Arts et culture
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Transcript of Arts et culture
Chacun son vampire
De Horatiu Ivan
De toutes les créatures fantastiques,
les vampires ont toujours constamment été
parmi les plus populaires dans la majorité
des formes d’art et touchent maintenant un
grand nombre de personnes de tous âges.
Qu’y a-t-il en ces êtres qui nous fascine tant
et nous rend tous accros à cette mode
toujours grandissante des suceurs de sang
immortels?
Un des plus grands spécialistes de la
matière et l’auteur de nombreux ouvrages
sur la mythologie du vampire, Jean Marigny,
affirme que ces créatures nous charment à
cause de leur polysémie et des grandes
idées qu’elles représentent: «*…+ ce
personnage incarne à lui seul tous les
problèmes liés à la vie, à la mort, à la survie,
aux rapports de domination entre les êtres,
à l’amour, au plaisir, etc. *…+ Il incarne donc
toutes nos contradictions et c’est à ce titre
qu’il nous fascine.» Il dit aussi que, selon le
contexte historique d’exploitation du mythe,
ce dernier prend les formes appropriées :
«Ce que je trouve précisément intéressant
dans le vampire, c’est qu’il évolue sans cesse
et qu’il est constamment à la mode.» L’an
2009 est truffé d’œuvres vampiriques qui
font sensation tant au cinéma qu’à la
télévision, sans oublier la littérature avec,
entre autres, la sortie de la suite officielle
(Dracula, l’immortel) au Dracula original de
Stoker. On pourrait dire que les vampires
atteignent le sommet de leur popularité.
Le phénomène Twilight est l’un des
grands responsables de l’engouement actuel
pour les vampires. Les vampires de Twilight
plaisent aux jeunes parce qu’ils sont beaux,
romantiques et «humanisés» (les
protagonistes ne boivent plus de sang
humain) au point où ils deviennent des
«amuseurs» et des «séducteurs» (Termes
employés par Marigny pour décrire la
majorité des vampires modernes). Le secret
de Twilight a donc été de mettre de côté
toutes la dimension monstrueuse du vieux
vampire et de lui attribuer un tout nouveau
charme. Les adolescents ne sont cependant
pas la seule cible des vampires séduisants.
True Blood, téléserie du poste américain
HBO, qui a été l’une des plus regardées de
l’été 2009 et même de toute l’histoire du
poste, s’adresse à un public beaucoup plus
mature (la violence et la sexualité y sont au
premier plan), mais présente des vampires
presque aussi épurés (esthétiquement) que
ceux de Twilight. Le nom même de la série
vient d’ailleurs d’une boisson de sang
synthétique que boivent ces vampires
fraîchement «sortis du cercueil» (l’émission
établit entre autres un parallèle entre les
vampires et la communauté gaie) parce
qu’ils ne veulent pas s’en prendre aux êtres
humains. Dans True Blood, on attribue donc
aux vampires une place dans la société sur
un fond relativement réaliste et on parle en
métaphores de la nature de l’homme et de
la tolérance des masses envers ce qui est
différent. L’idée de vampire humanisé et
sociable est donc très en vogue non
seulement chez les jeunes.
Certains amateurs désirent encore
voir des monstres assoiffés de sang et se
faire peur, donc une part de la popularité du
mythe reste toujours associée à son aspect
plus traditionnel. Guillermo Del Toro,
réalisateur célèbre (Hellboy, Le Labyrinthe
de Pan), qui a récemment co-écrit avec
Chuck Hogan un roman de vampires
monstrueux (La lignée), déclare que les
«beaux» vampires l’ennuient et n’ont pas de
raison d’être : «La tyrannie de la jeunesse et
de la beauté est suffisamment ennuyeuse
dans le monde réel *…+». Contrairement à
cela, Delphine Gaston, qui a écrit le livre Les
vampires de A à Z, affirme aimer le fait que
le mythe sorte des moules exploités par le
passé et, ce faisant, il «*…+ parle aux
adolescents parce qu’il les questionne sur
des thèmes fondamentaux de l’existence.»
(thèmes semblables à ceux mentionnés par
Marigny). L’attraction folle qu’éprouvent les
jeunes filles pour le personnage d’Edward
serait-elle plus qu’une simple passion
d’adolescentes? La majorité de ces œuvres
ne seraient donc pas aussi superficielles que
certains le pensent et leur portée toucherait
un aspect plus fondamental de l’homme
malgré les apparences? Prendre parti dans
une telle discussion reste un jugement bien
personnel. Une chose est cependant claire,
la nouvelle orientation donnée aux vampires
dans des œuvres semblables a joué un rôle
indéniable dans la manière dont le mythe
s’est façonné et a énormément contribué à
sa présente popularité en plus de renforcer
cette fascination massive envers les
vampires. Même les amateurs du mythe qui
s’opposent à la popularisation du vampire
peuvent être satisfaits dans le contexte
actuel parce que la variété d’œuvres est si
grande.
Le vampire moderne est aussi
devenu profitable financièrement, d’où sa
circulation significative à travers tous les
médiums imaginables. Cette accessibilité et
commercialité accrues du phénomène
contribuent donc à son emprise sur un grand
nombre d’individus puisque, de nos jours, la
plupart des échappatoires pour fuir
quotidien s’achètent. Twilight est devenu
une véritable source d’immenses profits. Les
livres se sont vendus à plus de 45 millions
d’exemplaires à travers le monde, le premier
film a réalisé au-delà de 384 millions (dollars
américains) de recettes internationales et le
deuxième film, récemment apparu en salles,
a amassé la somme record de 72,7 millions
(dollars américains) lors de son premier jour
de sortie aux États-Unis. Les produits
dérivés, quant à eux, sont omniprésents,
extrêmement variés (On vend même des
culottes Twilight.) et en grande demande.
Twilight est l’exemple par excellence de
vampires qui rapportent, mais la majorité
des œuvres d’aujourd’hui ont une facette
fort commerciale.
Que ce soit parce qu’on aime se faire
peur, parce qu’ils symbolisent des thèmes
qui touchent l’homme et le font réfléchir ou
tout simplement parce qu’on les trouve
beaux et consommables, les vampires sont
fortement imbriqués dans la culture
populaire et ne cessent de fasciner. Tant
qu’il y en aura pour tous les goûts comme
présentement, ils ne mourront jamais.
Là où la musique s’en va
Par : Marie Dubeau Labbé
Le téléchargement de musique sur internet
est souvent associé au piratage. Pourtant, ce
phénomène comporte une toute autre
dimension ; la dématérialisation du support
qui entraîne la disparition du CD, un sujet
qui, dans le contexte présent, est beaucoup
plus d’actualité que les récents, et très
nombreux, débats concernant le
téléchargement illégal de musique.
Le fait que la musique se dirige vers un
mode de diffusion internet est confirmé. «Ce
milieu avance très vite» dit Mario Labbé,
producteur de disques classiques de la
compagnie montréalaise Analekta, «même
après plusieurs années de métier, je n’aurais
jamais pensé avoir à m’adapter à autant de
changements aussi vite.» Néanmoins, ses
propos sont contredits par ceux de Richard
Bergeron, critique musical pour les
magazines TVA, qui affirme
qu’éventuellement le changement
s’effectuera, mais que celui-ci ne se fera pas
de si tôt.
On comprend donc que, depuis quelques
années, tous sont conscients que le support
CD disparaîtra dans un avenir plus ou moins
rapproché. Toutefois, si le débat entre le CD
et les systèmes de diffusion internet semble
être réglé et gagné par le colosse qu’est
devenu internet, on note que, parmi la
grande majorité qui est consciente du
changement drastique vers une cyber
industrie musicale, les opinions sur le temps
du changement demeurent partagées.
L’industrie de la musique tente de réajuster
son tir pour s’adapter à un monde vite en
changements alors que M. Bergeron est
persuadé que s’adapter si rapidement est
impossible. «J’ai grandi avec le CD, donc je
vais continuer d’en acheter» explique-t-il. Le
producteur de disque à pourtant une
réponse très claire à cela: « Le support va
disparaître, non pas parce que les gens n’en
veulent plus, mais bien parce que les gens
ne pourront plus en trouver. Actuellement,
aux Etats-Unis, le plus gros détaillant de
musique est iTunes. Ce qui laisse donc
pressentir que le CD a perdu de l’ampleur.»
M. Labbé voit aussi en cela une analogie
avec le transport au début du 20e siècle :
«Nous sommes à la croisée des chemins où,
à l’époque, il fallait entretenir le vieux mode
de transport, soit les écuries alors que,
parallèlement, il fallait élargir les routes et
les ponts pour la venue de l’automobile.
Certains métiers disparaissaient et de
nouveaux apparaissaient. C’est exactement
la même chose qui se passe dans le domaine
musical : on fabrique encore des disques, on
a toujours des entrepôts pour les stocker et
les distributeurs sont encore très présents.
Toutefois, on retrouve aussi une nouvelle
structure de coûts moindre, plus efficace et
plus directe comme communication avec le
consommateur soit, internet. On est donc à
cheval entre deux époques.»
Ainsi, on note que le consommateur, bien
qu’orienté vers le cyber monde, semble
devoir se préparer à faire un choix entre
l’interaction musicale par internet ou le CD.
Il est certain que l’internet semble avoir
beaucoup plus à offrir, mais tout est une
question de culture et de traditions. Après
tout, une telle résistance face aux
performances technologiques s’est déjà vue,
et peut toujours être observée, avec les
consommateurs encore friands de vinyles,
un système d’écoute musical complètement
révolu. On peut donc se dire que le CD, au
même titre que les vinyles, sera bientôt
démodé mais que les plus conservateurs y
auront encore accès, toutefois plus au
travers des maisons de disques qui auront
fort probablement suivies la cyber vague,
mais bien dans des commerces spécialisés
qui se dédient déjà à la vente de vinyles.
Quoi qu’il en soit, tant M. Labbé que M.
Bergeron voient en la musique sur internet
un potentiel énorme. «Les consommateurs
ne payent plus autant pour la musique»
affirme M. Bergeron. Toutefois, l’internet
amène une nouvelle dimension. Bon
nombre d’ex acheteurs musicaux en
viennent à la réalisation qu’en achetant la
musique sur internet, ils en reçoivent plus
encore que s’ils la pirataient. En effet, avec
la venue de l’internet, on assiste à une
déviation dans la façon de propager et,
surtout, d’aborder la musique. Le but est
maintenant d’avoir une communication plus
directe avec le client, provoquant
ultimement une diffusion musicale plus
rapide, efficace, économique et, surtout,
accessible aux consommateurs. Pensons, par
exemple, aux applications des xPhones (tels
iPhone et BlackBerry). Le xPhone, qui est à la
base un téléphone, mais qui prend
maintenant en charge une foule d’autres
options diverses, permet une interactivité
totalement inédite avec la musique. Parmi
les fonctionnalités, on retrouve des
applications musicales qui offrent une
relation privilégiée entre l’artiste et le
consommateur. On assiste donc à une
métamorphose complète affirme M. Labbé :
«La musique ne passe plus par le commerce
des multinationales mais bien par une
expérience individualisée où les artistes vont
rejoindre directement les fans. C’est donc le
public qui décide à nouveau. Ce n’est plus
juste une question de marketing».
Ainsi, on note qu’avec internet, c’est le
public qui sera de nouveau maître de la
musique. Et pourtant, ce même public,
abstraction des jeunes, la web génération,
qui, naturellement, sont pour le changement
puisqu’ils y baignent depuis leur naissance,
ne semble pas vouloir du nouveau pouvoir
qui lui est accessible. Serait-ce là un manque
de renseignements sur le cyber monde de la
part des générations plus élevées ? Des
études démontrent pourtant que déjà en
2008, près de 4 millions de téléchargements
musicaux se faisaient via internet. Les jeunes
ne sont donc pas les seuls utilisateurs
d’internet comme moyen de diffusion
musicale. On estime aussi que d’ici 2016, le
digital aura outrepassé le support physique,
et ce, de façon internationale. Il s’agit là,
bien sûr, d’une extrapolation. Néanmoins,
ces estimés démontrent que la musique
sous forme digitale est déjà bien en branle
afin d’éclipser les formats matériels d’écoute
de musique.
Alors, à quand le changement ? Reste à voir,
l’industrie du disque pourra essayer
d’influencer et de provoquer mais,
ultimement, le consommateur aura toujours
le dernier mot.
6 086 caractères
966 mots
SOURCES :
1. Sarah Perez, Guillaume Galuz. 22 septembre
2009. «Oubliez les iTunes LP, l’avenir est à
l’application iPhone». In readwriteweb
France. En Ligne.
<http://fr.readwriteweb.com/2009/09/22/a-
la-une/oubliez-itunes-album-lp-avenir-
application-iphone-mxp4/>. Consulté le 1er
octobre 2009.
2. Casey Johnston. 14 août 2009. «US digital
music sales to eclipse CDs by 2010». In
ArsTechnica. En Ligne.
<http://arstechnica.com/media/news/2009/
08/global-digital-music-sales-to-overtake-
physical-by-2016.ars>. Consulté le 1er
octobre 2009.
3. Pierre-Alain Demessine. 13 juin 2008.
«Musique: La dématérialisation inéluctable».
In Libération.fr. En Ligne.
<http://forumculture.blogs.liberation.fr/mo
n_weblog/2008/06/musique-et-dmat.html>.
Consulté le 1er octobre 2009.
4. Entrevue avec Mario Labbé,
producteur de disques classiques de
la compagnie montréalaise Analekta.
5. Entrevue avec Richard Bergeron,
critique musical pour les magazines
TVA.
L’humour : inné ou
acquis?
Devenir humoriste est-il plus facile en passant par
l’école nationale de l’humour?
Francis Papineau est un étudiant de 24 ans
en deuxième année à l’école nationale de
l’humour. Eddy King, lui, est un jeune
humoriste autodidacte de 27 ans. Les deux
poursuivent le même rêve de faire carrière
en humour. Leurs parcours sont cependant
très différents. Le premier a choisi une
formation solide donnée par une
institution reconnue et respectée du milieu.
Le second a, pour sa part, choisi de rouler sa
boss et de faire confiance au destin, chose
qu’il n’a jamais regretté. Y a-t-il vraiment
une option meilleure que l’autre et est-ce
que l’humour s’apprend ou est-ce
simplement un talent naturel qui se
développe avec l’expérience?
L’école de l’heure
Longue est la liste des humoristes à succès
du moment qui sont passés par l’école
nationale de l’humour (ÉNH). Ne nommons
que Louis-José Houde, Patrick Huard, Martin
Matte, Claudine Mercier, François Morency,
etc. Sur le site officiel, on soutient que 85%
des gagnants au gala Les Oliviers sont des
diplômés de l’ÉNH. Cette école, fondée par
le Festival Juste Pour Rire il y a maintenant
20 ans, a pour mandat de doter les futurs
humoristes et auteurs d’une formation
professionnelle solide en vue de leur
intégration au milieu. Nathalie Bourdon,
directrice senior du développement
international au Festival Juste Pour Rire,
ajoute : « Je pense que ça leur donne les
outils pour attaquer l’industrie de l’humour,
ça leur donne un réseau pas seulement
d’amis mais de connaissances, de
professeurs qui sont aussi des artisans du
milieu, ils se font donc reconnaître. » Ces
liens très serrés entre milieu scolaire et
professionnel favorisent évidemment les
étudiants de l’école comme Francis
Papineau, étudiant de deuxième année.
L’existence d’une formation précise donnée
par une institution l’a convaincu de tenter sa
chance : « On est accompagnés, c’est un
laboratoire, un magasin d’outils qui nous
donne des leviers pour créer du matériel et
des façons de concevoir le travail
d’humoriste. »
S’agit-il donc de la seule porte d’entrée du
milieu et comment font les autres, ceux qui
n’y sont pas passés, pour se tailler une place
dans cette grande industrie? Selon Eddy
King, humoriste autodidacte qui commence
à connaître du succès, les opportunités sont
là, suffit de les attrapées. Ceci étant dit, il
reconnaît avoir eu beaucoup de chance, son
ascension étant très rapide. Rêvant d’une
carrière de rappeur au départ, il a vite
bifurqué vers l’humour. « J’ai toujours adoré
ça mais ce n’était pas prévu, c’était quelque
chose que je voulais essayer parce que je
pensais que j’étais capable d’en faire, c’était
pas prévu que ça prenne cette ampleur là. »
Faute de passer par l’ÉNH, Eddy s’est formé
lui-même à travers les livres mais surtout en
observant dvds et albums de comédies.
Selon lui, le fait de ne pas avoir passé par
l’école de l’humour ne lui à pas nuit mais au
contraire, l’a aidé. « Vu que je ne suis pas
passé par là ça donne à mon humour un
style particulier, ce n’est pas générique,
comme une méthode de travail, il y a
d’autres structures qui ne sont pas
beaucoup enseignées à l’école de l’humour.
» Eddy King fait ici référence au milieu
anglophone, qui lui permet de développer
des méthodes différentes que celles
enseignées à l’ÉNH. Contraignante cette
école ? Francis Papineau n’est pas tout à fait
d’accord : «Je ne trouve pas qu’ils nous
coulent dans un moule, au contraire ils nous
poussent à explorer. C’est sûr que si tu
entres à l’école avec un style précis ils vont
te pousser à aller voir ailleurs si tu es
capable de faire autre chose, c’est d’ajouter
des cordes à son arc, chercher de nouveaux
horizons. »
Opportunités du milieu
Peut-importe le parcours choisi, selon
Nathalie Bourdon du Festival Juste Pour Rire,
les opportunités sont nombreuses. « On
essaie de donner le plus d’opportunités
possible, notre entreprise est basée sur le
capital humain, il faut donc qu’on ait de la
relève, sinon d’ici 4 ou 5 ans on aura plus
d’humoristes sur la scène… », explique t-elle.
En effet, dans les dernières années,
concours et galas se sont multipliés pour
donner plus de visibilité à la relève. En route
vers mon premier gala Juste Pour Rire et les
concours du mercredi soir au Studio Juste
Pour Rire en sont deux exemples. Pour
Francis Papineau, une des plus grandes
difficultés est de trouver sa place et son
originalité. Un avis que partage Nathalie
Bourdon : « Chaque humoriste a sa
personnalité, il faut définir son style, pas
être un hybride, avoir une personnalité bien
à soi. » C’est d’ailleurs ce à quoi elle attribue
le succès d’humoristes comme André Sauvé
ou Rachid Badouri, leur qualité unique.
Évidemment, concours et galas télévisés
sont un excellent moyen de se faire
connaître pour de jeunes humoristes. Eddy
King et Francis Papineau ont tous deux
participés à ce genre d’événements. Francis
est arrivé en 3ième place au concours de la
relève de Val d’Or et pour Eddy King, le
concours de la relève de l’humour, présenté
au canal Vox, fut un tremplin important. «
Ça m’a prouvé que mon style d’humour
personnel a sa place au Québec, c’était des
questions que je me posais auparavant. »
Cette vitrine lui a permis de se faire
connaître et d’assurer la première partie du
spectacle de Rachid Badouri. Eddy explique
que Rachid est devenu un ami et que de
côtoyer quelqu’un au parcours similaire lui a
permis d’en apprendre beaucoup en plus de
faire avancer sa jeune carrière. « C’est sûr
que ça a eu un énorme impact sur ma
carrière, c’était mon premier gala, plusieurs
articles sont sortis sur moi. »
Que faut-il en conclure, que l’ÉNH est un
passage obligé ou qu’on peut très bien
réussir en volant de nos propres ailes? Bien
sûr, les 78% des finissants de l’école
nationale qui sont actifs en humour
impressionnent mais chaque personne tient
son sort entre ses mains. Peut-importe d’où
elle provient, ça dépend de la capacité de
chacun d’absorber l’expérience, selon
Nathalie Bourdon. Pour Francis Papineau, «
Le fait que ça soit un milieu artistique, c’est
le talent qui prime, peut importe si on fait
l’école ou pas, on le voit si on a le potentiel,
ce n’est pas comme être médecin, pas
besoin de technique précise, si le talent est
au rendez-vous, t’as autant de chances de
percer. »
Article par : Sophie Gosselin
*PROFILS DE LA RELÈVE
Nom : Eddy King
Nom : Francis Papineau
Âge : 27 ans
Âge : 24 ans
Dates de spectacles : http://eddyking.ca/
Année d’études : 2ième
Dates de
spectacles :www.sortirpourrire.com
La diffusion du cinéma québécois en vitrine
De Mathilde Filippi
Dans notre coin de pays, les Québécois
ont développé au fil des ans un cinéma qui
nous ressemble, qui suit notre évolution.
En dépit de sa population réduite, le
Québec produit une quantité de films
aussi impressionnante que variée. Le
documentaire, la comédie, le drame et
même le fantastique ont trouvé leurs
auteurs et leurs artisans.
Malheureusement, la distribution de leurs
œuvres n’est pas toujours adéquate.
Ceux-ci doivent se contenter souvent
d’une visibilité réduite. Pour mieux
comprendre ce phénomène, je suis allée
rencontrer la directrice des Rendez-vous
du cinéma québécois, Ségolène Roederer.
Que pense donc la directrice des Rendez-
vous de l’exposition dont bénéficie
actuellement le cinéma québécois, la juge-
t-elle suffisante? « Malheureusement non,
avoue-t-elle. Il y a de moins en moins de
distributeurs, du coup la concurrence est
presque inexistante. Les distributeurs
prennent ainsi moins de risques et
achètent conséquemment moins de
films.» La distribution des films au
Québec devient une espèce de marché
global où l’on privilégie les films
commerciaux aux films d’auteur qui
proposent en général une plus grande
qualité et une plus grande recherche
cinématographique. Les compagnies, qui
s’y intéressent, achètent ces films à bas
prix et les mettent sur le marché sans en
faire la promotion. Pas étonnant, qu’ils ne
tiennent pas l’affiche longtemps!
Il existe toutefois, des exemples qui font
exception et qui donnent lieu d’espérer,
selon Mme Roederer. Le film J’ai tué ma
mère de Xavier Dolan en est un. Premier
film d’un jeune cinéaste de 20 ans réalisé
avec un budget de fortune, celui-ci s’est
faufilé dans la cour des grands et s’est
distingué en raflant plusieurs prix dans les
festivals internationaux. Et dire que
personne au départ ne voulait s’engager à
produire ou à distribuer ce film! Comme
quoi, le talent ne se mesure pas toujours
en termes d’entrées au box-office. Il en va
de même pour le dernier volet de la
trilogie de Bernard Émond : La donation.
Le cinéaste propose une œuvre de
réflexion qui malgré son austérité a trouvé
son public ici comme à l’étranger. Émond
comme Dolan ou encore Denis Arcand et
Gilles Carle donnent au cinéma québécois
des œuvres uniques qui sont en quelque
sorte le miroir de la société. Malgré tout,
ce sont les films à saveur populaire
comme De Père en Flic qui se retrouvent
plus largement diffusés car selon les
producteurs ils peuvent rejoindre un plus
grand public. Pour favoriser le succès d’un
film, les distributeurs mettent de l’avant
une campagne de promotion massive. Il
en est ainsi depuis l’avènement du film
Les Boys qui s’est soldé par un immense
succès commercial. Ségolène Roederer ne
s’en offusque pas dans la mesure où ces
films peuvent attirer au cinéma une
nouvelle clientèle et l’éveiller à notre
cinématographie. Cependant, il est
impératif de favoriser le développement
de créations moins commerciales car c’est
grâce à un cinéma de qualité que le
Québec est parvenu et parviendra encore
à se distinguer sur la scène internationale.
L’Oscar remporté par Denis Arcand pour
les Invasions barbares en est la preuve
irréfutable. Il faut cultiver et développer
les particularités propres au cinéma
québécois. « Mis à part la langue, l’accent,
il y a la forme qui est différente soutient la
responsable des RDV, c’est un cinéma qui
ose à tous les niveaux, qui n’a pas de
complexe et qui est plutôt libre de toute
norme. Il se caractérise aussi par sa
grande diversité autant dans le genre que
dans le format. » Elle poursuit en ajoutant
que les Québécois sont très fort au niveau
technique, capables de talonner avec peu
d’argent et de moyens les importantes
productions américaines et européennes.
De plus, souligne-t-elle, nous disposons
d’une immense expertise technique, tant
au niveau de la caméra, du montage que
de la mise en image et de l’acting.
Toutefois, Mme Roederer ne fait pas que
l’éloge du cinéma québécois, elle en fait
également la critique. Elle déplore entre
autres le fait qu’on ait pas grand chose à
dire. Par contre, elle insiste pour ajouter
qu’il s’agit d’un cinéma assuré, articulé,
inventif au niveau de la forme. et qui a
encore de nouvelles avenues à explorer, à
exploiter.
On assiste justement à l’éclosion d’un
nouveau courant initié par de jeunes
créateurs dans la trentaine. Ceux-ci
réalisent des films plus contemplatifs où
se retrouvent plusieurs scènes de longue
durée. Ces scènes sont dues au manque
d’argent et de subventions. À la tête de
cette nouvelle vague, on remarque Denis
Côté, réalisateur du film Elle veut le chaos.
Comme quoi le manque d’argent peut être
à l’occasion productif.
Somme toute, le cinéma québécois est
bien vivant, mais il a encore besoin d’un
tuteur comme les RDV pour assurer son
rayonnement. Ségolène Roederer rêve du
jour où il aura atteint l’essor suffisant
pour se développer sans l’aide de son
organisme.
encadré : Rendez-vous du cinéma
québécois
Madame Roederer préside un organisme
qui célébrera bientôt ses 28 ans
d’existence. D’abord fondé pour accueillir
et regrouper les créateurs marginaux, les
professionnels du milieu et les étudiants
du 7e art afin de discuter de leurs
réalisations, le mandat des RDV s’est par
la suite élargi en se fixant comme but de
promouvoir le cinéma québécois. C’est
ainsi que les RDV présentent, dans le
cadre d’un événement spécial en février
de chaque année, tous les films qui ont
été réalisés au cours des 12 derniers mois,
du court-métrage au long-métrage en
passant par le documentaire et le film
d’animation. L’objectif recherché est de
faire connaître et rayonner le cinéma d’ici
en sensibilisant le public à une réalité qui
lui est propre. En plus de projeter des
films du répertoire québécois et de
concocter d’intéressantes rétrospectives,
les RDV soutiennent la relève en offrant
une vitrine exceptionnelle aux films à petit
budget réalisés par des cinéastes qui en
sont à leurs premières armes. On ne
boude aucun genre et l’on écarte aucune
génération. Bien au contraire, on favorise
les rencontres et les échanges
intergénérationnels.
6130 caractères et 985 mots
Portrait de l’humour au Québec Anne-Audrey Remarais Certains disent qu’il empêche d’attraper le cancer, d’autres qu’il créer des abdominaux, qu’il lâche de l’endorphine dans le corps, mais le plus important est qu’il créer aussi des emplois, connus sous le nom d’humoristes. Qui est-il? Nul autre que le rire évidemment! Pour en revenir à ce métier particulier, plusieurs passent par l’École nationale de l’humour tandis que d’autres participent à des concours. Mais quels sont les outils dont disposent les humoristes en devenir afin de se frayer un chemin vers le sommet pour finalement vivre de leur humour? Eddy King, jeune montréalais fait parti de ceux qui n’ont pas fait l’École nationale de l’humour. Par contre, il a essayé à deux reprises d’en faire partie, mais a été refusé. Ceci ne l’a pas empêché de redoubler d’ardeur pour enfin se faire connaître à travers le concours de la relève présenté au canal VOX avec une cote d’écoute de 400 000 personnes sans compter ceux qui enregistrent l’émission… Voici donc les principales lignes de mon entretien téléphonique avec ce jeune talent qui raconte en fait comment faire pour se
faire
un chemin, les
éléments
à con
naître du milieu actuel, ainsi que sa carrière professionnelle. Penses-tu avoir les bases nécessaires pour être un bon humoriste sans être passé par l’ÉNH? Oui, car il faut d’abord un certain talent naturel et j’ai beaucoup appris en regardants/observant énormément de présentations d’humoristes, en lisant, particulièrement The Comedy Bible qui m’a largement aidé à mes débuts. On dit que les contacts accélèrent la montée vers le succès. Se créer des contacts est-il difficile dans cette branche? Je dirais que pour mon cas, ça a été assez facile. D’ailleurs, on se connait tous et tout le monde a une bonne attitude. Quel est le niveau de compétition entre les jeunes de la relève? Il n’est pas trop élevé. Du côté francophone, je suis unique étant donné mon background et ma manière de m’adresser aux gens, même si j’essaye de copier le numéro de quelqu’un d’autre, j’arriverais avec quelque chose de complètement différent. Du côté anglophone par contre, la compétition est légèrement plus élevé, peut-être parce que je ne suis pas anglophone. Quelle est la différence majeure entre l’humour des humoristes anglophones et les humoristes francophones? Les anglophones préparent leur matériel, c’est-à-dire un one man show, pendant au moins dix ans avant de passer à la télévision, donc c’est plus difficile de percer. Ils sont plus méticuleux, tandis que moi ça n’a pris qu’un an avant que je passe à la télévision.
Est-ce qu’il y a une barrière entre ceux qui sont passés par l’ÉNH et les autodidactes? La différence est-elle grande? La principale différence est dans la manière de faire l’humour, ils ont aussi une certaine assiduité dans leur boulot, c’est-à-dire qu’ils traitent vraiment ça comme un 9 a 5. Quant aux autodidactes je trouve qu’ils sont énormément passionnés, mais qu’il manque une certaine rigueur dans leur travail. Quels sont les outils à la disposition des autodidactes désireux de devenir humoriste?
- Des cours de soirs sont offerts à
tout le monde à l’ÉNH (mais moi
je n’en ai pas encore suivis)
- The Comedy Bible de Judy Carter
(uniquement en anglais), qui
m’a beaucoup aidé pour
observer et aussi sur la structure
des numéros
- L’improvisation qui est comme
le gym d’un humoriste, ainsi il
aide à être constamment
d’attaque et facilite l’écriture
par la suite.
Comment préparer un une performance dans un show? Quels sont tes démarches à suivre?
Il faut d’abord aller dans la salle en question à d’autres shows, afin d’observer le public ciblé. Ainsi l’écriture se fera en fonction d’eux, ce qu’ils aiment… De plus, le jour du show, être à l’écoute des autres humoristes dans le but de faire des ajustements pour ne pas reprendre les mêmes gags et ne pas les amener de la même façon. Par ailleurs il faut toujours arriver préparé et deux méthodes d’écriture sont :
- S’asseoir, choisir un sujet
quelconque et le décortiquer
jusqu’à trouver des blagues sur
tous détails s’y rattachant.
- Il y a aussi les jokes gratuites :
quotidiennement, être toujours
alerte pour noter tous les
moments drôles de la journée
dans un carnet qui pourront
être réutilisés.
Quels sont tes projets futurs? J’ai la chance de préparer mon one man show l’année prochaine (fin 2010-2011). Parlons maintenant des diplômés de l’École nationale de l’humour. Que font-ils après avoir gradués? En fait, 70% des diplômés sont actifs après leur sortie de l’ÉNH. Plusieurs cas pourraient être présentés, en voici quelques uns.
Alexandre
Barrette, après avoir
gradué en 2002,
il devient
« chroniqueur à l'émission jeunesse Têtes à Kat à la télévision de Radio-Canada en 2003, il participe à la Tournée Juste pour rire 2004 (nomination dans trois catégories au Gala Les Oliviers) et anime avec brio les Mercredis Juste Pour Rire présentés chaque semaine à Montréal (2004–2006).1 » Une carrière impressionnante qui ne s’arrête pas ici, il anime, coécrit et gagne le prix de la relève Juste Pour
Rire en 2006.
Billy Tellier
est aussi diplômé
en 2002 et
devient vite
auteur, animateur, chroniqueur et comédien. Que de qualificatifs pour démontrer sa carrière impressionnante ! Il a d’ailleurs gagné de nombreux prix et faisait aussi partie du show de Laurent Paquin en 2006. Ouf ! Le chômage n’est donc pas au rendez-vous avec ces jeunes diplômés !
1 Extrait tiré de l’URL suivante :
http://www.quebecscene.ca/fr/events/eventDetails.asp?eventID=182.
Jeu de mots, jeux de couleur De Xuan-Vink Pham Du 9 octobre 2009 au 3 janvier 2010, le Musée d’art contemporain de Montréal reçoit la visite de Francine Savard, une peintre québécoise contemporaine. Elle nous présente une soixantaine d’œuvres qu’elle a réalisées entre les années 1992 et 2009; l’exposition un regroupement de celles qu’elle a exhibées lors de sa carrière. Francine Savard est une artiste contemporaine qui aime jouer avec les couleurs, les formes, les matériaux, les média, les mots et leur signification. Ces thèmes se retrouvent sur toute la surface de son exposition puisqu’ils sont au cœur du sujet de ses œuvres. Aussi, ses créations font souvent référence à différents domaines comme la littérature, la géographie, l’art et l’histoire de l’art, la géographie. Francine Savard pourrait être placée parmi une génération de peintres québécois qui « explorent le vocabulaire formel de la peinture abstraite et questionnent les frontières entre abstraction et figuration, entre peinture et sculpture et, pour Savard, entre art et langage. », explique le Musée d’art contemporain. De son côté, Savard dit dans une entrevue avec le Musée d’art contemporain. : « La couleur, combinée au format, combinée au matériau, devient un signe, que l’on est capable d’interpréter, et ensuite de diriger vers une résolution de ce que l’on voit. »
On peut prendre comme exemple son œuvre Les couleurs de Cézanne dans les mots de Rilke 36/100 – Essai ; c’est une œuvre constituée de trente-six bandes, de longueur et de couleur différentes, placées horizontalement, dont le style formel existe déjà dans l’art abstrait, c’est à dire sans véritable référé formel ou organique, ou faisant partie du monde de la réalité, mais dont le concept est totalement différent. En effet, sur chacune de ces bandes est écrit le nom d’une couleur, comme par exemple « jaune d’un vert terreux », qui se rapporte à la couleur réelle de la bande. Il faut cependant connaître la raison de l’existence de cette œuvre; en lisant des lettres que Rilke, un grand poète du 20e siècle, envoyait à sa femme au sujet d’une exposition de Cézanne qu’il avait trouvée magnifique, Francine Savard a été tellement fascinée par la qualité et la richesse du vocabulaire qu’elle a décidé de s’imaginer des couleurs pour chacun des mots. «…Mais moi j’ai vraiment beaucoup beaucoup travaillé pour essayer de ressentir ce que ces mots-là voulaient dire, comment je pouvais, à la lecture de ces mots, me représenter une couleur. » dit-elle à l’entrevue. On peut voir des termes comme « d’un brun-violet mouillé », « cuivre clair », « motif bleu de cobalt », que Savard a imaginé et a ensuite mis en couleur. Elle n’a donc pas cherché à savoir de quoi Rilke voulait parler, et n’a pas non plus vu les peintures de Cézanne auxquelles celui-là faisait référence dans ses lettres. « C’est comme s’ils avaient été détachés de l’œuvre de Cézanne, ces mots-là finalement, les mots de Rilke. Le tableau de Cézanne a disparu pour moi. J’essaie,
en tant que lectrice de ces mots, de reconstituer, un peu comme, j’imagine, on le fait dans un récit; on voit le personnage, on se fait une image, on entend presque sa voix, et puis souvent, lorsque le récit est mis en film, on est déçu parce que le personnage n’est plus ce qu’on s’en était fait. C’est peut-être la même chose qui arriverait si je voyais précisément les tableaux de Cézanne dont parle Rilke et les couleurs qu’il décrit. Je me sentirais trahie, peut-être, par rapport à mon imagination. » dit-elle dans l’entrevue. Dans la plus grande salle de l’exposition, notre regard est tout de suite attiré vers l’œuvre qu’on pourrait qualifier de la plus importante de la collection exposée : Tu m’, un dernier tableau. Savard s’est inspiré de l’œuvre de Marcel Duchamp, Tu m’, qu’il avait créé en 1918. Ce qui l’intéressait, c’était la charte de couleur, l’effet d’illusion créé par la perspective, qu’elle a voulu représenter, ramener dans le réel. Cependant, elle a apporté certaines modifications au niveau des couleurs; elle trouvait les couleurs claires de Duchamp sans intérêt. Elle a donc transformé ces couleurs qu’elle trouvait mornes et pauvres, pour leur donner de la vie, « les pousser dans des couleurs très vibrantes, très lumineuses » de ses propres mots. L’artiste est cependant pleine d’humilité au niveau de sa création artistique, elle ne se considère pas comme une peintre, mais comme une élève. Elle voit son travail de peintre comme un apprentissage : « je marche dans la peinture, un tableau à la fois » dit-elle. Elle n’a pas peur du nouveau et des
défis que lui apporte son évolution en tant qu’artiste. Quand elle veut savoir, elle se lance, et n’a pas peur des risques. Savard est une travailleuse acharnée. Très souvent, lors de sa création, l’objet sur lequel elle travaillait refusait de prendre la forme que son esprit voulait lui donner. C’est donc pourquoi elle devait recommencer, recommencer et recommencer, jusqu'à ce qu’elle soit finalement satisfaite du résultat obtenu. Ce travail long et exigeant lui a cependant permis de progresser dans son travail, de se développer en tant que peintre. D’ailleurs, elle proclamait être incapable de juxtaposer deux couleurs sur un même et unique plan. Cependant, son œuvre Tu m’, un dernier tableau démontre la progression dans son approche de la couleur puisqu’elle unit différentes palettes de couleurs sur une seule et même œuvre. Sur son exposition, elle dit que ses œuvres, considérées individuellement, peuvent paraître insignifiantes, mais l’ensemble, l’unification de chacune de ces pièces, de ces éléments, crée un tout, comme un tas de cellules qui forme un corps. Elle espère d’ailleurs que l’exposition permettra aux visiteurs de découvrir un lien entre chacune de ses œuvres. De son propre aveu, les spectateurs ne sont pas les seuls à avoir bénéficié de son exposition : « Peut-être que cette exposition rétrospective m’a permis de comprendre l’évolution et la marche que j’ai faites à travers et la couleur, et la peinture. »
« There is no business like show business »
Par Camille Proulx-Tremblay
Quand une spécialiste des comédies musicales comme Denise Filiatrault se fait refuser les subventions nécessaires pour monter une production ou le gouvernement conservateur coupe 4.7 millions $ sur les arts de la scène, on peut craindre pour l’avenir des comédies musicales. Et pourtant… « There is no business like show business »… Passionnés de Broadway, adeptes de comédies musicales, rassurez-vous, ce marché est en croissance depuis vingt ans ! Il y a vingt ans, mis à part quelques productions telles que Starmania ou Pied de Poule, le marché des comédies musicales était à peu près inexistant. En comparaison, nous vivons actuellement dans un « boom », comme le souligne Raphaëlle Proulx-Tremblay, productrice d’une troupe de comédie musicale au Collège Jean-De-Brébeuf. C’est Notre-Dame-de-Paris en 1998 qui aurait « démocratisé le genre », selon Isabeau Lemire, chanteur dans les Misérables, présenté au Capitole de Québec. « Le public est beaucoup plus prêt à recevoir ce type de spectacle qu’il y a vingt ans ». Cela étant dit, le marché québécois francophone est relativement petit. Cependant, selon Yves Desgagnés, le metteur en scène de Sherazade, il ne faut pas s’inquiéter du petit nombre de comédies musicales présenté dans les
salles de spectacle au Québec. Par exemple, si la salle Le Grand Théâtre à Québec ne présente que très peu ce genre de spectacle, c’est que leurs techniciens appartiennent à un syndicat, qui lui-même, est affilié avec un syndicat de techniciens américains. C’est la raison pour laquelle on va les présenter d’avantage au Capitole, entres autres, puisque les coûts de productions leurs sont deux ou trois fois moins cher. Par contre, selon Michel Duchesne, le metteur en scène de Des grenouilles et des hommes, il est possible qu’il y ait un ralentissement. « La raison principale est le coût publicitaire qui est énorme. Il faut savoir comment rejoindre les gens avec un contenu original et d’une façon autre que de faire de grosses publicités coûteuses… » Raphaëlle Proulx-Tremblay ajoute que la main d’œuvre artistique à payer est énorme, contrairement à tous les autres genres de spectacle. Par ailleurs, on pourrait s’inquiéter de l’ampleur du marché de New York qui crée une forte concurrence. Selon Duchesne, ce n’est pas « affolant » et c’est même « sain ». « Nous sommes une succursale de New York, nous traduisons leurs comédies musicales. » Desgagnés renchérit qu’à New York, « il y a la planète au complet qui peut aller voir les shows. » C’est souvent la raison principale des touristes pour y aller. C’est en quelques sortes les américains qui ont inventé ce produit. Par contre, le marché québécois ne vise que le public québécois. « C’est donc une question de nombre de spectateurs que eux arrivent à rejoindre et que nous, non, en raison de notre petit marché francophone ».
Autre point positif, le déclin de la chanson francophone n’est pas une menace pour les comédies musicales. Selon Lemire, « on ne peut pas comparer la chanson et le spectacle, ce sont deux milieux bien différents », a-t-il dit. La vision de Desgagnés, est moins tranchée. « Pour que les gens s’habituent aux chansons et qu’ils aient envie de voir ce qu’ils ont imaginé, il faut vendre le disque du spectacle presque un an d’avance. Donc oui, d’une part, il peut y avoir un impact négatif sur la comédie musicale, parce que les gens vont acheter moins de disques, donc auront moins d’intérêt pour le spectacle. D’autres part, ils vont mettre leur argent pour aller voir les chanteurs live, et non sur le CD ». Pourrait-on penser que ce marché puisse devenir florissant au point d’être lucratif comme le secteur du théâtre ? Isabeau Lemire n’en n’est pas convaincu. « Il y a beaucoup de gens qui travaillent sur ces projets, mais il n’y a pas encore assez de personnes influentes pour faire lever le marché. La comédie musicale francophone est particulière et n’a pas vraiment de genre, elle se cherche encore beaucoup ». De son côté, Desgagnés trouve que le marché se développe bien. À son avis, « ça s’en va toujours en grandissant parce que les spectateurs sont au rendez-vous ». Pour Duchesne, « vivre de la comédie musicale est à souhaiter, mais *il+ n’ *est+ pas sur car on est un petit marché ». « La solution », ajoute t-il, « serait d’arrêter de faire des grosses productions à tout prix. Il faudrait réussir à jouer nos petits spectacles 200 fois, au lieu de gros
spectacles 3 fois par année». La solution de Desgagnés est plus éclatante, ce qu’il faut à Montréal, « c’est une salle de spectacle spécialisée pour les comédies musicales dans laquelle on peut installer des pétards et des flammèches, et je pense qu’un jour on va y arriver ».