CENTRE POUR L’ENVIRONNEMENT ET LE DÉVELOPPEMENT (CED)

PROJET PES(Payement pour les Services Ecosystémiques)

Élever les abeilles dans la forêt

Manuel de formation I

Dieudonné BETAYENE

Apiculteur

CEDYaounde

2010

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Introduction : élever les abeilles et produire du miel dans la région forestière.

La cueillette du miel, savoir-faire traditionnel des peuples autochtones (Baka, Baguieli, Bakola), reste actuelle dans la région forestière. Elle est mortelle pour les colonies d’abeilles, nocive pour la forêt, dangereuse pour les jeunes et les vieux chasseurs de miel. Les colonies d’abeilles sauvages se retrouveraient en profondeur dans la forêt, les arbres étant de plus en plus hauts, très durs à abattre et difficiles à grimper. Et le miel dit «original» ou « NZIME A DE » devient de plus en plus rare dans les communautés.

L’élevage des abeilles, l’apiculture, a très vite compté parmi les alternatives économiques de premier choix pour s’assurer les payements pour les services écosystémiques de la forêt communautaire de Nomédjoh (Projet PES).

I- Importance de l’apiculture et rôle vital des abeilles dans la forêt ?

L’apiculture, alternative économique parfaitement • écologique : génère des revenus tout en préservant l’environnement.

Bien que douloureuse, la piqure d’abeille est plutôt • bénéfique (le venin d’abeille a une action tonifiante et stimulante, renforce le système immunitaire et contribue à détoxiquer l’organisme), sauf pour les personnes allergiques !

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Les voyages des abeilles de fleur en fleur augmentent • la production agro-forestière (pollinisation) et préserve la biodiversité : plus d’abeilles, plus de nourriture (miel, fruits et de graines), plus d’animaux….

Le miel de qualité est rare et fortement demandé sur • les marchés.

Le miel est un médicament et un aliment de choix • pour les enfants, les personnes âgées et ceux qui effectuent des travaux manuels durs et épuisants.

En plus du miel : la cire d’abeilles, la propolis, le pollen • et la gelée royale sont recherchés dans le commerce pour les industries du bois, cosmétique et pharmacologique.

L’élevage des abeilles nécessite peu d’investissement • de départ et occupe très peu d’espace et de temps.

Les abeilles de la forêt ont de nombreux ennemis • (chasseurs de miel, oiseaux, souris, coléoptères, papillons, mouches, termites, fourmis, guêpes et hémiptères …) et nuisances que seul l’apiculteur sait les aider à gérer en prenant des dispositions préventives.

5PLANCHE I : Colonie d’abeilles dans son environnement

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II- Choix et construction de d’une ruche appropriée

Il n’existe pas d’apiculture traditionnelle dans la région forestière. Le modèle de ruche choisie pour l’apiculture en forêt : la ruche à barrettes transitoire par excellence, transition entre la pratique apicole traditionnelle fixe et l’apiculture moderne. La seule exigence de construction à respecter rigoureusement est la largeur de baguettes est de 32-33 mm.

PLANCHE II : Plan de construction de la ruche kenyane à ouverture sur la paroi

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III- Créer son rucher : choix du siteChoisissez les sites riches en plantes apicoles (nectar, •

pollen), et près d’une source d’eau. Protéger ou cultiver les plantes apicoles sur le site, telles que caféiers, calliandra, moringa, anacardiers, avocatiers, safoutiers, manguiers, orangers, bananiers…

Le site devra absolument avoir assez d’eau potable ou • une source à 1 km du rucher tout au plus. Sinon, aménager un abreuvoir, y mettre quelques morceaux de bois à la surface ou des cailloux ou des flotteurs comme surfaces d’atterrissage des abeilles.

Le site ne devra pas être éloigné en pleine forêt, mais • dans un jardin au village ou au champ et clôturé pour protéger les colonies d’abeilles contre les animaux en divagation et les enfants très curieux.

Selon la richesse du site en plantes à fleurs, ne pas • dépasser 12 à 15 colonies par rucher. Pour un rayon de 1km ou pour 1 hectare, constituer un rucher de 5 à 6 ruches au maximum. Eviter le “surpâturage”.

La surface utile permettant l’exploitation aisée d’une • ruche représente environ 5m² ; il faut donc prévoir 50m² pour un rucher de 10 ruches.

Les ruches devront être placées au moins à 30 m des • habitations, routes et lieux publics ou bruyants. Elles seront distantes de 2m au moins entre-elles.

Il est toujours préférable de dissimuler le rucher avec • une haie ou un obstacle construit d’une hauteur de 2m au

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moins. Signaler son élevage par un écriteau de mise en garde : ATTENTION ABEILLES !

Le trou d’envol (sortie des abeilles) doit être orienté • si possible vers l’Est pour l’ensoleillement, vers une zone moins utilisée et à l’abri de la direction des vents forts.

La ruche doit être posée sur un support solide à 75 cm • ou 1m au-dessus du sol (à la hauteur et l’aide de l’apiculteur). Le nombre de ruches conseillées au débutant en apiculture est de 5 ou 6 ruches.

PLANCHE III : Rucher découvert

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IV- Peuplement des ruchesUn essaim ayant quitté sa ruche est à la quête urgente

d’un nouvel abri naturel ou préfabriqué par l’apiculteur. L’apiculteur piège des essaims d’abeilles qu’on ne voit pas et récupère les abeilles accrochées en grappe.

1- Piégeage des essaims

Efficace en période d’essaimage avec une ruchette qui • a déjà été habitée par des abeilles.

Pour des ruches installées dans un rucher fixe : ouvrir, • frotter la cire d’abeilles à l’intérieur, de la citronnelle et/ou du vin de palme et bien d’autres recettes qui attirent les abeilles.

Attendre patiemment la venue d’un essaim, sinon • renouveler l’appât jusqu’à la capture.

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PLANCHE IV : Piégeage des essaims d’abeilles mellifères

Piège installé à l’ombre d’un arbre

Piège ou rucher couvert sous hangar en paille

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2- Récupération d’une grappe d’abeillesIl s’agit de capturer dans un contenant (ruchette, carton,

panier…) un essaim d’abeilles nouvellement au repos sur un support et à hauteur d’homme.

Selon sa situation :

Allumer son enfumoir ou apprêter un peu d’eau et • revêtir sa tenue de protection.

Sur une branchette : enfumer légèrement autour des • abeilles ; tenir, baisser la branchette et secouer les abeilles dans la boîte.

Sur une surface plane : asperger d’eau et orienter les • abeilles dans le à l’aide d’une brosse.

L’apiculteur expérimenté repérera et capturera la reine • dans une cagette (ex. boîte d’allumette).

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V- Le matériel apicoleEn plus de la ruche et ruchette : enfumoir (combustible,

feu et fumée), tenue de protection (combinaison, chapeau à voile, gants et chaussure tout terrain), lève-barrette et couteau.

PLANCHE V : Capture d’un essaim d’abeilles installé sur une branche

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PLANCHE VI : Le matériel apicole

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VI- Le travail de l’apiculteur : visiter ses colonies d’abeilles

La manière dont les abeilles accueillent celui ou celle qui vient les importuner, est en relation avec la journée (heure de rendez-vous ?), le temps qu’il fait (pluie ?), le travail du jour (but ?) et le comportement du visiteur (tenue ?).

Toute intervention de l’apiculteur dans une ruche (visite) perturbe la colonie (une agression). La visite d’une colonie doit être salutaire, un véritable geste de bénédiction pour les abeilles.

Il y a des moments de la journée où les abeilles n’aiment pas être dérangées : la nuit, vers midi et 15 heures, en temps d’orage, après une forte pluie, par grand vent. Mais le temps calme, doux, légèrement humide vers 6 heures du matin ou en fin d’après-midi reste le moment idéal.

1- Avant la visite

Eviter de se parfumer ou d’être trempé de sueur. Ces • odeurs excitent les abeilles à l’attaque.

Vaincre la peur en se rappelant qu’on ne va pas en • guerre, garder votre sang-froid.

Etre détendu et s’apprêter à vivre une petite partie de • plaisir apicole.

Travailler à deux donne du courage et facilite les • manipulations.

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Eviter de vous énerver, des gestes brusques et tout • écrasement d’abeilles (odeur du venin).

Ne pas garder la ruche béante pour le pillage. Une • bonne visite dure 10 à 15 minutes.

2- Erreur à ne pas commettre

Par curiosité, inquiétude, désir de bien faire (excès de zèle) les apiculteurs débutants multiplient des visites de contrôle intempestives dans les ruchers. Risque de désertion !

3- Visites d’inspection et d’entretien

Inspectez rapidement les ruches deux ou trois fois par mois permettra de vérifier que tout va bien et suscitera la familiarité de l’apiculteur avec ses abeilles. Si la situation paraît correcte, il vaut mieux ne pas s’attarder. Sinon avec son enfumoir, tailler les hautes herbes et arracher doucement celles des environs immédiats des ruches. Ou en cas de chute, remettre tout en ordre.

VII- La récolte du mielC’est une visite qui a pour objectif le prélèvement du miel.

Elle a lieu une ou deux fois par an dans la région forestière. Le meilleur moment de la journée pour récolter est la fin d’après-midi. Pour cela :

Prévoir au moins deux seaux de récolte, de l’eau et • une serviette.

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Allumez l’enfumoir et mettez des vêtements de • protection : combinaison, voiles, gants, bottes.

Donnez quelques bouffées de fumée au trou d’envol.•

Se placer derrière la ruche, ôter le toit et jauger les • constructions en toquant sur les barrettes.

Ouvrir doucement la ruche en commençant par la • barrette de rive.

Choisissez les rayons de miel mûr et operculés au • moins aux deux tiers.

Évitez (laissez) les rayons de miel contenant du • couvain et/ou du pollen.

Enfumer peu les rayons de miel et brossez doucement • les abeilles des deux côtés à l’aide de la brosse ou d’une plume pour les ramener dans la ruche.

Rangez les rayons de miel dans la ruchette de récolte. • Ou alors coupez-les dans un récipient propre et sec qui ferme bien.

Les rayons partiellement operculés seront à moitié • découpés : la partie non operculée dans un seau et le miel mûr dans l’autre seau.

Avant de fermer la ruche, regroupez les rayons non à • maturité autour de la maternité suivis des barrettes récoltées ou de rechange.

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VIII- Extraction et qualité du mielMême en rayon (sans extraction), le miel authentique •

et vertueux est déjà bien mangeable.

Le traitement du miel a lieu dans un espace propre, • clos et sec.

Eviter d’exposer le miel trop longtemps à l’air libre : • il gagnerait en poussière fine et en humidité.

Selon la quantité, extrayez à froid le miel de ses rayons • par broyage à la spatule ou presse à miel, filtrage à travers du linge blanc fin, dans des récipients propres qui ferment bien.

Laissez reposer (maturation) au moins 3 jours, puis • écumez.

Mettez votre miel propre et de qualité dans des pots • propres et secs avec des couvercles bien étanches.

Apposez votre étiquette, portant le nom du produit, la • date de récolte et bien entendu le nom du producteur.

Garder votre stock de miel à la température ambiante • (dans un endroit frais mais sec).

IX- Tenue d’un registreLa tenue du fichier est importante pour noter toutes les

observations lors de chaque visite des ruches. Le fichier permet de suivre l’évolution de chaque colonie et planifier la saison apicole. Les informations sont : numéro de la

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ruche, date de colonisation, date d’inspection, observations, quantité en kilogrammes, état de la colonie et tâche future.

En cas d’indisponibilité de l’apiculteur, le registre permettra la poursuite des activités apicoles par un collègue ou un tiers.

Conclusion« Si les abeilles disparaissent, l’homme n’aurait plus que

quatre années à vivre ».

Evidemment si les abeilles ne piquaient pas, elles auraient complètement disparu de nos forêts et de la liste des animaux. Et sachons-le, toute menace contre les abeilles pèse gravement sur la forêt, la biodiversité et la planète entière. Bien entendu, tous les soins apportés aux abeilles par l’apiculture, contribue à protéger la forêt et à garantir la nourriture et l’argent pour l’amélioration des conditions de vie des communautés forestières.

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AnnEXE

Premiers problèmes du débutant apicole

Ce qui ne va pas Causes Solutions

Les ruches et ruchettes restent vides

Rareté des essaims

Attendez la période d’essaimage ou essayez un autre site

La ruche/ruchette est peu attractive

Nettoyez la ruche et appâtez-la à nouveau de cire

Installez les ruchettes-pièges bien en hauteur pour les essaims

Ravageurs (fourmi, termite, fausse-teigne, mange-miel) et humidité

- Aucune dispo-sition préventive prise à l’installation

- Entretien insuffi-sant des ruchers

- Faiblesse des colonies

- Installez les ruches au-dessus du sol (au moins 50cm)

- Protéger les supports (huile de vidange et de la graisse)

- Entretien des ruchers et suivi des colonies

Incendies Feux de brousse (brûlis, petite chasse)

Propreté autour des ruches (dé-broussaillez et désherbez)

Eteignez bien les restes de com-bustible

L’enfumoir s’éteint

Combustible humide

Utilisez le combustible bien sec (uniquement matière végétale)

Enfumoir allumé de dessus

- Allumez l’enfumoir au fond

- Entretenez la fumée

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La colonie d’une ruche bien éta-blie déserte

Bruits, dérange-ments ou attaques fréquentes de pré-dateurs

- Résoudre le problème de dé-rangement

- Installez les ruchers au moins 30 m de lieu public et route

- N’enfumer pas trop

- Manipulez les abeilles avec douceur

Manque de nourri-ture et d’eau

- Enrichissez le site en plantes apicoles et de l’eau (abreuvoir)

- Nourrissez si possible

Les abeilles piquent des ani-maux domesti-ques

Les animaux sont attachés et incapa-bles de fuir

N’attachez pas les animaux près d’une ruche habitée

Les volailles seules en liberté, les autres à distance (enclos)

Les abeilles piquent des per-sonnes travaillant au champ

Présence inopinée et dérangement à proximité de la ruche

Maintenez les abeilles à l’écart des champs ou ouvrez les ruches tôt le matin, tard le soir

Les abeilles pi-quent d’autres personnes

Les ruches sont très proches des habita-tions ou d’un lieu public, peu proté-gées des bêtes en divagation ou des curieux

Isolez les ruches derrière un buisson, une haie ou dans un enclos (hors de portée des moins jeunes)

Des abeilles et surtout ouvrières mortes dans la ruche, mais cou-vain en bonne santé

Utilisation de pro-duits chimiques (insecticides) aux alentours du rucher

- Installez les ruches dans des zones non traitées

- Assurez-vous que vos voisins cultivateurs sont conscients du rôle des abeilles et des dangers des pesticides

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Des abeilles mortes à l’entrée, à l’extérieur et dans la ruche, plus couvain suspect

Maladie Demandez conseil sur les mala-dies des abeilles et les mesures d’éradication

Le couvain est très irrégulier sur les rayons

Vieillissement de la reine Tuez et remplacez la reine

Possible maladie Demandez conseil

Le miel est trop trouble

Il contient trop de pollen

Récoltez et traitez à part des rayons de miel avec du pollen

Le miel cristallise

Ce phénomène est normal et naturel

Remuez ou chauffer doucement pour liquéfier

Il est riche en nectar d’espèces particulières dont le cristallise

Appréciez-le comme tel : C’est aussi un signe de qualité

Le miel cristallise trop vite

Il contient trop de particules de pollen ou de poussière

Filtrez-le plus soigneusement à travers une toile très fine

Le miel fermenteIl contient trop d’eau et parfois trop de pollen

Récoltez des rayons de miel mûr operculés

- Evitez de l’enrichir en eau

- Conservez le miel à la tem-pérature et refermez bien après chaque usage

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