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ARGUMENT Claude Smadja et Gérard Szwec P.U.F. | Revue française de psychosomatique 2001/1 - no 19 pages 7 à 9 ISSN 1164-4796 Article disponible en ligne à l'adresse: -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- http://www.cairn.info/revue-francaise-de-psychosomatique-2001-1-page-7.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Pour citer cet article : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Smadja Claude et Szwec Gérard, « Argument », Revue française de psychosomatique, 2001/1 no 19, p. 7-9. DOI : 10.3917/rfps.019.0007 -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour P.U.F.. © P.U.F.. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. 1 / 1 Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 129.8.242.67 - 16/04/2013 13h16. © P.U.F. Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 129.8.242.67 - 16/04/2013 13h16. © P.U.F.

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ARGUMENT Claude Smadja et Gérard Szwec P.U.F. | Revue française de psychosomatique 2001/1 - no 19pages 7 à 9

ISSN 1164-4796

Article disponible en ligne à l'adresse:

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------http://www.cairn.info/revue-francaise-de-psychosomatique-2001-1-page-7.htm

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Pour citer cet article :

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Smadja Claude et Szwec Gérard, « Argument »,

Revue française de psychosomatique, 2001/1 no 19, p. 7-9. DOI : 10.3917/rfps.019.0007

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Les notions de mentalisation et de démentalisation sont au cœur destravaux des psychosomaticiens depuis qu’ont été observées, chez despatients somatiques, des défaillances de l’élaboration psychique rédui-sant la capacité des sujets à faire face aux conflits qui surgissent classi-quement dans l’évolution individuelle.

Aujourd’hui, une meilleure connaissance des organisations nonnévrotiques ne rend-elle pas pertinente l’utilisation plus générale de cesconceptions dans le champ de la psychanalyse?

Le couple mentalisation-démentalisation trouve ses assises dans la bi-partition que Freud a très tôt soulignée dans ses travaux entre les psy-chonévroses de défense et les névroses actuelles.

Dans les psychonévroses de défense, les symptômes sont classiquementenvisagés comme des formations de compromis entre les représentantspulsionnels issus de l’inconscient et le moi. Ils sont l’aboutissement d’unechaîne d’événements psychiques dans laquelle interviennent l’angoisse decastration, le refoulement et un certain nombre d’autres mécanismes dedéfense spécifiques du moi. Cette conjoncture s’inscrit habituellementdans l’organisation œdipienne du sujet.

Les névroses actuelles au contraire sont définies par Freud par l’in-terruption du trajet de l’excitation pulsionnelle vers sa psychisation.Cette conjoncture aboutit ainsi cliniquement à l’association d’un étatpsychopathologique dominé par une angoisse flottante ou diffuse etdivers symptômes d’ordre somatique distincts des symptômes conver-sionnels hystériques.

À partir des années 50, Pierre Marty et Michel Fain publient des obser-vations psychosomatiques dans lesquelles ils soulignent la défaillance desmécanismes névrotiques de défense et leur substitution par des mécanismessomatiques. Les maladies à crises en particulier vont être envisagées seloncette conception. Selon ces auteurs, l’échec d’une organisation névrotiqueou de caractère, en l’absence de fixation mentale, conduit le moi à régres-

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ser vers des niveaux somatiques. Se développe ainsi progressivement l’idéeque les variations de la qualité de l’élaboration psychique ont des consé-quences sur l’économie somatique et psychosomatique du sujet. Les décou-vertes de la pensée opératoire et de la dépression essentielle à partir desannées 60 ont ouvert un champ nouveau à la clinique et à la théorie psy-chosomatiques en soulignant le rôle majeur des mouvements de désinves-tissement et de déqualification de la libido et ceux de la destructivité liée àla pulsion de mort. Ces mouvements opèrent principalement dans les pro-cessus de désorganisation psychosomatique.

La notion de mentalisation créée par Pierre Marty s’inscrit dans uneconception économique de l’évolution individuelle. Elle s’inspire dupoint de vue économique exposé par Freud dans «Au-delà du principedu plaisir» (1920), selon lequel un excès d’excitation peut conduire à unétat traumatique si les moyens de défense psychiques sont débordés. Cesexcitations provenant des instincts et des pulsions et déclenchées par descirconstances et événements divers doivent nécessairement se déchargerou s’écouler. Pour P. Marty, trois voies s’offrent alors à elles : la voie del’élaboration psychique, la voie du comportement et la voie somatique.La mentalisation concerne ainsi et avant tout le travail des représen-tations, leur quantité, leur qualité et leur dynamisme. Elles qualifientl’aptitude de l’appareil psychique à lier l’excitation pulsionnelle à tra-vers les systèmes et réseaux de représentations, d’associations, d’idéesdiverses et de réflexions chargées d’affects. Pour Pierre Marty, la men-talisation est variable selon les individus et variable chez un même sujet.Cette conception suppose des insuffisances de la mentalisation et sondébordement passager ou durable. À défaut d’un travail mental,d’autres possibilités de décharges ou d’écoulements des excitations pul-sionnelles peuvent se réaliser à travers des comportements moteurs etsensoriels, par exemple. En l’absence de débouché psychique oud’autres possibilités de décharge, l’accumulation des excitations pulsion-nelles risque de conduire à un processus de somatisation, selon ce modèlethéorique inspiré par celui de la névrose actuelle. Ces risques inhérentsà la dementalisation sont donc favorisés lorsque les représentations sontréduites, superficielles, procurant peu d’associations ou lorsque, tra-duisant un défaut de refoulement, elles répètent des perceptions vécuesdans la réalité sans remaniement et élaboration psychique.

Ces modalités restrictives du fonctionnement psychique, et notam-ment de l’activité représentative, se retrouvent dans la clinique des étatstraumatiques et d’une façon générale dans celle de « l’irreprésentable».Quelle est la pertinence de la notion de démentalisation dans les états-

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limites? C’est là un point de discussion abordé par certains articles de cenuméro.

Selon Michel Fain, les traumas précoces, et d’une façon générale uncadre parental qui ne permet pas une structuration œdipienne suffisantechez l’enfant, peuvent orienter le développement pulsionnel de celui-civers une forme de défaillance de la mentalisation qualifiée de prématu-rité du moi.

Les entraves à la mentalisation résultent aussi de l’échec plus oumoins étendu de la réalisation hallucinatoire du désir à l’aube de la viepsychique du sujet. Cet échec entraîne alors des insuffisances et défautsde constitution des auto-érotismes psychiques et de la vie fantasmatiqueet de représentation.

Les notions de mentalisation et de démentalisation sont ainsi liées auxmouvements de construction et de déconstruction au sein du fonction-nement psychique, à leurs assises dans les premières relations de l’enfantavec son encadrement et à leurs variations inévitables au cours de l’évo-lution individuelle et de la vie du sujet.

Faut-il alors réenvisager certains concepts de la métapsychologie telsque le masochisme, le surmoi ou le narcissisme en fonction de la qualitéde la mentalisation? Faut-il réenvisager aussi les notions de transfert, lesparamètres de la cure et la technique en fonction de la qualité de la men-talisation? Nous le pensons et ces questions figurent parmi celles que cenuméro de la Revue vise à approfondir.

CLAUDE SMADJA, GÉRARD SZWEC

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