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p 1 E.S.T. ECOLE DE SHIATSU TRADITIONNEL STEPHANE GOUILLART L’anatomie vibrante…

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    E.S.T. ECOLE DE SHIATSU TRADITIONNEL

    STEPHANE GOUILLART

    L’anatomie vibrante…

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    L’Homme est un paysage

    « Si quelque chose est sacré, le corps humain est sacré » (Walt Withman)

    Introduction

    D’après Léonard de Vinci, l’anatomie musculaire détermine la forme du corps humain.

    L’Homme est entre le Ciel et la Terre. Ne fait-il pas partie des arbres, des montagnes, des vallées et des champs, des fleuves et des mers ? Tout son être d’ailleurs ressemble à la nature et emprunte ses mots (col du fémur, épines dorsales, trou occipital, creux poplité, crête iliaque…). Tout comme le volcan, la forme du corps humain dépend de la substance qui la façonne (magma-eau).

    Dans un très beau livre, « Le Chaos sensible », Theodor Schwenk nous invite à boire le monde : « Léonard de Vinci, Goethe, Novalis sentaient en l’eau un universel non encore fixé, mais capable de se laisser modeler du dehors un indéterminé pourtant déterminable, un chaos sensible.»

    L’Homme est constitué à 70% d’eau. L’eau décrit des surfaces sinueuses. Vaisseaux, muscles et os sont traversés par des systèmes de courants.

    « On voit se prolonger les systèmes de courants jusque dans l’intérieur de l’os, où ils engendrent la structure lamellaire du tissu spongieux. Ils s’insèrent alors dans la statique et dans la dynamique de la station verticale et de la marche. Ainsi se referme un cycle, car la statique et la dynamique des membres dépendent de la traction exercée sur eux par les muscles et derrière ceux-ci, il y a la volonté invisible de l’homme ; avant qu’aucun mouvement ne soit perceptible, elle envoie un flux de sang au muscle à mouvoir. »

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    « Ainsi donc les formes fixées des vaisseaux, des muscles, des ligaments, des tendons, des os, révèlent un seul et même mouvement fluide qui a conduit ces organes à se solidifier progressivement tout en gardant, bien reconnaissable, les marques du courant hélicoïdal. »

    L’Homme, entre le Ciel et la Terre… comme les arbres, les montagnes, les vallées et les champs, les fleuves et les mers. Tout son être est à l'image de la nature et lui emprunte son vocabulaire : on parle de « col » du fémur, d’« épines » dorsales, de « trou » occipital, de « creux » poplité, de « crête » iliaque, de « mont » de Vénus, d’« arbre » bronchique et urinaire… Toute forme vivante procède de la substance qui la façonne : il en est ainsi du magma pour le volcan, de l’eau pour le corps humain. L’homme est constitué de 70% d’eau ; l’analogie est frappante : les océans couvrent 70% des terres. Je cite Bernard Bouheret : « La pratique du Shiatsu s’inscrit dans un rituel, une chorégraphie, une forme que l’on nomme « Kata » au Japon. On fait le tour du corps comme on fait le tour du monde. Chaque partie est un continent qui appartient à la même planète. Les mains du praticien connaissent parfaitement la carte du corps-planète. Les doigts savants pressent en différents endroits et profondeurs, avec une force adaptée, afin d’ouvrir ou de fermer les écluses des méridiens, véritables chemins, sentiers qui véhiculent les souffles. Alors, le Shiatsu est dit thérapeutique, le praticien a du savoir-faire et par son intention le fait savoir au corps. »

    Comme la pluie tombe sur notre tête et coule jusqu’à nos pieds, parcourons ensemble le corps humain avec nos mains de praticiens de Sei Shiatsu.

    Le début du voyage : Le continent Dos

    Tout comme la rivière sous terre et en surface façonne les paysages, devenant fleuve et mer, le Ki ou énergie vitale unifie le corps humain, parcourant sa surface et ses profondeurs à travers les méridiens nourriciers. Les Tsubos empruntent des noms poétiques : peut-être est-ce pour nous aider à passer sur un autre plan plus subtil, énergétique?

    Notre main prend tout d’abord contact avec les épines dorsales de la colonne vertébrale, perçue en convexité (cyphose-bosse) et concavité (lordose-creux). Cinq fois elle se pose en épousant les reliefs :

    - premier temps : sur la charnière cervico-dorsale, elle « gravit la pente » ; - deuxième temps : au centre de la convexité (cyphose), elle arrive au « sommet de la montagne » ; - troisième temps : au bas de la cyphose, elle « descend au village » ; - quatrième temps : au creux des lombes, elle se trouve « au fond de la vallée » ;

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    - cinquième temps : elle prend appui sur le sacrum et « s’assied sur la colline ». Descendons ensuite la première chaîne de Vessie en effectuant, en neuf temps, des pressions de chaque côté des apophyses transverses le long de la gouttière formée par les vertèbres et les côtes. Ainsi stimulée, cette chaîne active les ganglions lymphatiques du système nerveux autonome qui transmettent les informations de la moelle épinière. En prenant appui sur nos pouces, nous n’éprouvons plus seulement les reliefs, mais la verticalité, la rectitude, l’équilibre dans la structuration ternaire du corps. Nos pressions se font équilibrées et se déclinent maintenant en trois temps : poser - pénétrer - se retirer. Tout au long de notre trajet, nous trouvons les points Shu (ou d’assentiment) dorsaux, points en relation avec toutes les fonctions organiques du corps. En descendant ainsi, avec force et profondeur, nous découvrons que s’opère déjà un petit équilibre, un totum, une unité organique. Abordons maintenant la deuxième chaîne de Vessie, qui manifeste l’aspect plus psychologique de l’homme. Les pressions deviennent plus légères et se succèdent en alternance : une fois à droite en neuf temps, une fois à gauche toujours en neuf temps. Comme l’alternance du Yin/Yang, une seule main à la fois : « une fois Yin, une fois Yang, voilà le Tao ». Arrêtons-nous sur les cinq grands points du psychisme en liaison avec les Cinq éléments de la Terre, qui ont tous un effet particulier sur l’Esprit :

    Prise de contact : notre main, véhicule du Shen, prend contact avec les épines dorsales de la colonne, avec ses courbures (cyphose et lordose). Elle a donc une forme de S allongé. Elle présente des sillons plus ou moins profonds. Elle permet la protection de la moelle épinière, la rectitude de l’Homme.

    13V

    17V

    21V

    23V

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    Sur la première chaîne de Vessie, nous pressons de chaque côté des apophyses transverses (apophyse signifie excroissance en grec) le long du longissimus qui occupe la gouttière formée par les vertèbres et les côtes. Nous sommes sur les points Shu dorsaux. Nous rétablissons le flux, le courant du Ki. Arrêtons-nous notamment sur les points suivants : (13V Feishu Shu des Poumons, 17V Geshu Shu du diaphragme, 21V Weishu Shu de l’Estomac, 23V Shenshu Shu des Reins).

    Le long des berges, allons maintenant à la découverte du grand trochanter* avec le 30 VB (Huan Tiao, Cercle bondissant). Touchons les crêtes postérieures des iliaques et déplaçons-nous sur le sacrum et ses huit trous sacrés. La main s’applique à « ouvrir la Terre sacrée » : tournons autour de l’articulation sacro-lombaire en quatre points circonscrits dans un cercle, et dégageons celle-ci. Puis élargissons le mouvement aux muscles fessiers, puissants haubans reliant tronc et membres inférieurs. ------------- * Du grec trochanter signifiant « qui fait tourner ».

    Sentons ensemble le grand trochanter (roue en grec) avec le 30VB (Huantiao Entoure et fait bondir).

    En poursuivant notre chemin, faisons une halte au 34 VB (Yang Ling Quan, Source de la colline Yang), puis pressons avec délicatesse le 40 V (Wei Zhong, Centre du pli) avant de redescendre le fleuve Vessie le long du galbe du mollet. Reprenons alors tranquillement notre souffle au 57 V (Cheng Shan, Support de la montagne) et allons, en longeant la gouttière du tendon d’Achille, jusqu’au point 60 V (Kun Lun, Mont Kun Lun). Là, respirons calmement dans un long point d’orgue car nous sommes sur le « grand point des nerfs » (nommé « point aspirine » par certains acupuncteurs pour son effet antalgique). Enserrons maintenant les malléoles entre pouce et index afin d’ouvrir les points 62 V (Shen Mai, Vaisseau étendu) et 6 R (Zhao Hai, Mer lumineuse) et laisser s’écouler le flux dans les pieds.

    Touchons les crêtes postérieures des iliaques (EIPS) et descendons sur le sacrum avec les trous sacrés. Enfonçons-nous au milieu du pli fessier avec le 36V (Chengfu Supporte le poids du corps) sous les ischions. Continuons et pressons délicatement le 40V (Weizhong Milieu du creux poplité). Puis, la descente de la rivière Vessie se poursuit le long du galbe du mollet (galbe qui signifie belle forme). Reprenons tranquillement notre souffle au 57V (Chengshan Montagne de soutien), et poursuivons le long de la gouttière jusqu’au point 60V (Kunlun Montagne du Kunlun, montagne sacrée).

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    Lors des pressions sous la voûte plantaire, nous constatons que le pied reçoit bien les vibrations du sol et les transmet dans tout le corps. 26 os composent le pied, ce qui ressemble à la construction de la main. Ne marchions-nous pas à 4 pattes dans les temps anciens ?

    Arrêtons-nous un peu et contemplons le talus ou astragale (talutium signifie forte pente en latin). Il forme une articulation à charnière avec l’extrémité inférieure du tibia et transmet sa charge pondérale au calcanéum (talon) et à l’os naviculaire (en forme de bateau).

    Un peu d’histoire… L’astragale, dans le bâti ancien, servait chez les Compagnons à faire le lien entre la pile et le chapiteau, et il répartissait les forces équitablement entre les pierres du haut (la voûte) et celles du bas (la colonne)…

    36V

    40V

    57V

    60V

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    Quelle similitude et quelle construction…les chefs d’œuvre seraient-ils basés sur l’observation du corps humain ?

    En cheminant sur ce versant, certains lieux-dits évocateurs nous retiennent : 5 F (Li Gou, Creux du sillon), 7 R (Fu Liu, Retour du courant), 9 Rt (Yin Ling Quan, Source de la colline du Yin), 10 RP (Xue Hai, Mer du sang), 10 R (Yin Gu, Vallée du Yin), 34 E (Liang Qiu, Crête de la colline), 8 F (Qu Quan, Source courbée).

    Astragale

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    Second Voyage : Les presqu’îles Jambes

    Quelques noms de lieux-dits évocateurs : 34E (Liangqui Sommet de la colline), 43E (Xiangu Vallée encaissée), 5F (Ligou Creux du sillon), 20R (Tonggu Vallée de libre circulation), 9Rt (Yinlingquan Source de la colline Yin) dans la dépression située sous la tubérosité interne du tibia, 10R point Ro (Yingu Vallée du Yin) à l’extrémité interne du pli poplité, 8F (Ququan Fontaine de la courbe).

    9Rt

    34E

    5F

    10R

    43E

    8F

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    Avançons plus dans les Terres : le continent Tronc

    Dévoilons quelques noms de points de la face antérieure :

    Le bassin (ou pelvis*) est le lieu de transmutation du feu du Hara, avec notamment le 6RM (Qi Hai, Océan de l’énergie) et le 25E (Tian Shu, Charnière céleste).

    6 RM : Océan de l’énergie, Hara des Japonais, centre vital de l’homme. Quand l’individu est équilibré, ce point correspond parfaitement au centre de gravité : énergie et structure se superposent. 25 E : Charnière céleste, ainsi nommé car il sépare les influences du Ciel et de la Terre. C’est par ce point que passe la ligne de partage de ces influences : l’émanation des souffles de la Terre s’y arrête en remontant, celle des souffles du Ciel en descendant.

    Parcourons ensemble l’abdomen et la cavité abdominale, le grand droit au-dessus, les organes digestifs au-dessous, en ressentant la texture, la souplesse intestinale et celle du muscle ilio-psoas si essentiel dans son rôle de poutre de maintien, pont de liaison important entre la colonne vertébrale et les jambes.

    Entre fondement et nombril, huit points s’étagent au centre de l’abdomen, siège du Champ de cinabre inférieur (Xia Dan Tian), « le chaudron » : 1 RM Hui Yin (Réunion de tous les Yin) 2 RM Qu Gu (Os courbé) (pubis) 3 RM Zhong Ji (Pivot central) 4 RM Guan Yuan (Barrière originelle) 5 RM Shi Men (Porte de pierre) 6 RM Qi Hai (Océan de l’énergie) 7 RM Yin Jiao (Croisement des Yin) 8 RM Shen Que (Palais de l’Esprit)

    6JM

    25E

    27R

    2P

    13E

    3MC

    3C 5P

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    Abordons maintenant le gril costal, à la fois dur et souple : une partie dure pour protéger cœur et poumons qui pulsent la vie, une partie souple afin de permettre le mouvement lors de la respiration. Sous l’angle de Charpy, le diaphragme sépare le thorax et l’abdomen : s’insérant, telle une coupole, avec un pilier droit et un pilier gauche (Yin/Yang), il soutient et masse les viscères de l’abdomen tout en favorisant la respiration et le transport du sang. Il constitue une barrière émotionnelle entre poitrine et ventre. Laisser le diaphragme libre, c’est laisser ouverte la « Porte des hommes », comme le nomment les Taoïstes : grande aventure spirituelle entre, au-dessous, individualité et égocentrisme et, au-dessus, ouverture sur le monde et les autres (chakra du Cœur, bonté, compassion, empathie). Prenons contact avec ce muscle et le gril costal en étant sensible au rythme de la respiration, puis insérons avec délicatesse nos pouces sous l’appendice xiphoïde afin d’ouvrir la « Porte des hommes ». Poncturons ensuite, sous le sein, le 14 F (Qi Men, Porte du cycle), dernier point du cycle nycthéméral, et sous la clavicule, le 1 P** (Zhong Fu, Résidence centrale), premier point du même cycle. --------------------------- * Pelvis signifie chaudron en latin. Rappelons que les Taoïstes l’ont nommé de même « Chaudron inférieur », « Champ de cinabre », « Lieu de transmutation des énergies ». ** Le 14 F permettra de finir, de clore un cycle, un projet, une situation… Le 1 P permettra de débuter, d’initier un cycle, un projet, une situation…

    Le bassin (pelvis signifie chaudron en latin) est le lieu de transmutation du feu du Hara, avec notamment le 6 Jenn Mo (Qihai Mer de l’énergie) et le 25E (Tianshu Charnière céleste).

    Nous traversons l’abdomen et la cavité abdominale, le grand droit au-dessus, les organes digestifs dessous et nous ressentons plus ou moins selon les personnes la texture, la souplesse intestinale et celle du muscle ilio-psoas si déterminant dans son rôle de poutre de maintien, « muscle redresseur voire délordosant du rachis lombaire », pont de liaison important entre la colonne et les jambes.

    Le gril costal dur et souple, quel paradoxe ! Sous l’angle de Charpy, le diaphragme sépare le thorax et l’abdomen, s’insérant telle une coupole avec un pilier droit et un pilier gauche (INN-YANG), il soutient et masse les viscères de l’abdomen, favorisant la respiration et le transport du sang. Prenons contact avec ce muscle et le gril costal pour observer et sentir la respiration.

    La clavicule (clavicula en latin signifie petite clé) abrite au-dessous le 27R (Shufu Palais de correspondance), le 13E (Quihu Entrée du Qi), et le 2P (Yunmen Porte des nuages).

    Des bras de mer

    Menons à son terme la montée du Yin, vers la main. Au pli du coude, arrêtons-nous aux points dits « Mer » (Hô) : 3 C (Shao Hai, Jeune mer), 3 MC (Qu Ze, Marais du coude) et 5 P (Chi Ze, Etang du coude). En ces lieux, l’énergie du méridien est large et profonde comme un grand fleuve dont le delta se jette dans la mer. Sur la face dorsale de la main, observons en passant que les tendons dessinent aussi des creux, comme la tabatière anatomique, marquée par la contraction des tendons du court et du long extenseur du pouce, où se trouve le 5 GI (Yang Xi, Vallée du Yang). Nous atteignons à présent quatre lieux importants pour nous, voyageurs du Sei Shiatsu : 7 C (Shen Men, Porte de l’Esprit) sur le bord supérieur du pisiforme ; 8 MC (Lao Gong, Palais de l’Oeuvre) au milieu du creux de la main ; 9 P (Tai Yuan, Abîme suprême) dans une dépression du côté radial du pli du poignet et 7 MC (Da Ling, Grande colline) au milieu du premier pli de flexion du poignet. Ces points ont, de fait, un effet majeur sur la libération du haut du corps en fluidifiant les émotions, en drainant les plénitudes de la poitrine.

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    Au 8 MC de sa main, le praticien de Shiatsu sent vivre son énergie et peut émettre son souffle, guider son intention vers des points ou des territoires choisis. Montons enfin vers l’épaule et la capuche deltoïdienne, et posons-nous sur le 11GI (Qu Chi, Courbe de l’étang) et le 14 GI (Bi Nao, Muscle de l’épaule).

    Montons vers l’épaule et la capuche deltoïdienne. Posons nous sur le 14GI (Binao Muscle de l’épaule) et le 11GI (Quchi Courbe de l’étang) point Ro. Les formes cylindriques des muscles des bras permettent l’expression humaine. Les épicondyles latéral et médial dessinent des saillies.

    Les points au pli du coude : Point Ro 3C (Shaohai Jeune mer), 3MC (Quze Marais du coude), 5P (Chize Etang du coude).

    La main est composée de 27 os avec les 8 os du carpe (du poignet) qui sont de petites pièces courtes grossièrement cubiques.

    Les tendons dessinent également des creux, comme la tabatière anatomique marquée par la contraction des tendons du court et du long extenseur du pouce avec le 5GI (Yangxi Torrent Yang). Quatre haltes importantes à faire pour nous voyageurs du Sei Shiatsu : le 7C (Shenmen Porte de l’esprit) au bord supérieur du pisiforme, le 8MC (Laogong Palais du labeur) au milieu du creux de la main, le 9P (Taiyuan Abîme suprême) et le 7MC (Daling Grand monticule).

    La fin du voyage : La montagne Tête

    Le crâne (Golgotha en hébreu-Mont Golgotha) repose sur la première cervicale en forme de cerceau, l’atlas (celui qui porte le monde). Le crâne est formé de 22 os, séparés par des sutures (sutura en latin signifie couture).

    7MC

    9P

    7C

    8MC

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    La colonne vertébrale se prolonge par 3 os : occiput, sphénoïde et ethmoïde, considérés parfois en ostéopathie comme des vertèbres. Glissons sous l’occiput dans le trou occipital (foramen magnum), trou par lequel passe notre bonne moelle épinière. Foramen signifiant petit trou et en dedans, touchons le 16Tou Mo (Fengfu Palais du Vent), puis ouvrons les autres points Fenêtres du Ciel : 20VB (Fengchi Etang du Vent), 10V (Tianzhu Colonne céleste), grand point de l’équilibre du système nerveux végétatif.

    Les Chinois désignent la tête comme le Champ de cinabre du crâne. Lieu de gestation du LCR (Liquide Céphalo-Rachidien), mère de la lymphe et sorte de coussin hydraulique.

    Le féminin est d’ailleurs très présent dans ce lieu et l’origine de feuillets protecteurs (maternant) : dure-mère, pie-mère et la fine arachnoïde.

    Touchons ces lieux (os zygomatique, maxillaire, mandibule, piliers du frontal, grandes ailes du sphénoïde, articulation temporo-mandibulaire). Recueillons-nous sur le 20GI (Yingxiang Accueil des parfums), 19IG (Tinggong Palais de l’ouïe), 18IG (Quanlio Creux de la pommette), 1V (Jingming Eclat des yeux), 1VB (Tongziliao Echancrure de l’orbite), 23TR (Sizhukong Extrémité du sourcil), 1E (Chengqi Reçoit les pleurs).

    Visitons maintenant ces lieux : os zygomatique, maxillaire, mandibule, piliers du frontal, grandes ailes du sphénoïde, articulation temporo-mandibulaire. Recueillons-nous sur 20 GI (Ying Xiang, Accueil des parfums), 19 IG (Ting Gong, Palais de l’ouïe), 18 IG (Quan Lio, Creux de la pommette), 1V (Jing Ming, Eclat des yeux), 1 VB (Tong Zi Liao, Crevasse de la pupille), 23 TR (Si Zhu Kong, Creux du bambou de soie), 1 E (Cheng Qi, Réservoir des larmes). Puis posons l’extrémité du majeur gauche sur Yin Tang (Temple du sceau) et l’extrémité du majeur droit sur 16 DM. Par la pensée, joignons les deux doigts et ouvrons la « Chambre de cristal », siège de l’hypophyse au centre du sphénoïde, au lieu-dit « la selle turcique ». A chaque expiration, alimentons-la en énergie lumineuse.

    PERCUSSIONS Le praticien de Shiatsu sait aussi percuter le corps et adapter les reliefs de sa main aux besoins de son patient. Ainsi, quand la main creuse percutera, elle fera grand bruit et emplira le corps (tonification) ; quand la main ferme percutera, elle videra les pleins (ou les bosses) pour soulager les tensions et les plénitudes douloureuses ; le bruit sera plus sourd, la résonance fluidifiera ce qui se doit. Il faut aussi savoir diffuser le bon rythme et jouer de ses mains : le Shiatsu est un véritable art manuel.

    Et pour terminer notre voyage, en nous posant à terre, plaçons doucement nos mains sur les deux reins. Emplissons les organes et faisons résonner les Shen Shu 23V et le 4 DM (Ming Men) qui ouvrent la porte aux ancêtres. Visualisons l’espace au centre nommé « Mer de la tranquillité ». En nous relevant, posons la main gauche au centre de la poitrine (17 JM) et la main droite au centre du dos (11 DM). Respirons abondamment entre nos deux mains pour fluidifier le Cœur et le libérer de tout ressentiment. Recréons « l’espace de la sérénité ». Pour finir, posons nos mains avec délicatesse sur le sommet du crâne, la pointe des pouces épousant le Bai Hui (20 DM), point des « Cent réunions ». Soufflons dans nos mains l’énergie du Ciel afin de retrouver fraîcheur et dynamisme et dirigeons nos forces vers la Fontaine du pied pour finir le cycle bien enracinés. L’océan de l’Esprit s’ouvre, libérant la voûte crânienne et restaurant la conscience. Le lac du crâne devient alors le miroir du Ciel et résonne alors le joli poème :

    Qui voit le Ciel dans l’eau Voit les poissons dans l’arbre.

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    Le corps de l’homme est un petit univers, et l’univers est un grand corps. Comme l’écrit François Jullien : « Ainsi parcouru de souffles invisibles, le corps se trouve relié au milieu dans lequel il baigne et dont il partage la respiration, puisque arbres, montagne, nuages, tout dans le paysage est parcouru de conduits énergétiques, (…) veines dans lesquelles circulent les souffles cosmiques, tout indifféremment y est concrétion d'énergie, de même que tout indifféremment y présente des points sensitifs le long des conduits d'énergie. » Einstein pensait que l'univers était « un champ en bosses et en creux ». Le corps est un pays, un pays infiniment sage, forme que les condensations des souffles de la Terre et du Ciel ont bien voulu révéler. Notre Shiatsu s’adaptera ainsi aux reliefs du corps pour le remodeler, lui redonner vie et mouvement et, pour ce faire, il lui faudra « vider les bosses et remplir les creux ». Notre Art à nous est le Sei Shiatsu, où notre main devient un outil de savoir, de recherche et de soulagement. Partons ensemble, tels des explorateurs, vers ces contrées humaines si variées, ces univers si riches s’enroulant dans des mémoires infinies.

    QUELQUES POINTS ET LEURS TRADUCTIONS • Le 9 P se nommera Tai Yuan, « Grand abîme », quand il fait référence à son emplacement anatomique (dans la gouttière radiale sur le pli antérieur du poignet). Il se nommera Qi Hao, « Bouche de l’énergie », quand il veut signifier son appartenance au souffle de l’énergie interne. • Le 4 GI (He Gu) se traduira par « Fond de la vallée », Ro Kou, référence à son emplacement anatomique (au fond de l’angle des deux premiers métacarpiens, dans un creux), ou par « Torrent harmonisé » (Faubert) quand on veut signifier l’écoulement de l’énergie à partir de ce point (point Yuan). • Le 3 C (Shao Hai) peut être traduit par « Jeune (petite) mer » (point Hô), ou par « Mer du Shao Yin » en référence à la couche Cœur/Rein. • Le 1 RM (Hui Yin) est appelé « Réunion des Yin » quand on le nomme en acupuncture (le RM est le vecteur des méridiens Yin), et « Le fond de la mer » dans la tradition du Qi Gong, signifiant ainsi qu’il est le point le plus bas du tronc, un grand point de stabilité et d’enracinement. • Le 3 R (Tai Xi) se traduira par « Grande vallée » si l’on considère l’anatomie (entre tendon d’Achille et malléole interne), ou par « Grande rivière » par rapport à la circulation de l’énergie (point Yuan).

    Bibliographie • Emmanuelle Jeannin, Chantiers d’abbayes, Gaud, 2002 • Théodor Schwenk, Le Chaos sensible, Triades, 2006 • Annick de Souzenelle, Le symbolisme du corps humain, Dangles, 1984 • Georges Charles, Traité d’énergie vitale, Encres, 1990

    Comme le chantait Ferrat : « Mon Dieu que la montagne est belle… ». La fin du voyage et déjà le début d’un autre…

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    Conclusion :

    Einstein pensait que «l'univers était un champ en bosses et en creux». L’Homme est un microcosme et ce qui est en Haut est comme ce qui est en Bas…

    François Jullien déclare :

    « Ainsi parcouru de souffles invisibles, le corps se trouve relié au milieu dans lequel il baigne et dont il partage la respiration, puisque arbres, montagne, nuages, tout dans le paysage est parcouru de conduits énergétiques, ou jingmo - veines dans lesquelles circulent les souffles cosmiques -, tout indifféremment y est concrétion d'énergie, de même que tout indifféremment y présente des points sensitifs le long des conduits d'énergie.

    Plutôt que de forme, la Chine parle de formation, ou de transformation. Les phases les plus remarquables de la dite transformation - celles qui intéressent le peintre, l’artiste - sont justement celles qui en constituent, avant et après, le moment critique : le stade qui fait passer de l'un à l'autre ; le stade du fin (jing) ou du subtil (wei) où la concrétion commence à peine à paraître et à s'actualiser ; ou bien, au contraire, où le concret, à force de s'affiner, s'élève au spirituel (jing-shen). C'est la transition qui prévaut. »

    Bernard Bouheret écrit :

    « …Le corps est perçu comme un amas d'énergie manifestée, vibrant en cohésion et donnant l'illusion d'un corps ferme mais non fermé. »(…) « D’après le Chou King, la nature serait née du Géant Pan-kou : les montagnes naquirent de sa tête, son souffle donna les nuages (…), les grands fleuves prirent naissance dans ses cheveux et de sa peau… »

    Notre Art à nous est le Sei Shiatsu, notre main devient à présent un outil de savoir, de recherche et de soulagement. Partons ensemble, tels des explorateurs vers ces contrées humaines si variées et si évocatrices de souvenirs.

    Sources : � Anatomie pour le mouvement Tome 1 Blandine Calais Germain Edition Désirs � L’Art et la voie du Shiatsu Familial Bernard Bouheret Editions Quintessence � Atlas d’anatomie humaine Thomas Mc Cracken Editions Vigot. � Chantiers d’Abayes d’Emmanuelle Jeannin Editions Gaud. � Le Chaos sensible de Théodor Schwenk Editions Triades � Comment dessiner l’anatomie du corps humain de José M. Parramon Editions Bordas � A la source du Taiji Quan de Wang Xian et Alain Caudine Guy Trédaniel Editeur � Le symbolisme du corps humain Annick de Souzenelle Editions Dangles ZEUS