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APULEE Sa vie et son œuvre Apulée est un auteur du IIe siècle après JésusChrist, originaire d'Afrique, un des premiers exemples d'une carrière littéraire entièrement faite en dehors de Rome. C'est un esprit brillant, universel, bien dans la ligne du mouvement de la Seconde Sophistique. Né vers 125, d'une famille riche de Madaure (en Numidie, dans l'actuelle ALGERIE), il fit d'abord ses études à Carthage, où il apprit l'éloquence latine, avant d'aller chercher à Athènes un enseignement philosophique supérieur, de voyager beaucoup, puis de retourner en Afrique. Carthage deviendra sa résidence habituelle et où il y mourra après 170. C'était un personnage singulier et attachant, qui avait les yeux grands ouverts et s'intéressait à tout, aux sciences, à la philosophie, à la religion, à la magie aussi. Comme l'écrit P. Grimal, il «se fit initier à tous les cultes, plus ou moins secrets, qui abondaient alors dans l'Orient méditerranéen : mystères d'Éleusis, de Mithra, d'Isis, culte des Cabires à Samothrace, et mille autres encore, d'une moindre célébrité. Il espérait y trouver "le secret des choses"». Quant à la magie, elle n'occupe pas seulement une grande place dans les Métamorphoses; on connaît l'histoire du procès qui lui fut intenté par les parents de la femme, beaucoup plus âgée que lui, qu'il avait épousée à Oea en Tripolitaine. Fâchés se voir l'héritage leur échapper, ceuxci l'accusèrent devant les tribunaux d'avoir envoûté leur parente pour qu'elle accepte de l'épouser. Apulée s'en sortit par un plaidoyer habile et spirituel, l'Apologie ou le De Magia, qui est pour ainsi dire le seul exemple conservé d'un discours judiciaire de l'Empire. Apulée était aussi un conférencier à succès, capable de parler en grec comme en latin. Nous ne possédons plus ces discours d'apparat, exception faite d'un mince anthologie (les Florides) où sont rassemblés 23 morceaux de longueur très inégale. Il avait écrit bien d'autres choses encore : des poèmes, des traductions, des traités techniques aujourd'hui perdus (sur les arbres, la médecine, l'astronomie...), et qui n'étaient peutêtre que de simples compilations ou des résumés. Nous possédons par contre, sous son nom, plusieurs traités philosophiques. D'abord une brillante conférence, de haute vulgarisation si l'on peut dire, le De deo Socratis, qui constitue en fait l'exposé le plus approfondi que l'antiquité nous ait laissé sur la démonologie. Ensuite, le De Platone et eius dogmate libri II, une sorte de résumé scolaire et assez terne de la doctrine de Platon; en réalité c'est du Platon revu et corrigé par des siècles d'évolution du Platonisme. Enfin le De mundo, qui s'inspire de la théorie péripatéticienne de l'univers et qui n'est rien d'autre qu'une adaptation en latin d'un traité grec anonyme sur le même sujet. Mais son oeuvre majeure est indiscutablement les Métamorphoses ou L'Âne d'or, en onze livres. C'est le récit, fait à la première personne, d'un certain Lucius, un jeune homme curieux de tout, qui, s'étant frotté de trop près à la magie, se voit transformé en âne. Sous cette forme, il va connaître toute une série d'aventures, entrant en contact successivement avec des brigands, des esclaves fugitifs, des prêtres de la déesse syrienne, un meunier, un maraîcher, un soldat, deux frères esclaves (un pâtissier et un cuisinier), puis leur maître. Comme c'est l'âne qui raconte et qu'il a conservé son sens aigu de l'observation et son esprit critique d'homme, il nous donne à voir par l'intérieur les activités et les préoccupations de tous ces milieux très différents qu'il a fréquentés. L'ensemble nous fournit un remarquable tableau de la vie quotidienne au IIe siècle de l'Empire. Tout cela, au fil de plusieurs livre, car la transformation en âne s'est produite au livre III et c'est au dernier livre seulement que Lucius retrouve sa forme humaine, ce qui ne sera d'ailleurs possible que grâce à l'intervention bienfaisante de la déesse Isis. En réalité, sur l'histoire principale, celle des aventures de Lucius comme homme ou comme âne, sont rattachés par des procédés variés, parfois fort artificiels, une foule d'autres récits de longueur variable. Le plus long d'entre eux est le Conte

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APULEE  

Sa vie et son œuvre 

 

Apulée est un auteur du IIe siècle après Jésus‐Christ, originaire d'Afrique, un des premiers exemples d'une carrière littéraire entièrement faite en dehors de Rome. C'est un esprit brillant, universel, bien dans la ligne du mouvement de la Seconde Sophistique.  

Né vers 125, d'une famille riche de Madaure (en Numidie, dans  l'actuelle ALGERIE), il fit d'abord ses études à Carthage, où  il apprit  l'éloquence  latine, avant d'aller chercher à Athènes un enseignement philosophique supérieur, de voyager beaucoup, puis de retourner en Afrique. Carthage deviendra sa résidence habituelle et où il y mourra après 170. 

C'était  un  personnage  singulier  et  attachant,  qui  avait  les  yeux  grands  ouverts  et  s'intéressait  à  tout,  aux  sciences,  à  la philosophie, à la religion, à la magie aussi. Comme l'écrit P. Grimal, il «se fit initier à tous les cultes, plus ou moins secrets, qui abondaient alors dans  l'Orient méditerranéen : mystères d'Éleusis, de Mithra, d'Isis, culte des Cabires à Samothrace, et mille autres  encore,  d'une moindre  célébrité.  Il  espérait  y  trouver  "le  secret  des  choses"». Quant  à  la magie,  elle  n'occupe  pas seulement une grande place dans  les Métamorphoses; on connaît  l'histoire du procès qui  lui  fut  intenté par  les parents de  la femme, beaucoup plus âgée que lui, qu'il avait épousée à Oea en Tripolitaine. Fâchés se voir l'héritage leur échapper, ceux‐ci l'accusèrent  devant  les  tribunaux  d'avoir  envoûté  leur  parente  pour  qu'elle  accepte  de  l'épouser. Apulée  s'en  sortit  par  un plaidoyer habile et spirituel, l'Apologie ou le De Magia, qui est pour ainsi dire le seul exemple conservé d'un discours judiciaire de l'Empire. 

Apulée était aussi un conférencier à succès, capable de parler en grec comme en  latin. Nous ne possédons plus ces discours d'apparat, exception faite d'un mince anthologie (les Florides) où sont rassemblés 23 morceaux de longueur très inégale. 

Il  avait  écrit  bien  d'autres  choses  encore  :  des  poèmes,  des  traductions,  des  traités  techniques  aujourd'hui  perdus  (sur  les arbres, la médecine, l'astronomie...), et qui n'étaient peut‐être que de simples compilations ou des résumés. Nous possédons par contre, sous son nom, plusieurs traités philosophiques. D'abord une brillante conférence, de haute vulgarisation si l'on peut dire,  le De deo Socratis, qui  constitue en  fait  l'exposé  le plus approfondi que  l'antiquité nous ait  laissé  sur  la démonologie. Ensuite,  le De Platone et eius dogmate  libri  II, une sorte de résumé scolaire et assez terne de  la doctrine de Platon; en réalité c'est  du  Platon  revu  et  corrigé  par  des  siècles  d'évolution  du  Platonisme.  Enfin  le  De mundo,  qui  s'inspire  de  la  théorie péripatéticienne de l'univers et qui n'est rien d'autre qu'une adaptation en latin d'un traité grec anonyme sur le même sujet. 

Mais son oeuvre majeure est indiscutablement les Métamorphoses ou L'Âne d'or, en onze livres. C'est le récit, fait à la première personne, d'un certain Lucius, un jeune homme curieux de tout, qui, s'étant frotté de trop près à la magie, se voit transformé en âne. Sous cette forme, il va connaître toute une série d'aventures, entrant en contact successivement avec des brigands, des esclaves fugitifs, des prêtres de la déesse syrienne, un meunier, un maraîcher, un soldat, deux frères esclaves (un pâtissier et un cuisinier), puis leur maître. Comme c'est l'âne qui raconte et qu'il a conservé son sens aigu de l'observation et son esprit critique d'homme,  il  nous  donne  à  voir  par  l'intérieur  les  activités  et  les  préoccupations  de  tous  ces milieux  très  différents  qu'il  a fréquentés. L'ensemble nous fournit un remarquable tableau de la vie quotidienne au IIe siècle de l'Empire. Tout cela, au fil de plusieurs livre, car la transformation en âne s'est produite au livre III et c'est au dernier livre seulement que Lucius retrouve sa forme humaine, ce qui ne sera d'ailleurs possible que grâce à l'intervention bienfaisante de la déesse Isis. 

En  réalité,  sur  l'histoire  principale,  celle  des  aventures  de  Lucius  comme  homme  ou  comme  âne,  sont  rattachés  par  des procédés  variés, parfois  fort artificiels, une  foule d'autres  récits de  longueur  variable. Le plus  long d'entre eux est  le Conte 

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d'Amour et de Psyché; c'est une vieille servante qui, dans la caverne des brigands, le raconte à Charité, une jeune fille que ces mêmes brigands viennent d'enlever. Sur ce plan, les Métamorphoses apparaissent aussi comme un recueil de nouvelles. 

Mais l'oeuvre est beaucoup plus riche. Divers éléments montrent en effet qu'on ne peut se borner à la lire au premier degré. Il y a d'abord le Conte d'Amour et de Psyché, qui occupe le centre même du récit : Psyché, on le sait, est le nom grec de l'âme, et elle est amoureuse d'Éros, l'un des grands «démons» platoniciens. Il y a ensuite le livre d'Isis, dont la tonalité religieuse, tranche profondément sur  la noirceur,  la violence et  le sadisme  lourdement présents dans ce qui précède.  Il y a aussi de nombreux autres indices disséminés au fil des chapitres et impossibles à détailler ici. 

Il faut cependant dire que les interprètes modernes ne sont pas parvenus à s'entendre sur la signification profonde du récit. Si Apulée a voulu transmettre à ses lecteurs un «message», on n'est pas certain de l'avoir découvert. Mais il reste qu'Apulée, au fil des pages,  se  laisse guider par  son  imagination,  sa  fantaisie,  son  amour du merveilleux,  son goût des histoires,  et que  les modernes auraient bien tort en le lisant de bouder leur propre plaisir. 

 

L'œuvre d'Apulée est éditée et traduite en  français dans  la "Collection des Universités de France" : 

Apologie. Florides, par P. Vallette, 1924 (plusieurs rééditions)   Métamorphoses,  3  vol.,  par  P.  Vallette  et  D.  S.  Robertson,  1940‐1945 (plusieurs rééditions)  

Opuscules philosophiques et Fragments, par J. Beaujeu, 1973.  

‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐ Source : http://bcs.fltr.ucl.ac.be/Apul/ApulFiche.html

LIRE AUSSI :  

http://www.forumromanum.org/literature/apuleiusx.html  

http://www.scribd.com/doc/2339427/The‐Golden‐Asse‐by‐Apuleius‐Lucius‐125180#

http://www.hs‐augsburg.de/~harsch/apu_intr.html  

 

Une Association qui porte le nom de ce grand Monsieur " APULEE" existe depuis 1994 dans la région de  BOU‐MAHNI , Commune AIN‐ZAOUIA, Daïra de D.E.M , TIZI‐OUZOU, ALGERIE 

Adresse : ASSOCIATION CULTURELLE APULEE

BOUMAHNI 15401, Cne AIN‐ZAOUIA, D.E.M, Wilaya de TIZI‐OUZOU

 

 

 

 

 

 

 

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 Un Prix APULEE en Algérie Un prix  "Apulée" du premier  roman vient d’être  institué par  la Bibliothèque nationale du Hamma,  rapporte  l’agence Algérie Presse Service. Doté d’un  chèque de  100 000 DA,  il devrait être octroyé en décembre de  chaque année.  "Ce prix,  établi en collaboration avec les éditeurs, est destiné à encourager les écrivains de fiction, à enrichir, par leur apport créatif, la bibliographie littéraire  nationale  dans  le  domaine  de  la  production  romanesque  dans  les  langues  arabe,  française  et  tamazight",  a  tenu  à préciser Amine Zaoui, le directeur de ladite Bibliothèque.   Enfant du pays, Apulée est notamment l’auteur à succès du fameux Les Métamorphoses également connu sous le nom de L’Ane d’or (Asinus aureus). Cet ouvrage du plus célèbre écrivain africain de son époque a été composé vers 161. D’inspiration grecque plus que  latine, agrémenté d’épisodes  comiques, Les Métamorphoses a  traversé  les  siècles et  jouit d’une  fortune éditoriale unique dont beaucoup de Maghrébins ignorent à peu près tout. 

Les Métamorphoses relate les aventures du jeune Lucius de Corinthe transformé en âne pour avoir voulu pénétrer les secrets de la magie et qui parviendra après bien des épreuves à retrouver sa  forme humaine. Ce texte, souvent donné pour  le premier grand  roman  occidental,  "ce  chef‐d’oeuvre,  qui,  dix‐huit  siècles  après,  ruisselle  de  jeunesse,  de  hardiesse  et  d’une  drôlerie imaginative étonnante", pourrait être considéré, ainsi que  le rappelle Assia Djebar, comme "le premier  roman de  la  littérature algérienne". Pour l’écrivaine, "Les Métamorphoses devraient être traduites en arabe pour dire aux intégristes : Voici notre ancêtre en littérature."   Apulée, en latin Lucius Apuleius (v. 125, Madaure ‐ v. 170, Carthage) est né à Madaure, aujourd’hui M’daourouch près de Souk Ahras en Algérie, sous le règne de Hadrien. Issu d’une famille aisée, Apulée s’initie à l’art de la rhétorique à Carthage. Il voyage ensuite et complète sa culture en se rendant à Rome où il étudie le droit et la littérature et à Athènes où il se familiarise avec la langue et la philosophie grecques. Là il s’ouvre aux mystères religieux et à la magie, une quête qu’il poursuivra en Asie mineure. De  retour en Afrique, ce brillant  touche‐à‐tout  (musique, astronomie, médecine) s’établit à Carthage où  il  fut un  rhéteur de grande notoriété. La ville lui érigea une statue de son vivant. 

L’oeuvre d’Apulée compte également l’Apologie (Apologia), un plaidoyer où il se défend des accusations de sorcellerie dont il fut  l’objet en 158,  les Florides, un recueil de discours qui témoigne d’une vaste culture, des traités philosophiques, comme Le Démon de Socrate (De deo Socratis) et de la poésie. Aux outils, aurait‐il déclaré au proconsul, "je préfère un simple roseau à écrire, pour composer des poèmes dans tous  les genres aussi appropriés à  la baguette épique qu’à  la  lyre, au brodequin ou au  cothurne. En outre,  satires et énigmes, histoires variées, discours loués des orateurs, dialogues goûtés des philosophes, que sais‐je encore ? Je fais de tout, en grec comme en latin, avec un même espoir, un zèle égal, un style semblable". 

 Les Métamorphoses ou L’Ane d’or ("Romans grecs et latins", Paris, Gallimard‐La Pléiade, 1958, Traduction de Pierre Grimal ; Rééd., Gallimard‐Folio, 1975, Préface de Jean‐Louis Bory) ; Le Démon de Socrate (Paris, Les Belles Lettres, 1973 ; Rééd., Paris, Rivage‐Poche, 1993) 

source : http://www.algeriades.com/news/previews/article518.htm

 

 

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Apulée : le grand écrivain berbère  C’est  en  125  après  j.c  que  naquit,  Apulée  qui  porte  le  nom  de  "Madraouche"  à  Madaure  ville  située  dans  la  région berbérophone appelée Chaouia des Aurès au nord de Tébéssa (extrême‐est algérien). 

Issu d’un famille noble, Apulée maîtrisait parfaitement sa langue natale (amazigh), le Gétule son père assumait quant à lui une fonction administrative très  importante puisqu’il était  l’un des  responsables de cette ville ou "Diumvir"  (l’équivalent d’un élu d’une commune). A l’époque sous occupation romaine. 

Très doué, il était doté de larges capacités intellectuelles et des connaissances de la littérature latines et grecques. Philosophe renommé en 140  (il n’avait que 15 ans !),  il  fera une  formation  littéraire à Carthage puis  s’installera cinq années plus  tard à Athènes ou  il se  liera d’une amitié avec un autre Gétule berbère également Pontianus originaire d’OEA. Petite ville située en tripolitaine (région du nord‐ouest de  la Libye actuelle habitée de nos  jours par des berbères qui parlent toujours  leur  langue malgré les interdits). 

Pontianus étant orphelin de père et  il proposera à Apulée d’épouser Pudentilla qui n’était autre que sa...mère. Sans  refuser cette  offre,  Apulée  lui  demanda  de  lui  laisser  le  temps  de  continuer  ses  études  en  philosophie  ce  qui  lui  permettra  de développer une idée qui s’inspirera largement de Platon (la pensée platonicienne). 

En asie mineure (l’actuelle Turquie) Apulée découvrira en 147 après j.c. des nouvelles croyances religieuses. Il s’initia au culte de la déesse Isis à Corinthe devenant dévot puis prêtre de cette ville. 

A la fin de ses études, c’est à dire en 148, il rentra en berbèrie, puis une année plus tard, il s’installera à Rome. S’étant attiré les faveurs d’Orfitus (qui deviendra plus tard proconsul des provinces romaines du pays berbère), il exercera en qualité d’Avocat et cette  fonction  lui permettra de  sauver d’innombrables  vie humaines. Face à une  juridiction peu égalitaire,  il abandonna  sa profession en 151 et se rendra à OEA en 152 ou il épousera Pudentilla, la mère de son compagnon Pontianus. 

Bien que de dix ans d’âge plus agée, était en veuvage durant 12  longues années, et outre ses capacités scientifiques puisque physicienne très réputée celle‐ci possédait une grande ferme et des moyens financiers qui permirent à Pudentilla et son époux Apulée de se joindre faire des recherches communes, et c’est ainsi qu’ils étudieront ensemble le fonctionnement des miroirs, le comportement animal,  les maladies nerveuses avec beaucoup de  résultats positifs. Auréolés par  ces  succès, Apulée et  son épouse rencontreront des difficultés avec les habitants d’OEA car craignant pour leur notoriété, les notables locaux accusèrent Apulée d’être un magicien et allèrent jusqu’à prétendre qu’il s’en est servi pour épouser une des leurs ! 

Il sera traduit devant la justice coutumière et assurera lui même sa propre défense en sera acquitté, (il mettra à l’intention du public sa propre plaidoirie) mais toutefois il se verra dans l’obligation de quitter la ville. 

Il  se  réfugiera  en  153  à  Carthage mais  sans  rompre  avec  sa  femme  qui  l’aidera  financièrement  afin  qu’il  poursuive  ses recherches (littérature, science, médecine, philosophie, astronomie, religion, musique...). Prêtre très connu, il officiait à travers les territoires conquis par Rome dans des cérémonies religieuses. 

Dès  l’an 154 après  j.c. à  l’âge de 29 ans  il deviendra un grand écrivain et dans  l’un de ses écrits "DE DEO SOCRATIS"  il tente d’expliquer  les  rapports  tels qu’ils devraient exister entre  les hommes et  les Dieux  reprenant  les écrits de Apulée. Dans son étude  sur  la  science des démons  (ou démonologie), on notera qu’il avait une vue un peu particulière de ceux‐ci, en effet,  il prétendait que ces êtres  surnaturels étaient plutôt des médiateurs et  servaient donc d’intermédiaires entre  les dieux et  les mortels. Thème repris dans son oeuvre "l’apologie", 

Enfin, l’une de ses caricatures, "la mégère des métaphores" se voulait hostile à la nouvelle religion chrétienne qui prenait forme et  qui  tendait  à  supplanter  la  religion  juive,  cette  nouvelle  religion  pratiquée  par  la majorité  des  populations  berbères  de l’époque. 

En 170,  il décida de rejoindre à nouveau son épouse mais arrivé non  loin de  la cité,  il sera enlevé par des  inconnus et depuis cette date, Apulée ne donna plus signe de vie. 

Rachid Yahou Source : http://www.col.fr/article‐628.html

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APULEE, ECRIVAIN AMAZIGH   

Par:Hassan Banhakeia (Université d’Oujda) «Les hommes d'abord muets, parlèrent primitivement, comme nous le montrerons, en 

écrivant»    (G. Vico, La Science Nouvelle) 

 

L'étude  suivante  répond  essentiellement  à  deux motifs,  d'une  part  à  une  absence manifeste  des  études  qui  traitent  des rapports qui unissent l'héritage oral amazigh à la littérature écrite par des Imazighen dans d'autres langues... Si l'oral véhicule l'écrit,  si  l'oral est à  l'origine de  l'écrit et  si  l'oral  rend  compte d'abord de  «l'être  collectif parlant», que  serait‐il de  la «voix collective» des  Imazighen dans  leur création? Que serait‐il des éléments  identitaires (de  la culture maternelle) au  sein d'une œuvre? Y a‐t‐il une partie  irréductible, propre à  l'auctoriel, attachée à  la  langue amazighe de tradition non écrite, dans toute création?  C'est précisément  ce que nous appelons amazighité,  c'est‐à‐dire  cette essence  irréductible de définition pour un amazigh,  à  laquelle  le  créateur ne peut  échapper  dans  sa  création: des  idées  et des  sensations millénaires  le  «traversent» spontanément pour se verser dans d'autres moules étrangers, d'autres moyens de concrétion. Elle est son être premier. D'autre part,  rares sont  les étudiants qui savent qu'Apulée est un écrivain amazigh,  rarissimes sont encore  les étudiants qui n'ignorent pas que “L'âne d'or” est considéré comme  l'un des premiers  romans, dans sa  forme connue, de  l'humanité.  Il ne s'agit pas là d'un seul exemple au sein de la culture amazighe, il y en a bien sûr d'autres. Citons Saint‐Augustin (354‐430) et ses Confessions, Tertullien (155‐225), Saint Cyprien (200‐258) et ses Lettres, Arnobe (deuxième moitié du  III siècle) et son «pari» Contre les païens, sans oublier le célèbre dramaturge Térence (‐190, ‐159)…                                              Que dire alors d'Apulée? Est‐il amazigh? Apparaît‐il soucieux de sa mémoire collective dans son texte romanesque? Lui, il s'est toujours défini comme «demi Numide et demi Gétude». Numides et Gétules, rappelons‐le, sont les autochtones de l'Afriques du Nord.  Là,  il  y  a une déclaration de  l'identité  culturelle: mi‐amazigh  et mi‐amazigh,  c'est‐à‐dire qu'il  est  totalement  (ou doublement) amazigh. Sa conscience de l'identité s'avère alors claire.  Dès lors, comment Apulée posera‐t‐il le problème de l'identité dans son œuvre romanesque ?   1 ‐ Apulée, un écrivain amazigh Il était une fois un écrivain amazigh sans l'être. Destin écrit, mais jamais transcrit. C'est bien Apulée.  Né en 125 à Madaure (M'daourouch, département de Constantine, Algérie), de parents amazighs. Issu d'une famille aisée (son père travaillait comme responsable municipal de Madaure), il fait ses études à l'école de sa ville natale (Saint Augustin y sera également élève) où  il arrive  facilement à maîtriser  le  latin� A  l'âge de dix‐sept ans,  il s'inscrit dans  la célèbre université de Carthage  (Tunisie)  où  il  excelle  en  rhétorique  et  sophistique,  ces  deux  exercices  intellectuels  sont  manifestes  dans  les différentes digressions du roman sous forme de mise en abyme. Cependant, le jeune étudiant ne rêve point de faire carrière au barreau, les lettres l'attirent plus.   Tenté par  l'Orient et  la philosophie,  il voyagera à Athènes. Ainsi,  il va devenir plus hélleniste que  latin: son chef‐d'œuvre est annoncé  comme  propre  d'un  héritage  héllenique.  Là‐bas,  il  s'initie  au  Néo‐platonisme.  Ses  préoccupations  ne  sont  pas seulement philosophiques, il étudie également la grammaire grecque, la musique, la physique et d'autres sciences. Toujours poussé par la curiosité d'un encyclopédiste, il voyage jusqu'en Asie Mineure, en Egypte à la recherche de l'aventure et du savoir. Dans ces pays, il connaît de près, et surtout, l'héritage religieux et mystique de ces cultures: les mystères d'Eleusis et de Mithra, le culte des Cabires. Les religions de Dionysos et d'Isis sont celles qui suscitent davantage son intérêt; il se convertit tout d'abord à la religion d'Isis, ensuite admis comme prêtre lors de son séjour à Rome.  Seulement  la nouvelle de  la mort de  son père  l'oblige à  rentrer dans  sa ville natale. Grâce à  l'héritage de  la  fortune et des responsabilités municipales de son père, il devient riche et très influent. Nonobstant, il ne s'y installera définitivement car il n'a point perdu le goût du voyage et de la recherche du savoir.  Apulée voyagera ensuite pour vivre à Carthage,  il y  travaillera comme conférencier mondain.  Il pouvait parler sur n'importe quelle  discipline  de  la  philosophie  jusqu'à  la magie,  en  passant par  la médecine,  l'astronomie,  les  sciences  naturelles  et  la musique.  Son  savoir  interdisciplinaire  ou  encyclopédique  lui  vaut  une  grande  renommée  jusqu'au  point  que  les  autorités élèvent une statue de son vivant. Il devient président du Conseil provincial et grand‐prêtre de l'Afrique. Des pièces de bronze sont frappées à Rome à l'effigie d'Apulée avec, au revers, une scène des «Métamorphoses» (IV siècle après J.‐C.). On les trouve 

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à la Bibliothèque nationale, dans le cabinet des Médailles.  Si sur sa vie, nous avons suffisamment d'information, sur sa mort nous n'avons pas d'indication précise. Nous ignorons l'année, le mois, le jour, le lieu, les circonstances de  son décès. Pourquoi? Sa mort se présente à la fois magique et comme celle de tout amazigh: un  jet  final et brusque dans  l'effacement  (les exemples ne manquent pas…) Ce que retiennent  les  livres d'histoire, c'est qu'Apulée est mort après 170 à Carthage, sans aucune autre précision.     II ‐ Œuvre d’un amazighiste  L'œuvre d'Apulée est immense, elle traite de la philosophie, de la rhétorique, de la magie, de l'histoire , de la théologie et de la cosmologie. Bien que son unique chef‐d'œuvre reste le roman “L'Ane d'or”  écrit aux environs de 161, il est important de citer les autres textes:  ‐ L'Apologie (Apulei Platonici pro se de magia) est un texte rédigé lors de son procès pour crime de magie. L'auteur se défend magistralement  devant  le  proconsul  Claudius  Maximus.  Selon  L'Encyclopédie  Berbère,  ce  texte  est  d'un  grand  intérêt historique car  il «offre quantité de renseignements sur son auteur,  la magie et  la vie en Afrique au II  siècle.» (L'Encyclopédie berbère, p.822). Egalement, trouve‐t‐on dans l'Apologie une source biographique.  ‐ Les Florides  sont publiées en  160.  Il  s'agit d'un  répertoire de  conférences  réunies par un élève d'Apulée.  Il y est question surtout des impressions et des réflexions de l'écrivain voyageur. Le narratif, le descriptif et le purement doctrinal s'immiscent donc dans tous les essais/récits (au nombre de vingt‐trois). Ce texte est également important pour connaître maints aspects de la réalité en Afrique du Nord.  ‐ De deo Socratis (Sur  le dieu de Socrate) est un texte de magie:  il parle sur  l'univers des démons. Ces êtres mystérieux sont présents simultanément dans le monde divin et le monde humain. Ils sont de trois groupes: démons captifs de corps, démons libérés du corps et des démons qui n'ont pas connu de captivité physique. Bien que le texte recherche le côté démoniaque chez Socrate, il invite le lecteur à retrouver la sagesse.  ‐ De Platone et eius dogmate est un traité philosophique sur l'éthique et la physique chez Platon. Il s'agit d'une lecture faussée du philosophe grec au moment de traiter la question de la morale.  ‐ De mundo traite la cosmologie et la théologie. Apulée y expose l'idée que Dieu est à l'origine de la vie de tout.     III ‐ Présence de l’auteur  L'art, en général,  tend à extérioriser  l'être de  l'artiste à  travers  la pratique de  l'écriture. Qu'en est‐il alors de  la présence de l'auteur dans “L'Ane d'or”?  Apulée, loin de «réfléchir» son être dans le texte, manifeste sa présence derrière des mécanismes romanesque et des figures, en ayant pour objectif d'exercer une certaine maîtrise sur le personnage, et par là sur le lecteur. Ainsi, tout passage se réfère, de façon explicite ou implicite, à un système de pensée. L'Ane d'or se meut dans ce sens; le roman devient une entreprise, sous forme d'une  recherche  infinie de  la  conscience «maternelle». Apulée,  en  récrivant  l'histoire grecque,  rajoute  librement des passages authentiquement amazighs.  Il nous revient de saisir  la parole de  l'écrivain au sein du roman, et de souligner que distinguer  le discours de  l'auteur au sein d'un  texte  ou  d'un  passage  est  une  tâche  critique  aventurière,  qui  pourrait  être  source  d'un  jugement  erroné.  De  là,  les difficultés  de  discerner  clairement  les  propos  de  l'auteur  des  différents  discours  des  personnages,  des  situations,  des descriptions qui forment  l'œuvre, ne sont pas à démontrer. Dans L'Ane d'or,  la voix auctorielle est souvent explicitée dans  la construction de la fiction ou dans le choix des idées et des motifs, sinon sous‐entendue par le biais de correspondances établies entre sa culture nord‐africaine et les autres cultures, au sein du texte toujours...  A ce propos, nous  lisons: «j'ai trop bonne opinion de toi et de ta culture;  je sais que, non seulement  la noblesse  innée de ta condition, non seulement l'élévation de ton esprit mais le fait que tu as été initié à un grand nombre de religions t'ont enseigné à observer  scrupuleusement  le devoir du  silence.»  (P.81) C'est Photis, une bonne, qui parle.  Ici, nous avons  la  condition de l'amazigh ( à rattacher à «noblesse  innée»). De même , une explication de  la perte de  l'identité de  l'amazigh:  la diversité des cultes…  Rappelons aussi qu'il existe des textes qui sont faciles à  lire dans  la mesure où  le message de  l'auteur passe directement ou clairement;  dans  d'autres  au  contraire,  le  point  de  vue  de  l'auteur  reste  inconnu.  Les  textes  d'Apulée  sont  complexes  au moment où le lecteur se pose la question suivante: Que veut‐il dire par là l'auteur? Où pourrait‐on saisir la présence / l'ombre du point de vue de l'écrivain dans les Apologies? La présence d'Apulée n'est pas plus ostensible dans L'Ane d'or du fait que le protagoniste dévoile ses déambulations pour rejoindre notre univers des métamorphoses.  D'ailleurs, dans les Apologies, de son propre aveu, l'auteur essaye d'exposer tous ses idéaux et convictions. Le lecteur découvre enfin le vrai Apulée même si la présence de l'auteur s'avère camouflée derrière un ensemble de techniques et de procédés de rhétorique qui défont  le texte classique. Sa conscience se trouve enfin dévoilée: en tant qu'amazigh  il s'oppose à  la tradition latino‐grecque. Ce chef‐d'œuvre est strictement une conscience intellectuelle; la présence auctorielle y est claire, donc facile à dé‐construire…  Faut‐il dire  que  toute œuvre  est  recherche  d'une  précise  articulation de  la  vie  de  l'auteur  ou  sert‐elle  tout  simplement  de medium ou de procédé pour mener à bien un projet scriptural?                                        

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  IV.‐ Poser le problème de la langue amazighe…  «j'obtins quelques petits profits au barreau en plaidant dans la langue des Romains» (p.282)  La langue maternelle, au cas où elle ne forme pas partie des langues «dominantes», constitue un handicap pour l'écrivain à se lancer dans la littérature «écrite». Ce problème s'est‐il posé précisément pour Apulée? Cette interrogation est valable pour tout amazigh qui prend l'initiative humaine d'«extérioriser» ses pensées et ses sentiments, au moment où rien que la langue écrite de  l'autre  lui offre cette possibilité. Apulée était, à coup sûr, conscient du dilemme. Justement, nous  lisons dès  les premières pages de L'Ane d'or : «Aussi demandai‐je d'avance  l'indulgence, si, maniant maladroitement un  idiome qui m'est étranger et extérieur,  je  commets  quelque  faute.»  (p.  31)  Ici,  il  avoue  son  incapacité  d'écrivain  à maîtriser  parfaitement  une  langue étrangère. Autrement dit, on ne maîtrise que sa  langue maternelle! Outre cette conscience «linguistique», nous déduisons  la peur ressentie par  le romancier vis‐à‐vis de  la  langue étrangère. S'agit‐il au fait de commettre quelle faute? Est‐ce une faute purement «de langue» et de culture ou vis‐à‐vis de soi‐même? Est‐ce là l'appréhension d'entreprendre une nouvelle œuvre ou bien la peur de ne pas être fidèle au premier texte (écrit ou narré) ?  D'ailleurs,  par  le  simple  acte  d'écrire  en  n'importe  quelle  langue,  il  est  possible  de  parler  d'un  projet  humain  articulé essentiellement par  la  vision de  l'écrivain;  le projet  scriptural  est  à  lire  comme un  système de pensée particulier  (propre  à l'écrivain)  issu  d'une  culture  précise  (maternelle).  Encore,  par  la  composition  du  texte,  y  a‐t‐il  investissement  d'éléments subjectifs,  émanant  de  la mémoire  collective. De  là,  nous  pouvons  noter  que  des  références  à  la  culture  amazighe  (nord‐africaine) abondent dans le texte final L'Ane d'or. Des éléments propres aux règnes animal (âne, hibou), aquatique (puits…) et abstrait (rêve, référence identitaire) apparaissent dans le texte, munis de significations symboliques, culturelles et humaines où la portée principale reste celle exploitée et investie par la culture maternelle.  D'autre part,  la structuration du texte connaît un agencement propre à  l'écrivain, une composition régie essentiellement par l'art  de  narrer  les  contes,  élément  soustrait  de  la  tradition. Des  phrases  longues,  envergure  de  la  parole. De même,  l'art d'expliquer les événements relève aussi de cette même source. Notons que  dans son raisonnement, pour bon rhéteur qu'il fut, Apulée utilisait un «curieux système de défense semi‐indirecte. Insistant sur des griefs accessoires, il joue de l'ironie: “Etre beau et  savoir  parler,!  graves  accusations  que  je  voudrais  bien mériter!”»  (Encyclopédia Universalis)  Ce  n'est  point  un  système curieux!  Là,  il  s'agit  d'un  apport  net  de  la  rhétorique  et  de  la  poétique maternelles,  c'est‐à‐dire  ce  raisonnement  émane «physiquement» de  la  langue amazighe pour  s'investir dans un autre  système  (le  latin), et c'est ce qui  fait  son «étrangeté» (autrement dit son authenticité).  Ainsi,  le problème de  la  langue de  la création, quand elle est étrangère à  la maternelle, pose ainsi des  interrogations tant au niveau  structurel qu'au niveau des  idées. Donc, quelle  serait  la distance qui  sépare Apulée de  sa  culture maternelle? Nous dirons qu'il écrira inconsciemment (automatiquement) sa culture à travers les lignes de L'Ane d'or dans une langue étrangère.   

V ‐  L’Ane d’or, roman amazigh  Ce roman est une adaptation latine d'un récit grec intitulé Lucius ou L'Ane écrit par Lucien de Samosate, à son tour, une autre adaptation des Métamorphoses de Lucius de Patras, texte inexistant. De par son titre, Asinus aureus, nous avons les deux termes traduits «littéralement» en tamazight: «Asnus n waregh». Sont‐ils  donc des  emprunts? Du  latin  à  tamazight ou  vice  versa,  il n'y  a pas de différence  lexicale,  en  ce qui concerne les deux termes: «asnus» (âne) et «uregh» (or).  

Le roman L'Ane d'or est ouvert; maints récits s'y greffent librement, diversifiant ainsi les péripéties du récit. La narration est un va‐et‐vient continu entre  le vécu et  le raconté qui redonnent au texte un équilibre optimal.  Il ne s'agit pas de brassage, mais plutôt d'orchestration. L'histoire se compose de 11 parties. Lucius, un jeune Thessalien issu d'une famille aisée, va en voyage à Hypata. Il loue une chambre, précisément chez une sorcière nommée Photis. Menant une recherche contradictoire du plaisir et du savoir magique,  il eut des relations affectives avec sa servante. Grâce à cette dernière,  il tentera de connaître la magie de Photis. Se trempant d'onguent magique, il devient âne au lieu d'oiseau. Pour retrouver sa forme humaine, il faut qu'il mange une rose. Alors, un grand nombre d'aventures commence pour l'animal, dans sa quête d'un rosier.  Le malheureux animal est volé par des brigands qui vivent dans les montagnes. Là, il connaît Charité, une fille captive. Durant ce  séjour,  il  écoute  la  servante  des  brigands  raconter  à  la  prisonnière  la  fable  des  amours  d'Eros  et  de  Psyché.  Dans  la littérature orale des Imazighen, nous avons une autre version du conte/mythe, mais dénué de sa charge mythologique. C'est l'histoire d'une jeune mariée qui n'a jamais vu le visage de son mystérieux époux nommé «Tinaxda». Il rentrait la nuit et partait à l'aube, prohibant à sa femme de le voir. En contrepartie, amoureux de sa femme, il la comblait de cadeaux et d'amour. Ses sœurs aînées,  jalouses qu'elles étaient du bonheur de  leur petite sœur, vont  lui conseiller d'essayer de percevoir  la forme de l'époux. Une nuit, assurée du sommeil profond de Tinaxda, elle se penche sur lui pour voir sa physionomie. La lampe découvrit des peaux que la jeune commença à déplier tout en chantant, les larmes aux yeux. Arrivée à la dernière (la septième) peau, elle laissa tomber une larme qui brûla le mari endormi. Furieux, il quittera la jeune femme qui doit, afin de récupérer la confiance et l'amour de son époux, accomplir une série d'épreuves dictées par  la mère de Tinaxda. A  la fin,  ils vivront ensemble et auront beaucoup d'enfants.  Nous avons le même enchaînement de faits dans le conte de L'Ane d'or: «Exposée à un monstre qui l'emmène dans un palais enchanté où  il  la comble de bonheur sans que  toutefois elle ait  le droit de voir de ses yeux son  fabuleux époux. Quand elle obtient une entrevue avec ses sœurs  jalouses, celles‐ci  la poussent à  tuer  le monstre; armée d'un poignard et d'une  lampe, 

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Psyché se penche sur Eros; de stupeur, elle laisse tomber une goutte d'huile bouillante sur l'épaule du dieu. Celui‐ci la chasse. Pour  retrouver Eros,  une  série  d'épreuves  dictées  par Vénus,  parmi  lesquelles  une  descente  aux Enfers;  et  finalement  elle épouse Eros, de qui elle a une fille du nom de Volupté.» (cf. Encyclopédie Berbère).  Maintes questions se posent alors, nous allons nous satisfaire de quelques‐unes:  ‐Comment fonctionne‐t‐il ce conte emboîté au sein de l'histoire de L'Ane d'or?  ‐Quelle est la première source du conte: le grec, le latin ou tamazight?  ‐Pourquoi avons‐nous le conte de Tinaxda dans sa forme démythifiée?  Revenons à l'histoire du jeune Lucius métamorphosé en âne. Il s'évadera ensuite pour se retrouver monture d'un fermier, d'un jardinier, d'un soldat, d'un pâtissier et d'un cuisinier. A la fin, Lucius retrouve sa forme humaine après avoir ingurgité une rose, et se convertit à la religion d'Isis pour connaître définitivement la «salvation».  Ce voyage, de nature picaresque, sert à décrire surtout l'entourage socio‐politique de l'époque. Si le protagoniste de L'âne d'or est la représentation de l'homme dans ses conflits intérieurs, le narrateur apparaît comme un grand alchimiste des mots et des scènes qui narrent  l'histoire d'une métamorphose de  l'homme en âne, alchimie parfaite qui veut «dire»  l'infinie curiosité du protagoniste (l'écrivain). Encore, avons‐nous un grand nombre de récits et contes cités; l'emboîtement y est également parfait: il unit dans un même récit amour et haine, dévotion et trahison, fidélité et frivolité, vertu et vice, respect et inceste, tragique et comique, foi et libertinage, et des personnages disparates comme riche et pauvre, brigand et paysan, soldat et commerçant, mégère et vierge, matrone et sorcier…  (métamorphoses connues dans  les contes nord‐africains,  influence sur  l'écrivain). La métamorphose est nécessaire pour  rechercher  la vérité des  choses;  le  fait  (ou  l'objet)  se  trouve vu  / perçu en conséquence d'angles différents. Contrairement à  la métempsycose qui est une mutation  irréversible,  la métamorphose de Lucius est un procès réversible.  C'est pourquoi, nous avons le titre mis au pluriel, alors que le récit ceint une métamorphose cyclique, en un aller‐retour: homme‐âne‐homme. N'est‐ce pas là, en plus de la métamorphose du protagoniste, celle de l'écrivain qui est bien sûr cité, dans une scène autobiographique, à la fin de l'histoire?   VI ‐ L’Ane d’or, un auto‐commentaire idéologique  Tout d'abord, où s'arrête le linguistique dans le roman d'Apulée ? Où commence le social? Où peut‐on étudier le linguistique et non  le social? Enfin, ne faut‐il pas considérer  le  linguistique comme une partie du social ou vice versa? Certes,  le social et  le linguistique  forment  une même  et  cohérente  entité,  comme  l'avers  et  le  revers  d'une monnaie.  Il  est  catégoriquement impossible de parler de l'aspect langagier / linguistique sans se référer au social, et vice versa. Car l'œuvre d'Apulée s'apparente à une croisade poétique, politique, sociale, culturelle et métaphysique. En général, l'histoire de Lucius se veut une expérience idéologique  qui  déstructure  les  ressorts  internes  de  la  réalité,  voire  du  langage,  afin  de  reconstruire  un  discours  critique amazigh.  La formation de  l'artiste se fait progressivement par  l'influence de  l'écrit  (ce qui constitue  l'étranger,  (le «médiat»  ) et par  le vécu (sa culture maternelle, l'immédiat). Souvent, les grandes œuvres ne sont que des reproductions du vécu, de la tradition et de  la  culture mère. Là, nous pouvons parler de  l'insertion de  l'authenticité dans  le  cas d'un écrivain qui n'écrit pas dans  sa langue maternelle; tout ce qui est original émane de la langue et de la culture maternelles.  Dans l'exemple de L'Ane d'or, il peut être que cette originalité soit manifeste dans la conception du monde qui se précise dans les tribulations de l'âne. Il y a là précisément des thèmes qui peuvent résumer la désorientation de l'être amazigh ou plutôt sa désintégration au sein des remous de  l'époque décrite  (des brigands, des chevaliers, des montagnards violents…). Par cette vision  du monde,  le  texte  devient  non  seulement  une  critique  de  l'existence  et  de  la  société, mais  également  un  discours strictement idéologique (la victoire de l'amour pur dans le récit emboîté, et la réincarnation de l'homme pour le récit principal). En  outre,  quel  serait  le  trait  qui maîtrise  la  vision  du monde  chez Apulée?  Souvent,  l'imprévisible  représente  un  élément prédominant  dans  le  roman.  Parfois,  c'est  l'incertain  qui  pousse  l'écrivain  à  créer:  il  y  a  investissement  du  possible,  du hasardeux et de l'imprécis sans désocialiser le roman. C'est pourquoi tout texte, de n'importe quel genre ou typologie, s'offre au lecteur comme un corps chargé idéologiquement, véhiculant un discours précis par le biais du personnage, du narrateur, du texte et de l'auteur qui sont des entités significatives importantes.  D'ailleurs, le protagoniste de L'Ane d'or, par ses actes et spéculations infinies, remet en question  toute la société du II siècle. Lucius, bien  sûr après  l'écrivain,  voit  sa  tâche de  jeune  curieux  vis‐à‐vis de  la  société  se  réduire à mener une  recherche du savoir. Ainsi, tout acte se présente en tant que fait critique; parallèlement toute insertion poétique de l'auteur se situe du côté de la réalité, vouée à son analyse.  L'idéologie non seulement préexiste au discours mais également existe au sein de  la fiction. Là, elle retrouve une parfaite et adéquate «concrétion». L'auteur ne représente alors qu'un ensemble de faits qui peuvent charrier facilement tout son message vers son  lecteur. Une  telle  représentation démontre  l'essence de  la conscience partagée entre  l'auteur et  le  lecteur dont  les rapports sont essentiellement de nature  idéologique;  les déstructurer aide  l'interprétation à aboutir à d'importants résultats. L'acte d'écrire est essentiellement «lire le réel» et le représenter dans un projet qui ordonne la réalité avant de l'organiser en un système  le texte. Tout comme  la représentation  implique  l'idéologie,  l'image finie du réel n'existe pas dans  l'œuvre des deux écrivains. Il y a plutôt un jeu de réduction.  L'idéologie de  l'écrivain réside ainsi dans  la structuration de son projet: une œuvre modèle où toute  la pensée de  l'auteur est mise à nu. En général, la culture se trouve explorée méthodiquement dans ses différentes manifestations. A ce niveau, L'Ane 

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d'or se définit comme un roman par excellence nord‐africain, il y est question de l'histoire d'une situation socio‐économique en pleine agitation. Une précision historique: le roman est écrit avant la contestation de l'ordre romain, avec l'avènement de Marc Aurèle. Sous ce règne allait commencer l'insurrection des Maurétaniens.  Enfin, la charge idéologique dévoile la part occupée par l'auteur dans un texte, mais implique une structure kaléidoscopique de l'Autre. Afin de rechercher les corrélations entre le moi de l'écrivain et le roman, l'on suppose que cet ego, parallèlement à la fiction, se présente comme un réel positif, c'est‐à‐dire une structure première où l'origine apparaît implicitement dans les deux espaces, dotée d'une forme, bien sûr, antérieure à la forme finale (littéraire).   VII ‐ Quelques figures…  Prenons hâtivement quelques exemples afin d'illustrer  cette  insertion des éléments‐symboles  (formes et  contenus) dans  le roman, cherchons également leurs significations culturelles:  *L'âne / aghyul: Le protagoniste se métamorphose en âne au lieu d'un volatile (oiseau). Cette mutation répond parfaitement à l'état psychique de Lucius qui est doté d'un esprit volage et hédoniste. Seulement, pourquoi  le choix de  l'animal «âne» pour narrer une histoire partagée entre l'imaginaire et le réel? La source reste la culture amazighe où cet animal symbolise à la fois la stupidité, mais aussi la malice (cf. à «azedjif n weghyur»), à l'encontre de l'oiseau qui symbolise la légèreté et la frivolité (cf. à «azedjif  n wejdid ou n tejditt »). De là, cette métamorphose de Lucius présuppose la tendance à la maturité…                                 Sur  l'intelligence de  l'âne, nous  lirons un passage  «culturellement  amazigh»:  «L'autre  âne, devinant mon  intention  et me devançant, se mit tout à coup à feindre une extrême fatigue, se  laissa tomber avec toute sa charge et resta étendu, comme mort; ni les coups de bâton, ni les coups d'aiguillon, ni les tractions exercées en tous sens sur sa queue, ses oreilles, ses pattes pour  le soulever ne parvinrent à en tirer un effort pour se mettre debout,  jusqu'au moment où,  lassés d'espérer en vain,  les brigands, après avoir  tenu  conseil, décidèrent de ne pas  retarder  leur  fuite  (…)  tirèrent  l'épée et  lui  tranchèrent  les  jarrets, enfin,  ils  le  tirèrent  un  peu  à  l'écart  du  sentier  et  le  précipitèrent,  respirant  encore,  du  haut  d'une  pente  (…) Alors, moi,, réfléchissant au triste sort de mon malheureux camarade, je décidai de renoncer aux ruses et aux fourberies et de servir mes maîtres en âne sans reproche» (p.94)  Rappelons une série de proverbes/expressions amazighs qui se rapprochent de cette scène d'âne rétif :  

«Sekk aghyur, sekk imejjan‐nnes.  ‐Yecca anect min yecca weghyur di tsawent.  ‐Ma ad ac arigh s udvar n weghyur?!  ‐Yena‐s weghyur: wenni day‐i a yartan, ad yecc adan‐inu.  ‐Ij ighars i weghyur, ij yazu‐t.  ‐Yemmut weghyur deg uqemmum n yifri.  ‐Yeshundart weghyur, yiwedv rhimran i yighyar.  ‐Ar ad yesghuyy weghyur di rebhar.  ‐Itacem aghyur, itsedha tbarda.  ‐Tittawin n wgheyur deg arden.  ‐Sennej i wur, sadu wur, am tbarda x weghyur.»  

Ces  citations montrent  d'une  part  l'importance  de  cet  animal  au  sein  de  la  société  amazighe,  et  d'autre  part  ses  diverses significations allégoriques  (quel'écrivain exploite dans  la fiction). Bien que  l'animal se présente sans parole,  il narrera maints événements, décrira des scènes, expliquera des intrigues, élaborera des satires violentes, réfléchira profondément… De même, quoique  l'âne  représente  l'instinct  sexuel,  il  «réfractera»  mieux  l'image  de  l'homme  qu'il  a  été  auparavant.  Cette métamorphose  l'emmènerait à délaisser  l'univers hédoniste, c'est‐à‐dire ce comportement quotidien guidé par  la passion, à embrasser le raisonnement: ainsi les descriptions et les explications abondent dans le texte. Au fil de son raisonnement, notons que le  lecteur découvre une étude sociale et culturelle de l'époque (II siècle).  *Le hibou / muka: Le hibou, animal nocturne et désignant une personne solitaire, est considéré chez les Imazighen comme un présage du malheur, surtout de  la mort.  Il désigne également  la  laideur et  la vieillesse. Nous  lisons dans  le roman d'Apulée: «Quel bel, quel aimable amoureux pour  le plaisir d'une femme, qu'un hibou! D'ailleurs, ne voyons‐nous pas que  l'on a grand soin de capturer ces oiseaux de nuit,  lorsqu'ils ont pénétré dans une maison, et qu'on  les cloue sur  la porte, afin d'expier, par leur propre supplice, la catastrophe dont ils menacent les habitants par leur vol de mauvaise augure?» (p.86)  Citons deux expressions populaires en tamazight sur l'oiseau :  «Yegga muka.» (pour dire de quelqu'un qu'il est solitaire.)  ‐ Mara gherben‐c ijdvddv arr rhvarr x muka.»  Ici, nous remarquons que cet animal est depuis longtemps persécuté par les nord‐africains.           

*Le puits / anu: Source de la vie, le puits désigne l'essence. Un puits plein d'eau représente le bonheur pour les paysans car il assure la survie. Synonyme également de l'absent, le puits est un lieu mystérieux où habitent les démons. De même, nous avons l'expression «Wdva deg wanu» pour dire «Se suicider» (cf. Les chansons populaires). Dans L'Ane d'or, nous lisons:  

 elle tourna sa colère contre son propre sang: s'entourant d'une corde, elle attacha  contre elle, avec ce même lien, le petitت«enfant qu'elle avait eu de son mari, quelque temps auparavant, et se jeta dans un puits très profond» (p.192) Cette forme de 

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suicide, faisant partie du rituel amazigh, est souvent choisie par une femme trompée par son mari . oilà l'occurrence du terme «anu» dans une expression figée :  «‐Yeggûrar yejja azru yewdva deg wanu.»  Ici, il est synonyme de l'infini, de l'origine.  *Le rêve / turjit: A chaque peuple correspond une philosophie «onirique», un mode de rêver (en tant que production), tout  comme une manière de lire (en tant que réception).  Nous lisons: «ne te laisse pas terrifier par les vaines images des songes. Car, non seulement l'on considère comme mensongères les images qui viennent pendant un sommeil de jour, mais encore les rêves nocturnes annoncent bien souvent le contraire de ce qu'ils représentent; Ainsi, pleurer, être battue, parfois même être égorgée présagent gains et heureux profits; au contraire, rire, s'emplir le ventre de bonbons et de douceurs ou s'unir à quelqu'un pour goûter le plaisir de la chair signifieront que la tristesse, la maladie, et autres maux vont vous tourmenter.»» (p.110) Là, nous avons également une explication amazighe des rêves: le négatif dans le rêve renvoie au positif dans le réel.  Précisément, sur cette opposition réel / rêve, l'on dit:  ‐«Meolik aqzin war itarja itett trid, itiri yemmut.»  Ceci est propre aux rêveurs qui croient aux récits * *La référence identitaire: Dans le roman, le lecteur découvre un personnage nommé «Barbarus» dont les infidélités de sa femme sont narrées (p.211), identiques à celles que l'on raconte dans les  contes amazighes. De même, le terme «barbare» est cité dans les paroles d'un berger près de sa femme blessée lors d'une fuite, attaqués par une tribu: «Pourquoi attaquez‐vous si cruellement de malheureux voyageurs dans la peine? Pourquoi les lapidez‐vous? Quel butin visez‐vous? Quel tort prétendez‐vous venger? Vous n'habitez pourtant pas des cavernes de bêtes féroces ou des rochers, comme des barbares, pour prendre plaisir à répandre le sang humain?» (p.189) La notion de «barbare» (désignant également le «maure») s'y trouve débattu, voire indirectement mise en question.  Citons un autre passage important à analyser: «Alors, mettant sa main droite sur moi, le vieillard, avec bonté, me conduit aussitôt devant la porte de l'imposant sanctuaire; et, après avoir célébré selon le rite solennel la cérémonie de l'ouverture et accompli le sacrifice du matin, il tire d'un lieu secret, au fond du saint des saints, certains livres écrits en caractères mystérieux, les uns portant des figures d'animaux de toutes sortes qui symbolisaient en abrégé les formules rituelles, les autres renfermant un texte noté avec des signes compliqués, arrondis en forme de roues avec des traits en spirale comme des vrilles de vigne qui en défendaient la lecture contre la curiosité des profanes. Après les avoir consultés, il m'indique ce que je devrai obligatoirement préparer pour servir à l'initiation.» (p.276) De quelle écriture s'agit‐il au fait? Ces roues, ne seraient‐ils pas les «b», «c», «o», «h», «r», «s» et «*» en tifinagh? Et ces spirales, ne seraient‐ils pas les «d», «g», «f»,«k», «p», «h», «i», «q», «l»,  «w», «x», «y» et «z»? Ce qui renforce notre hypothèse, c'est la description géométrique de l'écriture tifinagh; ces deux formes structurent totalement l'«imaginaire écrit» des Imazighen!  A la fin du roman, le protagoniste «cesse d'être Corinthien  pour devenir citoyen de Madaure (Madaurensis). En s'identifiant ainsi avec son personnage, Apulée suggère qu'il n'était pas indifférent aux péripéties antérieurement rapportées, que la destinée de Lucius lui tenait à cœur, et qu'il entendait en tirer des enseignements profitables: il joue en somme les propagandistes de la religion isiaque et, par là, combat peut‐être le christianisme qui, à l'époque, se répandait rapidement en Afrique. Le bruit courait dans ce pays que les chrétiens adoraient un dieu à tête d'âne. Le salut de Lucius pouvait par conséquent être interprété comme celui d'une âme momentanément abusée par la «superstition» chrétienne.» (Encyclopédie berbère, p. 824) Là, nous dirons qu'il y a non seulement la  récupération de son être profond, mais aussi l'investissement implicite de l'amazighité.  En conclusion…  Il  s'avère,  pour montrer  l'amazighité  du  texte  romanesque,  indispensable  d'analyser  l'entourage  socio‐politique  qui  a  été derrière  l'engendrement  de  cette  littérature.  L'Ane  d'or  n'est  pas  un  texte  picaresque, mais  plutôt  roman  initiatique.  Son odyssée,  en  plus  de  sa  signification  spatiale,  est  totalement  étatique  (de  métamorphoses  culturelles,  identitaires  et ontologiques).  

H. Banhakeia Source : http://membres.lycos.fr/tawiza/index.htm

 

 

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L'âne d'or ou Les Métamorphoses  Roman ‐ Éditions Gallimard, Paris ISBN : 2‐0703‐6629‐4, 2003  

 

 Présentation  

      " J'éprouvais cependant une angoisse et une grande crainte en me demandant  comment  avec des pattes  si  énormes  et  si longues, je pourrais monter une faible dame, comment ce corps si  clair,  si  tendre,  tout  pétri  de  lait  et  de  miel,  je  pourrais l'enserrer entre mes rudes sabots, ces lèvres mignonnes, toutes empourprées  d'une  rosée  céleste,  en  approcher  ma  large  et hideuse bouche, avec ses dents laides et dures comme pierre, et leur  donner  des  baisers,  enfin,  comment  une  femme,  bien qu'elle  ne  fût  que  désir,  jusqu'au  bout  de  ses  jolis  ongles, pourrait recevoir en elle un membre aussi formidable ! "          Un  âne  regarde  vivre  les hommes  au  temps de  l'empereur Marc Aurèle.  

Le Matin 13 juillet 2004  

Du chardon à la rose  

      «Ecoutons  la façon dont  l'homme fait hi‐han », disait Victor Hugo cité par Jean‐Louis Bory en préface à cette oeuvre du  IIe siècle  après  J.‐C.,  et  considérée  comme  le  premier  roman  de l'histoire  de  la  littérature  universelle.  Traduite  du  latin  à plusieurs  reprises, cet ouvrage dont  les  spécialistes estiment « qu'aucune  version  ne  peut  donner  une  idée  de  l'élégance d'Apulée » est  considéré  comme  compilation de  l'aveu de  son auteur même  : « Je vais dans cette prose milésienne  te conter toute une série d'histoires variées et flatter ton oreille bienveillante d'un murmure caressant ». Ainsi, d'entrée de jeu l'érudit, chercheur, professeur de rhétorique, conférencier, philosophe et romancier, Apulée, de vieille souche amazighe originaire de Madaurus  (actuelle M'daourouch), qui  longtemps  «  a parlé  latin  avec un  fort  accent  », affilie son roman à « un genre de récits en prose dont le premier exemple remonte sans doute à Aristide de Millet vivant au Ier siècle après J.‐C. » et qui avait connu un très grand succès auprès du public romain.       Ce  genre  se  caractérisant  par  :  « Cette mobilité  formelle,  ce  décousu,  ce  pot‐pourri  de  genres,  de  tons,  ce brassage  d'évènements  et  de  personnes,  répondent  à  la  nature même  du  sermo milesius  »  est‐il  souligné  en préface. Apulée aurait retravaillé « les métamorphoses » petit texte rédigé en grec, attribué à Lucius de Patras et aujourd'hui disparu. « Ce qui compte aujourd'hui, c'est la sauce dans laquelle Apulée a cuisiné son âne », écrit Bory. « Apulée brode,  toute à sa  faconde méditerranéenne,  il en  rajoute.  Il galège comme  tout méridional galège  (et comme l'on doit galéger) en étant le premier à croire à ses galéjades, ce qui ne l'empêche pas d'avoir le verbe vrai et  la  plaisanterie  prompte,  voire  salée  ».  L'âne  d'or  se  présente  comme  une  suite  de  récits  fantastiques,  se déroulant en Thessalie. Le point de départ en est la métamorphose d'un jeune homme qui déchoit de la condition humaine  à  la  condition  de  bête  de  somme,  suite  à  une manipulation magique maladroite  de Photis,  sa  jeune maîtresse. Il l'avait auparavant exhortée de le transformer en oiseau afin de mieux observer ses contemporains.        Sa  curiosité  intellectuelle  et  son  penchant  pour  les  voluptés  charnelles  sont  durement  sanctionnés  par  une situation mouvementée,  de  dangers mortels  en  déchéances morales. Ainsi,  obligé  de  succomber  aux  avances d'une noble dame qui n'a d'autre rêve que de s'accoupler avec un âne si raffiné, on essayera de  le prostituer en public à une  jeune  criminelle, pour offrir au peuple un alléchant  spectacle de zoophilie. Le héros, originaire de Madaure  et  prénommé  Lucius  comme  l'auteur,  ne  revient  à  la  condition  humaine  qu'au  terme  d'un  voyage initiatique plein de terribles souffrances, qui le conduisent à l'essence de la spiritualité. Cette ascension mystique, le fait prêtre d'une divinité qui déjà s'imprègne de monothéisme : « Tes prières m'ont touchée, moi, mère de ce qui est Mon être divin est unique et nombreuses  sont  les  formes, divers  les  rites,  infinis  les noms par  lesquels me 

Page 12: APULEEasmani.s.a.f.unblog.fr/files/2010/01/apulee.pdfAPULEE Sa vie et son œuvre Apulée est un auteur du IIe siècle après Jésus‐ Christ, originaire d'Afrique, un des premiers

vénère l'univers entier. » Lucius est alors invité à brouter une rose, symbole de totale perfection pour pouvoir enfin se réaliser. Cette écriture foisonnante, ce récit somptueux souvent dédié « au dieu Rire » est une leçon de morale antique étonnamment contemporaine. 

  Karimène Toubbiya 

L'âne  d'or  d'Apulée  de Madaure  Editions Gallimard,  Folio  classique,  311  pages, Mars  2003.  Traduction  de  Pierre Grimal   Préface de Jean‐Louis Bory.  

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Mis en ligne Par Ramdane ASMANI

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