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Aperçu du numéro 2016-3 de la REE (juillet 2016)
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ÉNERGIEÉNERGIE TELECOMMUNICATIONSTELECOMMUNICATIONS SIGNALSIGNAL COMPOSANTSCOMPOSANTS AUTOMATIQUEAUTOMATIQUE INFORMATIQUEINFORMATIQUE
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016 EDITORIAL
La gestion des déchets radioactifs :une responsabilité collective
Christophe Bouillon
ENTRETIEN AVEC Brice LalondeAncien ministre
www.see.asso.fr
3
ISSN
126
5-65
34
DOSSIER
Le paiement mobilePar Patrice Collet
L'ARTICLE INVITÉ
Cette aperçu gratuit permet aux lecteurs ou aux futurs lecteurs de la REE dedécouvrir le sommaire et les principaux articles du numéro 2016-3 de la revue,publié en juillet 2016. Pour acheter le numéro ou s'abonner, se rendre à ladernière page.
REE N°3/2016 � 1
L’utilisation de la radioactivité, au tra-vers de nombreuses applications électronucléaires, industrielles, médi-cales ou scientifiques, est à l’origine
chaque année de la production de déchets ra-dioactifs. La question n’est pas de savoir si ces usages sont bons ou non : les déchets sont là, et certains resteront dangereux pendant de très lon-gues périodes de temps. Il est du devoir de notre génération, qui bénéficie aujourd’hui des usages de la radioactivité, de proposer et de mettre en œuvre une solution sûre et pérenne pour ne pas transmettre à nos enfants et petits-enfants la charge des déchets que nous produisons.
A cette fin, l’Etat français s’est doté d’un dispositif spécifique et robuste pour encadrer l’ensemble des activités liées à cette gestion avec la créa-tion d’une entité indépendante des producteurs de déchets, l’Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs), et la mise en place d’outils de gouvernance solides tel que le Plan national de gestion des matières et des déchets radioactifs, établi tous les trois ans par le ministère en charge de l’écologie et l’Autorité de sûreté nucléaire. Ce dispositif s’appuie égale-ment sur des rendez-vous réguliers avec les ci-toyens et la représentation nationale : deux lois, en 1991 et en 2006, qui ont chacune fait l’objet d’un large consensus, et deux débats publics, en 2005 et en 2013.
Rares sont les activités qui font l’objet d’un enga-gement démocratique aussi important. Grâce à cela, notre pays fait figure de moteur et de mo-
dèle dans le monde, à l’image de la directive eu-ropéenne du 19 juillet 2011 qui établit un cadre communautaire directement inspiré du modèle français pour la gestion responsable et sûre du combustible usé et des déchets radioactifs, ou encore de l’Afrique du Sud ou de la Corée du Sud qui ont sollicité l’Andra pour les aider à se doter d’un dispositif proche du modèle français.
Ce cadrage législatif est aussi le signe que la gestion des déchets radioactifs n’est pas qu’une question technique ou scientifique. C’est une question qui transcende les générations et qui donne aux générations actuelles une impor-tante responsabilité vis-à-vis des territoires qui accueillent, ou qui vont accueillir, les centres de stockage, et vis-à-vis des générations futures. Cette responsabilité se traduit par un nécessaire devoir d’excellence de tous les acteurs de la filière de déchets radioactifs, du producteur au stockeur, en passant par les opérateurs de traite-ment, et un devoir de transparence, d’ouverture et de dialogue au quotidien.
Christophe Bouillon est vice-président de la commission du développement durable
et de l’aménagement du territoire de l’Assemblée nationale. Il est député de la 5e circonscription de Seine Maritime depuis
2007. Il a été élu président du Conseil d’administration de l’Andra à la fin de l’année
2015. Il a été l’auteur, avec le député Julien Aubert, d’un rapport sur la gestion
des déchets et matières radioactifs en 2013.
La gestion des déchets radioactifs : une responsabilité collective
EDITORIAL CHRISTOPHE BOUILLON
2 ��REE N°3/2016
sommaireNuméro 3 ����
1 EDITORIAL La gestion des déchets radioactifs : une responsabilité collective
Par Christophe Bouillon
2 SOMMAIRE
4 FLASH INFOS Hyperloop sera-t-il le TGV du futur?6 Bus 100% électriques : Paris et Marseille au coude à coude7 Le solaire poursuit sa course au gigantisme10 Les émissions de CO² de l’Union européenne n’ont pas décru
en 201510 Mini-oscillations de l’axe de la Terre et changement climatique12 Des sylphes et des farfadets dans l’espace14 Détecter un photon sans le détruire
19 ACTUALITÉS Entretien avec Klaus Froehlich, Président du CIGRE22 L’étude « Technologies clés 2020, préparer l’Industrie du futur »
est parue24 Internet des objets : l’ARCEP et l’ANFR mettent à la consultation
l’utilisation de nouvelles bandes de fréquence autour de 900 MHz
26 A RETENIR Congrès et manifestations
28 VIENT DE PARAÎTRE La REE vous recommande
31 ARTICLE INVITÉ Le paiement mobile
Par Patrice Collet
42 LE GRAND DOSSSIER Le stockage des déchets radioactifs Introduction Par Pierre-Marie Abadie45 Problématique générale de la gestion des déchets radioactifs Par Michèle Tallec
p. 1
p. 42
p. 82p. 31
p. 97
Photo de couverture : Andra
REE N°3/2016 � 3
53 Les centres de stockage de l’Andra en exploitation en France.Le centre de stockage de l’Aube (CSA) et le centre industriel de regroupement, entreposage et de stockage (Cires)
Par Frédéric Legée62 Le projet Cigéo.
Centre industriel de stockage de déchets radioactifs en formation géologique profonde
Par Jean-Marie Krieguer72 De la R&D à l’innovation à l’Andra Par Frédéric Plas
82 GROS PLAN SUR … Interconnecter Europe et Afrique ? Les études de Medgrid
Par Jean Kowal
87 RETOUR SUR ... L’imagerie médicale du 20e siècle
Par Jean-Louis Coatrieux, Patrick Bourguet, Jacques de Certaines, Serge Mordon, Léandre Pourcelot
97 ENTRETIEN AVEC... Du global au local : après la COP21, le temps est venu d’agir
Par Brice Lalonde
101 ENSEIGNEMENT & RECHERCHE La Conférence des grandes écoles (CGE)
& l’avenir de l’enseignement supérieur en France Par Francis Jouanjean
Echos de l’enseignement supérieur Par Alain Brenac
109 LIBRES PROPOS Comptes 2015 : le secteur électrique européen est en danger
Par Philippe Vesseron
115 SEE EN DIRECT La vie de l'association
PropElec'16Le grand rendez-vous
de la"Propulsion Electrique"
23 & 24 novembre Ecole ECAM-EPMI
Cergy-Pontoise
Organisée par :
Contacts :
4 � REE N°3/2016
FLASHINFOS
Hyperloop sera-t-il le TGV du futur ?En 2012, le milliardaire américain Elon Musk, par ail-
leurs patron de Tesla Motors et de Space X et personna-
lité marquante de la Silicon Valley, faisait sensation en
proposant un nouveau concept révolutionnaire de train
subsonique à très grande vitesse (près de 1 000 km/h),
basé sur la propagation de capsules dans un tube à basse
pression reposant sur des coussins d’air pressurisés et
cela sur des distances pouvant atteindre plusieurs cen-
taines de kilomètres ! Toutefois accaparé par d’autres pro-
jets tout aussi futuristes, celui-ci déclarait peu après qu’il
ne comptait pas exploiter lui-même cette idée mais qu’il
encourageait toute compagnie existante intéressée ou
startup créée à cet effet à se lancer dans cette aventure
un peu folle et pour le moins risquée.
A cet effet, il rendit public les détails de son projet
dans un document baptisé Hyperloop Alpha, issu des
travaux préliminaires des équipes de Tesla et Space X.
Ce concept reposait sur une propulsion de capsules au
moyen d’un champ magnétique généré par une version
du moteur électrique utilisé sur la voiture Tesla S et ali-
menté par l’énergie solaire. Les promoteurs du projet
assuraient que la sensation à bord serait « proche de
l’avion ». Afin de vaincre l’impression d’isolement du
voyageur, il serait aisé de prévoir un défilement artifi-
ciel de paysages sur des fenêtres virtuelles sur les côtés
d’une capsule pouvant contenir de 10 à 20 voyageurs.
L’argumentation commerciale mettait en avant, outre un
gain de temps et de fatigue par rapport aux moyens de
transport traditionnels y compris l’avion, un modèle éco-
nomique particulièrement favorable du fait de la faible
énergie nécessaire à la propulsion des capsules. Le tout
étant agrémenté de vues d’artistes plus ou moins futu-
ristes (figure 1). Certaines d’entre elles ne sont d’ailleurs
pas sans rappeler l’expérience avortée de l’aérotrain sur
coussin d’air développé par la compagnie Bertin dans
les années 70.
Figure 1: Vues d’artiste : (a) d’un train Hyperloop et (b, c) de capsules Hyperloop.Sources : (a) Shutterstock - (b) Hyperloop Alpha – (c) Hyperloop One.
(a)
(b) (c)
REE N°3/2016 � 5
FLASHINFOS
A la suite de cette annonce qui donna lieu à des
manchettes de journaux enthousiastes telles que: « Un
aller Los Angeles-San Francisco pour 20 USD », « Paris-
Nice en 45 minutes » ou encore « Un départ toutes les
10 secondes », la réalité est pour l’instant moins glo-
rieuse. Deux sociétés se sont créées en 2013, à savoir :
Hyperloop Transportation Technologies (HTT), la
seconde, Hyperloop Technologies, devenue ensuite
Hyperloop One, pour se démarquer du nom trop simi-
laire de son concurrent, qui a fait appel au savoir-faire
initial développé par Tesla et Space X.
Dans un premier temps, HTT semble avoir marqué un
point important, non pas technique mais administratif, en
obtenant en 2013 les autorisations des pouvoirs publics
californiens nécessaires à la construction d’un segment
de test de huit kilomètres à partir de la (future) ville nou-
velle de Quay Valley, à mi-chemin entre Los Angeles et
San Francisco (figure 2). Afin de financer ce projet qui
emploie désormais 200 personnes, HTT a réalisé une
levée de fonds de 20 millions de dollars au début 2016
auquel ont répondu des poids lourds de la finance mais
aussi des transporteurs comme la SNCF ou Deutsche
Bahn. Un deuxième appel sera ouvert en fin d’année
2016 pour atteindre les 100 millions USD jugés suffisants
pour un test en vraie grandeur d’Hyperloop. En parallèle
la startup a annoncé avoir acquis la licence Inductrack,
une technologie basée sur la lévitation magnétique pas-
sive. Ce système fonctionne grâce à des aimants intégrés
aux capsules et à une structure métallique. HTT estime à
une dizaine d’années le temps nécessaire pour commen-
cer à commercialiser ce type de transport.
Son concurrent, Hyperloop one annonçait de son côté
fin 2015 avoir acheté 20 hectares de terrain du côté de
Las Vegas pour construire son propre prototype, visant
à terme la liaison avec Los Angeles, distant de 300 km.
Contrairement à HTT qui a adopté la propulsion magné-
tique, cette compagnie est restée fidèle au concept ori-
ginal d’Elon Musk, c’est-à-dire des rames transportées
à très grande vitesse dans de longs tuyaux suspendus
(figure 3), grâce à de l’air comprimé obtenu par un com-
presseur électrique placé à l’avant de la capsule pompant
l’air vers le dos de l’appareil et plaçant ainsi la capsule sur
un coussin d’air porteur.
Le 11 mai dernier, Hyperloop One a procédé à un es-
sai en grandeur nature du moteur linéaire qui propulsera
à l’avenir le train-capsule dans des tubes basse pression1.
Le mobile, non encore pourvu de sa cabine de passagers,
a atteint les 160 km/h sur des rails à l’air libre sur une
distance de quelques mètres et s’est arrêté dans un tour-
billon de sable ralentisseur très spectaculaire…
Cet essai très médiatisé a relancé l’intérêt des trans-
porteurs pour cette idée, au départ quelque peu ébou-
riffante, d’un train TTGV (à très-très grande vitesse) et
d’autres régions du monde commencent à s’intéresser
au concept (Moyen-Orient, Russie, Europe de l’Est et
Asie centrale). C’est ainsi qu’en Europe, la Slovaquie a
convenu d'un accord avec HTT pour développer une
ligne reliant Bratislava à Vienne et Budapest d’ici 2020.
Par ailleurs Systra, filiale conjointe de la SNCF et de
la RATP, a signé récemment avec Hyperloop One un
contrat de partenariat technique visant à effectuer des
études de sûreté, une étape évidemment essentielle
pour un procédé aussi révolutionnaire, puis des études
de faisabilité concernant des projets un peu partout
dans le monde.
1 La vidéo de cet essai est consultable sur le lien : https://youtu.be/1e-Po9C8Kj8
Figure 2 : Tracé proposé par Elon Musk pour relier Los Angeles à San Francisco par Hyperloop le long de l’autoroute A 15 et positionnement du segment test de HTT à Quay Valley.
Source Hyperloop Alpha.
Figure 3: Hyperloop One procède à la mise en place des tuyaux pour son train supersonique.
6 � REE N°3/2016
FLASHINFOS
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Bus 100 % électriques : Paris et Marseille au coude à coude
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Nul ne peut dire à ce stade si la faisabilité d’un tel
moyen de transport et la crédibilité de son modèle éco-
nomique seront un jour démontrées mais il apparaît
aujourd’hui que les deux projets en concurrence sont
maintenant entrés dans une phase active et que les
futures étapes de leur avancement respectif seront pas-
sionnantes à suivre. ■
AB
Bus 100 % électriques :Paris et Marseille au coude à coude
Le 30 mai 2016, a été inauguré à Paris le premier
bus 100 % électrique de grande capacité, sur la ligne
341 reliant la Porte de Clignancourt à la place Charles
de Gaulle. Il s’agit d’un bus de grande capacité (12 m de
longueur, pouvant accueillir jusqu’à 101 passagers), ce
qui le distingue des minibus déjà opérationnels à Paris
et dans d’autres villes, dont la longueur varie entre 6 et
10 m. La ligne 341 sera exploitée avec 23 bus identiques
et deviendra ainsi la première ligne tout électrique à Paris
équipée de bus de capacité standard.
Cette opération s’inscrit dans le cadre du plan bus
2025 de la RATP qui vise à doter le réseau bus de la RATP
en Ile de France de 3 600 bus électriques qui représente-
ront 80 % de sa flotte en 2025 (figure 1).
Le bus retenu pour l’opération pilote de la ligne 341
est le Bluebus (figure 2) développé par Bolloré autour
de ses batteries LMP (lithium métal polymère) qui
équipent notamment les Bluecars du service Autolib à
Paris. Chaque bus est équipé de huit batteries de 300
kg permettant de stocker 240 kWh. Cette capacité est
suffisante pour assurer une autonomie totale au véhi-
cule sans qu’il soit nécessaire de recharger les batteries
pendant la journée. La technique du « biberonnage »
pratiquée à Nice notamment, consistant à profiter des
arrêts pour injecter pendant une dizaine de secondes
de l’énergie électrique, a été écartée après concerta-
tion avec Enerdis (ex ERDF) afin de ne pas solliciter le
réseau électrique pendant les périodes de pointe. La
recharge se fait donc pendant la nuit, au terminus. La
RATP n’exclut toutefois pas de mettre en place des sys-
tèmes de chargement rapide ponctuel aux terminus de
certaines lignes.
Les accumulateurs LMP se présentent sous forme de
films minces enroulés, d’une centaine de μm d’épaisseur
composés de cinq couches :
sels de lithium
et de polymère
Figure 1 : Le plan bus 2025 de la RATP.
Figure 2 : Le Bluebus de la ligne 341 – Crédit photo : P. Anziani.
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REE N°3/2016 � 19
Fondé en 1921, Le CIGRE (Conseil interna-
tional des grands réseaux électriques) est une
association internationale, à but non lucratif,
dont la vocation est de favoriser la collaboration
entre experts internationaux pour améliorer les
réseaux électriques existants et construire ceux
de demain. A l’occasion de sa 46e session, la REE
a rencontré son Président, le Professeur Klaus
Froehlich.
REE : Merci, M. le Président, de nous accorder cet entretien
à quelques semaines de la 46e session du CIGRE, qui se tien-
dra à Paris du 21 au 26 août 2016.
1921-2016 : le CIGRE aura bientôt un siècle, ce qui en fait
sans doute l’une des plus anciennes conférences techniques
existant dans le monde. Avant de parler de cette 46e session,
pouvez-vous nous dire quel regard vous portez sur l’évolu-
tion du CIGRE au long de ces années ?
Klaus Froehlich : Nous sommes en effet l’une des plus
anciennes conférences dans notre domaine, devancés seu-
lement par la Commission électrotechnique internationale
(IEC). Nous sommes particulièrement fiers de l’évolution
du CIGRE au long de ces décennies. Nous avons survécu
à la seconde guerre mondiale. Au lendemain de ce conflit,
nous avons repris notre expansion, en accueillant notam-
ment le Japon, ainsi que l’Amérique du Sud. Notre histoire
est une success story, qui nous a d’ailleurs conduits, lors de
la dernière session, en 2014, à battre à nouveau le record du
nombre de participants (Tableau 1).
REE : et pour 2016 ?
K. F. : Il faut attendre la séance d’ouverture ; mais cela ne
devrait pas être moins qu’en 2014. Comme toujours, notre
congrès va réunir toutes les parties prenantes des réseaux
électriques : les opérateurs, les fabricants d’équipements, le
monde académique, les instituts de recherche.
Un point important sur lequel je veux insister. Comme
d’habitude, le CIGRE se déroule à Paris et, dans le contexte
sécuritaire actuel, nous sommes amenés à prendre le
maximum de précautions, en étroite relation avec le Pa-
lais des congrès et avec les autorités françaises. Cela peut
présenter quelques inconvénients pour les congressistes,
notamment en termes de files d’attente ; mais la sécurité
doit primer. Et nous nous réjouissons du fait que cette si-
tuation n’ait dissuadé aucun de nos partenaires habituels
de venir à Paris.
REE : Est-ce que tous les pays du monde sont représen-
tés au CIGRE ?
K. F. : Presque tous, avec toutefois une exception impor-
tante : l’Afrique subsaharienne. Nous devons encore nous
y développer, ce qui passera par la création de comités
nationaux dans les pays concernés. L’Afrique du Sud est le
seul pays de la région à disposer d’un comité national. Or je
suis convaincu que ces pays ont à apprendre de notre expé-
rience et nous souhaitons les en faire profiter. Cela concerne
Tableau 1 : Evolution du nombre de participants aux conférences CIGRE.
ACTUALITÉS
46ème session du CIGRE, du 21 au 26 août 2016 à Paris
Entretien avec Klaus Froehlich - Président du CIGRE
20 ��REE N°3/2016
notamment les nouvelles technologies de pointe, les grands
projets d’interconnexion, l’électrification rurale, etc.
REE : Y aura-t-il, cette année encore, une exposition ?
K. F. : Notre exposition est toujours un grand succès et
toujours en croissance. En fait, nous ne sommes limités que
par la dimension du Palais des congrès de la Porte Mail-
lot. C’est une partie importante du congrès, mais l’essentiel
reste, bien entendu, les échanges qui ont lieu dans les di-
verses sessions.
REE : Pour cette conférence, combien d’articles avez-
vous reçus ?
K. F. : Le nombre est toujours en croissance : 550 contribu-
tions ont été acceptées, ce qui est supérieur aux sessions
précédentes, mais ne représente que 85 % des propositions
reçues.
REE : Y aura-t-il des innovations notables dans le dérou-
lement de la conférence ?
K. F. : A chaque session ses innovations ! La conférence
sera cette année davantage interactive, grâce à un sys-
tème qui permettra aux participants de suivre sur leur
smartphone, en temps réel, ce qui se passe dans les dif-
férentes salles, et ainsi de se rendre dans le lieu d’intérêt
majeur pour eux.
Nous aurons des sessions de posters couvrant 100 % des
articles et la possibilité d’utiliser les smartphones ou les ta-
blettes pour envoyer, en temps réel, des messages au modé-
rateur de la session et pour “liker” les questions posées par
d’autres participants.
REE : Venons-en donc maintenant aux principaux
thèmes techniques qui vont animer cette conférence. Sur
votre site web, je note les thèmes suivants :
Ces sujets sont, pour la plupart, permanents. Quels sont
ceux qui vont particulièrement marquer la session 2016 ?
K. F. : Tous ces thèmes sont importants et il est difficile d’en
définir le centre de gravité. La tendance la plus marquante,
actuellement, me semble être la pénétration de plus en plus
profonde dans le domaine de la distribution. Il ne s’agit évi-
demment pas de développer une concurrence avec d’autres
institutions plus spécifiquement dédiées à ce secteur, mais
simplement de prendre en compte la réalité d’un système
électrique dans lequel les gestionnaires des réseaux de trans-
port (TSO) et de distribution (DSO) interagissent de plus en
plus étroitement. En Europe, par exemple en Allemagne, en
Italie ou en Espagne, on voit des consommateurs actifs (pro-
sumers) jouer un rôle croissant dans le système. Il est bien de
la responsabilité du CIGRE de couvrir l’ensemble du système.
REE : Et parmi les questions plus classiques ?
K. F. : Parmi les sujets devenus maintenant plus classiques,
le boom des systèmes à courant continu (HVDC) reste en
tête de la liste. La rapidité de leur développement est très
impressionnante. Et il est loin d’être terminé, notamment
pour des liaisons point-à-point. Toutefois, si vous me deman-
diez si je crois qu’ils menacent, à terme, la prépondérance
du courant alternatif, je vous répondrais que non ; en effet,
même si les liaisons à courant continu présentent de nom-
breux avantages, sur lesquels travaillent nos comités d’étude,
je pense qu’ils resteront longtemps des « sous-systèmes » au
sein d’un système à courant alternatif. Mais ce n’est peut-être
qu’une conviction personnelle. A plus long terme, on peut
bien sûr imaginer une sorte de “super-grid” reliant plusieurs
réseaux à courant alternatif et, pour des raisons technico-éco-
nomiques dans le cas de grandes distances à parcourir, ce
super-grid serait à courant continu. Mais, pour l’heure, il n’y
a pas de projets concrets en ce sens : nos groupes de travail
s’intéressent aux concepts qu’il faudrait développer pour en
permettre l’émergence et aux multiples problèmes qu’il fau-
drait résoudre, par exemple celui de l’interopérabilité d’équi-
pements d’origine diverse.
REE :
K. F. : Pas vraiment. Cette année encore, plusieurs grands in-
cidents, ou plusieurs situations critiques proches du black-out
seront présentées et analysées. Cela concerne notamment la
Turquie, la Thaïlande, Israël, le Brésil, l’Australie. On a toujours
à apprendre de l’expérience des autres.
Ce qui est vrai en revanche, c’est que, sur les deux der-
nières années, aucun cas de “large market disturbance”, c’est-
à-dire de divergence brutale du prix de marché de l’électrici-
té, ne nous a été rapporté. C’est plutôt rassurant.
REE :
K. F. :C’est un sujet complexe, dont l’évolution ne peut pas
être résumée en quelques mots. Nous retrouvons là la né-
cessité de l’interactivité entre le transport et la distribution,
dans la mesure où l’objectif est de donner à tous un service
de qualité, y compris dans le contexte du développement
ACTUALITÉS
notamment les nouvelles technologies de pointe, les grands
projets d’interconnexion, l’électrification rurale, etc.
REE : Y aura-t-il, cette année encore, une exposition ?
K. F. : Notre exposition est toujours un grand succès et
toujours en croissance. En fait, nous ne sommes limités que
par la dimension du Palais des congrès de la Porte Mail-
lot. C’est une partie importante du congrès, mais l’essentiel
reste, bien entendu, les échanges qui ont lieu dans les di-
verses sessions.
REE : Pour cette conférence, combien d’articles avez-:
vous reçus ?
K. F. : Le nombre est toujours en croissance : 550 contribu-
tions ont été acceptées, ce qui est supérieur aux sessions
précédentes, mais ne représente que 85 % des propositions
reçues.
REE : Y aura-t-il des innovations notables dans le dérou: -
lement de la conférence ?
K. F. : A chaque session ses innovations ! La conférence
sera cette année davantage interactive, grâce à un sys-
tème qui permettra aux participants de suivre sur leur
smartphone, en temps réel, ce qui se passe dans les dif-
férentes salles, et ainsi de se rendre dans le lieu d’intérêt
majeur pour eux.
Nous aurons des sessions de posters couvrant 100 % des
articles et la possibilité d’utiliser les smartphones ou les ta-
blettes pour envoyer, en temps réel, des messages au modé-
rateur de la session et pour “liker” les questions posées par
d’autres participants.
REE : Venons-en donc maintenant aux principaux :
thèmes techniques qui vont animer cette conférence. Sur
votre site web, je note les thèmes suivants :
Ces sujets sont, pour la plupart, permanents. Quels sont
ceux qui vont particulièrement marquer la session 2016 ?
K. F. : Tous ces thèmes sont importants et il est difficile d’en
définir le centre de gravité. La tendance la plus marquante,
actuellement, me semble être la pénétration de plus en plus
profonde dans le domaine de la distribution. Il ne s’agit évi-
demment pas de développer une concurrence avec d’autres
institutions plus spécifiquement dédiées à ce secteur, mais
simplement de prendre en compte la réalité d’un système
électrique dans lequel les gestionnaires des réseaux de trans-
port (TSO) et de distribution (DSO) interagissent de plus en
plus étroitement. En Europe, par exemple en Allemagne, en
Italie ou en Espagne, on voit des consommateurs actifs (pro-
sumers) jouer un rôle croissant dans le système. Il est bien des
la responsabilité du CIGRE de couvrir l’ensemble du système.
REE : Et parmi les questions plus classiques ?
K. F. : Parmi les sujets devenus maintenant plus classiques,
le boom des systèmes à courant continu (HVDC) reste en
tête de la liste. La rapidité de leur développement est très
impressionnante. Et il est loin d’être terminé, notamment
pour des liaisons point-à-point. Toutefois, si vous me deman-
diez si je crois qu’ils menacent, à terme, la prépondérance
du courant alternatif, je vous répondrais que non ; en effet,
même si les liaisons à courant continu présentent de nom-
breux avantages, sur lesquels travaillent nos comités d’étude,
je pense qu’ils resteront longtemps des « sous-systèmes » au
sein d’un système à courant alternatif. Mais ce n’est peut-être
qu’une conviction personnelle. A plus long terme, on peut
bien sûr imaginer une sorte de “super-grid” reliant plusieurs
réseaux à courant alternatif et, pour des raisons technico-éco-
nomiques dans le cas de grandes distances à parcourir, ce
super-grid serait à courant continu. Mais, pour l’heure, il n’y
a pas de projets concrets en ce sens : nos groupes de travail
s’intéressent aux concepts qu’il faudrait développer pour en
permettre l’émergence et aux multiples problèmes qu’il fau-
drait résoudre, par exemple celui de l’interopérabilité d’équi-
pements d’origine diverse.
REE ::
K. F. : Pas vraiment. Cette année encore, plusieurs grands in-
cidents, ou plusieurs situations critiques proches du black-out
seront présentées et analysées. Cela concerne notamment la
Turquie, la Thaïlande, Israël, le Brésil, l’Australie. On a toujours
à apprendre de l’expérience des autres.
Ce qui est vrai en revanche, c’est que, sur les deux der-rr
nières années, aucun cas de “large market disturbance”, c’est-
à-dire de divergence brutale du prix de marché de l’électrici-
té, ne nous a été rapporté. C’est plutôt rassurant.
REE ::
K. F. :C’est un sujet complexe, dont l’évolution ne peut pas
être résumée en quelques mots. Nous retrouvons là la né-
cessité de l’interactivité entre le transport et la distribution,
dans la mesure où l’objectif est de donner à tous un service
de qualité, y compris dans le contexte du développementp pp q , y p pp
24 ��REE N°3/2016
Le développement de l’Internet des objets se traduit par
l’émergence rapide de nouveaux systèmes de radiocommu-
nications à longue distance et à faible puissance permettant
de connecter des capteurs ou des actionneurs distants de
plusieurs kilomètres à une station centrale servant de col-
lecteur et renvoyant les informations vers un cloud, public
ou privé. Ces réseaux sont connus sous le nom de LPWAN
(Low-Power Wide-Area Network) parmi lesquels figurent les
solutions d’origine française LoRA et SIGFOX.
Dans le même ordre d’idées, la Wi-Fi Alliance a spécifié
début 2016 une solution Wi-Fi, le Wi-Fi Hallow (standardisé
IEEE 802.11ah) destinée à répondre aux besoins des com-
munications MtoM sur des distances de l’ordre du kilomètre
avec un débit au moins égal à 150 kbit/s.
Toutes ces solutions sont prévues pour fonctionner à des
fréquences proches de 900 MHz qui offrent des conditions
optimales pour la propagation et pour la conception d’objets
de taille réduite et de faible consommation.
Cette bande des 900 MHz est depuis longtemps ouverte
aux Etats-Unis, de 902 à 928 MHz, où elle est très large-
ment utilisée par les systèmes de communication industriels,
à saut de fréquence notamment (FHSS). En Europe, et en
France en particulier, la bande des 900 MHz est occupée par
le GSM (de 880 à 915 MHz pour les liaisons montantes et de
925 à 969 MHz pour les liaisons descendantes) ainsi que par
le GSM-R pour les communications ferroviaires. Seule une
petite bande libre est aujourd’hui ouverte en France entre
863 et 870 MHz avec des contraintes d’utilisation assez
fortes dépendant des usages (Voir décision ARCEP n° 2014-
1263 du 6 novembre 2014).
L’absence de bande libre aux environs de 900 MHz était
ressentie comme un handicap au déploiement de technolo-
gies nouvelles mais le lobby industriel était insuffisant pour
se faire entendre en Europe, compte tenu notamment de
la valorisation que les Etats retirent des fréquences sous li-
cence. Le développement de l’Internet des objets, et aussi
celui des étiquettes radiofréquences (RFID), vient en quelque
sorte de leur forcer la main. La position de la Commission
européenne et de la CEPT1 a évolué et conduit les Etats à
examiner, dans le cadre d’une concertation européenne,
l’assouplissement des règles d’usage de la bande de 863 à
870 MHz et son extension, vers les plus basses fréquences
jusqu’à 862 MHz et vers les plus hautes jusqu’à 876 MHz.
Simultanément pourrait être ouverte une nouvelle bande al-
lant de 915 à 921 MHz.
C’est dans ce cadre que l’ARCEP et l’ANFR2 ont lancé du
3 juin au 18 juillet 2016 une consultation publique visant à
recueillir les avis des parties prenantes, notamment les auto-
1 CEPT : Conférence européenne des administrations des postes et télé-communications.
2 ARCEP : Autorité de régulation des communications électroniques et des postes – ANFR : Agence nationale des fréquences.
Figure 1 : Proposition de cadre réglementaire pour l’utilisation de la bande 862-870 MHz.
ACTUALITÉS
Internet des objets : l’ARCEP et l’ANFR mettent à la consultation l’utilisation de nouvelles
bandes de fréquence autour de 900 MHz
REE N°3/2016 � 25
rités militaires, sur l’ouverture, sous conditions, des bandes
précitées. L’objectif est d’offrir de nouvelles opportunités de
développement aux dispositifs de faible puissance (DFP),
notion qui se réfère aux appareils émettant des ondes élec-
tromagnétiques à faible puissance et qui sont typiquement
utilisés dans les bandes libres de fréquences.
La consultation propose une typologie des DFP en rappelant
pour chacun des usages leurs caractéristiques essentielles :
transmissions de données non spécifiques ;
élevées (jusqu’à 4 W) sur des canaux étroits afin d’exciter
les badges, et les badges, très nombreux, requérant une
largeur de bande importante ;
bande plus large (LoRA), fonctionnant, au niveau des objets
connectés, à faible puissance et de façon sporadique, mais
nécessitant des puissances plus élevées au niveau des col-
lecteurs et des relais ;
-
pements multimédias).
Les figures 1 à 3 résument les dispositions soumises à
consultation. Elles ne préjugent pas des décisions qui seront
prises mais traduisent la volonté des Pouvoirs publics de donner
à l’Internet des objets toutes ses chances de développement.
On rappellera que l’Internet des objets est actuellement
au centre des travaux menés dans le cadre du Cercle des
entreprises de la SEE qui donneront lieu à la publication dans
la REE d’un Livre Blanc au début de l’année 2017. �
JPH
Figure 2 : Proposition de cadre réglementaire pour l’utilisation de la bande 870-876 MHz.
Figure 3 : Proposition de cadre réglementaire pour l’utilisation de la bande 915-921 MHz.
Nota : Dans les trois figures, DC signifie Duty cycle (ou taux d’occupation) et LBT : Listen before talk (ou écouter avant d’émettre).
ACTUALITÉS
rités militaires, sur l’ouverture, sous conditions, des bandes
précitées. L’objectif est d’offrir de nouvelles opportunités de
développement aux dispositifs de faible puissance (DFP),
notion qui se réfère aux appareils émettant des ondes élec-
tromagnétiques à faible puissance et qui sont typiquement
utilisés dans les bandes libres de fréquences.
La consultation propose une typologie des DFP en rappelant
pour chacun des usages leurs caractéristiques essentielles :
transmissions de données non spécifiques ;
élevées (jusqu’à 4 W) sur des canaux étroits afin d’exciter
les badges, et les badges, très nombreux, requérant une
largeur de bande importante ;
bande plus large (LoRA), fonctionnant, au niveau des objets
connectés, à faible puissance et de façon sporadique, mais
nécessitant des puissances plus élevées au niveau des col-
lecteurs et des relais ;
-
pements multimédias).
Les figures 1 à 3 résument les dispositions soumises à
consultation. Elles ne préjugent pas des décisions qui seront
prises mais traduisent la volonté des Pouvoirs publics de donner
à l’Internet des objets toutes ses chances de développement.
On rappellera que l’Internet des objets est actuellement
au centre des travaux menés dans le cadre du Cercle des
entreprises de la SEE qui donneront lieu à la publication dans
la REE d’un Livre Blanc au début de l’année 2017. �
JPH
Figure 2 : Proposition de cadre réglementaire pour l’utilisation de la bande 870-876 MHz.
Figure 3 : Proposition de cadre réglementaire pour l’utilisation de la bande 915-921 MHz.
Nota : Dans les trois figures, DC signifie Duty cycle (ou taux d’occupation) et LBT : Listen before talk (ou écouter avant d’émettre).
REE N°3/2016 � 3131 ��REE N°3/2016
Le paiement mobile
L'ARTICLE INVITÉ
In this paper we aim at describing how mobile payment is developing around the world, what commercial offers are proposed and what technical solutions are applied. In countries where access to financial institutions is lacking, mobile payment deve-loped very fast and continues to grow. In other countries they are a lot of attempts to introduce it, initiated mainly by the Net industry. They are just on the start and the future will show what market share mobile payment will take.
ABSTRACT
PATRICE COLLETMembre émérite de la SEE
Introduction
L e terminal mobile, qu’il s’agisse du téléphone
mobile de base ou du smartphone, est certai-
nement l’un des outils les plus diffusés sur tous
les continents : les services qui l’utilisent sont
susceptibles d’atteindre rapidement un taux de pénétration
significatif. Il a de plus trois qualités essentielles :
il permet d’échanger facilement des données ;
-
sonne identifiable que son opérateur mobile peut facturer ;
par exemple des coordonnées bancaires.
C’est pourquoi on a vu se développer des initiatives nom-
utiliser le téléphone mobile comme outil de paiement. Les
celui des banques, les fabricants de terminaux recherchent
acteurs de l’Internet souhaitent bénéficier éventuellement
banque en cas de paiement par carte, la grande distribu-
tion peut souhaiter réduire ces mêmes reversements et les
Dans cet article, nous tenterons de présenter les diffé-
rents types d’usage actuels et envisagés pour les terminaux
techniques sur lesquels ils s’appuient.
Panorama des différents usages du terminal mobile en matière de paiement
Les utilisations des terminaux mobiles dans le domaine
des réalisations ad hoc, faisant appel aux capacités de com-
munication de données, de visualisation et de traitement que
fournit la gamme de terminaux dont disposent les clients des
différents opérateurs. Nous n’avons pas la prétention de don-
d’en donner les grands types.
Le rechargement de comptes prépayés et les petits achats sur mobile
Les opérateurs de services mobiles, pour diminuer les
risques d’impayés ont développé, dans de nombreux pays,
des cartes prépayées qui peuvent être rechargées dans des
réseaux de commerçants partenaires : ils ont ainsi créé pour
chacun de leurs clients un compte dont ils assurent la ges-
sommes au coût marginal, ils ont également tenté de déve-
lopper le paiement d’achats par le canal de leurs factures :
directement ou via des partenariats, ils se sont efforcés de
proposer un catalogue de produits qui peuvent être achetés
jeux, car elle impose des montants d’achat faibles et implique
des accords entre opérateur et marchands : c’est un contexte
qui doivent gérer des accords avec plusieurs opérateurs. Des
sociétés intermédiaires entre opérateurs et marchands ont
vu le jour, comme par exemple W-HA, filiale d’Orange, qui
travaille avec différents opérateurs et fournit des prestations
techniques permettant, en particulier, de payer des petits
achats sur les factures émises par les opérateurs.
Commerce électronique
ouvert la porte au commerce électronique dont le chiffre
France avec une croissance annuelle dépassant 10 %. Il a
donc été nécessaire de développer des moyens de paie-
ment en ligne. A partir d’un ordinateur personnel, la carte de
paiement est largement utilisée mais sans code secret : ce
32 ��REE N°3/2016
L'ARTICLE INVITÉ
divulgation du numéro de carte. Pour assurer que l’acheteur
les banques s’appuient sur le terminal mobile de l’acheteur
dont le numéro est associé au compte en lui envoyant par
de paiement par Internet avant que le paiement puisse être
utilisé par les marchands en ligne.
-
tuent au PC pour faire des achats sur Internet et deviennent
Le terminal mobile comme terminal de paiement
dans les paiements effectués en Europe et en Amérique du
acceptent le paiement par carte et se sont équipés de ter-
minaux de paiement (TPE) qui doivent disposer d’une
connexion aux réseaux bancaires, soit par une ligne télépho-
permettre d’autoriser la transaction de paiement lorsque
vendeurs, vendeurs occasionnels par exemple, ou pour le
d’utiliser un TPE alors même que beaucoup des clients de-
C’est pourquoi nombre d’acteurs1, ont développé sur des
un petit lecteur de carte de paiement permettent d’encaisser
des paiements par carte. C’est la capacité de communication
et de traitement du smartphone qui est ici mise en œuvre.
-
mante de tickets, qu’il n’est pas prévu d’édition de ticket en
temps réel : par contre le client peut recevoir par mail un
Le terminal mobile comme support de ticket
Dans de nombreux services, le client doit acheter, préa-
Internet, ticket qui sera vérifié avant ou lors de l’usage du
service proprement dit : c’est le cas par exemple des trans-
place des services de carte d’embarquement dématérialisée
via une application chargée sur un smartphone. De même
-2.
1 On peut citer Square ou Izettle et des banques et également des opérateurs mobiles parmi ceux fournissant un tel service.
2 Code QR (Quick Response code) : sorte de code barre bidimensionnel
On peut imaginer la même procédure pour des places de
spectacle. La seule contrainte est que le vendeur doit avoir le
moyen de vérifier que le ticket est bien valide et n’a pas été
Le terminal mobile comme porte-monnaie électronique
Forts de leur expérience dans le domaine de l’alimenta-
tion des comptes prépayés, les opérateurs ont été naturel-
Comme on le verra plus bas, ces offres de paiement mobile
nombreuses initiatives dans le domaine du paiement mobile.
Ce sont ces deux aspects que nous allons développer dans
la suite de cet article.
Le paiement mobile dans les pays en développement
d’Afrique, pour pouvoir développer les services télépho-
niques, les opérateurs se sont fortement appuyés sur les
abonnements prépayés et ont dû développer des moyens de
soit en développant des moyens spécifiques de recharge-
ment, par Internet notamment. Dans quelques pays, il appa-
rut que les crédits de communication étaient spontanément
des opérateurs mobiles africains et multinationaux ont lancé,
parfois avec des partenaires bancaires locaux, des comptes
prépayés associés au numéro de téléphone mobile : c’est
Ces services permettent en général :
partenaires ;
personnes non clientes ;
divulgation du numéro de carte. Pour assurer que l’acheteur
les banques s’appuient sur le terminal mobile de l’acheteur
dont le numéro est associé au compte en lui envoyant par
de paiement par Internet avant que le paiement puisse être
utilisé par les marchands en ligne.
-
tuent au PC pour faire des achats sur Internet et deviennent
Le terminal mobile comme terminal de paiement
dans les paiements effectués en Europe et en Amérique du
acceptent le paiement par carte et se sont équipés de ter-rr
minaux de paiement (TPE) qui doivent disposer d’une
connexion aux réseaux bancaires, soit par une ligne télépho-
permettre d’autoriser la transaction de paiement lorsque
vendeurs, vendeurs occasionnels par exemple, ou pour le
d’utiliser un TPE alors même que beaucoup des clients de-
C’est pourquoi nombre d’acteurs1, ont développé sur des
un petit lecteur de carte de paiement permettent d’encaisser
des paiements par carte. C’est la capacité de communication
et de traitement du smartphone qui est ici mise en œuvre.
-
mante de tickets, qu’il n’est pas prévu d’édition de ticket en
temps réel : par contre le client peut recevoir par mail un
Le terminal mobile comme support de ticket
Dans de nombreux services, le client doit acheter, préa-
Internet, ticket qui sera vérifié avant ou lors de l’usage du
service proprement dit : c’est le cas par exemple des trans-
place des services de carte d’embarquement dématérialisée
via une application chargée sur un smartphone. De même
-2.
1 On peut citer Square ou Izettle et des banques et également des opérateursmobiles parmi ceux fournissant un tel service.
2 Code QR (Quick Response code) : sorte de code barre bidimensionnel
On peut imaginer la même procédure pour des places de
spectacle. La seule contrainte est que le vendeur doit avoir le
moyen de vérifier que le ticket est bien valide et n’a pas été
Le terminal mobilecomme porte-monnaie électronique
Forts de leur expérience dans le domaine de l’alimenta-
tion des comptes prépayés, les opérateurs ont été naturel-
Comme on le verra plus bas, ces offres de paiement mobile
nombreuses initiatives dans le domaine du paiement mobile.
Ce sont ces deux aspects que nous allons développer dans
la suite de cet article.
Le paiement mobiledans les pays en développement
d’Afrique, pour pouvoir développer les services télépho-
niques, les opérateurs se sont fortement appuyés sur les
abonnements prépayés et ont dû développer des moyens de
soit en développant des moyens spécifiques de recharge-
ment, par Internet notamment. Dans quelques pays, il appa-
rut que les crédits de communication étaient spontanément
des opérateurs mobiles africains et multinationaux ont lancé,
parfois avec des partenaires bancaires locaux, des comptes
prépayés associés au numéro de téléphone mobile : c’est
Ces services permettent en général :
partenaires ;
personnes non clientes ;
42 ��REE N°3/2016
Nous produisons indirectement
des déchets radioactifs en bénéfi-
ciant des activités qui utilisent la
radioactivité pour leur fonctionne-
ment : installations nucléaires de
production d’électricité en premier
lieu, mais aussi recherche, défense
et encore médecine. Le dernier
Inventaire national des matières
et déchets radioactifs réalisé par
l’Andra, l’Agence pour la gestion
des déchets radioactifs, recensait
au 31 décembre 2013 environ 1 460 000 m3 de
déchets radioactifs produits sur le sol français.
Ces déchets sont de natures très différentes,
avec des niveaux de radioactivité plus ou moins
élevés, pendant plus ou moins longtemps. Ils
sont classés en différentes catégories, éla-
borées selon leur niveau et durée d’activité
radiologique : très faible activité (TFA), faible
et moyenne activité à vie courte (FMA-VC),
faible et moyenne activité à vie longue (FA-VL
et MA-VL) et haute activité (HA). Dans tous
les cas, ils ne peuvent pas être pris en charge
par les filières conventionnelles des déchets
et doivent faire l’objet de solutions adaptées à
leur dangerosité.
La mission de l’Andra est de concevoir, mettre
en œuvre et exploiter des solutions de gestion
afin de protéger l’homme et l’environnement
de l’impact des déchets radioactifs sur le long
terme.
90 % de ces déchets disposent aujourd’hui
d’une solution de gestion définitive ; c’est leur
stockage sur les centres de l’Andra dans l’Aube
et la Manche. Les 10 % restants, ceux qui ont la
durée de vie la plus longue, sont entreposés sur
leurs lieux de production, en attendant la mise
en œuvre de solutions de stockage actuellement
étudiées par l’Andra (projets Cigéo et FA-VL).
Le plus ancien centre de stockage dit « de
surface » de l’Andra est situé dans la Manche,
près de La Hague. Créé en 1969 par
le CEA, exploité par l’Andra depuis
1991, il a accueilli jusqu’en 1994 un
volume total de 527 225 m3 de dé-
chets de faible et moyenne activité
(FMA). Ce centre a reçu son dernier
colis en 1994 et est officiellement
passé en phase de surveillance de-
puis 2003.
La relève est assurée depuis
1992 par le centre de stockage de
l’Aube (CSA), qui a été conçu pour accueillir
environ 1 million de mètres cube de déchets
FMA-VC, principalement produits par la filière
électronucléaire. A proximité de ce centre a été
implanté en 2003 un autre centre de stockage
de surface, conçu pour accueillir les déchets de
très faible activité (TFA), issus principalement
du démantèlement des installations nucléaires
ainsi que les déchets radioactifs qu’on appelle
non-électronucléaires, issus de presque mille
producteurs (hôpitaux, universités, centres de
recherche…).
L’Andra travaille sur deux projets pour le stoc-
kage des déchets radioactifs qui ne disposent
pas aujourd’hui de solutions définitives :
-
lation de stockage réversible en couche géo-
logique profonde (à -500 m) pour les déchets
radioactifs de haute activité et moyenne acti-
vité à vie longue. Ces déchets sont issus du
retraitement des combustibles utilisés dans
les réacteurs nucléaires. Ils représentent un
peu plus de 3 % du volume total des déchets
radioactifs produits mais concentrent plus de
99 % de la radioactivité totale.
solution spécifique pour des déchets issus
notamment de l’exploitation et du démantè-
lement de la première génération de centrales
nucléaires françaises, dite UNGG (Uranium
Naturel Graphite Gaz) ou de l’assainissement
de certains sites historiquement pollués au
radium ou au thorium. S’ils ne concentrent
LE GRAND DOSSIER Introduction
Le stockage des déchets nucléaires
Pierre-Marie AbadieDirecteur général
de l’Andra
REE N°3/2016 � 43
Introduction LE GRAND DOSSIER
que 0,01 % de la radioactivité totale, leur
longue durée de vie ne permet pas de les
stocker dans les centres de surface, mais leur
niveau de dangerosité ne justifie pas un stoc-
kage en grande profondeur.
L’Etat a également confié à l’Andra une mis-
sion d’intérêt général pour :
particuliers, produits le plus souvent lors des
années phares de l’industrie du radium dans
les années 1920-1940 (montres, réveils, miné-
raux ou objets au radium à usage médical) ;
la radioactivité lorsque leur propriétaire est
défaillant. Ces sites sont pour la plupart d’an-
ciennes usines d’extraction du radium ou de
fabrication d’objets contenant du radium ;
Inventaire
national des matières et déchets radioac-cc
tifs. Outil de référence, il permet de disposer
d’une vision aussi complète et exhaustive
que possible sur la nature des matières et dé-
chets, leurs quantités et leur localisation sur
le territoire. Il présente également une vision
prospective des déchets qui seront produits
à l’avenir par les installations nucléaires exis-
tantes, y compris leur démantèlement. La
dernière édition de l’Inventaire national est l
parue en juillet 2015 et pré-
sente les stocks de matières
et déchets radioactifs pré-
sents sur le territoire fran-
çais à fin 2013.
Les centres de stockage
sont des ressources rares
qu’il faut préserver, ne se-
rait-ce que par respect vis-
à-vis des territoires qui les
accueillent. C’est pourquoi
l’enjeu pour l’Andra est de
chercher constamment à
diminuer les volumes et la
dangerosité des déchets qui y
sont destinés, et à en optimi-
ser les capacités de stockage.
Pour cela, elle dispose d’une
R&D performante et travaille
en étroite collaboration avec EDF, Areva, et le
CEA, les principaux producteurs de déchets,
pour les accompagner à en réduire le volume
à la source et leur apporter des solutions tech-
niques concrètes de prise en charge, en toute
sûreté et au meilleur coût. Cette collabora-
tion va devenir de plus en plus cruciale dans
les années à venir, notamment au regard des
volumes de déchets radioactifs générés par les
futurs démantèlements de centrales nucléaires.
Pour aller plus loin dans cette recherche
d’innovation constante, l’Andra va également
chercher les meilleures compétences auprès
de la communauté scientifique et du tissu
des PME françaises. C’est dans cette perspec-
tive qu’elle a lancé en 2014, puis en 2015, en
coordination avec l’Agence nationale pour la
recherche (ANR) et le soutien du programme
Investissements d'avenir, un appel à projets
visant à transposer à la gestion des déchets ra-
dioactifs certaines technologies ou savoir-faire
existants ou en développement.
La gestion des déchets radioactifs nécessite
des solutions robustes et sûres. Nous le de-
vons aux riverains des centres de stockage de
l’Andra, mais aussi aux générations futures à
qui nous les léguerons en héritage. Nous leur
devons également une com-
plète transparence sur nos ac-
tivités et leur impact, et donc
les moyens de s’informer et
de s’impliquer dans les déci-
sions qui sont prises. La ges-
tion des déchets radioactifs
n’est pas seulement un sujet
scientifique et technique,
c’est aussi un enjeu sociétal
et éthique qui nécessite un
dialogue constant et ouvert
entre l’Andra et les citoyens.
Le dossier qui vous est pro-
posé a pour objectif de vous
présenter un panorama de la
gestion des déchets radioac-
tifs en France aujourd’hui.
Il est composé d’articles vous
permettant de vous familiari-
Pierre-Marie Abadie est ingé-
nieur général des mines, ancien
élève de l’école Polytechnique.
Il est directeur général de l’Andra
depuis octobre 2014. Il était pré-
cédemment directeur de l’énergie
à la direction générale Énergie et ÉÉ
climat du ministère de l’écologie, du
développement durable et de l’éner-rr
gie depuis 2008. Il était à ce titre
commissaire du gouvernement au
sein du Conseil d’administration de
l’Andra et de celui d’EDF et vice-pré-
sident du conseil des gouverneurs de
l’Agence internationale de l’énergie.
Il est chevalier de l’ordre national
du mérite et chevalier de la Légion
d’honneur.
44 ��REE N°3/2016
ser avec les différents types de déchets et les pro-
blématiques particulières liées à leur gestion.
Ce panorama commence par une présen-
tation de la problématique générale de la
gestion des déchets radioactifs, par Michèle
Tallec, chargée de mission PNGMDR et stra-
tégie filières à l’Andra. Frédéric Légée, adjoint
au directeur industriel de l’Andra, propose en-
suite une description détaillée des stockages
en cours d’exploitation dans l’Aube. L’article de
Jean-Marie Krieguer, adjoint au directeur du
projet Cigéo, établit un point d’étape complet
sur le projet Cigéo, sur lequel l’Andra travaille
en Meuse/Haute-Marne et qui pourrait devenir
dans les prochaines années l’un des chantiers
technologiques les plus importants de France.
Enfin Frédéric Plas, directeur de la recherche
et développement, dresse un bilan de l’effort
d’innovation mené par l’Andra dans un large
spectre de disciplines scientifiques et techno-
logiques. �
Problématique générale de la gestion des déchets radioactifsPar Michèle Tallec ........................................................................................................................................................ p. 45Les centres de stockage de l'Andra en exploitation en FranceLe centre de stockage de l’Aube (CSA) et le centre industriel de regroupement, entreposage et de stockage (Cires)Par Frédéric Legée .......................................................................................................................................................... p. 53Le projet Cigéo Centre industriel de stockage de déchets radioactifs en formation géologique profondePar Jean-Marie Krieguer ............................................................................................................................................. p. 62De la R&D à l’innovation à l’AndraPar Frédéric Plas ........................................................................................................................................................... p. 72
LES ARTICLES
LE GRAND DOSSIER Introduction
REE N°3/2016 ��45
LE STOCKAGE DES DÉCHETS RADIOACTIFS DOSSIER
IntroductionToute activité humaine produit des
déchets : celles mettant en œuvre des
substances radioactives ne font pas ex-
ception à cette règle et génèrent donc
des déchets dont certains sont radioactifs.
La grande majorité d’entre eux res-
semble à des déchets classiques :
outils, vêtements, plastiques, ferrailles,
gravats… Cependant, leur radioacti-
vité présente un risque pour la santé et
l’environnement. Ils doivent donc faire
l’objet d’une prise en charge spécifique
et renforcée, même lorsque ce niveau de
radioactivité est très faible. Les déchets
radioactifs contiennent en général un
mélange de radionucléides : uranium,
césium, iode, cobalt, radium, tritium…
et sont très variés : les natures phy-
sique et chimique, le niveau et le type
de radioactivité, sont autant de carac-
téristiques qui diffèrent d’un déchet à
un autre. Les modalités de gestion des
déchets sont adaptées à leurs caracté-
ristiques, notamment radiologiques. Par
ailleurs, comme pour tous les déchets, la
réduction de la quantité et de la nocivité
des déchets radioactifs est recherchée
au travers de différents traitements.
Lorsqu’un déchet radioactif ne peut
plus être traité dans les conditions tech-
niques et économiques du moment,
il est qualifié de déchet radioactif ultime :
il doit alors être stocké dans un centre
dédié et adapté à ses caractéristiques.
Afin de clarifier et optimiser la gestion
de ces déchets radioactifs très divers, le
code de l’environnement prévoit qu’un
plan national de gestion des matières
et des déchets radioactifs (PNGMDR1)
soit établi tous les trois ans par le
Gouvernement : ce plan triennal dresse
un bilan de la politique de gestion, re-
cense les besoins et détermine les ob-
jectifs à atteindre à l’avenir. Ce plan est
transmis au Parlement pour évaluation
par l’Office parlementaire d’évaluation
des choix scientifiques et technolo-
giques (OPECST) et rendu accessible au
public afin que celui-ci puisse disposer
d’une vision globale et exhaustive de la
gestion des déchets radioactifs.
1 Le PNGMDR est accessible sur le site du minis-tère de l’environnement, de l’énergie et de la mer http://www.developpement-durable.gouv.fr/Plan-de-gestion-pour-la-periode.html et sur le site de l’Autorité de sûreté nucléaire ht tp://professionnels.asn.fr/ Installations- nucleaires/Dechets-radioactifs-et-demantelement/Plan-national-de-gestion-des-matieres-et- dechets-radioactifs
L’origine des déchets radioactifs
Depuis le début du XXe siècle, les
activités humaines manipulant des
substances radioactives ont produit des
déchets radioactifs qui proviennent de
cinq principaux secteurs économiques :
radioactifs produits par ce secteur
proviennent d’une part du fonction-
nement et du démantèlement des
installations réalisant les opérations
visant à fabriquer, utiliser (centrales
nucléaires de production d’électricité)
puis recycler ou entreposer le com-
bustible nucléaire et d’autre part du
retraitement des combustibles usés
qui sépare les matières valorisables
contenues dans ces combustibles des
déchets ultimes (figure 1) ;
-
prend la recherche dans le domaine
du nucléaire civil (notamment les acti-
vités de recherche du CEA), les labo-
ratoires de recherche médicale, de
physique des particules, d’agronomie,
de chimie, etc ;
principalement des activités liées à la
force de dissuasion, dont la propul-
Problématique générale de la gestion des déchets radioactifs
Par Michèle TallecAndra
The use of the properties of radioactivity in many sectors leads to the production of radioactive waste which, for technical or economic reasons, cannot be reused or reprocessed. Andra’s disposal facilities already provide a
surface disposal solution for 90 % of the radioactive waste produced each year. These are very low-level waste (VLLW) and low- and intermediate-level, short-lived waste products (LILW-SL).New disposal needs will emerge, in the medium to long term, for both of these categories of waste, in particular with the dis-mantling of nuclear facilities. Andra and the waste generators are currently working on programs for reducing the volume of waste at source and even before they are produced through, for example, waste characterization and sorting, the optimization of dismantling scenarios and the improvement of packaging. A solution is currently being studied for the disposal of low-level, long-lived waste (LLW-LL). Finally, high-level waste (HLW) and intermediate-level, long lived waste (ILW-LL), which represent a tiny fraction of the total volume of radioactive waste (~1 %), but which concentrate the bulk of the radioactivity (~99 %), will be disposed of in Cigeo, the reversible deep geological repository project designed by Andra.
ABSTRACT
46 ��REE N°3/2016
LE STOCKAGE DES DÉCHETS RADIOACTIFSDOSSIER
sion nucléaire de certains navires ou
sous-marins, ainsi que des activités de
recherche associées ;
-
nucléaire qui comprend notamment
l’extraction de terres rares, la fabrica-
tion de sources scellées mais aussi di-
verses applications comme le contrôle
de soudure, la stérilisation de matériel
médical, la stérilisation et la conserva-
tion de produits alimentaires… ;
activités thérapeutiques, de diagnostic
et de recherche.
Les secteurs ayant historiquement
le plus contribué à la production de dé-
chets radioactifs en France sont les sec-
teurs électronucléaire, de la recherche
et de la Défense.
La classification des déchets radioactifs
La classification des déchets radioac-
tifs diffère d’un pays à l’autre. Si certains
pays ont opté pour une classification
par filière de production, d’autres privi-
légient un classement des déchets en
fonction de leur caractère exothermique
(c’est-à-dire en fonction du dégagement
de chaleur créé).
En France, depuis le début des an-
nées 2000, la classification des déchets
radioactifs repose principalement sur
deux paramètres importants pour défi-
nir le mode de gestion approprié :
en becquerel (Bq) par gramme ; éga-
lement appelé activité. Le niveau de
radioactivité des déchets peut être très
faible, faible, moyen ou haut ;
période radioactive propre à chaque
Figure 1 : Les déchets produits aux différentes étapes du secteur électronucléaire.
sion nucléaire de certains navires ou
sous-marins, ainsi que des activités de
recherche associées ;
-
nucléaire qui comprend notamment
l’extraction de terres rares, la fabrica-
tion de sources scellées mais aussi di-
verses applications comme le contrôle
de soudure, la stérilisation de matériel
médical, la stérilisation et la conserva-
tion de produits alimentaires… ;
activités thérapeutiques, de diagnostic
et de recherche.
Les secteurs ayant historiquement
le plus contribué à la production de dé-
chets radioactifs en France sont les sec-
teurs électronucléaire, de la recherche
et de la Défense.
La classification des déchets radioactifs
La classification des déchets radioac-
tifs diffère d’un pays à l’autre. Si certains
pays ont opté pour une classification
par filière de production, d’autres privi-
légient un classement des déchets en
fonction de leur caractère exothermique
(c’est-à-dire en fonction du dégagement
de chaleur créé).
En France, depuis le début des an-
nées 2000, la classification des déchets
radioactifs repose principalement sur
deux paramètres importants pour défi-
nir le mode de gestion approprié :
en becquerel (Bq) par gramme ; éga-
lement appelé activité. Le niveau de
radioactivité des déchets peut être très
faible, faible, moyen ou haut ;
période radioactive propre à chaque
Figure 1 : Les déchets produits aux différentes étapes du secteur électronucléaire.
82 ��REE N°3/2016
GROS PLAN SUR
Le contexte des études de Medgrid
L’idée d’un lien électrique entre l’Afrique
et l’Europe est déjà ancienne puisque,
dès les années 1980, on a étudié
la possibilité d’exploiter la puissance
hydraulique du fleuve Zaïre au Congo et d’ache-
miner l’électricité produite jusqu’en Egypte d’une
part, et vers l’Europe d’autre part, sans suite effec-
tive. Finalement, c’est en 1997 que la première
interconnexion entre les deux continents a été
réalisée, entre Espagne et Maroc. Elle était la pre-
mière étape d’un projet de boucle électrique méditerranéenne
(MEDRING), connectée au réseau européen synchrone de
l’UCTE de l’époque par le Maroc et par la Turquie ensuite, et ap-
pelée à fonctionner en synchronisme avec le réseau continen-
tal européen. Cette boucle présentait l’intérêt d’interconnecter
doublement les pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée,
entre eux et avec l’Europe. Les problèmes techniques rencon-
trés n’ont pas permis de faire fonctionner cette boucle, pour-
tant physiquement existante au début des années 2000, alors
même que les avancées des techniques du courant continu
faisaient entrevoir des solutions et permettaient d’envisager
des liaisons transméditerranéennes. La situation de ce dossier
n’a pas évolué depuis, bien que le réseau turc ait intégré le
système synchrone européen au début des années 2010.
La question de l’interconnexion euro-méditerranéenne
est redevenue d’actualité, un peu avant 2010, avec le Plan
solaire méditerranéen (PSM). Ce projet phare de l’Union
pour la Méditerranée avait pour ambition de promouvoir le
développement des énergies renouvelables dans les pays du
Sud et de l’Est de la Méditerranée (PSEM), ainsi que l’effica-
cité énergétique ; la perspective était d’exporter dès 2020
une partie (jusqu’à 5 GW) de cette énergie renouvelable vers
l’Europe. C’est aussi à ce moment qu’a émergé le concept
Desertec, qui entrevoyait des exportations massives d’éner-
gie de l’Afrique vers l’Europe, mais à un horizon plus lointain.
Medgrid été créée dans le sillage du PSM, au début de
2011. Il s’agit d’une initiative industrielle qui réunit un groupe
d’acteurs du domaine de l’électricité : opérateurs,
constructeurs, investisseurs. Son objectif est de
démontrer la faisabilité, à l’horizon 2020, d’inter-
connexions électriques transméditerranéennes
qui permettraient entre autres les exportations
d’électricité renouvelable vers l’Europe et d’en
promouvoir le développement. Les études de
Medgrid ont porté sur les différentes facettes de
la faisabilité de ces interconnexions : la faisabilité
technique – les technologies disponibles et pro-
jets faisables –, l’intérêt économique des intercon-
nexions, la possibilité de les financer et les conditions légales
et réglementaires de leur réalisation et de leur exploitation.
Les développements qui suivent présentent les principaux
enseignements des études de Medgrid, qui se sont conclues
à la fin de l’année 2014.
La faisabilité technique des interconnexions euro-méditerranéennesLes technologies disponibles.
Les câbles sous-marins et la technologie du courant conti-
nu sont les deux technologies de base de la réalisation des
interconnexions transméditerranéennes. En effet pour les
puissances et les tensions considérées il n’est pas envisa-
geable de réaliser des liaisons sous-marines en courant alter-
natif, la longueur maximale étant autour d’une cinquantaine
de kilomètres. Les deux liaisons existant entre Espagne et
Maroc fonctionnent certes en courant alternatif, mais la dis-
tance est plus courte.
Beaucoup de câbles sous-marins ont été installés, ou
sont en projet, de par le monde, et tout particulièrement en
Europe du Nord avec les projets d’éolien off-shore. Des dé-
veloppements significatifs ont été réalisés dans le domaine
des câbles à courant continu, en particulier avec l’utilisation
de l’isolation synthétique, couplée à la technologie VSC du
courant continu, et permettent d’obtenir une capacité de
transport de 1 000 MW par liaison, capacité conforme aux
objectifs d’échange envisageables pour les années 2020.
Interconnecter Europe et Afrique ?Les études de Medgrid
Jean Kowal Ancien directeur général adjoint chez MEDGRID
Medgrid is a consortium of industrial partners launched in late 2010 in the wake of the Mediterranean Solar Plan. Its aim was to demonstrate the technical and economic feasibility of the Euro-Mediterranean interconnections and
to promote the development of these projects. Available technologies have been analyzed and a number of technically feasible projects have been examined, estimating their cost and profitability. Also different funding schemes were assessed, as well as the regulatory framework for trade. The program, managed from 2011 to 2015, allowed Medgrid to identify a number of projects that should be undertaken by investors and supported by the European Union.
ABSTRACT
REE N°3/2016 � 83
Interconnecter Europe et Afrique ?
Un obstacle demeure toutefois en Méditerranée : les pro-
fondeurs dépassent souvent les 2 000 m, comme on peut
le voir sur la figure 1 où la couleur bleue correspond à des
profondeurs de 2 000 m et plus.
Aujourd’hui le câble sous-marin de puissance le plus pro-
fond qui ait été posé est un câble reliant la Sardaigne à l’Italie
Continentale, à 1 640 mètres. Il est apparu utile, au vu de la
carte, d’examiner s’il était envisageable de poser des câbles à
une profondeur allant jusqu’à 2 500 mètres. L’étude réalisée
a porté plus particulièrement sur la faisabilité technique d’un
tel câble, sur les conditions de sa pose, de sa réparation,
et a conclu qu’un tel câble pouvait être disponible sous un
délai de l’ordre de 10 ans. Cet enseignement a été pris en
compte dans l’étude des liaisons réalisables à l’horizon 2020-
25 et les tracés passant à des profondeurs de plus de 2 000
mètres ont été exclus.
Pour la technologie du courant continu, il a été considéré que
les nombreux projets ou études en cours (liaisons aériennes et
souterraines de forte puissance en Chine, au Brésil, en Europe,
liaisons sous-marines en Mer du Nord, projet “SuperGrid”,
études des constructeurs et du CIGRE) étaient des moteurs de
progrès très efficaces et que l’on pouvait être confiant dans les
contributions de cette technologie à la réalisation de liaisons
sous-marines de puissance, ainsi qu’au bon fonctionnement
des systèmes interconnectés.
Des interconnexions faisables dans les années 2020
Considérant la géographie de la Méditerranée, il est appa-
ru immédiatement que les interconnexions faisables à court
terme ne pouvaient se situer que dans trois « couloirs » :
-
ment la Libye ;
Syrie, la Jordanie, l’Egypte et la Libye.
Les possibilités de réalisation d’une ou de plusieurs in-
terconnexions de 1 000 MW de capacité dans chacun des
Figure 1 : Profondeurs atteintes en Méditerranée.
Figure 2 : Les interconnexions envisageables à terme.
Un obstacle demeure toutefois en Méditerranée : les pro-
fondeurs dépassent souvent les 2 000 m, comme on peut
le voir sur la figure 1 où la couleur bleue correspond à des
profondeurs de 2 000 m et plus.
Aujourd’hui le câble sous-marin de puissance le plus pro-
fond qui ait été posé est un câble reliant la Sardaigne à l’Italie
Continentale, à 1 640 mètres. Il est apparu utile, au vu de la
carte, d’examiner s’il était envisageable de poser des câbles à
une profondeur allant jusqu’à 2 500 mètres. L’étude réalisée
a porté plus particulièrement sur la faisabilité technique d’un
tel câble, sur les conditions de sa pose, de sa réparation,
et a conclu qu’un tel câble pouvait être disponible sous un
délai de l’ordre de 10 ans. Cet enseignement a été pris en
compte dans l’étude des liaisons réalisables à l’horizon 2020-
25 et les tracés passant à des profondeurs de plus de 2 000
mètres ont été exclus.
Pour la technologie du courant continu, il a été considéré que
les nombreux projets ou études en cours (liaisons aériennes et
souterraines de forte puissance en Chine, au Brésil, en Europe,
liaisons sous-marines en Mer du Nord, projet “SuperGrid”,
études des constructeurs et du CIGRE) étaient des moteurs de
progrès très efficaces et que l’on pouvait être confiant dans les
contributions de cette technologie à la réalisation de liaisons
sous-marines de puissance, ainsi qu’au bon fonctionnement
des systèmes interconnectés.
Des interconnexions faisables dans les années 2020
Considérant la géographie de la Méditerranée, il est appa-
ru immédiatement que les interconnexions faisables à court
terme ne pouvaient se situer que dans trois « couloirs » :
-
ment la Libye ;
Syrie, la Jordanie, l’Egypte et la Libye.
Les possibilités de réalisation d’une ou de plusieurs in-
terconnexions de 1 000 MW de capacité dans chacun des
Figure 1 : Profondeurs atteintes en Méditerranée.
Figure 2 : Les interconnexions envisageables à terme.
87 ��REE N°3/2016
❱❱❱❱❱❱❱❱❱❱❱ RETOUR SUR
Jean-Louis Coatrieux, Patrick Bourguet, Jacques de Certaines, Serge Mordon, Léandre Pourcelot
IntroductionUne véritable révolution en imagerie médicale a
bien eu lieu au cours du siècle écoulé avec l’imagerie
par rayons-X, les ultrasons, l’imagerie par résonance
magnétique et l’imagerie de médecine nucléaire. Le
corps humain restait jusqu’alors
opaque et il fallait la chirurgie pour
en apprendre les organes et iden-
tifier la nature et l’étendue des pa-
thologies qu’il cachait.
Cette révolution est venue en
premier lieu de la physique. Cepen-
dant, la physique n’aurait pas suffi
à elle seule. Les mathématiques,
l’électronique, la chimie, l’informa-
tique et d’autres disciplines encore
devaient joindre leurs efforts avec
la médecine pour réussir. Résu-
mer ce siècle et cette aventure en
quelques pages est une gageure
et cet article ne prétend pas à une
quelconque exhaustivité. Elle re-
prend les principales découvertes
en s’attachant à distinguer vraies
ruptures et innovations incrémen-
tales, chercheurs reconnus et in-
venteurs oubliés.
De la radiographie au scanner XLorsque nous parlons de l’imagerie par rayons X,
c’est la première et fameuse image produite inci-
demment par Wilhelm Roentgen qui fait référence
(figure 1). Cette image d’une main, supposée être celle
de son épouse Bertha, date de 1895 et en montre les
structures osseuses. Cette image projetée, bidimen-
sionnelle, cumule les atténuations le long des rayons
issus d’une source à rayons X et traversant successive-
ment les tissus qui se retrouvent ainsi superposés dans
le plan du détecteur. Roentgen obtiendra pour cette
découverte le Prix Nobel de physique en 1901. Cette
radiographie va profiter d’améliorations successives sur
les tubes à rayons X, les collimateurs, l’amplificateur
de brillance et les détecteurs pour évoluer vers des
systèmes de mieux en mieux résolus. Le passage de
l’analogique au numérique va démultiplier son impact
et les applications cliniques. Sous sa forme conven-
tionnelle, elle reste un examen de première intention,
peu coûteux. Par la rapidité d’acquisition qu’elle permet
(quelques dizaines d’images par seconde), elle se place
aussi comme un outil incontournable dans les salles de
chirurgie ou d’imagerie intervention-
nelle au sens large. Associée à des
produits de contraste opaques aux
rayons X, injectés dans le réseau
vasculaire, elle s’appellera plus tard
« angiographie » et offrira la possibi-
lité de distinguer les vaisseaux des
autres structures anatomiques et
de détecter les sténoses et les ané-
vrismes, de guider en temps réel les
poses d’endoprothèses et d’élec-
trodes de stimulation. C’est aussi
cette radiographie qui sera à la base
des premières opérations chirur-
gicales robotisées en particulier
pour le prélèvement d’échantillons
tissulaires (biopsies). C’est encore
elle qui, aujourd’hui, prend la forme
d’une imagerie rotationnelle rapide
(plus d’une centaine d’images sur
120° en trois à quatre secondes).
Le couple « source-détec-
teur » cependant était né avec Roentgen. L’incon-
vénient de la radiographie 2D restait cependant
manifeste. E. Thompson tente d’obtenir des images
3D en exploitant une technique stéréoscopique
par acquisition de deux vues décalées de quelques
degrés. K. Mayer, à Cracovie, propose en 1916 des
images « stratigraphiques » par déplacement de la
source, le détecteur restant fixe. C. Baese dépose
un brevet basé sur l’idée d’un mouvement simul-
tané source-détecteur. Un autre brevet datant de
1922 par A. Bocage parle déjà d’imagerie de coupes.
B.G. Ziedses des Plantes introduit le concept de
« planigraphie ». Ces travaux seront concrétisés par
L’imagerie médicale du 20e siècle
Figure 1 : Le tout premier cliché radiologique a été réalisé le 22 décembre 1895 et a nécessité une pose de 20 min,
ce qui explique une partie de ses imperfections ! Il a été publié dans la revue
Nature le 26 janvier 1896.
88 ��REE N°3/2016
❱❱❱❱❱❱❱❱❱❱❱ RETOUR SUR
J. Massiot en 1935 avec son tomographe vertical ou « bio-
tome ». Ces noms de chercheurs et d’inventeurs sont main-
tenant bien oubliés. Seuls deux noms sont crédités de la
découverte du « CT scanner » (CT pour Computed Tomogra-
phy) : A.M. Cormack et G.N. Hounsfield, prix Nobel de phy-
siologie ou de médecine en 1979. Le principe est simple et
basé sur l’acquisition de projections au cours d’une rotation
du couple source-détecteur autour du corps. Un autre facteur
concomitant va jouer un rôle considérable dans leur réalisa-
tion, la disponibilité des calculateurs, car des algorithmes sont
alors nécessaires pour reconstruire l’image 2D par rétropro-
jection des mesures de projections. Si la transformée propo-
sée par N.H. Abel en 1826 n’a eu longtemps que des échos
épisodiques, celle de J. Radon publiée en 1917, va être large-
ment utilisée dans les premières générations de scanner. Les
années 1960 sont celles des bancs expérimentaux mais dès
1972, le premier scanner EMI de tomographie axiale, basé
sur les travaux de Hounsfield, est installé en clinique.
Nous allons assister dès lors à une avalanche de nouveaux
modèles proposés par des constructeurs américains comme
européens. Le marché est en effet gigantesque. Les innova-
tions vont se succéder à un rythme soutenu pour gagner en
temps d’acquisition (l’alternative offerte par l’Electron Beam
CT dans les années 80 visera au même objectif), améliorer
la résolution spatiale comme la qualité des images et réduire
les temps de calcul. La géométrie parallèle des faisceaux de
rayons X passe à une géométrie en éventail (1976) asso-
ciée à une barrette linéaire de capteurs toujours plus nom-
breux. Les acquisitions de projections par une rotation suivie
d’une translation sont remplacées par une rotation mainte-
nue constante et un mouvement continu de translation du
patient : c’est le scanner spiralé (1989). Les avancées sur les
détecteurs permettront ensuite de remplacer les barrettes
linéaires par des matrices 2D (scanner à multidétecteurs) :
de quatre lignes en 1998, elles passeront à 64 en 2004 pour
atteindre 320 aujourd’hui.
Il est intéressant de noter que cet accès direct au 3D au
moyen d’un faisceau conique a été exploré bien avant. C’est le
cas du DSR (Dynamic Spatial Reconstructor) conçu à la Mayo
Clinic, USA, par l’équipe d’E. Ritman et opérationnel dès 1981.
C’est aussi le cas du morphomètre, un projet d’envergure
nationale en France, conduit dans les années 80 par General
Electric, le CEA-Leti, Rennes et Lyon. Le morphomètre intro-
duisait de plus le concept du scanner à source duale puisque
deux couples source-détecteur étaient utilisés !
Les enjeux aujourd’hui sont de plusieurs ordres. Outre
les évolutions technologiques, de nouvelles applications cli-
niques sont visées comme par exemple la caractérisation
de tissus se différenciant en densité selon l’énergie utilisée,
l’accès à une imagerie volumique dynamique ou 4D (3D +
temps) dont la cible majeure est le cœur mais aussi l’ima-
gerie de perfusion. Un autre problème, de santé publique
cette fois, concerne l’effet cumulé d’irradiation. Les scanners
à faible dose de rayons X feront donc très certainement par-
tie de ces enjeux. La physique comme les algorithmes de
reconstruction y auront leur place. Il est peu probable cepen-
dant qu’ils reprennent les « chambres à fils » inventées par
Georges Charpak et qui lui ont valu le Nobel de physique
en 1992.
L’apparition du tomodensimètre a eu d’autres consé-
quences immédiates sur le diagnostic et la thérapie. Les
méthodes de traitement d’image capables de segmenter
précisément les différentes structures, de détecter les lé-
sions, de les localiser dans l’espace du corps, de caractériser
quantitativement leurs formes ont connu un développement
sans précédent dans les applications cliniques. L’émergence
pratiquement simultanée de la synthèse d’image a trouvé là
matière à restituer des rendus surfaciques 3D qui, rapide-
ment, ont été supplantés par des rendus volumiques. Ces
techniques se sont naturellement déployées vers la prépa-
ration d’interventions chirurgicales à travers des plannings
simulant les gestes à accomplir. L’imagerie par rayons X (du
scanner au rotationnel) comme les autres modalités dont il
est question par la suite, par leur complémentarité sur le plan
morphologique comme fonctionnel, diagnostic comme inter-
ventionnel, vont dès lors tenir un rôle central en médecine.
Les ultrasonsDès que nous parlons d’ultrasons, c’est le sonar (Sound
Navigation Ranging) et le nom de P. Langevin qui nous
viennent en tête. Si c’est effectivement lui qui a conçu en
1917 le premier générateur d’ultrasons, il faut reconnaître le
rôle majeur de quelques précurseurs dont, parmi beaucoup
d’autres, L. Spallanzani qui en a soupçonné l’existence en
observant le vol de nuit des chauves-souris (1794), Lord Ray-
leigh qui a décrit les principes physiques sous-jacents aux
vibrations (càd ondes) ultrasonores en 1877 mais aussi les
frères Curie avec la découverte en 1880 des effets piézoé-
lectriques de certains cristaux. Il a fallu cependant attendre
les années 1950 pour voir ces techniques ultrasonores appli-
quées à la médecine (par exemple le somatoscope en 1954
aux USA) et les années 1970 pour une utilisation en routine
clinique. Les ultrasons sont non ionisants, non dangereux, fa-
ciles à mettre en œuvre et ils permettent une visualisation en
temps réel des organes et du sang circulant. Ils se propagent
assez bien dans les tissus mous, avec une atténuation sen-
siblement proportionnelle à leur fréquence. Les fréquences
utilisées vont de 3 à 40 MHz. La différence d’impédance
J. Massiot en 1935 avec son tomographe vertical ou « bio-
tome ». Ces noms de chercheurs et d’inventeurs sont main-
tenant bien oubliés. Seuls deux noms sont crédités de la
découverte du « CT scanner » (CT pour Computed Tomogra-
phy) : A.M. Cormack et G.N. Hounsfield, prix Nobel de phy-
siologie ou de médecine en 1979. Le principe est simple et
basé sur l’acquisition de projections au cours d’une rotation
du couple source-détecteur autour du corps. Un autre facteur
concomitant va jouer un rôle considérable dans leur réalisa-
tion, la disponibilité des calculateurs, car des algorithmes sont
alors nécessaires pour reconstruire l’image 2D par rétropro-
jection des mesures de projections. Si la transformée propo-
sée par N.H. Abel en 1826 n’a eu longtemps que des échos
épisodiques, celle de J. Radon publiée en 1917, va être large-
ment utilisée dans les premières générations de scanner. Les
années 1960 sont celles des bancs expérimentaux mais dès
1972, le premier scanner EMI de tomographie axiale, basé
sur les travaux de Hounsfield, est installé en clinique.
Nous allons assister dès lors à une avalanche de nouveaux
modèles proposés par des constructeurs américains comme
européens. Le marché est en effet gigantesque. Les innova-
tions vont se succéder à un rythme soutenu pour gagner en
temps d’acquisition (l’alternative offerte par l’Electron Beam
CT dans les années 80 visera au même objectif), améliorer
la résolution spatiale comme la qualité des images et réduire
les temps de calcul. La géométrie parallèle des faisceaux de
rayons X passe à une géométrie en éventail (1976) asso-
ciée à une barrette linéaire de capteurs toujours plus nom-
breux. Les acquisitions de projections par une rotation suivie
d’une translation sont remplacées par une rotation mainte-
nue constante et un mouvement continu de translation du
patient : c’est le scanner spiralé (1989). Les avancées sur les
détecteurs permettront ensuite de remplacer les barrettes
linéaires par des matrices 2D (scanner à multidétecteurs) :
de quatre lignes en 1998, elles passeront à 64 en 2004 pour
atteindre 320 aujourd’hui.
Il est intéressant de noter que cet accès direct au 3D au
moyen d’un faisceau conique a été exploré bien avant. C’est le
cas du DSR (Dynamic Spatial Reconstructor) conçu à la Mayo
Clinic, USA, par l’équipe d’E. Ritman et opérationnel dès 1981.
C’est aussi le cas du morphomètre, un projet d’envergure
nationale en France, conduit dans les années 80 par General
Electric, le CEA-Leti, Rennes et Lyon. Le morphomètre intro-
duisait de plus le concept du scanner à source duale puisque
deux couples source-détecteur étaient utilisés !
Les enjeux aujourd’hui sont de plusieurs ordres. Outre
les évolutions technologiques, de nouvelles applications cli-
niques sont visées comme par exemple la caractérisation
de tissus se différenciant en densité selon l’énergie utilisée,
l’accès à une imagerie volumique dynamique ou 4D (3D +
temps) dont la cible majeure est le cœur mais aussi l’ima-
gerie de perfusion. Un autre problème, de santé publique
cette fois, concerne l’effet cumulé d’irradiation. Les scanners
à faible dose de rayons X feront donc très certainement par-
tie de ces enjeux. La physique comme les algorithmes de
reconstruction y auront leur place. Il est peu probable cepen-
dant qu’ils reprennent les « chambres à fils » inventées par
Georges Charpak et qui lui ont valu le Nobel de physique
en 1992.
L’apparition du tomodensimètre a eu d’autres consé-
quences immédiates sur le diagnostic et la thérapie. Les
méthodes de traitement d’image capables de segmenter
précisément les différentes structures, de détecter les lé-
sions, de les localiser dans l’espace du corps, de caractériser
quantitativement leurs formes ont connu un développement
sans précédent dans les applications cliniques. L’émergence
pratiquement simultanée de la synthèse d’image a trouvé là
matière à restituer des rendus surfaciques 3D qui, rapide-
ment, ont été supplantés par des rendus volumiques. Ces
techniques se sont naturellement déployées vers la prépa-
ration d’interventions chirurgicales à travers des plannings
simulant les gestes à accomplir. L’imagerie par rayons X (du
scanner au rotationnel) comme les autres modalités dont il
est question par la suite, par leur complémentarité sur le plan
morphologique comme fonctionnel, diagnostic comme inter-rr
ventionnel, vont dès lors tenir un rôle central en médecine.
Les ultrasonsDès que nous parlons d’ultrasons, c’est le sonar (Sound
Navigation Ranging) et le nom de P. Langevin qui nous
viennent en tête. Si c’est effectivement lui qui a conçu en
1917 le premier générateur d’ultrasons, il faut reconnaître le
rôle majeur de quelques précurseurs dont, parmi beaucoup
d’autres, L. Spallanzani qui en a soupçonné l’existence en
observant le vol de nuit des chauves-souris (1794), Lord Ray-
leigh qui a décrit les principes physiques sous-jacents aux
vibrations (càd ondes) ultrasonores en 1877 mais aussi les
frères Curie avec la découverte en 1880 des effets piézoé-
lectriques de certains cristaux. Il a fallu cependant attendre
les années 1950 pour voir ces techniques ultrasonores appli-
quées à la médecine (par exemple le somatoscope en 1954
aux USA) et les années 1970 pour une utilisation en routine
clinique. Les ultrasons sont non ionisants, non dangereux, fa-
ciles à mettre en œuvre et ils permettent une visualisation en
temps réel des organes et du sang circulant. Ils se propagent
assez bien dans les tissus mous, avec une atténuation sen-
siblement proportionnelle à leur fréquence. Les fréquences
utilisées vont de 3 à 40 MHz. La différence d’impédance
REE N°3/2016 � 97
Ancien ministreENTRETIEN AVEC BRICE LALONDE
REE : Brice Lalonde, les Français vous
connaissent bien. Vous avez été no-
tamment candidat à la Présidence de
la République, créateur de Génération
Ecologie, ministre chargé de l’envi-
ronnement dans plusieurs gouverne-
ments... Vous avez été sous-secrétaire
général des Nations Unies et vous
êtes aujourd’hui président fondateur
du Business & Climate Summit.
Pouvez-vous nous dire quelles sont
aujourd’hui vos préoccupations es-
sentielles à l’échelle de la planète ?
Brice Lalonde : Au niveau de la pla-
nète, il faut faire face à beaucoup de
priorités. Il y a en premier lieu le climat,
sur lequel nous reviendrons et qui est
une priorité absolue, mais il y a aussi
l’eau, dont les ressources sont limitées
et dont la surexploitation crée dans de
nombreuses régions du monde un
stress hydrique qui est un handicap
au développement et peut être à l’ori-
gine de conflits très sérieux. Mais pour
répondre aux besoins en eau, il faut de
l’énergie et donc climat-eau-énergie sont
des préoccupations connexes.
On doit sans doute y adjoindre la bio-
diversité, bien que je ne sois pas sûr que
l’on puisse construire dans ce domaine
une politique intégrée, et, dans un autre
ordre d’idées, il faudrait citer l’éducation,
la santé, la condition des femmes, etc.
En 2000, sous l’impulsion de Kofi An-
nan, alors secrétaire général des Nations
Unies, ont été adoptés les huit objectifs
du millénaire pour le développement
qui recouvrent de grands enjeux huma-
nitaires : la réduction de l’extrême pau-
vreté et de la mortalité infantile, la lutte
contre plusieurs épidémies dont le SIDA,
l’accès à l’éducation, l’égalité des sexes et
l’application du développement durable.
Cela a été très utile et a plutôt bien fonc-
tionné, car ces objectifs ont permis de
cadrer et de démultiplier l’action.
Partant de là, la conférence internatio-
nale « Rio + 20 » sur le développement
durable a initié en 2012 un processus
de définition « d’objectifs de développe-
ment durable » (ODD) qui a abouti, lors
du Sommet du développement durable
du 25 septembre 2015, à l’adoption d’un
nouveau programme de développement
durable fondé sur 17 objectifs mondiaux
pour mettre fin à la pauvreté, lutter contre
les inégalités et l’injustice et bien entendu
faire face au changement climatique.
REE : Il ne suffit malheureusement pas
de se donner des objectifs. Ne faut-il
pas qu’une gouvernance soit en place
pour les mettre en œuvre ?
B. L. : La question de la gouvernance est
effectivement centrale. Car comment,
dans une organisation de 195 membres,
parvenir à se mettre d’accord et mettre
en place une plate-forme d’action com-
mune qui respecte le droit à la subsidia-
rité de chacune des parties prenantes ?
Il y a des accords qui fonctionnent
bien, comme la Convention des Nations
Unies sur le droit de la mer, de 1982,
mais celle-ci ne règle que les problèmes
de souveraineté sur les espaces mari-
times. Elle n’aborde pas la question du
développement durable. Sur ce point,
on peut faire des évaluations et des ob-
servations, suivre les bateaux en temps
réel, détecter les comportements anor-
maux, mais il faudrait aller plus loin et
pouvoir agir dans le cadre d’une véritable
citoyenneté planétaire.
C’est très difficile de l’imposer aux
Etats. Regardez l’Europe : on la critique,
on la vilipende mais c’est une organisa-
tion qui est respectée au niveau interna-
tional car, au travers de la Commission,
elle s’est dotée d ‘une force de proposi-
tion et d’action. Il n’y a rien de similaire
au niveau des Nations Unies. Le secré-
taire général, quel que soit son talent,
reste au service des Etats. Il n’y a même
pas de Chief Scientific Officer qui puisse
susciter et coordonner des études qui
fassent autorité au niveau international.
REE : Malgré cela, diriez-vous que,
depuis plus de 40 ans que les préoc-
cupations environnementales sont
venues sur le devant de la scène,
la situation globale s’est améliorée
ou bien s’est détériorée ?
B. L. : La situation s’est parfois amélio-
rée au niveau local. Il y a eu une prise
de conscience de la nécessité d’agir
mais ce sont surtout les pays riches qui
ont aujourd’hui les moyens de passer à
l’action. Au niveau global, on ne peut pas
dire que la sauvegarde de la biosphère
soit bien prise en compte. Les questions
des cycles du carbone, du phosphore,
de l’azote ne sont pas traitées avec l’at-
tention qu’elles méritent
REE : Vous est-il arrivé de douter de
la réalité du problème climatique ?
B. L. : Jamais. J’ai été saisi par l’impor-
tance de la question dès 1988, date à la-
Climat, eau, énergie : trois priorités mondiales
Du global au local : après la COP21, le temps est venu d’agir
Il faut une gouvernance mondiale plus forte
en matière d’environnement
98 ��REE N°3/2016
quelle le GIEC a été créé et à laquelle je
suis entré au gouvernement. La conco-
mitance de ces deux événements, for-
tuite bien entendu, m’a mené à prendre
conscience de l’ampleur du problème
climatique et je me réjouis d’avoir pu,
dans le cadre des responsabilités qui
étaient les miennes, engager la France
dans la voie qu’elle suit aujourd’hui.
REE : Le point clé n’est-il pas cepen-
dant in fine celui de la démographie
dans le monde et que peut-on faire
pour la contenir ?
B. L. : Tout dépend de l’empreinte éco-
logique que chacun imprime sur cette
Terre mais je ne cherche pas à fuir cette
question essentielle. En 1972 le rap-
port du Club de Rome préconisait de
stabiliser la population à l’échelle mon-
diale, sans préciser d’ailleurs par quelles
mesures y parvenir. Et puis, le sujet est
sorti du radar devant les protestations
de la plupart des pays en développe-
ment et de tous ceux qui se référaient
à la maxime de Jean Bodin « Il n’y a ni
richesse ni force que d’hommes »1.
Aujourd’hui, on ose à nouveau dis-
cuter du problème mais on se heurte
souvent aux positions des fondamen-
talistes religieux. Cependant la transi-
tion démographique est en marche
dans de nombreux pays, il faut l’en-
courager et cela passe notamment par
l’éducation et la sauvegarde des droits
des femmes.
REE : La COP 21 est présentée géné-
ralement comme un grand succès
dont la France peut se féliciter.
Mais depuis, les acteurs semblent
s’être mis en « mode pause »
et peu de choses semblent se passer
1 NDLR : Cette citation est tirée du livre de Jean Bodin, les Six Livres de la République, paru pour la première fois en 1576 à Paris.
à présent. Quelles devraient être
les prochaines grandes étapes du
processus engagé ?
B. L. : La COP 21 a été effectivement un
très grand succès, relativement inespéré,
qu’il faut mettre au crédit de la diploma-
tie français conduite par Laurent Fabius.
Grand accord et inespéré car il va au-
delà de ce à quoi on pouvait s’attendre.
L’accord pose en effet comme principe
que dans la deuxième partie du XXe siècle,
il faudra que toutes les émissions soient
compensées. Mais l’accord comporte peu
d’obligations, essentiellement deux :
-
rer une politique « climat » se traduisant
par les « contributions prévues déter-
minées au niveau national »2 ;
donc l’obligation d’améliorer ces contri-
butions tous les cinq ans.
Il faut à présent harmoniser le conte-
nu de ces contributions et convenir, dans
le détail, des mécanismes de mesure et
de suivi. C’est en cours.
Mais pour la réalisation de l’objec-
tif, l’accord reconnait deux catégories
d’acteurs dont le rôle est absolument
fondamental : les collectivités locales et
les entreprises. Ce sont ces deux acteurs
qui vont être les moteurs du succès de
l’Accord de Paris plus que les Etats eux-
2 NDLR : En anglais, Nationally Determined Contributions (NDCs).
mêmes. Et la mobilisation est réelle.
Les entreprises portent désormais une
grande attention à leur exposition au
risque carbone et beaucoup ont adopté
en interne, pour la détermination de leur
stratégie, un prix notionnel du carbone.
REE : Précisément, quel serait selon
vous le bon prix du carbone ?
Seriez-vous partisan de l’instauration
d’un prix plancher du CO2 ? Un tel
plancher a-t-il un sens au niveau de
la France prise isolément ?
B. L. : Je suis favorable à un prix plancher
du carbone, que je situe à court terme
aux environs de 30 �/t de CO2 mais je
suis également favorable à l’instauration
d’un prix plafond, afin de permettre aux
acteurs économiques de raisonner sur
des bases stables. Cela peut s’envisager
au niveau français mais c’est évidem-
ment préférable au niveau européen.
En parallèle à l’établissement d’un tel
prix plancher, il faudrait immédiatement
supprimer les subventions et les niches
fiscales dont bénéficient encore au-
jourd’hui de nombreux consommateurs
d’énergies fossiles. Il faut également
poursuivre l’effort d’harmonisation des
normes et de la réglementation.
REE : Le traité de libre-échange tran-
satlantique (le TAFTA) est présenté
par certaines organisations comme
attentatoire à la sauvegarde de l’envi-
ronnement et renverrait notamment
au second plan les principes
de réduction des émissions de CO2.
Qu’en pensez-vous ?
B. L. : Je ne sais pas dire aujourd’hui si l’on
va dans la bonne direction. Peu d’infor-
mations circulent et c’est peut-être mieux
ainsi car il ne faut pas, en négociation,
que le partenaire ait trop tôt connaissance
des positions que l’on entend défendre.
La Commission a reçu un mandat et je
La COP 21 : un immense succès.
Les collectivités locales et les entreprises doivent à présent prendre le relais
Un prix plancher du carbone de 30 �/t serait
dès aujourd’hui justifié
Je n’ai jamais douté de la réalité
du problème climatique
quelle le GIEC a été créé et à laquelle je
suis entré au gouvernement. La conco-
mitance de ces deux événements, for-rr
tuite bien entendu, m’a mené à prendre
conscience de l’ampleur du problème
climatique et je me réjouis d’avoir pu,
dans le cadre des responsabilités qui
étaient les miennes, engager la France
dans la voie qu’elle suit aujourd’hui.
REE : Le point clé n’est-il pas cepen-
dant in fine celui de la démographie
dans le monde et que peut-on faire
pour la contenir ?
B. L. : Tout dépend de l’empreinte éco-
logique que chacun imprime sur cette
Terre mais je ne cherche pas à fuir cette
question essentielle. En 1972 le rap-
port du Club de Rome préconisait de
stabiliser la population à l’échelle mon-
diale, sans préciser d’ailleurs par quelles
mesures y parvenir. Et puis, le sujet est
sorti du radar devant les protestations
de la plupart des pays en développe-
ment et de tous ceux qui se référaient
à la maxime de Jean Bodin « Il n’y a ni
richesse ni force que d’hommes »1.
Aujourd’hui, on ose à nouveau dis-
cuter du problème mais on se heurte
souvent aux positions des fondamen-
talistes religieux. Cependant la transi-
tion démographique est en marche
dans de nombreux pays, il faut l’en-
courager et cela passe notamment par
l’éducation et la sauvegarde des droits
des femmes.
REE : La COP 21 est présentée géné-
ralement comme un grand succès
dont la France peut se féliciter.
Mais depuis, les acteurs semblent
s’être mis en « mode pause »
et peu de choses semblent se passer
1 NDLR : Cette citation est tirée du livre de Jean Bodin, les Six Livres de la République,paru pour la première fois en 1576 à Paris.
à présent. Quelles devraient être
les prochaines grandes étapes du
processus engagé ?
B. L. : La COP 21 a été effectivement un
très grand succès, relativement inespéré,
qu’il faut mettre au crédit de la diploma-
tie français conduite par Laurent Fabius.
Grand accord et inespéré car il va au-
delà de ce à quoi on pouvait s’attendre.
L’accord pose en effet comme principe
que dans la deuxième partie du XXe siècle,
il faudra que toutes les émissions soient
compensées. Mais l’accord comporte peu
d’obligations, essentiellement deux :
-
rer une politique « climat » se traduisant
par les « contributions prévues déter-rr
minées au niveau national »2»» ;
donc l’obligation d’améliorer ces contri-
butions tous les cinq ans.
Il faut à présent harmoniser le conte-
nu de ces contributions et convenir, dans
le détail, des mécanismes de mesure et
de suivi. C’est en cours.
Mais pour la réalisation de l’objec-
tif, l’accord reconnait deux catégories
d’acteurs dont le rôle est absolument
fondamental : les collectivités locales et
les entreprises. Ce sont ces deux acteurs
qui vont être les moteurs du succès de
l’Accord de Paris plus que les Etats eux-
2 NDLR : En anglais, Nationally Determined Contributions (NDCs).
mêmes. Et la mobilisation est réelle.
Les entreprises portent désormais une
grande attention à leur exposition au
risque carbone et beaucoup ont adopté
en interne, pour la détermination de leur
stratégie, un prix notionnel du carbone.
REE : Précisément, quel serait selon
vous le bon prix du carbone ?
Seriez-vous partisan de l’instauration
d’un prix plancher du CO2 ? Un tel
plancher a-t-il un sens au niveau de
la France prise isolément ?
B. L. : Je suis favorable à un prix plancher
du carbone, que je situe à court terme
aux environs de 30 �/t de CO2 mais je
suis également favorable à l’instauration
d’un prix plafond, afin de permettre aux
acteurs économiques de raisonner sur
des bases stables. Cela peut s’envisager
au niveau français mais c’est évidem-
ment préférable au niveau européen.
En parallèle à l’établissement d’un tel
prix plancher, il faudrait immédiatement
supprimer les subventions et les niches
fiscales dont bénéficient encore au-
jourd’hui de nombreux consommateurs
d’énergies fossiles. Il faut également
poursuivre l’effort d’harmonisation des
normes et de la réglementation.
REE : Le traité de libre-échange tran-
satlantique (le TAFTA) est présenté
par certaines organisations comme
attentatoire à la sauvegarde de l’envi-
ronnement et renverrait notamment
au second plan les principes
de réduction des émissions de CO2.
Qu’en pensez-vous ?
B. L. : Je ne sais pas dire aujourd’hui si l’on
va dans la bonne direction. Peu d’infor-rr
mations circulent et c’est peut-être mieux
ainsi car il ne faut pas, en négociation,
que le partenaire ait trop tôt connaissance
des positions que l’on entend défendre.
La Commission a reçu un mandat et je
La COP 21 :un immense succès.
Les collectivités locales et les entreprises doivent à présent prendre le relais
Un prix plancher du carbone de 30 �/t serait
dès aujourd’hui justifié
Je n’ai jamais doutéde la réalité
du problème climatique
REE N°3/2016 � 101
ENSEIGNEMENT & RECHERCHE
REE : La CGE a organisé le 12 mai dernier un colloque destiné à étudier l’ensemble des problèmes soulevés par l’avenir de l’enseignement supérieur dans notre pays. Pouvez-vous reve-nir sur cette manifestation qui a été l’occasion pour Thierry Mandon de faire un exposé de politique générale ? Pourquoi la CGE s’intéresse-t-elle, au-delà de ses propres membres, à la globalité de l’enseignement supérieur (ES) ?Francis Jouanjean : Les « Grandes écoles » en France jouent de-puis plus de deux siècles un rôle important dans l’enseignement supérieur de notre pays ; qu’elles appartiennent au monde de l’Uni-versité au sens large (comme les écoles normales supérieures ou de nombreuses écoles d’ingénieur), ou qu’elles dépendent d’autres ministères (Industrie, Agriculture, Défense…), elles concourent de façon importante à la formation des cadres dont notre pays a besoin. Elles sont malgré tout mal connues comme l’est d’ailleurs l’enseignement supérieur dans son ensemble. Ainsi, les questions relatives à la jeunesse, à sa formation, à son insertion profession-nelle etaient au cœur du colloque du 12 mai.
La campagne pour les élections présidentielles est une occasion pour tenter de faire passer des messages.
Loin du tourbillon médiatique, nous avons souhaité mettre en perspective quelques-uns des défis auxquels la société française est confrontée et formuler des propositions issues de la mise en com-mun de nos propres expériences et de nos réussites. Le ministre en charge de l’enseignement supérieur lui-même avait accepté, avec d’autres personnalités telles que Jean Pisany-Ferry ou Christine Ockrent, de participer à cet important brain storming qui a d’ailleurs
conforté l’importance des questions, comme la pertinence de nos suggestions.REE : L’opinion publique, dans un récent sondage TNS Sofres-CGE, plébiscite les grandes écoles ; elles sont très souvent associées à une sélection drastique comme à la délivrance de diplômes valant à la fois insertion professionnelle rapide à très bon niveau et garantie d’emploi pour l’ensemble de la vie pro-fessionnelle. Qu’en pense la CGE ? Le Ministre Thierry Mandon est-il du même avis ?F. J. : On associe souvent (trop souvent !) les grandes écoles (GE) à une sélection extrêmement sévère et à la délivrance d’un diplôme valant sésame pour l’insertion professionnelle comme pour l’en-semble de la carrière. On en reste en quelque sorte à la boutade de Flaubert dans son Dictionnaire des idées reçues : Polytechnique, rêve de toutes les mères !
Les GE sont très diverses et ont bonne réputation
S’il est bien vrai que les parents veulent toujours le meilleur pour leurs enfants, s’il reste exact que le diplôme, à tous les niveaux, reste garant d’une meilleure insertion professionnelle, il ne faudrait pas oublier d’une part que les GE sont nombreuses et diverses et qu’elles sont toutes en lien avec le monde socio-économique et la recherche.
L’encadré 1 fournit quelques éléments essentiels sur l’actuelle CGE dans sa diversité ; soulignons que son poids démographique dans l’ensemble des diplômés est très important : les flux annuels sont de l’ordre de 30 000 ingénieurs et d’autant de managers.
Le sondage confirme nos propres observations : 80 % de nos concitoyens, 90 % des recruteurs ont une bonne opinion des GE… Il ne faut donc pas s’étonner que les diplômés trouvent rapidement du travail ! S’il est bien vrai que chacun ne peut accéder aux plus prestigieuses de nos GE, il faut souligner que le système des classes préparatoires garantit à chacun la poursuite d’études jusqu’au niveau master ; la sélection des concours qui ne représente que 40 % des entrées équivaut globalement à une répartition/orientation.
Le ministre, confronté à l’ensemble des étudiants post-bac, n’ignore pas cette filière de réussite qui concerne globalement un étudiant sur six et son pragmatisme clairement assumé le pousse à œuvrer pour un système flexible qui sache concilier orientation et sélection. Nous convergeons également pour souhaiter une grande amélioration de l’information des collégiens et lycéens, trop souvent à la fois ignorants de l’ouverture effective des GE et désarçonnés devant la complexité globale de notre système éducatif…
La Conférence des grandes écoles (CGE) & l’avenir de l’enseignement supérieur en France
Entretien avec Francis Jouanjean - Délégué général de la CGE
Figure 1 : Anne-Lucie Wack, directrice générale de Montpellier SupAgro et présidente de la Conférence des grandes écoles, au colloque
de la CGE le 12 mai 2016 ; à ses côtés, de gauche à droite ; Bernard Ayrault et Alain Brenac, membres du comité de rédaction de la REE.
102 ��REE N°3/2016
ENSEIGNEMENT & RECHERCHE
REE : L’ES est confronté depuis deux générations à une « mas-sification » très forte et concerne désormais au total environ 2 400 000 étudiants : pense-t-on à la CGE que ce phénomène va perdurer ? Avec quelles conséquences ?
REE : On cite souvent l’Allemagne en modèle en se référant à ses succès économiques comme au rôle qu’y joue l’ap-prentissage ! A votre avis ces deux aspects sont-ils corrélés ? Que pourrait-on faire dans notre pays ?
REE : Vous venez d’exprimer la certitude que la ‘’demande’’, à l’entrée de l’ES va augmenter. Dans ces conditions, quelle devrait être la « politique de l’offre » de l’ES ? Comment par-venir à une orientation éclairée, qui dépasse l’opposition tradi-tionnelle entre orientation et sélection, qui enraye le chômage des jeunes et qui réponde mieux aux aspirations sociétales ?
La CGE aujourd’hui
La CGE est une association loi de 1901 de 260 membres, grandes écoles, entreprises et organismes. Les 220 établis-sements d’enseignement supérieur français et étrangers (francophones) membres représentent tout le spectre des formations supérieures en grandes écoles de niveau Mas-ter et au-delà (Ecoles d’ingénieur, de management, d’arts, d’architecture, de journalisme …). Elle a aussi pour membres des Universités de technologie, l’Université de Paris Dauphine et des Instituts d’études politiques dont les fondamentaux se rapprochent du modèle des grandes écoles. Elle regroupe une vingtaine d’entreprises et 35 organismes divers (IMT, Compa-gnons du devoir, associations de professeurs…).
La CGE est :
d’analyses et d’enquêtes sur les questions ESR. La CGE est un observatoire pour l’enseignement supérieur et un acteur essentiel valorisant en particulier le lien Formation
à travers des démarches d’intérêt commun auprès des pouvoirs publics nationaux, communautaires et internatio-naux, en liaison avec le monde de l’entreprise, les acteurs
-vrées par ses membres (Mastère Spécialisé®, MSc, BADGE, CQC).
concernés) : elle concilie flux importants, rigueur de la for-mation… et excellente insertion professionnelle, avec un
La recherche occupe une grande place dans les GE : si l’Université et les grands organismes prévalent dans de nombreux secteurs, en particulier dans les disciplines aca-
France sont préparés dans les labos des GE et représentent la majorité de ceux qui sont concernés par les applications ou innovations industrielles.
REE : L’ES est confronté depuis deux générations à une « mas-sification » très forte et concerne désormais au total environ 2 400 000 étudiants : pense-t-on à la CGE que ce phénomène va perdurer ? Avec quelles conséquences ? F. J. : Avec l’équivalent de trois classes d’âge accueillies dans l’ES,notre génération a connu une spectaculaire augmentation ! Maiscette évolution est loin d’être uniforme suivant les domaines : pen-dant que les flux de médecins doublaient, celui des ingénieurs étaient multipliés par six ! Celui des diplômés des écoles de mana-gement est encore plus spectaculaire. Cette évolution va se prolon-ger et répondra à un besoin de plus en plus important de jeunes diplomés qualifiés. Mais l’ES dans son ensemble doit évoluer pour répondre à la demande du monde socio-économique.
REE : On cite souvent l’Allemagne en modèle en se référant à ses succès économiques comme au rôle qu’y joue l’ap-prentissage ! A votre avis ces deux aspects sont-ils corrélés ?Que pourrait-on faire dans notre pays ?F. J. : L’exemple de nos voisins d’outre-Rhin est très souventinvoqué : leurs succès économiques dans les hautes technolo-gies est sans doute liée à la réputation que garde l’industrie dans la société allemande et de l’importance traditionnelle que tient l’apprentissage pour y préparer ouvriers, techniciens et techniciens supérieurs. Nous appelons de nos vœux une vigoureuse réhabili-tation des filières techniques, mais nous ne pouvons masquer le paradoxe que constitue l’importance de l’apprentissage dans nospays respectifs ; c’est en Allemagne un atout indiscutable pour les formations courtes (jusqu’au BTS), mais notre pays est le plus avancé en matière d’apprentissage dans l’enseignement supérieur.On ignore trop souvent que 14 % de nos diplômés le sont par la voie de l’apprentissage et nous avons l’ambition de parvenir rapi-dement à 20 %.
Il faudrait faire une synthèse entre nos deux pays et développer un système global pour le plus grand bénéfice des étudiants et des entreprises
REE : Vous venez d’exprimer la certitude que la ‘’demande’’, à l’entrée de l’ES va augmenter. Dans ces conditions, quelle devrait être la « politique de l’offre » de l’ES ? Comment par-venir à une orientation éclairée, qui dépasse l’opposition tradi-tionnelle entre orientation et sélection, qui enraye le chômage des jeunes et qui réponde mieux aux aspirations sociétales ?F. J. : Vous avez raison d’employer cette expression d’orientation éclairée qui devrait imprégner l’ensemble des acteurs de l’enseigne-ment, y compris avant l’accès à l’ES. On constate trop souvent un déficit d’information sur les possibilités réelles… à l’opposé de ceuxqui connaissent assez bien les arcanes du système pour y optimi-ser le parcours de leurs enfants ! L’information des futurs étudiants devrait grandement être prise en compte dans les emplois du temps des lycéens et les intervenants formés à cet effet ou choi-sis en fonction de leur connaissance du milieu. Cette évolution devrait aussi concerner l’ensemble du cycle universitaire et éclairer les étudiants en licence sur les débouchés à la sortie des cycles Encadré 1 : La CGE aujourd’hui
La CGE aujourd’hui
La CGE est une association loi de 1901 de 260 membres,grandes écoles, entreprises et organismes. Les 220 établis-sements d’enseignement supérieur français et étrangers (francophones) membres représentent tout le spectre des formations supérieures en grandes écoles de niveau Mas-ter et au-delà (Ecoles d’ingénieur, de management, d’arts,d’architecture, de journalisme …). Elle a aussi pour membres des Universités de technologie, l’Université de Paris Dauphine et des Instituts d’études politiques dont les fondamentaux serapprochent du modèle des grandes écoles. Elle regroupe une vingtaine d’entreprises et 35 organismes divers (IMT, Compa-gnons du devoir, associations de professeurs…).
La CGE est :
d’analyses et d’enquêtes sur les questions ESR. La CGEest un observatoire pour l’enseignement supérieur et unacteur essentiel valorisant en particulier le lien Formation
à travers des démarches d’intérêt commun auprès despouvoirs publics nationaux, communautaires et internatio-naux, en liaison avec le monde de l’entreprise, les acteurs
-vrées par ses membres (Mastère Spécialisé®, MSc, BADGE, CQC).
concernés) : elle concilie flux importants, rigueur de la for-mation… et excellente insertion professionnelle, avec un
La recherche occupe une grande place dans les GE : si l’Université et les grands organismes prévalent dans denombreux secteurs, en particulier dans les disciplines aca-
France sont préparés dans les labos des GE et représententla majorité de ceux qui sont concernés par les applications ou innovations industrielles.
REE N°3/2016 � 109
LIBRES PROPOS
Philippe Vesseron Ingénieur général des mines (er)
Les comptes à fin 2015 et à fin mars 2016 des
entreprises qui produisent de l’électricité en
Europe sont maintenant disponibles : pour la
vingtaine des plus importantes d’entre elles,
les « dépréciations » dépassent souvent largement le mil-
liard d’euros pour 2015. Déjà en 2014, le total des dépré-
ciations avait atteint quelque 25 milliards d’euros. Des
analyses très intéressantes1 ont été publiées sur ce sujet
complexe (Périmètre examiné ? Toutes énergies ? Avec
les nouveaux services ? Europe ou monde entier ?). Il
faut souhaiter que les résultats de 2015 continuent à faire
l’objet d’examens aussi précis, mais on doit sans attendre
appeler l’attention sur des risques trop occultés en France
par les chantiers engagés sur l’électronucléaire : les autres
urgences des systèmes électriques français et européens
sont sans doute largement aussi lourdes.
Que les entreprises soient ou non cotées en bourse,
les normes comptables imposent à présent des “impair-
ment tests”2 : en fonction de l’évolution des marchés
et du cadre réglementaire, l’enregistrement de dépré-
ciations est maintenant classique dans les comptes
annuels d’entités telles que RWE, ENEL, ENGIE, EDF…
Mais depuis 15 ans, beaucoup d’éléments du référen-
tiel ont profondément changé, sans toujours mobiliser as-
sez l’attention, en particulier à cause d’un décalage de plu-
sieurs années avec les évènements qui ont initié chaque
évolution : il sera utile de mieux comprendre pourquoi les
signaux précurseurs n’ont pas eu plus d’écho. Ces déca-
lages affectent plusieurs dimensions et nous souhaitons
appeler à reprendre la réflexion sur la coïncidence en 2016
de changements majeurs selon six axes principaux :
1 Voir notamment EY, Bloomberg, Oxford OEIS (David Robinson et Malcolm Keay) ou Deloitte. (Voir les liens en fin d'article).
2 Un test de validité ou “impairment test” permet de valider la cohérence entre la valeur nette comptable des actifs incorporels, notamment le goodwill, et leur valeur de récupération (soit valeur d’usage, soit valeur de marché).
1. L’accord de Paris obtenu au Bourget fin 2015
montre le chemin parcouru depuis les débats « ré-
chauffistes versus climato-sceptiques » déclenchés
en 1997 par le protocole de Kyoto. L’évolution n’a
pas en fait connu de rupture depuis 20 ans, Copen-
hague en 2009 apparaissant a posteriori comme un
échec de négociation plus que comme une fracture
de l’analyse3. L’enjeu du climat et du niveau des mers
sera donc un déterminant durable des énergies et le
critère des « gaz à effet de serre » va prendre le pas sur
beaucoup d’autres. Les prochaines élections aux Etats-
Unis et en Europe vont bien sûr braquer les projecteurs
sur des fragilités, en particulier dans les « mensonges
par omission sur les gagnants et les perdants » ou
l’estimation des coûts implicites du CO2 évité, mais les
débats antérieurs donnent sans doute une vraie robus-
tesse au « consensus réfléchi » actuel. En tout état de
cause, il sera sage de veiller à produire et à diffuser les
tableaux de bord nécessaires pour éviter le retour des
polémiques : il faudra se forcer à parler « empreinte »,
« différenciation », « convergence », « CO2 per capita »,
« coût/efficacité », se méfier du “greenwashing”... l’es-
sentiel étant que chacun ait durablement les moyens
de former son propre jugement.
2. La crise mondiale de 2007-2008 a provoqué une
rupture profonde dans l’évolution du secteur élec-
trique européen, avec l’émergence assez générale
de surcapacités : la récession se traduit dans beau-
coup de pays par un ralentissement ou des diminu-
tions de la consommation, en particulier industrielle,
d’où une stabilité globale de la demande depuis 2008.
En 2016, introduire une capacité de production élec-
trique supplémentaire impose de réduire l’activité de
centrales en service sauf si d’autres initiatives per-
mettent de rentabiliser l’ensemble en remplaçant par
3 L’échec était pourtant prévisible : même sur le seul sujet du “bur-den sharing”, les mécanismes adoptés en 1997 pour Kyoto dans une Europe à 15 n’étaient raisonnablement pas envisageables au niveau mondial en 2009. Le débat pour l’application par l’UE de l’accord de Paris est devant nous sur ce point.
Comptes 2015 : le secteur électrique européen
est en danger
110 ��REE N°3/2016
LIBRES PROPOS
l’électricité des énergies plus « carbonées », localement
ou à distance. Cette surcapacité électrique appelle des
réflexions urgentes, en particulier parce que beaucoup
des modélisations dans plusieurs pays sont parties du
postulat que « diversification » et « transition » seraient
obtenues « gratuitement » grâce à la croissance de la
demande ou à l’occasion du remplacement d’unités en
service au moment de leur arrêt « naturel » par obsoles-
cence technique ou économique.
En France, la reprise de la croissance du PIB per
capita4 tarde plus qu’ailleurs et le chômage monte
en tête des inquiétudes dans presque tous les seg-
ments de l’opinion. Cette situation renforce l’impéra-
tif de présenter loyalement l’impact sur l’emploi, les
prix et le coût en subventions publiques des options
énergétiques envisagées, mais les explications sont
d’autant moins audibles que nous n’avons pas assez
réévalué nos « principes », même quand ils se contre-
disent gravement : nous répétons tantôt que le faible
coût de l’électricité est un atout pour les ménages et
les entreprises, tantôt que la meilleure des énergies
est celle qu’on ne consomme pas, tantôt que toute
réduction de la consommation d’énergie serait forcé-
ment créatrice d’emplois, tantôt qu’il ne coûtera rien
aux ménages ni aux entreprises d’arrêter de gaspiller
pour que leurs factures n’augmentent pas malgré la
hausse du prix de l’électricité.
3. Les prix des hydrocarbures avaient été multipliés par
5 de 2000 à mi 2008, atteignant 140 USD par baril,
avant un mouvement en sens inverse déclenché no-
tamment par l’irruption aux Etats-Unis des gaz et pétrole
de schiste puis un effondrement mondial des cours à
partir de juillet 2014. En 2016, les experts semblent
prédire que la restabilisation, qui ne sera d’ailleurs pas
immédiate, restera loin des maxima antérieurs. Pourtant
nous continuons à réagir en Europe comme si « les prix
allaient être croissants, forcément croissants » – parce
que l’épuisement progressif des ressources est physi-
quement indiscutable – alors que l’actualité reste celle
d’un prix bas pour le charbon américain comme, sur
les marchés mondiaux, pour le pétrole et le gaz. Etant
entendu aussi qu’il faudra ne jamais exploiter une part
importante des réserves de charbon5.
4 Mais la démographie française est aussi un atout !5 Du moins sauf mise en œuvre des technologies « Capture et stoc-
kage du CO2 (CCS) » dont il est urgent de préciser la faisabilité technique et le coût.
4. En 1980, Margaret Thatcher se lance, par fermetures
et privatisations, dans une remise en cause brutale des
mines et autres industries nationalisées de Grande-
Bretagne. A leur tour, la Commission et les Etats de
l’Union européenne s’engagent en 1996, dans les sec-
teurs du gaz et de l’électricité, dans une transformation
profonde des règles du jeu, avec une stratégie de « li-
béralisation des marchés » pour remplacer des mono-
poles historiques nationaux ou régionaux, en général
services publics très intégrés verticalement, de la pro-
duction à la distribution, construits sur des arguments
d’économie d’échelle, de péréquation et de sécurité de
la fourniture. A l’inverse, le but affirmé du changement
est alors un « marché intérieur » où la concurrence ferait
baisser les factures des ménages et des entreprises :
échec grave sur ce plan mais fort développement des
principaux électriciens hors de leurs marchés histo-
riques et apparition d’acteurs nouveaux et de nouveaux
métiers. Quoi qu’il en soit, à peine en place, le nouveau
modèle est fortement hybridé à cause de la préoccu-
pation du climat : l’Europe adopte un paquet « énergie-
climat », précisément en 2008 (fâcheuse coïncidence),
et engage des budgets publics nationaux importants
pour l’électricité produite à partir des énergies renou-
velables (EnR), subventions dont on disait qu’elles se
réduiraient au fur et à mesure de l’augmentation pré-
vue du prix des hydrocarbures (!)...
Même si l’explosion de ces budgets (en Espagne
notamment) a obligé à des réductions politique-
ment douloureuses, quoique facilitées par la baisse
des coûts du photovoltaïque et des éoliennes, le
résultat a été une augmentation forte de la capacité
de production. Surcapacité d’un côté, faiblesse
de la demande de l’autre entraînent à partir de
2014 des dysfonctionnements évidents du mar-
ché européen de l’électricité : le débouché des
moyens de production d’électricité autres que les
EnR « régulées » se réduisant année après année,
le « prix de marché » s’effondre à peu près dans
tous les pays européens6. Ce mouvement a conduit
à arrêter temporairement ou définitivement plu-
sieurs centrales au fuel, au gaz ou au charbon, au-
delà de ce qui résultait de la fin d’exploitation des
mines de charbon ou de lignite (beaucoup de ces
mines ont fermé sauf en Allemagne et en Pologne).
6 Cf. par exemple le graphique sur les prix de gros en Allemagne diffusé par EnBW. (Voir le lien en fin d'article).
l’électricité des énergies plus « carbonées », localement
ou à distance. Cette surcapacité électrique appelle des
réflexions urgentes, en particulier parce que beaucoup
des modélisations dans plusieurs pays sont parties du
postulat que « diversification » et « transition » seraient
obtenues « gratuitement » grâce à la croissance de la
demande ou à l’occasion du remplacement d’unités en
service au moment de leur arrêt « naturel » par obsoles-
cence technique ou économique.
En France, la reprise de la croissance du PIB per
capita4 tarde plus qu’ailleurs et le chômage monte
en tête des inquiétudes dans presque tous les seg-
ments de l’opinion. Cette situation renforce l’impéra-
tif de présenter loyalement l’impact sur l’emploi, les
prix et le coût en subventions publiques des options
énergétiques envisagées, mais les explications sont
d’autant moins audibles que nous n’avons pas assez
réévalué nos « principes », même quand ils se contre-
disent gravement : nous répétons tantôt que le faible
coût de l’électricité est un atout pour les ménages et
les entreprises, tantôt que la meilleure des énergies
est celle qu’on ne consomme pas, tantôt que toute
réduction de la consommation d’énergie serait forcé-
ment créatrice d’emplois, tantôt qu’il ne coûtera rien
aux ménages ni aux entreprises d’arrêter de gaspiller
pour que leurs factures n’augmentent pas malgré la
hausse du prix de l’électricité.
3. Les prix des hydrocarbures avaient été multipliés par
5 de 2000 à mi 2008, atteignant 140 USD par baril,
avant un mouvement en sens inverse déclenché no-
tamment par l’irruption aux Etats-Unis des gaz et pétrole
de schiste puis un effondrement mondial des cours à
partir de juillet 2014. En 2016, les experts semblent
prédire que la restabilisation, qui ne sera d’ailleurs pas
immédiate, restera loin des maxima antérieurs. Pourtant
nous continuons à réagir en Europe comme si « les prix
allaient être croissants, forcément croissants » – parce
que l’épuisement progressif des ressources est physi-
quement indiscutable – alors que l’actualité reste celle
d’un prix bas pour le charbon américain comme, sur
les marchés mondiaux, pour le pétrole et le gaz. Etant
entendu aussi qu’il faudra ne jamais exploiter une part
importante des réserves de charbon5.
4 Mais la démographie française est aussi un atout !5 Du moins sauf mise en œuvre des technologies « Capture et stoc-
kage du CO2 (CCS) » dont il est urgent de préciser la faisabilité technique et le coût.
4. En 1980, Margaret Thatcher se lance, par fermetures
et privatisations, dans une remise en cause brutale des
mines et autres industries nationalisées de Grande-
Bretagne. A leur tour, la Commission et les Etats de
l’Union européenne s’engagent en 1996, dans les sec-
teurs du gaz et de l’électricité, dans une transformation
profonde des règles du jeu, avec une stratégie de « li-
béralisation des marchés » pour remplacer des mono-
poles historiques nationaux ou régionaux, en général
services publics très intégrés verticalement, de la pro-
duction à la distribution, construits sur des arguments
d’économie d’échelle, de péréquation et de sécurité de
la fourniture. A l’inverse, le but affirmé du changement
est alors un « marché intérieur » où la concurrence ferait
baisser les factures des ménages et des entreprises :
échec grave sur ce plan mais fort développement des
principaux électriciens hors de leurs marchés histo-
riques et apparition d’acteurs nouveaux et de nouveaux
métiers. Quoi qu’il en soit, à peine en place, le nouveau
modèle est fortement hybridé à cause de la préoccu-
pation du climat : l’Europe adopte un paquet « énergie-
climat », précisément en 2008 (fâcheuse coïncidence),
et engage des budgets publics nationaux importants
pour l’électricité produite à partir des énergies renou-
velables (EnR), subventions dont on disait qu’elles se
réduiraient au fur et à mesure de l’augmentation pré-
vue du prix des hydrocarbures (!)...
Même si l’explosion de ces budgets (en Espagne
notamment) a obligé à des réductions politique-
ment douloureuses, quoique facilitées par la baisse
des coûts du photovoltaïque et des éoliennes, le
résultat a été une augmentation forte de la capacité
de production. Surcapacité d’un côté, faiblesse
de la demande de l’autre entraînent à partir de
2014 des dysfonctionnements évidents du mar-
ché européen de l’électricité : le débouché des
moyens de production d’électricité autres que les
EnR « régulées » se réduisant année après année,
le « prix de marché » s’effondre à peu près dans
tous les pays européens6. Ce mouvement a conduit
à arrêter temporairement ou définitivement plu-
sieurs centrales au fuel, au gaz ou au charbon, au-
delà de ce qui résultait de la fin d’exploitation des
mines de charbon ou de lignite (beaucoup de ces
mines ont fermé sauf en Allemagne et en Pologne).
6 Cf. par exemple le graphique sur les prix de gros en Allemagnediffusé par EnBW. (Voir le lien en fin d'article).
120 ��REE N°3/2016
Impression : Jouve - 53100 Mayenne Dépôt légal : juillet 2016
Edition/Administration : SEE - 17, rue de l’Amiral Hamelin - 75783 Paris cedex 16Tél. : 01 5690 3709 - Fax : 01 5690 3719Site Web : www.see.asso.fr
Directeur de la publication :François Gerin
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Secrétariat de rédaction : Alain Brenac, Aurélie Bazot Tél. : 01 5690 3717
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Promotion et abonnements : 5 numéros :mars, mai, juillet, octobre, décembre.Aurélie Bazot - Tél. : 01 5690 3717 - www.see.asso.fr/reePrix de l’abonnement 2016 :France & UE : 120 � - Etranger (hors UE) : 140 �Tarif spécial adhérent SEE : France & UE : 60 � - Etranger : 70 �Vente au numéro : France & UE : 28 � - Etranger : 30 �
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Prochains Grands DossiersDossier 1 : ITERDossier 2 : Enjeux d’un développement massif des EnRdans le système électrique européen du futur
Une publication de la
Entre science et vie sociétale,
les éléments du futur
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