ANNEXE reference pilote aeroground ARTICLE ACY 24H 2015

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REFERENCE PILOTE PROJET 16 Nord vaudois - Broye aéronautique. Si beaucoup sont ef- fectivement de petites équipes in- novantes, il faut ensuite de grandes entreprises capables de poursuivre et d’assumer l’industrialisation. D’autres projets se feront à Payerne», assure-t-il. «Accord de principe» Reste que tout n’est pas encore joué pour l’Air-Club d’Yverdon, qui espère pouvoir lancer les travaux au printemps prochain. Il dispose d’un «accord de principe» de la Mu- nicipalité pour prolonger de quinze ans le droit de superficie, jusqu’en 2045 – et ainsi obtenir un emprunt bancaire afin de réunir les 4 à 6 millions nécessaires au projet. Mais le contrat doit encore passer devant le Conseil communal et le dossier devant les autorités compé- tentes. «Il faudra réfléchir, analyser les conséquences positives et négati- ves, précise le syndic, Jean-Daniel Carrard. Y aura-t-il plus de bruit et de passages? Est-ce qu’on peut dé- multiplier les structures entre Payerne et la Blécherette?» Il faut en tout cas s’attendre à refaire en- tièrement l’étroite route d’accès, les canalisations, et les digues de la Thièle. sans parler des coûts», explique au- jourd’hui Pierre-Philippe Viret, dont l’entreprise est basée en Inde et à… Payerne. Yverdon laisse éga- lement plus de marge de manœuvre: la piste dispose d’un plafond de 30 000 mouvements par année, jusqu’à 22 h. A Payerne, l’armée laisse 8400 mouvements aux civils, aux heures de bureau. «L’essentiel, c’est que ce projet se fasse», réagit le directeur de la Communauté régionale de la Broye, Pierre-André Arm, qui con- cède quelques «regrets» même si, pour lui, les deux places sont «com- plémentaires». «Il faut pouvoir as- surer la mixité des structures en L’entreprise y prévoit un petit «aéro-parc», pendant du Parc scientifique et technologique de la cité thermale. «L’idée est de fournir un sup- port aux nombreuses petites entre- prises, aux start-up formées ici mais qui partent ensuite en Eu- rope, enchaîne l’ingénieur Pierre- Philippe Viret. En synergie avec l’EPFL, les Universités de Lausanne et de Neuchâtel, la Suisse romande a une carte à jouer.» Les spécialis- tes imaginent la réalisation par- tielle de prototypes, sans aller jus- qu’à proposer une chaîne de mon- tage complète. Des entreprises étrangères figureraient déjà parmi les intéressés. Pour faire passer le projet, l’Air- Club se veut rassurant. «Les avions ne passeront pas par la ville, et nous restons dans la même catégo- rie d’appareils», souligne le prési- dent, Georges Chevalley. Pour lui, aucune adaptation du cadastre du bruit ou des procédures de vol ne seront nécessaires. Le concept du projet avait déjà été proposé sur la place payer- noise, des terrains avaient même été réservés à l’aéropôle. «Mais le règlement d’exploitation civil de l’aérodrome militaire tardait trop, L’Air-Club compte développer un «aéro-parc» de pointe au bord du tarmac Erwan Le Bec La petite piste de l’Air-Club d’Yver- don, 900 mètres de bitume perdus entre un champ et les digues de la Thièle, pourrait bien devenir un véritable hub dédié à l’aéronauti- que. Le projet était d’abord prévu sur l’Aéropôle de Payerne, et veut réunir sur la place la crème des étudiants de l’EPFL et tout ce que le pays compte de start-up spéciali- sées en développement d’appareils embarqués, ou d’ingénierie aé- rienne. C’est du moins le projet qui a été récemment déposé pour enquête préalable auprès de la Ville d’Yver- don et de l’Office fédéral de l’avia- tion civile. Il comprend tout un vo- let technologique, qui vient s’ajou- ter aux projets de développement prévus de longue date par l’aéro- drome d’Yverdon, qui peine à assu- mer son statut de deuxième piste du canton et sixième de Suisse. Du reste, le tarmac yverdonnois n’est officiellement qu’un «champ d’aviation». En dehors de la piste construite en dur en 2000, l’essen- tiel des installations ont été assem- blées au coup par coup depuis 1945. Il faut savoir aussi que la Thièle, par grandes eaux, peut tra- verser la digue voisine et inonder jusqu’aux hangars. «On a hésité à faire payer une taxe d’atterrissage aux canards», plaisante Laurent Dellsperger, responsable des infra- structures. Places de travail à la clé C’est là que doivent s’implanter six hangars entièrement neufs, un res- taurant, les bâtiments du club, et surtout une impressionnante cour- sive. Ce long bâtiment de locaux modulaires est prévu pour donner directement sur les hangars. Dont deux adaptés aux hélicoptères, un réservé aux ateliers, les autres con- çus pour des multimoteurs de 15 mètres d’envergure: les plus pri- sés en aviation d’affaires. «En tout, ce sera 3000 m 2 de bureaux et entre 60 et 120 places de travail», résume Antoine Was- serfallen, architecte d’Aeroground Concept. L’ancien municipal Vert de Moudon préside aujourd’hui cette coopérative passée maître dans les travaux aéroportuaires et chargée du projet yverdonnois. Aéronautique Le nouvel aérodrome d’Yverdon veut attirer les avions de demain Taxiway Hangar 800 m 2 Hangar 945 m 2 4 hangars d'env. 1100 m 2 chacun La Thièle Immeuble de bureaux env. 7000 m 2 sur 4 niveaux Poste carburants Piste d'envol Le spectaculaire projet d’agrandissement de l’aérodrome d’Yverdon P. FY SOURCE: AIR-CLUB YVERDON YVERDON- LES-BAINS Aérodrome La Thièle Le Bey Selon le projet de drainage du site, le niveau du sol doit être rehaussé de 60 cm afin de mettre au sec les 12 nouveaux bâtiments. Le tarmac doit être percé de 13 bandes herbeuses afin de laisser l’eau s’infiltrer. La nappe phréatique, protégée, doit rester à 2 m sous les construc- tions, qui seront bâties en tirants afin de préserver le sol. Sur les 3000 m 2 de bureaux et de hangars, les architectes envisa- gent 7000 m 2 de panneaux solaires, soit 3 à 4 mégawatts par an. Deux réservoirs de 55 000 litres sont prévus pour l’essence. Ils seront surélevés et mis aux normes. L’idée est de faciliter l’accès aux bicyclettes, en leur créant 90 places de parc, et d’y amener une ligne de bus. Au total, le projet est devisé à 7 millions. Les mouvements restent plafonnés à 30 000 par an (quelque 22 000 sont réellement effectués sur la place). Avec l’augmentation des vols d’affaires et liés au hub, la hausse devrait atteindre 10%. En chiffres Georges Chevalley Président de l’Air-Club «Les avions ne passeront pas par la ville, et nous resterons dans la même catégorie d’appareils» 24 heures | Samedi-dimanche 9-10 mai 2015

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� REFERENCE PILOTE PROJET

16 Nord vaudois - Broye 24 heures | Samedi-dimanche 9

aéronautique. Si beaucoup sont ef-fectivement de petites équipes in-novantes, il faut ensuite de grandesentreprises capables de poursuivreet d’assumer l’industrialisation. D’autres projets se feront à Payerne», assure-t-il.

«Accord de principe»Reste que tout n’est pas encorejoué pour l’Air-Club d’Yverdon, quiespère pouvoir lancer les travaux au printemps prochain. Il dispose d’un «accord de principe» de la Mu-nicipalité pour prolonger de quinze ans le droit de superficie, jusqu’en 2045 – et ainsi obtenir unemprunt bancaire afin de réunir les4 à 6 millions nécessaires au projet.Mais le contrat doit encore passer devant le Conseil communal et le dossier devant les autorités compé-tentes.

«Il faudra réfléchir, analyser lesconséquences positives et négati-ves, précise le syndic, Jean-Daniel Carrard. Y aura-t-il plus de bruit etde passages? Est-ce qu’on peut dé-multiplier les structures entre Payerne et la Blécherette?» Il faut en tout cas s’attendre à refaire en-tièrement l’étroite route d’accès, les canalisations, et les digues de laThièle.

sans parler des coûts», explique au-jourd’hui Pierre-Philippe Viret,dont l’entreprise est basée en Indeet à… Payerne. Yverdon laisse éga-lement plus de marge de manœuvre: la piste dispose d’un plafond de 30 000 mouvements par année, jusqu’à 22 h. A Payerne,l’armée laisse 8400 mouvements aux civils, aux heures de bureau.

«L’essentiel, c’est que ce projetse fasse», réagit le directeur de la Communauté régionale de la Broye, Pierre-André Arm, qui con-cède quelques «regrets» même si, pour lui, les deux places sont «com-plémentaires». «Il faut pouvoir as-surer la mixité des structures en

L’entreprise y prévoit un petit «aéro-parc», pendant du Parc scientifique et technologique de lacité thermale.

«L’idée est de fournir un sup-port aux nombreuses petites entre-prises, aux start-up formées ici mais qui partent ensuite en Eu-rope, enchaîne l’ingénieur Pierre-Philippe Viret. En synergie avec l’EPFL, les Universités de Lausanneet de Neuchâtel, la Suisse romandea une carte à jouer.» Les spécialis-tes imaginent la réalisation par-tielle de prototypes, sans aller jus-qu’à proposer une chaîne de mon-tage complète. Des entreprises étrangères figureraient déjà parmiles intéressés.

Pour faire passer le projet, l’Air-Club se veut rassurant. «Les avionsne passeront pas par la ville, et nous restons dans la même catégo-rie d’appareils», souligne le prési-dent, Georges Chevalley. Pour lui, aucune adaptation du cadastre dubruit ou des procédures de vol ne seront nécessaires.

Le concept du projet avait déjàété proposé sur la place payer-noise, des terrains avaient même été réservés à l’aéropôle. «Mais le règlement d’exploitation civil de l’aérodrome militaire tardait trop,

L’Air-Club compte développer un «aéro-parc» de pointe au bord du tarmacErwan Le Bec

La petite piste de l’Air-Club d’Yver-don, 900 mètres de bitume perdusentre un champ et les digues de la Thièle, pourrait bien devenir un véritable hub dédié à l’aéronauti-que. Le projet était d’abord prévu sur l’Aéropôle de Payerne, et veut réunir sur la place la crème des étudiants de l’EPFL et tout ce que lepays compte de start-up spéciali-sées en développement d’appareilsembarqués, ou d’ingénierie aé-rienne.

C’est du moins le projet qui a étérécemment déposé pour enquête préalable auprès de la Ville d’Yver-don et de l’Office fédéral de l’avia-tion civile. Il comprend tout un vo-let technologique, qui vient s’ajou-ter aux projets de développement prévus de longue date par l’aéro-drome d’Yverdon, qui peine à assu-mer son statut de deuxième piste du canton et sixième de Suisse.

Du reste, le tarmac yverdonnoisn’est officiellement qu’un «champd’aviation». En dehors de la piste construite en dur en 2000, l’essen-tiel des installations ont été assem-blées au coup par coup depuis1945. Il faut savoir aussi que laThièle, par grandes eaux, peut tra-verser la digue voisine et inonder jusqu’aux hangars. «On a hésité à faire payer une taxe d’atterrissage aux canards», plaisante Laurent Dellsperger, responsable des infra-structures.

Places de travail à la cléC’est là que doivent s’implanter sixhangars entièrement neufs, un res-taurant, les bâtiments du club, et surtout une impressionnante cour-sive. Ce long bâtiment de locaux modulaires est prévu pour donnerdirectement sur les hangars. Dont deux adaptés aux hélicoptères, unréservé aux ateliers, les autres con-çus pour des multimoteurs de 15 mètres d’envergure: les plus pri-sés en aviation d’affaires.

«En tout, ce sera 3000 m2 debureaux et entre 60 et 120 places de travail», résume Antoine Was-serfallen, architecte d’AerogroundConcept. L’ancien municipal Vert de Moudon préside aujourd’hui cette coopérative passée maître dans les travaux aéroportuaires et chargée du projet yverdonnois.

Aéronautique

Le nouvel aérodrome d’Yverdon veut attirer les avions de demain

Taxiway

Hangar800 m2

Hangar945 m2

4 hangarsd'env. 1100 m2

chacun

La ThièleImmeublede bureauxenv. 7000 m2

sur 4 niveaux

Postecarburants

Piste d'envol

Le spectaculaire projet d’agrandissement de l’aérodrome d’Yverdon

P. FY SOURCE: AIR-CLUB YVERDON

YVERDON-LES-BAINS

Aérodrome

La Thièle

Le Bey

Selon le projet de drainage du site, le niveau du sol doit être rehaussé de 60 cm afin de mettre au sec les 12 nouveaux bâtiments. Le tarmac doit être percé de 13 bandes herbeuses afin de laisser l’eau s’infiltrer. La nappe phréatique, protégée, doit rester à 2 m sous les construc-tions, qui seront bâties en tirants afin de préserver le sol. Sur les 3000 m2 de bureaux et de hangars, les architectes envisa-gent 7000 m2 de panneaux solaires, soit 3 à 4 mégawatts par an. Deux réservoirs de 55 000 litres sont prévus pour l’essence. Ils seront surélevés et mis aux normes. L’idée est de faciliter l’accès aux bicyclettes, en leur créant 90 places de parc, et d’y amener une ligne de bus. Au total, le projet est devisé à 7 millions. Les mouvements restent plafonnés à 30 000 par an (quelque 22 000 sont réellement effectués sur la place). Avec l’augmentation des vols d’affaires et liés au hub, la hausse devrait atteindre 10%.

En chiffres

GeorgesChevalleyPrésident del’Air-Club

«Les avions ne passeront pas par la ville, et nous resterons dans la même catégorie d’appareils»

24 heures | Samedi-dimanche 9-10 mai 2015