AREVA - Alternatives n°22

11
www.alternatives.areva.com Parler autrement de l’énergie NUMÉRO 22 www.alternatives.areva.com RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE QUELS ENJEUX POUR COPENHAGUE? p. 04 alternatives PERSPECTIVES Des utopies aux écosystèmes urbains Des villes intégrant la préservation de l’environnement sont aujourd’hui un rêve accessible à condition de les concevoir comme un maillon de l’écosystème. p. 15 ÉLECTRON LIBRE Les crédits carbone sont-ils efficaces ? DÉCRYPTAGE Les énergies marines en quête de maturité p. 10 p. 12

Transcript of AREVA - Alternatives n°22

Page 1: AREVA - Alternatives n°22

www.alternatives.areva.com

Parler autrement de l’énergie

NU

RO

22

www.alternatives.areva.com

RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE

QUELS ENJEUX POURCOPENHAGUE?p.04

alternatives

PERSPECTIVES

Des utopies auxécosystèmes urbainsDes villes intégrant la préser vation de l’environnement sont aujourd’hui un rêveaccessible à condition de les concevoir comme un maillon de l’écosystème. p. 15

ÉLECTRON LIBRE

Les crédits carbone sont-ils efficaces ?

DÉCRYPTAGE

Les énergiesmarines en quête de maturité

p. 10 p. 12

Page 2: AREVA - Alternatives n°22

REPÈRES

Tel pourrait être le niveau de la baisse des émissions mondialesde dioxyde de carbone en raison de la crise économique, selon une étude rendue publique au mois d’octobre par l’Agence internationale de l’énergie (AIE).Cette baisse serait la plus forte jamais enregistrée depuis quarante ans,a précisé l’économiste en chef de l’AIE, Fatih Birol, rappelant que l’évolution des émissions mondiales était jusqu’ici de + 3 % par an en moyenne.

Le quatrième rapport d’évaluation du GIEC – organisme quia reçu le prix Nobel de la paix en 2007 – a été largementdiffusé, et son impact a été considérable. Il a soulevé unimmense intérêt dans le monde entier et, plus importantencore, les responsables politiques l’ont pris en compte.

Pour autant, rien de véritablement tangible n’est intervenu depuislors, hormis l’engagement de l’Union européenne sur les « 3 x 20 »(1)

et les efforts actuels de l’administration américaine pour faire adopter par le Sénat la loi historique Kerry-Boxer(2).Ce rapport ouvrira certainement la voie aux décisions qui seront prises lors du prochain sommet de Copenhague, même s’il estencore trop tôt pour se prononcer sur ce qu’il en émergera effective-ment. Il sera en tout cas essentiel de s’engager de manière claire surla réduction des gaz à effet de serre. On parle d’ailleurs beaucoup del’horizon 2050, mais la priorité reste une décision qui engagera lesnations sur cette réduction dès 2020. Les pays développés doiventpar ailleurs s’engager sur une logique d’emploi pour l’aide financièrequ’ils recevront, à la fois pour s’adapter et pour réduire leurs émis-sions, ainsi que pour faciliter les transferts de technologies. Enfin, la crise actuelle recèle un aspect positif. Plusieurs pays, ainsi quede nombreux responsables internationaux, envisagent à présent unecroissance verte et des emplois verts, planifient un urbanisme vertueux,favorisent la voiture propre… Mais il reste encore beaucoup à faire.Une fois l’économie relancée, les gens se focaliseront sur quelquesfondamentaux. Le public, comme les gouvernants, privilégiera unredéploiement de la croissance vers des activités vertes. Certes, ce ne sera pas immédiat, mais ce sera inéluctable, ne serait-ce queparce que les gouvernements ont pris conscience des avantages decelles-ci. Nous ne pourrons plus continuer comme avant. Le mondedoit changer. ■

(1) Réduire de 20% les émissions de gaz à effet de serre, développer les énergies renouvela-bles à concurrence de 20% du mix énergétique total, améliorer de 20% l’efficacité énergé-tique, le tout à l’horizon 2020.(2) Kerry-Boxer Clean Energy Jobs and American Power Act.

« UNE FOIS L’ÉCONOMIE RELANCÉE, LA CROISSANCE SE TOURNERA VERS LES ACTIVITÉS VERTES »

L’ÉDITODU DOCTEUR RAJENDRA K. PACHAURI,Président du Groupe d’experts intergouvernementalsur l’évolution du climat (GIEC).

-3%

SOMMAIRE

L’ESSENTIELRecherche, environnement, transport…L’actualité de l’énergie au crible d’Alternatives.

alternatives4e trimestre 2009

Directeur de la publication: Michel-Hubert Jamard.Rédaction: Thierry Piérard, Virginie Lepetit.Crédits photo : Gettyimages® (couv., p. 4, 20), TERI (p. 3), Ludovic Marin/REA (p. 6), PCGCC (p. 8),Mercuria (p. 10), Courtesy of Marine Current TurbinesLtd (p. 14), BioRegional (p. 15), Timelinks (p. 16), DR Médiathèque Lafarge - Jacques Ferrier (p. 16-17), Evacentrum (p. 17), Algenol Biofuels, Inc (p. 18),Solar Sailor Holdings Ltd (p. 18), quartetbooks (p. 19).Illustrations: Mr Suprême (p. 11), A. Dagan (p. 12-13).Conception et réalisation: : 9050

Les opinions exprimées dans ce magazine ne reflètent pas nécessairement celles d’AREVA et n’engagent que leur auteur.

ISSN 1637-2603Conformément à la loi Informatique et Libertés du 6 janvier 1978 modifiée par la loi du 6 août 2004, toute personne dispose d’un droit demodification ou de suppression des données personnelles la concernant.Ce droit peut être exprimé par voie postale auprès de T.M.S.

Certification papier (novatech gloss) : pâte FSC de source mixte et ECF(sans chlore), ISO 9706, ISO 9001, ISO 14001 conforme à la directive98/638 CE relative à la teneur en métaux lourds, contact alimentairenorme 89/109/CEE. Encres utilisées dites écologiques (100 % végétales).

© 2009 AREVA.COM

www.areva.com

18

DÉCRYPTAGE

��

15

10

19

PERSPECTIVES

Les crédits carbonesont-ils efficaces ?

Est-il possible de réduire les émissions de gaz à effetde serre en donnant une valeur au CO2 ? C’est le principemême des crédits carbone. Leur avantage : ils fixent l’objectifà atteindre en laissant aux entreprises le choix des moyens.

KIOSQUE Une sélection d’ouvrages et de sites Internet pour approfondirles thèmes abordés dans ce numéro.

Des utopies auxécosystèmes urbains

Depuis Milet, en Grèce, jusqu’à Brasilia, les politiques ontrecherché des cités utopiques, reflets d’une organisationsociale idéale. Aujourd’hui, ces villes rêvées intègrent également la préser vation de l’environnement. Un but qui devient accessible, à condition de les concevoir comme un maillon de l’écosystème.

ÉLECTRON LIBRE

��

��((((

��

��

Les énergies marinesen quête de maturité

Avec environ 71 % de la surface terrestre recouverts par les océans, la « houille bleue » pourrait-elle constituer la plus vaste et la plus sûre ressource d’énergie ? Un jour, peut-être… Mais il reste encore beaucoup à faire.

DOSSIER

RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUEQUELS ENJEUX POUR COPENHAGUE? 04

L’énergie est notre avenir,économisons-la!

V

12En couvertureLa fonte des glacesest l’un des premiersphénomènes observables deseffets du réchauffe-ment climatique.

Négocié en 1997 et entré en vigueur en 2005, le protocole de Kyoto a vu près de200 pays s’engager à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2012.Quel bilan peut-on en faire aujourd’hui, alors que se déroule au mois de décembrela conférence de Copenhague, qui doit trouver une suite à Kyoto?

d’émissions de CO2 en 2009 des réserves mondialesde pétrole et de gaz pourraient se trouver en Arctique,ont estimé au mois d’octobre des participants au Festival international de géographie à Saint-Dié (Vosges). Pour l’océanographe Jean-François Minster, Directeur scientifique du groupe Total, « il pourrait y avoir des réserveséquivalant à 60 milliards de barils de pétrole ».

25% millions de véhicules électriques à l’horizon 2020

C’est l’objectif de production fixé lors du lancement en France au mois d’octobre d’un plan national pour le développement des véhicules électriques et hybridesrechargeables. Le pays serait doté de 1 million de points de recharge dès 2015. Ces véhicules devraient représenter 27 % du marché en 2025.

2

Page 3: AREVA - Alternatives n°22

d’émissions (voir « Mot à mot »). Les mar-chés d’échange de quotas d’émissions, surlesquels les pays développés achètent et ven-dent des crédits d’émissions constituent lepremier mécanisme de flexibilité.�

Àpartir des années 1990,prenant conscience del’impact potentiel duchangement climatique (rapport GIEC et rapportStern) et de la nécessitéd’agir au niveau inter-

national, les États ont fait de la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES,voir « Mot à mot ») et de l’adaptation au chan-gement climatique les axes principaux desnégociations internationales sur le climat.Grâce à l’adoption de la Convention cadre desNations unies sur les changements clima-tiques (CCNUCC) en 1992 et à la dynamiqueimpulsée par le protocole de Kyoto (périoded’application 2008-2012), des progrès ont étéréalisés. Le renouvellement d’un cadre inter-national d’action au-delà de 2012 constituel’enjeu des débats de la conférence de Copen-hague, qui se déroule du 7 au 18 décembrelors de la conférence des Nations unies sur leclimat. Les représentants de plus de 170 pays,de nombreux scientifiques et des ONG ontdonc rendez-vous afin de décider de la suiteà donner au protocole de Kyoto.La CCNUCC, adoptée lors du Sommet de laTerre à Rio de Janeiro et entrée en vigueur le 21 mars 1994, a constitué une première étapeimportante. Ratifiée aujourd’hui par 192 pays,elle reconnaît l’existence du changement climatique d’origine humaine et stipule queles États signataires s’engagent « à stabiliser[…] les concentrations de gaz à effet de serredans l’atmosphère à un niveau qui empêchetoute perturbation anthropique(1) dangereusedu système climatique ». Cependant, cetteconvention n’a donné aucune indication chif-frée sur le niveau des concentrations de GES

à contenir, ni sur les instruments devant per-mettre d’atteindre cet objectif.L’adoption du protocole de Kyoto en 1997,après deux ans et demi de négociations, a constitué la deuxième étape importantedans la mise en œuvre de la convention cadre.Par rapport à celle-ci, le protocole de Kyotopose des engagements chiffrés de réductiondes GES pour les pays industrialisés et pro-pose des mécanismes afin de permettre lerespect de ces engagements.

Du bilan mitigé de Kyoto…Le protocole de Kyoto a constitué le premierengagement chiffré de réduction des émis-sions dans les pays industrialisés. Fini le droit de rejeter des quantités illimitées de GESdans l’atmosphère! En outre, il a permis auxÉtats et aux citoyens du monde de prendredavantage conscience du phénomène de dérèglement climatique et de ses impacts.Autre élément positif : le protocole de Kyotoa créé les trois mécanismes dits « de flexibi-lité » afin d’aider les acteurs à minimiser lecoût de la réduction de leurs émissions.Tout d’abord, les émetteurs ont le choix entreréduire leur propre empreinte carbone et finan-cer un effort équivalent en achetant des crédits

Un tour d’horizon sur l’un des enjeux liés à l’énergie

/ NUMÉRO 22 / ALTERNATIVES04Selon les climatologues, le réchauffement climatique présente un accroissement des risques d’incendie, de sécheresse et d’inondation.

DOSSIER

Conclu en 1997 et entré en vigueur seulement en 2005 (par suite du longprocessus de ratification), le protocole de Kyoto a vu près de 200 pays s’engager à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2012. Quel bilan peut-on en tirer aujourd’hui, alors que se déroule au mois de décembre la conférence de Copenhague, qui doit trouver une suite à Kyoto?

05NUMÉRO 22 / ALTERNATIVES /

Le Japon a déjà fait beaucoup d’efforts d’efficacité énergétique dans le passé (tech-nologies « propres », mesures d’économies d’énergie…). Sa structure énergétique est assez proche de celle de la France (qui a un objectif de 0 %), avec une part importantede l’énergie nucléaire dans le parc électrique. L’annonce récente par le gouvernement japonais de relever l’objectif de réduction des émissions – initialement de 6 % – à 25 % s’avère donc très ambitieuse.

Le Japon: une position singulière

LES GAZ À EFFET DE SERRE (GES)Il s’agit du dioxyde de carbone (CO2), du méthane (CH4), du protoxyde d’azote (N20),des hydrofluorocarbures (HFC), des perfluoro -carbures (PFC) et des hexafluorures (SF6).

LES CRÉDITS D’ÉMISSIONSLe protocole de Kyoto réserve aux entrepriseset aux pays qui ont des objectifs de réductiond’émissions de gaz à effet de serre à atteindrela possibilité d’échanger des crédits d’émissions,que l’on pourrait appeler « crédits de réductiond’émissions ». Ils constituent la monnaie du marché. Lorsqu’une entreprise réduit sesémissions au-delà du niveau fixé réglementai -rement, elle peut faire certifier cette réductionsupplémentaire et la transformer en créditsd’émissions, afin de la vendre à une entreprisequi, elle, serait en retard dans la réalisation de ses objectifs de réduction.

mot

à m

ot

RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE

QUELS ENJEUX POURCOPENHAGUE? (1) Qualifie tout élément provoqué directement

ou indirectement par l’action de l’homme.

Page 4: AREVA - Alternatives n°22

des économies de l’ex-bloc soviétique (- 34,2 % à elles seules) après la fermeturede nombreuses installations énergétiques etindustrielles obsolètes. Il ne s’agit donc pasdu résultat de mesures volontaires visant àdiminuer les émissions de GES. Selon le relevéde l’ONU, parmi les mauvais élèves figurentl’Espagne (+ 50,6 % par rapport à 1990), lePortugal (+ 40 %), l’Irlande (+ 25,6 %), l’Is-lande (+ 24,2 %) et le Canada (+ 21,7 %).

… aux lourds enjeux de CopenhagueLe plan d’action adopté en 2007 lors de laconférence de Bali a fixé la feuille de routede Copenhague :• avoir une vision à long terme de la maî-trise des émissions de GES;• renforcer les actions de réduction des émissionsde tous les pays en prenant soin que les mesu-res puissent être vérifiables et comparables;• engager des actions de développement etde transfert de technologies propres dans lesPED et lancer des actions pour mobiliser lesinvestissements.Cependant, les politiques de l’environnementposent des problèmes d’équité entre les États.La tâche la plus délicate du sommet de Copen -hague consistera justement à les résoudre.Le niveau des émissions dans les pays indus-trialisés est nettement supérieur à celui despays en développement. Toutefois, les paysémergents sont en train de combler cet écart

en raison de leur plus forte croissance et del’utilisation de techniques de productionindustrielle à forte intensité carbone. Il n’estpas certain que les pays émergents et les paysen développement acceptent un resserrementde leurs quotas de CO2, de crainte que celapèse sur leur croissance. La Chine, l’Inde, leMexique et le Brésil, par exemple, ont indi-qué qu’ils ne souhaitaient pas payer le coûtdes efforts de réduction des émissions. Ilsconsidèrent que les pays riches sont histori-quement responsables des émissions passéeset que leurs propres émissions par habitantsont encore faibles. Enfin, la participationdes États-Unis dans le futur dispositif est éga-lement l’un des éléments délicats de lanégociation internationale (voir encadrép. 09). Le succès de la conférence de Copen-hague repose sur quatre décisions politiquesessentielles :• l’engagement précis des pays industrialisésà réduire leurs émissions à l’horizon 2020;• une implication, elle aussi précise, des paysen voie de développement ;• la mise en place de ressources financièrespérennes pour aider les pays en développement;• l’équité dans la répartition des ressourcesfinancières.

Des situations sourcesde divergencesLes deux semaines de discussion sur le climat, qui se sont déroulées au mois d’octo-bre à Bangkok, se sont terminées par un appelaux pays riches. « La balle est maintenant dans le camp des pays développés », a estiméMichael Cutajar, qui préside l’un des groupesde travail de la CCNUCC. « Je pense que laballe est dans le camp de tous les pays », luia répondu Jonathan Pershing, numéro deux de la délégation américaine. La position américaine provoque la colère des pays endéveloppement, qui estiment qu’elle fait fi de la responsabilité historique des pays déve-loppés dans l’accumulation du CO2 dansl’atmosphère. L’Afrique, continent le plus vulnérable au réchauffement climatique mondial, a exigé mi-octobre des « réparations et dédommagements », demandant que les pays industrialisés pollueurs soient les payeurs. Ces exigences du continent le moins pollueur (et le plus pauvre dumonde) interviennent au moment où les

négociations internationales sont très labo-rieuses. « Pour la première fois, l’Afrique auraune position commune » au sommet deCopenhague, s’est félicité au mois d’octobrele Président de la Commission de l’Union afri-caine, Jean Ping, lors de la septième éditiondu Forum mondial du développement dura-ble consacré aux changements climatiques.Le Président du comité d’organisation duforum, le ministre burkinabé de l’Environ -nement, Salifou Sawadogo, a estimé à 65 milliards de dollars (44 milliards d’euros)les financements nécessaires pour que soncontinent puisse faire face aux dérèglementsdu climat. �

NUMÉRO 22 / ALTERNATIVES / 07

� Le deuxième est la mise en œuvre conjointe(MOC) qui permet aux pays développés ayantratifié le protocole de Kyoto d’investir endehors de leur territoire national, dans un autrepays développé signataire du protocole avecdes objectifs de réduction. Et de bénéficier descrédits d’émission ainsi générés. Le troisième est le mécanisme de développe-ment propre (MDP) qui fonctionne sur lemême principe que le MOC, mais les investis-sements sont effectués dans un pays endéveloppement, n’ayant pas d’objectifs régle-mentaires de réduction.Le MDP suscite un intérêt considérable de la part d’investisseurs privés et desgrandes banques de développement inter-nationales. Au 1er janvier 2009, 1300 projetsMDP ont été enregistrés. Les pays émer-

gents (Chine, Inde, Brésil et Corée du Sud)ont généré plus de 90 % des crédits à la mi-2009. Les pays africains regrettent d’accueillir très peu de projets MDP. Lacommunauté internationale devra donctrouver d’autres instruments ou renforcerl’efficacité des mécanismes existants pouragir dans les pays les moins développés.Concernant la réduction des GES, le bilan

de Kyoto est, dans l’ensemble, mitigé. Lesdonnées publiées fin 2008 par le secrétariatde la CCNUCC révèlent qu’en 2006, lesémissions de GES dans les pays industria-lisés avaient diminué de 4,7 % par rapportà 1990. Cependant, entre 2000 et 2006, lesémissions de ces mêmes pays ont augmentéde 2,3 %. Ces résultats en demi-teinte s’ex-pliquent par le déclin, dans les années 1990,

✔ À Kyoto, 159 pays se sont retrouvés pour signer le premierengagement chiffré de réductiondes gaz à effet de serre.

DOSSIER

/ NUMÉRO 22 / ALTERNATIVES06

Adoption du protocolede Kyoto

Ce protocoleengage les paysindustrialisés àréduire les GES de5,2 % d’ici à 2012par rapport auniveau de 1990.

Conférence de Copenhague

L’enjeu de cette conférence est de régler les divergen-ces qui persistent après les négociationsde Bangkok (septembre)et Barcelone (novem-bre), ainsi que lors des sommets des G8 et G20(voir « Zoom » p. 08).

Expiration du protocole de Kyoto

Entrée en vigueur duprotocole de Kyoto aprèsratification par 141 pays

36 pays industrialisés s’engagentà réduire leurs émissions et 107 pays en développement s’engagent à dresser un inventaire de leurs émissions polluantes.

Refus des États-Unis de ratifier le protocole de Kyoto

Ce refus a retardél’entrée en vigueur du protocole, lesémissions américainesreprésentant environ20 % des émissionsmondiales.

Conférence de Bali

Première conférencede négociation d’unnouvel accord pour l’« après-Kyoto ». 180 pays, des organi-sations internationa-les et des ONG fixentla feuille de route d’unnouveau protocole. Le calendrier desnégociations est fixé.

Conférence de Bonn

Deuxième conférencede négociation. Le clivage se creuseentre pays industrialiséset pays émergents.Ces derniers réclament des soutiens financiers.

KYOTO COPENHAGUE11 déc. 1997 ≤ 13 mars 2001 16 février 2005 3-14 déc. 2007 1-12 juin 2009 7-18 déc. 2009 fin 2009 2012

La Chine face au réchauffement climatique

La Chine, plus grand émetteur mondial de gaz à effet de serre avec les États-Unis, a ratifié le protocole de Kyoto en2002. Considérée comme un pays endéveloppement au moment des négocia-tions de Kyoto, elle n’a aucune obliga-tion de réduction de ses émissions.Toutefois, elle s’est rapprochée depuisdes principes du protocole. En 2007, elle a ainsi créé un Groupe national duchangement climatique et a lancé sonProgramme national sur le changementclimatique. Ce dernier a pour objectif d’abaisser la consommation énergétiquepar unité de PIB de la Chine de 20 % d’icià 2010, par rapport au niveau de 2005. UnPlan pour le développement durable àmoyen et long termes prévoit de porterla part des énergies durables dans lesparts relatives des différentes sourcesd’énergie à 10 % d’ici à 2010 et à 15 % àl’horizon 2020. Avant la conférence deCopenhague, la Chine a ainsi indiquéqu’elle attendait que les États-Unis etl’Europe s’engagent à réduire leurs émis-sions de 40 % et consacrent 1 % de leurPIB au transfert de technologies vers lespays du Sud d’ici à 2020.

Grâce aux travaux du Groupe d’experts inter -gouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), on dispose d’une connaissance précise des enjeuxliés au réchauffement climatique. Dans son dernierrapport, publié en 2007, le GIEC révèle que onze des douze dernières années étudiées (1995-2006)ont été parmi les plus chaudes jamais enregistréesdepuis 1850, date à laquelle les premiers relevésont été réalisés. Entre 1906 et 2005, la températuremondiale s’est accrue de 0,74 °C, avec une vitessemoyenne de réchauffement qui a plus que doublé au cours des cinquante dernières années.

ZOOML’augmentation de la températurede la planète

Date butoir pour un nouvel accord

Fixée à Bali, elle détermine la fin des négociations de l’« après-Kyoto ».

Page 5: AREVA - Alternatives n°22

Alternatives : Quelle peut être l’issue du sommet de Copenhague?Eileen Claussen: Ne soyonspas trop optimistes, maisréalistes. Si les pays dévelop-pés ont mis sur la table desobjectifs clairs, les États-Unisn’en sont pas encore là. Cesommet ne débouchera passur la ratification d’un traité,mais plutôt sur un accordpolitique en vue d’un traité.Copenhague doit en outreexaminer au préalable cinqgrandes questions.• Quel est le niveau d’ambitiondes pays développés? LeGIEC(1) rappelle que les paysdéveloppés – y compris lesÉtats-Unis – s’étaient engagésà Tokyo sur une réductiondes gaz à effet de serre de 25 à 40 %, inférieure à 1990.On en est de 11 à 18 %.• Les pays émergents sont-ilsprêts à prendre des engage-ments fermes, même si ce sontdes orientations politiquesplutôt que des objectifs ? Ils mettent en place des programmes substantiels,mais ils n’en ont pas encoredémontré le caractère légalement contraignant.• Le soutien à ces pays n’esttoujours pas défini. Aucunaccord n’existe, ni sur le

mécanisme de financement,ni sur les montants.• Il devrait y avoir une procé-dure permettant de mesurer,de rendre publics et de véri-fier les engagements. On enest encore loin.• Quelle sera la forme légaledu nouvel accord? Ajoutera-t-on au protocole de Tokyodes accords avec les paysémergents ou définira-t-onun instrument légal uniqueet contraignant?Mieux vaut s’entendre sur ce que l’on peut effective-ment faire plutôt que des’engager sur tout et ne rienfaire.

Comment convaincre les industriels d’investir massivement et rapide-ment dans des activitésnon émettrices de CO2 ?E. Claussen: Nous travaillonsavec un groupe de 46 grandesentreprises américaines ausein du Business Environmen-tal Leadership Council, etnous participons à la US Climate Action Partnership Coalition, constituée de 25 entreprises et de 5 ONG.Nous en tirons les conclusionsque les industriels sont prêtsà réduire leurs émissions et à investir dans les nouvelles

technologies. Mais ils atten-dent des choix clairs de lapart de notre administration.Le débat est toujours en cours.

L’attitude positive de l’administration américaineet la crise financièrecréent-elles de nouvellesopportunités pour releverle défi climatique?E. Claussen: L’administrationconsidère en effet que releverce défi est une nécessitéenvironnementale et uneopportunité économique. Elleinvestit d’ailleurs de manièreconséquente dans le « stimu-lus package » pour une énergiepropre. Mais on s’interroge.Est-ce que cela créera oucoûtera des emplois? Celaprofitera-t-il ou nuira-t-ilà l’industrie ? Par exemple,nous développons le solaireet l’éolien, mais nous impor-tons la technologie solaire de Chine et celle-ci nous a dépassés en puissanceéolienne installée. De même, nous avons décidéde relancer le nucléaire, maisnous sommes plus lents qued’autres. Nous avons doncencore beaucoup de cheminà parcourir. ■

(1) Groupe d’experts intergouvernemen-tal sur l’évolution du climat.

Eileen Claussen est Présidente du Pew Center on Global Climate Change,un groupe de réflexion américain qui apporte une nouvelle approchecoopérative, ainsi qu’une expertise technologique, économique etscientifique importante au débat sur le changement climatique.

EILEEN CLAUSSEN

/ NUMÉRO 22 / ALTERNATIVES 09NUMÉRO 22 / ALTERNATIVES / 08

DOSSIER

� À quelques semaines de Copenhague,Artur Runge-Metzger, chef de l’unité climatde la Commission européenne, a estimé que « tout le monde est déçu du rythme des négociations ».Le négociateur européen a fait état de « décla-rations d’intention», mais aussi «d’obstructions»à Bangkok. « Chacun est retourné dans sa tran-chée et n’en sortira qu’à Copenhague », a-t-ilcommenté. Le Président de la Commissioneuropéenne, José Manuel Barroso, a prismoins de précautions. « Nous sommes dan-gereusement proches d’une impasse », a-t-ilaffirmé.

Concilier l’irréconciliableConcrètement, les discussions seront menéespar une multitude d’acteurs. Il y a tout d’abordles délégations de chaque pays. À cela se superposent des blocs de pays, voire descoalitions. En outre, de nombreuses organi-sations avec un statut d’observateur, serontprésentes, tel le World Business Council forSustainable Development qui regroupe plusde 200 entreprises multinationales ou encorel’International Chamber of Commerce. Par-venir à une unité entre tous ces acteurs – dont certains se sont encore retrouvés début novembre à Barcelone – est une gageure. « Nous devons parvenir à un accord inter -national à Copenhague, en décembre, parce

que nous n’avons pas d’autre choix. Il n’y apas de plan B », a estimé, au début de l’été, le ministre de l’Environnement suédois, Andreas Carlgren, dont le pays préside l’Union européenne depuis le 1er juillet.Comme toujours, les États sont libres de s’engager. Mais tous devraient être persuadésque le changement climatique est l’affaire de chacun. ■

Sources :• Sénat, Commission des finances, groupe de travail sur la fiscalité environnementale, « Conclusions sur la créationd’une taxe carbone, les enjeux liés au fonctionnement et à la régulation des marchés de quotas de CO2 et les perspec-tives d’instauration d’un mécanisme d’inclusion carboneaux frontières de l’Europe », juillet 2009.• OCDE, « Perspectives de l’environnement de l’OCDE à l’horizon 2030 ».• Le Changement climatique, Aurélie Vieillefosse, La Documen -tation française, 2009.• Nations unies, Convention cadre sur les changements climatiques. World Resources Institute: Climate Analysis Indicators Tool.• Le site du World Business Council for Sustainable Deve-lopment : www.wbcsd.org.

Le retour des États-Unis au cœur du débat

Pour justifier la non-adhésion des États-Unis au protocole de Kyoto, l’administration Bush avait repris l’argument selon lequel « le mode de vie américain n’est pas négociable ». Aujourd’hui, les États-Unis vont venir à la table des discussions avec un état d’espritplus ouvert. L’administration de Barack Obama a décidé de s’impliquer davantage et d’accroître sa coopération dans ce domaine avec la Chine et l’Inde. Le Président américain a obtenu fin juin que la Chambre des représentants adopte un vaste projet de loi de lutte contrele réchauffement climatique. Ce plan climat, qui doit encore être voté au Sénat cet automne, vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre, notamment le CO2, de 17 % d’ici à 2020 par rapport au niveau de 2005, tout en incitant au développement des énergies propres.Pour cela, il prévoit notamment la création d’un marché de droits d’émissions dit « cap and trade ». Dans ce système, ces droits serontsoit vendus, soit accordés gratuitement pour les industries les plus vulnérables. Les revenus financeront notamment le développementdes énergies propres.

AVIS D’EXPERT

Copenhague, un « New Deal » pour l’Amérique?

Lors du sommet de Pittsburgh, qui s’est tenu fin septembre, le G20 (qui associe, outre les paysles plus industrialisés, les grands pays émergentsque sont la Chine, l’Inde et le Brésil…) s’est misd’accord sur la suppression à moyen terme des subventions publiques en faveur des sourcesd’énergies fossiles, mais ils n’ont pas fixé de date butoir. Le communiqué publié à l’issue de cesommet indique que « les subventions inefficacesaux carburants fossiles encouragent le gaspillage,créent des distorsions sur les marchés, freinent les investissements dans les énergies propres et nuisent aux efforts pour lutter contre leréchauffement climatique ». Les membres du G20comptent également intensifier leurs efforts, afin de parvenir à un accord sur la lutte contre le réchauffement climatique lors de la futureconférence de Copenhague.

ZOOMLe G20 souhaite la fin des subventionsen faveur des énergies fossiles

Au titre du protocole de Kyoto, les 15 États membres que comptait l’Union européenne (UE) au moment

de son adoption se sont engagés à réduirecollectivement leurs émissions de gaz à effetde serre de 8 % par rapport à l’année de réfé-rence choisie (1990 dans la plupart des cas)au cours de la période2008-2012. Cet engage-ment collectif a été traduiten objectifs nationaux deréduction des émissionspour chacun des mem bresde l’UE des 15. La plupartdes pays membres « sonten passe de respecter les engagements deréduction ou de limitation des émissions qu’ilsont contractés au titre du protocole de Kyoto »,estimait la Commission fin 2008(1). Les mesu-res sup plé mentaires à l’étude devraientréduire encore les émissions de 3,3 %, ce quipermettrait à l’UE des 15 de dépasser sonobjectif.

Aucun objectif collectif n’a été fixé en revan-che pour les émissions de l’UE des 27. Surles 12 États qui ont rejoint l’UE en 2004 et2007, 10 ont souscrit, au titre du protocolede Kyoto, des engagements individuels leurimposant, d’ici à 2008-2012, de réduire leursémissions de 6 ou 8 % par rapport aux

niveaux de l’année deréférence. Seules Chy-pre et Malte n’ont pasd’objectif en matièred’émissions.À plus long terme, l’UE s’est imposée endécembre 2008 d’impor-

tantes contraintes pour limiter d’ici à 2020ses émissions de gaz à effet de serre de 20 %par rapport à leur niveau de 1990, voire de30 % en cas d’accord international. À ce jour,aucun autre pays riche n’a pris d’engagementsimilaire, et aucun n’accepte de prendre 1990comme année de référence. ■(1) Source: http://ec.europa.eu

Un objectif de - 20%

des émissions en 2020.

Protocole de Kyoto :l’Union européenne en bonne voieLes pays membres de l’Europe des 15 sont prochesd’atteindre les objectifs fixés par Kyoto. Se pose maintenant la question de l’Union européenne des 27.

À la mi-novembre, juste avant que la rédactiond’Alternatives boucle ce numéro, tout (oupresque) restait à régler avant le sommet de Copenhague : les chiffres de réduction desémissions de gaz à effet de serre, de même quele financement du futur accord, indispensablepour garantir une transition économique versun développement propre et pour aider les paysles plus vulnérables à s'adapter aux changementsclimatiques. Ne préjugeant pas de l’issue de cerendez-vous crucial pour l’avenir de la planète,ce dossier a simplement l’ambition de donnerdes clés de compréhension.

Page 6: AREVA - Alternatives n°22

ÉLECTRON LIBRE

����

NUMÉRO 22 / ALTERNATIVES /11/ NUMÉRO 22 / ALTERNATIVES10

LES CRÉDITS CARBONE SON T-ILS EFFICACES ?

Le cap and trade est le meilleur processus pour atteindre desobjectifs globaux, à une échelle nationale ou continentale. ”

C’est précisément cela qui fait lasupériorité du cap and trade sur les taxes. Lorsque l’on met en placeun système où les émissions (ou les consommations) sont taxées, il est toujours possible de choisir depayer au lieu d’essayer d’atteindrel’objectif. Il suffit de regarder l’effetdes taxes sur les produits pétro-liers, essence et gasoil. Il est nul! EnEurope, et notamment en France, où ces taxes sont très lourdes, lesconsommateurs les ont finalementintégrées dans leur quotidien. Ilspaient, et les émissions liées autransport augmentent.

Éviter la surallocation de crédits carboneMais, pour qu’un système de créditscarbone fonctionne correctementd’un point de vue économique, il fautabsolument remplir une condition:ne pas allouer trop de quotas d’émis-sions aux entreprises concernées. Si un trop grand nombre de quotasest donné aux entreprises, celles-cin’ont aucun mal à remplir leursobjectifs sans changer leurs proces-sus de production. L’offre sur le mar-ché des crédits carbone dépasse lademande. Le prix de la tonne de CO2

s’effondre, et les entreprises qui ontdépassé leurs objectifs ne sont pasrécompensées de leurs efforts.Cela s’est produit sur le marché euro-péen en mai 2006. Après à peine un an d’existence, le cours du CO2,qui s’établissait entre 25 et 30 eurosla tonne, s’est effondré sous la barre

ZOOMLes marchésd’émissions Le premier grand marché d’échange de permis d’émissionsmis en œuvre a concernéle dioxyde de soufre(SO2) et les oxydes d’azote (NOx), rejetéspar les industries utili-sant des combustiblesfossiles, surtout le charbon. Ces deux polluants étaient directement responsa-bles des pluies acidesqui s’abattaient sur lesrégions industriellesdu Nord des États-Unis.En 1990, le législateuraméricain a donc votél’Acid Rain Program,qui, pour limiter lesémissions, a opté pourun système cap andtrade. En quelques années, les rejets deSO2 ont été réduits de 50 %, et les pluiesacides diminuent.

Est-il possible de réduire les émissions de gaz à effet de serre en donnant une valeur au CO2 ? C’est le principe même des crédits carbone. Leur avantage : ils fixent l’objectif à atteindre en laissant aux entreprises le choix des moyens.

Le 26 juin dernier, laChambre des repré-sentants des États-Unis a adopté le pro-jet de loi sur leclimat, dans lequell’État fédéral vise

une réduction des émissions de CO2 de 17 % en 2020 par rapportau niveau de 2005. Son principalins trument pour y parvenir sera unmarché national de crédits carbone,basé sur le cap and trade.

Un objectif atteint quoi qu’il arriveDe tous les processus pouvant être mis en œuvre pour réduire lespollutions atmosphériques, le capand trade est le meilleur si l’on veutatteindre des objectifs globaux, à uneéchelle nationale ou continentale.L’efficacité du système repose sur le cap, le fait de fixer un plafond d’émissions. Le trade signifie queles quotas sont des biens négocia-bles, échangeables sur un marché.Aucune entreprise ne peut dépasserses quotas, mais elle a le choix desmoyens: diminuer ses émissions enchangeant les processus de produc-tion, acheter des crédits carbone misen vente par les entreprises ayantdépassé leurs objectifs ou mettre enœuvre des mécanismes de dévelop-pement propres. Dans tous les cas,au final, sur l’ensemble des instal-lations concernées – 11 500 dansl’Union européenne –, le total desémissions diminuera.

Andrei Marcu est l’un desgrands spécialistes mondiauxdes marchés du CO2. Aprèsavoir fait ses armes chezl’hydroélectricien HydroOntario et participé auprogramme de développementde l’ONU, il est devenu le PDGde l’IETA, l’InternationalEmissions Trading Association,où, de 1999 à 2007, il a mis en place les bases des marchésd’échange d’émissions. Il a ensuite dirigé BlueNext, la Bourse internationale des crédits carbone, avant derejoindre le cabinet juridiquecanadien Bennett Jones.Andrei Marcu apporte, depuisseptembre dernier, sonexpertise à Mercuria EnergyGroup, une compagnie de trading énergétique.

L’AVIS DE ANDREI MARCU

Il ne faut pas se leurrer, limiter lesémissions de CO2 aura forcément uncoût. Et ce sera la société qui paiera.Reste à savoir quels secteurs et comment pondérer ce coût selon les individus ou les pays. Car lemême problème s’est posé lors du protocole de Kyoto, lorsque les pays en développement ont réclamé le droit à pouvoir dévelop-per leur économie. Des aménage-ments ont été trouvés, à la fois surles objectifs et sur les moyens (méca-nismes de développement propresou mises en œuvre conjointes, par exemple). À l’échelle d’un pays,il est aussi possible de trouver des arrangements: les Suédois ontmis en place, depuis 1991, une taxe carbone surla consommationd’énergie avec succès. Et la France,à son tour, vient d’opter pour unetaxe carbone sur les produits pétro-liers, le gaz et le charbon. Celle-civise les émissions diffuses, quisont justement exclues des marchésd’émissions. ■

de 1 euro. En cause, la publicationd’un premier bilan des émissionseuropéennes de CO2, qui montrait que les 11500 établissements avaient globalement atteint leurs objectifssans difficulté en raison de la sur -allocation des quotas.Mais ce krach ne remet pas en causele système des crédits carbone.D’abord, parce que le marché étaitencore jeune et toujours dans unephase de test, d’apprentissage.Ensuite, parce que l’effondrement des cours est la preuve que le marchéfonctionne et réagit exactementcomme il est censé le faire. En effet,dans cette période pré-Kyoto, laCommission avait alloué trop de quotas aux pays membres et, en définitive, aux industriels. Dans cecontexte, l’effondrement des coursétait la réaction normale du marchéà un signal.De même, le fait que la tonne de CO2

se négocie aujourd’hui autour de 15 euros est également une réactionà un signal : le ralentissement de

l’activité économique. Or, quand l’activité économique décline, le prix du CO2 suit. Mais les objectifs,quant à eux, restent valables, et lesémissions devraient quand mêmedécroître.

Les taxes, un système complémentairePourtant, aussi efficace qu’il soit, lecap and trade ne peut être l’uniqueréponse pour lutter contre les émis-sions de CO2. En Europe, il couvre, à l’heure actuelle, 40 % des émis-sions de CO2, en agissant sur lesénergéticiens et les industries lesplus consommatrices d’énergies fos-siles. Mais il n’est pas déclinable àcertains secteurs, où la pollution estdiffuse. Dans le transport, par exem-ple, il n’est pas possible de mettre enplace une telle contrainte.Pour ce secteur, comme pour le bâti-ment, un système de taxes adaptépourrait être efficace et incitatif. Va-t-il peser sur les activités ou lesconsommateurs les plus fragiles ?

Page 7: AREVA - Alternatives n°22

/ NUMÉRO 22 / ALTERNATIVES

Un guide pour mieux comprendre un phénomène naturel, une technique, un mécanisme…VV DÉCRYPTAGE

12

1. Turbine2. Barrage3. Niveau de haute mer4. Niveau de basse mer5. Fond de l’estuaire

ÉNERGIE MARÉMOTRICE

EN QUÊTE DE MATURITÉLES ÉNERG IES MARINES

Avec environ 71% de la surface terrestre recouverts par les océans, la «houille bleue» pourrait-elle constituer la plusvaste et la plus sûre ressource d’énergie? Un jour, peut-être… Mais il reste encore beaucoup à faire.

La ressource gigantesqueet intrinsèquement renou -velable que constituentles énergies marines estau cœur de l’actualité. La

mer étant toujours en mouvement,on doit parler d’«énergies marines»,au pluriel. Elles se répartissent enquatre filières principales :• l’énergie marémotrice, produitepar les marées ;• l’énergie houlomotrice, provoquéepar les vagues ;• l’énergie hydrolienne, portée parles courants ;• l’énergie thermique des mers, due à la circulation de masses d’eau de températures différentes.S’y ajoutent deux autres filières :l’énergie algale (voir encadré page 14),qui s’apparente davantage à uneforme spécifique d’agriculture de lamer, et l’énergie osmotique(1), tirantparti de la salinité.Mais, si les développements sont riches de promesses, les réalisationssont encore rares, et les équations économiques (exploitation versusrentabilité) très partiellement résolues.

La marée n’a pas attendu la haute technologieDepuis les premiers moulins à maréeinstallés au Moyen Âge dans les estuaires européens pour moudre legrain, les progrès ont été fort lents.Ainsi, la vénérable usine marémo-trice de la Rance (Côtes-d’Armor),avec ses 24 turbines pour une puis-sance installée de 240 MW, reste ladoyenne mondiale et la plus puis-sante usine marémotrice à ce jour.Le procédé est simple : les flux mon-tants et descendants circulent dansdes groupes bulbes constitués d’uneturbine associée à un alternateur. Lespales des turbines sont orientablespour exploiter la force des ma réesdans les deux sens, et les turbines,lorsqu’elles sont alimentées par leréseau, peuvent servir au pompagepour compléter le remplissage dubassin en amont du barrage. Mais,comme tout barrage, celui de laRance n’a pas manqué de provoquerdivers déséquilibres sur l’écosystème:envasement de l’estuaire, impact surles faunes piscicole et aviaire… Descraintes qui font hésiter, entre autres,

les Britanniques à lancer l’ambitieuxprojet d’une usine marémotrice géantesur la Severn, en Écosse, qui seraitdotée de 216 turbines avec 8,6 GW depuissance installée.

L’énergie houlomotrice doit encore faire ses preuvesL’exploitation du mouvement desvagues pour actionner un générateurd’électricité est séduisante, et les pro jets abondent, mais nombreuxsont ceux qui resteront sur la grève.L’énergie des vagues peut en effetêtre captée selon différents procédés.Des systèmes à oscillation, équipésde vérins pneumatiques ou hydrau-liques, intégrés dans des bouées,sont mis en mouvement par la houleet transmettent leur énergie à un générateur. D’autres systèmes à vérins,installés sur des digues artificielles,sont mus par le ressac. Ou encore,des capteurs de houle, immergéssous le fond sous-marin, envoientpar une canalisation de l’eau compri-mée vers des turbines à terre etactionnent celles-ci. Tous ces conceptssont en cours de développement, �

13NUMÉRO 22 / ALTERNATIVES /

ÉNERGIE HYDROLIENNE

ÉNERGIE HOULOMOTRICE

ÉNERGIE THERMIQUEDES MERS

1

23

1. Mouvements de la houle2. Rotor lié à un ressort3. Lien attachant la bouée au fond marin

1. Générateur électrique2. Rotation 1. Eau de mer chaude

2. Eau de mer froide3. Condensateur et évaporateur4. Turbine

4

5

1

2

1

2

3

1

4

3

2

Page 8: AREVA - Alternatives n°22

DÉCRYPTAGEVV PERSPECTIVES

NUMÉRO 22 / ALTERNATIVES / 15

Depuis Milet, en Grèce, jusqu’à Brasilia, les politiquesont recherché des cités utopiques, reflets d’uneorganisation sociale idéale.Aujourd’hui, ces villesrêvées intègrent égalementla préser vation de l’environ-nement. Un but qui devientaccessible, à condition de les concevoir commeun maillon de l’écosystème.

Un éclairage sur les tendances énergétiques futures

En explorant l’Amérique centrale,les conquistadors s’attendaient-ils à découvrir une civilisationurbaine ? Certainement pas.Tenochtitlán, la capitale de l’Em-

pire aztèque, était pourtant un véritablemodèle. Construite au centre d’un lac, on yaccédait par quatre digues artificielles. Elle abritait près d’un million d’habitantset était quadrillée de larges avenues recti-lignes débouchant surune place centrale carrée,où se trouvaient les tem-ples et le palais du roi.Que ce soit dans la civi-lisation précolombienne,dans la Grèce antique, avec la reconstruc-tion de Milet selon les plans de l’architecteHippodamos, dans le Brasilia édifié par Oscar Niemeyer ou la ville contemporaineimaginée par Le Corbusier, le plan de lacité cherche à traduire dans l’espace uneorganisation sociale et urbaine parfaite. De telles utopies ont-elles encore leur placeaujourd’hui ?Roderick Lawrence, Responsable du groupe

écologie humaine à l’université de Genève,parle d’axes de progrès, d’écosystème urbain.Mais pas d’utopies. Car, aux dimensionssociales, politiques et esthétiques de l’urba-nisme, sont venues s’ajouter deux nouvel-les priorités : abriter le plus de monde pos-sible tout en tenant compte des enjeuxplanétaires que sont le changement clima-tique, la perte de la biodiversité et la pro-motion de la santé publique.

C’est un virage indispen-sable. Depuis 2008, d’aprèsles études de l’ONU, plusde la moitié de la popula -tion habite en ville. EnEurope, plus des trois quarts

des Européens vivent en milieu urbain, etles villes s’étendent de plus de 5 % tous lesdix ans, soit l’équivalent de trois fois la surface du Luxembourg, selon l’Agenceeuropéenne pour l’environnement (AEE).

Réduire l’empreinte énergétiqueCet étalement de la ville rime avec augmen -tation des trajets : les kilomètres parcourussur la route dans les zones urbaines �

14 / NUMÉRO 22 / ALTERNATIVES��

(( ((

Plus de 75 % desEuropéens viventdans les villes. “ ”

� mais aucun n’a véritablement fait sespreuves. Des progrès restent donc encoreà faire pour que cette source d’énergie nedevienne pas un « serpent de mer », à l’imagedu projet Pelamis (serpent en grec), premièrecentrale houlomotrice au monde inaugu-rée sur la côte portugaise en novembre2008, mais qui a dû être démontée au printemps 2009 en raison de problèmestechniques récurrents.

L’efficacité avéréedes hydroliennesPlus classiques, en revanche, sont leshydroliennes, transposition sous-marinedes éoliennes à terre ou en mer. Avec unedensité de l’eau 800 fois supérieure àcelle de l’air, les pales des turbines secontentent de faibles courants (environ 3 m/s) pour entraîner les rotors des géné-rateurs d’électricité. Autre avantage : lagrande compacité des hydroliennes encomparaison de leurs homologues à l’airlibre. Ainsi, pour une puissance d’1 MW,les pales d’une hydrolienne développe-ront un diamètre de 16 m, contre 60 pourune éolienne en pleine mer. Enfin,

comme elles sont immergées, leur discré-tion est indiscutable, et le cycle des marées les rend plus régulières en termesde production par rapport aux sautes devent que subissent leurs homologues aériennes. Mais leur installation et leurmaintenance en milieu sous-marin nesont pas les moindres inconvénients surles plans technique et financier.

Un rendement encore faible pourl’énergie thermique des mersSi, à 20000 lieues sous les mers, la tem-pérature de l’eau est autour de 4 °C, ellepeut atteindre jusqu’à 28 °C en surfacesous les latitudes tropicales. Et le principede l’échange thermique générateur d’élec-tricité en mer – qui n’avait pas échappé àJules Verne – se révèle là aussi un formi-dable réservoir d’énergie, pour l’instanttoujours inexploité. Sur le principe de lapompe à chaleur, l’eau chaude prélevée

en surface fournit la chaleur nécessaire àla formation de vapeur, tandis que l’eaufroide pompée à quelques centaines demètres de profondeur assure la condensa-tion. Certes, les surfaces des mers tropi-cales sont immenses (plus de 60 millionsde km2), et la conversion par le procédéETM(2) de cette ressource d’origine solairepermettrait la production de 100000 TWhd’électricité par an. Mais le faible diffé-rentiel des températures n’offre qu’unmaigre rendement de l’ordre de 2,7%, etle transport par câble sous-marin supposed’importants investissements. ■

@�

Des utopies aux

ÉCOSYSTÈMES URBAINS

✔ Créé en 2000, le quartier de BedZED (près de Londres) allie une soixantaine de logements à 2300 m² de bureaux, démon-trant ainsi qu’il est possible d’aménager des espaces de vie et de travail en cohérenceavec les principes de développement durable.

Les microalgues, carburant de troisième génération?La capacité des microalgues à accumuler près de 80 % de leur poids en acides gras (transformablesen carburant après raffinage) produirait un rendement à l’hectare près de 30 fois supérieur aux oléagineux, outre des récoltes en continu tout au long de l’année et des sous-produits valorisables(engrais, aliments pour bétail, combustibles…). Leur culture intensive permettrait de produire un biocarburant alternatif aux agrocarburants de première génération (végétaux alimentaires comme leblé, le maïs, le colza, etc.) et de deuxième génération (bois, déchets agricoles…), et ce, sans menacerles réserves vivrières ni favoriser la déforestation. Abondamment présentes dans les océans, les fleuves, les rivières et les plans d’eau, elles n’ont besoin pour croître que de soleil, d’eau et… de gaz carbonique (CO2). Un recyclage tout trouvé pour ce dernier, qui pourrait être récupéré à partirdes effluents industriels. Carburant idéal? Peut-être. Mais l’exploitation de la biomasse algale n’enest qu’au stade du laboratoire. La sélection des variétés les plus aptes à une culture à grande échelle(moyennant le recours aux OGM…) et le choix de procédés de raffinage industriels économiquementviables ne permettront pas, de sitôt, de faire le plein avec ce très prometteur biocarburant.

(1) L’énergie osmotique exploite l’augmentation de la pression lors de la migration d’une eau douce vers une eau salée, lorsque celles-ci ne sont séparées que parune très fine membrane semi-perméable. Cette pression actionne une turbine, qui sert à créer un courant électriqueà hauteur de 1 MW pour un débit de 1 m3/s.

(2) Énergie thermique de la mer, OTEC/Ocean ThermalEnergy Conversion en anglais.

• Énergie osmotique:http://www.statkraft.com/energy-sources/osmotic-power• Énergie houlomotrice:brochure WESRF surhttp://eecs.oregonstate.edu/wesrf• Énergie hydrolienne:http://www.sabella.fr• Énergie marémotrice:http://www.reuk.co.uk/Severn-Barrage-Tidal-Power.htmhttp://www.edf.fr/html/en/decouvertes/voyage/usine/retour-usine.html• Énergie thermique des mers:http://www.nrel.gov/otec• Énergie algale:http://www-sop.inria.fr/comore/shamash/Cadoret_Bernard_BiodieselMicroalgues_2008.pdf• Sur le contexte français des énergies marines, un dossier très complet:http://www.enerpresse.com/pdf/Dossier_Energies_Marines_Renouvelables.pdf

Installée en 2008, la centrale électriqueavec turbine double deMarine Current TurbinesLtd., appelée SeaGen,produit 1,2 MW d’élec -tricité pour environ 800 maisons dans les secteurs de Portaferry et Strangford en Irlandedu Nord.

L’énergie houlomotrice Le potentiel énergétique des vagues est considéré commetrès prometteur, car les installations, dès lors qu’ellessont flottantes et non pas immergées, sont notammentplus facilement réalisables que celles des autres filières.Le potentiel est estimé entre 1,3 et 2 TW(1), et pourraitdonc atteindre près de la moitié de la puissance électriquemondiale installée (4 TWe selon l’AIE).(1) 1 TW = 1000 milliards de watts.

ZOOM

Page 9: AREVA - Alternatives n°22

� devraient croître de 40 % entre 1995 et2030 en Europe, selon l’AEE. Et les émissionsde CO2 vont suivre. Le recours à des véhi-cules économes en énergie n’y suffira pas.Il faudrait changer nos modes de déplace-ment (cf. dossier Alternatives n° 20). Maiscomment faire ? « Les villes du XXe siècle ontété construites pour favoriser le transport indi-viduel. On tente aujourd’hui d’inverser lephénomène, en instaurant par exempledes péages urbains, comme à Singapour ouà Londres », rappelle Roderick Lawrence.Il faudrait aussi revoir les plans des villes.Certains proposent de revenir aux villes com-pactes, denses. En théorie, les distances ysont réduites, les transports optimisés, et l’ef-ficacité énergétique meilleure. Mais jusqu’oùpeut-on pousser cette densité ? « L’écologiehumaine nous indique qu’en matière d’urba -nisation, il n’y a pas de normes absolues, queles différences culturelles sont extrêmementimportantes », répond Roderick Lawrence.

NUMÉRO 22 / ALTERNATIVES / 17

PERSPECTIVES

/ NUMÉRO 22 / ALTERNATIVES16��

Le monde anglo-saxon a poussé très loin lapériurbanisation, tandis que l’Europe conti-nentale a construit des villes plus denses – jusqu’à 20000 habitants/km² dans Parisintra-muros. Cette densité, certains urba-nistes, architectes et politiques la plébisci-tent à nouveau. Et les tours réapparaissentau travers d’ambitieux projets urbains.

Le grand retour des toursÀ Shanghai, c’est ainsi un gratte-ciel futuristepouvant loger 100000 personnes sur 1 km2

qui pourrait voir le jour d’ici quinze ans. Cette « tour bionique » conçue par trois archi-tectes espagnols atteindrait 1228 m sur envi-ron 300 étages. Une réponse aux besoins dela Chine, dont l’urbanisation s’emballe.D’autres projets plus réalistes voient le jour. Les architectes, associés aux énergéticiens, aux ingénieurs et aux industriels, planchent surdes bâtiments à énergie positive, capables defournir plus d’énergie qu’ils n’en consomment.L’architecte Jacques Ferrier a ainsi développé,à la demande de Lafarge, le concept Hypergreen,présenté en 2007: une tour de 246 m, inté-grant 3000 m² de panneaux photovoltaïques,des éoliennes et une résille de béton hauteperformance, qui couvre la surface du bâtimentet favorise l’utilisation de la lumière naturelle.

Autant d’outils technologiques qui la rendent,théoriquement, autonome à 70 % en énergie.S’ils poursuivent le même but – réduire l’em-preinte énergétique de la ville –, les concepteursdes écoquartiers proposent un autre modèle.

Le cas exemplaire mais privilégié des écoquartiersLà où les tours battent des records de hau-teur et de densité, les écoquartiers, eux, pro-posent un modèle plus aéré, à dimensionhumaine, où les habitations sont entouréesde verdure. Les écoquartiers misent eux aussisur une énergie propre, le plus souvent solaire,des matériaux et des bâtiments innovants,économes en énergie, et un plan de déplace-ment revu et corrigé pour favoriser le vélo,la marche à pied et les transports en commun.C’est notamment le cas de BedZED, au sudde Londres, des quartiers Vauban à Fribourg,Vesterbro à Copenhague et Eva-Lanxmeer àUtrecht. De beaux exemples, qui restent mal-gré tout très chers et dont les habitations sont

((((

16

C’est dans le désert qu’il faudra chercher les citésidéales de demain. Aux Émirats arabes unis, AbuDhabi a ainsi annoncé en 2006 un investissementde 10 milliards d’euros dans une ville écologiquemodèle, baptisée Masdar (la source en arabe). Conçuepar le cabinet britannique de design et d’architec-ture Foster and Partners, cette cité carrée, d’unesurface de 6 km², sera érigée en plein désert etdevrait être, sur le papier, la première ville au mondesans émissions de carbone, sans déchets et sansvoitures. Les 50 000 habitants qu’accueillera Masdar en 2016 seront protégés des vents chaudsdu désert par de hauts murs entourant la ville. Ils se déplaceront à pied, à vélo et en tramwaypour les grandes distances. Pour ses besoins éner-gétiques, la ville aura surtout recours à l’énergie

solaire et aux biocarburants fournis par les culturessituées à l’extérieur des murs. Celles-ci seront irriguées par les eaux recyclées de la ville.L’an dernier, Dubaï a mis la barre plus haut encoreen présentant un projet de ville-pyramide, qui pour-rait accueillir 1 million d’habitants sur une surfaceau sol de 2,3 km². Elle abriterait aussi des espacesverts cultivables, un système de transport per-mettant de se déplacer sur les trois axes de la ville– à l’horizontale et à la verticale – et serait recou-verte de panneaux solaires. Le vent s’engouffrerait dans les interstices de la structure pour renouvelerl’air et actionner des éoliennes. Mais la ziggouratest encore un concept. Pour la réaliser, il manqueencore les technologies permettant de mettre enœuvre le système de transport à trois axes.

Les Émirats arabes unis, nouveau laboratoire des cités utopiques

UTOPIEMot forgé par l’humaniste anglais Thomas More au XVIe siècle, à partir du grec ou-topos, « nulle part » et eu-topos, « lieu de bonheur ». Dans son ouvrage L’Utopie, ce philosophe, qui fut aussi le chancelier du roi Henri VIII, baptise ainsil’île sur laquelle il place sa civilisation rêvée, un idéal d’ordre moral et de justice sociale.

mot

à m

ot

tables par l’homme », insiste Nathalie Blanc.Pour ce faire, elle travaille notamment surles trames vertes: un réseau végétalisé, tissésur la ville, qui assure une continuité entredifférents espaces verts (parcs, forêts…). Maisce n’est pas son seul rôle. « Le tracé végé-talisé doit rendre autant de services que pos-sible, en assurant des relais de biodiversité,en captant le CO2 et en favorisant des modesde transport plus écologiques (marche à piedou vélo) », explique Nathalie Blanc. La trameest constituée de promenades plantées, depieds d’arbres aménagés, de toits végétalisés…Autant de « corridors » qui assurent un lienentre des espaces protégés, des parcs.Ces axes de recherche, qui visent à réinté -grer la nature au sein de la ville, sont baséssur une utopie ancienne: la cité-jardin, har-monieuse et assurant à la ville son autosuffi-sance. Pour Nathalie Blanc, elle revient surle devant de la scène. « Le discours, aujour-d’hui, amène à la réintroduction de l’agri -culture en ville », confirme Roderick Lawrence.Des expériences ont déjà été réalisées à Singapour, où des potagers collectifs ont étéimplantés sur les toits des bâtiments. Aux Pays-Bas, certains projets visent à construire desimmeubles intégrant des bâtiments potagerset d’autres consacrés à l’élevage de volailles.

L’eau au cœur des nouveaux enjeuxSur cette trame verte vient se superposerune trame bleue. Car il s’agit aussi de réin-tégrer l’eau dans les villes. « De grandes erreursont été commises par le passé. L’enjeu autourdu cycle de l’eau n’est pas seulement esthé-tique ou écologique, il s’agit aussi d’éviter lesinondations », rappelle Roderick Lawrence.Ainsi, à Séoul, en Corée du Sud, il a été décidéen 2003 de supprimer une autoroute construitesur la rivière Cheonggyecheon dans les années1960. Aux 168000 véhicules circulant chaquejour sur la route construite au-dessus de larivière, le maire de Séoul a préféré un coursd’eau renaturé, avec des promenades réamé-nagées sur les deux rives, sur une longueurde presque 6 km. Le ministère des Transportsa profité de ce vaste chantier pour revoir le réseau de Séoul. En privilégiant les déplacements multimodaux, mais aussi en construisant de nouveaux axes routiers : plusde 1000 km sont à construire d’ici à 2020. Maispas sur des rivières, cette fois-ci. ■

✔ Le concept de la tour Hypergreen, haute de 246 m avec une surface exploitable de 94000 m², accueillerait commerces, bureaux, logements, espaces verts, loisirs et parkings.

encore réservées à quelques privilégiés, sou-lignent leurs détracteurs.

L’incontournable nécessitéd’intégrer la biodiversitéTours ou écoquartiers, c’est l’efficacité énergé-tique qui motive les changements. Pourtant,la maîtrise de l’énergie n’est pas le seul axe àreconsidérer. « Il est urgent de tenir compte de labiodiversité dans nos villes », insiste NathalieBlanc, Directrice de recherche au CNRS, au seindu Ladyss (Laboratoire dynamiques sociales etrecomposition des espaces). Selon un rapportpublié par le Earth Policy Institute, le XXIe sièclesera celui de la sixième extinction massivedes espèces. La dernière en date, celle du Crétacé, a balayé les dinosaures. Mais, d’aprèsce rapport, d’ici à 2100, c’est plus de la moitiédes espèces qui pourraient disparaître. Et, pourla première fois, à cause de l’homme, respon-sable de la dégradation de leur habitat. « Nousdevons désormais construire des es paces partagés, qui ne soient pas seulement habi-

✔Le projet ziggourat, initié à Dubaï, tire son nom des anciennespyramides de la Mésopotamie.

✔ Le projet d’écoquartier Eva-Lanxmeerest né de l’initiative de Marleen Kaptein, qui, en guise de travail de fin d’études, a conçu un projet de quartier durable.

Page 10: AREVA - Alternatives n°22

/ NUMÉRO 22 / ALTERNATIVES18

L’ESSENTIEL�� KIOSQUE Lire, voir, découvrir

��

19NUMÉRO 22 / ALTERNATIVES /

INTERNET LES SITES POUR EN SAVOIR PLUS SUR LES SUJETS DE CE NUMÉRO

Après l’Italie et la Suède, c’est au tour de la Finlande de passer aux smart grids. L’électricien nationalFortum prévoit d’investir 170 mil -lions d’euros pour installer 550000compteurs intelligents d’ici à 2013et déployer en parallèle un réseauintelligent. Les compteurs fournispar la société espagnole Telvent etl’infrastructure installée par l’amé-ricain Echelon permettront le suivide la consommation en temps réel,

la consultation sur Internet et lecouplage du compteur avec certainsappareils électriques. Le marché descompteurs intelligents pèse déjà 8 milliards de dollars et pourraitdoubler dans les prochaines années,selon une étude publiée par Capge-mini en juin dernier. Celle-ci prévoitque 25 à 40 % des foyers européensseront équipés de compteurs intel-ligents d’ici à 2012, contre 6 %aujourd’hui. ■

La Finlande à l’heure des compteurs intelligents

RÉSEAUX ÉLECTRIQUES

BIOÉNERGIES

Du carburant à partir d’algues et de CO2

Le chimiste américain Dow Chemi-cal et la start-up Algenol Biofuelsviennent de s’associer dans la construction d’une bioraffineried’un nouveau genre. Cette unité,qui sera basée sur le site indus-triel de Dow, à Freeport, au Texas,produira de l’éthanol à partir duCO2 provenant des usines chi-miques. Le réacteur ? Des algues.La réaction? La photosynthèse, tout

simplement. Les algues, plongéesdans de l’eau de mer saturée de CO2,produiront de l’eau douce, de l’oxy-gène et de l’éthanol. Pour un prixmodique : 1 dollar le gallon, soit26 cents le litre. C’est du moinsce que devrait prouver l’usine dedémonstration, à partir de laquelleles deux partenaires entendent produire 350 000 litres de biocar-burants par an. ■

Algenol Biofuels dispose de40 bioréacteurs en Florideet prévoit, dans le cadre dece projet de démonstration,d’en avoir plus de 3000répartis sur 10 ha.

La déferlante de l’énergie bleue www.alternative-energy-news.info/technology/hydro/tidal-powerSite en anglais //

Sans doute la pêche aux infos la plus complète sur les énergies marines. Ce site généraliste collecte

en effet sur la toile une somme incomparable d’informations: réalisations, constructeurs, contrats, programmes de recherche, décisions politiques, plus des forums d’internautes sur le sujet. Il offre en outre l’intérêt majeur d’illustrer par des clips vidéo la plupart des technologies présentées (sur YouTube).

Imaginer l’énergie pour la ville www.imagineyourenergyfuture.eu/exhibition/spip.php?rubrique2 Site en anglais et en français //

Seize territoires montrent la voie du futur énergétique de l’Europe et se mettent en scène. Une exposition vendue

en kit prêt à l’emploi sur ce site réalisé avec le soutien de l’Ademe, sous l’égide d’Énergie-Cités(1), détaille les réalisations innovantes de chacun de cesterritoires, qui ont été sélectionnés pour leur volontarisme et… leurs résultats !Le site propose également son aide à toute municipalité désireuse d’en faireautant. Une initiative inédite et une pédagogie immédiatement opérationnelle.

De Kyoto à Copenhaguewww.ipcc.chSite en anglais, arabe, chinois, espagnol, français et russe //

Décliné en six langues, le cri d’alarme du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) n’est pas resté sans écho. Son Président,

le Dr Pachauri, a en effet partagé le prix Nobel de la paix, en 2007, avecl’ancien Vice-Président américain Al Gore. Très complet, ce site officieldonne gratuitement accès à la plupart des (très) nombreux rapports éditéspar les groupes de travail depuis la fondation, en 1989, de cette institutionqui dépend directement du Secrétariat général de l’ONU. C’est d’ailleurs le deuxième rapport du GIEC sur le réchauffement climatique, en 1995, qui a ouvert la voie à l’adoption du protocole de Kyoto, deux ans plus tard.

Pour « décarboner » la planète www.savetheplanet.co.nz/carbon-wave-power.html Site en anglais //

Pour dissiper les idées fumeuses sur le carbone, rien de tel qu’un site bien renseigné, offrant de surcroît un nombreincalculable de liens sur le sujet. Un site qui explique tout

ce qu’il faut savoir sur les crédits carbone, mais aussi sur les niveaux d’émission,les politiques nationales en matière de réduction de ces émissions et qui présente de nombreuses études de cas. Bref, le tour d’une planète qui pourraitêtre idéale… pour peu que l’on s’engage activement à la « décarboner ».

LIVRES

L’épuisement des réserves mondiales de pétrole et de gaz et le réchauffement climatique imposent à laplanète une réorientation profonde de ses politiquesénergétiques et relancent le débat sur le nucléaire,indispensable recours pour certains, option dange-reuse pour d’autres.

Dans ce livre, l’auteur aborde les dix grandes questions qui formentaujourd’hui le cœur du débat nucléaire. Sur ses avantages tangibles comme sur ses aspects les plus controversés, il entend apporter auxcitoyens concernés des éclairages, des explications, des argumenta -tions… Bref, les repères essentiels capables de constituer autant de « clés pour comprendre » et pour juger. Sans jargon, sans langue de bois et sans craindre de bousculer bien des idées reçues…

À rebours du consensus majoritaire, Ian Plimer, professeur de géologie à l’université d’Adélaïde(Australie), soutient vigoureusement que « l’hypothèse que l’activité humaine est responsabledu réchauffement climatique (…) est contraire à ce que nous apprennent la physique solaire,l’astronomie, l’histoire, l’archéologie et la géologie ». À l’appui de sa thèse, l’auteur souligne,par exemple, que les pôles ne sont recouverts de glace que sur les derniers 20 % de notreéchelle géologique (4,5 milliards d’années), que le CO2 dans l’atmosphère ne représente que0,001 % des quantités présentes dans les océans, ou encore que les cycles chauds ont toujourscorrespondu à des périodes de richesse et d’abondance… Et d’ajouter malicieusement que les tenants « du fondamentalisme moderne » sur le réchauffement climatique vivent – commepar hasard – dans des sociétés d’opulence ! Une position qui peut paraître iconoclaste, maisdont le mérite est de rappeler que la rigueur scientifique fait trop souvent défaut, surtoutlorsque, comme le prétend l’auteur, les gouvernants manipulent à souhait les données statistiques sur le climat pour alourdir la fiscalité ou renforcer le protectionnisme…

Le nucléaire en questionLe nucléaire et la planète: 10 clés pour comprendre

Par Francis Sorin – éditions Grancher – octobre 2009 – 312 pages – 20 euros

Une autre position sur le réchauffement climatiqueHeaven and Earth – Global Warming: the Missing Science

Par Ian Plimer – Quartet Books – mai 2009 – 360 pages – 25 livres (environ 29 euros)sur le site www.quartetbooks.co.uk (site en anglais uniquement)

(1) Association de collectivités locales européennes qui promeut les politiques d’énergies durables locales. Pour en savoir plus: www.energie-cites.eu.

Du soleil pour extraire l’or noir PÉTROLE

Le spécialiste américain du solairethermique BrightSource Energy s’apprête à installer plus de 7 000miroirs sur un champ de pétroleappartenant au groupe Chevron, en Californie. Le but ? Concentrerl’énergie solaire sur un réservoird’eau de 90 m de haut. La vapeur ainsiproduite sera injectée dans leréservoir souterrain pour chauffer

et fluidifier le pétrole, et doper ainsila production. D’ordinaire, la vapeurd’eau est obtenue en brûlant du gaz naturel ou même une partie du pétrole. Si cette unité, qui sera construite courant 2010, s’avère effi-cace, elle pourrait servir de modèleà d’autres centrales thermiques du même genre, sur des champs de Chevron ou d’autres pétroliers. ■

TRANSPORTS

Des ferrys solaires dans la baie de Hong KongDepuis novembre 2009, c’est le soleilqui propulse certains des ferrysqui traversent la baie de Hong Kong.Les quatre bateaux, livrés par legroupe australien Solar Sailor auHong Kong Jockey Club, sont équipésde panneaux solaires, qui peuventfournir jusqu’à 75 % de l’énergienécessaire à leur déplacement.

Le complément est assuré par unmoteur Diesel. Ces ferrys relientHong Kong à un golf situé sur l’îlotde Kau Sai Chau. D’après leur constructeur, l’utilisation de chaquebateau équipé ainsi per mettrait d’économiser 6 millions de dollarsde carburant sur quinze ans. ■

Page 11: AREVA - Alternatives n°22

/ NUMÉRO 9 / ALTERNATIVES04

✔ EGYPTEUm appetebatab civit eratinter fectusconvo cat issuis clientib

EÉnergie nucléaire et non-proliférationLe développement de l’énergie nucléaire civile accroît-il les risques de prolifération des armements nucléaires ? Jusqu’à ce jour, aucun pays ayant choisi de développer cettetechnologie à des fins militaires ne l’a fait en détournant des matières ou des installationsciviles sous contrôle de l’Agence internationale de l’énergie atomique. On peut comprendrenéanmoins que la renaissance du nucléaire civil et son extension à de nouveaux pays posent avec acuité la question de la sûreté, de la sécurité et du régime international de non-prolifération. Même si cette technologie n’est pas adaptée à tous les pays, de nouveaux États pourront néanmoins s’en doter pour produire de l’électricité ou dessalerl’eau de mer grâce à la coopération internationale. Sans pour autant disposer d’une industrienationale de l’enrichissement ou du traitement des combustibles usés.

E

le prochain numéro… Dans le prochain numéro… Dans le prochain numéro… Dans

Vos questions… et nos réponses

buer à la propulsion de vaisseaux spatiaux pour de très longues missions.Or, ces dernières demeurent hors de portée de la propulsion chimiquetraditionnelle. Une technique, testée avec succès en 1998 par la NASApour la sonde Deep Space 1, a consisté à augmenter l’énergie de l’agentpropulsif par une source extérieure, fournissant graduellement à l’enginspatial la vitesse nécessaire pour voyager à travers le système solaire.Le système de propulsion fonctionne en ionisant des atomes de xénonà partir de l’énergie fournie par les grands panneaux solaires. Les ionssont alors expulsés vers la tuyère par de forts champs électriques. Mentionnons également les « voiles solaires », qui exploitent l’énergiedes photons qui viennent les percuter. Mais les contraintes de leurtaille et de leur déploiement ne sont pas entièrement résolues.

Le CO2, ce «pestiféré»…À longueur de colonnes (mais vous n’êtes pas les seuls…), vous chargez le CO2 de tous les maux. N’y a-t-il pas moyen d’en faire au contraire une ressource et de l’exploiter par exemple en chimie,dans la fabrication de matériaux ?

De nombreux scientifiques se posent effectivement la question, commeen témoigne le programme lancé en Allemagne par le ministère fédéral de l’Enseignement et la Recherche sur les procédés chimiqueset l’utilisation matérielle du CO2. Les chercheurs sont appelés à déve-lopper des procédés utilisant le CO2 comme produit chimique de base.Est ciblée en particulier la production de polymères de qualité supé-rieure pour la fabrication d’isolants, de matériaux d’emballage, ainsique pour la construction automobile. Par ailleurs, le CO2 est utilisédepuis longtemps pour la synthèse de l’urée comme fertilisant. On nepeut qu’espérer que ces pistes de recherche contribueront à alléger lebilan négatif des émissions de CO2.

Le nucléaire, une industrie sans carbone?Lorsque l’on dit que le nucléaire est une énergie sans CO2, n’est-on pasun peu trop vertueux? Ou bien considère-t-on comme négligeablela part de CO2 générée par l’extraction, le transport du minerai, la construction et l’exploitation des sites d’enrichissement et deretraitement ?

INTERACTIF

Comparé aux énergies fossiles (gaz, charbon, pétrole), le nucléairedemeure, avec les énergies renouvelables, l’énergie la moins émettricede CO2. Avec 15 % du mix énergétique mondial, le nucléaire évite chaque année l’émission de 2,2 milliards de tonnes de CO2, soit 10%des émissions mondiales.L’industrie nucléaire utilise effectivement des énergies fossiles depuisl’extraction du minerai jusqu’à la livraison du combustible à sesclients, ainsi que pour le fonctionnement de ses sites industriels et ter-tiaires. Ces « externalités » (coûts associés à l’impact environnementaldû à la production et à l’exploitation) sont cependant dûment comp-tabilisées par les industriels. Outre des programmes de réduction desémissions de gaz à effet de serre qu’elles génèrent, elles sont intégra-lement compensées, notamment par le financement de projets dans labiomasse, l’hydroélectricité… Cette démarche permet d’obtenir un BilanCarbone des activités qui reste totalement neutre.

Énergie solaire et propulsion spatialeVous n’évoquez l’utilisation de l’énergie solaire spatiale que pourdes applications terrestres, alors que sa première application concernela production d’énergie pour les stations spatiales. Et qu’en est-ilpour la propulsion spatiale ?

Outre la production d’électricité pour les stations spatiales que vous mentionnez très justement, l’énergie solaire peut effectivement contri-

ÉCRIVEZ-NOUS :

?@ alternatives @publicorp.fr

Cette rubrique étant la vôtre, vous êtes invité(e) à nous faire part de vos interrogations. Nous y répondrons au fil des prochains numéros.

Magazine Alternatives // T.M.S. // BP 71 - 93402 Saint-Ouen Cedex - France

(Source : Observatoire de l’énergie)

Charbon978Pétrole

891Gaz883

Hydraulique4

Nucléaire8

Éolien22

Nucléaire et renouvelable

Gaz cyclecombiné

427

0

100

200

300

400

500

600

700

800

900

1 000

1 100

(Source : AEN, Risques et avantages de l’énergie nucléaire, 2007)

Émis

sion

de

CO

2 en

gra

mm

e/kW

h(c

onst

ruct

ion

et f

onct

ionn

emen

t)

Solairephotovoltaïque

150