APPUI A LA PARTICIPATION DES JEUNES A LA VIE POLITIQUE … · Les relations publiques des partis...
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MANUEL DU PARTICIPANT
APPUI A LA PARTICIPATION DES
JEUNES A LA VIE POLITIQUE
EN REPUBLIQUE DU MALI
Projet d’appui à la participation des jeunes leaders à la vie politique au Mali Page 1
Publié par :
© EISA 2015
Ce manuel a été produit avec l’appui financier du Département fédéral des affaires étrangères
de la Suisse (DFAE-SUISSE)
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Projet d’appui à la participation des jeunes leaders à la vie politique au Mali Page 2
Sommaire
Reconnaissance……………………………………………………………………….P.3
Introduction…………………………………………………………………………..P.4
Programme des ateliers……………………………………………………………….P.5
Module I : La participation des jeunes à la vie politique…………………………P.6
Session 1 : Identifier les obstacles à la participation
des jeunes à la vie politique……………………………………………………..…….P.7
Session 2 : Pourquoi la participation des jeunes en politique ?.....................................P.9
Session 3 : La place des jeunes dans les partis politiques…………………………...P.11
Discussion et appropriation par les jeunes de l’accord pour la paix
et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger
Session 4 : Les relations publiques des partis politiques…………………………….P.17
Module II : Un élan pour l’engagement politique des jeunes……………………P.22
Session 5 : Le leadership politique : contenu et exigences…………………………...P.23
Session 6 : Bien s’exprimer en public………………………………………………...P.28
Session 7 : Les rassemblements et écrits politiques…………………………………..P.34
Projet d’appui à la participation des jeunes leaders à la vie politique au Mali Page 3
Reconnaissance
Le présent manuel a été conçu et structuré par Justin Doua Goré, pour
EISA-Mali, en s’inspirant des trois manuels suivants :
- Manuel de la participante : Projet d’appui à la mobilisation et à la
participation effective des femmes au processus de la gouvernance
locale au Mali. EISA 2015.
- Manuel du participant : Projet d’appui à la participation des jeunes
leaders à la vie politique au Tchad. EISA 2013
- Manuel d’appui a la préparation des jeunes candidats aux élections au
Tchad. EISA 2010.
EISA exprime sa profonde gratitude à monsieur Albert Kisimba, Expert
Electoral, pour la relecture du présent manuel et ses conseils avisés.
Projet d’appui à la participation des jeunes leaders à la vie politique au Mali Page 4
INTRODUCTION
La situation difficile que le Mali a connue en 2012 sous le double effet de
l’occupation de la partie nord du pays par les mouvements dits « djihadistes » et le coup
d’Etat qui s’en est suivi a eu un impact assez fort sur les populations, favorisé le
renforcement de l’esprit citoyen et patriotique et contribué à l’animation du débat politique.
La réussite des élections de 2013 avec une participation record et le regain d’intérêt
pour la chose publique ouvrent de nouvelles perspectives qui méritent d’être soutenues par
des actions de renforcement de la participation des couches sensibles telles que la jeunesse à
la vie publique et politique et de renforcement de la citoyenneté.
Comment amener les jeunes à s’investir dans la construction de la cité et à partager
avec d’autres les valeurs porteuses de sens ? Comment intéresser/impliquer davantage les
jeunes à la vie démocratique ?
C’est la recherche des réponses aux questions ci-dessus qui a amené EISA à initier un
projet « d’appui à la participation des jeunes à la vie politique en république du Mali ».
L’objectif général du projet est de contribuer au renforcement des capacités des jeunes
leaders politiques Maliens afin d’accroitre leur capacité d’influence dans leurs formations
politiques respectives, outiller les jeunes en connaissances et stratégies politiques dans la
perspective d’améliorer leur compétence et de les préparer à être des élites de demain.
De façon spécifique il s’agira de:
- Identifier les obstacles qui empêchent les jeunes de participer pleinement à la vie
publique et au processus politique au Mali ;
- Avoir des arguments en faveur de la participation des jeunes en politique et pouvoir
justifier la nécessité d’augmenter le nombre de jeunes participant au processus de prise de
décision au Mali ;
- Permettre aux jeunes d’approfondir leur réflexion sur le sens de leur engagement
politique, leur motivation et les valeurs qu’ils/elles défendent ;
- Permettre aux jeunes d’acquérir les bases de compréhension du fonctionnement des partis
politiques;
- Permettre aux jeunes d’acquérir des méthodes et un savoir-faire utiles à l’exercice des
responsabilités politiques.
Les résultats attendus du projet sont:
- La compréhension des jeunes sur les partis politiques et les enjeux de la participation
politique s’améliore.
- Les capacités des jeunes en leadership, en prise de parole en public et en gestion des
réunions sont renforcées.
- La participation politique et publique des jeunes s’améliore
- Les jeunes sont sensibilisés sur les questions de démocratie interne, de redevabilité et de
bonne gouvernance et les intègrent dans leur pratique politique.
Le projet se déroulera sous la forme d’ateliers de deux jours à Bamako et dans chaque région
du pays, selon le programme suivant.
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PROGRAMME DES ATELIERS
Les ateliers sont prévus pour se tenir sur deux jours consacrés à l’exploration des différents
thèmes proposés. Ils s’articulent autour du programme ci-après :
MODULE I JOUR I HEURE
Début Fin
La
participation
des jeunes à la
vie politique
Introduction, attentes et normes du groupe 8h30 9h15
Session 1 :
Identifier les obstacles à la participation des jeunes à la vie
politique 9h15 10h15
PAUSE CAFÉ
Session 2 :
Pourquoi la participation des jeunes en politique ? 10h30 11h15
Session 3 :
La place des jeunes dans les partis politiques
Discussion et appropriation par les jeunes de l’accord pour
la paix et la réconciliation au Mali issu du processus
d’Alger 11h15 12h30
PAUSE DEJEUNER
Session 4 :
Les relations publiques des partis politiques
14h00
16h00
FIN DU JOUR I
MODULE II JOUR II HEURE
Début Fin
Un élan pour
l’engagement
politique des
jeunes
Récapitulatif du jour I 8h30 9h15
Session 5 :
Leadership politique : contenu et exigences 9h15 10h45
PAUSE CAFÉ
Session 6 :
Bien s’exprimer en public 11h00 12h30
PAUSE DEJEUNER
Session 7 :
Les rassemblements et écrits politiques 14h00 16h00
Evaluation de l’atelier
16h00
16h20
FIN DU JOUR II et FIN DE L’ATELIER
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MODULE I :
LA PARTICIPATION
DES JEUNES A LA VIE
POLITIQUE
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SESSION 1 :
IDENTIFIER LES OBSTACLES A LA PARTICIPATION DES JEUNES
A LA VIE POLITIQUE
Objectif
Identifier les obstacles qui empêchent les jeunes de participer pleinement à la vie publique et
au processus politique au Mali.
Introduction
Les participants devraient recourir aux connaissances qu’ils ont de leur propre société afin
d’identifier les obstacles qui peuvent empêcher les jeunes de participer à la vie politique de
leur pays. Ils peuvent, par exemple, faire une comparaison des rôles attendus des jeunes en
fonction de leurs religions dans la société : quelles sont les choses qu’ils peuvent ou ne
peuvent pas faire, comment sont-ils censés se conduire et agir au sein de leur famille et de
leur communauté religieuse ? Ils peuvent également faire la comparaison entre les jeunes
habitant dans les villes et ceux habitant la campagne, concernant les attentes de leur famille,
de la société, etc.
Exercice
En session plénière, il est demandé aux participants d’identifier les rôles respectifs des
hommes, des femmes et jeunes dans la société malienne.
Responsabilités attribuées aux Hommes
Responsabilités attribuées aux Femmes
Responsabilités attribuées aux Jeunes
Exercice
Les participants parcourent la liste des énoncés ci-dessous et identifient si ces obstacles sont
liés à la structure de leurs partis politiques, ou s’il s’agit d’obstacles d’ordre culturel/société
ou d’obstacles personnels
Les jeunes ne devraient pas être impliqués dans la prise de décisions
Les réunions ont lieu durant les heures de cours/ de travail
En tant que jeune, je n’ai pas la bonne information
Les réunions durent trop longtemps
Il faut lire et analyser une grande quantité de documents formels
Cela coûte trop cher de faire participer les jeunes
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En tant que jeune, je n’ai pas le temps de m’impliquer
Il faut trop de temps pour impliquer les jeunes
Les jeunes qui sont impliqués changent tout le temps et il faut recommencer le
processus
Les jeunes n’ont pas les bonnes connaissances ou l’expérience requise pour participer
de manière efficace
Les jeunes ne respectent pas les opinions des adultes dans le parti
En tant que jeune, je ne pense pas pouvoir apporter une différence
En tant que jeune, comment puis-je communiquer le fond de ma pensée aux personnes
âgées pendant les réunions ?
Les jeunes ne participent pas au financement du parti
Exercice
Il leur est demandé aux participants de réfléchir aux deux questions suivantes :
1. Qu’est-ce qui empêchent les jeunes Maliens d’occuper des postes politiques tels
que député, maire, conseiller communal, conseiller régional, etc. ?
Est-ce la culture de gérontocratie qui prédomine dans les partis politiques ?
Un manque d’appui de la part des partis ? de la famille ?
Est-ce par manque de temps ?
Est-ce parce que cela implique d’avoir beaucoup d’argent ?
Est-ce par manque d’expérience ?
2. Que faut-il faire pour surmonter ces obstacles?
Que doit faire le gouvernement ? Que doit faire l’Assemblée Nationale ?
Que doivent faire les partis politiques ? Que doivent faire les Organisations de la
Société Civile ?
Qu’est-ce qu’il faut que chaque jeune fasse ?
Il existe un certain nombre de facteurs qui empêchent la participation effective des jeunes :
La dépendance économique et le manque de ressources financières adéquates ;
L’analphabétisme et l’accès limité à l’éducation, surtout en milieu rural ;
Le chômage ;
Les attitudes culturelles et sociales discriminatoires et les stéréotypes négatifs
perpétués dans la famille et dans la société ;
Le manque d’accès à l’information…
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A retenir
Chaque société, chaque culture, chaque religion, chaque période de l’histoire a ses
moyens spécifiques pour socialiser les femmes, les hommes et les jeunes aux rôles
qu’ils sont censés jouer.
Cette situation se reflète dans la société malienne de nos jours à travers les différents
rôles, fonctions et comportements que les jeunes adoptent en fonction de leur statut
social ou économique.
La responsabilité des jeunes dans l’identification des moyens possibles pour
contourner les différents obstacles qui les empêchent de participer pleinement à la vie
politique du pays est essentielle.
SESSION 2 :
POURQUOI LA PARTICIPATION DES JEUNES EN POLITIQUE?
Objectif
Avoir des arguments convaincants en faveur de la participation des jeunes en politique et
pouvoir justifier la nécessité d’augmenter le nombre de jeunes participant au processus de
prise de décision au Mali.
Introduction
La participation des jeunes dans le processus de prise de décision politique n’est pas une
faveur, c’est surtout un droit. Un droit qui leur revient en tant que citoyens à part entière de
leur pays et un droit qui constitue une des conditions requises par les principes
démocratiques. Mais il faut que les participants se rendent compte qu’un droit engendre
toujours une responsabilité.
Exercice
Il est demandé aux participants d’établir la liste des problèmes rencontrés par les jeunes au
Mali, au niveau politique, économique, social et culturel.
Les problèmes rencontrés par les jeunes dans la société
Problèmes politiques
Problèmes économiques Problèmes sociaux
Problèmes culturels
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L’agenda des jeunes en politique est un vaste chantier. Il peut inclure les aspects suivants,
sans que la liste soit exhaustive :
Le système éducatif (scolarisation, taux de fréquentation et d’abandon scolaire,
enseignement supérieur…)
La violence envers les jeunes filles (domestique, physique ou morale, viol…)
La prostitution de la jeunesse féminine
Le trafic des jeunes filles
La santé sexuelle et reproductive (accès aux soins primaires, la couverture sociale et
sanitaire, la maternité, la planification familiale, la contraception, l’avortement…)
La séroprévalence au VIH/Sida
Le chômage
La jeunesse et le secteur informel
L’accès à la terre et l’acquisition de propriété
L’accès aux prêts bancaires
Le mariage précoce
Exercice
Ces questions sont posées aux participants :
Pourquoi est-il nécessaire d’intégrer davantage de jeunes dans le processus de prise de
décision politique ?
Comment faire participer les jeunes à la politique ?
Les réponses seront par la suite discutées avec eux.
1- Parce que c’est un droit universellement reconnu
La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme :
« La reconnaissance de la dignité inhérente et les droits inaliénables de chaque membre de
la famille est la fondation de la liberté, de la Justice et la paix dans le monde ».
Cela indique que nous avons tous des droits parce que nous sommes des êtres humains et que
les droits de l’homme sont valides pour tous les membres des sociétés et des cultures. La
garantie des libertés les plus basiques est nécessaire pour les personnes capables d’exercer
leur volonté politique et pour le contrôle du peuple sur le gouvernement.
La Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples
Elle énonce dans son article 2 les droits reconnus à toute personne « sans distinction aucune,
notamment de race, d'ethnie, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d'opinion politique
ou de toute autre opinion, d'origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute
autre situation ».
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La Charte Africaine de la Jeunesse
Adoptée à la septième session ordinaire de la Conférence des Chefs d’Etats et de
Gouvernement tenue le 02 juillet 2006 à Banjul, Gambie, surtout l’Article 11 : De la
participation des jeunes.
Constitution du Mali.
Article 2 : tous les Maliens naissent et demeurent libres et égaux en droits et en devoirs.
Toute discrimination fondée sur l'origine sociale, la couleur, la langue, la race, le sexe, la
religion et l'opinion politique est prohibée.
Article 17 : L'éducation, l'instruction, la formation, le travail, le logement, les loisirs, la santé
et la protection sociale constituent des droits reconnus.
2- Parce que c’est le respect des principes démocratiques
La finalité de la démocratie est le droit de tous les citoyens de participer aux affaires
publiques, aux processus des prises de décision et au contrôle exercé sur le gouvernement.
A retenir
Les partis politiques, ne peuvent créer un réel changement dans la société que s’ils
sont en mesure d’assurer la promotion politique, sociale, économique et culturelle des
jeunes et des autres groupes marginalisés.
Les jeunes Maliens disposent d’instruments légaux ou politiques, internationaux et
nationaux qui garantissent le droit des jeunes et les principes des libertés
fondamentales et des droits de l’homme.
Kofi Annan, ancien Secrétaire Général des Nations Unies : « Les jeunes devraient
être la pointe du changement global et de l’innovation. Habilités, ils peuvent être des
acteurs clés pour le développement et la paix. Si, toutefois, ils sont laissés sur les
marges de la société, chacun d’entre nous sera appauvri. Faisons en sorte que tous les
jeunes aient toutes les chances de participer pleinement à la vie de leurs sociétés »
SESSION 3 :
LA PLACE DES JEUNES DANS LES PARTIS POLITIQUES
Objectif
Les participants identifient les moyens d’intervenir au niveau de leur propre parti politique
afin que celui-ci considère les jeunes comme des membres à part entière et l’avenir du parti.
Introduction
Dans tous les pays, la place des jeunes dans les institutions politiques dépend en premier lieu
de l'attitude des partis politiques et de leurs dirigeants. Les partis ont l'initiative d’intégrer les
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jeunes dans les instances dirigeantes et de les placer ou non en position éligible pendant les
élections. Malgré l'absence de dispositions contraignantes dans la législation qui régit les
partis politiques, les partis peuvent modifier leurs statuts ou règlements intérieurs pour
réserver aux jeunes un certain pourcentage des candidatures aux mandats électifs.
La connaissance des points suivants est primordiale si les jeunes veulent être des membres à
part entière de leur parti et aspirer à un militantisme au plus haut niveau de leurs partis dans
le futur :
Histoire politique du pays, ainsi que l’évolution des partis politiques
Définition d’un parti politique,
Rôles et fonctions des partis politiques,
Le système des partis et les idéologies politiques,
L’organisation des partis politiques,
La législation qui régit les partis et associations politiques,
Le leadership dans le parti,
Le financement des partis politiques,
Le système électoral,
Les alliances politiques,
La gestion des conflits à l’intérieur ou à l’extérieur des partis
1- Qu’est-ce-qu’un parti politique ?
Il existe plusieurs approches définitionnelles des partis politiques.
Heywood (2002 :248) saisit un parti politique comme un groupe de personnes
organisées et visant la conquête du pouvoir, par les moyens démocratiques ou autres
(révolution).
ACE Encyclopaedia (http://aceproject.org), cerne un parti comme un groupe de
personnes partageant plus ou moins les mêmes idées, et cherchant à influencer la
politique publique par le biais de l’élection de leurs candidats aux mandats publics.
Joseph Lapalombara et Myron Wiener (1966) conceptualisent le parti politique
comme une structure caractérisée par la continuité et la nationalisation de son
organisation, la volonté d’exercer le pouvoir et la recherche d’un soutien populaire.
Toutes ces définitions intègrent les paramètres définitionnels essentiels :
Organisation d’individus autour des idées ;
Conquête et conservation du pouvoir ;
Recours aux moyens démocratiques.
On peut donc également dire qu’un parti politique est un regroupement de CITOYENS ayant
LIBREMENT décidé de s’associer sur la base d’une vision fondamentalement homogène de
la société et de la gestion de la vie nationale en vue de mener une action politique. Il a
vocation de conquérir, d’exercer et de conserver le pouvoir. Il anime la vie politique nationale
à travers son programme, ses prises de position, le recrutement et la formation des militants,
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la promotion des valeurs incarnées par son projet de société, l’information et la mobilisation
de l’opinion publique autour de sa vision.
2- Quelles sont les fonctions d’un parti politique ?
Compétir et gagner les élections en vue de contrôler le gouvernement et les
institutions de l’Etat et appliquer sa politique (projet de société et programme de
gouvernement) ;
Rassembler des personnes ou groupes de personnes qui partagent les mêmes valeurs
et les mêmes idées ;
Proposer des alternatives politiques ;
Identifier et former des leaders politiques ;
Servir de lien entre les citoyens et le gouvernement.
Les partis politiques jouent un rôle fondamental dans l’enracinement de la démocratie dans
un pays. Selon Yves Schemeil :
« Sans partis, la confusion régnerait : personne ne serait capable de simplifier les choix des
électeurs autour de quelques grandes idées, et l’univers des choix possible serait tellement
grand que les citoyens pourraient être finalement contraints de rester chez eux les jours de
scrutin ou risqueraient de se tromper en ne votant pas pour le candidat ou la candidate (ou
la liste de candidats) qui incarnerait le mieux leurs convictions. Sans partis, il serait même
probable que les conflits politiques ne se trancheraient pas dans les urnes, mais dans la rue.
Les partis offrent en effet à chacun la possibilité de se reconnaitre dans un champion qui
transforme la violence potentielle des rapports sociaux en un simple combat électoral.
La première mission des partis est donc de permettre aux citoyens dotés d’un droit de
suffrage de s’en servir correctement en trouvant dans l’un des programmes en concurrence
avec tous les autres de quoi satisfaire leurs revendications »1.
3- Les traits distinctifs des partis politiques
Orientation idéologique (à partir de laquelle se forme sa vision de la société, son
projet de société et de gestion de la vie nationale) ;
Projet de société et programme de gouvernement. Le programme reflète le projet de
société en ceci qu’il fixe ou présente les étapes et les actes qui conduiraient vers un tel
type de société. Le programme fixe les priorités du parti dans divers domaines de la
vie nationale, présente les problèmes à résoudre, de même que le mécanisme et les
moyens de leur résolution. Toutefois, ce qui est important dans un programme, ce
n’est pas le listing des objectifs, mais les moyens qu’on entend mettre en œuvre afin
d’atteindre ces objectifs, la pertinence et la cohérence des différentes actions
envisagées ;
Hymne du parti ;
Cri de ralliement ;
1 Yves Schemeil, Introduction à la science politique : objets, méthodes, résultats. 2eme édition revue et
augmentée- Paris : Presses de Sciences Po/Dalloz, 2012. P.420.
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Slogans ;
Symbole.
4- Les valeurs du parti
Exemple de valeurs :
La loyauté ;
La solidarité ;
La paix et la non-violence ;
La culture du développement ;
Le respect des droits humains et de la vie humaine.
EISA a développé un certain nombre de principes et valeurs dont les partis politiques
devraient s’approprier. Les valeurs et principes sont énumérés comme suit :
• Transparence
• Intégrité
• Honnêteté/fidélité
• Redevabilité
• Responsabilité (envers qui/quoi? Les principes démocratiques? L’intérêt général? Un
fonctionnement adéquat du gouvernement?)
• Participation (dans leur approche de la prise de décision politique et de la formulation des
politiques publiques)
• Inclusivité (organes et militants/adhérents/sympathisants du parti, dimension genre,
jeunesse)
• Réactivité (vis-à-vis de qui/quoi ? Les principes démocratiques ? L’intérêt général ?)
• Approche consensuelle
• Tolérance
• Equité
• Solidarité
• Culture du débat et saine émulation d’idées
• Respect des droits de l'homme
• Non violence
• Séparation du parti et de l'Etat ; du parti et du gouvernement2
5- Qu’est-ce qui rend les partis politiques réellement démocratiques ?
Un parti sans démocratie interne ne peut participer à l’animation d’un système politique
démocratique. La démocratie interne favorise le débat interne, limite les frustrations et donne
une dynamique saine au parti.
Les partis politiques qui pratiquent la démocratie interne :
Mettent en place des mécanismes réels de décision et de circulation de l’information ;
Favorisent la liberté d’expression et le débat démocratique en leur sein ;
Encouragent la participation de tous les membres ;
2 Vers des principes et des bonnes pratiques en vue d’un meilleur fonctionnement des partis politiques dans la
gouvernance démocratique en Afrique. Actes du 5eme Symposium de EISA. Johannesburg, 23 et 24 novembre
2010.
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Assurent la promotion des groupes spéciaux (femmes, jeunes) ;
Rendent les leaders responsables devant les membres et sympathisants.
EISA a également énuméré un certains nombre de principes de démocratie intra-parti
Les partis politiques doivent assurer une gouvernance démocratique interne- en
termes de participation des membres, de système d'information, de gestion du
patrimoine, des comptes, des audits, de l’administration et des élections internes.
Toutes les procédures internes doivent être conformes aux principes démocratiques ;
il doit y avoir des règles de gestion de conflits internes suivant les normes
démocratiques.
Les partis politiques doivent favoriser et protéger le leadership en leur sein.
Les partis politiques doivent avoir des élections crédibles et régulières à différents
niveaux pour différents postes, avec des mandats nouveaux ou renouvelés pour leurs
dirigeants3.
6- Qu’entend-t-on par unité du parti ?
Pour qu’un parti soit efficace, ses membres doivent avoir une vision commune et respecter
les textes du parti. Un parti politique sérieux ne peut pas tolérer des membres :
qui sont en désaccord de fond avec la direction, les choix fondamentaux et les idées
du parti ;
qui sont loyaux envers un autre parti ;
qui refusent de travailler dans les structures du parti.
Un parti qui n’arrive pas à maintenir la discipline interne est un parti voué à l’échec. Le parti
doit établir un équilibre entre la cohésion, le strict respect des textes, la nécessité du débat
interne et l’innovation. La discipline de parti peut être comparée à l’esprit d’équipe dans les
sports.
7- Organisation des partis politiques
Quelles que soient la qualité des leaders et les idées d’un parti politique, il ne peut pas
connaître du succès s’il n’a pas une bonne organisation. Un parti politique doit avoir une
structure interne claire et comprise par ses membres.
Exercice
Les participants se mettent en groupe selon leurs partis politiques de provenance. Ils vont
passer à la loupe leur parti et essayer de répondre aux questions suivantes :
Quelles sont les structures de votre parti ?
Le parti a-t-il une structure de jeunesse ?
Le parti a-t-il une base de données des militants/adhérents ?
Si oui, quel est le nombre/pourcentage de jeunes parmi les membres inscrits dans les
registres du parti ?
3 Ibid
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Quelle est la place des jeunes au sein du parti ?
Y a-t-il des jeunes dans les instances dirigeantes du parti ? (Hormis le président de la
ligue des jeunes)
Combien de candidatures de jeunes le parti a-t-il présentées aux dernières élections ?
Combien de jeunes ont été élus ? Pourquoi ?
Combien ont perdu les élections ? Pour quelles raisons ?
Les participants sont invités à décrire leurs structures de jeunesse (structure et
fonctionnement)
8- Le rôle des jeunes dans les partis politiques
Les jeunes apportent une plus-value considérable à la vie du parti. Les jeunes militants :
Portent la voix de la jeunesse auprès du parti et la voix du parti auprès de la jeunesse,
Contribuent à la transmission, au renouvellement et à la pérennité de l’idéologie, du
projet, des valeurs et de la mémoire du parti,
Constituent une force de négociation et de propositions,
Constituent un moyen de pression politique grâce à leur capacité de mobilisation,
Sont le meilleur canal d’éducation civique,
Sont une redoutable machine électorale (distribution des tracts et prospectus, collage
d’affiches, service d’ordre, campagne de proximité, vote, surveillance du scrutin…)
Sont le vivier de cadres et d’élus, l’avenir du parti.
Toutefois, ils restent de la même famille, dans le même moule que leurs ainés, avec une
doctrine, un projet et des valeurs communs. D’où la nécessité d’un dialogue inter-
générationnel entre l’expérience des ainés et l’activisme et la fougue des jeunes.
9- La communication interne du parti politique
9-1. Les moyens écrits
Le journal du parti ou journal proche du parti
Le tableau d’affichage au siège du parti et dans les démembrements
La note d’information
La boite à suggestion
L’Internet et l’Intranet (site web du parti)
9-2 Les moyens oraux
Les réunions ordinaires ou extraordinaires
Echanges thématiques et/ou stratégiques
L’Assemblée Générale ordinaire ou extraordinaire
La convention du parti
Le congrès du parti
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SESSION 4 :
LES RELATIONS PUBLIQUES DES PARTIS POLITIQUES4
Les RPP visent à communiquer, à échanger, avec le public. Cette action n’envisage pas
directement un recrutement ou une conquête électorale. Il s’agit de se brancher en quelque
sorte sur le public en créant une relation, un contact. Celui-ci servira de passerelle d’échange
d’informations entre les deux parties. Les RPP servent à maintenir un contact socio-politique
avec les notabilités, les personnes à haute rentabilité électorale et la population. Elles servent
également à diffuser au sein de la population une image polie et lissée du parti politique et
par ricochet de ses dirigeants. Elles servent enfin à créer les bases d’un rapprochement ou
d’un contact éventuel avec la population.
Les RPP visent donc à projeter et à maintenir une image du parti dans l’opinion (crédibilité,
intimité avec l’environnent social, traçabilité) et à dialoguer avec la société.
1- Les éléments des relations publiques politiques
Les relations publiques peuvent être appréhendées comme une action continue et
systématisée qui structure les relations communicationnelles entre un parti politique et les
personnes physiques ou morales de son environnement sociopolitique.
Comme indiqué ci-haut, cette action a pour visée de faire connaitre le parti et ses idées, ses
opinions, ses solutions aux problèmes, mais aussi d’aider le parti à recevoir les besoins et
attentes de son environnent. C’est par les RPP que le parti politique réalise l’une de ses
fonctions essentielles, la pénétration communautaire.
Les RPP s’appuient fortement sur l’image du parti, les symboles du parti, le comportement
des membres du parti, le discours des cadres du parti.
1-1 L’image du parti dans la société et l’image de la société dans le parti
De sa naissance aux discours et comportements de ses leaders, aux types de manifestations
que le parti organise, les citoyens catégorisent le parti dans leur imagerie. Cette image est
souvent typologique (parti des intellectuels, parti populiste, parti démagogue, etc.) et souvent
normative (parti des hypocrites, parti des fanfarons, parti de la vérité, coquille vide, etc.).
L’image d’un parti est donc l’identité organisationnelle d’un parti non pas comme le parti
l’entend ou le souhaite, mais comme l’opinion le perçoit. L’image du parti dépend donc de la
façon dont elle est véhiculée dans l’opinion publique par les dirigeants du parti. Une fois une
image sculptée dans l’opinion, il est difficile de la corriger !!!! Une bonne image est un
gage de succès et un atout électoral.
Pour se rendre compte de la perception que la population a d’un parti, il suffit d’interroger au
hasard quelques personnes. Ce qu’elles déclareront du parti traduit sensiblement ce que le
parti est pour ladite population.
4 Cette partie sur les relations publiques des partis politiques est extraite de : EISA, Manuel de renforcement des
capacités des partis politiques, Tome 3 : relations publiques politiques et marketing politique.
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Dans le concret, l’image du parti est déterminée par les idées et le discours, le comportement,
les symboles du parti et le discours soutenus par ses leaders.
1-2 Les idées et le discours du parti.
L’adéquation des idées du parti avec les problèmes de la société, la cohérence du discours
face aux événements dans le pays, constituent les premiers matériaux de l’image du parti
dans l’opinion. Il s’agit surtout des idées exprimées par les leaders et particulièrement par le
président ou le secrétaire général du parti (est-il cohérent, manipulateur, s’approche t-il
souvent de la vérité, etc.). Les idées peuvent être en adéquation avec les problèmes, mais si le
langage des leaders est un langage de haine (on peut dire la vérité mais dans un langage
conciliant), le parti va être perçu comme un groupe conflictuel. En d’autres termes, le verbe
fait aussi l’image.
1-3 Le comportement des leaders et des membres du parti
L’image du parti est aussi déterminée par le comportement politique et social de ses leaders
et de ses membres. Si les leaders sont intègres, constants, ouverts, flexibles…, le public aura
tendance à catégoriser le parti selon toutes ces valeurs. Dans le cas de figure où, par exemple,
le président d’un parti est un menteur patenté ou un détourneur de fonds public, l’opinion
aura tendance à associer le parti avec le mensonge et le détournement de denier public. Même
le comportement des leaders dans le quartier influe aussi sur l’image du parti. Pour
paraphraser une maxime bien connue, le grand public pensera : ‘’tel chef, tel parti’’.
Même l’habillement des leaders du parti, les tenues de fêtes (t-shirt, pagnes, etc.) projettent
une image du parti dans l’opinion. Des leaders toujours débraillés, des manifestations du parti
avec des t-shirts de mauvaise qualité ou des pagnes aux insignes illisibles, traduisent une
certaine légèreté du parti dans l’opinion.
Ce ne sont peut-être là que des jugements de valeur, mais en politique c’est comme cela que
l’opinion se structure, par la perception et par la projection puisant dans le comportement réel
des leaders et des membres du parti et pas nécessairement par l’idée que les membres se
font eux-mêmes de leur parti.
Projet d’appui à la participation des jeunes leaders à la vie politique au Mali Page 19
1-4 Les symboles et l’image du parti
Les insignes, le logo ou les couleurs du parti projettent aussi une image de celui-ci dans
l’opinion. Il convient de souligner que si les idées et le discours sont décryptables par les
intellectuels (donc une minorité et essentiellement dans les milieux urbains), le comportement
et les symboles sont décodables même par les analphabètes, jusque dans les villages. Les
symboles du parti en particulier se prêtent à un complexe système de décodage qui est
fonction des cultures (totems, tabous, symbolique de malédiction, formes maléfiques, etc.).
Le logo du parti traduit aussi des valeurs culturelles susceptibles d’interprétation.
2- Les activités de relations publiques politiques
Les activités de RPP peuvent être regroupées en deux ensembles d’opérations : l’interaction
sociale et la communication.
Il est à noter que dans certains partis politiques, les activités de communication sont prises en
charge par un secrétariat (département) ou une cellule technique de la communication. Dans
ce cas, le secrétariat aux RPP est chargé exclusivement des relations avec le public.
Cependant, quelle que soit l’option, les techniques expliquées ici pour les relations avec le
public et la communication sont les mêmes.
2-1 Les relations avec le public : tâches /activités, planification et stratégie.
Les relations sont entendues au sens d’une relation formelle (sur base d’une lettre) ou
informelle (rencontre à domicile, visite au bureau). Le membre du parti qui est chargé des
relations avec le public accomplit les taches suivantes :
-Identification des associations,
institutions d’enseignement,
entreprises, ONG, organisations
religieuses, de la communauté (ville,
commune, et du pays) les plus
influentes
-Sollicitation et planification des rencontres avec les
organisations ou les personnalités ;
-Envoi des lettres de demande d’informations sur les
organisations, les mouvements associatifs et leurs
activités.
-Etablissement d’une liste de leaders
d’opinion et des notabilités séculaires
et religieuses de la communauté (ville
et pays)
-Planification et organisation des manifestations /
marches, cérémonies du parti (conférences, diner-
débats, matinées politiques, cafés idéologiques, etc.) ;
-Invitation des personnalités et représentants des
organisations et des mouvements associatifs, etc.
-Distribution des lettres d’information,
ou, selon les circonstances, de
félicitations ou d’encouragements
-Sollicitation de contributions ou présentations des
réflexions, rapports ou résultats des recherches, des
personnalités, ou des associations, sur des questions
données.
-Identification des activités artistiques ou sportives
des associations, des institutions d’enseignement, etc.
pour la participation du parti.
Projet d’appui à la participation des jeunes leaders à la vie politique au Mali Page 20
2-2 La communication externe du parti: tâches, techniques et opérations
La communication est l’une des activités prioritaires et donc déterminantes dans le
fonctionnement d’un parti politique. La communication d’un parti politique doit être
centralisée et cohérente. Il faut éviter d’avoir des discours divergents sur une même question.
Les membres du parti peuvent ne pas être tous d’accord sur la position officielle du parti,
mais l’intérêt de celui-ci doit prévaloir. Ainsi, avant toute déclaration à la presse par exemple,
il faudra une ligne de conduite du parti.
Les techniques de communication dépendent du type de communication : oral, écrit ou
audiovisuel.
- La communication écrite
La communication écrite étant effectuée sur un support documentaire (communiqué, lettre,
article, etc.), elle doit faire l’objet d’une concertation préalable au niveau de l’organe
exécutif. Le communiqué de presse étant très formel et engageant directement le parti, doit
résulter d’une réunion aussi formelle de l’exécutif. Les articles signés par les cadres et portant
leurs fonctions au sein du parti, peuvent aussi faire l’objet d’échanges préalables, afin
d’éviter des malentendus.
La communication écrite du parti peut se faire au moyen d’un journal, des articles de
réflexion des cadres du parti, des communiqués de presse…
L’opinion et le public en général voudraient lire les réflexions de hauts cadres du parti, et
comprendre la lecture des événements politiques du pays à travers le prisme idéologique du
parti. Cela contribue à la formation de l’opinion et à la structuration de l’image du parti.
Il faut toujours avoir le reflexe d’enrichir les articles politiques en citant des sources de
notoriété journalistique, scientifique, institutionnelle, religieuse, qui permettent d’enjoliver
l’image du parti comme une organisation de profondeur qui «fouille » et s’abreuve auprès des
sources respectables.
Le communiqué de presse est le support par lequel le parti fait connaitre sa réaction, ses
objections, face aux attaques, aux actions posées dans les institutions de l’Etat ou en cas de
survenance d’un événement majeur engageant la vie du parti et la vie de la nation. Le
communiqué de presse peut aussi livrer les décisions importantes du parti (révocation d’un
cadre, annonce de la candidature du président du parti à la magistrature suprême, etc.).
Le communiqué de presse n’est pas lu. Il est simplement distribué aux journaux pour
publication et aux stations audiovisuelles qui souvent les exploitent en tirant les points
majeurs.
La lettre à la rédaction d’un journal est généralement utilisée comme une stratégie de
communication parallèle pour soutenir, défendre, les idées ou positions officielles du parti.
La lettre à l’éditeur est rédigée par les membres à titre individuel. Il convient de noter,
cependant, que la rédaction du journal se réserve le droit de publier ou de rejeter ces lettres.
Il s’agit de la lettre que le parti (par son président, son secrétaire général ou son secrétaire
national à la communication) adresse à la rédaction d’un journal ou en réponse à une attaque
par parti adverse, pour formuler une objection, clarifier ou rectifier une position/opinion ou
réfuter des incriminations exprimées contre le parti.
Projet d’appui à la participation des jeunes leaders à la vie politique au Mali Page 21
- La Communication audio-visuelle
Elle est la plus sophistiquée, car elle utilise les mediums exigeant une certaine technologie.
La communication audio-visuelle fait recours à certains modes multi-acteurs et directement
interactifs, tels que les débats radiophoniques ou télévisés, les débats télévisés en direct à
téléphone ouvert, etc.
Dans le contexte du Mali, les radios (nationales et communautaires) offrent une opportunité
énorme de communication car les régions, les communautés rurales, les villages, ne sont
branchés sur le reste du pays que grâce aux radios qui utilisent généralement les langues
locales. Le parti devrait donc avoir une liste de contacts des stations de radios
communautaires (directeurs, reporters, etc.). Aussi, les cadres du parti peuvent cultiver des
rapports informels avec les journalistes, en les invitant même dans des manifestations non
politiques, question de nouer de relations solides et de maintenir une image de sociabilité du
parti dans les milieux des medias.
La communication audiovisuelle est réalisée au moyen d’interviews, de débats, de conférence
de presse, de reportage...
L’interview est un mode de communication audiovisuelle par lequel un journaliste spécialisé
(en politique, en économie, en matière internationale) ou un reporter (pour le compte d’un
journal radiodiffusé ou télédiffusé) pose des questions spécifiques sur un sujet bien
déterminé à un cadre du parti.
Le débat est un véritable affrontement politico-intellectuel par lequel les cadres des partis
politiques tentent de faire triompher les points de vue de leurs organisations respectives, par
rapport à un problème, une question d’actualité ou un événement de la société. La difficulté
(et aussi le péril des débats) est que même si le thème est connu d’avance, l’interaction
communicationnelle avec les autres débateurs fait souvent bifurquer les débats sur d’autres
questions ou dimensions sur lesquelles parfois on n’a pas d’éléments. C’est pourquoi, il est
judicieux que le parti sélectionne des cadres intellectuellement aguerris, capables d’avoir le
reflexe intellectuel et politique adéquat face aux glissements des débats sur des pistes
dangereuses.
Les débats politiques exigent une culture générale intense et dense, une maîtrise de
l’idéologie et de l’histoire du parti, une bonne connaissance de l’histoire politique du pays.
L’invitation au journal est soit sollicitée par un haut cadre du parti, généralement le
président ou le secrétaire général (souvent aussi le secrétaire national en charge de la
communication) en vue de commenter un sujet d’actualité ou de commenter une position du
parti ayant fait l’objet d’un point ou d’une conférence de presse.
La conférence de presse n’est qu’un point de presse suivi des questions de la part des
journalistes. L’avantage de la conférence de presse est qu’elle permet d’explorer les
dimensions connexes à la question principale ayant été au cœur de l’activité. Son danger est
qu’elle peut donner lieu, dans les questions, à des contradictions contreproductives (certains
journalistes peuvent être téléguidés par les adversaires pour poser des questions
embarrassantes). Mais, certains politiciens utilisent la conférence de presse comme un
puissant outil de RPP en y invitant des journalistes avec lesquels ils ont déjà préparés des
questions dont les réponses sont bien fignolées. Cela donne une image de génie au leader du
parti et amplifie donc le prestige du parti (c’est une technique très répandues aux Etats-Unis)
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MODULE II :
ELAN POUR
L’ENGAGEMENT
POLITIQUE DES
JEUNES
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SESSION 5
LE LEADERSHIP POLITIQUE: CONTENU ET EXIGENCES
Objectif :
Au terme de la session les participants seront capables de distinguer les différents styles de
direction, les caractéristiques d’un leadership excellent et intégrer dans leur comportement
quotidien les exigences du leadership.
I. Les formes de pouvoir5
Le pouvoir se définit comme la capacité d'influencer le comportement d'un individu ou d'un
groupe. Il y a cinq formes de pouvoir que l'on peut répartir en deux catégories: le pouvoir dû
à la fonction et le pouvoir personnel. Ainsi, le pouvoir légitime, le pouvoir de la récompense
et le pouvoir coercitif sont attachés à la fonction occupée par le gestionnaire au sein d'une
organisation, tandis que le pouvoir lié à la compétence et le pouvoir charismatique sont des
formes de pouvoir personnel.
1. Les pouvoirs dus à la fonction
Le pouvoir légitime : est rattachée à un poste et permet d'imposer des règles aux
individus. Son étendue varie généralement selon les fonctions occupées et reflète le
niveau de l’autorité déléguée.
Le pouvoir de la récompense: est la capacité de donner un bien matériel ou moral à
un individu pour l’encourager à persévérer dans sa conduite. Pour que ce pouvoir soit
efficace, le subordonné doit reconnaître que son supérieur a le droit de l’exercer.
Notons que le pouvoir de la récompense peut accroître le pouvoir légitime.
Le pouvoir coercitif: se définit comme la capacité de contraindre un individu à
adopter une conduite donnée. Contraire à l’éthique, le pouvoir coercitif agit aussi sur
le plan psychologique. Le pouvoir de la récompense demeure le meilleur moyen
d’inciter quelqu’un à bien faire son travail.
2. Les pouvoirs personnels
Le pouvoir lié à la compétence: est la capacité d’influencer la conduite d’autrui, il
provient de ses connaissances et de son expérience. Il dépend du crédit dont dispose la
personne.
Le pouvoir charismatique: est lié à la capacité d’exercer un ascendant sur les autres
du fait de sa forte personnalité ou du prestige dont on jouit. Ce type de pouvoir est
l’apanage des leaders possédant une haute structure morale et une solide réputation.
5 Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Leadership (Consulté le 8/7/2015)
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II. Contenu du leadership
1. Définition du leadership, les différents styles de direction et les leaderships
correspondants
Le leadership c’est l’art de mener un groupe d’individus ou une équipe pour atteindre
efficacement et durablement des résultats à partir des objectifs fixés à l’avance sans choquer
ni frustrer les membres de l’équipe. Le leadership c’est d’abord un style de direction,
l’ensemble des comportements et des méthodes instaurés par le responsable dans la
conduite et l’animation de l’équipe.
Il y a donc des qualités, des compétences, un savoir être et un savoir faire dont doit faire
preuve tout individu en position de leader ou aspirant à l’être.
Ces qualités et savoirs doivent également se retrouver chez les personnalités politiques ou
tous ceux qui souhaitent faire de la politique.
A partir de ces définitions, on dégage deux orientations possibles ; celle qui est centrée sur les
individus et celle qui privilégie les résultats. Ces deux orientations font intervenir à leur tour
différents styles de leadership.
Schéma des différents styles et le leadership correspondant
1er cas
Le style qui privilégie fortement les actions à mener et les résultats avec trop peu
d’attention accordée aux personnes. Un leader qui l’adopte planifie et contrôle seul,
se soucie peu ou pas des attitudes, propositions et sentiments des membres.
Le leadership directif et axé sur les résultats. Dans ce cadre, on donne des
instructions précises aux membres de la structure en expliquant clairement ce qu’on
attend qu’ils fassent, en exigeant qu’ils suivent des procédures et règles déterminées à
l’avance, et en fixant des échéances d’exécution. On s’en tient alors à un travail de
coordination et de contrôle.
2ème cas
Le style qui accorde une grande importance aux individus, qui privilégie les
relations humaines parfois au détriment des résultats.
Le leadership positif, qui accorde une importance aux besoins des membres et qui
manifeste de l’intérêt pour leur bien-être. Ce style se préoccupe de créer un climat
amical dans le groupe.
3ème cas
Le style du laxisme ou le syndrome du chef bon pour tous. C’est un style de
laisser-aller où les résultats ne sont pas la priorité et où les rapports humains sont tout
aussi abandonnés. Ce qui compte dans ce style, c’est comment éviter les conflits.
Le leadership laxiste dont le leader ne cherche pas à se mouiller, à être désagréable
mais cherche plutôt à être en de bons termes avec tout le monde.
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4ème cas
Le style participatif, privilégiant aussi bien l’équipe que les résultats, le leader qui
adopte ce style fixe ses objectifs en tenant compte de l’avis des membres, en
déléguant le pouvoir et en gérant les conflits de façon constructive.
Le leadership participatif, qui privilégie, suscite et encourage les avis et suggestions
des membres de la structure, en tient compte pour la réalisation des objectifs. Tout en
montrant une préoccupation aiguë pour le travail bien fait et donc les résultats, ce
style n’abandonne pas pour autant la confiance à accorder aux collaborateurs.
Henry Ford : « Se réunir est un début, rester ensemble est un progrès, travailler ensemble
est la réussite »
2- Les 10 caractéristiques d’un leadership excellent
• L’ambition
Que nous appelions cela dynamisme, énergie, enthousiasme, motivation, ambiance ou
besoin d’accomplir quelque chose, elle est indispensable. Un leader, par définition,
fonctionne par lui-même.
• La persévérance
Le trait commun dans l’histoire de la réussite des leaders c’est la persévérance, la capacité
de surmonter d’incroyables obstacles sans se décourager.
• Le courage
Cette qualité se rapproche de la persévérance. C’est la volonté de commencer et la
persévérance est la volonté de continuer.
• La foi
La foi est très proche de l’ambition. Le secret de la réussite de quelqu’un réside dans la foi
en lui-même, la foi en autrui et la foi en tout ce qu’il entreprend.
• L’intégrité
La malhonnêteté prend naissance au sommet et se répand vers le bas. Le dicton dit que :
« Le poisson pourrit par la tête ». L’intégrité est donc une qualité essentielle pour avoir de
bonnes relations humaines.
• Le sens de l’équité
Les individus, quel que soit leur condition ou leur degré d’instruction, découvrent
rapidement un traitement injuste. Il est pratiquement impossible de créer un climat positif de
motivation sans équité.
• La souplesse
La souplesse est la marque d’une bonne disposition d’esprit, la volonté d’apprendre par
l’expérience, la capacité de changer en fonction des circonstances, de se laisser influencer par
des raisonnements valables, des avertissements, des exhortations et des signaux.
• L’objectivité
Les leaders de qualité ont le pouvoir de considérer toute chose avec réalisme. On ne les
trompe pas facilement et eux-mêmes ne se font pas d’illusions. Ils arrivent à percevoir la
réalité et la vérité d’une manière très précise.
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• L’auto-discipline
L’homme qui ne peut se contrôler ne pourra jamais contrôler autrui.
• L’esprit de décision
Le leadership vis-à-vis d’autrui commence par le leadership vis-à-vis de soi-même. Seuls
ceux qui se sont fixé des objectifs peuvent mener les autres avec décision.
3- Quelques erreurs qui mènent les dirigeants à l’échec
La négligence des détails ;
Le refus de rendre d’humbles services ;
La peur d’être concurrencé par ses collaborateurs/collaboratrices ;
Le manque d’imagination ;
L’égoïsme ;
Le manque de loyauté ;
L’accent sur l’autorité que confère la position ;
L’accent sur son titre.
En définitive, il y a deux façons de diriger : la première, et de loin la plus efficace,
s’exerce avec le consentement et la sympathie des dirigés ; la seconde est imposée par la
force sans consentement ni sympathie.
III. Que choisir ?
1- Patron ou leader : Lequel voulez-vous ?
• Le PATRON surmène ses collaboratrices/collaborateurs ; Le LEADER les conduit
• Le PATRON compte sur l’autorité ; Le LEADER suit la bonne direction
• Le PATRON règne par la peur ; Le LEADER inspire l’enthousiasme
• Le PATRON dit « soit à l’heure » ; Le LEADER est là avant l’heure
• Le PATRON accuse les autres de la faute ; Le LEADER répare la faute
• Le PATRON sait comment faire ; Le LEADER montre comment faire
• Le PATRON fait du travail un cauchemar ; Le LEADER en fait un jeu
• Le PATRON dit « Allez-y » ; Le LEADER dit « Allons-y »
• Le PATRON dit « Fais/Faites ceci ou cela » ; Le LEADER dit « Faisons/Nous le
ferons »
« Le vrai leader ne donne pas des ordres : il encourage. Le Leader sait que la meilleure
façon de faire accomplir quelque chose à quelqu’un est de l’amener à le faire volontier »
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2- Changement de Paradigme
Du patron qui: Au leader qui:
3- Ethique de la parole en management des hommes
• Les sept (7) mots les plus importants : Je reconnais que je me suis trompé
• Les six (6) mots les plus importants : Quel est votre point de vue ?
• Les cinq (5) mots les plus importants : Vous faites du bon travail
• Les quatre (4) mots les plus importants : S’il vous plaît/ S’il te plaît
• Les trois (3) mots les plus importants : Je vous remercie
• Les deux (2) mots les plus importants : Cherchons ensemble
• Le mot le plus important : Nous
• Le mot le moins important : Je
Point de réflexion et de discussion
Les participants sont invités à échanger sur cette pensée de Gamal Abdel Nasser : « Etre un
leader, c’est facile. Il suffit de connaitre les aspirations de la masse et de les crier plus fort
que tout le monde. Etre un bon leader est plus difficile : il faut convaincre la masse de
vouloir ce qui est réellement le meilleur pour elle. Dans tous les cas, il faut connaitre, être
accepté et suivi »
Points à retenir
1. Le leadership est l’art d’influencer et de diriger les femmes et les hommes dans le but
d’obtenir que volontairement elles/ils nous accordent leur adhésion, leur confiance, leur
respect et leur coopération.
2. Les traits marquants d’un leader politique sont sa persévérance et sa foi en lui. Il croit en
son destin même quand les perspectives sont sombres. Il y a aussi la résistance. Elle
accompagne la persévérance, comme une capacité à absorber les coups et maintenir son
chemin. Il ne perd pas son calme, ne cède pas à la peur et rassure les siens. Parce qu’il se sent
investi d’une mission avec des objectifs clairs, le vrai leader politique a les idées claires et
sait exactement ce qu’il veut. Informé et confiant en son raisonnement, il a toujours des
relations pragmatiques et décomplexées avec les autres. Toutefois, il doit très souvent tenir
compte des irrationalités de la politique, des mouvements de foule, des déplacements des
centres de gravité et des fluctuations des rapports de force inhérentes à la vie politique.
• Administre
• Maîtrise
• Dicte
• Autorise
• Répond
• Cache ses émotions
• Ecoute
• Intègre
• Apprend et expérimente
• Anime
• Questionne
• Utilise et met en valeur
Projet d’appui à la participation des jeunes leaders à la vie politique au Mali Page 28
3. Le leader politique doit avoir le sens de l’amitié, avoir un cercle de proches, d’intimes avec
qui il fonctionne dans la transparence. Il a toujours besoin de son équipe, de son carré de
fidèles, des gens sur qui il peut absolument compter, des gens qu’il a besoin de connaitre, de
comprendre, des gens avec qui il est rigoureux et affectueux en même temps.
4. Le leadership politique a deux rôles :
• Obtenir la réalisation des objectifs du parti ;
• Obtenir le bien-être et la promotion des militants du parti.
SESSION 6
BIEN S’EXPRIMER EN PUBLIC
Objectifs :
A la fin de la session, les participants seront capables de :
Maîtriser les techniques de communication devant un grand groupe.
Connaitre les caractéristiques d’un bon exposé.
Adopter les attitudes d’un bon orateur.
Introduction
L’homme a toujours éprouvé le besoin d’échanger avec ses semblables ou même avec
certains animaux qu’il a su dompter. Ces échanges sont d’ordre matériel, verbal et non
verbal.
En effet, une société qui n’accorde pas une place de choix à la communication dans ses
projets de développement est perdante dans bien de domaines.
La communication est aujourd’hui incontournable dans les milieux politiques, professionnels,
scientifiques, familiaux, éducatifs, etc.
Ainsi, il s’avère nécessaire d’apprendre à communiquer et de savoir communiquer
efficacement.
Qu’est-ce-que la communication ?
Communiquer signifie « établir des relations avec quelqu’un ». Il est donc d’abord
nécessaire, pour qu’une communication soit établie, qu’il y ait un émetteur ou destinateur et
un récepteur ou destinataire, et qu’un message soit délivré du premier vers le second. Les
messages les plus couramment utilisés sont d’ordre visuel ou sonore.
Une deuxième condition nécessaire pour établir une communication est que le message soit
compréhensible pour le récepteur.
Schéma de communication
Message
EMETTEUR
RECEPTEUR
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1. La préparation de l’exposé
Faites une préparation aussi exhaustive que possible :
Maitrisez votre sujet
Faites en sorte de connaître votre audience et ses centres d’intérêt
Soyez au courant de tous les faits
Ayez des preuves et des références toutes prêtes
Préparez à l’avance des contre-arguments
Préparez des fiches
Utilisez les termes appropriés
Répétez votre présentation seule ou devant des ami(e)s
Les supports
Les supports peuvent aider à la compréhension. On dit généralement qu’ « un schéma vaut
mieux que de longs discours ».
Tout conférencier a, à sa disposition, un grand nombre de supports tels que le tableau (blanc
ou noir), le paper board/flip chart, les moyens audio-visuels et informatiques
(vidéoprojecteur, par exemple). Ces différents supports doivent être utilisés selon des normes
pédagogiques requises. Ils aident le conférencier à présenter les points clés de son exposé
sous une forme écrite ou visualisée par des mots clés, des schémas, des images, des
graphiques, des tableaux, etc.
NB : Si un problème technique survient, n’en faites pas un drame ! Réagissez avec humour.
2. Les règles d’or de l’exposé
L’exposé fait appel à des messages verbaux (le message contenu dans la parole) et des
messages non verbaux et se déroule dans des conditions plus ou moins favorables.
En faisant un exposé à un auditoire on a pour objectif de lui apporter des messages en sachant
qu’il ne peut en retenir qu’un nombre limité.
NB : une communication qui comporte trop de messages prête à confusion d’où la nécessité
d’aller à l’essentiel.
Pour commencer, il faut:
Saluer l’auditoire et se présenter.
Annoncer précisément le thème.
Indiquer la durée de l’exposé.
Présenter brièvement le plan.
Dire quand les questions seront posées.
Pendant l’exposé
Soyez bref et concis dans votre intervention : ne faites pas trop de développement,
n’entrez pas dans les petits détails
Traitez un seul sujet à la fois
Évitez les digressions
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N’édulcorez pas votre message en donnant trop d’exemples
Ne vous excusez pas tout le temps
Pour finir, il faut:
Répéter son message clé.
Remercier l’auditoire pour son attention.
En cas de questions laissées en suspens, inviter à poursuivre ultérieurement.
Se lever pour donner le signal de la fin.
3- L’orateur/oratrice
A l’observation d’un exposé, on peut évaluer les capacités d’un orateur à bien communiquer.
3.1. La communication par les mots : Qualité des messages verbaux
Le contenu d’un exposé est fondamental. Son intérêt peut être tel que les messages non
verbaux qui l’accompagnent n’ont qu’un intérêt secondaire.
Il est important de bien choisir les mots qu’on utilise, d’en maîtriser le sens quitte à s’aider
d’un dictionnaire.
Trois obstacles à la communication verbale sont à éviter :
Utiliser des propos d’initiés avec des profanes
Utiliser des synonymes inconnus de ses interlocuteurs pour une même idée
Utiliser un même mot pour désigner des idées différentes
Les phrases courtes sont conseillées pour diminuer les risques d’ambiguïté.
- La voix
Chacun connaît les avantages et les inconvénients d’une voix monotone ou avec des
variations faibles ou fortes, aigues ou graves, des débits lents ou rapides, des voix neutres et
de celles qui trahissent les émotions, des accents, des tons reflétant une classe sociale.
La voix est constituée de : l’enveloppe vocale + le débit de parole.
La voix porte vos mots, vos idées, mais aussi vos émotions. La voix est donc un support
important de votre communication verbale.
Il y a plusieurs types de voix :
La voix confidentielle : « donner l’impression de parler à un seul auditeur »
La voix conversationnelle : « donner l’impression de parler à un ou plusieurs
auditeurs faisant partie d’un groupe »
La voix projetée : « donner l’impression de parler à plusieurs auditeurs constituant un
public plus large »
La voix d’appel ou la voix criée : « donner de la voix pour faire autorité »
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LA VOIX
- Les intonations
Elles portent les mots. Pour réussir une communication, il faut donner du relief à vos idées
grâce aux intonations.
- La prononciation
Des consonnes et des syllabes doivent être claires pour permettre une bonne compréhension
phonétique de la parole. La parole bien articulée est mise en valeur par une voix projetée bien
placée. L’influence du débit se manifeste en renforçant globalement le sens du discours.
Lent et calme avec de longues pauses = solennité, gravité, réflexion
Rapide sans pause = volubilité, empressement, véhémence, agacement
Vitesse uniforme = annule les ressources de l’intonation et crée une parole mécanique
sans âme.
L’accélération et le ralentissement stimulent l’écoute, l’important est la combinaison des
changements de vitesses pour captiver son auditoire.
Utilisez un langage facile à suivre :
Utilisez des phrases avec des verbes à la première personne comme : Je sens que…Je
suis convaincue que…Je trouve inacceptable le fait que…
N’utilisez pas des mots ou des expressions vides de sens tels que : « Comme vous le
savez… ; ne pensez-vous pas que ? Je m’excuse de…»
Posez des questions claires et directes : « Qu’est-ce qui vous amène à croire
que… ? », « Où avez-vous déniché cette idée ? », « Est-ce que ces faits sont
vérifiés ? »
Référez-vous à votre expérience personnelle : « Ce n’est pas ce que j’ai
expérimenté… », « Je trouve que… »
Personnalisez les idées: « A votre avis,… »
3.2- La communication non verbale
Les mouvements (corporels, faciaux, oculaires) interfèrent avec les mots prononcés en :
les accentuant ou les renforçant
les contredisant
les régularisant
les répétant
ENERGIQUE
CONFIANTE
MODULEE
RYTHMEE
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s’y substituant (mimique de moue, d’ironie, de doute)
Il est donc important d’apprendre à vous maîtriser et à éviter les gestes qui parasitent le
discours.
En effet, il faut éviter :
Les mains devant la bouche ou le nez,
Les gestes répétitifs car ils deviennent des tics (camisole/boubou/robe/chemise
réajusté, bracelets ou chaines tripotés, stylo mâchouillé, haussement des sourcils, nez
gratté, les allées et venues à grande allure dans la salle, …),
Les mains ou les avant-bras appuyés sur le bureau lorsque vous êtes debout : on ne
voit plus que le sommet de votre tête et c’est lassant,
Les bras croisés sur la poitrine. Ils expriment votre trac car ils symbolisent un bouclier
entre votre public et vous,
Les mains frottées à tout bout de champs. Il montre la haute opinion que vous avez de
vous-même,
Les mains dans les poches : cela donne une impression de négligé, de suffisance,
De rester assis sans bouger (les auditeurs s’endorment et le conférencier aussi),
De fixer sans arrêt le plafond, le plancher ou quelques auditeurs seulement.
GESTES REGARD POSITION
4- Maintenir son auditoire en éveil
Devant un auditoire important la principale difficulté est de faire passer son message d’une
façon qui ne fasse pas bailler les participants. Pour capter et retenir l’attention de l’auditoire il
faut développer l’interactivité. Une réunion sera efficace si on sait créer un climat positif
d’échange. Une autre astuce pour maintenir l’assistance en éveil est de la faire jouer
régulièrement ou de lui demander son opinion sur un thème abordé. Mais comment se
comportent les membres d’un groupe et comment gérer les perturbateurs ?
Les membres du groupe comme l’animateur les voit :
- Le bagarreur
Rester calme, ne pas se laisser entraîner, l’empêcher de monopoliser la parole.
AMPLES
COORDONNES
VARIES
APPROPRIES
CONTACT
CHACUN
ALTERNANCE
PUISSANCE
PRECISION
SOLIDE
STABLE
TRANQUILLE
OCCUPANT
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- Le sage
C’est une aide précieuse, l’utiliser, lui faire apporter sa contribution.
- Celui qui sait tout
Faire en sorte que le groupe sape ses théories.
- Le bavard
L’interrompre avec tact, limiter son temps de parole
- Le timide
Augmenter sa confiance en lui, lui poser des questions faciles, attirer l’attention des autres sur
ce qu’il dit d’intéressant.
- Ici, il est contre
Faire jouer son ambition, si possible utiliser ses connaissances et son expérience.
- Le « roupilleur »
Comme il ne s’intéresse à rien, il faut l’interroger sur ses propres activités.
- Le grand seigneur
Ne pas le critiquer, utiliser la technique du « oui, mais… »
- Le rusé
Utiliser les questions en retour ou relais.
5. Maitriser son trac
Le trac est une angoisse irraisonnée que l’on ressent juste avant de se produire en public ou
d’entrer en scène.
Les cinq peurs les plus répandues
La peur du « trou »
La peur de bafouiller
La peur du lapsus
La peur d’ennuyer
La peur de paraître mal à l’aise
5.1 La manifestation du trac
Le trac provoque des réactions désagréables : accélération du rythme cardiaque, spasmes,
tremblement des jambes, moiteur des mains,…
Quand survient le trac vous perdez toutes vos facultés. Vous restez muet, les mots ne sortent
pas, ils sont bloqués dans la gorge, le regard peut être affolé. Enfin, quand vous parvenez à
produire un son, les mots sortent en bouillie, accommodés d’une trop forte respiration, les
gestes sont saccadés, la sueur perle, le corps semble se vider.
5.2 Que faire ?
Apprenez par cœur les deux premières minutes, moment de grande vulnérabilité. Sachez
qu’un auditeur sur trois refuserait absolument de parler à votre place : celui là vous est
acquis. Arrivez ‘’relaxe’’, dans des habits avec lesquels vous êtes à l’aise. Enfin, dites vous
que ce stress est humain.
Projet d’appui à la participation des jeunes leaders à la vie politique au Mali Page 34
Points à retenir
1. Pour bien communiquer, l’orateur/oratrice doit bien structurer son exposé, le rédiger dans
un langage simple et le présenter de manière captivante et convaincante tout en respectant le
temps de parole qui lui est imparti.
2. Même s’il est reconnu que le plus souvent le public ne perçoit qu’une partie de la
signification du message délivré par l’orateur, celui-ci peut développer des capacités pour
améliorer de manière sensible sa façon de communiquer.
SESSION 7 :
LES RASSEMBLEMENTS ET ECRITS POLITIQUES
Objectif :
A la fin de la session, les participants seront capables d’identifier les conditions de réussite
d’une réunion politique et vont se familiariser avec les termes politiques et syndicaux usuels
leur permettant de préciser la nature de leurs propos au cours des réunions. Ils seront
également capables de rédiger des procès-verbaux de réunion et des déclarations et
communiqués de presse.
I- La réunion politique
1- Définition et types de réunions
La réunion est un moyen oral de communication. Son objectif est de regrouper
momentanément plusieurs personnes pour des raisons variées.
Elle est préférée aux autres moyens de communication quand on veut développer un
contact direct entre les participants, gagner du temps pour prendre ou appliquer une décision
ou recueillir des idées sur un problème particulier. Elle reste donc indispensable à la vie et au
fonctionnement de toute organisation.
Il existe plusieurs types de réunions parmi lesquels on peut citer :
- La réunion d’information (descendante, ascendante et horizontale)
- La réunion de négociation
- La réunion de réflexion pour résoudre un problème
- La réunion de décision
- La réunion conviviale dont le but est de bien se connaître, d’améliorer les liens dans un
bureau ou organe du parti. On peut ici relever l’importance de ce type de réunion dans les
Bureaux Nationaux de jeunesses des partis politiques dont les membres, bien qu’étant tous
militants du même parti, viennent d’horizons divers.
Par ailleurs, il faut distinguer les réunions ordinaires des réunions extraordinaires. Les
modalités de la réunion ordinaire sont fixées soit par les textes (Statuts, règlement intérieur),
c’est le cas le plus fréquent, soit décidées en assemblée au cas où les textes restent muets sur
la question. Quant à la réunion extraordinaire, comme l’indique son nom, elle se tient de
Projet d’appui à la participation des jeunes leaders à la vie politique au Mali Page 35
façon expresse sur convocation du dirigeant pour débattre d’une question urgente qui ne
saurait attendre la date de la réunion ordinaire. C’est pourquoi, l’usage veut qu’il ait un seul
point à l’ordre du jour.
La réunion peut être hebdomadaire, par quinzaine, mensuelle …. Tout dépend des objectifs à
atteindre et du plan de travail qu’on s’est donné.
La préparation est donc fonction du type de réunion. Si nous souhaitons être efficaces et
performants faisons en sorte que les réunions soient bien préparées.
Cette préparation s’articule autour des points suivants :
2- La préparation proprement dite
Il est de notoriété qu’une réunion bien préparée est déjà réussie à cinquante pour cent
(50%). C’est pourquoi les organisateurs (le Président et le Secrétaire Général) doivent
commencer par répondre aux questions suivantes :
- Quel est le but de la réunion ?
- Quels sont les participants ?
- A quelle date se réunir et pendant combien de temps ?
- Où se réunir ?
- Quels résultats attendre de la réunion ?
- Quelles méthodes utiliser pour atteindre ces résultats ?
Les réponses à ces questions se résument en quatre points :
2-1- L’opportunité de la réunion
Avant de convoquer une réunion, il faut être convaincu de son opportunité. Le moment
est-il bien choisi ? L’environnement permet-il sa tenue ? Ne peut-on pas régler le problème
posé par des contacts personnels ? (Appels téléphoniques, e-mails…)
Dans tous les cas les reports de réunions ne sont pas interdits.
2-2 - La fixation des objectifs
Tous les membres invités à participer à la réunion doivent avoir une idée claire des
questions à débattre et des objectifs de la réunion. L’une des qualités d’un bon animateur de
réunion, c’est son réalisme. Tous les problèmes posés à une réunion peuvent ne pas avoir tous
des solutions au cours de la même réunion.
Sauf si on veut déplacer le problème ou lui trouver une solution de façade. Une question non
épuisée peut être reportée à la réunion suivante.
2-3- La convocation
Le Secrétaire Général qui est chargé de convoquer les membres doit faire en sorte que la
convocation soit envoyée à temps.
Les délais trop brefs donnent souvent des arguments à ceux qui ne veulent pas participer à la
réunion et perturbent les plannings individuels. En la matière, il n’y a pas de délai rigide, sauf
pour les réunions d’une assemblée délibérante. Dans ce cas, le délai de la convocation fait
l’objet d’une réglementation particulière.
Qu’elle soit orale ou écrite, la convocation doit être concise, attrayante et mentionner :
- Le responsable de la réunion
Projet d’appui à la participation des jeunes leaders à la vie politique au Mali Page 36
- La date
- L’heure
- La durée (la durée raisonnable d’une réunion se situe entre 1H 30 et 2H, au delà on
s’installe dans le verbiage)
- Le lieu
- L’ordre du jour
- Les références du signataire pour la convocation écrite (il est inconcevable que la
convocation à une réunion soit anonyme).
NB : L’habitude fait que pour les réunions de routine ou très régulières on a tendance à ne
plus se préoccuper de l’ordre du jour. Et pourtant, il reste un élément important de la réussite
d’une réunion.
L’ordre du jour comprend un ou plusieurs points et se termine par les « divers ». Sa fixation
tient absolument compte du temps imparti à la réunion. Il peut ne pas être épuisé.
Le point « information » dans l’ordre du jour signifie que la table de séance a des
informations à donner à l’assistance. Mais elle peut aussi en recevoir de la part des
participants.
Lorsque la réunion est bien préparée sa conduite devient un jeu pour le duo gestionnaire de la
réunion, à savoir le Président et le Secrétaire de séance.
3. La conduite de la réunion politique
Il s’agit de voir ici comment la réunion démarre et est conduite. Comment on participe
aux discussions et ce qu’il faut éviter à une réunion.
3.1 Comment conduire une réunion politique ?
La bonne conduite d’une réunion politique tient aux points suivants :
- Il faut être strict sur la ponctualité, donner l’heure du début et de la fin de la réunion. Ne pas
tomber dans les légèretés du genre, « L’heure africaine ». Ce serait manquer de respect pour
ceux qui font l’effort d’être ponctuels. Il faut toujours présenter ses excuses en cas de retard.
- Avant toute réunion, le Secrétaire de séance fait une lecture nominative des membres du
bureau (ou des participants attendus) afin d’avoir une idée du quorum6 et veiller à éviter les
cas d’intrusion ou de contestation des décisions éventuelles.
- Le Président de séance débute la réunion par la formule consacrée :
« Chères sœurs, chers frères, militantes et militants/camarades militantes et militants du …,
bonjour/bonsoir. Merci d’être venus, la séance du jour est ouverte. » Ensuite le Secrétaire fait
la lecture du procès verbal de la réunion précédente qui doit être approuvé par l’assemblée.
Après quoi, il présente l’ordre du jour qui doit être adopté soit directement, soit après
amendement. Dès lors, il passe la parole au Président de séance qui rentre dans le détail de la
réunion selon, bien sûr, la présentation de l’ordre du jour. Le manque de précision dans
l’ordre du jour entraîne toujours le désordre.
6 Nombre de membres présents exigé dans une assemblée délibérante pour que le vote soit valable.
Nombre de votants nécessaire pour qu'une élection soit valable.
Le quorum est fixé par les statuts et règlement intérieur.
Projet d’appui à la participation des jeunes leaders à la vie politique au Mali Page 37
- Introduire chaque point de l’ordre du jour par une présentation, de préférence courte, puis
donner la parole aux participants soit dans un ordre préétabli, soit dans l’ordre des demandes
d’interventions.
Important ! :
- Mesurer les temps de parole et presser les bavards de conclure (dans certains cas on peut
définir le temps maximum à consacrer à chaque sujet de l’ordre du jour.
- Ne pas se sentir obligé de répondre à chaque intervention (reformuler en fin de discussion
les positions exprimées, proposer la conclusion qui semble s’en dégager) ou s’il n’y a pas de
consensus, résumer les positions antagonistes.
- Susciter un climat favorable de façon à éviter les comportements agressifs susceptibles de
bloquer les discussions.
- S’efforcer de faire participer tous le monde, surtout les individus qui ont la crainte de
s’exprimer en public ou dire ce qu’ils ressentent.
- Rester objectif et ne pas favoriser l’argumentation d’un tel ou de tel autre.
- Etre moins bavard et plus précis que les autres quand on préside une réunion. Ça fait chef !
Quant au Secrétaire de séance, il doit être courtois mais vigilant et ferme pour éviter les
digressions sans rapport avec l’ordre du jour.
- A la fin de la réunion, le Secrétaire de séance fait le résumé de la rencontre et laisse la
parole au Président pour lever la séance en disant par exemple « Chères sœurs, chers
frères/camarades militantes et militants du …, je vous remercie pour votre contribution aux
débats. La séance est levée, bon retour à vos domiciles ». Il peut aussi en ce moment donner
la date de la prochaine réunion.
NB : Le Secrétaire de séance doit redoubler de vigilance lorsqu’il s’agit des « divers ». Parce
qu’à cause de son caractère imprécis, ce point donne lieu souvent à des dérapages fâcheux. Il
arrive souvent que les « divers » prennent plus de temps que tous les autres points de l’ordre
du jour réunis. Certaines organisations ont trouvé une solution qui consiste à lister les
« divers » ou à les supprimer. Cette solution est-t-elle efficace ? N’enlève-t-elle pas aux
« divers » leur substance même ?
Même si la réussite d’une réunion repose sur sa conduite efficace, il faut noter que la
participation aux discussions confère à la réunion politique son caractère démocratique et
donne aux décisions prises toute leur crédibilité. Mais les participants répondent-ils toujours
aux attentes des organisateurs ? Sont-ils toujours à la hauteur des débats ?
3.2 Comment participer aux débats ?
Pour participer efficacement aux discussions, il faut :
- Ecouter attentivement et garder une trace des débats (prise de notes dans un cahier de
réunions) ;
- Parler au bon moment, apporter sa contribution ;
- Avoir le visage le plus ouvert possible (regard, sourire, expression,..) car le regard établit le
contact et renseigne sur l’intensité de la relation ;
- Eviter de perdre le fil de la pensée, se concentrer même si la réunion se prolonge indûment ;
- Défendre son idée, argumenter, prouver ce qu’on avance ;
- Reformuler ses idées et même celles des autres ;
Projet d’appui à la participation des jeunes leaders à la vie politique au Mali Page 38
- Poser des questions afin de mieux cerner les problèmes ;
- Accepter les divergences qui apportent toujours une vision nouvelle au débat ;
- Faire des concessions pour parvenir à un résultat susceptible d’avantager les parties en
présence ;
- Apporter des explications afin de déclencher l’attention et de rassurer ;
- Accepter la ou les décisions prises et se ranger du côté de la majorité.
En cas de vote à main levée sous la forme de tour de table, ne jamais commencer par la
table de séance.
Nous venons de voir les conditions de réussite d’une réunion. Mentionnons à présent ce qu’il
faut éviter.
3.3 Que faut-il éviter ?
- Ne jamais intervenir, rester passif ;
- Interrompre brutalement une discussion ou de façon intempestive celui qui parle ;
- Montrer des signes d’impatience, de mauvaise humeur ;
- Sortir du sujet ;
- Etre ironique sur l’argument d’un intervenant ;
- Revenir sur les questions déjà traitées ;
- Prêter des propos à quelqu’un qui ne les a jamais tenus ;
- Etre à l’origine de conflits inutiles ;
- Créer des situations de blocage ;
- Négliger les positions des autres ;
- Etre discourtois.
4. Les check-lists
4.1 La check-list avant
Posez-vous des questions pour préparer une réunion
- Qui sont les participants ?
- Sont-ils informés ? De quoi ?
- Où se passe la réunion ?
- Quand et pour combien de temps ?
- Avec quel matériel ? (Salle, disposition, chevalets, vidéoprojecteurs…)
- Comment installer les participants ?
- Y a-t-il un support à distribuer ?
4.2 La check-list pendant
- Accueil et présentation ;
- Rappel de l’ordre du jour et des objectifs ;
- Définition d’une méthode ;
- Reformulation et synthèse des apports de chacun ;
- Mise en évidence de la progression ;
- Vérification de la participation de chacune et de chacun ;
- Liste de présence dûment signée.
Projet d’appui à la participation des jeunes leaders à la vie politique au Mali Page 39
4.3 La check-list après
- Mise en évidence du temps réalisé et des résultats obtenus ;
- Rappel des engagements et des décisions prises ;
- Définition des responsabilités et des délais ;
- Assurance que le procès-verbal sera saisi, imprimé et remis aux participants ;
- Fixation de la date de la prochaine réunion.
5. Termes politiques et syndicaux usuels
Le respect des règles de participation aux discussions et le fait d’éviter les sources de
l’échec de la réunion ne sont pas suffisants pour bien mener la discussion. Lorsqu’on
demande la parole à une réunion politique ou syndicale il faut préciser la nature de vos
propos.
Malheureusement, on constate que très souvent les militants ignorent le langage politico-
syndical. Comme conséquence on assiste à des interventions désordonnées, contradictoires et
inopportunes qui perturbent le déroulement harmonieux de la réunion.
C’est pour remédier à cette défaillance qu’il apparaît ici nécessaire de faire le point des
termes les plus utilisés en précisant leur contenu et le moment de leur utilisation au cours
d’une réunion.
5.1 Le préalable
Par ce mot le militant/participant entend soumettre le démarrage de la réunion à sa
volonté. Le préalable annonce une information, une objection, une proposition ou un rappel.
Le préalable est une condition suspensive, c’est-à-dire qu’il demande au bureau de suspendre
la séance jusqu’à ce que le préalable soit levé. Autrement dit, jusqu’à la satisfaction de sa
demande.
Le bureau de séance peut adopter deux attitudes :
- Il peut répondre que le préalable passe. Le militant est autorisé à dire ce qu’il pense être un
préalable. Le bureau est alors tenu de le satisfaire en argumentant, en justifiant ou en
exécutant l’ordre a lui donné par l’intervenant. Si le militant est satisfait, il lèvera son
préalable par la formule suivante : « le préalable est levé ».
- Si le bureau réplique que le préalable ne passe pas, il doit justifier sa position, faute de quoi
la séance risque d’être suspendue devant l’insistance du camarade auteur du préalable.
5.2 L’information
Au cours d’une séance, lorsqu’un participant utilise le mot information, il faut s’attendre à
deux choses. Soit il demande à informer les autres sur un fait ou une situation évidemment en
rapport avec l’ordre du jour, soit il demande à être informé.
Dans cette situation, le bureau de séance a deux attitudes :
- Il peut dire que l’information passe, auquel cas, le militant est autorisé à développer le point
sur lequel il veut informer ou être informé.
- Le bureau de séance peut aussi répondre que l’information ne passe pas. Malgré ce refus, si
le militant demandeur estime son information bien fondée, il peut toujours insister en utilisant
Projet d’appui à la participation des jeunes leaders à la vie politique au Mali Page 40
la formule : information préalable. Par cette formule il veut dire à la table de séance que
compte tenu de l’importance de l’information, il faut absolument qu’on lui donne la parole et
que son intervention passe avant toute autre intervention.
A la suite d’une intervention on peut demander une précision.
5.3 La précision
Par l’utilisation de ce mot, le militant entend soit obtenir des précisions ou éclaircissements
sur ce qui vient d’être dit par un intervenant ou par le bureau de séance, soit apporter lui-
même des précisions ou des éclaircissements.
Il arrive souvent qu’une intervention soit non-fondée, fausse ou contraire au bon sens. Elle
fera donc l’objet d’une objection.
5.4 L’objection
En prononçant un tel mot, l’orateur entend contester, réfuter, s’opposer, contredire,
objecter… Il veut prendre le contre-pied des propos tenus par celui qui vient de parler, parce
qu’il estime qu’ils sont contraires à la ligne générale ou de nature à frustrer, offenser ou créer
le désordre. Lorsque la parole lui est donnée, il ne doit en aucun cas aller dans le sens de
l’intervenant qui l’a précédé. Sinon ce serait un additif.
5.5 L’additif
Par l’utilisation de ce mot, celui qui demande la parole veut ajouter quelque chose à ce qui
vient d’être dit. Il montre qu’il est d’accord avec son prédécesseur mais que l’idée avancée
est incomplète. Si la parole lui est donnée, il renforcera ce qui vient d’être dit par de
nouveaux éléments ou exemples.
5.6 La motion de soutien
Lorsqu’au cours d’une réunion on approuve ce qui vient d’être dit, on le fait savoir à
haute voix par l’expression « motion de soutien » ou le mot « soutien ». En utilisant cette
expression, l’auteur montre son adhésion totale et inconditionnelle à la thèse précédemment
soutenue. Il ne demande donc pas à ajouter quelque chose, mais demande implicitement que
les autres participants à la réunion partagent cette thèse, ceci dans un souci d’unanimité.
Voilà pourquoi la table de séance doit être toujours vigilante pour faire échec à la
manipulation ou la prise en otage de la réunion par un groupe de membres qui décident de se
soutenir et faire triompher leurs idées.
5.7 La motion de procédure
Lorsqu’au cours d’une réunion vous constatez que la procédure adoptée dès le départ est
entrain d’être viciée, levez la main et dites : « procédure » ou « motion de procédure ». C’est-
à-dire qu’il y a détournement du déroulement normal des travaux ou de l’ordre du jour. Vous
constatez que celui qui intervient entraîne l’assemblée dans un débat qui, quoiqu’important,
n’a rien à voir avec l’ordre du jour. Vous l’invitez donc à rester dans l’ordre du jour adopté
en début de réunion.
Une autre formule consiste à dire simplement : « Table de séance, vigilance ! ». L’auteur de
cette formule invite la table de séance à rester maîtresse de la réunion.
Projet d’appui à la participation des jeunes leaders à la vie politique au Mali Page 41
5.8 La motion d’ordre
Le devoir de faire régner l’ordre et la discipline pendant la réunion incombe à la table de
séance, surtout au Secrétaire de séance qui en assure la police. Par la formule « motion
d’ordre », le Secrétaire recherche le rétablissement de l’ordre troublé par le bavardage ou les
discussions parallèles. Il invite les uns et les autres à être moins distraits, plus attentifs et
responsables.
C’est aussi pour recadrer une discussion ou un échange par rapport à l’ordre du jour si la
discussion commence à quitter le cadre accepté par tous dès le début.
Que la réunion ait réussi ou échoué, il faut toujours en laisser une trace. D’où la nécessité
d’un procès-verbal (PV).
6. Le procès-verbal de réunion
6.1 Définition
Malgré son nom, le procès-verbal est un document écrit. Le procès-verbal (PV) de
réunion peut se définir en termes simples comme la relation par un participant de ce qu’il a
vu et entendu au cours de la réunion.
On a souvent tendance à le confondre avec le compte-rendu mais il est différent du
compte-rendu. Alors qu’il peut y avoir d’une réunion autant de compte-rendus que de
participants, il n’y aura d’une réunion qu’un seul procès-verbal qui en sera la relation
officielle, écrite par le Secrétaire de séance. Voilà pourquoi il comporte la liste de présence et
les décisions qu’il contient engagent tous les membres.
Le procès-verbal, comme souligné aux pages précédentes doit être lu au début de la réunion
suivante et être adopté par tous.
6.2 La présentation
Le procès-verbal commence par son en-tête composé des éléments suivants :
Le genre de réunion, organisme (association), la date
Sous la présidence de … ;
Bureau ;
Secrétaire de séance ;
Nombre de présents ;
Ordre du jour.
Dans le contenu du P.V il faut :
L’ordre du jour détaillé ;
La mention du caractère public ou à huis-clos de la séance ;
La mention du quorum requis (qui est le plus souvent nécessaire quand s’il s’agit de la
reprise d’une séance remise une première fois, faute d’avoir atteint le quorum) ;
La mention de la lecture et de l’approbation du procès-verbal de la séance précédente,
avec indication des rectifications éventuelles à y apporter ;
Projet d’appui à la participation des jeunes leaders à la vie politique au Mali Page 42
La mention de l’ouverture, de la suspension et de la clôture de la séance avec
indication de l’heure ;
Lorsque des décisions sont prises, faire mention des votes avec répartition des voix
pour ou contre et abstentions, faire également mention du caractère secret ou non du
scrutin ;
La mention des interventions et des incidents de séance.
A ces éléments, il faut ajouter la liste des participants, et des absences si possible avec dans
certains cas toutes les précisions utiles sur la nature de la participation (voix délibérative ou
consultative).
Le PV doit être adopté par les participants à la réunion à mains levées, même sous réserve des
amendements, s’il y en a.
A la différence du compte-rendu qui n’est signé que de son rédacteur, le PV doit être
obligatoirement signé par le Président de séance en plus du Secrétaire de séance (sa signature
est plus importante que celle du Secrétaire). La signature de tous les membres présents est
requise. D’où l’adjonction de la liste de présence signée.
Point à retenir
Au total, il apparaît que la réunion est un aspect important de l’activité politique. C’est au
cours des réunions que se préparent les attaques, contre-attaques, et toutes les stratégies
politiques qui concourent à la conquête et/ou à la gestion du pouvoir d’Etat.
II- Déclaration politique/ communiqué, conférence ou point de presse
Questions préalables : Quoi ? Qui ? Quand ? Comment ? Où
1. Introduction
Salutations
Remerciements
Présentation de l’objet de la rencontre
2. Les faits
Dates des faits
Présentation de la situation qui a suscité la rencontre
3. Observations
Dire ce que la situation vous inspire
S’il s’agit d’un document (lettre, convocation, déclaration, décision, interview…), le
décortiquer aussi bien dans la forme que dans le fonds
Faire des comparaisons, si possible
4. Position
Donner sa position sur la question
Exemples : * De ce qui précède ….
Projet d’appui à la participation des jeunes leaders à la vie politique au Mali Page 43
* Notre mouvement/parti est familier de …
* C’est le lieu de …
* En conséquence…
NB : Utiliser les verbes forts, de préférence les verbes de déclaration (déclarer, décider,
demander, dire, affirmer, dénoncer…)
5. Conclusion
Remerciements
Date et lieu
Signature (s) (noms et fonctions des auteurs)
6. Les ingrédients d’un bon communiqué de presse
Un angle intéressant (Quoi ? Et alors ? …)
Un titre attrayant
Un texte avec phrases courtes à la forme parlée (rarement plus d’une page)
Les coordonnées exactes d’une personne qui pourra répondre aux journalistes
Les détails du lieu, de la date et l’heure de l’évènement, s’il ya lieu
Pas d’erreur !
Des statistiques fiables (sans trop les utiliser)
7. Comment acheminer les communiqués ?
Par fax aux organes visés, à l’attention du rédacteur en chef
Adresse électronique de l’organe et/ou des journalistes
Livrer la copie imprimée aux organes de presse
Nb : Toujours confirmer la réception par téléphone
Projet d’appui à la participation des jeunes leaders à la vie politique au Mali Page 44
A PROPOS DE EISA
EISA est une organisation sans but lucratif dont le siège est situé à Johannesburg, en Afrique
du Sud. L’organisation participe depuis sa création en Juin 1996 aux processus
démocratiques en Afrique, notamment en Angola, Botswana, Côte d’Ivoire, Burundi,
République Démocratique du Congo, Egypte, Ghana, Guinée, Kenya, Lesotho, Madagascar,
Malawi, Mali, Ile Maurice, Mozambique, Namibie, Nigeria, République Centrafricaine,
Rwanda, Somalie, Soudan, Tanzanie, Tchad, Zambie et le Zimbabwe.
Notre vision est une Afrique où la gouvernance démocratique, les droits de l’homme et la
participation citoyenne sont exercés dans un environnement de paix. Cette vision se
concrétise à travers notre mission qui est la promotion d’élections transparentes et apaisées,
la démocratie participative, une culture des droits de l’homme et un renforcement des
institutions chargées de la gouvernance pour la consolidation de la démocratie en Afrique.
Les objectifs d’EISA prennent une forme pratique par l’adoption de deux approches
centrales : premièrement, la promotion d’orientations politiques et de pratiques pouvant
encourager la tenue d’élections libres, transparentes et apaisées et deuxièmement, le
développement de programmes orientés favorisant un environnement civique idéal pour la
tenue d’élections démocratiques.
Sur le plan pratique, en plus du Mali, EISA a cumulé une somme d’expériences avérées dans
la formulation, la structuration et l’exécution de projets similaires dans d’autres pays,
comme ce fut le cas en au Tchad et à Madagascar.
L’organisation a mis sur pied un centre internationalement reconnu pour la constitution de
banques de données, de politiques, de recherches et d’information. Ces ressources sont mises
à la disposition des parlements, des commissions électorales, des partis politiques et des
Organisations de la Société Civile dans différents domaines, tels que l’activité parlementaire,
l’éducation civique et électorale, la réforme électorale, l’assistance électorale, la
surveillance et l’observation des élections, la prévention, la transformation et la gestion des
conflits.
EISA apporte un appui technique à l’Union Africaine depuis 2007. L’Institut a également des
accords de coopération avec d’autres communautés économiques organisations régionales
africaines (CEEAC, EAC, COMESA, etc.)