ANNALES -

DE LYON

ET DES

S O c I f i ~ f i BOTANIQUE DE LYON ^

SOCIETE D'AiwHR0P0JAOGJE ET Di" BIOJ.OG1E DE LYON R ~ u N I E S

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NOUVELLE S ~ I E - TOME SOIXANTE-DOUZI~ME

- ' LYON ,-

J O A N N ~ DESVIGNE & CIE, LIBRAIRES-ÉDITEUR

Numérisatio Sociét linnéenn de Lyon

LA FLAGELLOSE DES EUPHORBES DANS LA HAUTE-MAERIEiWÃ

P A n

M. A U B E R T O T

Prhsenth A la Sociiitb Linnhenne de Lyon, en la Siiance du a3 fhvrier 1925. ' ,

Dans la skance du a8 mai 1923, M. P. NOBI?COCRT a résum en peu de mots pour les membres de la Sociét Linnéenn de Lyon, ce que l'on savait à cette époqu des Flagelloses d'Euphorbes, dues à la présenc dans le latex d'un Trypanosomide particulier, le Lepiornonas Davidi Lafont f i 1. Il rappelait que ce Leptomonas, aprè avoir ét longtemps considér comme un para-site des Euphorbes tropicales exclusivement, avait ét retrouvà successi- vement au Portugal et en Italie, et enfin en France, dans le Maine-et-Loire ( 1 ) . Pour terminer, il souhaitait de voir ses confrère rechercher autour d'eux le Flagellé afin d'en précise la répartitio géographique Vers la mêm époque comme pour pouvoir répondr au vœ exprimà par mon excellent collègue je découvrai le Leptomonas Davidi dans le latex de 17Ez~p1torbia Cyparissias L. sur le plateau calcaire de la montagne Nationale, & Obernai (Bas-Rhin) [3]. J'ai eu l'occasion de revoir le Lepto- monas dans des Euphorbes provenant du mêm endroit au mois de décembr 1923, sous la neige [hl, et au printemps de 1924.

Pendant ces grandes vacances, j'ai entrepris de rechercher systématiquemen le Leptomonas Davidi chez les Euphorbes, et en particulier, chez 1'E. Cyparissias, dans les localité oà j'aurais l'occasion de séjourner Je consigne dans la présent note les résultat de mes recherches dans la régio de Teqmignon (Savoie), pendant les mois d'aoû et de septembre 1924.

L'Euphorbe Petit-Cyprè est extrêmemen répandu dans la vallé du Doron, depuis Termignon, oà il se jette dans l'Arc,

(1) Consulter aussi pour la bibliographie : MESNIL, F [a ] . Le L. Davidi avait ét observà (Tailleurs par GALLI-VALERIO au val d'He-

rens (Suisse), Ã l'altitude de I .3oo m$tres, dans I'Euphorbia gerardiana [a. ;

$ 1

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jusqu'& Entre-deux-Eaux'oà i l naî de la jonction de la Leisse et de la Rocheure. On la rencontre dans le vallon de la Rocheure jusqu'& 2.400 mètre d'altitude (ébouli de la Sana) et dans celui d e la Leisse jusqu'a 2.500 mètre environ. LA, elle est assez commune aux bords des sentiers et dans le voisinage des chalets, ce qui démontr son introduction ( 1 ) . Elle pullule tout le long du sentier muletier de la Vanoise, de Termignon à Entre-deux-Eaux.

FIG. 1. - Croquis de la rbgion au nord de Termignon (Savoie). Les places A Leptomonas Davidi sont marquees par des croix; les places i Lygieus par des points.

J'ai trouvà le Leptomonas Davidi en six points différents immédiatemen au-dessus de Termignon, sur les schistes lustrés les calcaires dolomitiques, les ébouli et cône de déjectio de la vallé du Doron (cg. 1 ) . Ces stations sont toutes sur la rive gauche du torrent, et leur altitude varie. de I .3ooAa I .5oo mètres Partout, c'est le L. Davidi typique que j'ai pu observer. A l'éta frais, c'est un Trypanosomide long et étroit trè effilà à sa partie p s tér ieu r et présentan une, deux ou trois torsions trè nettes

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LA FLAGELLOSE DES EUPHORBES /

sur son axe. Il est assez mobile et progresse par oscillations rapides, en s'aidant de son flagelle. La torsion persiste mêm pendant les déplacements Les frottis exécutà sur le terrain, fixé aux vapeurs d'acide osmique et coloré au Giemsa, montrent*

, un corps dont la longueur varie de o,ot!$ mm. à 0,023 mm. pour une largeur moyenne de 0,0015 à 0,002 mm. Le noyau est situà vers l'union du tiers antérieu avec le- tiers moyen, souvent au niveau de la premièr torsion. Il est allongà dans le sens de l'axe - (0 ,001 sur 0,003 mm ). Mastigosome 0,003 mm. environ du bec

/

FIG. 2. - Leplornonas Duvidi du latex de YEuphorbia Cyparissias '. I , formes normales; a, forme trapue de d&$nérescence 3 forme arrondie aflagelléc 4 , 5, formes de division; A, grain ou bitonnet d'amidon ; 6, Leptomonas de Lygzus.

antérieur Il en part un flagelle fip, de longueur variable suivant les hasards du frottis et qui sort immédiatemen du corps sans passer forcémen par la pointe antérieure Il est trè fragile ; on trouve de nombreux flagelles libres dans les préparations J'ai observà quelques formes géantes dont le premier tiers fortement renflà renferme le noyau volumineux et le mastigosome rappro- chés Quelques cas de scission postérieur analogues 2 ceux qu'a signalé FRANCA [fi]. Mes frottis ne renferment que de trè rares formes de division; rares formes de dégénéresce consistant, comme d'habitude en corps arrondis allagellés

(1) Renseignements communiqué par M. TIHABAUD, de Lyon, à q u i j'ex- .prime m e s plus vifs remerciements.

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BANS LA HAUTE-MAUBIEKNE 39

Sur 48 Euphorbes étudiée j'en ai trouvà 12 infectées soit exactement 25 %. La plupart du temps, l'infection étai puis- sante, parfois massive.

Je n'ai jamais rencontrà le parasite chez les Euphorbes vigou- reuses; mais c'est en vain que j'ai cherchà à caractérise les plantes infectée par leur aspect extérieur On si trouve ordinai- rement en présenc d'une Euphorbe dont là tige présent des taches d'un rouge foncé L'inflorescence est réduit à un faisceau de pédoncule desséchà sans traces de graines, ou mêm sim- plement à son pédoncul primaire. Rameaux stérile d'apparence normale, mais ayant une tendance à perdre leurs feuilles à la base. Ces caractère existaient d'ailleurs chez toutes les Euphorbes de la vallé supérieur du Doron, d'Entre-deux-Eaux et de la Leisse oà j'ai fait cependant prè de 150 observations, toutes négatives Les symptôme internes plaident davantage en faveur d'une flagellose au sens pathologique du mot. Le latex est ordi- nairement peu abondant : on doit souvent presser la tige pour -obtenir une petite quantité d'écum blanchâtre Ce latex est aqueux, et surtout il ne renferme que de rares grains d'amidon plus ou moins altéré Ce dernier caractèr est de beaucoup le l u s constant et mérit seul, ii mon avis, d'êtr retenu. . J'aurais désir rencontrer en mêm temps le ou les agents

vecteurs du ara site qui appartiennent sans doute au groupe des Hémiptèr phytophages. On sait, en effet, que BOUET et Roc- BAGD [7J ont montrà que le Lygéid Dieuches humilis Reuter transmet le L. Dauidi d'Euphorbe à Euphorbe. De même GALLI- VALERIO a insistà sur la coïncidenc entre les infections des Euphorbes et la présenc de Sfenocepha1u.t infecté [SI. FMKGA [CJ] a pu établi le cycle du L. Davidi de l'Euphorbe au Sfenocephalus agilis Scop., un Coréid considér comme l'hôt primitif du Fla- gellé Le temps m'a manquà pour faire il ce point de vue une exploration minutieuse de la région mais mon attention a ét attir6e par la présence en quantité considérables dans le fond de la vallé et parmi les places infectées d'un Lygéid commun, le J-. saxalilis Scop. dont j'ai recueilli quelques exemplaires. Un examen rapide apres dissection n'a permis de constater que, dans environ 20 O / o des cas, le tube digestif renfermait un Lepto- monas dont les caractère sont les suivants (fig. 2, 6) : corps .

allongé :I pointe postérieur bien marqué et <t pointe antérieur .

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mousse. Protoplasme renfermant à la partie postérieur des vacuoles grossières Dimensions : 0,0282 mm. sur 0,002 it

0,003 mm. Noyau assez régulièreme arrondi (diamètr : 0,0025 , it 0,003 mm.), ou légèreme allongà dans le sens de l'axe. Sa position oscille entre le tiers antérieu et le milieu du corps. Mas- tigosome allongà transversalement, à 0,0045 mm. environ de la pointe antérieur et'à la mêm distance en avant du noyau. A une petite distance en avant du mastigosome, mais sépar de lui par une zone claire, naî le flagelle qui sort par la pointe antérieure Sa longueur moyenne est de 0,048 à 0,050 mm. Ce Leptomonas est trè souvent tordu une ou plusieurs fois sur lui-même Toute- fois, cette torsion ne donne pas la mèm impression que celle du L. Davidi. Elle paraî due ici aux irrégularità du frottis et je ne l'ai pas observé sur le vivant. Les formes de division étaien extrêmemen rares.

i0 L'infection à L. Davidi existe donc chez l1Euphorhia Cypa- rissias dans la Haute-Maurienne, prè de Termignon, à une altitude variant entre i .3oo et I .5oo m. Elle est le plus souvent massive; le quart environ des plantes examinée sont atteintes.

20 Il ne paraî pas exister de symptôme externes de flagellose, mais le latex est en génér peu abondant. Le symptôm interne le plus frappant consiste dans la raretà des bâtonnet d'amidon.

3O Parallèlemen à cette infection, on trouve une infection Ã

Leptomonas chez le Lygseus saxatilis trè répand dans la région

INDEX BIBLIOGRAPHIQUE

[il. NOB~COURT, P. - Bull . bimensuel Soc. Lin. Lyon, 2e année no I 1 , p. 77-78.

[2]. MESSIL, P. - La à tlagellose à ou à leptomoniase à des Euphorbes et des Asclépiadacé (Ann. des Sc. nat. Bot., 10' série t. III, 1 9 2 1 ) .

[3]. AUBERTOT, M. - Présenc du Leptomonas Davidi Laf. chez une Euphorbe d'Alsace (C. R. Soc.. Biol., t. LXXXlX, p. I I I I ,

1 9 2 3 ) .

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DANS LA HAUTE-BIAURIEXSIC 41

[4J . AUBERTOT, M. - La ilag'ellose des Euphorbes en Alsace (Bu l l . de l'Assoc. philom. d'Alsace et de Lorraine, anné 1924) et aussi :

[ S I . NOB~COURT, P. - Bull . bimensuel Soc. L in . Lyon, année no 9, p. 68.

[6]. FRANÇA C. - La flagellose des Euphorbes (Arch . f . Prolisfenk., t. XXXIV. p. 108, 1914).

L7]. BOUET et ~IOUBAUD. - Sur la présenc au Dahomey et le mode de . transmission du Lepiomonas Dauidi Lafont, flagellà parasite

des Euphorbiacée (C. fi. Soc. Bi01 , t . LXX, p. 55, 191 1).

181. GALLI-VALERIO, B. - La flagelhase des Ihphorbiacée en Suisse (Schiwizer Mediz. Wbch. , 11' 50)

(91. FRANC.*, C. - La flagellose des Euphorbes ( P partie) (Am. de l'fnstitiit Pasteur, t. XXXIV, p. 432, i ~ a o ) .

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