Antony Hostein vient de paraître · 2012-09-11 · Publications de la Sorbonne 212, rue...

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Publications de la Sorbonne 212, rue Saint-Jacques, 75005 Paris Tél. : 01 43 25 80 15 – Fax : 01 43 54 03 24 Comment, pendant plus de cinq siècles, les dirigeants de Rome ont-ils pu assurer l’unité d’un vaste empire s’étendant de l’Écosse actuelle aux confins du désert arabique ? Une réponse à ce questionnement est apportée par des orateurs de la fin du iii e  siècle de notre ère, originaires d’Autun en Gaule, auteurs de discours rassemblés dans le recueil des Panégyriques latins. Ce livre propose une relecture inédite des Panégyriques latins V(9) et VIII(5), témoins uniques des modes de communication qui pouvaient s’établir entre les représentants d’une communauté civique et les autorités impériales. Dans cet échange mélangeant enjeux administratifs et rituels de cour, convaincre le prince passait par une utilisation habile de la rhétorique de l’éloge. Héritiers de traditions élaborées en Orient à l’orée du Principat, les panégyristes éduens montrent leur maîtrise du genre appelé « discours d’ambassade », mobilisé pour formuler des requêtes officielles ou défendre les intérêts locaux. Dans la stratégie persuasive à l’oeuvre, les fleurs de rhétorique, loin de n’être que de vaines paroles, révèlent une multitude d’informations sur la vie municipale, l’évergétisme, la culture des notables, les rituels du pouvoir et bien d’autres choses encore. Par cette réhabilitation d’une documentation longtemps négligée, l’analyse apporte des éclairages nouveaux sur la survie des institutions et des idéaux civiques en Gaule au lendemain de la crise du iii e  siècle et, chemin faisant, sur la phase ultime du processus de romanisation. En dernier lieu, ces discours révèlent l’existence, au sein de l’Empire, d’un phénomène unique dans l’histoire, produit d’un mélange subtil de pratiques administratives et de tractations diplomatiques entre les cités et le pouvoir central. Le dialogue noué dans le cadre de la « diplomatie intérieure », source de compromis et d’équilibre entre ces deux échelons de gouvernement, a joué un rôle essentiel dans la cohésion de l’imperium Romanum. Agrégé, docteur en histoire et ancien pensionnaire de la Fondation Thiers, Antony Hostein est maître de conférences à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, où il enseigne depuis 2000. Ses travaux, menés au sein de l’équipe de recherche ANHIMA (Anthropologie et histoire des mondes antiques – UMR 8210), portent sur les institutions, la monnaie et les sources rhétoriques d’époque impériale. vient de paraître LA CITÉ ET L’EMPEREUR Les Éduens dans l’Empire romain d’après les Panégyriques latins Antony Hostein Prix : 35€ ISBN : 978-2-85944-712-0 ISSN : 0290-4500

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Pub l i ca t ions de l a Sorbonne212 , rue Sa int - J acques , 75005 Par i s

Té l . : 01 43 25 80 15 – Fax : 01 43 54 03 24

Comment, pendant plus de cinq siècles, les dirigeants de Rome ont-ils pu assurer l’unité d’un vaste empire s’étendant de l’Écosse actuelle aux confins du désert arabique  ? Une réponse à ce questionnement est apportée par des orateurs de la fin du iiie siècle de notre ère, originaires d’Autun en Gaule, auteurs de discours rassemblés dans le recueil des Panégyriques latins. Ce livre propose une relecture inédite des Panégyriques latins V(9) et VIII(5), témoins uniques des modes de communication qui pouvaient s’établir entre les représentants d’une communauté civique et les autorités impériales. Dans cet échange mélangeant enjeux administratifs et rituels de cour, convaincre le prince passait par une utilisation habile de la rhétorique de l’éloge. Héritiers de traditions élaborées en Orient à l’orée du Principat, les panégyristes éduens montrent leur maîtrise du genre appelé « discours d’ambassade », mobilisé pour formuler

des requêtes officielles ou défendre les intérêts locaux. Dans la stratégie persuasive à l’oeuvre, les fleurs de rhétorique, loin de n’être que de vaines paroles, révèlent une multitude d’informations sur la vie municipale, l’évergétisme, la culture des notables, les rituels du pouvoir et bien d’autres choses encore. Par cette réhabilitation d’une documentation longtemps négligée, l’analyse apporte des éclairages nouveaux sur la survie des institutions et des idéaux civiques en Gaule au lendemain de la crise du iiie siècle et, chemin faisant, sur la phase ultime du processus de romanisation. En dernier lieu, ces discours révèlent l’existence, au sein de l’Empire, d’un phénomène unique dans l’histoire, produit d’un mélange subtil de pratiques administratives et de tractations diplomatiques entre les cités et le pouvoir central. Le dialogue noué dans le cadre de la « diplomatie intérieure », source de compromis et d’équilibre entre ces deux échelons de gouvernement, a joué un rôle essentiel dans la cohésion de l’imperium Romanum.

Agrégé, docteur en histoire et ancien pensionnaire de la Fondation Thiers, Antony Hostein est maître de conférences à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, où il enseigne depuis 2000. Ses travaux, menés au sein de l’équipe de recherche ANHIMA (Anthropologie et histoire des mondes antiques – UMR 8210), portent sur les institutions, la monnaie et les sources rhétoriques d’époque impériale.

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LA CITÉ ET L’EMPEREURLes Éduens dans l’Empire romain d’après les Panégyriques latins

Antony Hostein

Prix : 35€ISBN : 978-2-85944-712-0

ISSN : 0290-4500

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Publications de la Sorbonne212, rue Saint-Jacques, 75005 PARIS

Tél. : 01 43 25 80 15 – Fax : 01 43 54 03 [email protected]

LA CITÉ ET L’EMPEREURLes Éduens dans l’Empire romain d’après les Panégyriques latins

Prix 35 €ISBN 978-2-85944-712-0ISSN 0290-4500

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Préface

Il faut être attentif au titre de l’avant-propos pour prendre toute la mesure de l’intérêt de l’ouvrage : ciuitas et imperium. En inversant l’intitulé d’un livre de D. Nörr, publié en 1966, et dont les thèses furent vivement combattues par les travaux de Claude Lepelley ou de François Jacques entre autres, Antony Hostein ne recherche pas ce qui ne serait chez d’autres qu’un artifice littéraire. Il engage une réflexion de grande ampleur, dont on mesure avec plaisir et satis-faction, pas à pas, chapitre après chapitre, quels horizons elle embrasse, quelles perspectives elle trace. L’ancrage dans une documentation qui paraîtrait mince de prime abord s’avère un atout décisif. Mais il faut tenir compte de la méthode, qui vient superposer et articuler aux commentaires minutieux des parallèles éclairants et des exemples qui, pour venir d’ailleurs que du monde gallo-romain, n’en sont pas moins pertinemment utilisés et savamment exploités.

Il importait d’abord de débusquer une belle documentation, puis de la disposer pour engager les démonstrations. Il fallait l’offrir au lecteur, parée avec l’habileté du meilleur artisan, c’est-à-dire en montrer tout l’intérêt et l’illustrer d’exemples et de compléments pour la faire vivre et lui faire exprimer tout ce qu’elle contenait. Le corpus des Panégyriques latins apportait la matière. Encore fallait-il l’extraire. La constitution du recueil a fait l’objet depuis longtemps de recherches savantes, mais fallait-il considérer que les pièces rassemblées étaient du même moule, interchangeables jusqu’à devenir banales et insipides. Réunis sous le même vocable, considérés dès lors comme des discours d’apparat, au contenu factice, ils avaient été sollicités, plutôt dans des perspectives d’histoire politique, comme le montre la réussite de W. Seston pour dégager les traits essentiels de l’idéologie impériale à l’époque tétrarchique.

Attentif aux travaux du voisinage dans le domaine des sciences de l’Antiquité, Antony Hostein a tiré grand profit des études qui ont mis en évidence la rhétorique antique à l’époque impériale, ses méthodes, ses pratiques, les modalités de son insertion dans le vécu du politique, ce qu’ont exposé dans de riches travaux tous les « enfants » de Ménandre le Rhéteur ou des orateurs de la Seconde sophistique. Il peut ainsi isoler deux des pièces du recueil, et montrer que les caractéristiques de leur contexte d’énonciation en font des discours à part, ouvrant sur d’autres domaines que l’histoire politique au sens traditionnel.

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Le Panégyrique latin v d’après la numérotation de l’édition d’édouard Galletier (= 9 dans celle de Baehrens), si original par sa composition, par son sujet, par son vocabulaire même, peut être défini comme un discours de demande, une postulatio, celle d’un personnage important de la cité des éduens, Eumène, qui pour atteindre l’empereur s’adresse à l’intermédiaire institutionnel par excellence, le gouverneur de la province de Gallia Lugdunensis, constamment dénommé de façon anonyme uir perfectissimus, et qui avait autorité sur la ciuitas Aeduorum. Antony Hostein identifie ici une pièce exceptionnelle en son genre : le discours d’un notable sollicitant l’appui d’une autorité pour que soit transmise à l’empereur avec toutes les recommandations possibles la demande d’une cité, et qu’elle revienne avec l’approbation de ce dernier. Durant la période impériale cette pratique du « discours d’ambassadeur » fut ancrée dans le quotidien municipal, mais on ne la saisit que par des allusions ou des raccourcis, ou par les témoignages qui, affichés à l’aboutissement du processus, quand il s’est bien conclu, montrent que le cycle de relations entre les cités et le pouvoir a bien fonctionné : mais on découvre alors la décision impériale, tandis que s’effacent tous les préalables, et toutes les démarches ou procédures qui ont abouti à l’expression bienveillante du prince. tout déplacement d’autorité dans la province, scandé par la visite des cités, suscitait ces requêtes d’appui, comme le montre la correspondance de pline et de trajan. Mais que reste-t-il de cette littérature issue de la vie et du fonctionnement des cités ? Dans la mesure où, parfois, la réponse recevait sa forme de la pétition adressée, il arrive qu’on appréhende indirectement le contenu des demandes. Le Panégyrique latin v(9) correspond ici à un discours officiel venant à l’appui d’une remise de pétition. Son contenu n’est pas étranger à celui de la pétition, mais il se doit de suivre sa propre logique pour mieux accompagner la démarche. On dispose donc d’un document très original, qui entre parfaitement dans le jeu des relations circulaires entre le monde des cités et les chaînons de l’autorité impériale.

Quant au Panégyrique latin viii(5), il s’agit aussi d’une pièce particulière, une gratulatio, discours d’ambassadeur venu remercier le prince des bienfaits accordés. En cela, il entre dans le même cadre de relations. Et chacun de ces deux discours, associés à quelques paragraphes puisés dans le Panégyrique latin iv(8) et dans le Panégyrique latin vii(6), permettent d’envisager sur une période d’une quinzaine d’années le jeu qui s’établit entre la cité des éduens et les détenteurs du pouvoir impérial à trèves. Le titre et le sous-titre de l’ouvrage s’articulent parfaitement. L’auteur est en effet attentif aux réalités locales et aux travaux les plus récents des archéologues, qui s’attachent à mettre au jour autant l’oppidum de Bibracte que la ville d’Augustodunum dans le contexte nouveau que dessina l’œuvre d’Auguste. Si le cas éduen est inséré dans l’empire romain des tétrarques, il est aussi situé dans un contexte historique large, c’est-à-dire considéré à la fois dans la perspective séculaire d’une longue période de difficultés que l’on peut appeler, pour simplifier, « crise du iiie siècle », et dans une conjoncture

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plus ramassée, le temps de rétablissement et de réformes qui correspond à la transition du iiie et du ive siècle.

Il y a bien des choses à découvrir dans ce livre : les pratiques des notables, la difficile adaptation des cités aux nouvelles exigences fiscales de l’état impérial, leur fonctionnement au quotidien dans leur rapport aux autorités, la conscience qu’ont les notables éduens de disposer d’une place spécifique au sein des cités de Gaule chevelue, etc., ce qui, vu de haut, ne distingue pas trop une cité gallo-romaine d’une cité grecque. Aux enquêtes d’Antony Hostein les documents sollicités apportent des moissons d’informations, car les périodes filées par les orateurs ne sont pas faites de mots creux. On peut donc à la fois parcourir le cœur de la cité avec le cortège des notables qui font escorte au gouverneur, en saisir le cadre monumental dans ses détails les plus concrets, et entrer dans les grandes questions que doit poser l’historien : celle du devenir des cités dans l’empire des tétrarques, celle de la relation des élites municipales avec le monde des « décideurs » que sont les princes et leur entourage.

Après avoir goûté aux richesses du livre, il vaut la peine de s’attarder sur la conclusion générale, et sur les denses propos que l’on y trouve, puisque le cas éduen peut paraître exemplaire et qu’il est acquis que le discours d’Eumène, puis les remerciements du délégué de la cité adressés à Constantin doivent être considérés comme des documents majeurs, aux fortes capacités de résonance, tel l’Anonyme de rebus bellicis sur qui Santo Mazzarino puis Andrea Giardina n’ont eu de cesse d’attirer l’attention. Deux perspectives sont tracées, l’une concernant l’empreinte de Rome sur les Gaules, l’autre sur les rythmes et les transformations de la vie municipale en Occident. Sur le premier point, Antony Hostein insiste sur le rôle des élites civiques, sur leur adhésion aux modèles classiques de la vie en communauté, sur leur insertion dans la vie politique des provinces de l’Occident romain. Mais les remarques les plus originales portent sur la constitution d’une mémoire collective spécifique, et qui plus est facteur de distinction, associant l’histoire de la cité et l’histoire de Rome. Sur le second point, après avoir marqué les continuités dans les comportements des notables et dans les pratiques du quotidien municipal, il apporte des vues équilibrées, non sur des ruptures qui auraient été irrémé-diables (comme le sac infligé à la ville par les troupes de Victorin), mais sur des transformations économiques qui auraient tendu les rapports sociaux et rendu plus incertaine l’adéquation des capacités productives et des ressources disponibles aux exigences de l’entretien et du développement du cadre urbain, c’est-à-dire un élément essentiel de la dignitas de la cité.

Il faut savoir gré aux publications de la Sorbonne d’avoir accepté la publication de ce bel ouvrage.

Michel Christolprofesseur émérite à l’université paris 1 panthéon-Sorbonne

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Avant-propos Ciuitas et imperium

« Dans la ruine d’Augustodunum se reflètela décadence générale de la Gaule à la fin du iiie siècle. »

O. Hirschfeld, Les Haeduens et les Arvernes, p. 24.

Ce livre, qui procède d’une thèse de doctorat, est né d’un questionnement simple, mais inépuisable par les approches qu’il mobilise et les nombreuses réponses qu’il appelle : comment une entité politique et administrative telle que l’Empire romain, rassemblant des populations sur un territoire aussi vaste et varié, délimité dans ses franges occidentales et orientales, septentrionales et méridionales, par la Bretagne et l’Arabie, par les rives du Danube et les confins désertiques du Sahara, a-t-elle pu fonctionner durablement et de manière stable, tout en surmontant des crises profondes ? Pour naïve qu’elle puisse paraître de prime abord, outre également le fait que de cette histoire découlent bien souvent des observations admiratives ou dépréciatives normalement étrangères à la démarche historienne, la question a le grand avantage d’inscrire le raisonnement dans le temps long ainsi qu’au niveau des structures. Mais une fois la matière brute de l’étude dégrossie, demeure la tâche la plus difficile à réaliser, à savoir trouver un angle d’attaque qui soit à la fois original et fécond pour renouveler le sujet.

Ciuitas et imperium. La formule résume à elle seule l’approche et les thèmes abordés dans les pages qui suivent. L’entreprise aborde un champ d’investigations dont la physionomie a fait l’objet de profonds bouleversements depuis près de quatre décennies, celui de l’histoire des rapports entre le pouvoir impérial et les cités, du iie au ive siècle de notre ère. À l’origine du débat, se trouve le livre de Dieter Nörr paru en 1966, Imperium und Polis, titre évocateur dont l’ordre des termes implique une vision univoque des rapports entre l’Empire et les cités, envisagés seulement à partir du centre du pouvoir1. L’auteur aboutissait dans ses conclusions à conforter la vulgate mommsénienne d’une autonomie

1. D. Nörr, Imperium und Polis in den hohen Prinzipatszeit, Munich, 1966.

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municipale de plus en plus réduite à mesure que le pouvoir impérial perdait de sa tolérance originelle, passant d’une forme libérale de son exercice à une forme plus autocratique, Principat devenu lentement mais inéluctablement Dominat pour reprendre une formule consacrée en son temps par Otto Schulz2. Cette thèse a été combattue avec vigueur et de bons arguments par plusieurs savants, en particulier les spécialistes français de l’histoire institutionnelle, comprenant deux générations de disciples formés par William Seston et André Chastagnol. L’on doit d’abord à Claude Lepelley d’avoir ouvert le débat en démontrant dans sa thèse consacrée aux cités de l’Afrique tardoantique que la vie municipale, du moins dans les provinces africaines, avait largement survécu à la crise du iiie siècle, et que l’autonomie des autorités civiques, bien qu’amoindrie, n’en demeurait pas moins vivace jusqu’à l’invasion vandale3. La deuxième critique a été formulée par François Jacques qui a publié peu de temps après un ouvrage consacré aux curateurs de cité. il y rappelait que la libertas locale constituait en fait un privilège dès les origines du Principat, et qu’en aucune manière des phénomènes apparus puis répandus au iie siècle, au premier chef l’envoi de curateurs chargés de rétablir les finances d’une cité, ne remettaient en cause ce principe initial, dont l’application se vérifie selon lui au moins jusqu’aux Sévères4. Grâce à ces travaux, l’histoire municipale s’est trouvée expurgée de préjugés tenaces5, offrant ainsi de nouveaux cadres d’analyse, même si de nombreux chantiers mériteraient d’être ouverts pour des secteurs de l’Empire différents de l’Afrique ou de l’italie, dont la documentation abondante a été mise à contribution dans les travaux cités plus haut.

Car précisément, ailleurs en Occident, en particulier dans les provinces gau-loises et germaniques, et dans une moindre mesure dans la péninsule ibérique ou les îles Britanniques, le tableau apparaît plus contrasté, les efforts s’étant portés essentiellement sur deux périodes, la première d’Auguste aux Sévères, la seconde du ive au ve siècle6. Du moins, ces recherches permettent-elles aux historiens d’envisager, à travers une étude en pointillés fondée sur une docu-mentation hétérogène, une histoire de la vie municipale sur le long terme dans les provinces des Gaules et des Germanies. L’effort de synthèse se heurte cepen-dant à un obstacle irréductible en première analyse : comment articuler, sur

2. O. Schulz, Vom Prinzipat zum Dominat. Das Wesen des römischen Kaisertums des dritten Jahr-hunderts, Paderborn, 1919.3. C. Lepelley, Les cités de l’Afrique romaine et Aspects de l’Afrique romaine (pour les titres cités sous forme abrégée, voir la bibliographie en fin de volume).4. F. Jacques, Le privilège de liberté.5. Préjugés présentés et condamnés par C. Lepelley, « introduction générale. universalité et per-manence du modèle de la cité dans le monde romain », dans Ciudad y comunidad cívica en Hispania, p. 14 et suiv.6. Exemples de travaux historiques coordonnés par l’équipe de recherche de Monique Dondin-Payre et Marie-thérèse raepsaet-Charlier dans Cités, municipes, colonies (publié à Paris en 1999), ou encore Noms, identités culturelles et romanisation sous le Haut-Empire (paru à Bruxelles en 2001).

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cette thématique, les connaissances actuelles sur le Haut-Empire avec celles de l’époque tardive, dans la mesure où la période qui couvre les années 240 à 290 – la fameuse « crise du iiie siècle7 » – constitue à la fois un angle mort de la recherche et une époque charnière ? Au fond, seule une analyse du destin de certaines cités gallo-romaines durant cette période permettrait de renouer ce fil rompu entre la vie municipale du Haut-Empire et celle du Bas-Empire8. C’est sans compter les raisons invoquées traditionnellement par les spécialistes pour renoncer à une telle entreprise, en premier lieu la quasi-disparition de la docu-mentation épigraphique, qui prive l’enquête de précieuses indications, puisque c’est précisément à partir de la fin de la dynastie des Sévères que se situe l’étiage du phénomène9, à quelques exceptions près10. Par ailleurs, à cette lacune pro-blématique, se greffent des préjugés et des pesanteurs institutionnelles qui ren-forcent ce désintérêt : d’une part, les épigraphistes interprètent cette disparition des inscriptions comme un signe de déclin ; d’autre part, les spécialistes de la vie municipale du Haut-Empire font systématiquement aboutir leurs enquêtes au premier tiers du iiie siècle, tandis que ceux du Bas-Empire les font commen-cer aux tétrarques et à Constantin, délaissant ainsi l’entre-deux11. Même pour l’Afrique où chaque année apporte son lot de nouvelles découvertes, il fallut

7. Par commodité, l’expression « crise du iiie siècle », avec ou sans guillemets, sera employée, en dépit de ses limites et des généralisations abusives qu’elle peut engendrer. Sur le sujet, voir J.-M. Pailler, « La crise en thèmes… et en question », Pallas hors série (1997) [L’Empire romain de 192 à 325], p. 131-140, en particulier p. 132-135.8. P. Le roux, « Les cités de l’Empire romain de la mort de Commode au Concile de Nicée », Pallas hors série (1997) [L’Empire romain de 192 à 325], p. 31-55.9. Sur la spécificité et la disparition des pratiques épigraphiques dans les provinces occidentales de l’Empire, lire Woolf, Becoming roman, p. 77-105, et Witschel C., « reevaluating the roman West in the 3rd c. a.d. », JrA, 17 (2004), p. 251-281, en particulier p. 257-259 le résumé en anglais de plusieurs chapitres tirés de sa thèse : Krize-rezession-stagnation ? Der Westen des römische reiches im 3. Jahrhundert n. Chr., Francfort-sur-le-Main, 1998, p. 60-84. Sur les transformations du vocabulaire et du formulaire de l’épigraphie tardive : Chastagnol, « Le formulaire », p. 15-65 et plus récemment r. Delmaire, « un genre en voie de disparition : les cursus épigraphiques du Bas-Empire », dans Le monde romain à travers l’épigraphie, p. 247-270. Cette disparition des inscriptions doit être interprétée avec prudence, comme l’a souligné C. Lepelley, « introduction générale. universalité et permanence du modèle de la cité dans le monde romain », dans Ciudad y comunidad cívica en Hispania, p. 20-21.10. L’inscription mise au jour à vieux dans le Calvados, mieux connue sous l’appellation impropre de « marbre de thorigny », offre un bel exemple d’inscription datée de cette époque où les réfé-rences manquent cruellement. recensée au CIL, xiii, 3162, rééditée par H.G. Pflaum, Le marbre de thorigny, Paris, 1948, elle a fait l’objet d’une récente mise au point par S. Benoist, « Le marbre de thorigny, une œuvre au clair », dans Hans-Georg Pflaum. Un historien du xxe siècle. Actes du colloque international, Paris, 21, 22 et 23 octobre 2004, Demougin S., Loriot X., Cosme P., Lefebvre S. éd., Genève, 2006, p. 285-303. En dernier lieu, P. vipard, Marmor tauriniacum. Le marbre de thorigny. La carrière d’un grand notable gaulois au début du iiie siècle, Paris, 2008.11. voir en ce sens le constat dressé par André Chastagnol, à la suite de l’intervention d’Yves Burnand, dans Burnand, « senatores romani ex provinciis Galliarum orti », p. 436, au sujet de la survie des familles sénatoriales entre le iiie et le ive siècle en Gaule.

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attendre 1992, marquée par la parution d’un article de Xavier Dupuis consacré à la question, dans lequel fut démontré avec éclat que les conséquences de la crise sur les cités, bien qu’indéniables, furent au demeurant limitées dans ce secteur12.

Ce livre consacré à la vie municipale ne prétend pas faire la lumière complète sur cet angle mort de la recherche. L’entreprise serait vouée d’avance à l’échec en raison de l’ampleur des manques documentaires, indéniables. Pour autant, le caractère hétéroclite et lacunaire de la documentation l’est-il au point d’empêcher toute leçon de portée générale ? Assurément non. Car cette période riche en événements constitue un poste d’observation privilégié, qui permet d’embrasser du regard un vaste panorama des évolutions de la vie municipale. reste à trouver le lieu propice, c’est-à-dire une ciuitas particulière, dotée d’une documentation sinon abondante du moins suffisante pour observer au mieux ces phénomènes. De ce point de vue, il semble que la cité des éduens soit la candidate idéale. Et les raisons ne manquent pas.

Le dossier documentaire sur lequel se fonde cette recherche est clairement circonscrit : il se compose de deux discours, les Panégyriques latins v(9) et viii(5), auxquels il faut ajouter des extraits des Panégyriques latins iv(8) et vii(6)13. tous ont en commun d’avoir été prononcés par des notables originaires d’Autun, qui représentaient leur communauté à titre officiel. Les contours exacts de ce dossier étant longuement justifiés dans les deux premiers chapitres, inutile de s’appe-santir ici sur la question14. il faut simplement retenir qu’il s’agit de textes longs et ornés de fleurs de rhétorique, traits qui leur ont valu des critiques parfois très dures de la part d’éminents savants depuis près de deux siècles15. Pour autant, ne vaut-il pas mieux renverser les perspectives et considérer ces traits de caractère comme des qualités, partant du principe que plus les orateurs sont loquaces, plus ils livrent incidemment ou volontairement des informations sur la vie de leur cité ? Leur témoignage apparaît d’autant plus précieux qu’il couvre un arc chro-nologique limité à une vingtaine d’années, entre 290 et 310 environ, révélant ainsi des évolutions et des transformations de la vie municipale à court terme, mais dans un monde en pleine mutation, celui de l’Empire des tétrarques16.

12. X. Dupuis, « Constructions publiques et vie municipale en Afrique de 244 à 276 », mÉFrA, 104 (1992), p. 253-280.13. La numérotation des Panégyriques adoptée dans l’ouvrage correspond à celle établie par édouard Galletier dans Panégyriques latins, 3 vol., Paris, 1949-1955 (CuF). Le chiffre en caractères romains indique le numéro du discours selon l’ordre chronologique dans lequel il fut prononcé. il est suivi d’un chiffre arabe entre parenthèses correspondant à l’ordre de présentation du discours dans le manuscrit de Mayence découvert par Giovanni Aurispa (voir à ce propos les précisions données dans le chapitre 1).14. voir en particulier les motifs exposés au chapitre 2.15. Exemple de critiques particulièrement virulentes dans l’ouvrage de l’académicien J.-J. Ampère, Histoire littéraire de la France avant le douzième siècle, t. 1, Paris, 1839, p. 192-211.16. Sur la tétrarchie et les changements intervenus à cette époque : Seston, Dioclétien et la tétrarchie ; Barnes, NE ; Kolb, Diocletian und die Erste tetrarchie ; les dossiers consacrés à la

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Ce travail a donc vocation, dans un premier temps, à dépoussiérer et à réhabiliter ces textes de grande valeur, pourtant traités avec désinvolture, voire parfois avec mépris, par la majorité de ceux qui les ont commentés jusqu’à maintenant17. Chemin faisant et ainsi doté d’un regard neuf, l’analyse de ce dossier permet d’éclairer un cas d’étude particulièrement bien documenté, sus-ceptible d’une part de servir de jalon pour comprendre l’évolution générale des cités voisines de Gaule Lyonnaise ou des Germanies et utile d’autre part pour comparer le destin de la ciuitas Aeduorum avec celui des cités de l’ensemble de l’Occident romain, sur le long terme.

Le sujet du présent ouvrage se situe à l’intersection de plusieurs disciplines et domaines de recherches, qui ont récemment bénéficié d’un important regain d’intérêt, qu’il s’agisse de l’histoire de la rhétorique ou bien encore de l’histoire politique et idéologique de l’Empire romain. Aussi faut-il rendre à César ce qui revient à César, et expliciter, par souci d’honnêteté intellectuelle, les travaux qui ont profondément marqué de leur empreinte la présente enquête ; l’ont rendue possible en décloisonnant ces champs disciplinaires ; ont permis enfin d’affronter une pluralité méthodologique nécessaire pour envisager le sujet dans sa plus grande extension. Pour la rhétorique encomiastique, des aperçus essentiels ont été tirés de la thèse de Laurent Pernot, dont le double mérite a consisté à définitivement dépouiller l’analyse de tout préconçu, et à montrer avec éclat que dans tout discours, sans exception – y compris ceux relevant du genre épidictique –, c’est un jeu très fin qui se joue autour d’un rituel complexe, faisant intervenir, outre des techniques et des qualités littéraires, des questions morales, sociales et politiques18. Difficile également de ne pas rappeler combien la fréquentation de séminaires parisiens, associée à la lecture attentive des publications qui en émanaient, fut déterminante pour la maturation progressive de ce travail. Qu’il me soit permis de citer ceux de Michel Christol, de Jean-Michel Carrié et de Claude Lepelley, qui m’ont introduit à l’histoire politique, institutionnelle et économique du iiie siècle. De la même manière, la consultation régulière des travaux de collègues italiens, liés à l’école formée autour de Santo Mazzarino et de son disciple, Andrea Giardina, a souvent constitué un puissant stimulant intellectuel à chaque étape

tétrarchie dans Anttard, 2 (1994) et 3 (1995) ; the Age of the tetrarchs ; Kuhoff, Diokletian und die Epoche der tetrarchie ; Diokletian und die tetrarchie (en particulier les contributions d’A. Demandt, « Diokletian als reformer », p. 19, et de W. Kuhoff, « Aktuelle Perspektiven der DiokletianForschung », p. 1026) ; Die tetrarchie.17. trois exceptions notables : l’ouvrage paru en 2007 de rönning, Herrscherpanegyrik unter trajan und Konstantin, ainsi que les articles de rodgers, « Eumenius », p. 249-266 et de Messina, « una singolare rinuncia », p. 173-190. Ce dernier dresse un constat qui vaut pour cette étude (p. 174) : Credo, infatti, che dal panegirico non siano stati finora tratti tutti gli interessanti spunti di indagine che esso offre. Les conclusions de ces deux travaux sont discutées en détail au chapitre 5.18. L. Pernot, La rhétorique de l’éloge, 2, p. 793-796 (conclusion générale).

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de la réflexion19. Enfin, par un heureux hasard, en parallèle de cette enquête historique consacrée à la cité des éduens au iiie siècle apr. J.-C., un travail universitaire, fondé cette fois sur la démarche archéologique, a été engagé par Michel Kasprzyk à partir du même terrain d’étude, et soutenu de manière quasi simultanée, à l’automne 2005, auprès de l’université de Bourgogne, et sans qu’à aucun instant, les résultats d’une étude n’interfèrent sur l’autre, ouvrant la voie à des rapprochements féconds20. Ainsi donc, un vaste faisceau d’influences, une conjonction bienvenue de lectures et de rencontres scientifiques formèrent progressivement un socle solide, propice au bon achèvement de ce livre.

Quant à la démarche adoptée, elle s’inspire de celle des historiens italiens de la microstoria. C’est bien d’une inspiration qu’il s’agit, d’une influence par imprégnation, révélée a posteriori, suite à la lecture désintéressée de travaux de Carlos Ginzburg ou de Giovanni Levi, plutôt que d’un projet conçu a priori, qui aurait consisté à trouver une source antique sur laquelle appliquer une grille conceptuelle et méthodologique éprouvée. Pour mémoire21, la microstoria désigne ce courant apparu dans les années 1970, défini empiriquement par ses acteurs sans jamais que n’existât aucun texte fondateur. L’histoire sociale des époques médiévale et moderne constitue le champ d’investigation privilégié des principaux représentants de ce courant, qui doit être considéré moins comme une école historique que comme le regroupement d’historiens autour d’une approche méthodologique commune. Ce mouvement fut fondé en réaction contre la démarche analytique sociologique définie au début du xxe siècle, qui reposait sur la formulation d’hypothèses soumises dans un second temps à l’épreuve d’une validation empirique par confrontation avec des sources mises en série. Cette démarche inductive qui extrait dans le document seulement ce qui se rapporte à la question traitée, ayant pour effet inévitable – et pour

19. Ainsi, parmi les références qui ont compté pour cette recherche, on peut citer : Giardina A., Silvestrini M., « il principe e il testo » dans Lo spazio letterario, p. 579-613, ou encore la thèse de P. Porena, Le origini della prefettura del pretorio, qui a facilité les analyses sur l’histoire des décou-pages administratifs à cette époque.20. Kasprzyk, Les cités des Éduens et de Châlon. Depuis 2005, Michel Kasprzyk et moi-même avons eu l’occasion de croiser et d’exposer nos résultats de recherche lors de communications non publiées. une conférence consacrée aux campagnes de la cité des éduens autour de 300 apr. J.-C. a ainsi été donnée le 31 mars 2006 dans le séminaire de Jean-Michel Carrié à l’EHESS.21. Parmi les ouvrages ayant influencé notre démarche, figurent de grands classiques : G. Levi, Le pouvoir au village : histoire d’un exorciste dans le Piémont du xviie siècle, Paris, 1989 [trad. fr. de L’eredità immateriale : carriera di un esorcista nel Piemonte del seicento, turin, 1985] et C. Ginzburg, Le fromage et les vers : l’univers d’un meunier du xvie siècle, Paris, 1980 [trad. fr. de Il formaggio e i vermi : il cosmo di un mugnaio dell’500, turin, 1976]. Sur le courant de la microstoria, mises au point claires et synthétiques dans G. Lévi, « On Microhistory », dans New Perspectives on Historical Writing, Burke P. dir., Oxford, 1991, p. 93-113 et dans J. revel, « un vent d’italie. L’émergence de la micro-histoire », dans L’Histoire aujourd’hui, ruano-Borbalan J.-C. coord., Paris, 1999, p. 239-245. voir aussi C. Ginzburg, C. Ponti, « La micro-histoire », Le Débat, 17 (déc. 1981), p. 133-136.

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défaut principal – d’aboutir à un affadissement du témoignage de la source scrutée, cette dernière n’étant plus restituée dans toute sa richesse. Désireux de s’affranchir de cette approche documentaire réductrice, les tenants de la microstoria ont défini une nouvelle démarche, un nouveau protocole de recherche en somme, fondé sur les principes suivants : restriction du dossier et du terrain d’études ; prise en compte poussée de l’expérience vécue des acteurs historiques, afin de ne pas perdre de vue les rapports complexes liant un individu à une société donnée ; analyse fondée sur le repérage et l’interprétation de signes discrets et disséminés, mais signifiants et susceptibles de rendre compte de la complexité des réalités passées. En procédant ainsi, au plus près des sources et des acteurs, cette méthode a permis d’établir combien certains processus historiques généraux sont portés et vécus par des trajectoires particulières, de groupes, voire d’individus.

Les principes d’une analyse qualitative semblent particulièrement opératoires et adaptés au dossier des Panégyriques latins. En effet, les orateurs, à travers leurs discours, offrent le point de vue de notables municipaux ; ils livrent une grande quantité d’informations sur leur propre cité, et sur les liens que leur communauté entretenait avec leurs pairs ainsi qu’avec les autorités romaines ; ils dévoilent certains aspects de leurs mentalités et de leurs identités. En outre, toutes les conditions semblent réunies pour analyser ces témoignages à différentes échelles, en agrandissant progressivement la focale de l’objectif, d’abord à l’échelon local, celui des notables eux-mêmes, puis à l’échelon supérieur, celui des dirigeants romains, afin de souligner en dernier lieu combien ce cas d’étude, limité et spécifique, apparaît néanmoins révélateur d’un tout. Autrement dit, combien le destin et le témoignage de ces notables, bien qu’ancrés dans un horizon local et restreints à première lecture, permettent de comprendre des phénomènes historiques généraux, comme, par exemple, le processus de romanisation, les transformations de la machine de l’administration impériale, les interactions entre les différents pôles du gouvernement impérial, à une époque marquée par de grands bouleversements. En somme, il s’agit d’aborder la grande Histoire, celle de rome, de l’Empire, de la domination romaine, par des portes dérobées lesquelles offrent en retour une occasion unique pour en renouveler la vision.

L’analyse par échelles se trouve ainsi placée au cœur des questionnements de cet essai, ce dont rend compte le titre adopté pour l’avant-propos, Ciuitas et imperium, qui reprend en l’inversant celui de l’ouvrage de Dieter Nörr, Imperium und Polis, cité plus haut. Dans le cas présent, il va s’agir d’aborder les rapports entre le pouvoir impérial et les cités en renversant les perspectives, en adoptant le point de vue des notables et non celui des dirigeants romains. Car cette dernière approche, qui a donné lieu à de nombreux travaux sur la politique municipale des empereurs22, comporte un défaut majeur : celui de suggérer que

22. C’est l’angle d’approche adopté dans sa thèse par Jacques Gascou, La politique municipale de l’Empire romain en Afrique proconsulaire de trajan à septime sévère, rome, 1972 (CéFr, 8).

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dans la vie des cités, les relations avec l’état romain étaient engagées et décidées depuis les sommets du pouvoir. Alors que dans la réalité, nous montrons, à la suite d’autres savants comme Fergus Millar, que ces relations étaient entretenues sous la forme d’un dialogue permanent et continu, circulaire, où l’initiative laissée aux autorités municipales pouvait être très large, mais où le pouvoir impérial pouvait à l’évidence mettre en avant son auctoritas et user de sa force afin d’imposer ses vues. L’un n’allant pas sans l’autre, c’est de cette tension que naquit le « privilège de liberté », si durement mis à l’épreuve durant la seconde moitié du iiie siècle.

Ce livre ne prétend pas épuiser toute la matière des Panégyriques latins, ni régler définitivement les nombreux thèmes abordés. Cependant, afin de mettre en valeur le mieux possible les différentes facettes de ces discours au contenu si riche, il s’organise autour de trois lectures successives. Le plan adopté suit une progression qui s’appuie sur l’étude approfondie du dossier documentaire (i. Aspects rhétoriques), avant d’aborder successivement son contenu concret (ii. Aspects institutionnels) puis abstrait (iii. Aspects idéologiques). Ce choix procède uniquement d’un souci d’ordre méthodologique : aussi faudra-t-il tou-jours garder présent à l’esprit que dans ces textes, les trois éléments que sont la rhétorique, les institutions et l’idéologie demeurent étroitement imbriqués et articulés entre eux, chacun exerçant des interactions permanentes sur les autres.

Le lecteur aura compris que cette étude n’est pas une nouvelle édition savante de discours contenus dans le recueil des Panégyriques latins ; elle n’est pas non plus un commentaire linéaire des pièces qui composent le dossier, et encore moins une monographie, dont l’écueil principal consisterait à fermer l’analyse sur elle-même. réévaluer une documentation négligée, renouveler l’histoire des cités des Gaules à la fin du iiie siècle, éclairer les mécanismes d’administration de l’Empire, voici résumés, dans leurs grandes lignes, les principaux objectifs assignés au présent essai.

Arrivé au terme d’un long et tortueux cheminement, je tiens tout d’abord à remercier les membres de mon jury de thèse, MM. les Professeurs Jean-Michel Carrié, Michel Christol, Jean-Michel David, Christian Goudineau, Claude Lepelley, aussi bien pour les conseils prodigués au moment de la soutenance que pour l’influence qu’ils purent exercer sur ma formation, dans leurs écrits mais également au sein de leurs séminaires, lieux d’échanges extrêmement féconds. Au premier chef, je ne saurai oublier la dette contractée à l’égard de Michel Christol qui m’a proposé ce travail et m’a toujours témoigné une patiente et libérale bienveillance, me faisant bénéficier sans compter de son érudition et de sa grande disponibilité.

À l’heure de la mise en œuvre de « réformes » au nom de principes détournés de leurs objectifs initiaux, dont les conséquences se font déjà sentir sur le destin de nos disciplines et des institutions du Supérieur, que soient remerciés mes

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collègues de l’uFr d’histoire de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne ainsi que ceux de l’ancien centre Gustave Glotz devenu en janvier 2010 l’équipe ANHiMA (uMr 8210 du CNrS), auprès desquels j’ai appris le métier d’enseignant-chercheur, autrement dit beaucoup. Je remercie également les responsables de l’école doctorale de l’université Paris 1 d’avoir soutenu financièrement la présente publication.

La fondation thiers, en m’accueillant durant trois années comme pensionnaire, m’a permis de conduire cette thèse dans des conditions matérielles exceptionnelles. Que son ancien directeur, Monsieur le professeur Philippe Contamine, reçoive le témoignage de ma plus profonde gratitude. J’associe volontiers à ces remerciements Claude Brenot, Xavier Loriot, Daniel Nony (†) et Laurent Pernot pour leur soutien au moment de ma candidature.

Ma reconnaissance s’adresse à Michel Christol, Sylvain Destephen, Gaël Gauvin et Benoît rossignol pour avoir contribué, par leurs relectures avisées, à donner à cet ouvrage une forme moins imparfaite. Je suis extrêmement redevable à ma collègue du CNrS, Magali Cullin, dont l’efficacité et la disponibilité ont permis de résoudre bien des problèmes pour la publication de ce livre dans des délais raisonnables.

Enfin, ce travail doit beaucoup à des collègues et amis qui, à la suite de conversions informelles ou de relectures ponctuelles, m’ont permis d’avancer dans mes réflexions : Giovanni Alberto Cecconi, François Chausson, Jean-Louis Ferrary, Michel Kasprzyk, Xavier Lapray, Sabine Lefebvre, Bruno Pottier et Sylvia Sinapi.

Je dédie ce livre à Antonine, Camille et Julia.

Paris, le 1er juillet 2010

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Table des matières

Préface. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7Avant propos. Ciuitas et imperium . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11

Aspects rhétoriques

Chapitre 1Présentation et analyse du corpus des Panégyriques latins . . . . . . . . . . . . . . . 25

Le corpus depuis sa découverte : remarques historiographiques . . . . . . . . 25De la Renaissance au xixe siècle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25Du milieu du xixe siècle à nos jours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31

La logique interne de composition du recueil. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37Incipit et ordre de présentation des discours dans le manuscrit de Mayence 37L’agencement interne du recueil : les théories de Pichon . . . . . . . . . . . . . . . 39Les fonctions assignées au recueil . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43

Des panegyrici ? Réflexions sur la nature de chacundes discours qui composent le recueil . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45

La signification de panegyricus dans l’Antiquité. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46La nature de ces « panégyriques ». . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54

Chapitre 2Les particularités des Panégyriques latins v(9) et viii(5) . . . . . . . . . . . . . . . . 59

Les Panégyriques latins v(9) et viii(5) : circonstances,cadre d’énonciation, contenu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59

Circonstances et cadre d’énonciation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59Résumé et structure des discours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65

Observations sur des extraits des Panégyriques latins iv(8) et vii(6). . . . . 73Le Panégyrique latin iv(8) : éloge de Constance

prononcé le 1er mars 297 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73Le Panégyrique latin vii(6) : éloge de Constantin

prononcé fin juillet-début août 310 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76

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Chapitre 3Panégyriques latins, presbeutiko;" lovgo" et diplomatie intérieure. . . . . . . . . 81

Les Panégyriques latins v(9) et viii(5) et le presbeutiko;" lovgo" . . . . . . . 82Le presbeutiko;" lovgo" dans l’œuvre de Ménandre le Rhéteur . . . . . . . . . . 82Les autres discours de représentants de cités dans le traité ii

de Ménandre le Rhéteur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86Étude comparée des Panégyriques latins v(9) et viii(5)avec les vestiges de discours « d’ambassade » d’époque impériale . . . . . . . 89

Les parallèles relevés dans les sources « littéraires » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90Les traces de discours « d’ambassade » dans les sources épigraphiques et juridiques 100

Les discours éduens dans l’histoire du genre presbeutique :essai de synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113

Les topiques de la diplomatie « intérieure » à l’époque impériale . . . . . . . 114Origines et diffusion du genre presbeutique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122Spécificités du discours d’un legatus par rapport à celui d’un presbeuthv" . . 128

Aspects institutionnels

Chapitre 4Le relèvement de la ciuitas Aeduorum par les empereurs de la fin du iiie s. . . 141

Les formes de l’intervention impériale à la fin des années 290 . . . . . . . . 146La cité des Éduens à la fin du iiie siècle : une cité affaiblie . . . . . . . . . . . . 146Le relèvement de la cité par Constance Ier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154

Les cadres juridiques de l’intervention impériale . . . . . . . . . . . . . . . . . . 158Premier moyen : attribuer des sommes reversées en temps normal

au fisc – Panégyriques latins v(9) et viii(5) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160Deuxième moyen : reconstruire des demeures privées, des bâtiments

publics et des temples – Panégyriques latins iv(8) et v(9) . . . . . . . . . . . 161Troisième moyen : faire venir des artifices de Bretagne

– Panégyriques latins iv(8) et v(9) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 164Quatrième moyen : envoyer des détachements de soldats

et des ingénieurs militaires remettre en état les infrastructuresliées à l’eau – Panégyriques latins v(9) et viii(5) . . . . . . . . . . . . . . . . . 165

Cinquième moyen : repeupler la cité et l’ordo decurionum– Panégyriques latins v(9) et viii(5) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167

Sixième moyen : transférer des populations barbares– Panégyrique latin iv(8) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171

Chapitre 5Eumène et l’affaire de la reconstruction des écoles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 177

La nomination d’Eumène à la tête des écoles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 178Portrait d’Eumène . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 178La carrière d’Eumène . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183

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La lettre de nomination d’Eumène à la tête des écoles . . . . . . . . . . . . . . . 192Les fonctions d’Eumène au sein des écoles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 200

Le rôle d’Eumène dans la reconstruction des écoles de sa patrie . . . . . . . 205Les arguments invoqués. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 206Le salaire d’Eumène, source de financement de l’acte d’évergétisme . . . . . . 207Les mécanismes comptables et juridiques de l’acte d’évergétisme . . . . . . . . 210

Chapitre 6Le Vir perfectissimus et l’affaire de la reconstruction des écoles . . . . . . . . . . 219

Le Vir perfectissimus dans le discours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 220Les occurrences de perfectissimus dans le discours . . . . . . . . . . . . . . . . . . 220Rappels sur le titre de Vir perfectissimus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 221

Le rôle du Vir perfectissimus à travers le discours d’Eumène. . . . . . . . . . 222Un gouverneur en tournée d’inspection. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 222Un expert chargé de transmettre un dossier en haut lieu. . . . . . . . . . . . . . 226

Le Vir perfectissimus : praeses Lugdunensis, praeses Lugdunensis primaeou uicarius dioecesis Galliarum ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 229Un uicarius dioecesis Galliarum ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 231Praeses lugdunensis ou praeses lugdunensis primae ? . . . . . . . . . . . . . 235

Les qualités attribuées au gouverneur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 238Compétences oratoires, humanitas et uenia . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 238Les raisons de l’absence d’un éloge en bonne et due forme

du Vir perfectissimus. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 241Le « mystérieux Glaucus » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 243

Chapitre 7Fiscalité, désolation des campagneset banqueroute financière sous Constantin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 251

Les clés pour « décoder » le Panégyrique latin viii(5) . . . . . . . . . . . . . . . 251Le cœur du problème : le poids de la nouvelle tarification fiscale . . . . . . 254

Les faits . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 254Interprétation et traduction des termes techniques . . . . . . . . . . . . . . . . . . 263

Les bénéficiaires de l’exemption fiscale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 270La crise des années 305-310 en perspective . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 275

Première phase : le cœur de la crise (années 269-280) . . . . . . . . . . . . . . . 276Deuxième phase : réforme de l’État, rétablissement de l’Empire

et rétablissement d’Autun (époque tétrarchique) . . . . . . . . . . . . . . . . . . 276Troisième phase : retour à la normale avant l’application du nouveau

système fiscal (seconde Tétrarchie et époque constantinienne) . . . . . . . . . 278Quatrième phase : l’appel au prince

et la résolution de la crise (310-311) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 278

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Aspects idéologiques

Chapitre 8Les Éduens face aux empereurs : images et représentations du pouvoir . . . . 289

De l’image et du « métier d’empereur » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 291L’empereur restitutor orbis, restaurator urbis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 291L’empereur, modèle d’actions et de vertus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 312

Les rencontres entre la cité et les empereurs : mises en scène et enjeux 325L’empereur et la cité : deux individus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 325Les modalités de la rencontre : aduentus et audientia . . . . . . . . . . . . . . . 327Sentiments et politique : l’amour, les larmes, la joie . . . . . . . . . . . . . . . . . 335

Chapitre 9Aedui fratres populi Romani. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 347

Aux origines du titre de fratres populi Romani . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 348Le contexte de l’alliance entre Romains et Éduens . . . . . . . . . . . . . . . . . . 348Le fonctionnement de l’alliance et le titre de fratres dans les sources . . . . . 349

L’apport du Panégyrique latin viii(5) à la connaissance du titre de fratres. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 352

Justification et principes du foedus selon l’Anonyme de 311. . . . . . . . . . . 353La nature du titre de fratres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 354Les clauses du traité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 357

Le bouclier de Diviciac, ou les « lieux de mémoire »du peuple éduen au début du ive siècle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 366

De la République à Constantin : les canauxde transmission de la mémoire locale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 366

Pourquoi ce recours insistant au passé lointain ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 373

Chapitre 10De Bibracte à Flauia Aeduorum : noms et titulature de la cité . . . . . . . . . . . 379

Étude détaillée des Panégyriques latins v(9), 5, 1 et viii(5), 14, 5 . . . . . 380Panégyrique latin v(9), 5, 1 : istam coloniam […]

erigere atque animare statuerunt . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 380Panégyrique latin viii(5), 14, 5 : iam non antiquum bibracte,

quod huiusque dicta est Iulia Polia Florentia,sed Flauia est ciuitas Aeduorum . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 383

Étude des épithètes Iulia, Polla (ou Pollia) et Florentia . . . . . . . . . . . . . 387Iulia . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 388Florentia . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 392Polla ou Pol(l)ia . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 395

Arguments complémentaires en faveurde l’attribution du statut de colonie latine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 403

La question des Iulii éduens. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 403

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tA bl e de s m At I è r e s 543

L’enceinte urbaine. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 404Le statut civique des Éduens et le premier grand-prêtre provincial . . . . . . 406Autun : une « vitrine de la romanisation » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 407Une colonie latine ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 409

Épilogue : des titres creux ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 410

Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 421Un dossier documentaire exceptionnel sur une cité gallo-romaine . . . . . 421

Une documentation réévaluée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 421Une contribution à l’étude des institutions municipales . . . . . . . . . . . . . . 424Une contribution à l’étude de la « civilisation municipale » . . . . . . . . . . . 426

L’empreinte de Rome sur les Gaules : quelques réflexions autour de l’exemple éduen . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 429La vie municipale en Gaule dans les années 290-310 :continuités et ruptures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 435

AnnexeNotables et clercs éduens du milieu du iiie au début du ive siècle

Notices individuelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 443Les notables éduens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 443Les ecclésiastiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 453

Les élites éduennes aux iiie-ive siècles : une continuité douloureuse . . . . . . 461

Bibliographie générale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 469

IndIces

Index des sources . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 517Index des lieux, des peuples et des cités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 525Index thématique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 531

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