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3 Michael Maier naquit dans le Holstein en Allemagne en 1568. Après avoir obtenu son diplôme de Docteur en méde- cine et en philosophie, il entra au service de l’empereur Rodolphe II d’Autriche en tant que médecin particulier. Ce dernier, qui le portait en grande estime, lui accorda le titre de comte Palatin. Après la mort de Rodolphe, il s’atta- cha au landgrave Maurice de Hesse. Autant Rodolphe II que Maurice de Hesse étaient de fervents ésotéristes : ils prati- quaient l’alchimie. Maurice de Hesse aurait lui-même appar- tenu vers 1615 au chapitre Rose-Croix de Cassel. C’est aussi à cette Fraternité de Cassel que Valentin Andreae, l’auteur supposé des Noces Chymiques, aurait été affilié. Michael Maier contribua à la propagation des idées rosicruciennes. Il se retira à Magdebourg, se consacrant à terminer ses écrits. Il y mourut en 1622. Michael Maier était un médecin éminent et un philosophe convaincu. Il lutta pour défendre l’Ordre contre les malveillances, les moqueries et les erreurs qu’il eut à subir à cette époque. On retrouve dans plusieurs de ses ouvrages une défense de l’Ordre, notamment dans Apologeticus (1617), démonstration de l’origine historique de l’Ordre, dans Silentium post clamores (1617), louange de ceux qui le dirigent ou en sont membres pour leur respect du secret ; et dans Themis Aurea (1617), « la Loi d’or », code moral des Rose-Croix. Commentaires à propos du livre de Michael Maier sur l’Ordre de la Rose-Croix : SILENTIUM POST CLAMORES Par Paul Dupont Revue Rose-Croix n° 237 - Printemps 2011

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Michael Maier naquit dansle Holstein en Allemagne en1568. Après avoir obtenu sondiplôme de Docteur en méde -cine et en philosophie, il entraau service de l’empereurRodolphe II d’Autriche en tantque médecin particulier. Cedernier, qui le portait en grande estime, lui accorda letitre de comte Palatin. Aprèsla mort de Rodolphe, il s’atta-cha au landgrave Maurice deHesse. Autant Rodolphe II queMaurice de Hesse étaient defervents ésotéristes : ils prati-quaient l’alchimie. Maurice deHesse aurait lui-même appar-tenu vers 1615 au chapitreRose-Croix de Cassel. C’est

aussi à cette Fraternité de Cassel que Valentin Andreae, l’auteur supposé des Noces Chymiques, aurait été affilié. Michael Maier contribua à la propagation des idées rosicruciennes. Il se retira à Magdebourg, se consacrant à terminer ses écrits. Il y mourut en 1622.

Michael Maier était un médecin éminent et un philosophe convaincu. Il lutta pour défendre l’Ordre contre les malveillances, lesmoqueries et les erreurs qu’il eut à subir à cette époque. On retrouvedans plusieurs de ses ouvrages une défense de l’Ordre, notammentdans Apologeticus (1617), démonstration de l’origine historique del’Ordre, dans Silentium post clamores (1617), louange de ceux qui ledirigent ou en sont membres pour leur respect du secret ; et dansThemis Aurea (1617), « la Loi d’or », code moral des Rose-Croix.

Commentaires à propos du livre deMichael Maier sur l’Ordre de la Rose-Croix :

SILENTIUM POST CLAMORES

Par Paul Dupont

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« J’adresse mon discours à vous tous, vous les vénérables trèssavants et excellents frères et membres de ce louable ordre R.C. dansvotre loge même où vous êtes toujours assemblés jusqu’à aujourd’hui etvous exhorte (bien que vous sachiez cela et que vous vous en souveniezcertainement) à ce que vous vous dépassiez au-delà de ce que vous êtesvous-même jusqu’à maintenant et de vos propres désirs personnels pourconduire encore les hommes à exceller dans le service utile ou à montrerle bénévolat, le désir d’accomplir des choses effectives et à ne jamaisplus rester dans l’inaction. Oui, car il est établi que vos propositionsdemeurent tout le temps fiables, c’est l’art, la sagesse, l’amitié avecautrui, qui sont préférées par vous [...] Faites de votre vie et de votreœuvre un acte utile pour que les deux, la vie et l’œuvre, deviennent spécialement profitables. Bien que votre souhait soit de tenir cachée pardevoir avant tout et tout le temps votre grande sagesse, néanmoins laissez maintenant raisonner une seule fois votre doctrine en public,votre esprit cordial et aimant, pour votre prospérité et avantage et pourcelui des autres. Puissiez-vous aussi bénéficier de la plus grande gloireet des plus grands honneurs tandis que vous entamez la louable coursedans le stade, et puissiez-vous persévérer continuellement du début à lafin. Même si aussi une telle course, votre course, est semée de toute unesérie d’entraves et de reproches et de toutes sortes de bénédictions quivous seront lancées sur le chemin, néanmoins, que ceux-ci ne puissentpourtant vous empêcher ou vous faire échouer en vous faisant revenirsur la promesse de votre loyauté » [envers l’Ordre].

Ainsi s’exprime Michael Maier en 1617, dans son ouvrage Silentiumpost Clamores. Il s’agit d’un texte qui constitue une des preuves histo-riques majeures de l’existence de l’Ordre de la Rose-Croix au XVIIe

siècle, de son origine très ancienne, non en tant que fable mais biensous la forme d’une société philosophique qu’il nomme textuellement« Orden und Fraternitat des Rozenkreutzes » : « Ordre et Fraternitédes Rose-Croix ».

Le Silentium post Clamores est écrit juste après la publication dela Fama Fraternitatis (1614) et de la Confessio Fraternitatis (1615). Celivre est une suite logique à l’appel lancé aux initiables par ces deuxManifestes rosicruciens. Maier, membre éminent de la Fraternité rosicrucienne, explique pourquoi elle devait rester cachée. Car à révélerleur appartenance, ses membres auraient risqué en effet leur vie. Ilsne pouvaient faire autrement qu’en publiant un document demandantaux chercheurs de se signaler. C’est pour cela aussi que l’Ordre n’avait,à l’époque, aucun lieu de réunion connu du public, moins encore de ses

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détracteurs, ni de membres s’affichant comme tels. Seuls ceux qui,comme Maier, étaient proches d’un monarque capable de les protéger,pouvaient prendre un tel risque. Maier n’est donc pas seulement unapologiste de l’Ordre de la Rose-Croix : il l’explique, le justifie et le soutient, car il en connaît parfaitement la nature, l’origine et lesmembres. Il exhorte dans le présent livret les Frères de l’Ordre à garder courage et confiance et à ne pas renier leur promesse de lui rester fidèles.

LE SILENCE APRÈS

LES HUÉES,

C’est-à-dire

Apologie et Réponse

contre les nombreux, les impétueuxcris hostiles (pour que ceux qui le désirentmais qui n’ont pas eu de réponse à leur

inclination puissent être admis danscette fraternité R.C.), médisance et discours

infamants qui ont été déverséscontre ces mêmes personnes :

Mis à part cela

Déclaration approfondieDestinée à expliquer

pourquoi la Fraternité a évité jusqu’ici de répondreà de telles clameurs intempestives,

hésite à se révéler à chacune de leurs sollicitationset pourquoi elle admet très peu de personnes

au sein de sa société.

Nouvellement écrit en latin etEnsuite traduit en allemand

par R.M.F

Imprimé à Frankfurt aux éditionsLucas Jennis

Année M.DCXVII

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Ce document est écrit aussi « pour que ceux qui le désirent mais quin’ont pas eu de réponse à leur inclination puissent être admis dans cetteFraternité R.C. » malgré les « nombreux, les impétueux cris hostiles, lamédisance et les discours infamants qui ont été déversés contre cesmêmes personnes ». C’est ainsi que s’intitule le Silentium post Clamores. N’y a-t-il pas là matière à actualité ? Car comme il y aquatre cents ans, l’Ordre est encore régulièrement calomnié par des personnes perfides et malhonnêtes dont certaines essaient toujours,aujourd’hui comme par le passé, de s’en approprier la renommée ou dele détruire.

Voici quelques extraits de cet ouvrage dont la traduction est repro-duite ici. Mais il faut fournir avant tout quelques précisions sur lestermes employés. D’abord le terme « Chymie » : il ne s’agit ni de l’alchimie vulgaire ni de la chimie moderne mais bien d’une sciencesacrée des Mystères de l’Être. Le mot « Art » est aussi employé avec lesens de « la Haute Science ». La « Nature » est l’ensemble de l’universdepuis l’invisible jusqu’à la nature qui se manifeste à nos sens.

Le but de l’enseignement est expliqué dans le premier chapitre. Ils’agit de l’étude des Mystères : « La Nature a caché comme un grandMystère, qui se répand dans les quatre éléments et dans l’orbe du Monde, dans l’ensemble de l’Univers et le gouverne, et qui dirige tantd’espèces sensibles et de créatures particulières créées par la volonté et

le bon plaisir du Tout-Puissant ». Il s’agit làd’un art ou d’une science qui doit respecter lanature : « L’Art a tiré sa source de l’observationet de la réflexion sur les choses naturelles[...] Si l’objectif et le but ultime de l’Art neconcordent pas avec la Nature, ils doivent êtreabandonnés en quelque sorte comme une chose bâtarde et être considérés comme malhonnêtes ou monstrueux [...] les théorèmeset discours secrets des Arts et sciences de laNature doivent être en harmonie avec lesœuvres de la Nature et ne doivent pas s’enécarter le moins du monde ». Ce qui estcontraire à l’Art, ce sont les philosophies quine sont pas suivies de pratique ou d’effet :« de telles choses ne sont plus des arts, maisau contraire elles sont considérées comme dusophisme », chose que Raymond Lulle nommera

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Harpocrate

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non entia, « sans existence » ; par ces mots il considérait que « l’âme etla mémoire des gens devenaient tellement embrouillées et alourdiesqu’ils devenaient prétentieux au point qu’ils ne voulaient par la suite donner à la vérité et à la réalité qu’une place pitoyable ». On retrouvelà le but premier des enseignements de l’Ordre de la Rose-Croix, quiest de proposer au chercheur sincère une réflexion basée sur l’expéri-mentation de cet Art chymique que nous nommons aujourd’hui« l’alchimie mentale et spirituelle ».

Pour Maier, le mystère de la Rose-Croix a été énoncé de manièrevoilée dans la Confessio. Il l’explique dans le chapitre II du Silentiumpost Clamores ; tout d’abord, l’enseignement rosicrucien est basé surl’expérience : « Il est sans aucun doute évident que dans la Nature setrouvent d’étranges propriétés et caractéristiques qui ne peuvent êtrecomprises par la seule méditation humaine si elles n’ont pas été misesen lumière par l’expérience » car « les vraies et sûres influences de l’artdécoulent de l’expérience ; grâce à cette pratique, elles aboutissent à unraisonnement parfait, tandis que quand elles naissent de la raison seule ou de l’imagination ordinaire, même si elles ont une apparenceextérieure merveilleuse, il ne s’en retire pourtant aucun fruit ni bénéfice ». Mais cela ne se fait pas sans la pratique régulière : « Lesphilosophes de la société R.C. des Mystères ici décrits procurent à chacun [...] la façon dont il doit [...] se diriger raisonnablement vers sonbut [...] de telle sorte que ce qui lui est encore caché ou ce qu’il sait déjà,il puisse pour ainsi dire le dégrossir, le rendre plus précis et se l’appliquer à lui-même en en faisant usage quotidiennement. »

Alors aussi pour ces raisonscet Ordre et Fraternité des Rose-Croix a choisi de décrire un remar-quable art curatif avec lequel lesmaladies, les souffrances et lesinfirmités des corps humains et desesprits peuvent se soigner grâce àune médecine et des remèdes pris àcet effet qui étaient déjà en usagehabituel dans les temps ancienschez les Égyptiens, comme cela estavéré dans le premier livre desHieroglyphicorum.

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Maier met aussi en garde dans ce chapitre contre certains égare-ments. Il est indispensable de pratiquer les vertus, vertus qui doiventopérer dans toutes nos expériences pour éviter qu’en sombrant dansles « répugnants attachements des passions humaines » les chercheursne finissent « par montrer qu’ils n’ont plus la moindre affinité avec cequi fait leur nature profonde et ainsi comprendre qu’ils ne sont plus dutout en harmonie. À cause de cela, seuls et découragés par une telle chute particulièrement inattendue, ils ne parviennent presque jamaisplus à atteindre leur but dans cet art ». Il insiste aussi sur le sens de ladémarche des Rose+Croix qui est avant tout d’aider leurs semblablessans forcément l’exprimer par des mots ou des écrits. « Celui qui s’applique ainsi à la vertu doit se mettre lui-même à ce grand ouvrageet se dépenser tout entièrement à cela de telle sorte qu’il prennel’habitude de distribuer l’aide qu’il peut apporter aux autrespersonnes dans le besoin. Ceux qui se mettent ainsi au service desautres sont les lumières placées sur les flambeaux du monde ».

Le chapitre III est consacré à ce qu’il nomme « la médecine univer-selle » : c’est « la force potentielle de la Nature qui peut être érigée enŒuvre, par des moyens naturels, des actes productifs » et que les Rosicruciens traduisent par « l’allégorie de l’or », « une science bonneque les Frères de cette société R.C. préservent du reste du genre humain,de grands et utiles secrets et Mystères comme l’art excellent de fabriquerde l’or, qui leur est confié et prêté par le Tout-Puissant. De cet art et deses influences, autant que de la nature de l’art lui-même, ils n’aimentpas en parler dans le langage commun ». Mais il ne s’agit pas de l’or vulgaire car « la vraie philosophie a de tout temps préféré la vertu à larichesse et à l’or ». Il y a dans ce chapitre une bonne définition duMystère qui, pour les Rosicruciens, n’est pas quelque chose de mysté-rieux ni sujet à des pratiques farfelues et parfois dangereuses commece que l’on peut voir aujourd’hui dans le courant New Age. Le Mystère,ou Arcane, ce ne sont pas ces « rêveries qui ne se conçoivent ni dans laNature ni au travers d’une expérience raisonnable » et comme le ditailleurs Maier : « Nous expliquons ces choses (Arcana ou Mystères) parles seules oeuvres secrètes de la force potentielle de la nature qui peuvent être érigées en Œuvre, par des moyens naturels, par des actesproductifs ». C’est en fait la Force vitale. Ce qu’il nomme un trésor,c’est « la Grâce et la main offerte du Dieu Tout-Puissant » qui, comme

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il le dit, sont dirigées vers l’être humain pour élever sa conscience, maisqui s’épuisent si l’individu la réduit à ce que lui seul peut comprendre.

Le IVe chapitre explique la recherche de la quintessence et la manièrede conduire l’œuvre naturelle qui se trouve dans la Nature. On ne peutjuger de cela par les sens objectifs : « Les sens ne s’exercent pas à toutmoment avec une véritable perception juste, et cette forme de science nepeut se communiquer à d’autres par ce biais ». Donc, quand il dit que« il est impossible qu’une vraie Force aurifique ne produise pas uneénergie capable de faire de l’or dans la matière », il entend sûrementpar ces mots l’œuvre de régénération de la Force vitale ou « Forceaurique ». Il est peut-être question, là, de la projection mentale alchimique qui consiste à projeter la Force aurique dans la forme, ettandis qu’il en est ainsi, l’or alchimique prend la forme du mercure,pendant que le mercure s’élève vers l’or.

Le Ve chapitre est consacré aux origines de la Fraternité rosicru-cienne qu’il situe dans neuf collèges anciens, avec tout d’abord uneorigine en ancienne Égypte où « l’Ordre prit le nom de la religion duculte divin d’Osiris et d’Isis ». Il décrit le culte des Mystères et comment les initiés étaient choisis : « Cependant, dans ce collège tousn’étaient pas des prêtres, ni tous des philosophes. Ainsi était choisi parmi les prêtres au contraire seulement un petit nombre jugé capabled’observer l’art secret de la communauté et de bénéficier des véritablescœur et moelle de leur art. Les autres se laissaient séduire par lescroûtes et les écorces… C’étaient les seuls [les premiers : le petitnombre] à être vraiment conscients de la signification d’Apis, Osiris,Isis, Typhon, Anubis, ou de Theut, Mercurius (lequel se nomme en grecHermetem [Hermès] et d’Horus et avaient la compréhension des qualités qu’ils représentent et aussi des raisons de l’usage des cérémo-nies et des allégories… De même ils ne se contentaient pas seulement delire les Hieroglyphica [hiéroglyphes], mais ils en avaient aussi une compréhension totale ».

Par la suite l’Ordre d’Égypte fut instauré en Grèce par Eumolpe.« Cet Eumolpe qui était issu de la prêtrise égyptienne avait importédans le territoire athénien un collège remarquable de philosophie et dessciences de la Nature, et l’avait organisé à Éleusis avec des règlesd’obéissance ». Maier parle ici des Mystères d’Éleusis qu’il décrit,notamment une cérémonie où l’effigie du Dieu de la Création estportée « par le prêtre suprême, le Hiérophante, celle du Soleil par le porte-flambeau, de la Lune par le serviteur de l’autel et du Mercure par

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le héraut mystique ou Praecone. Le prêtre suprême tient aussi en cetteoccasion une clef en or devant la bouche comme un remarquable signede discrétion ». Puis suit une description des autres collèges, desMystères de Samothrace, des sages de Chaldée, des gymnosophistesdu pays des Maures et des Brahmanes de l’Inde, et de l’Ordre Pythagoricien. Pour finir l’énumération, il parle du collège en Arabiequi accueillit « le premier fondateur de la Fraternité R.C. » avant quecelui-ci ne se rende à Fez « dans le collège des Mauritaniens ».

Dans le VIe chapitre, il revient sur la transmission de l’Ordre : « ilest manifeste que les collèges mentionnés ci-dessus n’ont pas été insti-tués seulement pour dispenser l’enseignement courant et les arts, desorte que l’on puisse en tirer profit comme dans les écoles ordinaires,mais au contraire pour révéler les grands Mystères cachés de la Nature ».Ce collège s’est perpétué, et d’après Maier il ne faut pas s’étonner qu’ilparaisse récent alors qu’en fait « de tels Mystères se sont transmis d’unpeuple à l’autre, pratiquement de main en main, avec leurs statuts,leurs règles, leurs usages et leur mode de vie, avec quelques distinctionsen fonction de l’époque et de la religion ». Mais à chaque époque, « leurprincipale règle et leur principal précepte est qu’on honore Dieu par-dessus tout et qu’on Le recherche ; est de se rendre utile à tous leshommes en se gardant d’en désavantager certains et de guider la multitude vers la recherche de Dieu, de s’exhorter à une existence honorable, de détruire en soi les oeuvres du diable (comme chez lespossédés), de se satisfaire des moindres dons de la nature dans ledomaine de la nourriture et du vêtement, et enfin de manifester del’aversion envers les passions déréglées et les vices ».

Le chapitre VII justifie la non-révélation des Mystères : « On nedevrait pas révéler de telles choses au peuple ordinaire pour qu’il s’enmoque d’une part ou que d’autre part il se permette de se les attribuerà tort ». Il insiste à plusieurs reprises sur la périodicité de la

Chapitre VI

Ce n’est donc pas toutefois aussiincroyable qu’une telle compagnie, Collegium [collège] et Fraternité existe également de nos jours, et néanmoins sedévoile et se révèle, notamment par sesécrits et ses actions.

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Chapitre VII

Donc depuis maintenant tant d’années que la société R.C. a existé jusqu’à nos jours, elle aveillé, d’après sa propre confession, à l’honneur de Dieu et à la prospérité des hommes jusqu’aumoment où elle s’est révélée une nouvelle fois, comme c’est le cas à notre époque.

Ainsi nous savons maintenant que le dévoilement de ces excellents Mystères fut diffusé aussi à l’attention de la Nation allemande à partir d’autres révélations et que ces derniers furent gardés secretspendant une longue période par leurs possesseurs. Nous ne pouvons cependant donner aucune cause dupourquoi de cela en dehors du fait qu’on ne doit pas révéler de telles choses au peuple ordinaire pour qu’ils’en moque d’une part ou que d’autre part il se permette de se les attribuer à tort ou à raison. Car cetterévélation ne ressemble à rien d’autre qu’à la pomme Eridor portant l’inscription : « Detur Sapientissimo », [ Je t’accorde la plus grande sagesse ]. Le plus sage a comme tâche de prendre soin dece que personne, pour quelque profit ou bien pire encore sous la brillante apparence de cette Fraternité,n’en trompe beaucoup d’autres et profite de cette occasion de les prendre en main pour les conduire dansde vaines dépenses. Mais ceux qui se laissent ainsi conduire ressemblent à ceux qui se réjouissent dufait qu’ils n’ont pas beaucoup appris pour ne pas avoir beaucoup à faire. Ils sont en réalité plus dignesd’être nommés « Fratres ignorantiae » que « Sapientiae » : « plus les Frères de l’ignorance que de la Sagesse », oui, ils ne possèdent pas les moindres étincelles de la sagesse juste.

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résurgence de l’Ordre : « Donc, depuis maintenant tant d’années que lasociété R.C. a existé jusqu’à nos jours, elle a veillé, selon son propreaveu, à l’honneur de Dieu et à la prospérité des hommes jusqu’aumoment où elle s’est révélée une nouvelle fois comme c’est le cas à notreépoque ». Maier justifie l’initiation en relation avec le désir de la révélation : « Qui ignore n’a aucun désir [...] après quoi on ne porteaucune aspiration pour l’inconnu [...] La révélation est en fait le premier degré et la première étape des Mystères, similaire à son butplacé devant nous ». Après quoi il est question de la symbolique dutombeau en tant que révélation allégorique. Il décrit les multipleslégendes de l’histoire où la découverte d’un tombeau est associée à desévénements importants, et il précise que chaque fois cette histoire serapporte à « des Artistes chymiques », ces termes évoquant encore unefois la recherche des Mystères de la Vie.

Le chapitre VIII justifie la publication de la Fama Fraternitatis :« Lorsque cette société a voulu se révéler, elle ne pouvait pas le faireautrement qu’en mettant cela en œuvre dans deux écrits : la Fama Fraternitatis et la Confessio ». La Fama Fraternitatis était l’étape préparatoire, la rumeur, selon laquelle il existait une fraternité mystiquede grande sagesse. Mais, tandis que la Fama, plus facile à comprendre,se laissait approcher de près, pourrait-on dire, en revanche la Confessiorestait, pour nombre de ses lecteurs, inaccessible.

« Ceux qui alors ne voulaient pas croire à la Fama auraient encoremoins adhéré à la Confessio [...] il a été jugé préférable de ne pas toutdonner à connaître en une seule fois et par conséquent de plutôt laisservenir lentement une harmonieuse approche. On devait aussi tenter dedébuter cette première entreprise progressivement, de sorte que la plusgrande de toutes les hâtes ne soit source de malheur ou de dommages »,de telle sorte que « celui qui est un amoureux de la sagesse [...] quandil sera renseigné sur la raison, les circonstances et la constitution d’untel collège ou société philosophique, non seulement ne se privera pas lui-même des expériences et des méditations sur les Mystères de la Nature,

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Chapitre VIII

Quand cette société de la nation allemande a voulu se révéler , elle n’a dû etpu le faire autrement qu’en produisant lesdeux écrits de la Fama et de la Confession.

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mais au contraire il profitera de leur œuvre et de leurs actions ». Il estintéressant de noter que dans ce chapitre consacré à la Fama, Maieremploie le « nous » : « il n’existait pour nous aucune raison pour quecette société restât plus longtemps cachée ». « Nous ne pouvions pas voirquelle forme de telles opportunités pourraient produire ». « Nous voulons à présent passer sous silence les autres œuvres d’art. Maisattester que les frères et membres de cette société R.C. œuvrent à la préparation de telles choses ». Il parle là des frères qui savaient fabriquer des automates, preuve qu’ils les connaissaient.

Suivent d’autres chapitres aussi intéressants les uns que les autres.Maier y explique que « il n’y a rien dans leurs écrits qui soit contraireà la raison ou à la Nature ». Il justifie pourquoi « parmi les nombreusespersonnes qui sollicitent à être admises dans cette Fraternité peu d’entreelles sont acceptées ». La raison du secret, « tel que cela doit aussi êtreobservé dans la Fraternité R.C. de telle sorte que les secrets de laNature ne soient pas révélés aux gens indignes », est très détaillée, etMaier prend pour exemple originel, à ce sujet, le symbolisme qu’exprime la statue du dieu Harpocrate, dieu du secret et du silence.Maier explique aussi comment à son époque lorsque l’Ordre « a révéléson existence en diverses régions du monde [...], ils firent face alorsà des insultes, ce qui fut la raison pour laquelle ils durent se cacherun certain temps et cela les obligea à supporter la première attaqued’hostilité. Avec patience ».

Chapitre XIXQuelques imposteurs se vantent de

bien connaître cet Ordre en utilisant sesatours et sous cette apparence soutirentaux gens sots leur or et commettentsouvent sous de tels Praetext [pré-textes] également les plus grandsméfaits. Ces individus deviennent de lasorte des imposteurs, des voleurs et desmeurtriers, et devront en conséquencerecevoir une punition convenable.

Chapitre X

Où il est expliqué que pour des raisonslégitimes, parmi ceux qui sollicitent cetteFraternité, peu d’entre eux sont acceptés.

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Ce livre est donc, pour tout historien ou tout chercheur sincère, unélément important de réflexion, notamment sur le sujet de la tolérance.L’histoire se répète sans cesse, et les mêmes motivations que sont l’envie, la jalousie, les a priori et les faux jugements sont toujours lesmoteurs de la calomnie et des diffamations. Aujourd’hui comme hier,l’Ordre de la Rose-Croix aura bien fait de garder le silence et de ne pasrépondre aux critiques des personnes sectaires et intolérantes.

Quelques autres œuvres de référence de Michael Maier

1614 Arcana Arcanissima. Hoc Est Hieroglyphica Ægyptio-Graeca. Vulgo necdum cognita... Sans indication de lieu.

1617 Symbola Aureae Mensae duodecim Nationum, hoc est Hermaea seu Mercurii Festa... Frankfurt, Anton Hummius für Lucas Jennis.

1617 Themis Aurea, hoc est De Legibus Fraternitatis R.C. Tractatus,Quo earum cum rei veritate convenientia demonstratur. Frankfurt, Nicolaus Hoffmann für Lucas Jennis.

1618 Atalanta Fugiens, hoc est Emblemata Nova de Secretis Naturae Chymica... Oppenheim, Hieronymi Galleri für Joh. Theodor de Bry.

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Chapitre XXI

En dehors de toutes lesraisons déjà citées, il y en abeaucoup qui s’avisent de secomporter à la manière duchien ; quand il se jette aprèsune pierre, il ne calcule pas sonaction mais bien plutôt pense àla pierre : c’est qu’ils interprè-tent en mal tout ce que fait laFraternité. Il serait bien plussouhaitable qu’ils comprennentmieux de telles choses et qu’ilsse fassent partout eux-mêmesles témoins de la bonne réputa-tion de cette Fraternité qui nerecherche rien d’autre que lebien-être d’autrui.

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Couverture du livre Silentium Post Clamores (Le silence après les huées), traduction de l’allemand de l’ouvrage de Michael Maier (1617). Parution début2011 aux Éditions Clara Fama ©.

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