ARCHITECTURE ET PATRIMOINE - La préfecture de Police · 2, place Mazas, le long du quai de la...

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LE MAGAZINE DE LA PRÉFECTURE DE POLICE n°112 juillet 2015 trimestriel 5,25 ARCHITECTURE ET PATRIMOINE LES TRÉSORS DE LA PRÉFECTURE DE POLICE

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L E M A G A Z I N E D E L A P R É F E C T U R E D E P O L I C E

n°112 juillet 2015 trimestriel 5,25 €

ARCHITECTUREET PATRIMOINELES TRÉSORS DE LA PRÉFECTURE DE POLICE

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ARCHITECTURE ET PATRIMOINE L’ARCHITECTURE ET LA SÉCURITÉ, TOUT UN PROGRAMME !

LES TRAVAUX D’HERCULE Qu’il s’agisse d’établissements recevant du public ou de bâtiments privés, les architectes de sécurité sont incontournables à chaque étape de vie des grands projets. Jurys de concours, choix de projets, conception de plans, permis de construire, autorisation d’ouverture au public, suivi des évolutions des bâtiments selon les réglementations et ce, jusqu’à une éventuelle disparition ou démolition d’un édifice… rien de cette odyssée ne leur échappe. LP / SB

P our chaque projet architectural d’envergure qui se construit à Paris, les défis à relever sont colossaux compte tenu des espaces contraints, de la densité de population et des restrictions économiques de la capi-

tale. C’est aussi cette difficulté qui rend le travail des architectes de sécurité passionnant, avec comme éter-nelle devise : « garantir la sécurité, tout en respectant le patrimoine ».

Si de nouveaux édifices émergent de terre comme la Philharmonie ou la fondation Vuitton, cependant, en raison du manque d’espace parisien, la majorité du travail des architectes de sécurité porte sur l’amélioration du patrimoine existant. Tels le Phénix, de nombreux bâti-ments renaissent de leurs cendres pour une seconde vie, comme le centre culturel 104, ancien service des pompes funèbres. Le pavillon Baltard, la Samaritaine, la prison de la Santé, le Grand Palais, le musée Picasso sont autant de rénovations monumentales d’ouvrages exceptionnels qui

nécessitent des solutions toujours plus audacieuses et des commissions de sécurité tout aussi complexes (sécurité incendie, accessibilité pour les personnes handicapées, flux des visiteurs ou du public…). Être confronté à des matériaux singuliers tels que le métal pour le Carreau du Temple, devoir gérer les mouvements de foule sur des sites ouverts durant des mois sur des chantiers, comme lors de la restructuration de la gare Saint-Lazare ou de la construc-tion de la Canopée des Halles qui continue de recevoir 700 000 usagers par jour, représentent des défis titanesques. Entre prouesses techniques et contraintes permanentes, les architectes de sécurité inventent de nouvelles solu-tions ad hoc pour chaque construction ou rénovation.Regards sur huit projets stars parisiens, quatre construc-tions nouvelles : la fondation Vuitton, la Philharmonie, le Tribunal de Grande Instance, la Canopée des Halles, et quatre restructurations de bâtiments existants : le Carreau du Temple, le 104, la gare Saint-Lazare et la Monnaie de Paris.

La réinstallation de « L’Écoute », sculpture en grès de près de 50 tonnes, devant la façade sud de l’église Saint-Eustache. SemPariSeine© FRANCK BADAIRE PHOTOGRAPHE

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Gare Saint-Lazare.© PRÉFECTURE DE POLICEIwan Baan for Fondation Louis Vuitton © IWAN BAAN 2014 © GEHRY PARTNERS LLP

Canopee SemPariSeine© FRANCK BADAIRE PHOTOGRAPHE

Hôtel de la Monnaie © PRÉFECTURE DE POLICE

Philharmonie© BEAUCARDET

Futur tribunal de grande instance de Paris © RPBW

Carreau du Temple © PRÉFECTURE DE POLICE

Le 104 © PRÉFECTURE DE POLICE

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ARCHITECTURE ET PATRIMOINE L’ARCHITECTURE ET LA SÉCURITÉ, TOUT UN PROGRAMME !

LA FONDATION VUITTON UN BIJOU DANS UN ÉCRIN DE CRISTAL

CRÉÉE À L’INITIATIVE DE BERNARD ARNAULT EN 2006 PAR LE GROUPE LVMH, la Fondation Louis Vuitton a pour ambition de promouvoir la création artistique. Le bâtiment, situé dans le bois de Boulogne, à Paris 16e, a été imaginé par l’architecte américano-canadien Frank Gehry (Musée Guggenheim de Bilbao). Constitué de douze immenses voiles de verre, il s’inscrit dans la longue tradition des architectures de verre comme celle du Grand Palais. Préalablement au dépôt du permis de construire en 2007, de nombreuses présentations et réunions techniques ont eu lieu entre les porteurs du projet et les services techniques de la préfecture de Police compte tenu du caractère atypique de la construction.

Au terme de deux visites de la commission de sécurité, l’ouverture de cet établissement, susceptible de recevoir jusqu’à 3 500 personnes, a été autorisée par arrêté préfectoral le 16 juin 2014. L’apport technique des architectes de sécurité, avec le concours du laboratoire central de la pré-fecture de Police et de la brigade de sapeurs-pompiers de Paris dans le cadre du pôle de compétence « Sécurité et Accessibilité », aura permis de faire face aux enjeux techniques hors du commun de ce projet unique. Construite de 2008 à 2014, la Fondation Louis Vuitton a été inaugurée le 20 octobre 2014 et a ouvert ses portes au public le lundi 27 octobre 2014.

Les salles d’exposition établies en majorité en partie basse de cet édifice de plus de 40m de haut au total, sont complétées par des promenades extérieures s’insinuant entre les émergences de ces salles.Appelées « iceberg », celles-ci sont protégées par d’immenses voiles verrières. © IWAN BAAN 2014 © GEHRY PARTNERS LLP

Détail des ailes de verre, Iwan Baan for Fondation Louis Vuitton. © IWAN BAAN 2014 © GEHRY PARTNERS LLP

Maquette, exposition Frank Gehry © GEHRY PARTNERS LLP

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LA PHILHARMONIE LA VILLETTE ENCHANTÉE

SITUÉE À PROXIMITÉ DE LA GRANDE HALLE DE LA VIL-LETTE, la Philharmonie a ouvert ses portes le 14 janvier 2015. Créa-tion de l’architecte Jean Nouvel, cet établissement culturel qui peut accueillir plus de 8 000 personnes est un lieu de vie où se croisent artistes et public. Ce complexe se compose notamment d’espaces de répétition, de zones de restauration, de salons de réception ainsi que de salles de cours, de conférences ou encore d’exposition. L’atout majeur de ce lieu reste sa salle de concert d’une capacité de presque 2 500 places, aménagée avec un équipement acoustique de pointe considéré comme l’un des meilleurs du monde, au service notam-

ment de l’Orchestre de Paris. C’est dans le cadre des conditions de sécurité que la direction des transports et de la protection du public de la préfecture de Police a été saisie sur ce projet afin de garantir la compréhension et la faisabilité des dispositifs retenus, en présence du maître d’ouvrage. L’ouverture de cet établissement de 1ère catégorie recevant du public a été autorisée par arrêté préfectoral à la suite de quatre visites de la commission de sécurité. Certaines zones encore inachevées telles que le toit-terrasse, un restaurant et une librairie feront l’objet d’une ouverture au public au cours du 1er semestre 2015.

Hall de l’entrée principale.© W. BEAUCARDET

Détail du toit, vue extérieure. © W. BEAUCARDET

© W. BEAUCARDET

© GUY.MONTAGU-POLLOCK

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ARCHITECTURE ET PATRIMOINE LA PRÉFECTURE DE POLICE EN SES MURS

L’INSTITUT MÉDICO-LÉGAL, 2 PLACE MAZAS, 12e ARRONDISSEMENT

L’INSTITUT MÉDICO-LÉGAL DE PARIS, plus communément appelé IML, n’est pas un bâtiment comme les autres puisque son rôle est d’accueillir les corps des défunts. Accidentel ou non, quand il survient sur la voie publique, criminel ou suspect, le décès conduit au 2, place Mazas, le long du quai de la Rapée, dans un imposant bâti-ment de briques rouges. Dès le XIVe siècle, les prisons du Châtelet comportent un dépôt de cadavres dans la « basse-geôle ». En 1804, un édifice est bâti quai du Marché-Neuf, sur l’Île de la Cité. La morgue prend des allures beaucoup plus organisées, les corps sont préparés, habillés de leurs vêtements et exposés en vitrine, pour être présentés

aux familles. Elle déménage encore en 1864 pour s’installer quai de l’Archevêché, derrière Notre-Dame ; par mesure d’« hygiénisme moral », elle ferme ses portes au public par un décret du préfet Lépine le 15 mars 1907. En 1913, la morgue de Paris, devient Institut médico-légal. Entre 2002 et 2006, des travaux sont conduits, notamment pour amé-liorer l’accueil des familles et transformer les chapelles afin d’humaniser la présentation des corps et permettre le recueillement. De même, les façades ont été ravalées et restaurées pour retrouver leur état d’origine. 721 m2 ont ainsi été réaménagés sous la maîtrise d’œuvre de l’architecte Dominique Tessier.

Institut médico-légal de Paris. © PRÉFECTURE DE POLICE

© PRÉFECTURE DE POLICE

© PRÉFECTURE DE POLICE

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SUR LES TRACES DE MICHEL-ANGE, 80 AVENUE DAUMESNIL,12e ARRONDISSEMENT

À PREMIÈRE VUE, le commissariat central du 12e arrondissement situé au 80 avenue Dau-mesnil face à la coulée verte ressemble à un bâtiment « classique » moderne. Mais en levant la tête, on remarque vite son étonnante singu-larité. Des statues géantes ornent le pourtour de l’édifice, clin d’œil au célèbre « Esclave mou-rant » de Michel-Ange, que l’on peut admirer au musée du Louvre ! Hautes de deux étages, ces statues ceinturent le toit et sont percées d’un immense triangle en pleine poitrine. Contraire-ment à son aspect ancien, l’immeuble a été créé en 1990, par l’architecte Manuel Nuñez-Ya-nowski, à qui l’on doit, entre autres, les Arènes de Picasso à Noisy-le-Grand, plus connue sous le nom des « camemberts », en référence à la forme cylindrique des deux immeubles. L’hôtel de police abrite le commissariat central depuis décembre 1991.

Commissariat central avenue Daumesnil.© PRÉFECTURE DE POLICE

Vue rapprochée des sculptures, inspirées de « l’Esclave mourant » de Michel-Ange.© PRÉFECTURE DE POLICE

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ARCHITECTURE ET PATRIMOINE LA PRÉFECTURE DE POLICE EN SES MURS

UN HÔTEL TRÈS PARTICULIER, 75 RUE DE LA FAISANDERIE 16e ARRONDISSEMENT

LE SITE RUE DE LA FAISANDERIE QUI APPARTIENT AU MINISTÈRE DE L’INTÉRIEUR, don d’après-guerre de la famille Rothschild, est constitué d’une parcelle de 792 m2 sur laquelle ont été construits trois bâtiments qui datent du début du 20e siècle et représentant une surface totale de 1 000 m2. En 2004, des travaux de ravalement des façades ont été conduits sur le bâtiment principal et un réaménagement partiel des surfaces a été réalisé pour améliorer les conditions d’accueil du public, en remaniant essentiellement les locaux du rez-de-chaussée, notamment pour l’accessibilité des personnes à mobilité réduite. Une opération de réfection totale de la toiture a été réalisée en 2012 et en 2014, les menuiseries extérieures ont été remplacées pour offrir aux utilisateurs une meilleure isolation thermique et acoustique. Les fenêtres ont également été sécurisées pour éviter tout risque de défenestration. Cette rue abrite aujourd’hui encore de très nombreux hôtels particuliers.

En haut : façades extérieures du commissariat. © PRÉFECTURE DE POLICE

Ci-dessus : vues intérieures, escalier et ascenseur. © PRÉFECTURE DE POLICE

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LA PALETTE DU PEINTRE, COMMISSARIAT DU 20e ARRONDISSEMENT 3, 5 ET 7, RUE DES GÂTINES

INAUGURÉ EN 2008, ce commissariat était l’un des derniers à être encore installé en mairie d’arrondissement. Ce déménagement s’est inscrit dans le cadre de la modernisation des biens immobiliers de la préfecture de Police.Supervisé par le cabinet d’architectes Valéro-Gadan, le projet a néces-sité le lancement de deux procédures distinctes : les études et les tra-vaux pour la démolition des édifices existants, un ancien garage et la conservation du site, ainsi qu’un concours d’architecture en vue de la construction du bâtiment neuf. Celui-ci se décompose en deux corps. D’un côté le front, construit sur la rue, relié harmonieusement aux

façades mitoyennes, et de l’autre le bâtiment arrière, implanté dans la profondeur de la parcelle, plus bas et plus simple, avec des locaux côté jardin pour une ambiance sereine.Les circulations intérieures sont larges et accueillantes à l’entrée du public et s’affinent pour distribuer dans la profondeur de l’îlot les bu-reaux des policiers. Les activités à fort flux de passage (poste de police, locaux de rétention, vestiaires) sont cantonnées au rez-de-chaussée et aux sous-sols. Les grandes fenêtres colorées rouge, bleu et jaune, rappellent les toiles du spécialiste des couleurs primaires, le peintre néerlandais Mondrian.

Ci-dessus : façade extérieure vue de nuit, cour intérieure.

© PRÉFECTURE DE POLICE

À droite : étages inférieurs avec balconet façade extérieure, sur cour intérieure.

© PRÉFECTURE DE POLICE

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ARCHITECTURE ET PATRIMOINE RÉTROPOLICE

LA CASERNE DE LA CITÉVAISSEAU AMIRAL DE LA PRÉFECTURE DE POLICEConçue par l’architecte Pierre-Victor Calliat, la caserne de la Cité fut construite entre 1863 et 1867 ; l’ouvrage est alors destiné à abriter les soldats et les chevaux de la garde de Paris. Au fil du temps et des aléas historiques, ce bâtiment emblématique de l’Île de la Cité fit l’objet de multiples remaniements qui en altérèrent l’identité. Un ambitieux chantier de rénovation, démarré en 2009, a permis de redonner son lustre d’antan à ce monument chargé d’histoire. LP

C’est en octobre 1863 qu’est posée la première pierre de la caserne de la Cité, siège actuel de la préfecture de Police. Lorsque l’Empereur Napo-

léon III et le baron Haussmann, préfet de la Seine, décident de son édification, rien ne laisse présager de son affectation future à la préfecture de Police. Elle doit accueillir la garde de Paris, future garde républi-caine. La préfecture de Police, quant à elle, est installée depuis sa création, en 1800, dans la partie occidentale de l’île, plus précisément rue de Jérusalem, à l’empla-cement de l’actuel Palais de Justice. Elle occupe les locaux de l’ancien hôtel des premiers Présidents du Parlement puis annexe par la suite, en 1844, l’hôtel de l’ancienne Chambre des Comptes. L’ensemble s’élève sur l’emplacement de l’ancienne abbaye Saint-Mar-tial, fondée par Saint Éloi au 7e siècle.

CHÂTEAU-FORT MÉDIÉVAL La construction de la future caserne s’insère dans un vaste plan d’assai-nissement de l’Île de la Cité, destinée à devenir une cité administrative. Conformément aux plans de Georges Eugène Haussmann, qui entend suppri-mer les ruelles étroites et tortueuses de l’île afin d’améliorer la circulation dans le centre de Paris, mais aussi de lutter contre les épidémies, les îlots insalubres sont démolis et des îlots plus larges sont créés, desservis par de nouvelles rues larges et rec-tilignes. Une partie du Paris moyenâgeux disparaît à jamais et deux bâtiments émergent de terre : le tribunal de Commerce puis une caserne pour la garde de Paris. Cette campagne de construction doit, selon les plans originaux, être complétée par l’édification de deux théâtres en bordure du boulevard du Palais, mais ce seront finalement deux hôtels particuliers

Vue de la caserne de la Cité depuis les quais, vers 1871.© PRÉFECTURE DE POLICE

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qui seront privilégiés, destinés à abriter les états-majors de la garde de Paris et des sapeurs-pompiers. La construction de la caserne et des deux hôtels d’état-major est confiée, en 1863, à l’architecte de la Ville Pierre-Victor-Calliat (1801-1881), élève de Vaudoyer et de Chatillon à l’école des Beaux-Arts. Grand passionné d’architecture militaire floren-tine depuis son voyage en Italie, l’homme de l’art décide d’en faire une réinterprétation éclectique de château fort médiéval, dans un style néo-floren-tin. Le chantier, extrêmement rapide, ne dure que quatre ans, ce qui explique en partie les problèmes de solidité que le bâtiment rencontrera par la suite.

DU PROVISOIRE QUI DURE Dès le 22 avril 1867, la garde de Paris emménage dans ses nouveaux quartiers mais ne profite pas longtemps de sa caserne. En 1871, l’insurrection de la Commune de Paris provoque l’incendie des locaux de la pré-fecture de Police. Celle-ci se voit alors attribuer par Jules Ferry une partie des locaux quasi neufs de la caserne de la Cité. L’hôtel d’état-major de la garde

de Paris, devenue garde républicaine, est également mis à disposition du préfet de Police. Le transfert ne doit être que provisoire, le temps de reconstruire les immeubles situés dans l’enceinte du Palais de Justice. Une partie des gardes républicains est donc maintenue sur place, au rez-de-chaussée, alors que la caserne subit dans la précipitation de lourds travaux d’aménagements (nombreux percements et démolitions partielles, installations de cloisons, constructions de cheminées, etc.) pour s’adapter à ses nouveaux occupants.Au bout du compte, les préfets de Police, qui se trouvent bien dans leurs nouveaux locaux, dé-cident de renoncer aux bâtiments qui étaient en cours de reconstruction pour la préfecture quai des Orfèvres et quai de l’Horloge. L’architecte en chef de la Ville de Paris, Arthur Diet, rend, le 22 mars 1877, un projet de réaménagement de l’ensemble des bâtiments pour y installer définitivement les services de la préfecture de Police, approuvé après modifications par le Conseil Général le 24 juin 1880.

Fondations de la casernede la Cité. Les travaux menés rapidement depuis la pose de la première

© PRÉFECTURE DE POLICE

Tranchées pour les fondations du nouvel Hôtel-Dieu et construction des nouvelles casernes.

© Préfecture de Police