clermont-Ferrand

CC 0

Licence Ouverte/Open Licence

Licence adoptée par la BnF pour son portail Reliures.bnf.fr !

Licence Ouverte/Open Licence

Licence Ouverte/Open Licence

Licence Ouverte/Open Licence

Un exemple de feuilleté (inévitable)de licences

3 licences :

- Creative Commons

- loi de 78 avec partage

à l'identique (Share

Alike)

- licence ODbL

A lire : « Toulouse ouvre ses archives: la

fin du verrouillage? » . Papiers et Poussières. Blog de Jordi Navarro.

L'essor impulsé par les collectivités locales:

Open Data France(9 octobre 2013)

Le copyfraud

Un copyfraud est une fausse déclaration de possession de droit d'auteur faite dans le but

d'acquérir le contrôle d'une œuvre quelconque1. La définition a été proposée par Jason Mazzone,

un professeur associé en droit à la Brooklyn Law School,

Mazzone identifie quatre cas types de copyfraud :

• déclarer posséder des droits d'auteur sur du matériel du domaine public2 ;

• imposer des restrictions d'utilisation allant au-delà de ce que la loi permet3 ;

• déclarer posséder des droits d'auteur sur la base de possession de copies ou d'archives du

matériel4 ;

• déclarer posséder des droits d'auteur en publiant un travail du domaine public sous un support

différent5.

Le copyfraud

Source : « Copyfraud» . Wikipedia. CC-BY-SA

Mais la numérisation ne fait pas naître de nouveaux

droits sur l'oeuvre !

Le copyfraud

Source : Ministère de la Culture et de la Communication

Proposition 74 du rapport Lescure :

Renforcer la protection du domaine public dans

l’univers numérique : établir dans le code de la

propriété intellectuelle une définition positive du

domaine public ; indiquer que les reproductions

fidèles d’œuvres du domaine public appartiennent

aussi au domaine public, et affirmer la

prééminence du domaine public sur les droits

connexes.

Le copyfraud

Source : Rapport de la Mission « Acte II de l’exception culturelle » : Contribution aux politiques culturelles à l’ère numérique (Tome 1)

Le copyfraudMauvaise pratique Bonne pratique

BVMM

A lire: « Des manuscrits médiévaux placés sous droits d'auteur» . Guillaume Champeau. Numérama

Jusqu’à 3 couches de droit !

Le Vatican champion du Copyfraud !http://digital.vatlib.it/en/collection

DPLA

Vers une meilleure protection du

domaine public ?

1ère reconnaissance jurisprudentielle : arrêt du

TGI de Paris le 27 mars 2014; Droz c/ Garnier

A lire: « Une victoire pour le domaine public : un cas de copyfraud reconnu par un juge français» . Lionel Maurel

L'exception culturelle

"Ouverture des données publiques culturelles" :

expression qui ne va pas de soi...

L’exception culturelle

« La décision de subordonner la réutilisation de certaines de ces informations au versement d'une redevance devra être dûment justifiée par des circonstances particulières. Ces informations devront être au préalable inscrites sur une liste établie par décret. »Mais même exclusion des établissements culturels

La directive et l’ordonnance laissent hors de leur champ d'application les données produites par les établissements culturels.

Art. 10 : Les informations figurant dans des documents produits ou reçus par les administrations (…), quel que soit le support, peuvent être utilisées par toute personne qui le souhaite à d'autres fins que celles de la mission de service public pour les besoins de laquelle les documents ont été produits ou reçus.Art. 11 : exception pour les établissements culturels

L’exception culturelle

Euro

pe Directive

« PSI » 2003/98/CE du 17 novembre 2003 sur la réutilisation des informations du secteur public

Tran

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siti

on Ordonnance du

6 juin 2005relative à la réutilisation des données publiques

Loi CADA du 17 juillet 1978 : principe de la

réutilisation des données publiques

La circulaire émise le 26 mai 2011 impose à tous les ministères, y compris ceux de la Culture et de l’Education, de verser leurs données dans le portail "data.gouv.fr". La circulaire pose le principe de réutilisation

gratuite des données publiques. La redevance devient l'exception

.

Le droit des données publiques

Loi connexe : loi « Informatique et libertés » de

janvier 1978Elle prend en charge la question des données à caractère personnel :

L’exception culturelle

Loi CADA du 17 juillet 1978 : principe de la

réutilisation des données publiques

Loi « Informatique

et Libertés »

Art. 10 : Les informations figurant dans des documents produits ou reçus par les administrations peuvent être utilisées par toute personne qui le souhaite.Art. 11 : exception pour les établissements culturels

Art. 13 : La réutilisation d'informations publiques comportant des données à caractère personnel est subordonnée au respect des dispositions de la loi n°78-17 du 6 janvier 1978 relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés.

L’exception culturelleLoi CADA du 17 juillet 1978 : principe de la

réutilisation des données publiques

Art. 10 : Les informations figurant dans des documents produits ou reçus par les administrations peuvent être utilisées par toute personne qui le souhaite.

Art. 13 : données à caractère personnel loi n°78-17 du 6 janvier dite loi « informatique et libertés »

Art. 11 : Par dérogation au présent chapitre, les conditions dans lesquelles les informations peuvent être réutilisées sont fixées, le cas échéant, par les administrations mentionnées aux a et b du présent article lorsqu'elles figurent dans des documents produits ou reçus par :a) Des établissements et institutions d'enseignement et de recherche ;b) Des établissements, organismes ou services culturels

Situation assez schizophrénique où les Ministères de la Culture, de l’Education et de l’Enseignement Supérieur sont tenus d’appliquer une politique d’Open Data, quand les musées, archives, bibliothèques, centres de documentation qui dépendent de ces tutelles sont libres d’y déroger pour édicter leurs propres règles de réutilisation des données publiques.

L’exception culturelleLes Ministères déposent leurs données dans :

Et pendant ce temps…

L’exception culturelle

Cette diapo et la précédente sont donc illégales !

Numelyo

Rosalis

La menace sous-jacente aux CGU:

une privatisation des œuvres du domaine public…

No Entry. Par Mark Bridges. CC BY-NC-ND 2.0

Source: Flickr

L’exception culturelle

Source: «Réutiliser le matériel culturel public : une nouvelle directive européenne ». Michèle Battisti. Arabesques n° 72 oct - nov -déc 2013

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Directive européenne PSI du 26 juin 2013 modifiant la directive de 2003

PRINCIPES GENERAUX

• instaure un véritable droit de réutilisation des informations du secteur public, qui n’existait pas dans la directive initiale de 2003; toutes les données du secteur public ne faisant pas l’objet de l’une des dérogations deviennent réutilisables;

• étend le champ d'application de la directive afin d'y inclure, pour la première fois, les bibliothèques, les musées et les archives

• Exclus du champ d'application : les établissements d’enseignement et de recherche (à l'exception des BU) les établissements culturels "autres que des bibliothèques, des musées et des archives"

A lire : « Open data — Réutilisation des données publiques : la révision de la directive devrait changer peu de choses en France ». Précisement.org [Blog]

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DETAIL DU DISPOSITIF

• Les tarifs des organismes du secteur public ne peuvent excéder les coûts marginaux de reproduction, de fourniture et de diffusion des informations.Exception: n'y sont pas tenus les EPIC et les bibliothèques, musées, archives

• Transparence des règles de facturation : les organismes du secteur public doivent être plus transparents au sujet des règles de facturation appliquéesException : n'y sont pas tenus les bibliothèques, musées archives

• Refus de réutilisation : les organismes du secteur public doivent justifier un refus de réutilisationException: n'y sont pas tenus les bibliothèques, musées, archives

• Mention systématique des voies de recours via un organisme de réexamen impartial doté des compétences appropriées, telle que l'autorité nationale de la concurrence, l'autorité nationale d'accès aux documents ou une autorité judiciaire nationale, dont les décisions sont contraignantes pour l'organisme du secteur public concerné.

• Format des données : la directive favorise la mise à disposition des données du secteur public dans des formats ouverts lisibles par machine

• Durée des contrats d'exclusivité : pas plus de 10 ans

Question :

La loi de juillet 1978 dans son ensemble est-elle

vraiment applicable à la diffusion des œuvres du

domaine public ?

Autrement dit :

Les œuvres du domaine public sont-elles des

informations publiques ?

L’exception culturelle

L’exception culturelleLoi CADA du 17 juillet 1978 : principe de la

réutilisation des données publiques

Art. 10 : Les informations figurant dans des documents produits ou reçus par les administrations peuvent être utilisées par toute personne qui le souhaite.

Ne sont pas considérées comme des informations publiques, pour l'application du présent chapitre, les informations contenues dans des documents :(…)c) Ou sur lesquels des tiers détiennent des droits de propriété intellectuelle.

A lire : « La loi 78-753 est-elle soluble dans le domaine public ? » . Papiers et poussières. Blog de Jordi Navarro.

Réponse possible : des tiers détiennent de façon imprescriptible des droits de propriété intellectuelle sur les œuvres du domaine public :

Il s’agit des droits moraux !

Source: « Pourquoi la Culture est devenue le mouton noir de l’Open Data en France » . S.I.Lex. Blog de Lionel Maurel. CC0

Rapport Ory-Lavolée(2010)

L’exception culturelleNote de la CNIL datée du 16 mai 2011 intitulée "Comment concilier la protection de la vie privée et la réutilisation des archives publiques sur

Internet ?" Comme le remarque Jordi Navarro, « le principe de l’exception culturelle ne fut même pas évoqué une seule fois ».

- Avis rendu par la CADA le 26 mai 2011. La CADA, en donnant raison à la société NotreFamille qui souhaitait exploiter commercialement des registres

d’état civil anciens, critique sévèrement les conditions de réutilisation imposées par le Conseil général du Rhône au nom des archives

départementales.

A lire : « Essai de stratigraphie de l'Open Data culturel à la Française ». Numeribib. Blog de Pierre Naegelen. CC-BY 2.0

- Avis rendu par le Conseil National du Numérique le 5 juin 2012 sur l’Open Data. Le CNN recommande la réintégration des données culturelles dans le

régime de droit commun de réutilisation des données publiques.

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- Arrêt de la Cour Administrative d’Appel de Lyon du 4 juillet 2012 : Les données détenues par les Archives Départementales, et plus généralement

les données culturelles, sont bien soumises, au principe de libre réutilisation énoncé par l'ordonnance de 2005.

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Tribunal administratif de Poitiers 2ème chambre Jugement du 31 janvier 2013. Le département de la Vienne est considéré comme un producteur de bases de données et à ce titre bénéficie de la protection de leur contenu, puisqu’il atteste "d’un investissement financier, matériel ou humain substantiel".

Source : « Archives de la Vienne : le recours de NotreFamille rejeté ». Par Guillaume de Morant . La revue française de génélogie

Idée : un droit de propriété intellectuelle fait obstacle au principe de réutilisation des données…

Art. 10 de la loi de juillet 1978 :Ne sont pas considérées comme des informations publiques, pour l'application du présent chapitre, les informations contenues dans des documents :(…)c) Ou sur lesquels des tiers détiennent des droits de propriété intellectuelle.

Mais l’administration n’est pas un tiers !

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Cour administrative d’Appel de Nancy. Arrêt du 18 avril 2013. « Les informations publiques communicables de plein droit, figurant dans les documents détenus par les services d’archives publics, qui constituent des services culturels au sens des dispositions de l’article 11 de la loi du 17 juillet 1978, relèvent de la liberté de réutilisation consacrée par cette loi, dans sa rédaction issue de l’ordonnance du 29 avril 2009 ".

A lire : « Archives publiques : Notrefamille.com obtient l’accès à des données non numérisées ». Legalis

L’exception culturelle

Source : Guide Data Culture . Rapporteur : Camille Domange. Ministère de la Culture et de la Communication CC-BY 2.0.

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L’exception culturelleOctobre-novembre 2013

Promotion des licences libres, du

Domaine Public et de l’Open Data

Novembre 2013

L’exception culturelle

L’exception culturelleDécembre 2013

L’exception culturelleDécembre 2013

L’exception culturelleJanvier 2014

Avril 2014

L’exception culturelle

L’exception culturelleAvril 2014

Mai 2014

L’exception culturelle

L’exception culturelleVers un nouveau type de licence, avec redevance conditionnée au

chiffre d’affaires ?

Rapport de la Mission Commune d’Information du

Sénat sur l’ouverture des données publiques et des

documents administratifs

(12 juin 2013)

Le rapport n’appelle pas à actualiser la loi de 1978; il encourage

même son maintien en l’état.

la partie sur le domaine public entérine le copyfraud : « Seules

les œuvres entrées dans le domaine public sont susceptibles de

réutilisation sauf si leur numérisation ouvre des droits nouveaux »

(p. 181).

L’exception culturelle

Source : « Mission du Sénat sur l’ouverture des données pbliques : notre réaction » Collectif SavoirsCom1

Les Accords BnF

Les accords BnF

L'accord conclu avec la société ProQuest prévoit la numérisation de 70 000 livres anciens français datant

de 1470 à 1700.

Une sélection de 3500 ouvrages, choisis par la BnF, sera en libre accès immédiat

sur Gallica.

Les autres ouvrages numérisés seront accessibles à tous les lecteurs de la BnFpendant dix ans avant d’être mis en libre accès à leur tour

sur Gallica.

Le partenariat avec BelieveDigital et Memnon Archiving

Services porte sur un projet de numérisation et valorisation de près de 200 000 disques vinyles

78 et 33 tours.

Pendant la période d'exclusivité de 10 ans,

seront proposés au libre accès des extraits de 90

secondes sur Gallica.

Source : Ministère de la Culture et de la Communication

Source : « Comment la BnF va rentabiliser les œuvres du domaine public ». Par N. Gay et A. Oury. ActuaLitté

« Le financement du programme de numérisation

s'inscrit dans le cadre des Investissements d'Avenir

(autrement dit le projet mobilise des deniers publics).

Les collectivités et les bibliothèques universitaires ou

de lecture publique qui voudront bénéficier de

l'accès aux ressources numérisées devront

souscrire un abonnement. Il leur sera demandé de

participer au financement... d'un investissement

public. »

Les accords BnF

Source : « Couperin et la BnF... le grand écart ? ». Numeribib. Blog de Pierre Naegelen. CC-BY 2.0

Les accords BnFEt

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Bibliothèque Royale du Danemark

(2009)

• ”freely accessible to members of academic institutions, public libraries, schools and other institutions in Denmark”

Bibliothèque nationale

centrale de Florence (2010)

• “freely available to everyone within Italy”

Bibliothèque Royale des Pays-Bas

(2011)

• “the material will be free to access in the host country”

London’sWellcome

Library (2011)Source: « Numérisation à la BnF : comment la France est en train de se faire rouler… » . S.I.Lex. Blog de Lionel Maurel. CC0

• “available for free throughout the U.K. and the developing world”

Question parlementaire de la députée

Françoise Guégot

Réponse de la Ministre de la Culture :

« Les accords signés par la BnF ne concèdent

d'exclusivité que sur les documents issus de la

numérisation et qui, par définition, ne relèvent

pas du domaine public puisqu'ils sont aussi le

produit de l'activité du partenaire privé.

En revanche, les documents physiques, qui sont la

source de la numérisation et qui relèvent du

domaine public, ne sont grevés d'aucune

exclusivité : ils peuvent toujours être numérisés

ou communiqués à qui en fera la demande,

dans le cadre ordinaire des missions de la

Bibliothèque nationale de France. »

Accords BnF

Copyfraud !

Confusion de deux types de

domaines publics…

A lire: « Copyfraud : le ministère de la Culture privatise le domaine public » . Hôtel Wikipedia. Blog de Pierre-Carl Langlais. CC0

Les œuvres orphelines

Définition des œuvres orphelines:

Une œuvre ou un phonogramme sont considérés comme des œuvres

orphelines si aucun des titulaires de droits sur cette œuvre ou ce

phonogramme n'a été identifié ou, même si l'un ou plusieurs d'entre

eux a été identifié, aucun d'entre eux n'a pu être localisé bien qu'une

recherche diligente des titulaires de droits ait été effectuée et enregistrée

conformément à l'article 3.

Les œuvres orphelines

Bundesarchiv, Bild 102-12256 / CC-BY-SA [CC-BY-SA-3.0-de

(http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/de/deed.en)], via Wikimedia

Commons

Source : « DIRECTIVE 2012/28/UE DU PARLEMENT EUROPÉEN ET DU CONSEIL du 25 octobre 2012 sur certaines utilisations autorisées des œuvres orphelines »

• Directive 2012/28/UE du Parlement Européen et du Conseil du

25 octobre 2012 sur certaines utilisations autorisées des

œuvres orphelines (doit être transposée avant octobre 2014)

La directive autorise certains établissements, notamment les bibliothèques accessibles

au public, à numériser et à mettre à la disposition du public des œuvres qualifiées

d’orphelines après une recherche sérieuse, mais infructueuse, des titulaires de droits.

• Des marges d’application étroites– Livres orphelins en France : question de l’articulation entre la directive et la loi sur les livres indisponibles,

qui couvre aussi ceux qui sont orphelins

– La directive n’aura effectivement aucune incidence sur toute autre disposition déjà existante, comme la

gestion collective étendue des pays scandinaves

• Une recherche diligente à très haut risqueUne recherche approfondie des titulaires de droit avant toute utilisation d’une œuvre s’avérera complexe à

assurer, surtout pour celles, comme les œuvres audiovisuelles ou les périodiques, comprenant un grand

nombre d’auteurs

• Des dispositions inadaptées à la numérisation de masse

• Exploitations autorisées :

L’exploitation commerciale est exclue… Mais redevance possible pour couvrir les

frais de la numérisation.

Les œuvres orphelines

Source : « Œuvres orphelines, une directive européenne pour rien ? » Paralipomènes. Par Michèle Battisti. CC BY-ND 2.0 [Blog]

Liste minimale de sources à consulter :

1) pour les livres publiés:

a) le dépôt légal, les catalogues de bibliothèques et les fichiers d'autorités gérés par les bibliothèques et autres institutions;

b) les associations d'éditeurs et d'auteurs dans le pays concerné;

c) les bases de données et registres existants, WATCH (Writers, Artists and their Copyright Holders), l'ISBN (International Standard Book Number) et les

bases de données recensant les livres imprimés;

d) les bases de données des sociétés de gestion collective concernées, en particulier des organisations de représentation

des droits de reproduction;

e) les sources qui intègrent des bases de données et registres multiples, y compris VIAF (Virtual International Authority Files) et ARROW (Accessible

Registries of Rights Information and Orphan Works);

2) pour les journaux, magazines, revues et périodiques imprimés:

a) l'ISSN (International Standard Serial Number) pour les publications périodiques;

b) les index et catalogues des fonds et collections de bibliothèques;

c) le dépôt légal;

d) les associations d'éditeurs et les associations d'auteurs et de journalistes du pays concerné;

e) les bases de données des sociétés de gestion collective concernées, y compris des organisations de représentation des droits de reproduction;

3) pour les œuvres visuelles, notamment celles relevant des beaux-arts, de la photographie, de l'illustration, du design et

de l'architecture, et les croquis de ces œuvres et autres œuvres du même type figurant dans des livres, revues, journaux

et magazines ou autres œuvres:

a) les sources énumérées aux points 1) et 2);

b) les bases de données des sociétés de gestion collective concernées, en particulier pour les arts visuels, y compris les organisations de représentation

des droits de reproduction;

c) les bases de données des agences d'images, le cas échéant;

4) pour les œuvres audiovisuelles et les phonogrammes:

a) le dépôt légal;

b) les associations de producteurs dans le pays concerné;

c) les bases de données des institutions dépositaires du patrimoine cinématographique ou sonore et des bibliothèques nationales;

d) les bases de données appliquant des normes et des identificateurs pertinents, tels que l'ISAN (International Standard Audiovisual Number) pour le

matériel audiovisuel, l'ISWC (International Standard Music Work Code) pour les œuvres

musicales et l'ISRC (International Standard Recording Code) pour les phonogrammes;

e) les bases de données des sociétés de gestion collective concernées, en particulier celles regroupant des auteurs, des interprètes ou exécutants,

des producteurs de phonogrammes et des producteurs audiovisuels;

f) le générique et les autres informations figurant sur l'emballage de l'œuvre;

g) les bases de données d'autres associations pertinentes représentant une catégorie spécifique de titulaires de droits

Les œuvres orphelines

Actuellement la base ARROW n’est pas librement accessible…

- Art. L. 135-1. Exclusion des « des photographies et des images fixes qui

existent en tant qu'œuvres indépendantes »

- Art. L. 135-2. – Les organismes bénéficiaires peuvent « mettre à la

disposition du public une oeuvre orpheline de manière que chacun puisse y

avoir accès de sa propre initiative »

- Art. L. 135-3. – Le résultat des recherches diligentes est mutualisé au

niveau européen, par le biais d’une base de données tenue par l’Office

européen de l’harmonisation du marché intérieur (OHMI)

- Art. L. 135-6. – En cas de réapparition d’un titulaire de droits, il a droit à une

« une compensation équitable du préjudice que celui-ci a subi du fait de

cette utilisation ».

Œuvres orphelines : projet de loi adopté par le

Sénat le 10 février 2015

le projet n’impose pas de DRM… mais ne les exclut pas non plus…

Amendement (rejeté) soumis par la députée Isabelle Attard:

"Si le titulaire des droits en fait la demande dans les deux ans suivant l'inscription de l'œuvre dans la base

de données mentionnée au 2. de l'article L. 135.3, l'organisme bénéficiaire octroie à ce dernier une

compensation équitable. Le montant de cette compensation est fixé par décret, sur la base d'un

forfait unique quel que soit le type d'œuvre diffusé par l'établissement bénéficiaire et sans prendre en compte

l'ampleur de la diffusion. cf Royaume-Uni

Source : « PROJET DE LOI portant diverses dispositions d’adaptationau droit de l’Union européenne dans les domaines de la propriété littéraire et artistique et du patrimoine culturel» 10 février 2015. Sénat

Articulation avec la loi sur les livres indisponibles :

• Loi sur les œuvres indisponibles de 2012 : cas des livres indisponibles orphelins article L.

134-8 du CPI :

la SOFIA peut autoriser gratuitement les bibliothèques accessibles au public, sous réserve

qu’elles ne recherchent aucun avantage économique ou commercial, « à reproduire et à diffuser

sous forme numérique à leurs abonnés les livres indisponibles conservés dans leurs fonds dont

aucun titulaire du droit de reproduction sous une forme imprimée n’a pu être trouvé dans un délai

de dix ans à compter de la première autorisation d’exploitation. ».

Cadre très restrictif :

- Il faut attendre 10 ans

- Ne bénéficie qu’aux seules « bibliothèques accessibles au public » (quid ?)

- Les livres orphelins numérisés ne doivent être accessibles que pour les abonnés de la bibliothèque

Œuvres orphelines : projet de loi

Source : Etude d’impact pour le « PROJET DE LOI portant diverses dispositions d’adaptation au droit de l’Union européenne dans les domaines de la propriété littéraire et artistique et du patrimoine culturel» 22 octobre 2014. Assemblée nationale

• Projet de loi (Etude d’impact) : « En pratique, les bibliothèques ne seront plus tenues

d’attendre les dix années prévues par l’actuel article L. 134-8 du CPI et de solliciter

l’autorisation de la SOFIA pour exploiter une œuvre orpheline. Elles pourront désormais

effectuer les recherches diligentes et, une fois ces recherches effectuées, mettre en ligne

le livre indisponible orphelin. »

La loi sur les œuvres

indisponibles et le

registre ReLIRE

Objectif de la loi : numériser 500 000 ouvrages

« indisponibles » sur 10 ans (50 000 par an)

La loi sur les œuvres indisponibles

Art. 134-2 du CPI :

On entend par livre indisponible au sens du

présent chapitre un livre publié en France avant le

1er janvier 2001 qui ne fait plus l'objet d'une

diffusion commerciale par un éditeur et qui ne fait

pas actuellement l'objet d'une publication sous

une forme imprimée ou numérique.

La loi sur les œuvres indisponibles

Source : LOI n° 2012-287 du 1er mars 2012 relative à l'exploitation numérique des

livres indisponibles du XXe siècle

Glissement sémantique , « novlangue juridique » (L. Maurel) :

on parle d’œuvres indisponibles » et pas « d’œuvres épuisées »

Parce que si l’œuvre est « épuisée », l’auteur est en droit de demander

la résiliation du contrat d’édition:

Art. 132-17 du CPI

• La résiliation a lieu de plein droit lorsque, sur mise en demeure de l'auteur

lui impartissant un délai convenable, l'éditeur n'a pas procédé à la

publication de l'œuvre ou, en cas d'épuisement, à sa réédition.

• L'édition est considérée comme épuisée si deux demandes de livraisons

d'exemplaires adressées à l'éditeur ne sont pas satisfaites dans les trois

mois.

La loi sur les œuvres indisponibles

A lire : « Numérisation : la grande manoeuvre des indisporphelines ». S.I.Lex. Blog de Lionel Maurel. CC0

Opt-out

L'auteur n'a que 6 mois pour se manifester après l'inscription de l'un de ses ouvrages

dans la base de données répertoriant les ouvrages indisponibles

Passé ce délai, le droit d’autoriser sa reproduction et sa représentation sous une

forme numérique est exercé par une société de perception et de répartition des droits

(SPRD)

Après l’entrée en gestion collective de son livre, l'auteur peut encore faire opposition,

à condition d’apporter “par tout moyen la preuve que cet éditeur ne dispose pas du

droit de reproduction d’un livre sous une forme imprimée“ [inversion de la charge

de la preuve au détriment de l'auteur]

Déséquilibre entre l'auteur et l'éditeur accentué par le traitement privilégié qui est

accordé à ce dernier: comme l'écrit @calimaq, "la SPRD est tenue de retrouver et de

contacter l’éditeur pour lui proposer d’exploiter l’ouvrage par lui-même, mais ce n’est

pas le cas de l’auteur, que la société n’est à aucun moment obligée de rechercher »

Passés ces délais, il reste à l'auteur la possibilité de faire un recours, soit

conjointement avec l'éditeur (hypothèse peu probable), soit seul à condition

d'assumer la charge de la preuve.

La loi sur les œuvres indisponibles

A lire : « Petit guide de survie à l’usage des auteurs d’oeuvres indisponibles [Mis à jour]

» . S.I.Lex. Blog de Lionel Maurel. CC0

La loi sur les œuvres indisponibles

Source : « Pétition : le droit d’auteur doit rester inaliénable ».

La loi sur les indisponibles crée en faveur des

bibliothèques, une exception… dont l’application

est en pratique assez improbable

Art. L. 134-8 :

Sauf refus motivé, la société de perception et de répartition des

droits mentionnée à l'article L. 134-3 autorise gratuitement les

bibliothèques accessibles au public à reproduire et à diffuser sous

forme numérique à leurs abonnés les livres indisponibles

conservés dans leurs fonds dont aucun titulaire du droit de

reproduction sous une forme imprimée n'a pu être trouvé dans

un délai de dix ans à compter de la première autorisation

d'exploitation.

La loi sur les œuvres indisponibles

Mais cette disposition sera annulée par la loi de transposition de la directive sur les œuvres orphelines

Le registre ReLIRE21 mars 2013

Source : Communiqué de presse du Ministère de la

Culture et de la Communication

« Décret n° 2013-182 du 27 février 2013 relatif à l'exploitation numérique des livres indisponibles du XXe siècle »

Le registre ReLIRE

En pratique, des interrogations apparaissent

immédiatement sur le sérieux de la constitution de

la liste :

- 27 février 2013 : décret d’application

- 18 mars 2013 : arrêté relatif à la composition et au

fonctionnement du comité scientifique chargé

d’établir la première liste des indisponibles

- 21 mars : mise en ligne de ReLIRE

Le registre ReLIRE

En réalité, la 1ère liste provient - d’Electre pour 50 000 titres (facturée 124.999 €)- d’une liste de 10 000 ouvrages fournie par quelques éditeurs (« opt-in » qui ne dit pas son nom)

Source : « Registre ReLIRE : 623 éditeurs pèsent 87 % des livres à

numériser ». Par N. Gary. ActuaLitté

Le registre ReLIRE

• Concentration éditoriale : 623

éditeurs (sur un total de 4013)

pèsent 87 % des livres à

numériser

• 2% de livres avant 1901

• 1% de livres entre 2001 et 2010

• Présence d’anthologies

d’œuvres traduites

• Pas de possibilité de télécharger

l’ensemble de la liste

• Procédure ressentie comme

lourde et humiliante : l’auteur doit

remplir autant de fois le formulaire

en ligne qu’il a de livres et envoyer

autant de fois par la poste la

photocopie de sa carte d’identité

et une déclaration d’honneur pour

attester de sa qualité d’auteurSource : ReLIRE Bay. Par Teamalexandriz

A lire : « L’Etat escroque-t-il les écrivains ? ». Par David Caviglioli et Grégoire Leménager. BibliObs

En pratique…

Le registre ReLIRE

Sources : « Auteurs, contre l’Etat voleur, réclamez vos droits ! ». Par F. Bon. ActuaLitté.

« Les auteurs spoliés par l’Etat ? ». Par P. Assouline. La République des livres

Le registre ReLIRE

Source : « Pétition : l'opt-out des lecteurs qui refusent de devenir ReLECTEURS ». ActuaLitté,

Les lecteurs ont

également lancé une

pétition…

Recours pour Excès de Pouvoir contre le décret publié au JO le 1er mars 2013

Instauration d’un droit des livres (objets physiques) à la place d’un droit des œuvres

(propriété incorporelle). Or « La propriété incorporelle définie par l'article L. 111-1 est

indépendante de la propriété de l'objet matériel. » (art L. 111-3 du CPI)

Formalisme contraire aux principes énoncés dans la Convention de Berne :

"La jouissance et l'exercice de ces droits ne sont subordonnés à aucune formalité" (art.

5.2)

Exclusion des ayants droit de l’auteur pour exercer le droit moral

Atteinte au principe de présomption de titularité de l’auteur sur son œuvre

Le décret, comme la loi qu’il applique, est non-conforme au « test en trois étapes » (http://www.admin.ch/ch/f/rs/0_231_151/a10.html)

Test en 3 étapes : exceptions au droit d’auteur autorisées (1) dans certains cas spéciaux (2) où il n’est pas porté atteinte à

l’exploitation normale de l’œuvre (3) ni causé de préjudice injustifié aux intérêts légitimes de l’auteur.

Le décret et la loi qu’il applique créent une nouvelle exception au droit d’auteur : cela

contrevient à la directive 2001/29 (considérant 32) contenant une liste exhaustive des

exceptions et limitations au droit de reproduction et au droit de communication au public

Partialité de la société de gestion collective (sofia) et du comité scientifique

Le décret d’application n’est pas conforme au texte législatif, puisqu’il dispose que la liste

des livres indisponibles est arrêtée par un comité scientifique quand la loi disposait que

toute personne peut demander à la BnF l’inscription d’un livre dans la base de données.

Le registre ReLIRE

Source : « Recours pour Excès de Pouvoir contre le décret publié au JO le 1er mars 2013… » Le Droit du Serf.

Le registre ReLIRE

Art. 1 du CCAP :

Le périmètre du marché porte sur

le contour suivant :

• de nouvelles fonctionnalités au

public (comme la gestion d’un

compte utilisateur avec un

espace personnel dédié),

• un outil back-office pour le

traitement et le suivi des demandes

du public par les agents de la BnF,

• l’interface avec le projet

européen ARROW, projet qui sera

utilisé pour enrichir le registre,

• l'automatisation des échanges et

interfaces avec nos partenaires.

8 mai 2013 : nouvel appel d’offres de la BnF

montant minimum de 100 000,00€.T.T.C et un maximum de 700 000,00€.T.T.C

Source : BnF

A lire : « ReLIRE et l’argent de “l’intérêt public” – un nouveau budget pour les extensions ». Par nitchevosquad. NitchevoSquad News [Blog]

Le registre ReLIRE17 mai 2013

Source : « Outrageous French Copyright Grab: ReLIRE Goes Live “.

Par Victoria Strauss. SFWA

La colère des auteurs

étrangers monte… 2

moyens d’obtenir gain de

cause

- soit action de l’Etat

américain devant l’Organe

de règlement des différends

de l’OMC

- soit les auteurs américains

se joignent au recours pour

excès de pouvoir exercé par

le collectif du « Droit du

Serf »

Le registre ReLIRE20 mai 2013

Le registre ReLIRE24 juin 2013

Source : « Erreurs dans ReLIRE: excuses de la France...auprès des auteurs britanniques “. ActuaLitté

• Bull recevra plus d'un demi million

d'euros pour refaire le registre

ReLIRE (5 septembre 2013)

• Numérisation : 3,7 millions € du CNL

pour le registre ReLIRE (10 octobre

2013)

• ReLIRE : 'Empêcher l'expropriation des

créateurs de leur propre création' (11

octobre 2013)

• Ne plus déposer de livres à la BNF, en

attendant que ReLIRE s'arrête ? (17

octobre 2014)

ReLIRE : le feuilleton continue

Echec du Recours pour Excès de Pouvoir28 février 2014

Source : « Verdict dans l’affaire ReLIRE : la propriété (intellectuelle), c’est le vol !

». Par Lionel Maurel. S.I.Lex [Blog]

Pour aller plus loin…

S.I.Lex Au croisement du droit et des

sciences de l’information

Paralipomènes. Écrits sur le droit et les

sciences de l’information

Droit et Photographie

Romaine Lubrique

4 blogs :

Des questions ?

Question Mark. Par Winged Wolf. CC BY-NC-ND 2.0. Source: Flickr

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Numeribib [Blog] : http://numeribib.blogspot.fr/