Approche économique de la biodiversité et des services ... · pas l’ouverture d’un libre...

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Approche économique de la biodiversité et des services liés aux écosystèmes Contribution à la décision publique Bernard Chevassus-au-Louis, président du groupe de travail Jean-Michel Salles, vice-président Jean-Luc Pujol, rapporteur général Rédacteurs principaux : Sabine Bielsa, Bernard Chevassus-au-Louis, Gilles Martin, Jean-Luc Pujol, Dominique Richard, Jean-Michel Salles 2009

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  • Approche conomique de la biodiversit et des services lis aux cosystmes

    Contribution la dcision publique

    Bernard Chevassus-au-Louis, prsident du groupe de travail

    Jean-Michel Salles, vice-prsident

    Jean-Luc Pujol, rapporteur gnral

    Rdacteurs principaux :

    Sabine Bielsa, Bernard Chevassus-au-Louis, Gilles Martin, Jean-Luc Pujol, Dominique Richard, Jean-Michel Salles

    2009

  • Enapplicationdelaloidu11mars1957(art.41)etducodedelapropritintellectuelledu1erjuillet1992,compltspar la loidu3 janvier1995, toute reproductionpartielleou totaleusagecollectifde laprsentepublication est strictement interdite sans autorisation expresse de lditeur. Il est rappel cet gard quelusage abusif et collectif de la photocopie met en danger lquilibre conomique des circuits du livre.

    LaDocumentationfranaise-Paris,juin2009ISBN:978-2-11-007791-2

    Ralisation:

    AWSdition

  • Sommaire

    (Voir table des matires dtaille en fin douvrage)

    Rsum _______________________________________________________ 5

    Synthse oprationnelle concernant llaboration de valeurs de rfrence ____________________________________________ 7

    Rsum analytique des chapitres __________________________________11

    Chapitre 1Problmatique gnrale _____________________________________ 25

    Chapitre 2Les enjeux socioconomiques et politiques de la biodiversit ___ 34

    Chapitre 3Lapproche juridique ________________________________________ 71

    Chapitre 4tat des connaissances : concepts et indicateurs biologiques __ 88

    Chapitre 5Lvaluation conomique de la biodiversit et des services cosystmiques : bilan des connaissances scientifiques ______ 137

    Chapitre 6 Synthse des besoins de recherche _________________________ 259

    Chapitre 7Vers des valeurs de rfrence _______________________________ 281

    Chapitre 8Conclusions gnrales _____________________________________ 358

    Annexes _____________________________________________________ 367

  • Rsum

    Cerapportadeuxobjectifsprincipaux:

    raliseruneprsentationetuneanalysecritiquedesmthodesutilisablespour estimer des valeurs conomiques de la biodiversit et des servicescosystmiques;

    appliquercesmthodesauxcosystmesprsentssurleterritoirenational,afindefournirdesvaleursderfrencepouvanttreutilisesenparti-culierdanslvaluationsocioconomiquedesinvestissementspublics.

    Aprs avoir voqu les rflexions inities la fin des annes 1980 autour dudveloppementdurableetdesliensentrebiodiversitetactivitshumaines,lerapportdtaille(chapitre2)lesenjeuxsocioconomiquesmajeursquereprsen-tentpourlaFrancelabiodiversitetlesservicescosystmiques,nonseulementaujourdhuimaispourlavenir.Ilprsentedespistesdactionpossiblespouruneintgrationdeladimensionconomiquedanslapprochedelabiodiversit.

    Le chapitre 3 analyse comment le droit sest progressivement saisi de cesproblmatiques de valeur conomique de la biodiversit et comment il les atraites.Undesmessagesmajeursestquelafixationdunevaleurnimpliquepaslouverturedunlibremarchetqueleschangesventuelsdevrontimp-rativementtrerguls.

    Lesconceptsrelatifsauxnotionsdebiodiversit,deservicescosystmiqueset les liensentrecesdeuxnotionssontensuiteprciss, ainsique lesdiff-rentsindicateurspouvanttreutilisspourdcrireltatdelabiodiversit,sonvolutionetlespressionsquipsentsurelle.Lechapitre4insistesurlefaitque,mme si la biodiversit est un objet complexe ayant de nombreuses dimen-sions,ilestaujourdhuipossibledeporter,enunlieudonn,unjugementsursontatetsonvolution.Sontenfinprsentesleshypothsesretenuesparlegroupepourpermettreunearticulationentrelesconceptsbiologiquesetlana-lyseconomique,et,enparticulier,loptionconsistantdistinguerbiodiversitremarquableetbiodiversitgnraleouordinaire,etapprocherdemanirediffrencielvaluationconomiquedecesdeuxvolets.

    Lechapitre5prsentelescadresthoriqueetmthodologiquequipeuventtremobilisspourvaluer labiodiversitet lesservices lisauxcosystmesnefaisantpaslobjetdchangesmarchandsdirects(certainslefont).Ilestsoulignque,alorsquelesvaleursdusagepeuventtreapprochesavecdesmthodesrelativementrobustes,notammentpartirdefonctionsdecotsoudeffetssurlaproductivit,lesvaleursdenon-usagesontsouventimportantes,enparticulierpourlabiodiversitremarquable,maisleursestimationsrestentbeaucoupplusincertaines.Unerevuedesrsultatspublisconduitvaliderlvaluationdelabiodiversitetdescosystmesparlebiaisdesservicesquileursontlis.

    Lesprincipauxenjeuxderechercheidentifisparlegroupesontdtaillsdanslechapitre6.Laccentestportsurlimportancedelamiseenplacedobserva-toiresdurablesdelabiodiversit,prenantgalementencomptelesuividesacti-vitshumainesetdespressionsquellesexercent,etsurlancessitdetravauxconcrets et pluridisciplinaires pour valuer de manire spatialise certainsservicescologiques,enparticulierceuxdeprotectionetdergulation.

  • rsum

    Lechapitre7abordedemaniredtaille lesaspects techniquesde llabo-rationdevaleursderfrence,ensoulignantquilexisteactuellementdimpor-tantesdiffrencesentrelaquestiondelabiodiversitetcelledelafixationducarbone, souvent citeen rfrence.Aprsavoirmontr les limitesde lana-lyse conomique de la biodiversit remarquable, ce chapitre traite plusieurscasconcrets relatifs labiodiversitordinaire, enparticulier celuides fortstempres,etexamineenquoi lutilisationdecesvaleurspeutinfluersurdeschangementsdusageduterritoire.Ilexplicitelesquestionsdenatureprocdu-ralequiseposent,tantdansllaborationquedanslutilisationdesvaleursderfrence,pourquecetteapprochesoitconsidrecommerecevablepar lespartiesprenantes.Cechapitreprsenteenfinlesapprochesnonmontairesquipeuventtreutilises,enparticulierdanslespratiquesdecompensation.

    Desconclusionsgnralesexaminentlesprincipalesrponsesapporteslasaisineetproposentquelquesrecommandationscourttermepourlutilisationetlapoursuitedecetravail.

  • Synthse oprationnelle concernant llaboration de valeurs de rfrence

    Cettesynthseportesur lobjetcentraldurapport,savoir ladmarchesuiviepour laborer de premires valeurs de rfrence pour la biodiversit et lesservicescosystmiquesduterritoirenational.Eneffet,pourproposerdetellesvaleursencombinantlesconnaissancescologiques,juridiquesetsociocono-miquesactuelles,le groupe de travail a pris plusieurs options quil importe de mettre en lumire,lafoisparcequellespeuventdonnerlieudbatetparcequellesconditionnentlesvaleursproposes.Si ces options sont valides, elles pourraient servir de canevas pour llaboration dun premier guide mtho-dologique dlaboration de valeurs de rfrence.

    1. Lapremireoptionatdeprivilgierlecalculsocioconomiqueex-ante,cest--dire de fournir des estimations aussi fiables que possible de la totalit des pertes pouvant rsulter de laltration dun cosystmeetdevanttresupportes(oucompenses)parlasocit.Legroupeadoncconsidrquedautresquestionsconnexes,commelarevendicationven-tuelledesacteursconomiquespourrecevoirunermunrationdestinevitertoutoupartiedecespertes,oudautresutilisationsdecerfrentiel,nedevaientpasrtroagirsurllaborationdecesestimations.

    2. Enconsidrantlesdonnesdisponibles,maisgalementlefaitquelobjectifdarrterlrosiondelabiodiversitdici2010ntaitpasencoresuffi-sammentdclinpourenvisageruneanalysecot/efficacit, le groupe a dcid de construire ses valeurs de rfrence sur une logique dana-lyse cot/avantages.Ilsestnanmoinsinterrogsurlefficacitventuelledece rfrentiel,cest--diresursacapacit inciter reconsidrerdeschangementsdusageduterritoire,enparticulierladestructiondeszonescouvertvgtalpermanent(forts,prairies).

    3. Compte tenu de la complexit de la notion de biodiversit, le groupe detravailaproposdedistinguer deux composantes:

    lune, qualifie de remarquable , correspondant des entits(gnes, espces, habitats, paysages) que la socit a identifiescomme ayant une valeur intrinsque et fonde principalement surdautresvaleursquconomiques;

    lautre, qualifie de gnrale (ou ordinaire), nayant pas devaleurintrinsqueidentifiecommetellemaisqui,parlabondanceetlesmultiplesinteractionsentresesentits,contribuedesdegrsdiversaufonctionnementdescosystmeset laproductiondesservicesquytrouventnossocits.

    Onsouligneraquecette distinction dentits remarquables nest pas purement biologique : elle combine des critres cologiques (la raretouunrle fonctionneldterminantsilsagitdespces),sociologiques (lecaractre patrimonial), conomiques (laprdominancedesvaleursdenon-usagesurlesvaleursdusage)etventuellementjuridiques(airesbn-ficiantdunstatutdeprotection,espcesinscritessurunelisteofficielle).

  • Synthse oprationnelle

    4. Quatrimeoption,lielaprcdente,legroupedetravailapropos,mmesilafaitlanalysedesvaluationsconomiquesdelabiodiversit remar-quable,de nutiliser ces valuations que de manire subsidiaire dans les dbats autour de la prservation de ces entits.Autrementdit, legroupedetravailaconsidrquilntaitaujourdhuinicrdibleentermesde fiabilit et de pertinence des estimationsni opportunen termesdinsertion dans des dbats mobilisant de nombreuses valeursdeproposerdesvaleursderfrencepourlabiodiversitremarquable.

    5. En ce qui concerne la biodiversit gnrale, le groupe de travail proposedene pas chercher lvaluer directement mais de le faire partir des services des cosystmes dont profite la socit.Lhypothsesous-jacente,argumentedanslerapport,estcelledunerelationdeproportionnalitentrelesfluctuationsde labiodiversitet lampleurdecesservices.Cetteoptionsappuieenparticulier sur le faitque,contrairement labiodiversit remar-quable,cettebiodiversitgnraleestaujourdhuiperuedemanireimpr-cisepar lescitoyensetquecedficitdeperceptionlimite lapertinencedesmthodesdestimationdirectefondessurladclarationdeprfrences.

    6. Pour valuer ces services, le groupe sest appuy sur la classifi-cation propose par le Millennium Ecosystem Assessment (MEA).Cette classification distingue quatre ensembles: les services dauto- entretien ,nondirectementutilissparlhommemaisquiconditionnentlebonfonctionnementdescosystmes(recyclagedesnutriments,produc-tionprimaire),les services dapprovisionnement (oudeprlvement),quiconduisentdesbiensappropriables(aliments,matriauxetfibres,eaudouce,bionergies),les services de rgulation cest--direlacapacitmodulerdansunsensfavorablelhommedesphnomnescommeleclimat,loccurrenceetlampleurdesmaladiesoudiffrentsaspectsducycledeleau(crues,tiages,qualitphysico-chimique)et,enfin,des services culturels , savoir lutilisation des cosystmes des fins rcratives,esthtiquesetspirituelles.Le groupe a suivi, notamment pour viter les doubles comptes ventuels, la recommandation du MEA de ne pas valuer les services dauto-entretien,enconsidrantquilsconditionnentde fait lapermanencedes troisautresensemblesdeservices: ilsserontdonc,commelabiodiversit,valustraverscesservices.

    7. En lien avec le premier point, le groupe a dcid de considrer non seulement des services dynamiques , cest--dire en termes de flux(fixationducarbone,productiondeau,frquentationtouristique,etc.),mais aussi des services statiques (stabilit des sols, conservation dunstockdecarbone).Ilaconsidreneffetquelavaleurdelapertepotentielledecesservicesencasdedestructionde lcosystme(augmentationdelrosion,librationplusoumoinsrapidedeCO2)devaittreretranchedubilansocioconomiqueduneoprationquientraneraitcettedestruction,cequirevientportercetteperteviteaucrditdecescosystmes.

    8. Parmilesdiffrentescomposantesdelanotiondevaleurconomiquetotale,le groupe a privilgi les valeurs dusage (ausenslarge,cest--direenintgrantlesusagespotentielsplusoumoinslongterme).Ilaconsidreneffetque,commepour labiodiversit remarquable, la robustessedes

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    mthodesdestimationdes valeursdenon-usagetait plus faible et leurlgitimit davantage conteste. Corrlativement, le groupe a privilgi pour lestimation de ces valeurs dusage des mthodes considres comme robustes (prix rvls,dpenseseffectivementengages,cotsderestaurationouderemplacement).

    9. Comptetenudesproblmescomplexesdetransfertdevaleurs,le groupe sest limit aux services pour lesquels il disposait dtudes franaises (ou issues de pays cologiquement et socioconomiquement voisins) etqui,enoutre,fournissaientunrfrentielrelativementhomogne(oudontlhtrognitpouvaittreaismentexplique).Ilenrsultequecertains services (par exemple les effets sur la sant ou la protection contre lescatastrophesnaturelles), pour lesquels les rfrences taient limites, incohrentes ou trs exotiques, nont pas t valus, mme sil est lgitime de leur supposer une valeur leve.

    10. Pourprendreencomptelelongterme,legroupeareconnuquil ntait pas opportun dutiliser un taux dactualisation diffrent de celui employ pour dautres aspects du calcul socioconomique (4% aujourdhui,dcroissantau-delde30ans).Enrevanche,ilproposederetenirjusquen2050uneaugmentation moyenne des prix relatifsdesservicescosyst-miquesdenviron1%(voireplusdanslessituationsdepertesirremplaables)parrapportauxbiensmanufacturs.Ceciconduitmultiplierpar40lavaleurduserviceannuelpourobtenirunevaleurtotaleactualise.Desestimationsdecetteaugmentationdesprixrelatifsetdesonvolutiondansletemps,plusprcisesetmieuxadaptesauxsituationsrencontres,ncessiterontlamiseaupointdemodlesdynamiquesdelvolutiondelabiodiversitquidoiventsintgrerlastratgiescientifiquedvaluationdecettedernire.

    Enappliquantcettedmarche,legroupeaaboutiquelquesvaleursderf-rence,enparticuliercellede lavaleurmoyenneaccorderauxcosystmesforestiersmtropolitains,savoir970eurosparhectareetparan(soitenviron35000 euros par hectare en valeur totale actualise), avec une fourchettepouvantvarierde5002000eurosparhectareetparanselon,enparticulier,lafrquentationrcrativeoutouristiqueetlemodedegestiondelcosystme.Unevaleurminimaledelordrede600eurosparhectareetparanestgalementproposepourlesprairiesutilisesdemanireextensive.

    En conclusion, le groupe souligne quil ne propose pas de valeurs de rf-rencepourlensembledelabiodiversitmaispourles seules valeurs dusage de services cosystmiques lis la biodiversit gnrale et qui sont aujourdhui montarisables dune manire quil juge robuste.Mais,decefait, legroupeconsidreque les estimations proposes sont des estima-tions a minima, qui peuvent donc sans conteste remplacer ds maintenant la valeur nulle utilise pour la biodiversit dans le calcul socioconomique. Corrlativement,legroupeappelledestravauxcomplmentairesprenantencomptedautresservices,travauxsusceptiblesdemajorersignificativementcesvaleurs.

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    synthse oprationnelle

    Pouraffinercourttermesontravail,legrouperecommandeenparticulier:

    dlargir rapidement ce travail de synthse critiquelensembledescosystmesnationauxpourlesquelsdesdonnesissuesdco-systmessimilairessontdisponibles,ensappuyant,lecaschant,surlestravauxencourspourunMEAFrance;

    despatialiser les valeurs moyennesunechelleaumoinsdpar-tementale, pour tenir compte des spcificits tant cologiques quesocioconomiques;

    de dfinir pour ces donnes spatialises non seulement la valeuractuellemaiscequil a appel la valeur maximale plausible moyen terme (30-50ans),en intgrantenparticulier lesvariationsprvisiblesdutauxdusagedesdiffrentsservicescosystmiques;

    deprciser les structures enchargederaliser,demettreendbat,dactualiserrgulirementcetravailetdutiliserconcrtementcerf-rentiel,en dterminant les modalits procdurales permettant de lui confrer un champ dapplication et une lgitimit qui condui-sent son appropriationparlensembledesoprateursconcerns.

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    Rsum analytique des chapitres

    Lamissionconfieaugroupedetravailidentifiaitquatregrandesquestions:

    Dresserunbilandesconnaissancesscientifiquessurlethmedelamontarisationdesservicesrendusparlescosystmesetdelavaleurdelabiodiversit;

    Analyser les enjeux socioconomiques de la diversit biologique enFrance,ycomprisdanslesdpartementsetcollectivitsdOutre-mer;

    Proposer un cahier des charges pour dventuelles recherches ult-rieures;

    Estimerlespremiresvaleursderfrencepourlapriseencomptedelabiodiversit,quipourronttreutilisesnotammentdans lestudessocioconomiquesrelativesauxprojetsdinfrastructures.

    Le cadrage : lapproche microconomique ex-ante

    Le premier chapitre du rapport resitue ces questions dans les dynamiques internationales, europennes et nationales inities la fin des annes 1980 autour du dveloppement durable.Cesdynamiquesontamenpercevoirles liens forts existant entre la biodiversit et les activits humaines, et seposerdecefaitdesquestionssurlvaluationconomiquedecettebiodiversitetdesservicesquiluisontattachs.

    Le groupe de travail a dcid de cadrer sa rflexion partir de deuxdistinctions:

    entre des proccupations macroconomiques visant des valua-tions globales (relations entre le dveloppement conomique et labiodiversit ou les services cosystmiques, Comptabilit nationale)etdesapprochesmicroconomiquesanalysantlesimpactsdeschoixetdescomportementsunechelleaprioripluslocalise(infrastruc-tures,pollutions)dontonsouhaitemesurerleseffets;

    entre les approchesex-ante (aide ladcisionpublique, via notam-mentlvaluationsocioconomiquedesprojets)etex-post(rparationdedommages,compensationcologique).

    Danslespritdelalettredecommande,un centrage sur lvaluation micro-conomique ex-ante, cest--dire sur la fourniture de valeurs de rf-rence pour le calcul socioconomique, a t privilgi. Eneffet,sidautreslments(valeurdutemps,dubruit,delapollution,etc.)sontdoresetdjprisencomptedans lanalysecot/avantagesdeschoixpublics, leseffets sur labiodiversitdemeurentaujourdhuidefactoconsidrscommenuls.

    Toutenretenantcetteoption, lobjectif europen et national darrt de la perte de biodiversit dici 2010 objectif qui implique que toute perte de biodi-versit un endroit donn devra tre au moins compense par un gain de biodiversit en un autre point du territoire a galement t pris en compte et analys dans ses consquences. Il implique en effet quune valuation

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    rsum analytique des chapitres

    conomiquedelabiodiversitdoitsinscriredansunelogiquequalifiededura-bilit forte, cest--dire ne saurait servir des transactions avec dautres lments de bien-tre susceptibles de suppler des pertes de biodiversit.

    Enfin, le groupe de travail a jug utile dexaminer galement de manire succincte quelques approches ex-post, en particulier celle de la compen-sation,pourencernerlesspcificitsparrapportauxapprochesex-ante.

    Les enjeux socioconomiques de la biodiversit

    En rponse la deuxime question de la saisine, le chapitre 2 prsente les diffrentes dimensions des enjeux socioconomiques de la biodiversit et des services cosystmiques. Il situe le contexte franais, y comprislOutre-mer,danslecadrepluslargedesenjeuxdelabiodiversitmondiale.

    Le premier enjeu est celui dun changement de notre perceptionquicondi-tionnera lesprioritsdesactionsmettreenuvre:alorsque laperceptiondelabiodiversitparlepublicestsouventlimitequelquesespcesembl-matiquesdefauneoudeflore,ilestcrucialderesituercettebiodiversitsouslangledesonomniprsencecommefondementde lavieetdesesmultiplesinteractionsaveclessocitshumaines,quecesoitcommesupportlalimen-tation,auxmdicaments,auxgrandsprocessusbiogochimiques,lindustriechimique,ouencorelinspirationcrative.Laccentestdoncmissurcesmulti-plesbiensetservicesdontnossocitshumainestirentbnfice,ensappuyantsurquelquesexemplesdenjeuxmergentseten insistantsur le faitquecesservicesserontsansdouteencoreplusimportantslavenirquaujourdhui.

    Le deuxime enjeu est relatif la description et la comprhension de la dynamique de la biodiversit.laubedunepossiblesiximeextinctiondelabiodiversit,lanalysedesenjeuxsocioconomiquesdelabiodiversitestindis-sociabledunevaluationdesontatetdesonvolutionsousleffetdepres-sionscroissantes.LaFranceestenoutreporteuseduneresponsabilitmajeuredanscedomainepuisque,avecsesterritoiresdOutre-mer,elleaccueilleunepartnotabledelabiodiversitmondiale.Notreconnaissancedelabiodiversit,desarelationaveclesfonctionsetlesservicesquelessocitshumainessyprocurent,desprocessusquirgissentsonvolutionrestepourtantlargementlacunaire, ce qui rend difficiles et complexes les valuations en support ladcision.Cesincertitudesprennentuneacuitparticuliredanslaperspectivedeschangementsclimatiques,quiinterrogentsurlacapacitdescosystmessadapteret,surtout,continuerproduirelesservicesdontnousdpendons.

    Troisime enjeu, celui de la mobilisation des acteurs.Cechapitrerappellelanaturedesengagementsinternationaux,europensetnationauxquionttpris en faveur de la biodiversit et les diffrents outils oprationnels dj enplace, tout en soulignant la varit des acteurs impliqus et la diversit desenjeuxthiques,sociauxetgoconomiquesprendreencompte.

    Sont ensuite prsentes diffrentes dmarches engages, ainsi que des pistes daction, pour une intgration de la dimension conomique dans lapproche de la biodiversit : dmarche de nature macrocommelinitiative en cours sur Lconomie des cosystmes et de la biodiversit

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    (TEEB-The Economics of Ecosystems and Biodiversity), la rvision dusystme des Nations unies de comptabilit nationale, lInitiative pour uneconomie verteou plus ciblescomme lvolution de la fiscalit, lerexamendessubventionspubliquesauxeffetsngatifssurlabiodiversit, lemcanismedepaiementpourlesservicescosystmiquesouencorelintgra-tiondelabiodiversitdanslacomptabilitdesentreprises.

    Lapproche juridique de la valeur de la biodiversit

    tant donn limportance de la dimension juridique dans la mise en uvre des plans, des projets et des programmes, un chapitre particulier est consacr lapport du droit cette rflexion sur la montarisation de la biodiversit et des services rendus par les cosystmes, compte tenu notamment de lvolution rcente du droit de lenvironnement, spcia-lement communautaire. Tant travers la directive 2004/35/CE relative laresponsabilitenvironnementalequtraverslesnombreuxtextesquiimposentdviter les impactsngatifsdfautde les rduireet,endernier ressort,decompenserlesimpactsrsiduels,ledroitpositifengendreeneffetdesbesoinsnouveauxsurlavaleurdelabiodiversit.

    Partantduneanalysedelajurisprudencerendueenmatirederparationdesdommagescausslenvironnement,etdesrarestextes,notammentrpres-sifs,quitraduisentlaractionsocialeauxatteinteslabiodiversit,lesdve-loppementsdecechapitresedemandentsiledroitpeutadmettreleprincipedunevalorisationdelabiodiversit,notammentdanslestudessocioconomi-quesrelativesauxprojetsdinfrastructures.IlssoulignentqueleConseildtataconsacr lamthodedubilancot/avantagesdans laprparationde ladcisionpubliqueetquilnestdoncpaschoquantdetenterdedonnerunevaleurmontaire labiodiversitdans lecalculsocioconomiquemaisquecettevalorisationdelabiodiversitnapaspoureffetdefairedecelle-ciunbienjuridiquemarchand.

    Au-del,etdanslamesureolestextesfavorisentlerecoursdesmcanismesdecompensation,tantpourrparerdesdommagesdjcaussquepouranti-ciper ceux qui pourraient ltre par des projets dinfrastructures, laccent estplac sur la ncessit de mettre en place des institutions et des mca-nismes de rgulation indpendants et aussi objectifs que possible.Cetteindpendancedoitsevrifiertantlgarddeladministrationqulgarddesoprateursdusecteurconcern.Il importedviterquuneconfusionnesins-taureentrelexercicedupouvoirrgalien(interdireouautoriser,mettreenuvredespolicesadministrativesetimposerlerespectdeprescriptions)etladtermi-nationdesconditionsdelchangeetdelacompensation,afinqueladcisionadministrativenesoitpaspervertieparlinversiondutriptyqueviter-rduire-compenser.Ilimportetoutautantdempcherunecaptationdesmcanismesdchangeetdecompensationparlesoprateursdusecteuretdegarantirunfonctionnementtransparentdecesmcanismes.

    Enfin,linstitutionduneautoritindpendante,ncessairementtrsspcialiseetoprantdansuncadrestrictementdfinipardestextes,nesauraitfairedispa-ratrelaresponsabilitfinaledesdcisions,quirevientaupouvoirpolitique.

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    rsum analytique des chapitres

    La description de la biodiversit : concepts et indicateurs biologiques

    Le chapitre 4 prsente tout dabord les principaux concepts biologiques sous-jacents aux notions de biodiversit et de services cosystmiques et les indicateurs actuellement disponibles ou envisageables pour les dcrire.

    En effet, du strict domaine dintrt des biologistes et des protecteurs de lanatureceluidespolitiques, lanotiondebiodiversitaconnudesvolutionsimportantes:lavisionfixisteetcentresurlesespces,quiprvalaitaudbutduxixesicle,atpeupeuremplaceparunevisionvolutiveetfonction-nelle,intgrantladiversitauseindesespces(enparticulierladiversitdesgnes), la diversit des associations despces peuplant les cosystmes(diversitcologique)etsurtout limportancedes interactionsentre toutescescomposantes.

    Parailleurs, lanotiondenouvelle frontire, introduitegrce lexplorationintensivedenouveauxmilieux(fondsmarins,fortstropicales),amarqulafinduxxesicle:ellesouligne lampleur insouponnede ladiversitspcifiquepour lessentiel encore dcriremais aussi le fait que notre perception de la biodiversit repose encore aujourdhui sur des espces de taille relativement grande, facilement observables, mais qui constituent plutt lexception que la rgle au sein du vivant.

    Encequiconcernelesindicateurs,lespremirespropositionsdemesureglobaleetquantitativeremontentauxannes1950etcorrespondaientdesobjectifsscientifiques de description synthtique et comparative de peuplements. Laperceptiondepuis lesannes1960de lrosionacclrede labiodiversitamotivleseffortsdeconstructiondindicateurssimples,comprhensiblespardesdcideurspolitiqueset,pluslargement,parlegrandpublic.Lobjectiftaitdepouvoirsuivre,deschellesplusoumoinslarges(cosystmes,paysages,corgions),lesvariationstemporellesdelabiodiversit(indicateursdtat)maisgalementdesindicateursdepression(oudinteraction)desactivitshumainessurcettebiodiversit.

    Idalement, ces indicateurs devront prendre en compte le nombre den-tits diffrentes prsentes (richesse), leur abondance relative (cart lqui-rpartition)et ladiversitplusoumoinsgrandedecesentits (diffrentiationvolutiveoufonctionnelle).Enoutre,ilsdevrontrendrecomptedelabondanceabsoluedesespcesoudespopulationsetdelorganisationspatialedesentitsconstitutives des cosystmes. Plusieurs arguments plaident en effet et nous soulignons fortement ce point en faveur dun suivi de la biodiversit fond sur une estimation des variations dabondance des espces: cesvariationsintgrentlesdiffrentsmcanismesrgissantleurdevenir,ellessontplusrapidesetpluscontinuesquelesvariationsdediversitspcifiqueet,enfin,onpeutendriver touteunesriedindicateursplusspcifiques (dynamiquedespces,servicescologiques,quantificationdepressions,rponses,etc.).

    De nombreux indicateurs sont aujourdhui disponibles au niveau mondial etsontprsentsdanscechapitre.Pour la plupart, ils ne bnficient pas dune organisation systmatique, coordonne au niveau mondial, de la collecte et de lanalyse des donnes. EnEuropetoutefois,leprogrammeSEBI2010,

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    pilot par lAgence europenne de lenvironnement (AEE) vise organiser,en liaisonavec lespaysmembresdeson rseau, ladocumentation rgulireet lenrichissement dun jeu de 26 indicateurs pertinents pour lanalyse de labiodiversit;indicateursdontlaFrancesestinspirepourdfinirsonproprejeudindicateursdesuividelaStratgienationaleBiodiversit.DesrflexionssontencoursauseindelAEEpourdvelopperunindicateurrelatiflintgritdescosystmes.

    Cesindicateursdebiodiversitdoiventdoncrendrecomptedunobjetmulti-dimensionnel, la fois par ses diffrents niveaux dorganisation (diversitgntique,spcifiqueetcologique),parlhtrognitdesentitsauseindechacundecesniveaux,maisgalementparlacomplexitdesesperceptions(parlescologues,taxonomistes,naturalistes,gestionnaires,conomistes).Laquantificationdelabiodiversitestdoncunobjectifparticulirementambitieuxetil est illusoire de vouloir dfinir un indicateur unique rendant compte de tous les aspects de la biodiversit. En revanche, il est possible de carac-triser, en un lieu donn et par rapport une proccupation donne, ltat de la biodiversit partir dune batterie dindicateurs pertinents.

    Cependant, dans ce cadre dinformations et doutils encore imparfaits, certaines variations de biodiversit ne pourront tre dtectes quindi-rectement, via les variations ventuelles des services cosystmiques auxquels cette biodiversit contribue. Les travaux conomiques les plusnombreuxetlesplusaboutissappuientdailleursbeaucoupplussurlvaluationindirectedesservicescosystmiquesquesurlabiodiversit. Decefait, pour permettre larticulation entre les approches biologiques de la biodiversit et lanalyse conomique, le groupe de travail a pris quatre options :

    1. distinguer au sein de la biodiversit dun territoire donn sa dimension patrimoniale (ou remarquable, cest--dire lexis-tencedentitsidentifiescommeprsentantunintrtparticulier)de sa dimension gnrale ou fonctionnelle (lieauxinteractionsentre des entits ordinaires plus ou moins abondantes et contri-buantlaproductiondeservicescosystmiques)et traiter ces deux ensembles de manire diffrencie ;

    2. affirmer demble que lanalyse conomique de la biodiversit remarquable doit tre un lment subsidiaire par rapport aux multiples critres (cologiques, thiques, culturels, esthtiques) prendre en compte.Cetteoptionsefondeenparticuliersurleslimitesdesmthodesdvaluationconomiqueutilisablesdanscecasetsurlefaitquelapossibilitmmedesubstituabilitavecdautresbienssembleaprioriexclue;

    3. aborder lanalyse conomique de la biodiversit ordinaire non pas directement mais travers les services cosystmiques auxquels elle contribue ;

    4. enfin,travailler dans une hypothse mdiane de relation linaire positive entre biodiversit gnrale et services cosystmiques.Cetteoptionreposesurleprincipequelvaluationconomiquedeladiminutiondecesservicesfourniraunemesurepertinentedelavaleurdes pertes de biodiversit associes. Elle permet de considrer quedesvariations,observesoupotentielles,dindicateursdebiodiversit

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    rsum analytique des chapitres

    dansunmilieudonnpourronttremontarisesensupposantunevariationrelativesimilairedesservicescosystmiquesdecesmilieux.

    En ce qui concerne la distinction entre biodiversit remarquable et ordinaire , si le groupe en a admis le principe, il na fait quesquisser leslments(cologiquesmaisaussisocioconomiques)susceptiblesdtreprisencomptedanslidentificationdecesentitsremarquables.

    Lvaluation conomique : fondements, mthodes, rsultats

    Le chapitre 5 est consacr une prsentation critique des approches conomiques utilisables et de leurs principaux rsultats.

    Lvaluation de la biodiversit et des services cosystmiques soulve unensemble de difficults auxquelles lanalyse conomique propose un cadredersolutionparfoisproblmatiqueetsouventcontestdanssapertinencemmemaissusceptibledefavoriserlamiseencohrenceetlacomparaisonavec les autres enjeux sociaux. Ce cadre est caractris par une approcheanthropocentrequivalueleschoixenfonctiondeleursconsquences,mesu-res en termes de variations de bien-tre individuel ou social. Son principe repose sur les prfrences individuelles, supposes guider les choix des agents(individus,mnagesouentreprises)verslarecherchedunplusgrandbien-tre;cequiimpliquequelavaleurquiseraaccordeauxactifsenvironne-mentauxestdpendantelafoisdelinformationdtenueparlesagentsetdeleurcapaciteninfrerdesconsquences.Lesproblmesdagrgationdesprfrences individuellesdonnentdoncuncertain intrt ltalonmontairecommemesureunidimensionnelledesprfrences(approchesparlebiaisdelestimationdeconsentementspayer).

    Danslecasdelabiodiversitetdesservicescosystmiques,lemanquedefamilia-ritdelaplupartdesagentsaveccesnotionsintroduituneimprcisionpluslevedesrsultatsobtenusparlutilisationdesprfrencesindividuellesoupartiellementagrgesquecellequelonconstatedansdautresdomaines. Cette imprcision, qui devrait se rduire du fait dune sensibilisation croissante ces questions, conduit accorder une attention particulire la notion de biens tut-laires , pour lesquels lvaluation issue des prfrences des agents ne peut tre directement utilise pour justifier les choix collectifs. Leniveauapproprideprotectionoudeprservationimpliquedonclinterventionduneautorit,nonseulementdufaitdescaractristiquesdebienpublicdeplusieurslmentsquiconcourent lavaleurde labiodiversitetdesservicesrenduspar lescosys-tmes,maisaussidufaitduneperceptionincomplteoubiaisedecettevaleur,lieaucaractreindirectetpeuperceptibledesservicesrendus.

    Malgrcettelimite,lvaluationconomiqueoffreuncadreutilisablepourint-grerlesmultiplesdimensionsdelavaleurdescosystmes.Au-del de lutilit retire de lusage direct de ces actifs, un ensemble dextensions a permis dlaborer une conception trs largie de la valeur, qui tend dborder du cadre utilitariste strict:lesusagesindirectspermettentdintgrerlesservicesnimpliquantpasdinteractiondirecteentrelesusagersetlescosystmes(casdes usages diffrs dans le temps); les valeurs doption et de quasi-optionrefltentlerleassurantieldelabiodiversitoulesgainslislamliorationde

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    linformationfaceauxchoixirrversibles;lesvaleursdenon-usagemanifestentlexistencedeprfrencesthiquesdontlintgrationdanslvaluationapparatlafoisncessaire(lacontributiondelabiodiversitnotrebien-tredpasselvidencelesseulesvaleursdusage)etproblmatique,carleurmesureestdlicateetintroduitdelhtrognitdanslecadredanalyse.

    Ilconvientcetgardderappelerquelesvaleursquelonpeutobtenirnontpasncessairementuncaractreabsolumaisquellespermettentessentielle-mentdeprendreencomptelesaspectslislabiodiversitdansleprocessusde classement des solutions entre lesquelles le dcideur public doit choisir.Lorsquelaffectationdetellesvaleursetleurutilisationdanslvaluationtradi-tionnelleservlenttropincertaines,ilrestegnralementpossiblederecourirdautresmthodespourprocderceclassement.

    Les consquences des choix en matire de conservation de la biodiver-sit concernent, pour partie, des horizons temporels loigns qui donnent une importance particulire aux options retenues pour prendre en compte les enjeux futurs.Laquestiondelactualisationestdoncunenjeumajeur.Lesprconisationsgnralesdanscedomaine(tauxde4%court-moyenterme,dcroissant long terme)doiventapriori sappliquerauxchoix impliquant labiodiversit. Les hypothses sur lvolution des prix relatifs (croissant pourlesactifsnaturelsdeplusenplusrares,dcroissantpour lesbiensmanufac-tursbnficiantduprogrstechnique)devraientavoirpourconsquenceunediminutiondutauxapparentdactualisationdelavaleurdecesservices(etdoncdupoidsdesprfrencesdelagnrationprsentesurlalibertdechoixdesgnrationsfutures). la limite,pourdesactifs irremplaablesetcontribuantsignificativementaubien-tre, ilconviendrait (rgledeHotelling)dattribuerlabiodiversitunpriximplicitesaccroissantaurythmedutauxdactualisation,attribuantainsiunevaleurpotentiellementinfiniesileserviceavaitlepotentieldtre rendu indfiniment.Cet argument a contribu conforter la propo-sition de traiter de manire distincte les lments de biodiversit remar-quable, qui devraient relever de mthodes plus complexes prenant plus prcisment en compte la dure prvisible dexistence du service associ et les possibilits dvolution de ces actifs.

    partirdecesconcepts,plusieursmthodesonttdveloppespourconstruiredes mesures pratiques de ces valeurs, partir dinformations dduites delobservationdescomportementssurdesmarchsdirectsoudesubstitution,oudenqutesvisantrecueillirlesprfrencesdesagentsfacedesscnarioshypothtiques. Les analystes sont cependant confronts un dilemme : seules les techniques bases sur des prfrences dclares permettent de prendre en compte les valeurs autres que dusage direct mais les rsul-tats obtenus par ces mthodes sont sensibles aux conditions de leur mise en uvre et parfois difficiles interprter.Les informationsrecueilliespardes mthodes lies aux seuls comportements observables (cots de dpla-cement,prixhdonistes)nepeuventcependantsuffireorienterleschoix;etcellesbasessurlescots(derestauration,deremplacement,impactsurlesfonctions de production, notamment agricoles) se heurtent la question ducaractreeffectivementcompletde lasubstitutionenvisage.Laconstitutionetlutilisationdebasesderfrencepourllaborationdevaleursdetransfertsentre des cosystmes tudis et des cosystmes menacs, pour lesquels

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    rsum analytique des chapitres

    onnedisposequedinformationssuperficielles,impliquentdoncbeaucoupdediscernement,maisapparaissentcommeunencessit.

    Entermesdebilanconcret,ondisposeaujourdhuidunnombreimportantdva-luationsportantsurdesespces,deshabitats,oudesservicescosystmiques.Mais beaucoup de ces travaux ne sont pas directement utilisables pour laborer des valeurs de rfrence intgrer une valuation socioco-nomique traditionnelle. Leur laboration est marque par de multiples biais(reprsentativit, niveau dinformation, etc.) et leurs rsultats, le plus souventexprimsentermesdeconsentementpayerindividuel,restentdlicatsutiliserpourconstruiredesvaleursglobalespourdescosystmesdiffrentsdeceuxpourlesquelscesrsultatsonttobtenus.

    Les besoins de recherche

    Le chapitre 6 rpond la troisime question de la saisine sur les besoins de recherche, en se limitant aux aspects les plus directement oprationnels.

    Dans le domaine des sciences biologiques, le dveloppement de bases de donnes, de dispositifs de suivi et dindicateurs composites de la biodiversit, diffrentes chelles spatiales et sur lensemble du territoire national, apparat comme le fondement de toute politique dans ce domaine. On souligne galement limportance de pouvoir intgrer dans ces systmesdinformationdesindicateursdepressionsurlabiodiversitlisauxdiversesacti-vitshumaines.Cetteproccupationrejointlaquestiondeladfinitiondentitsspatialespertinentesqualifiesdesocio-cosystmespourladescription,lanalyseetlagestiondelabiodiversit.LinitiativeencoursduMEAFranceestsusceptiblederpondrecetteinterrogation,conditionquelleveillelapriseencomptedesdonnessocioconomiquesdanslatypologiequiseratablie.

    Toujoursdansledomainedessciencesbiologiques,limportancequepourraitprendrelavenirlanotion dquivalence cologique,enparticulierdanslespratiquesdecompensation,incitedvelopperdesdmarchesaussiexpliciteset transparentes que possible pour tablir cette quivalence, y compris sesmargesdincertitude,etmettreenplacedesdispositifsdevalidationdecesdmarches.

    Enfin, lmergencede lanotiondeservicescosystmiquesetsonutilisationdanslanalyseconomiqueamnentprciser le lien entre ces services et les diffrentes dimensions de la biodiversit, notamment pour dfinir lesmodificationsdelabiodiversitsusceptibles,pouruncosystmedonn,davoirounonunimpactsurlampleurdecesservicescourt,moyenoulongterme.Dans ce domaine, des approches dcologie exprimentale, intgrant cettedimensiondulongtermeapprochespeudveloppesenFranceseraientencouragerpourcomplterlesdispositifsdobservation.

    Dans le domaine des sciences conomiques et sociales, les dfis semblent beaucoup plus rsider dans le dficit de travaux concrets appliquant les mthodes disponibles que dans des dveloppements mthodologiques.Desincitationsspcifiquesserontdoncmettreenplace,enparticulierpourlvaluation des services de protection et de rgulation. Dans ce cas, des

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    approchescouples,associantdesspcialistesdumilieuphysique,de lco-logie,delconomie,dudroitetdelagestiondesrisquesseraientsansdoutepromouvoir.Laquestionseposepourlesrisquesnaturelsmaisgalementpourla sant humaine, dans son lien avec la biodiversit et lenvironnement, quilsagissedelamodulationdelaprsenceoudeleffetdagentspathognesoudesubstancespolluantes.

    Une autre dimension importante de la mobilisation des sciences sociales concerne lanalyse de procdures pertinentes pour la prise en compte et la gestion durable de la biodiversit. Nouslavonsvoquedanslecasdeltablissement des valeurs tutlaires et de la rgulation de leur usage, maisgalement dans la question de lexpression des prfrences dans le cas delvaluationcontingente.Onpeutlaposeraussidanslecasdelaractionduncertainnombredacteursdelasocitdiversdispositifsdincitationquipour-raienttremisenplace,sur labasede lvaluationdesservicescosystmi-ques:ilseraitnafdepenserquecesacteursnesecomporterontpasdefaonstratgiquevis--visdetoutepolitiquerglementaireouincitative.

    Nousvoquonsenfin laquestionde laprise en compte de lhtrognit des prfrences vis--vis de la biodiversit, quil sagisse dune diversitdepointsdevueentre lesdiffrentsacteursprsentssurunterritoireoudestensionspouvantexisterentrelesapprciationslocalesetcellesdautrespartiesprenantes,extrieuresceterritoireetaffichantdautrespriorits.Ilseraitpourlemoinsrducteurdetraduirecettediversitparuneprfrencemoyenne,etdestravauxlinterfaceentrelconomie,lasociologieetlessciencespolitiquespourraientclairercetteproblmatique.

    Nous terminons sur la question du droit et du statut juridique de la biodiversit. Il se trouveeneffetqueseuleunepartiede labiodiversit (lesressourcesgntiquesdesespcesdomestiques, lesespcesprotges, lesespacesremarquables,etc.)disposedunvritablestatutprcisantlesdroitsetobligationsdesoprateurspublicsetprivs.Enrevanche,labiodiversitordi-naire,quilsagissedelafloreherbace,delamacrofaunedusolousurtoutdesmicro-organismesdessolsetdeseaux,estconsidrecommeunlmentdelapropritprivedeceuxquipossdentouutilisentlesterritoires.Dslorsque,commenouslavonsamplementsoulign,cettebiodiversitordinaireapparatcommeundterminantmajeurdesservicescosystmiques,onpeutinterrogerlessciencesjuridiquessurlintrtdunevolutionventuelledesonstatutetdesdroitsquisexercentsurelle.Lidedundroitdesbiensspciauxcommeilexisteundroitdescontratsspciauxmriteraitrflexion.Cetterflexionpassesans doute par une analyse des fondements thiques ou philosophiques dustatutdelanatureetlabiodiversitdansnossocitspost-industrielles.

    Vers la fixation de valeurs de rfrence

    Le chapitre 7 examine, sur la base des mthodes et concepts prsents dans les chapitres prcdents, la possibilit de fixer aujourdhui des valeurs de rfrence pour les cosystmes franais, ainsi que les limites de cet exercice.

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    rsum analytique des chapitres

    Aprs avoir rappel la dfinition et les objectifs des valeurs de rfrence, lapremirepartieintroduitquelquesquestionsgnralesliesllaborationdecesvaleurs.Ilesttoutdabordsoulignlimportance de dfinir un objectif prcis atteindre, y compris en termes dindicateurs de russite, dchance et despace gographique concern. Si lobjectif microconomique dinterna-liserlescotsdesimpactssurlabiodiversitestoprationnel,lobjectifmacro-conomiqueactueldarrterlapertedebiodiversitfranaiseen2010apparatdanscetteoptiqueinsuffisammentexplicit.Leslimitesdelutilisationdesprixdumarch(reloufictif)pourfonderdetellesvaleurssontensuitesoulignes.Enfin,nousprsentonsetcomparonslintrtetlafaisabilit,danslecasdelabiodiversit,desapprochescot/avantagesetcot/efficacit.Nousconcluonsque lesdonnesactuellementdisponiblespermettentsurtoutdalimenteruneapprochecot/avantages.Lesvaleursproposesserontdoncfondessurlesusages actuels, et non sur le cot de la ralisation dun objectif normatif deprotectionvis--visdesactionsquiconcourentmenacerlabiodiversit.

    La deuxime partie se rfre aux travaux rcents sur la valeur tutlaire de la fixation de CO2 pour montrer, en comparaison, les principaux problmes spcifiques lis la biodiversit :impossibilitdedfinirunindicateursimpleetuniquesimilairelatonne-carbone,caractresouventlocalisdesimpactslimitantlapertinencedebilansgrandechelledessourcesetdespuits,fortespcificitdessituationslocalesrendantproblmatiqueslestransfertsdevaleur,contestationdelalgitimitmmeetdelapertinencedelamontarisa-tion,ainsiqueducaractresubstituabledelabiodiversit.Enfin,ilestsoulignque,silatonne-carboneconstituelafoisunevariabledepressionmesu-rant lensembledes influencesanthropiquessur leclimatetunevariabledecontrlepermettantdepiloterdesactionscorrectrices,labiodiversitrepr-senteunevariabledtat,rsultantedemultiplespressionsquilconviendraitdidentifieretderduirepardespolitiquesspcifiquesagissantsurlesvariablesdecontrleassociescespressions.

    Ilnenrestepasmoinsquelapriseencomptedeladynamiquedescosystmesdanslafixationdesvaleursattribueslabiodiversitestncessairelacompa-raisonpertinente,surlelongterme,desconsquencesdesdiffrentesoptionssusceptibles dtre proposes un dcideur. Une prise en compte prcisesupposera de dvelopper des modlisations reliant ltat de la biodiversit(dcritpardesparamtresdfinir)desvariablesdecontrle(ausensdessystmesdynamiques)refltantlesdiffrentespressionsanthropiques.

    Noustraitonsdansunetroisimepartieplusieursproblmesmthodologiquespropreslafixationdevaleursderfrencepourlabiodiversitetlesservicescosystmiques:

    comment rduire la fortedispersiondesestimations,qui semble lienotammentunedfinition insuffisammentprcisedescosystmestudis?

    commentprendreencomptelecaractrevolutifdescosystmes,quidoiventtreconsidrs la foisdans leurtat instantanetdans leurtrajectoire?Nous concluons la ncessit de construire une typo-logie des socio-cosystmes adapte la France, Outre-mer compris, et dintroduire une pondration prenant en compte leurs

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    usages prsents mais aussi leur potentiel dutilisation moyen terme (30-50 ans), travers la notion de valeur maximale plausible ;

    commentagrgerlesvaleursdesdiffrentsservicescologiquesduncosystmeoulesservicesdunemosaquedcosystmessurunterri-toire?peut-onsecontenterdunesimpleadditionou faut-ilpratiquerdespondrationspluscomplexes?

    peut-onselimiterlutilisationdunemtriquerapportantlesservicesdesunitsdesurface(eurosparhectareetparan)?Certainsservicesnesontpasproportionnelslasurfacedescosystmes,lasurfaceconsidrerestparfoistrsdiffrentedelasurfacephysiquemodifieetlalocalisationdessurfacesmodifiespeut,surfacegale,conduiredesimpactstrsdiffrents.Il en rsulte quune fixation de valeur de rfrence par unit de surface ne constitue quun premier repre qui doit tre affin au cas par cas. Lexemple de lanalyse cono-miquedelatrameverteetbleueprvueparleGrenelledelenviron-nementestenparticuliervoqu,carilmontrebienleslimitesdecetteapproche.

    Dans une quatrime partie, nous revenons sur la distinction propose entrebiodiversit remarquable et biodiversit ordinaire, pour montrer leslimitesdelanalyseconomiquedelabiodiversitremarquable.Lesexemplesdesespcesanimalesemblmatiquesetdesplantesdintrtpharmaceutiquesoulignenteneffetlimprcisionetlafaiblerobustessedesestimationsdevaleurmontaire proposes. Nous concluons sur le fait que, dans ltat actuel des connaissances, lutilisation de telles valeurs risque de complexifier plutt que dclairer les dbats sur la conservation de cette biodiversit remarquable.

    Nousabordonsensuiteplusieursexemplesconcrets:lecasdesmassifscoral-liens,pourmontrer limportancedesservicescosystmiquesde telsmilieuxet la lgitimit dinvestissements lourds pour les protger; celui des zoneshumides, pour montrer la ncessit dtudes plus spcifiques de la situationfranaise,puisceluidesfortstempres,quinoussembleunboncasdcolepourillustrerladmarchepermettant,partirdunensemblededonnesbiblio-graphiques,deproposerdesvaleursderfrencepourlesdiffrentsservicescosystmiquesdecesmilieux.

    EnsappuyantsurlatypologiedesservicesduMillenniumEcosystemAssessmentetenanalysantchaquefois le rlede labiodiversitdans laproductiondecesservices,cetteanalysenousconduitproposerpourlaFranceunevaleurderfrencemoyennedelordrede970/ha/anpourlensembledesservicesforestiers pour lesquels des valuations montaires prsentant une certainerobustesse pouvaient tre ralises (en fait un intervalle minimal de 500 2000eurosselon lintensit relledesservices).Cette valeur est sensible-ment plus leve que celles publies ce jour mais cette tude montre surtout la ncessit de mieux valuer certains services (en particulier les services de rgulation et de protection contre les catastrophes naturelles) et de moduler fortement cette valeur en fonction des situations locales (caractristiques de lcosystme, mode de gestion, topographie, densit de population, accessibilit, etc.).Nousesquissonsensuiteunetudesimi-laire dans le cas des prairies permanentes pour lesquelles, lorsquelles sont

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    rsum analytique des chapitres

    gresdemanireextensive,unevaleurderfrencedelordrede600/ha/anpourraittrepropose.

    Enfin, nous nous interrogeons sur la capacit de telles valeurs de rf-rence influer sur des changements dusage du territoire, en particulier sur la tendance actuelle la rduction de certaines surfaces couvert vgtal permanent dont on connat limportance en matire de biodiversit(prairies,jachres).Nousmontrons,enpremireanalyse,quelarmunrationeffectivedesservicescosystmiquesliscessurfaces,enparticulierdanslecadredesaidesdelaPAC,pourraiteffectivementcorriger,voireinverserlescartsderentabilitentrelesdiffrentstypesdeproduction,enparticulierentrelesculturesannuellesetleslevageslherbe.Toujoursenpremireanalyse,nousmontronsquunprlvementuniqueautitredelapertedfinitivedecesservices li un amnagement (par exemple la mise en place dun parkinggoudronn)seraitdummeordredegrandeurque lescotsde restaurationdcosystmessimilairesetpermettraitdoncdalimenterdetellesoprations.Enrevanche,la capacit de tels prlvements fonds sur lestimation des services cosystmiques influer sur des oprations dartificialisation lourde (urbanisation, infrastructures de transport) apparat plus probl-matique, mme si elle peut intervenir dans des arbitrages entre diverses options plus ou moins dommageables la biodiversit. La question de la limite dune approche conomique par rapport une approche rglemen-taire protgeant certains espaces est alors pose.

    La suite du chapitre examine comment, partir des cadrages gnraux prcdents, ces valeurs de rfrence pourraient lavenir tre concrte-ment dfinies et surtout utilises lorsquon quitte le calcul sociocono-mique et quon envisage des mcanismes de rmunration, de compen-sation et dchange.

    En ce qui concerne la dfinition, il sagit de prciser les dispositifs mettreenplacepourfixercesvaleursdemanirecequellessoienteffectivementreconnuesetacceptescommetellespar lensembledesacteursconcerns.Nous insistons en particulier sur limportance de cette lgitimit proc-durale , dans un contexte o les donnes techniques sont complexes et fortement entaches dincertitude et o la prise en compte du long terme refltera au moins autant des choix politiques et thiques que strictement conomiques.

    En ce qui concerne lutilisation de telles valeurs au-del du calcul socioco-nomique, le rapport discute en particulier la question de la lgitimit et delopportunitdelarmunrationdesacteursprivsimpliqusdanslaproductiondesservicescosystmiques.Nous montrons que si, sur un plan thorique, cette rmunration devrait se limiter la seule rmunration du capital humain investi, des montants plus levs pourraient tre envisags de manire pragmatique, dans une approche cot/efficacit.

    Enfin, lerapportprsenteuneapprochecomplmentairepossible,cellede lacompensationcologiqueservicepourservice.Cetteapprochesestdve-loppeauxtats-Unisdanslesannes1980etsemetpeupeuenuvredanslUnioneuropenne,danslecadredeladirectivesurlaresponsabilitenviron-nementale.Nous soulignons lesprincipalesdiffrencesentre cette approcheet celle de lvaluation montaire des services: pas de substitution possible

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    avecdautreslmentsdebien-tre (nonet loss), possibilitdtablir desquivalencesennaturesanspasserpardesvaleursmontaires,rechercheprioritaire de compensations proches et portant sur des cosystmes simi-laires aux cosystmes impacts. Nous concluons que, en particulier si lchelle gographique de gestion est, comme nous le proposons, limite, ces approches pourraient tre plus pertinentes, plus oprationnelles et peut-tre moins conflictuelles que celles fondes sur la montarisa-tion. Il apparat donc souhaitable et cest dailleurs loption actuellement retenue de rserver les approches de montarisation principalement au calcul socioconomique a priori de lopportunit dinvestissements publics et de donner la priorit ces approches non montaires pour prendre en charge la compensation des impacts rsiduels ventuels, une fois dcids de tels investissements.

    La question de la rgulation des transactions susceptibles de seffectuer enutilisant de telles units dquivalence en nature est ensuite discute. Nousinsistonssurlancessit dune autorit indpendante simpliquantdanslesdcisionscls(autorisationdelatransaction,dsignationdesbnficiaires,validation des quivalencesmontaires ou nonutilises). Nous plaidonsgalementpourlinstaurationdespacesdchangerelativementlocaux(rgio-nauxouinfrargionaux)pourcestransactions,mmesilesrglesdeprocduredevronttretablieslchellenationale,voireeuropenne.

    Conclusions et recommandations

    Lesconclusions gnralesinsistentsurquatrepoints: quandonvoqueaujourdhuilesenjeuxsocioconomiques,onassocie

    souvent ceux de lrosion de la biodiversit et ceux du changementclimatique.Cetteassociationest lgitime,dans lamesureo il sagitdenjeuxdgale importanceetfortement interconnects.Cependant,celanedoitpasmasquerlefaitquelrosionactuelledelabiodiversitestliedenombreuxautresfacteursmodificationetfragmentationdeshabitats, introductiondespces,pollutions luvredepuisdenombreuses annes. Il importe donc de matriser le plus rapide-ment possible leffet nfaste de ces facteurs pour permettre la biodiversit daffronter le dfi du changement climatique et, si possible, de contribuer en modrer lampleur et les impacts ;

    encequiconcerneltatactueldesconnaissanceset lesbesoinsderecherche, il existe certes des dveloppements mthodologiques encourager,maisondisposedjdunepanoplieassezlargedindica-teursbiologiquesetdapprochesconomiquesmobilisables,dontoncerneassezbienlintrtetleslimites. Le principal dfi est donc plutt de disposer de donnes concrtes, pour lensemble du territoire national et des chelles spatiales suffisamment prcises, de ltat de la biodiversit et des services cologiques.Cesdonnesdevrontenoutretreactualisesrgulirementetrelieslamesuredespressionspouvantaffectercesressources;

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    rsum analytique des chapitres

    ilestpossibleaujourdhui,pourcertainscosystmesdfinisdemanireassez largepar exemple les forts tempres ou les prairiespermanentesdeproposerdesestimationsplusoumoinsprcisesdelavaleurconomiqueduncertainnombredeservicescologiquesqui leur sont associs. Transformer ces diffrentes informations envaleur de rfrence globale, en prenant en compte les imprcisions,les lacunes (absence dvaluation de certains services), les spcifi-citslocales,lesperspectiveslongtermedutilisationdecesserviceset limportance relativedonnerauxdiffrents servicesestunexer-cicequinepeutseconduiresurdesbasesstrictementtechniquesetobjectives. Cette fixation de valeurs de rfrence ncessite donc linstauration de procdures dlibratives dont les modalits et le niveau territorial pertinent seront dfinir, mais qui devront assurer, notamment travers le respect des critres de trans-parence et dindpendance, la lgitimit sociale ncessaire lutilisation concrte de telles valeurs ;

    ilapparatsouhaitabledepoursuivrerapidementcestravauxenrali-sant, sur le modle de lapproche suivie pour les forts tempres,des synthses critiques des donnes disponibles pour les autres cosystmes mtropolitains et des dpartements et territoires dOutre-mer,enexaminantenparticulier lapossibilitdefournirdesdonnesspatialises,aumoinslchelledpartementale,delavaleurconomiquedesdiffrentsservices.

    Legroupedetravailrecommandedonc:1. dtendrerapidementcetravaildesynthsecritiqueetdespatialisation

    desdonnes,entenantcomptedesrsultats,venir,duMEAFrance;2. didentifier (oudecrersincessaire) lastructurepermanenteplura-

    listefixantetactualisantrgulirementlescadresmthodologiquesetlesparamtresclsutiliserparlesoprateurschargsdlaborerlesvaleursderfrence;

    3. dedfinirdemmeleslieuxetprocessusdedcisionresponsablesdelapplicationdecesvaleursderfrencedesoprationsconcrtesetdelapriseencomptedautresaspects,enparticulierdeslmentsdebiodiversitremarquable;

    4. deprciser,notammententermesdindicateursetdchelleterritorialederfrence, lobjectifnationaldestopper lrosionde labiodiversitdici 2010, etdedfinir ventuellementunnouvel objectif moyenterme;

    5. desouteniretdvelopperlesinitiativesvisantfaireconnatrelesenjeuxsocioconomiquesdelabiodiversitauprsdediffrentspublics.

  • Chapitre 1Chapitre 1

    Chapitre 1

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    Problmatique gnrale

    1. Les termes de la saisineParlettredu16janvier2008,annexecerapport,lePremierministre,surpropo-sitionduministredtat,ministredelcologie,delnergie,duDveloppementdurableetdelAmnagementduterritoire(MEEDDAT),ademandausecrtairedtatauprsduPremierministrechargde laProspectiveetde lvaluationdespolitiquespubliquesde:

    1. Dresser un bilan des connaissances scientifiques sur le thme de lamontarisationdesservicesrendusparlescosystmesetdelavaleurdelabiodiversit;

    2. Analyser les enjeux socioconomiques de la diversit biologique enFrance,ycomprisdanslesdpartementsetcollectivitsdOutre-mer;

    3. Proposeruncahierdeschargespourdventuellesrecherchesultrieures;

    4. Estimer les premire valeurs de rfrence pour la prise en compte dela biodiversit, qui pourront tre utilises notamment dans les tudessocioconomiquesrelativesauxprojetsdinfrastructures.

    LesmotivationsdecettedemanderappelaientquelvolutiondelabiodiversittaitaucurdesproccupationsenvironnementalesdenotresocitetqueleprsidentdelaRpubliquestaitengag,danslecadredesconclusionsduGrenellede lenvironnement ceque toutes lesdcisionspubliques soientarbitresdans le futur en intgrant leur cotpour labiodiversit.Dans sondiscoursdecltureduGrenelledelenvironnementdu25octobre2007,leprsi-dentdelaRpubliqueajoutaiteneffet:Trsclairement,unprojetdontlecotenvironnementalest trop lourdsera refus ()Ceneseraplusauxsolutionscologiques de prouver leur intrt. Ce sera aux projets non cologiques deprouverquilntaitpaspossibledefaireautrement1.

    Le projet de loi relatif la mise en uvre du Grenelle de lenvironnement prvoit en sonarticle2quelesprocduresdedcisionspubliquessusceptiblesdavoiruneincidencesignificativesurlenvironnementserontrvisespourquesoitapportelapreuvequunedcisionalternativeplusfavorablelenvironnementestimpossibleuncotraisonnable.

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    Chapitre 1

    Dans cette optique, la saisine mettait laccent sur la ncessit de disposerdlmentsdvaluationobjectivequipermettrontdemieuxprendreencomptela valeur de la biodiversit et les services rendus par les cosystmes. Ceslmentsdvaluationpourronttendreversladterminationdevaleursderf-rencequipourraientguiderleGouvernementdanssesdcisions.

    Pourrpondrecettedemande,leCentredanalysestratgiqueamisenplaceun groupe de travail prsid par Bernard Chevassus-au-Louis et composdexpertsdelabiodiversit,dconomistes,dereprsentantsdessyndicats,desassociations denvironnement et de ladministration. Sa composition prcisefigureenannexe.

    2. Une proccupation mergente Cette volont de prise en compte de la dimension socioconomique de labiodiversitetdescosystmessinscritdansunevolution,entamedepuisunevingtainedannes,ducontextepolitiqueinternational,europenetnational.OnpeutconsidrerquelepointdedpartemblmatiquedecesrflexionsatlaConventionsurladiversitbiologique(CDB),signeRioen1992.

    2.1. La CDB et ses prolongementsRatifiecejourpar168pays(sur191),laConventionsurladiversitbiologiqueconstituelapremireconventioninternationaleconcernantglobalementladiversitbiologique.Sonprambuleaffirmenotammentque:laconservationetlutilisationdurabledeladiversitbiologiquerevtentlaplushauteimportancepourlasatisfac-tiondesbesoinsalimentaires,sanitairesetautresdelapopulationdelaplante.

    Lesengagementsprisdanslecadredecetteconventionsontcependantpeucontraignantsetsontassortisdenombreuses formulesdestyledonnantunelargemargedapprciationetdemanuvreauxtatssignataires.Onenjugeraparexempledansletextedelarticle6:

    Chacunedespartiescontractantes,enfonctiondesconditionsetmoyensquiluisontpropres:a. labore des stratgies, plans et programmes nationaux tendant assurer la conservation et lutilisation durable de la diversit biologiqueouadaptecette finsesstratgies,plansouprogrammesexistantsquitiendrontcompte,entreautres,desmesuresnoncesdans laprsenteConventionquilaconcernent;b. intgre, dans toute la mesure du possible et comme il convient, laconservation et lutilisation durable de la diversit biologique dans sesplans,programmesetpolitiquessectorielsouintersectorielspertinents.

    Cestdixansplus tard, lorsde laconfrencedeJohannesburgde2002,quunengagementplusprcisetplacdansunelogiquedobligationdersultatsetnonseulementdemoyensatprisparlespartiessignataires,savoir:parvenirdici2010unerductionsignificativedurythmeactueldappauvrissementdela

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    biodiversitauxniveauxmondial,rgionaletnationaltitredecontributionlatt-nuationdelapauvretetauprofitdetouteslesformesdeviesurTerre.

    Lobjectif franais,qui reprendcelui retenupar lUnioneuropenne,adopte lammechancemaisseveutplusambitieux.Dfinien2004danslecadredelaStratgienationalepourlabiodiversit,ilseproposedestopperlrosiondelabiodiversitdici2010.

    Ces diffrents engagements affirment tous lexistence dun lien fort entre biodiversit et dveloppement:cestlecasdelaCDB,laboredanslecadreplusgnraldelaConventiondeRiosurledveloppementdurable;cestgale-mentlecaspourlaFrance,puisquelaStratgienationalepourlabiodiversitestunecomposantedelaStratgienationaledudveloppementdurable(SNDD),adopteenjuin2003parlegouvernementfranais.Cestpourquoiilestapparudeplusenplusncessairedexaminerplusprcismentlesdimensionscono-miquesdelabiodiversitetdesservicesrendusparlescosystmes.

    2.2. Les directives europennes sur lenvironnementIlapparatclairementaujourdhuiqueplusieursdirectiveseuropennesrelativeslenvironnementportaientengermecetteproccupationdvaluationcono-mique,mmesiellesnelexprimaientquindirectement.

    Ds1985,ladirective 85 / 337 / CEEconcernantlvaluationdesincidencesdecertains projets publics et privs sur lenvironnement ainsi que, plus tard, ladirective 2001 / 42 du 27 juin 2001 relative lvaluation des incidences decertainsplansetprogrammessur lenvironnement sous-tendentdesbesoinsdvaluation,ventuellementmontaires,pourquantifieretmitigerdesimpactssurlabiodiversitetlescosystmes.

    Ladirective 92 / 43 du 21 mai 1992,ditedirectiveHabitats,relativelaconser-vationdeshabitatsnaturelsainsiquede la fauneetde lafloresauvagessurleterritoireeuropen,gnreelleaussipotentiellementdesbesoinsdvalua-tion, ventuellement montaire, de la biodiversit travers les articles6.3 etsurtout6.4.Eneffet,ceux-cistipulent:

    Article6.3. Tout plan ou projet non directement li ou ncessaire lagestion du site mais susceptible daffecter ce site de manire significa-tive,individuellementouenconjugaisonavecdautresplansetprojets,faitlobjetdunevaluationappropriedesesincidencessurlesiteeugardauxobjectifsdeconservationdecesite().Article6.4.Si,endpitdeconclusionsngativesde lvaluationdes inci-dencessurlesiteetenlabsencedesolutionsalternatives,unplanouprojetdoit nanmoins tre ralis pour des raisons impratives dintrt publicmajeur,ycomprisdenaturesocialeouconomique, ltatmembreprendtoute mesure compensatoire ncessaire pour assurer que la cohrenceglobaledeNatura2000estprotge().

    Unevaluationcomplte,ventuellementmontaire,desservicescosystmi-quespotentiellementaffectsparlamnagementpeutdoncsavrerncessairepourdfinirdefaonapproprielintrtpublicmajeur.

    Dans le domaine des milieux aquatiques, la directive-cadre sur leau 2000 / 60 / CE offre un cadre global et intgr pour la gestion des eaux >

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    Chapitre 1

    continentales,envuedeprveniretrduirelapollution,promouvoiruneutilisa-tiondurablede la ressourceeneau,prserver leszonesprotges,amliorerltatcologiquedescosystmesaquatiquesetmitigerleseffetsdesinonda-tionsetscheresses.Cetteapprocheintgrefaitappelunecaractrisationdelensembledesfonctionnalitsetdesvulnrabilitsdescosystmesaquatiques,pouvantconduiredesbesoinsdvaluationmontairedesservicesinduitsetducotdeleurdgradation.Enoutre,lorsquelestatsmembresindiquerontquilsnepeuventpasatteindre lobjectifderestaurationdubontatcologiquedesmassesdeau,ilsdevrontargumentersurlabasedesdisproportionsdecot.

    Plus rcemment, la directive 2004 / 35 du 21 avril 2004 sur la responsabilitenvironnementale, qui concerne la prvention et la rparation des dommagesenvironnementaux,creelleaussidenouveauxbesoinsdvaluation.Signalonsgalementlacommunication de la Commission europenne du 22 juin 2006:Arrter la perte de biodiversit en 2010 et au-delMaintenir les servicescosystmiquespourlebien-trehumain.Accompagnedunefeuillederouteenfaveurdelabiodiversitpourlaprochainedcennie,ellereconnatexplicite-mentquunedesforcesmotricesloriginedelapertedebiodiversitestlchecdesgouvernementsetde lconomieconventionnelle reconnatre lesvaleursconomiquesducapitalnatureletdesservicescosystmiques. Il fautenfinciterlarcentersolutionduParlementeuropen(2008/2210(INI),3fvrier2009)quiinvitelaCommissiondfinirleszonesdenaturevierge,luidemandantderaliserunetudesurlavaleuretlesavantagesdelaprotectiondeszonesdenatureviergeetdeconcevoirunestratgiecommunautaireadhoc.

    On peut citer dans le mme registre la rflexion entame depuis plusieursannesparlUnioneuropenneautourdelEurovignette:actualisantunedirec-tivede1999,ladirective2006/38du9juin2006ouvreauxtatsmembreslapossibilit, facultative,dinstaurerune taxeouune redevancesur lusageparlespoidslourdsdesinfrastructuresroutiresdurseaueuropendetransport.Conformment aux rgles dharmonisation dfinies par la directive, les tatsmembresont lapossibilitdediffrencier lespagesen fonctiondu typedevhicules,desacatgoriedmissions (classificationEURO),dudegrdedommages quil occasionne aux routes, ainsi que du lieu, du moment et duniveaudelencombrement.Actuellement,seulestroisexternalitsngativesontainsitidentifies(lapollutionatmosphrique,lebruitetlacongestion)etlesdbatssontvifsautourdelabsencedepriseencomptedautresimpacts,enparticuliersurleclimatetlabiodiversit1.EnFrance,lespagesautoroutiersrpondentcettedirectiveetlescalculsralissparleMEEDDATmontrentquelespoidslourdscouvrentleurcotcompletsurlerseauautoroutierconcd,compte tenu du page auquel ils sont soumis. Cependant, ces calculs nin-tgrent pas dvaluation chiffre de la perte de biodiversit, en labsence demthodedvaluation.Soulignonsgalementque,depuis2001, laSuisse,quinestpastenueaurespectdecettedirective,aappliquuneredevancesurlespoidslourdslieauxprestations(RPLP)prenantencomptedetelsimpacts2.

    UnrapportsurlesmthodesdestimationdecesdiffrentsimpactsatproduitrcemmentlademandedelUnioneuropenne:MailbachM.et al.(2008),Handbook on Estimation of External Costs in the Transport Sector,CEDelft,Netherland.2Lestimationdescotsexternesdestransportsroutierspourlanne2005estde9,3milliardsdefrancssuisses,dont687millionspourlesimpactssurlanatureetlespaysages(source:OfficefdraldudveloppementterritorialARE).

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    Enfin, au niveau national, lobligation daccompagner partir de septembre2009chaqueprojetdeloidunetudedimpactenvironnemental1estencoursdediscussionetconstitueuneautreillustrationdecettevolontdvaluationaprioridesimpactsdespolitiquespubliques.

    2.. Les travaux mthodologiquesPourrpondrecesattentes,plusieurstravauxcaractremthodologiqueonttinitisdansdiversesinstances.

    Ainsi,ds2001,danslecadredumandatquiluiavaittassignparlesminis-tresdelenvironnementdelOCDE,etconformmentladcisionIV/10delaConfrencedesPartiesdelaConventionsurladiversitbiologique,legroupe de travail de lOCDE sur les aspects conomiques de la biodiversitconcen-traitsonsecondguidemthodologiquesurlaquestiondelamontarisationdelabiodiversit2.Ceguiderecensaitenparticulierneufcadresetobjectifspoliti-quespossiblesdvaluation,ventuellementmontaire,delabiodiversit:

    dmontrer la valeur de la biodiversit, tant morale questhtique, cono-miqueetcologiquepourunemeilleureprisedeconsciencedelasocit;

    dterminer les dommages lis la perte de biodiversit: aspects deresponsabilitenvironnementale;

    rviserlescomptabilitsconomiquesnationales; fixerdesmontantsdetaxesetamendes; faciliter la prise de dcision pour la planification de lusage des sols:

    encourager une agriculture ou une sylviculture durables, priorits pourltablissementdezonesprotges;

    dmontrer le cot des invasions biologiques en vue de mieux lesprvenir;

    limiteroubannirlecommercedesespcesendanger; valuerlesimpactssurlabiodiversitdesinvestissementslisauxinfra-

    structuresroutires,aroportuaires,rsidentielles; fixerdesobjectifsprioritairesdeconservationdelabiodiversitdansun

    contextedebudgetlimit.

    Cettelistepeustructuremontreclairementquelesbesoinsentermesdva-luation conomique de la biodiversit (et des cosystmes) sont de naturestrsdiffrentesetimpliquentdesprisesdedcisionetdactiondesniveauxvaris.

    Un tournantmajeurdanscette rflexionmthodologiqueat leMillennium Ecosystem Assessment (MEA),quisestdroulde20012005etamobilis1360expertsde95pays.Cettetude,surlaquellenousreviendronsamplement,faisaitsuiteauxtravauxduGroupedexpertsintergouvernementalsurlvolutionduclimat (GIEC),quiavait identifi lesmenacespesant sur lescosystmessuite aux changements climatiques et recherchait clairement une approche

    Article7duprojetdeloiorganiquerelatiflapplicationdesarticles34-,39et44delaConsti-tutionaprslapremirelectureparlAssemblenationaleetleSnat.2OCDE(2002),Manuel dvaluation de la biodiversit. Guide lintention des dcideurs,OCDEPublications,Paris,77p.

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    Chapitre 1

    politiqueanaloguecelleduchangementclimatique.Publien2005,lerapportduMEAapopularislanotiondeservicedescosystmesetapropospourdiffrentscosystmesdesvaluationsconomiquesdecesservices.

    CestravauxduMEAontdepuistreprisetconfortsdansdesanalysesrgio-nales,nationaleset locales.LeMEEDATaainsi initien2008unedmarchesimilairepourlaFrance,pourparvenirdesconclusionsnationalessurltat,lesbiensetservicesrendusparlescosystmes,lavaleurdecesservicesetleurcontributionauxactivitshumaines,quellessoientproductives,socialesouculturelles.Demme,lAgenceeuropennepourlenvironnementalancen2006leprojetEuropean Ecosystem Assessment (EURECA),quireprendlecadrelogiqueduMEAetsatypologiedesservicesrendusparlescosystmes,ainsiquelesindicateurssurlabiodiversitStreamliningEuropeanBiodiversityIndicators(SEBI),maisquiestplusdtailletplusorientverslespolitiquesqueleMEA.Lapublicationdesrsultatsestprvuepour2012.

    Enfin,leprocessus TEEB(TheEconomicsofEcosystemsandBiodiversity),initienmars2007durantlaprsidenceallemandeduG8Potsdametcoor-donnparlconomistePavanSukhdev,visepoursapartvaluerlecotglobal,pourlasocit,deladgradationdelabiodiversitetdesservicescosystmi-ques.IlsesituedonclafoisdanslacontinuationdestravauxduMEAetdansloptiquedelaSternReviewoftheEconomicsofClimateChange,publieen2006etquiavaitconduituntravailsimilairesurlecotglobalduchangementclimatiqueetsamiseenbalanceaveclescotsdeluttecontrecechangement.Unrapportintrimaireatpublilt2008etlerapportdfinitifestattendudbut2010.

    Untoutautrecadrepolitiqueengendrantunbesoindvaluationdelabiodiversitet des cosystmes est celui offert par la rvision en cours du systme de lONU de comptabilit environnementale conomique intgre (SEEA).Lundesobjectifsestdyintgrerlescosystmesetleursservicesentantquecapital ouactif naturel.Auniveau franais, laCommission des comptes et de lconomie de lenvironnement (CCEE)1atconstitueselonlemodledes autres commissions sectorielles (transport, tourisme, agriculture, etc.).ElleapourmissionprincipaledexamineretdapprouverleRapportannuelsurlescomptesdelconomiedelenvironnementralisparlInstitutfranaisdelenvironnement(IFEN)2.Cescomptesdelconomiedelenvironnementconsti-tuentactuellementuncomptesatellitedelaComptabilitnationaleetsontessentiellementfondssurunecomptabilisationdesdpensesdeprotectionetdemiseenvaleurdelenvironnement.terme,lescomptesdeladpensepourlenvironnement,quiformentlenoyaudescomptesdelconomiedelenviron-nement,sontdestinsfairepartieintgranteduSEEA.

    Onpeutrattachercetteproccupationlinstaurationen2008parleprsidentdelaRpubliquedelaCommissionsurlamesuredesperformancescono-miquesetduprogrssocial,prsidepar leprixNobeldconomieJosephStiglitz.CettecommissionaeneffetpourmandatdidentifierleslimitesduPIBcomme indicateur de progrs dans une optique de dveloppement durable,prenantencomptelesimpactsngatifssurlenvironnement.

    MissionsdfinieslarticleD.33-35ducodedelenvironnement.2Devenuennovembre2008leSOeS(Servicedelobservationetdesstatistiques)duMEEDDAT.

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    3. Les deux niveaux dapproche et le cadrage du rapport

    Ilapparatpossible,maissurtoutncessaire,dedistinguerdanscesdiffrentstravauxdeuxgrandsregistresdeproccupationetdactionpublique:

    une finalit macroconomique :onchercheapprocherlavaleurdelabiodiversitetdesservicesdescosystmeslchelledunpays,degrandsensemblesbiogographiques,voiredelensembledelaplante,fixerdesobjectifsglobauxetlaborerdesinstrumentsdegestionetdegouvernanceceniveau.Ces instrumentssupposentsouventune forteimplicationdespouvoirspublics:grandesconventionsinternationales(parexemplesurlepartagedesavantageslislutilisationdelabiodiversit),grandesinfrastructurescologiques.Cetteapprocheestdemmenaturequecellequi,danslecasdesgazeffetdeserre,abordelaquestiondesconsquencesglobalesdeschan-gementsclimatiques.Ctait lobjectif centraldu rapportStern,que lonretrouvedoncdansleprocessusTEEB.Serattachentgalementcetteproccupationmacroconomiquelesquestionsdecomptabilitenviron-nementaleoudanalysecritiqueduPIB;

    une finalit microconomique :comment internaliser dans le cot de chaque projet ou action locale ses impacts sur la biodiversit,pourquelvaluationsocioconomiquedesarentabilitentiennecomptesurdesbasescohrentesauniveaunational?CestlanaloguestrictdeladmarchedelEurovignetteoudurapportBoiteuxIIduCommissariatgnralduPlan(2001),quiproposaitdesvaleursderfrenceintgrerdanslesvaluationspourlebruitoulespollutions,commepourletempsgagnoulecarbonemisouconomis.Cerapporttaittotalementmuetsur labiodiversit (quintaitmmepascitedans lestravauxappro-fondir), ce qui revenait compter sa valeur pour nulle dans le calculsocioconomique servant loptimisation des dcisions, en particulierdinfrastructures.

    La saisine du Premier ministre se rattache clairement cette seconde proccupation,mmesilesdcisionspubliquesvoquesneconcernentpas uniquement les projets dinfrastructures. Cest donc dans ce domaine microconomique que le groupe de travail a concentr ses analyses, tout en prenant en compte le fait que lensemble de ces dcisions microcono-miques devait tre cohrent avec les objectifs globaux de conservation de la biodiversit, et en particulier celui de stopper dici 2010 lrosion de la biodiversit.Cetobjectifimpliqueenparticulierquunevaluationconomiquedelabiodiversitdoitsinscriredansunelogiquequalifiededurabilitforte,cest--dire ne saurait servir des transactions avec dautres lments de bien-tre susceptibles de suppler des pertes de biodiversit.

    Uneautredistinctionquilsembleutiledefaireestcelleentre lesproccupa-tionsex-ante, lorsquilsagitdexaminerunprojetoudiversesvariantesdunprojeten termes deffets sur la biodiversit, et les proccupations ex-post,quandonestfaceundommagevolontaireoufortuitquoncherchevalueret,ventuellement,faireprendreenchargeparceuxquiensontlorigine.

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    Chapitre 1

    Cesdeuxquestionssontsensiblementdiffrentes,enparticulierparceque,danslesecondcas,lestimationdelarparation,notammentdanslesdcisionsdejustice,peutintgrerprincipalementdesnotionsderprobationsocialeoudeprjudicemoralcommefondementsde lvaluation.Celanesignifiepas,commenousleverrons,quecesconsidrations(etdautresconsidrationsnonconomiques)soientirrecevablesdanslesanalysesex-ante.

    Lessentiel de ce rapport sest plac dans une optique ex-ante,cest--diredans loptiquedunefixationdevaleursde rfrencepermettantdintgrer labiodiversitdanslinstructiondeschoixpublics.Maisilnousasemblutiledejetergalementunregardsurlesapprochesex-post.Cestpourquoinousavonscherchprcisercommentledroitabordaitcesquestionsetenparticulierlesapprochesquilutilisaitpourfixerdesvaleursconomiquesauxprjudiceslislenvironnement.Cestcetitrequenousexamineronsgalementlesappro-chesactuellesdelacompensationpratiqueltranger,etquicommencentsedvelopperenFrance.

    4. Les grandes tapes du rapportLetexteintgraldelasaisineetlacompositiondugroupedetravailsontdonnsenannexe.

    Sappuyantsurlecanevasdesquatrequestionsposes,laprogressionretenueatlasuivante:

    il est apparu tout dabord ncessaire (chapitre 2) de rappeler les enjeuxsocioconomiquesmajeursquereprsentent labiodiversitet lesservicescosystmiquesnonseulementaujourdhuimaispourlavenir,eninsistantsurlaforteresponsabilitdelaFrancedanscedomaine.Lechapitre3prsenteensuitecommentledroitsestprogressivementsaisidecesproblmatiquesetcommentillesatraites;undveloppement importantat jugutilepourprsenter lesconceptsscientifiquesimpliqusdanslesnotionsdebiodiversit,deservicescosys-tmiquesetlesliensentrecesdeuxnotions(chapitre4).Cechapitreprsen-tegalementlesdiffrentsindicateursquipeuventtreutilisspourdcrireltatdelabiodiversit,sonvolutionetlespressionsquipsentsurelle.Ilsachvepar laprsentationdeshypothsesretenuespar legroupepourpermettreunearticulationentrelesconceptsbiologiquesetlanalysecono-mique;lechapitre5faitlebilandesconnaissancesscientifiquesdansledomainedelvaluationdescosystmesetdelabiodiversit.Sapremiresectionpourratreludeparlesspcialistesdecesdisciplinesmaislegroupedetravailaestimncessaire,comptetenudesdbatssurlalgitimitmmede lapprocheconomiquedanscedomaine,de revenirsur lesbasesdelathorieconomiquedelavaleur.Cechapitreprsenteensuitelesexten-sions du cadre danalyse ncessaires pour apprhender la biodiversit,puis lesdiffrentesmthodesquiont tdveloppespourapprocher lavaleurdebiensnefaisantpaslobjetdchangesmarchandsdirects,enfin,

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    lesprincipauxrsultatspublisrelatifsauxcomposantesdelavaleurdelabiodiversit. Il se conclut en rappelant les apportsdeplusieurs initiativesinstitutionnellesrcentesenlienaveclobjetdecerapport;faisantsuitecesdeuxchapitressurltatdelart,lechapitre6prsentelesprincipauxenjeuxderechercheidentifisparlegroupeaucoursdesestravaux;sappuyantsurcesapprochesthoriques,lechapitre7abordedemaniredtaille les aspects techniques de llaboration de valeurs de rfrence,en soulignant quil existe actuellement dimportantes diffrences entre laquestiondelabiodiversitetcelledelafixationducarbone,souventciteenrfrence.Ilproposeplusieursillustrationsconcrtes,enparticulierdanslecasdesfortstempresetexamineenquoilutilisationdecesvaleurspeutinfluersurdeschangementsdusageduterritoire.Ilexplicitelesques-tionsdenatureprocduralequiseposent,tantdansllaborationquedanslutilisationdesvaleursderfrence,pourquecetteapprochesoitconsid-recommerecevableparlespartiesprenantes.Cechapitreprsenteenfinlesapprochesnonmontairesquipeuventtreutilises,enparticulierdanslespratiquesdecompensation;desconclusionsgnralesexaminentlesprincipalesrponsesapportesauxquatrequestionsdelasaisine,etproposentquelquespistesetrecomman-dationspourlutilisationetlapoursuitedecetravail.

    Indiquonsdembleque,conformmentsalettredemission,legroupesestessentiellementattachlaquestiondellaborationdesvaleursderfrence.Il na en revanche pos que quelques jalons qui lui semblaient particuli-rement importants pour cerner le champ et les modalits possibles duti-lisation de ces valeurs. Il considre cependant que la manire dont laction publique, travers ses diffrents instruments (rglementations, taxes, incitations, etc.), intgrera ces approches et les combinera dautres considrations est cruciale et devra donc tre explore et clarifie.

    Le groupe est en effet unanime considrer quil ne serait pas accep-table que lutilisation pratique des approches quil a accept dexplorer se traduise, paradoxalement, par une moindre prise en compte des enjeux de conservation et dutilisation durable de la biodiversit et des services des cosystmes, enjeu dont limportance est aujourdhui largement reconnue.

  • Chapitre 2Chapitre 2

    Chapitre 2

    Les enjeux socioconomiques et politiques de la biodiversit

    1. Pourquoi la biodiversit est-elle si importante pour la socit ?

    1.1. La biodiversit, fruit dinterrelations du monde vivantSi les dfinitions du nologisme biodiversit sont nombreuses et varies,ltenduedesasignificationpourlasocitestimmense.Ilsagitenfaitdeconsi-drerlatotalitdestresvivantseninteraction,ycomprislesmicro-organismeset lesservicesrenduspar lescosystmes (Babinetal.,2008).Labiodiversitdaujourdhui rsultedemilliardsdannesdvolution, formepar lesprocessusnaturels,subissant,deplusenplusetdefaonconsidrablementacclredepuisles cinq dernires dcennies, linfluence de lHomme. La biodiversit et les cosystmes au sein desquels elle sexprime fournissent un grand nombre des biens et services qui soutiennent la vie humaine:lesaliments,lescombus-tiblesetlesmatriauxdeconstruction;lapurificationdelairetdeleau;lastabili-sationetlamodrationduclimatdelaplante;lamodrationdesinondations,desscheresses,des tempraturesextrmesetdes forcesoliennes; lagnrationetlerenouvellementdelafertilitdessols;lemaintiendesressourcesgntiquesquicontribuentlavaritdesculturesetlaslectiondesanimaux,desmdi-caments,etdautresproduits;etdesavantagesculturels,rcratifsetesthtiques.

    lchelle globale, la biodiversit doit tre considre dans ses rapports avec les enjeux majeurs que sont par exemple la rduction de la pauvret, la scurit alimentaire et lapprovisionnement en eau potable, la croissance conomique, les conflits lis lutilisation et lappropriation des ressources, la sant humaine, animale et vgtale, lnergie et lvolution du climat.Cettevisionimpliquedelierbiodiversitetbien-trehumaindanslespritdelaralisa-tiondesobjectifsdumillnairepourledveloppement(Babinetal.,2008;PNUD,2004).Dansunmondeenprofondemutationsousleffetdechangementsacclrsdusagedessolsetduclimat,desbouleversementsdessocitshumainesdansleurrelationleurenvironnement,labiodiversitestdsormaisreconnuecomme

  • Chapitre 2

    2

    lassurance-viedelavieelle-mme(McNeiletShei,2002).LesNationsuniesen faisaient le thmede leurJourne internationalede labiodiversit, le22mai2005,souslesloganLa biodiversit, une assurance-vie pour notre monde en changement.

    Ainsi labiodiversitnestplusuniquementvueloinsenfauttravers leprismedelaconservationdelanaturepourelle-mmeoudelasauvegardedecertainesespcesemblmatiques.Lessocitshumaines,mmelesplusdveloppes,ontprisconsciencedelinteractionentrelhumanitetlabiodiversitdontellefaitpartie.

    Interaction et dynamique endogne sont les matres mots de la vie.Ilnousfautinteragirpourcooprer,pourprocrer,pourmodifierlenvironnementdanslequelnousvoluonsetpournousadaptersesvolutionsnaturelles.Demme,linteractionaveclensembledumondevivantnousestvitale:nousneconsom-monsquedesorganismesvivants,lgumes,fruits,viandesetcoopronsavecdesorganismesvivantspourobtenirtouslesproduitsissusdefermentations:bire,vin,fromage,saucissonentreautres.Notrehabitatestlargementconstitudematriauxissusduvivant.Lesnergiesfossilesetlescalcairessontaussiunlegsdelabiodiversitdautrefois,toutcommenotreatmosphre.Notresantesttrsdpendantedelabiodiversit.Ilestainsiestimquelestroisquartsdelapopulationmondialedpendentderemdesnaturelstraditionnels.EnChine,parmiles30000espcesdeplantessuprieuresrecenses,plusde5000sontutilisesdesfinsthrapeutiques.Prsdelamoiti2desmdicamentssynth-tiquessontdrivsdesourcesnaturelleset,parmilesmdicamentsanticanc-reux,42%sontdoriginenaturelle(NewmanetCragg,2007).

    La principale difficult, sagissant dapprcier les enjeux sociocono-miques de la biodiversit, est dabord didentifier toute ltendue de sa prsence dans la vie quotidienne des humains : elle est partout, de lalimen-tation la digestion, de la prservation de la peau lindustrie chimique.Unedifficultsupplmentaireestlecaractredynamiquedelabiodiversit,quiobligeprendreencompteleparamtretemps-dure.

    1.2. La biodiversit, un support des services cosystmiquesLvaluationdescosystmespour lemillnaire (MillenniumEcosystemAssess-ment,2005a),publieen2005,aeuunimpactconsidrable,quitientdabordlapropositionduncadrecommunderflexionsurlescosystmesenlienaveclebien-tresocial,ladfinitionduconceptdeservicecosystmique,aussiappel service cologique (les humains utilisent les proprits des cosys-tmeslibrement),etllaborationdunetypologiedecesservicescologiques.

    Les services cosystmiques rsultent des interactions entre organismes qui faonnent les milieux et leur fonctionnement au sein des cosystmes. La purification de lair ou de leau, le stockage du carbone, la fertilit des sols sont autant de services rsultant non dorganismes, mais dinteractions.chaquetypedcosystmes(forts,zoneshumides,prairies,coraux,etc.)corres-pondentdesfonctionsetdesservicesdiffrents,eux-mmesdpendantdelasantde lcosystme,despressionsqui sexercentsur luimaisgalementde lusagequenfontlessocitsdansuncontextebiogographiqueetgoconomiquedonn(voirsections4.et6.3.).Lessocitshumainesutilisentlescosystmeset,decefait,lesmodifientlocalementetglobalement.Enretour,cessocitsajustentleurs

  • Chapitre 2

    usagesauxmodificationsquellesperoivent.Cetteinteractiondynamiquecaract-risecequilestconvenudappelerdessocio-cosystmes(Walkeretal.,2002).

    Figure 2-1 : Les bnfices tirs des cosystmes et leurs liens avec le bien-tre de lHomme

    Services que procurent les cosystmes Facteurs et lments constitutifs du bien-tre

    SERVICES D'AUTO-ENTRETIENServicesncessaires l'octroi de tous les autres services fournis par les cosystmes Constitution des sols Dveloppement du cycle nutritionnel Production primaire

    Services de prlvementProduits issus des cosystmes Nourriture Eau douce Bois de feu Fibre Produits biochimiques Ressources gntiques

    Services de rgulationBnfices issus de la rgulation des processus des cosystmes Rgulation du climat Rgulation des maladies Rgulation de l'eau puration des eaux

    Services culturelsBnfices immatriels issus des cosystmes Spirituels et religieux Agrment et cotourisme Beaut cologique Inspiration ducationnel Instinct gographique Hritage culturel

    Scurit Capacit d'habiter dans un environnement sain et propre Capacit d'attnuer la vulnrabilit aux chocs et stress cologiques

    lments essentiels pour une vie agrable Capacit d'accs aux ressources procurant des revenus et conduisant au bien-tre

    Sant Capacit d'accs une alimentation adquate Capacit d'chapper aux maladies vitables Capacit d'accs l'eau potable volution dans une atmosphre saine (exempte de pollution) Capacit d'accs une source d'nergie protgeant de la chaleur et du froid

    LIBERTS ET POSSIBILITDE CHOISIR

    Bonnes relations sociales Opportunit d'extrioriser les valeurs rcratives et beaut cologiques lies aux cosystmes Opportunit d'extrioriser les valeurs culturelles et spirituelles lies aux cosystmes Opportunit d'observer, d'tudier et de dcouvrir les valeurs caches des cosystmes

    Source : MillenniumEcosystemAssessment, 2005

    De mme, la perception et lusage des services cosystmiques dpendent largement de lchelle considre.Parexemple,lebnficetirdesproduitsnonligneuxdunefort,telsquebaiesetchampignons,relvepluttdunintrtlocal ou rgionalmme si parfois les collectes se font dans le cadre dunelourdeorganisationemployantunemain-duvrenonqualifie,alorsquelim-portancedelafortentantquepuitsdecarbonerelvedenjeuxglobaux.UnetuderaliselademandeduDpartementbritanniquepourlenvironnement,lalimentationetlesaffairesrurales(EFTEC,2005)surlesvaleursconomiques,socialesetcologiquesdesservicescologiques,metlaccentsurcettenotiondchellequantlaperceptiondesservicesrenduspardescosystmes.Menesurlabasedunesynthsebibliographiquedenombreuxcasdtudescollectsauniveauinternational,ltudeclasselesservicescologiqueslistroisgrandstypes dcosystmes (forts, zones humides, agro-cosystmes), en fonctionde leursvaleursdusagepar rapport troisniveauxdebnficiaires:niveauxlocal,rgional/nationaletglobal(voirtableaux2-1,2-2et2-3).Lintrication des chelles associes aux services cosystmiques complexifie ainsi lattri-bution de valeurs montaires aux biens et services cosystmiques.

  • 2

    Tableau 2-1 : Valeur conomique totale des biens et services forestiers

    Biens et services Local Rgional Global

    Utilisation directe

    ProduitsdelafortBoisCharbondeboisProduitsnonligneux

    XXX

    X X

    RessourcesgntiquesMdecinetraditionnellePharmacologieRecherche

    XXX

    XXX

    XXX

    Rcrationettourisme X X X

    Utilisation indirecte

    Rgulationdesprcipitationslocales X

    Rgulationdesinondationsetdelalimentationeneau X X

    Contrledelrosiondessols X X

    Stockageetsquestrationdecarbone X

    Sant X

    Options Utilisationfuturedirecteetindirectedesbiensetservicesmentionnsci-dessus X X X

    Non-usage Savoirstraditionnelsetculture X X XSource : EFTEC-DEFRA 2005 (adapt)

    Tableau 2-2 : Valeur conomique totale des biens et services lis aux zones humides

    Biens et services Local Rgional Global

    Utilisation directe

    levage/Cultures X X

    Pche X X

    Fibrespourconstruction,productionartisanaleetboisdechauffe X

    Chasseaugibierdeauetautresanimauxsauvages X X

    Valeuresthtiquedeszoneshumides,rcration X X X

    Utilisation indirecte

    Rgulationdestemptes X

    Rtentiondescruesetrgulationdesflux X X

    Recyclagedessdimentsetdesnutri-mentsamliorationdelaqualitdeleau X X

    Contrledelrosionparlavgtation X X

    Squestrationducarbonemitigationdeschangementsclimatiques X

    Options Utilisationfuturedirecteetindirectedesbiensetservicesmentionnsci-dessus X X X

    Non-usage

    Valeursdexistence,dhritageetvaleursaltruistesdeshabitatsetespcesliesauxzoneshumides.Savoirstraditionnelsetculture;traditions

    X X X

    Source : EFTEC-DEFRA 2005 (adapt)

  • Chapitre 2

    Tableau 2-3 : Valeur conomique totale des biens et services lis aux agrosystmes

    Biens et services Local Rgional Global

    Utilisation directe

    Cultures/Nourriture X X X

    levage/Nourriture X X X

    Amnitsdespaysagesagricoles X X

    Utilisation indirecte

    Contrledespestesetmaladies X X

    Processuslisauxsols- processusdeminralisation- maintiendelastructuredessols

    etdelaporosit- maintiendelafertilitdessols

    X

    X

    X

    X

    X

    X

    Pollinisation X X

    Cycledeslmentsnutritifs X

    Squestrationducarbone X

    Quantitetqualitdeleau X

    Diversitgntique X X X

    Options Utilisationfuturedirecteetindirectedesbiensetservicesmentionnsci-dessus X X X

    Non-usage Savoirstraditionnelsetculture;traditions X X XSource : EFTEC-DEFRA 2005 (adapt)

    Nombredtudesvoientlejoursurlimportancedelabiodiversitentantquesupportdesservicescosystmiquesetparlmme,lecotpourlasocitdunepertedecet