Analyse structuro-sémantique des parémies ... Letteren en Wijsbegeerte Vakgroep Afrikaanse talen...

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Faculteit Letteren en Wijsbegeerte Vakgroep Afrikaanse talen en culturen Academiejaar 2010-2011 Analyse structuro-sémantique des parémies zoophytonymiques lubà (L31a) Adrien Munyoka Mwana Cyalu Proefschrift neergelegd tot het behalen van de academische graad Doctor in de Afrikaanse talen en culturen Promotor : Prof. Dr. N.S. Kabuta Co-promotor : Prof. Dr K. Stroeken

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  • Faculteit Letteren en Wijsbegeerte

    Vakgroep Afrikaanse talen en culturen

    Academiejaar 2010-2011

    Analyse structuro-smantique

    des parmies zoophytonymiques lub

    (L31a)

    Adrien Munyoka Mwana Cyalu

    Proefschrift neergelegd tot het behalen van de

    academische graad Doctor in de Afrikaanse talen en culturen

    Promotor : Prof. Dr. N.S. Kabuta

    Co-promotor : Prof. Dr K. Stroeken

  • Faculteit Letteren en Wijsbegeerte

    Vakgroep Afrikaanse talen en culturen

    Academiejaar 2010-2011

    Analyse structuro-smantique

    des parmies zoophytonymiques lub

    (L31a)

    Adrien Munyoka Mwana Cyalu

    Proefschrift neergelegd tot het behalen van de

    academische graad Doctor in de Afrikaanse talen en culturen

    in het kader van het Vlir-UOS-project (2003-2005) : Cration d'un centre de recherche sur

    la culture et la langue lub, CIYM (Pr N.S. Kabuta, Pr H.M. Mutombo)

    Promotor : Prof. Dr. N.S. Kabuta

    Co-promotor : Prof. Dr K. Stroeken

  • Feluy, 24 januari 2011

    Betreft : neerleggen doctoraat A. Munyoka

    Geachte Decaan,

    Als promotor van het doctoraat van de heer Adrien Munyoka Mwana-Cyalu wil ik vragen

    of zijn proefschrift neergelegd kan worden om openbaar verdedigd te kunnen worden. Dhr

    Munyoka begon zijn doctoraat in 2005 in het kader van een Vlir-UOS project. Naar

    aanleiding van dit project werd het onderzoekscentrum Recall-Ciym in Mbujimayi (DRC)

    opgericht. Hij is er sinds een paar jaren directeur van. Hij is al een maand aanwezig in de

    vakgroep Afrikaanse talen en culturen voor de voorbereiding van zijn verdediging.

    Hieronder de noodzakelijke gegevens :

    1 Naam doctorandus : Adrien Munyoka Mwana-Cyalu.

    Titel doctoraat : Analyse structuro-smantique des parmies zoophytonymiques lub

    (L31a).

    Vakgebied : semantiek van de Afrikaanse literaturen.

    2 Datum faculteitsraad : 26/01/2011.

    3 Promotor : Prof. Dr. N.S. Kabuta ; Co-promotor : Prof. Dr. K. Stroeken.

    4 Voorzitter van de examencommissie : Prof. Dr. H. Pinxten.

    Leden van de examencommissie :

    Prof. Dr Michael Meeuwis

    Prof. Dr Koen Bostoen

    Prof. Dr Gilles-Maurice de Schryver

    Prof. Dr. Sigurd dHondt

    Prof. Dr. Jean de Dieu Karangwa, Inalco, Parijs

    Prof. Dr. Mena Lafkioui

  • 5 Leden van de leescommissie :

    - Prof. Dr. Sigurd dHondt, UGent (sociolingustiek, Afrikaanse talen) - Prof. Dr. Jean de Dieu Karangwa, Inalco, Parijs ([email protected]),

    (sociolingustiek, Afriaanse talen)

    - Prof. Dr. Mena Lafkioui (Afrikaanse talen)

    6 Datum en uur examencommissie en verslag leescommissie : dinsdag 1 maart om 14 u.

    7 Datum, uur en plaats van de openbare verdediging :

    - De Sterren (moet nog bevestigd worden) - Vrijdag 11 maart 2011 om 16 u.

    Hoogachtend,

    Prof. Dr. N.S. Kabuta

    mailto:[email protected]
  • PRELUDE

    Il tait une fois

    Quatre voyageurs se rencontrant

    Au pays hospitalier de la parole

    Pour sabriter

    A lombre imaginaire dun arbre

    Lun dit alors :

    - Chaque fois que je raconte cest comme si je revenais chez moi

    Lautre dit :

    - Chez nous

    Car le pays appartient tous et personne, comme le pays de nulle part,

    Quand tu racontes ton histoire

    Tu racontes aussi celle de lautre

    Le troisime dit :

    - La parole est comme un galet qui a roul du fond des origines jusqu nous. Cest ce fil invisible qui restitue chacun sa part la plus humaine

    Le quatrime dit :

    - Cest la parole qui fait de nous les frres de tous les hommes, ceux du pass, ceux daujourdhui, comme ceux qui ne sont pas encore ns

    Puis les quatre sassirent aux quatre points cardinaux de lamiti pour continuer

    raconter :

    Il tait une fois 1

    Tya too twman Allons le plus loin quil faut et faisons halte

    Tbikil mto to w muulu wtab Appelons ltoile den haut quil nous rponde

    (Parmie lub)

    -------------------------------

    1. Nulle part ici nest mieux quailleurs, texte de prsentation du spectacle de la compagnie les

    conteurs associs, 13me

    Festival du Centre des Arts du Rcit en Isre avec Nacer Khmir, Hamed

    Bouzzine, Mamfe Obin et Ben Zimet (9 mai 2000)

  • DEDICACE

    A vous tous qui vous dvouez pour lhumanit et pour la culture !

    A tous les militants de la paix et tous les artisans de la fraternit de par le monde !

    A tous les miens si loin si prs !

    A tous mes amours et toutes mes amitis dor et dargent aux quatre points

    cardinaux !

    A vous tous et chacun de vous

    Pour la mme cause

    Je ddie cette thse !

  • REMERCIEMENTS

    Ils sont nombreux ceux qui nous ont sensiblement aid et encourag raliser ce

    travail durant tout le temps quil a pris.

    Puissent le Vlir-UOS et les autorits acadmiques de lUniversit de Gand, recevoir

    nos chaleureux remerciements pour leur ardeur scientifique qui a forg la valeur de cette

    Universit devenue dsormais notre alma mater. Plus particulirement nous remercions le

    Recteur Pr Dr Paul Van Cauwemberge et le Doyen de notre Facult Pr Dr Freddy Mortier

    dont le haut degr dhumanit et des vertus promethennes nous ont permis de finaliser

    cette thse, en nous accordant une bourse et en nous payant le titre voyage pour rejoindre

    notre universit. A lun et lautre nous disons sincrement grand merci !

    Nous remercions spcialement le Professeur Ngo Semzara Kabuta et Koenraad

    Stroeken de lUniversit de Gand, respectivement promoteur et copromoteur de cette thse,

    pour sen tre acquitt avec hauteur, dvouement et ardeur de la forge.

    Notre formation intense sous la direction de notre promoteur, sa discipline, son rythme de

    travail, sa gnrosit et ses conseils nous ont t les atouts dune grande ncessit. Nous lui

    ritrons aussi de tout cur nos remerciements, pour nous avoir embarqu dans le projet de

    recherche CIYM-RECALL, Universit de Gand-Universit de Mbujimayi, sous les

    auspices du Conseil Interuniversitaire belge (Vlir-UOS).

    Notre gratitude sadresse aussi tous nos encadreurs et lecteurs, notamment les

    Professeurs Docteurs Sigurd Dhondt et Mena Lafkioui de Gand, Jean de Dieu Karangwa

    de lINALCO-CNRS de Paris. Leur encadrement, leurs lectures objectives, leurs conseils

    pertinents, nous ont permis de conduire cette entreprise bon port.

    Il nous est pertinent de rappeler que cest grce au Pr Dr Daniel Mutombo Huta M. qui

    nous avait stimul, en tant que son assistant, pendant des annes, au sein de la cellule

    africanistique de lI.S.P Mbujimayi, que lide de cette thse a d germer et se frayer un

    chemin. Son encadrement, ses conseils et sa rigueur nous marquent. Nous noublions pas le

    bienfait du choix quil avait port aussi sur nous en nous recrutant au CIYM comme

    chercheur. Quil daigne trouver ici lexpression de notre profonde gratitude !

    Nous serions ingrat de ne pas exprimer notre reconnaissance, lendroit des Prs Drs

    Ngandu-Myango Malasi, Mayaka ma Kanda de lUniversit Pdagogique Nationale (UPN)

    en RDC, Lonard Kalanda Kankenza (Deteminavit, pour les noms scientifiques des

    plantes de notre corpus), Mulamba Nshindi, Kadima Tshimanga, Mbaya Tshiakanyi,

  • Kapand Mbala, Kazadi Mukenge et Biselel Tshimankinda de lInstitut Suprieur

    Pdagogique de Mbujimayi en RDC, tous pour leurs curs et leurs regards scientifiques

    croiss sur ce travail.

    Nous adressons nos sincres remerciements la Coopration Technique Belge (CTB) et

    travers elle Jean Claude Kakudji et Simon Kayoyo, pour avoir soutenu financirement

    nos recherches sur terrain en 2005, et pour tous les services bnficis de manire

    dsintresse et avec dvouement notre cause! Que le groupe COIMBRA de luniversit

    de Louvain, lAfrican Studies Centre de lUniversit de Leiden, le Muse royal de

    Tervuren, LUniversit Libre de Bruxelles trouvent ici lexpression de notre gratitude pour

    le bnfice des sminaires et des recherches dans leurs bibliothques !

    Puissent la Directrice Gnrale, Pr Dr Nseya Musampa, et travers elle, toute la

    communaut de lI.S.P Mbujimayi, puissent les autorits acadmiques et le Centre de

    recherche CIYEM-RECALL de lUniversit de Mbujimayi, lInstitut Technique Mdical

    de Bonzola, trouver ici lexpression de nos meilleurs sentiments pour tout leur soutien

    moral et matriel !

    Cest aussi un agrable devoir pour nous, dadresser galement nos vifs remerciements

    Gilbert Mutombo Tshintu wa Ntumba nynany mwn bulund, baya Manda Musakayi

    maw munkngl, feu R. Tshimbalanga Kabula taat wany baya Kankolongo Mukendi,

    Sylvain Mulumba, Kabongo Ntambwa, Laurent Kazadi Mazengu nyanany wa mu

    mbndilu mu Ngulung, Lukola Katumba tshinene wa ku makwenda, Laurent Tshibuyi wa

    Mpoyi, J.P. Mukendi wa Kalala Lubza, Kadindula Yamukoko, Lumbala, Tshimanga,

    Prince Mufuta, Tshilonda, Monique Mujinga, Adle Kalubi, Sylvie Mulanga, G. Bandowa,

    M. Tshiabu, G. Lusamba n J. Ngondu basdi bany, Mukadi Mununu Kangomba wa

    Nyembwa Kalala wa ba Nzeba mu Nyemv, Mbuyi Kabamba wa Kabamba wa Tshiala

    Nsata mu Nyemvu, Muswamba, Kangabwa ne Bumba wa Munyoka ba Ilunga Mbiya, ba

    kady mashna kabangula mpumbwa myel, feu Kabula wa Kasadi, feu Muteba wa

    Matamba wa Kabula wa Nzolo, Tshibwabwa wa Kapenga, J. Mulamba wa Musungayi,

    Ladis Mukuna Nsendula n Musangu Lwaba Tshikala mwina Mwadi, Lonard Ntumba, J.

    Mukuna Nsendula, P. Mutombo Mayombo, J.C Bukasa, Louis Munyoka, Bukasa wa

    Cipuya, Citenga wa Cipuya, Doga Mbula muketa wa Ntambwa, philomne Kaseka, b

    Nsenda Tshimbayi, Bernard Mukendi, Kabunda Lwaba ba Ntta b mu mnkelebende n

    Lukusa Mukunayi Kanyana wa mu bincmb, Ntumba Mutanda, Nkita Kapinga taat wa

    ba taat, Tshiamala Mudibu wa Nkambwa, Elie Kazadi Kalanda, P. Mbiya Musumadi

  • bady nb, Mabele Tshialu n Germaine Ngalula mwina Nkola wany, Jeff Kandolo

    Majambu Mamba mbwny mwina bulunda, Junhens Maweja gnreux cur de disciple,

    31 CPC/ECC, UECO/Kasa Oriental..., chacun et chacune pour ses attaches spcifiques

    avec notre personne et son dvouement notre gard!

    Enfin, plus particulirement, nous remercions Sidonie mw Ntumba et toute sa famille,

    pour toute la peine prise pour nous, pour le partage humain du mme espace Feluy, en

    Belgique. Votre hymne sourd dans notre cur et nos doigts sculptent vos noms sur chaque

    visage du temps qui passe, nous vous portons.

    Nous noublions pas Mike Shola et toute sa famille, Hubert Mutombo et toute sa

    famille, Pr. Dr Clmentine Nzuji Madiya, Pr. Dr P. Mufuta Kabemba, Pr. Dr G. Maurice

    Dechryver, Pr. Dr M. Bruijin, Pr. Dr Julie Duran Ndaya, Pr Dr Tshimanga Mulangala, Pr

    E. Kambaja M., Pr Kabanza wa Kalala Baketa , Pr Dr Kabongo Mbiya, Pr Dr Kambi

    Dibaya, Pr Dr Mutombo K , Pr Dr Uwonda Akindja, Feu Dr Kabenga Masitaki, Dr

    Dikamaba Mfiondo, Joshua Walker (Mutombo mwna mawu) Dr Mutombo K., Dr

    Kambala Kipi, Dr Mukendi (manseba), Dr Mpiana Mutombo, Barbara Carbon et toute sa

    famille, Catherina Wilson, Chantal Kabangu mwa Nkwadi wa ku milonda, Jean Willy

    Biayi compagnon du fameux chemin, Jean Claude Mutombo, Franois Mpinda et toutes

    leurs familles, oasis de la consolante fraternit dans notre traverse du dsert kinois,

    Kasper Juffermans et toute sa famille, Jeff Vanderra, Kaykan, Musangu, Joris Bayaens et

    Gerda, curs gnreux, serviables linfini, vos noms comme des colombes roucoulent

    dans notre cur, vous Gand humain, Crispin Dikwende, Rdes Sr Alice Watshinyi havre de

    paix et dhumanisme qui nous porte sans calcul du temps, M. Yombo et C. Kampoyi

    gardiennes de nos lettres glorieuses, J. Macina, M. Ngoyi Lubamaba qui nous portent en

    mode veille, Rds J. Mwambulwishi, A. Mutombo, Tshibaka Tshikongo, A. Ngoyi, Ndibu,

    L. Kadima, Anatole Mbuyi, Ngoyi Mutwa Lwepu, Ntumba Mambo et Kashala Tshieyeya,

    Maman Lily Amisi, feu Mukaya Tshibanda compagnon si loinsi prs, Kabongo

    Tshidimu, Biayi T., Kubela M., J. P. Mukeba, Kadima Mutamba, Brigitte Mbombo K.

    cur qui a saign pour notre douleur, Henriette Misenga T. ange porteuse de nos croix,

    Julie. Bulungu, Lon Mbenga, Odia Kalala, Kaaku Kalamba et sa famille, E. Mukanya et

    sa famille, L. Ntumba K., J. Beya Nkashama, J. Bafwila Kalala, B. Kalonji Ngoyi pour

    tous les partages fraternels, Bien aims Grard et Marianne, Els et Pieter Amez, Leen

    Serjentier et son mari, pour le paradis de leurs curs et la main la charrue avec sourire et

    partage.

  • Nous ne saurons taire, en cet instant, la charit et la grandeur dme de son Excellence

    Monsieur le Ministre Lazard Tshipinda et dEmmanuel Kabengele Kalonji, pour nous

    avoir pay le voyage de Mbuji Mayi Kinshasa. Nous leur disons merci de tout cur.

    Notre regard enfin, se reporte sur Jacob Kalemba et Gisle Laggae, Pascaline Manja

    Kalemba et Dr Elyse Munyoka M. C., Thrse Katoka Kalemba notre pouse, et toute

    notre grande famille Mireille Mbuyi, Solange Kabuala, Francine Mado Kanyeba, Stve

    Tshibwabwa, Bertrand Bukasa, Aldo Roy Sabin Musangu, Germaine Deo Fontana, Homo

    Reagan, Mutombo, Patrick, pour la douce alliance au Congo et en Belgique, pour toutes

    les sollicitudes, pour tant de sacrifices et la griffe du labeur, une riche posie sourd dans

    lanonymat de notre cur ! Quoi de mieux vous dire...? Sinon merci ! Merci pour tout !

    Nous nen finirons de le dire si loinsi prsmes amours.

  • 0. INTRODUCTION

    Dans la question de lexpression universelle de lhomme interfrent

    plusieurs modes et plusieurs formes parmi lesquels se comptent les parmies (dicton,

    maxime, sentence, adage, prcepte, aphorisme, prire, apophtegme). Les parmies font

    lobjet dune science appele parmiologie. Cette science, ne aprs la parmiographie,

    soccupe de ltude des phrases sentencieuses, des genres dits formulaires, elle sattache

    souvent retracer lhistoire des premires manifestations de ces noncs dans la tradition

    orale et crite des langues et des cultures du monde. Elle sefforce danalyser les sources

    littraires et les recueils qui en attestent lemploi pour en dmontrer lexistence comme le

    signale Gonzales Rey (2010). A travers ces formes sentencieuses, les peuples, les nations

    expriment leurs visions du monde et le gnie de leurs cultures.

    Cependant, faut-t-il signaler que le discours parmiologique ne relve pas

    du langage ordinaire. Il comporte des carts typiques, si bien que par lopacit de ses

    images, par son iconicit, par lutilisation de certains tropes et procds dnonciation, il

    exige par consquent une comptence culturelle et rhtorique suffisante pour accder son

    sens qui est toujours contextualis. Loccurrence discursive de toute parmie apparat

    toujours comme un recours un degr suprieur du langage et du savoir labor, un

    ornement ou une esthtique du langage, une force dargumentation, de persuasion, et

    un pouvoir de discernement attest. Dans la drummologie ou dans la communication

    tambourine par exemple, la parmie, au-del de ses autres fonctions, assure aussi une

    fonction phatique, une fonction didentification et dimmortalisation, cest le cas par

    exemple de Ndan, devise hrite dun aeul et sorte de mot de passe en Afrique de

    louest, gnralement inspir dune maxime, dun proverbe ou de quelques autres dictons

    de la sagesse populaire. On lappelle aussi proverbe ndan . En prlude tout change

    tambourin de messages, lmetteur et le rcepteur procdent tour tour une dclaration

    mutuelle de prsence et de prdisposition dcoute en dclinant chacun son Ndan . Chez

    les Balub ce ndan est bien ce quils appellent le nom cri ou dn dy mu kabb

    qui peut tre aussi une parmie identificatoire :

  • Cimbayi mulub Cimbayi originaire lub

    Wakdyanganyi nknda Qui ne partage pas dharicot

    (Qui ne partage pas sa femme avec autrui)

    Les contextes doccurrence des parmies sont multiples et varis, ce sont

    eux qui permettent souvent de les comprendre et de les interprter. La rfrence aux

    parmies prouve souvent les nophytes mais nmousse pas leur sensibilit. Leur emploi

    quotidien et dogmatique, quoique sporadique actuellement dans les diffrentes situations

    de la vie (ducation, justice, rituel et sermons religieux, politique, discours mdiatiss,),

    et la recrudescence actuelle de leurs tudes scientifiques, tmoignent de lintrt qua un

    peuple de courir au secours dune richesse menace, de recourir ses normes, ses

    prceptes, donc ses discours labors. Il y a aussi sans doute chez le peuple lintrt de

    structurer un langage, de structurer des connaissances, de formaliser un contexte du savoir

    du monde et de lhomme.

    Par ailleurs, en dpit de luniversalit des parmies due au fait quelles

    sont un genre expriment par tous les peuples du monde, elles sinscrivent toujours dans

    des aires culturelles spcifiques dans lesquelles ont lieu les expriences existentielles qui

    permettent leur formulation et o elles puisent leurs matriaux. En mme temps elles

    continuent influer sur la vie des peuples et se diffuser tout en montrant une certaine

    dynamique de pense et des situations. Il sopre parfois dans les parmies des sauts

    qualitatifs de la pense, des falsifications mlioratives, des reprogrammations, des

    dprogrammations, des programmations des valeurs et des adaptations aux nouvelles

    situations et visions du monde des groupes sociaux. Autant, cela se passe aussi dans

    dautres univers de la littrature orale. Le cas de la littrature orale polynsienne o les

    traditions orales, en passant lcrit, subissent certaines alinations, saffrontent au besoin

    des intrts humains, et se re-construisent ou se dtruisent par laction des parties

    intresses est trs loquent (Littrature orale indonsienne wikipdia-htm):

    En cas de changements politiques et cela arriva souvent, la nouvelle

    ligne au pouvoir se doit davoir son tour la gnalogie la plus

    ancienne, quitte lui ajouter quelques gnrations ou emprunter ici ou

    l des anctres la dynastie prcdente.

  • Chez les Balub dont on analyse les parmies zoophytonymiques,

    cette dynamique de pense est motive par lexprience de la vie si bien quon procde la

    reformulation dune parmie juge dpasse ou une nouvelle cration parmiologique

    relative un besoin daction sur le monde, de changement des mentalits et des

    comportements. En effet, les Balub, comme le montre la parmie ci-dessous prise titre

    dexemple, croyaient que lon ne pouvait obtenir un bon service que dun tien parent:

    Ku dilobo kwkala wenu Se trouve-t-il un tien au port

    Nnku wkusabula Alors il te fait passer (la rivire)

    (Ne peut taider au monde que le tien)

    Mais avec lexprience de la vie, cette conception nest pas du tout

    absolue, elle sest rvle fausse avec la dynamique sociale, ce qui a permis la

    reformulation de cette pense avec un saut qualitatif, en sortant ainsi du giron de la parent

    pour celui des vertus tout court:

    Ku dilobo kwkala mulengla Se trouve-t-il un bon au port

    Nnku wkusabula Alors il te fera passer (la rivire)

    (Trouves-tu un bon dans la vie, il taide)

    Aux rcents vnements de la lutte contre la dictature mobutienne, pour

    montrer cette dynamique de la pense et des situations, les Balub qui, par la peur des

    armes et de la mort, cdaient la rpression militaire, ont recouru au gnie du genre

    formulaire, et ont forg pour sarmer de courage, un slogan programmeur de courage et

    actantiel de type impratif si bien quaux prochains assauts militaires, ils y ont une

    rsistance farouche:

    Dyat bwow ! Marche sur la peur !

    (Brave ta peur et pose des actes dignes et ncessaires)

    Cette formule ne dans un contexte des tourments politiques, se trouve

    aujourdhui gnralise, largie tous les contextes de la vie. Elle vise, par cette autoprise

    en charge populaire, un nouveau type dhomme, une nouvelle personnalit. Cependant

    lnergie insuffle par ce rarmement psychologique devra tre contrle pour un

  • comportement toujours rationnel et utile, pour viter les excs nuisibles de la tmrit

    aveugle dans les rapports de ce peuple au monde.

    Ce mcanisme montre dj que les parmies naissent des cogitations et

    des expriences diverses de la vie, elles portent en elles des messages structurs, des

    penses et des ordonnances actantielles. Le gnie lub qui exprime lunivers cognitif et

    actantiel de ce peuple recourt parfois aux animaux et aux plantes de la contre pour

    vhiculer les messages de ce peuple. Cette tude intitule Lanalyse structuro-

    smantique des parmies zoophytonymique lub (L31a) , examine cet univers pour des

    fins qui sont davantage prcises dans cette suite.

    0.1. Problmatique

    Lorganisation formulaire des parmies, leur usage du moyen potique

    mnmotechnique et des images qui les chargent de sens et de signification, laissent

    entrevoir lentre en jeu des instances de la vie psychique, lexploit du gnie dun peuple

    pour sa prise en charge morale et thique. Mais cette organisation structurelle et

    smantique qui est donne avec les parmies pose un problme. Il est alors imprieux de

    procder la dconstruction de ces noncs parmiologiques pour objectiver leur

    organisation et affranchir les diffrents messages tisss dans leur corps par lhomme, les

    interprter au besoin de nouvelles situations de la vie et ses diffrents contextes.

    Il est vident quen Afrique comme partout ailleurs, les oralits

    participent la construction des identits, des personnalits, de la vision du monde des

    peuples. Elles fondent lunivers, les cultures et les valeurs sociales. Elles grent lhomme

    dans son destin et dans sa destine. Les parmies, comme textes de la base culturelle lub,

    jouent un trs grand rle et sintgrent mme dans la trame des autres genres littraires

    comme on le montrera en passant dans cette suite. Pour leur complexit, en tant que motifs

    narratologiques, S. Viellard (2009) voque la parent du proverbe et du mythe souligne

    par A. Potebuja (1835-1891). Dans cette mme optique, Y.- M. Visetti et P. Cadiot (2006)

    soulignent quen dpit dun certain effacement dans le contexte des socits modernes, le

  • proverbe -surtout mtaphorique- continue de fasciner. Archive anonyme, fleuron dun sens

    commun dont les garants se sont perdus, il reste un support privilgi pour toutes sortes de

    jeux parodiques, en mme temps quobjet de pieuse collecte, o se joignent travail savant

    et tradition populaire. Aujourdhui, il intresse les linguistes et les smioticiens, comme

    aussi les sociologues et les anthropologues, qui y trouvent lanalogue de petits mythes, o

    senchevtrent plusieurs niveaux : narratifs et prescriptifs, la doxa. Mais les options de

    cette prsente tude ne se limitent pas cette perspective archologique, aux analyses

    scientifiques de laboratoire. Au-del, elle se pose, entre autres, le problme dune

    intervention parmiologique dans la socit lub en crise. Elle tente dintgrer les parmies

    dans un drame existentiel, de les renouer avec leurs objectifs primordiaux, leur

    fonctionnalit sociale.

    Lemploi dune parmie, a-t-on dit, est toujours dtermin par un

    contexte et un propos ou un thme. Cet emploi vise un rsultat qui peut tre un

    embellissement du langage, une persuasion, une dissuasion, une agenticit ou une

    actantialit. Avec cette conscience, les parmies offrent une possibilit de causation

    conscientielle, affective, actantielle ou vnementielle tangible et dirige.

    A part les parmies, le cas voqu ci-haut des mythes, par exemple, est

    aussi trs loquent au sujet dintervention parmiologique comme intertexte en son sein.

    Le mythe raconte une histoire sacre, performative pour celui qui appartient la culture

    qui le cre. Il relate non seulement l'origine du monde, des animaux, des plantes, de

    l'homme, des dieux ou du Dieu suprme, mais aussi tous les vnements primordiaux que

    rsument la plupart des parmies des peuples et la suite desquels l'homme est devenu ce

    qu'il est aujourd'hui, c'est--dire un tre mortel, sexu, organis en socit, oblig de

    travailler pour vivre, et vivant selon certaines rgles.

    Le mythe se droule dans un temps primordial et lointain, un temps hors

    de l'histoire, un ge d'Or, un temps du rve. Le mythe cosmogonique est vrai pour dire

    valide parce que le monde existe, et cette existence ne peut se comprendre que dans un

    mouvement cognitif qui tente de saisir les origines des tres et de les expliquer, de les

    objectiver. Le mythe cosmogonique rpond un questionnement fondamental: do vient

    le monde ? Les mythes d'identit et dorigine sont vrais soit valides parce que la

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Performativit%C3%A9http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=%C3%89v%C3%A9nements_primordiaux&action=edit&redlink=1http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%82ge_d%27Orhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Temps_du_r%C3%AAvehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Cosmogoniehttp://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Mythe_d%27identit%C3%A9&action=edit&redlink=1
  • communaut dont ils sont l'image existe avec sa spcificit et les rpte pour continuer de

    vivre et desprer, le cas des chrtiens et dautres croyants avec le mythe de la vie ternelle

    au ciel ou sur terre est trs loquent. Ils font des cultes, rptent des gestes, des rites,

    rcitent des parmies pour se donner une force expressive et se marquer la conscience par

    des principes formuls, pour installer des croyances et les renouveler. En ce sens, le mythe

    contient quasiment toujours des lments de liturgie et cause comme les parmies qui les

    rsument une certaine conscience du monde, des origines, et de lexistence dans le temps et

    dans lespace.

    Rciter le mythe produit une re-cration du monde par la force du rite.

    L'exigence du sacrifice est l'un des plus puissants. Le mythe n'est pas rcit n'importe

    quand, mais l'occasion des crmonies : naissances, initiations, mariages, funrailles, et

    tout un calendrier de ftes et clbrations, c'est--dire l'occasion d'un commencement,

    d'une transformation ou terminaison dont il rend compte (ou rend conte, c'est selon).

    Au regard de sa propre vie avec sa prcarit terrestre, lhomme se

    transcende et se venge de cette prcarit angoissante par le mythe de lau-del. Chez les

    Balub, en effet, ce mythe se traduit par nombre de parmies, par tous les rites qui font

    exister les anctres dans cet au-del (ku bajny) et dans une vision interactionnelle. Les

    parmies comme intertextes, sont alors les cristallisateurs des croyances, des penses ou

    des cogitations sur le monde. Elles sont des paroles fortes, des condenss des penses ou le

    ciment qui lie lhomme la pense mme du monde, lhistoire de son existence, ses

    croyances profondes et sacres.

    Comme on le constate, ces mythes dont certaines parmies font la

    synthse ou quelles tayent, ne sont pas seulement un trsor du pass, ils sactualisent

    aussi au cours de lhistoire, se re-crent et se crent avec de nouvelles parmies que

    certains auteurs trouvent comme de petits mythes. Dans le contexte moderne, on peut

    observer certains rcits qui ont toutes les caractristiques des mythes mais sont soit trs

    rcents de construction, soit encore en cours d'assemblage. On parle alors de mythes

    urbains ou, plus couramment, de lgendes urbaines comme le montre

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Mythe. Mais on peut aussi parler de mythes modernes en rfrence

    la rflexion qu'a mene le philosophe et sociologue Georges Sorel qui a analys leur

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Liturgiehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Ritehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Sacrificehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Initiationhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Mariagehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Fun%C3%A9railleshttp://fr.wikipedia.org/wiki/L%C3%A9gende_urbainehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Mythehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Sorel
  • mergence dans et par l'avnement des faits extraordinaires, comme par exemple des

    popes guerrires ou les grves ouvrires de la fin du XIXe s. Il s'agit alors des mythes

    sociaux que les masses emploient pour se mobiliser. Au cours du XXe s. le mythe a t

    utilis comme instrument de propagande par le fascisme, en particulier pour exalter la

    Nation. On peut estimer qu'aujourd'hui la publicit fonctionne en crant des mythes et des

    parmies vendeurs (exemple de la parmie publicitaire lub dans le monde de diamant

    Mbujimayi : Lub / Cyela mavwala qui se traduit par La rivire Lub / Rpandeuse des

    vagues ; Kasuyi mppola nklnd / La hache, dpouilleuse des pines). Le mythe

    moderne est donc tantt une manifestation sociale spontane tantt une manipulation

    d'ordre politique, religieux ou commercial. En R.D. Congo, et particulirement dans laire

    lub, les mythes propagandistes dans les mass mdias intgrent souvent les parmies pour

    leur srieux, pour leur pouvoir sur la population. Les parmies comme les mythes sont sans

    aucun doute des textes lgislatifs qui fondent le pouvoir, les croyances et programment les

    comportements sociaux.

    La conscience du monde et dappartenance, la conscience dtre un

    homme de quelque part, la volont mme de saffirmer par les actes au cours de la vie, la

    noblesse de la valeur sociale, de lhrosme, comme on peut le voir dans le temps et dans

    lespace, peuvent se traduire dans des actes divers dont certains par mutation et

    magnification font corps des popes. Cette considration verse dans la mme optique

    mise en vedette dans cette suite. Les parmies comme les autres genres de la littrature

    orale, notamment lpope, sont parmi les lments dclencheurs et cristallisateurs de la

    conscience patriotique. Ces lments font que lon passe du stade familial, que lon

    pourrait qualifier dindividualiste, au stade tribal, qui est une prise de conscience de la

    communaut. Le sentiment mme de la patrie que ces lments crent, amne les individus

    se regrouper, communier dans les mmes formules parmiologiques, dans les mmes

    vvaleurs socioculturelles, et au-del assumer mme des contradictions idologiques.

    En outre, constate-t-on, la source pique est aussi une source

    parmiologique. De la tourmente des vnements martiaux naissent certaines parmies qui

    tmoignent de lhistoire, de la mobilisation des nergies humaines par la force des

    formules, de la qute de lhrosme dans laction, de la prvoyance sociale, etc. Par

    exemple, le 22 juin 1428, note M. Maloux (1428 : 13), Jeanne dArc, la bataille de

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Propagandehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Fascismehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Publicit%C3%A9
  • Jargeau, ayant constat que le Duc dAlenson hsitait, criant lassaut, elle lui dit : Ah !

    Ne craignez rien, cest lheure qui plait Dieu. Besognons, Dieu besognera . Cette

    formule mise en italique est un mot dordre et une formule parmiologique modalit

    imprative. Sa fonction sociale dans ce premier contexte de son occurrence tait de rarmer

    un peuple en guerre de courage, de linciter laction en lui renouvelant la foi dans une

    croyance. Les Balub de mme, de la deuxime invasion des Cookw, au XIXe s, sur leur

    territoire, une invasion qui essuya un chec tragique, en ont tir une leon en forgeant la

    parmie prventive suivante :

    Mucooko wa cykbd Le Cookw rcidiviste

    B kamutpa Fut tu

    Ces deux expriences voques suscitent dj quelques questions pour

    cette tude. Faut-il comprendre les parmies seulement par leur immanence, en synchronie

    ou en diachronie, certaines dentre elles tant des repres historiques ? Quelles strates ou

    couches de sens sont mises en uvre dans ces parmies lub ? Quelle idologie vhiculent-

    elles et quels actes elles stipulent ? Autrement comment ces parmies expriment-elles la

    pense profonde du peuple lub, ses motivations socio-psychologiques et praxologiques ?

    En outre quelle possibilit offrent ces parmies pour une intervention salutaire dans la

    socit ?

    En vue globale, le problme de maintenance ou de dveloppement des

    nations oblige toujours un hrosme social comme celui des personnages mythiques ou des

    hros piques. Il faut quau sein dun groupement social, une volont individuelle ou

    collective dautoconservation ou daction de changement se manifeste. De mme quil est

    cette ncessit impriale de mettre en place un corps de principes directeurs dont les

    parmies. Elles fondent une organisation et favorisent une coopration positive entre les

    peuples rgis par les mmes principes culturels. Les parmies ne sont jamais individuelles

    chez les Balub comme chez tous les peuples du monde. Elles vhiculent toujours une

    idologie communautaire. A travers elles transparaissent une hirarchisation des classes

    sociales, du monde, des univers et des vnements ou actes de la vie. Les parmies ont le

    pouvoir fonctionnel doprer la mutation des tats affectifs, des tats mentaux ou matriels

    vers dautres tats utiles selon les motivations et la canalisation des nergies. Carte

    didentit affiche dun peuple, systme de signalisation et de signification verbales, acte

  • du langage plutt acte du corps producteur des ides, expression du moi groupal, et

    moyens de communication, dinteraction sociale, les parmies refltent en effet le milieu,

    lexprience du peuple dans sa production des concepts-patrons, des valeurs ou des

    croyances gouvernantes des comportements, donc de la vie. Il est possible de saisir alors

    dans les parmies dun peuple son intentionnalit catgoriale de manire fondamentale

    oriente vers son organisation, son architecture des connaissances sociologiques et

    groupales, par la visualisation de sa ralit sociale.

    Les Balub sautodfinissent dans leurs parmies et se dynamisent vers

    les objectifs quils se sont fixs, lesquels objectifs couls en formules leur retro-affichent

    sans aucun doute limage consciente et collective de leur propre pro-jet et de leurs

    potentialits. Existentiaux cognitifs, verbaux, les parmies rvlent des moyens

    nergtiques qui servent manipuler lenvironnement et interagir dans la communication

    sociale. Elles font aussi tat des existentiaux cologiques en construisant par exemple des

    messages avec des animaux et des plantes, symptmes lexicaux de la ralit. Rgle de

    gouvernance et source dun certain savoir, ces parmies montrent alors un degr de prise

    en charge, de civilisation, et notent parfois des distances pistmologiques du processus

    continu dobjectivation. De ce fait, les parmies restent un atout incontournable. Cest

    delles quest venue sans doute linspiration des lois des socits. La pragmatique

    parmiologique concrtise le potentiel, manifeste le niveau mental, le progrs relatif dun

    peuple et les interactions sociales de plusieurs niveaux.

    Par ailleurs, pour raliser le dveloppement total dun peuple, pour

    amliorer son standing de vie, ce problme capital de lAfrique en gnral et des Balub en

    particulier, convoque quelques autres questions pralables : connat-on ce peuple fond ?

    Se connat-il lui-mme avec ses relles potentialits et ses rels besoins de la vie face aux

    enjeux du monde, aux multiples options politiques, socioculturelles, conomiques,

    pdagogiques, technologiques, face aux multiples changements que le monde offre ?

    Comment peut-il instrumentaliser les diffrentes offres de ses parmies ? Est-il cratif ?

    Comment peut-il se mobiliser dans une phnomnologie corrlationnelle : Corps agissant-

    Monde parlant dont parle J. Luc Petit (2009), la journe dtude, journe du programme

    Perception Smiotique et Socialit du sens?

  • Pareille entreprise voudrait quon apprhende certainement lAfricain

    dont le Mulub, non pas seulement en tant que nature, mais plus en tant que culture. Ce qui

    ncessite la mise en vidence de ses penses, de ses sentiments, de son imaginaire, de ses

    problmes, de ses priorits ou de ses proccupations majeures face aux ralits de son

    temps, de son espace et ses relations mmes au monde.

    Miroir o se rflchit un peuple et force dune mcanique

    psychosociale, les parmies sont lun des champs propices de telles investigations, car

    elles donnent voir le mode conceptuel de ce peuple, sa vision du monde et son rel

    programme dautoprise en charge et ses contradictions stimulantes ou stressantes.

    LAfrique en gnral, et la Rpublique Dmocratique du Congo o se

    circonscrit laire culturelle lub en particulier, connaissent par ces temps-ci une crise

    dhomme, une crise conomique, socioculturelle, juridique et politique si bien quon

    assiste une hcatombe inquitante des valeurs humaines et universelles.

    Les droits fondamentaux de lhomme se trouvent bafous. Le travail et le

    mrite sont remplacs par le clientlisme. Le trafic dinfluence, le dsir du pays de cocagne

    ou le mythe du paradis terrestre montrent le drame existentiel de ce peuple. La violence, la

    guerre-business en concours tuent la paix, engendrent la haine et un grand malaise social.

    Le lobbying de plus riches rend les pauvres plus pauvres, etc. Tout ceci, dans une

    atmosphre de larbitraire, des micmacs, des mutations sociales, d urbanisation

    incontrle, dexode rural, dexode urbain et des migrations intenses avec interfrence des

    lments divers, des bouleversements technologiques et des changements culturels relatifs.

    Le Mulub, rceptacle de ces effets linstar des autres peuples du

    Congo ou dAfrique, semble port tout fait la drive, car il na pas de modle social

    prcis suivre aujourdhui. Il ne sait pas limage de quel type dhomme idal, pour quel

    type de socit et par quelle dfinition de projet dhomme et de socit mme il peut se

    raliser.

    Dans cette crise, le recours aux traditions, la littrature orale dont les

    parmies, comme tenir une boue de sauvetage, parat ncessaire pour retrouver la piste

  • perdue, le profil dhomme taill par une culture millnaire base duquel peut soprer des

    innovations.

    La richesse morale, thique et esthtique des parmies, leur usage

    sporadique dans la communication interpersonnelle, dans les sermons de diffrentes sectes

    religieuses, dans les harangues politiques, dans le folklore, dans la musique congolaise

    moderne (cas des artistes Tshiala Mwana, Flix Wazekwa, Koffi par exemple), dans

    nombre dmissions radiodiffuses, dans le thtre populaire, dans les journaux, revues et

    livres en cilub comme titres et citations (cas de la revue bimensuelle Munyaku wa nsona

    Lwabanya ne Cisanga 2006 par exemple) et du rcent mlange Tuya tooo,Twimana

    produit en cilub par A. Mutombo Mwana et alii (2007), en hommage P. Ngandu

    Nkashama, etc., ne tmoignent-ils pas, par ce temps, quoique non exclusivement, de

    limportance, de la vitalit de ce genre littraire, de l orature ou de l oraliture ? En

    outre, ne tmoignent-ils pas aussi et surtout dun rel besoin de thrapie sociale, dune

    archologie du savoir ractionnelle la perte didentit trop sentie, la mort culturelle? Un

    peuple qui perd les principes recteurs de sa vie nest-il pas un peuple malade qui doit

    procder la qute ou la reconqute de ces principes, de son code thique, de sa science

    de la vie pour le renouvellement de son quilibre rompu ?

    Dans un tel processus, la reconqute de ces valeurs perdues doit tre

    critique. De ce fait le peuple lub se doit de passer invitablement par une remise en

    question de certains principes traditionnels pour une adaptation ou une application du

    mental aux situations nouvelles comme montr plus haut. On ne le dirait pas aussi mieux

    quen pointant par exemple, de lindex ferme, le Festival YAMBI-Congo ouvert en

    Wallonie Bruxelles, le 26 Septembre 2007 pour ce quil est: renaissance, manifestation

    dune culture, expression dun gnie, dune identit, des visions du monde, et pour ce quil

    signifie pour le Congo et le monde: coopration culturelle, dialogue des cultures, des

    peuples et des individualits.

    Par ailleurs, au point de vue pistmologique, les parmies sont attestes

    par plusieurs tudes, dont celle de Y.-M. Visseti et P. Cadiot (2006), comme des

    synthses des contes, des vnements et des expriences de la vie dun peuple. Ds lors,

    on les considre comme lun des champs narratologiques rduit en formule o il faut

  • mener des investigations profondes pour accder leur structure actantielle, par

    consquent leur immanence et au dpassement de celle-ci.

    A travers ces structures se percevraient, pense-t-on, les moules qui ont

    donn la forme la pense du peuple lub, aux principes de vie qui lont forg. Il sy

    apprhenderait le gnie mme de la science et des arts qui a opr chez ce peuple des

    superstructures mentales, traduisibles en comportements, en projet continu dhomme et de

    socit. Le rapport entre le pass parmiologique et lactualit tant un fait, cela convoque

    sans doute une hermneutique des traditions pour la dlivrance des messages, de la pense

    parmiologique et une appropriation objective. Cette problmatique sappuie alors dune

    parmie de ce peuple qui stipule:

    Nsmwn y bantu Les parmies dun peuple

    di yleeja ngny yb Trahissent ses penses

    (Dans les parmies dun peuple se lit sa vision du monde)

    Fort de ce qui prcde, il se pose un certain nombre de questions

    principales, ossature de la problmatique, et qui sous-tendent alors cette tude intitule :

    Analyse structuro-smantique des parmies zoophytonymiques lub (L31a):

    Quel est le portrait du peuple lub, indiciel soit-il, dans le temps et dans

    lespace ?

    Comment se prsente gnralement lunivers de la littrature orale en

    Afrique et dans le monde ?

    Comment se structurent lactantialit et le sens dans ces rfrents textuels ?

    Quels thmes sont traits dans les 100 parmies zoophytonymiques lub du

    corpus ?

    Quelles sont les significations et les interprtations des proccupations de ce

    peuple qui se dgagent de ces 100 parmies regroupes en thmes?

    Comment se prsentent les stratgies de la pense ou le mode conceptuel de

    ce peuple travers ces parmies du corpus ?

    Quel abord, aspectuel soit-il, de la cognition dans ces parmies ?

  • Quel est le profil de la reconqute dun modle social ou de la conception

    dun type dhomme idal, talon social, en recourant aux parmies, face la

    crise spcifique lub actuelle?

    Quelle proposition dintervention parmiologique dans cette socit en

    dcoulerait ?

    Ces quelques questions figurent la problmatique de cette tude. Elles

    guideront ainsi le raisonnement dans ses diffrentes tapes. Le dpassement ventuel de ce

    cadre ne se portera quau bnfice mme de ce travail.

    0.2. Hypothses du travail

    Dans Motifs et proverbes, Essai de smantique proverbiale:

    Introduction par Y-M. Visseti et P. Cadiot (2006), les proverbes se traitent

    essentiellement comme des matrices de rcits et d'apologues, compacts videmment et

    hautement transposables, apparents ce qu'on appelle des motifs en folkloristique, en

    narratologie, et dans les tudes thmatiques en gnral. Ils rpondraient de ce fait la

    vision de cette tude.

    Ds lors, sachant quau-del de leur art, en bref de leur prosodie, les

    parmies, en particulier les proverbes, comprennent des schmas figs des rcits; tenant

    compte que leurs motifs, sont des pivots qui servent des transpositions smantiques

    suivant la dynamique des contextes, la dynamique de nouvelles situations; sans oublier

    alors la fonctionnalit mme de ces parmies, on estime que celles du corpus, par:

    Lanalyse structuro-smantique et le dpassement de leur immanence par le

    biais de lhermneutique prconise permettraient de reconstituer ou de

    ractualiser, dans la mesure du possible, leur actantialit ou leur schma

    narratologique, bien que rputes du genre potique, li, formulaire,

    lapidaire, laconique, concis ; den dgager les diffrents sens par la mise en

    relation des structures ;

  • Cette mme approche, permettrait daccder en mme temps aux stratgies

    de la pense et la profondeur de la culture lub, de ractualiser les

    diffrents sens modaux de ces parmies (jugements, conseils, constats,

    normes, contestations, rappel lordre, soumission la doxa, remise en

    question, gnose, etc.), afin de ragir la situation actuelle de ce peuple qui

    est une situation de crise multiforme ;

    Du fait quelles agissent sur lhomme et vice versa :

    - Leur non usage systmatique dans la socit lub actuelle

    aurait contribu la crise socioculturelle de ce peuple ;

    - Certaines parmies seraient dpasses, dautres seraient

    restes statiques si bien quelles nont pas pu suivre la

    dynamique de lvolution sociale dans le temps et dans

    lespace ;

    - Leur contenu, leurs prescriptions et prohibitions,

    dtermineraient un modle social pour ce peuple ;

    - Lensemble des parmies comme uvre de pense et une

    cosmologie globale ne pourrait sexpliquer qu la

    comprhension de chaque parmie comme texte constitutif de

    luvre et agir sur lauditoire en fonction de son horizon

    dattente, cest--dire la lumire de ses traditions, de ses

    problmes actuels et leurs demandes de constance ou de

    dpassement.

    0.3. Objectifs du travail

    Aprs avoir dfini la problmatique et donn les hypothses de ce

    travail, les objectifs quil sassigne sont clairs et nets. Ils se prsentent de la manire

    suivante:

  • Prsenter le peuple lub et son portrait culturel cern par le corpus ;

    Contribuer dabord lesquisse dune notion gnrale de littrature orale

    linterface de la littrature crite avec laquelle elle partage le destin ;

    Rcolter et prsenter 100 parmies zoophytonymiques de laire culturelle

    lub (L31a), les transcrire pour les sauver de la perte, et les regrouper par

    thme suivant un ordre alphabtique pour leur traitement ;

    Soumettre chaque parmie une analyse structuro- smantique (le modle

    actantiel de A. J. Greimas) appuye de lhermneutique des traditions ;

    Objectiver la forme de ces parmies lub et les stratgies de la pense

    symbolique y relative, dgager quelques aspects cognitifs de ces parmies ;

    Objectiver la forme de ces parmies lub et les stratgies de la pense

    symbolique y relative, dgager quelques aspects cognitifs de ces parmies ;

    Dgager par le biais des isotopies parmiologiques possibles les

    proccupations des Balub exprimes dans les 100 parmies et les

    interprter face la crise actuelle de ce peuple, afin de montrer le degr

    dintervention ou daction parmiologique possible dans la recherche dune

    voie de sortie ;

    Par un procd principalement oppositif des lments lexicaux de chaque

    parmie analyse, rendre compte de la gnration des significations perues

    comme des caractres, des lments informationnels ou des notions sur le

    monde ;

    Proposer un modle dapproche dune intervention parmiologique.

    0.4. Choix et intrt du sujet

    Lintrt de ce sujet se situe dabord dans le besoin de connatre

    lhomme en tant que produit dune culture mue par un certain dynamisme. Cet homme est

    constamment en interaction avec son espace gographique et son peuplement, avec

    dautres cultures. Cest travers les comportements, les gestes, les attitudes, les oralits,

    les crits, les uvres diverses et lensemble des expressions artistiques que cet homme

    sexprime, agit sur son environnement sociomental et existentiel.

  • Il est aussi ncessaire dacqurir une totale connaissance de lhomme

    pour une meilleure coopration, pour de bonnes actions sociorgulatrices et dveloppantes

    des individus, des organismes et des espaces. Les parmies constituant lun des miroirs o

    se refltent les penses profondes et les sentiments dun peuple sont alors un objet

    pistmologique, un champ heuristique de grand intrt. Elles permettent de dvoiler la

    vision du monde dun peuple et ses profondes aspirations. Elles permettent aussi de juger

    des carts ou de la conformit dun peuple par rapport son code social. Les traditions

    intriorises elles-mmes sont rsumes dans ces parmies et traduites en conscient et

    inconscient collectifs qui trament au sein du peuple comme un postulat silencieux qui

    censure, ordonne, filtre son expression et son comportement. Les rcents travaux sur les

    langues ne peuvent que susciter aussi des tudes sur des cultures quelles portent et

    quelles vhiculent. Le besoin dautodcouverte et de dcouverte interculturelle constitue

    aussi un intrt scientifique toujours dactualit. Lintrt pratique et didactique apparat

    dans le traitement mme de ces parmies et dans le projet de leur intervention sociale.

    Cest cet tat des choses qui justifie alors le choix de cette tude axe sur

    le peuple lub aux prises avec le monde.

    0.5. Etat de la question et dlimitation du sujet

    Apparemment, la production des connaissances sur les diffrents

    domaines de la vie montre aussi que beaucoup dtudes ont t menes sur les parmies

    dans certaines aires culturelles. Cadiot et Visseti (2006), contrairement cet angle de vue

    confirment que cest peine que ltude sur les proverbes sest dveloppe au plan

    international en une sous discipline, la parmiologie. Cest du point de vue systmatique

    ou pistmologique quils mettent cet avis qui nenlve rien lanciennet de ce genre et

    sa science, car Aristote, au IVes. avant Jsus-Christ, par intrt pistmologique bien sr,

    en fait dj cas comme fragments dune trs ancienne sagesse prserve des naufrages et

    des ruines grce la brivet et la justesse de leur ton.

  • Les fables de J. de La Fontaine qui datent du XVIIe s. contiennent des

    proverbes comme leons morales. Ces fables sont tudies depuis des sicles

    Ces considrations sur les tudes parmiologiques constituent un

    exemple reconnu de longue date comme fondamental, en dpit des difficults lies la

    dfinition mme des parmies, et la diversit de leurs fonctions dans la vie sociale, selon

    les aires et les poques.

    Lengouement scientifique actuel rejoint ici une longue tradition mi-

    savante, mi-populaire, qui se traduit dans une srie sans fin de publications dambitions

    diverses recueils, dictionnaires, rubriques journalistiques ainsi que dans toutes sortes de

    jeux parodiques, crits aussi bien quoraux.

    Si les auteurs cits, Cadiot et Visseti (2006), justifient cette faveur

    particulire que connaissent aujourdhui les parmies comme objet dintressantes tudes

    dans les diffrents cercles des sciences humaines, cest par le fait quelles sont sans doute

    un lieu privilgi pour une articulation entre lanalyse linguistique et celle des

    reprsentations collectives. Il y a aussi un fait notoire que chaque langue y vhicule ses

    penses labores, ses fast-thinking.

    Les traditions intriorises elles-mmes sont rsumes dans ces parmies

    et traduites en conscient et inconscient collectifs qui trament au sein du peuple comme un

    postulat silencieux qui censure, ordonne, filtre son expression et son comportement. Les

    rcents travaux sur les langues ne pouvaient que susciter aussi des tudes sur les cultures

    quelles portent et quelles vhiculent. Le besoin dauto-dcouverte et de dcouverte

    interculturelle constitue aussi un intrt scientifique toujours actualis.

    Le besoin de communiquer avec force, de persuader largumentation

    en convoquant lexprience, la sagesse, lespace et son peuplement, les nouvelles situations

    demploi qui se prsentent, la potique formulaire mme des parmies, sont dune

    attraction irrsistible.

  • Le bilan de la recherche sur ce sujet, au plan gnral, est trs vaste. Les

    parmies comme objet pistmologique, on se rpte, ont connu un certain nombre

    dtudes depuis des annes. Lespace de cette dissertation ne pourrait en faire un

    inventaire absolu. En outre, on na pas accs toute linformation sur ces tudes, ltendue

    de lunivers, la multiplicit des peuples, des barrires linguistiques et des supports, le

    temps imparti ces recherches, les moyens, empchent un recensement total.

    Nanmoins, pour le besoin scientifique de baliser litinraire, de montrer

    loriginalit de lapport de cette tude en dgageant le champ spcifique o soriente et

    sexploite ce sujet face aux recherches faites par les autres, on rendra compte dans cette

    suite, de manire succincte, de quelques tudes estimes proches de ce sujet. Elles

    jalonneront des intervalles irrguliers cet itinraire qui se dpiste partir du XXe s.

    clips jusqu ces jours, ceci la faveur sans doute de la bibliographie et autres sources

    la porte. On partira prcisment de 1925 2009:

    J. Paulhan (1925), dans son livre Exprience du proverbe, sans relle

    ambition scientifique, montre son apprentissage de lutilisation du proverbe au fur et

    mesure quil se familiarisait avec la langue malgache. Lauteur dans cet ouvrage montre le

    rle que peuvent jouer les proverbes dans la psychologie personnelle et dans la culture

    dun peuple.

    A la suite du grand rudit folkloriste amricain A.Taylor, B.J. Whiting

    (1932) a produit une tude intitule: The nature of the proverb , Haward studies and notes

    in philology and literature.

    Dans son tude de base publie en allemand: Parmiologische

    Betrachutungen, (Considrations parmiologiques), Folklore Fellows Communications,

    dont on a eu accs aux commentaires en franais, M. Kuusi donne des indications

    gnrales sur les parmies. Mais plus tard, de ses diffrents articles en anglais, deux dont

    How can a type index of international proverbs be outlined ? (1970) et Towards and

    International type-system of proverbs (1972), M. Kuusi aborde essentiellement la

    taxonomie des proverbes. Il donne mme spcifiquement, dans son dernier article cit, des

  • schmas smantiques fondamentaux des proverbes dont il en dnombre vingt-et-un

    suivant cette distinction:

    un oppos deux ou beaucoup

    un oppos tous (ou la partie oppose au tout)

    Il faut signaler que cet auteur est le pivot de la parmiologie finlandaise,

    et autour de lui staient runis plusieurs parmiologues finlandais dont les uvres nont

    pas t accessibles pour cette tude. Ses travaux ont t gouverns par trois ides

    principales comme le montrent A. Krikmann et I. Sarv, THE TARTU RESEARCH

    GROUP OF PAREMIOLOGY (htt://www.Folklore.ee/Folklore/vol2/kpix.htm) :

    In the early 1960s or even before that, Matti Kuusi contemplated three

    significant ideas.

    The first one: The idea to establish an international journal of paremiology

    The second idea: to compile an international typological index of proverbs

    (on the analogue of Aarne-Thompson's index of folk tales).

    The third idea: to issue a comparative publication of proverbs of North

    European peoples.

    Dans la Sagesse kirundi, recueil produit par F. Rodegem (1961), se

    trouvent rassembles 4000 parmies (proverbes, dictons, locutions). Lauteur y procde par

    leur classement alphabtique, en donne une traduction littrale, des correspondants en

    franais ou en latin, et en fin de louvrage il donne des tables smantiques. Les

    proccupations interprtatives ny sont pas encore franches. Mais parce quon parle dun

    traitement de parmies par F. Rodegem, il faut signaler que dans ses travaux postrieurs,

    Paroles de sagesse au Burundi (1983), F. Rodegem y rpertorie 4465 formules

    proverbiales et y applique un classement idologique bas sur les besoins fondamentaux

    de lHomme, lesquels besoins sont reprsents dans un schma retouch dans son

    article Proverbes et pseudo-proverbes in Annales Aequatoria 6 (1985 : 75), et il prsente

    lhomme en relation avec ses semblables (besoin de possession), ses suprieurs (besoin de

    protection), le monde invisible (besoin de bonheur).

    Ces grandes divisions prconises par F. Rodegem, comprennent

    chacune des sous-divisions o transparaissent les ides exprimes dans les proverbes et le

  • portrait des Burundais. Il y apparat ainsi la proccupation ethnographique de cet auteur

    centre sur la parole, notamment sur les parmies. Enfin, dans cette mme tude, lauteur

    prsente une discussion gnrale des donnes sous le titre La dynamique des parmies.

    Van Roy (1963), ethnologue, fait une prsentation maille des lments

    explicatifs dans Proverbes kongo.

    Le chercheur russe, G. L. Permiakov (1968), dans son ouvrage intitul

    Choix de proverbes et dictons des peuples dOrient, aborde aussi laspect taxonomique des

    proverbes. Il dgage de ce fait une double classification, structurelle et smantique :

    sa classification linguistique, se fonde sur lanalyse des structures des

    proverbes, sur leur formulation mtaphorique ou non, sur une opposition

    binaire, sur la nature mme du mot clef ou la syntaxe phrastique, le sens

    positif, ngatif ou intermdiaire ;

    sa classification logico-thmatique part du principe que les millions de

    proverbes au monde ne sont que les variantes dune centaine de situations.

    Ces dernires peuvent tre classes selon quatre invariants, qualifis de

    logicosmiotiques et se schmatisant comme suit :

    Sil y a A, il y a B ;

    Si A a la qualit X, il y a la qualit Y ;

    Si B dpend de A et si A a la qualit X, B aura la qualit X ;

    Si A a une qualit positive, et si B ne la pas, A est meilleur que B.

    Selon les cas, ces invariants, montre lauteur, peuvent prendre une valeur

    neutre, positive, ngative ou mixte. Plus tard (1988), abordant le mme aspect que la

    prsente entreprise, mais avec une diffrence de corpus, de langue porteuse des parmies,

    de lespace gographique et socioculturel, il a men une tude structurale intitule : Osnovy

    strukturnoj paremiologii.

    Une autre tude qui a retenu lattention est Domestic animals and wild

    animals as symbol and referents in the proverbs de A. B. Rooth (1968). Cette tude,

  • traitant un large corpus de 1800 proverbes du Sud de la Sude, sest occupe de

    loccurrence des animaux dans les proverbes. Ses rsultats ont attest quen Sude, les

    animaux domestiques sont plus utiliss dans les proverbes que les sauvages. Cette

    situation nest pas encore vrifie dans laire culturelle lub et ne fait pas une

    proccupation dans cette tude. Nanmoins, il faut remarquer ici que cet auteur relativise la

    prpondrance des images qui chargent smantiquement les proverbes la sdentarit

    quoblige lagriculture.

    Lauteur souligne en outre que lEurope et lAsie sont terres dlection

    des proverbes, cest de ces deux espaces, prtend-t-il, que les proverbes se seraient

    rpandus en Amrique et en Afrique, par le biais de la colonisation. Cette hypothse ne

    convainc pas : premirement, il ne dit pas par quelles particularits objectives lEurope et

    lAsie ont indpendamment fait lexprience des proverbes (exprience du monde des

    utilisateurs) avant les autres continents ; deuximement, le besoin de communiquer inn

    qui a engendr ces formules sentencieuses, nignorait ni les Amrindiens, ni les Inuits, ni

    les Africains. Il est ancien et fcond dans tous les espaces humains, et cest dans ces

    espaces quil a d puiser les images spcifiques constitutives des parmies. En outre, une

    parmie qui contiendrait, par exemple, limage dun ours, cette image ne serait (hormis la

    transversalit) que lindice de lespace-biotope de cet animal et de lespace exprimental

    du gnie du proverbe qui lemploie. Do il ne sera pas rationnel dattribuer lorigine dune

    telle parmie un espace physique et socioculturel o na pas exist ce rfrent

    zoomorphique. La polygense des parmies se dfend avec la maturation de lhomo faber,

    de lhomo logos et de lhomo sapiens avec son ethos et son pathos dans les diffrents

    espaces du globe.

    G. B. Milner (1969) dans De larmature des locutions proverbiales. Essai

    de taxonomie smantique, donne des lments dfinitionnels et identificatoires du

    proverbe. Lauteur y tudie lune des configurations les plus caractristiques du proverbe

    quest lnonc quadripartite. Cest sur le plan du fond et de la forme quil juge les quatre

    lments mis en quilibre structurel. Ses exemples sont puiss en franais, en anglais et en

    samoanais. Mais il aboutit cette attestation que la structure bipartite des proverbes (qui

    apparemment domine) est une consquence drosion des anciens proverbes par lusage.

  • Dans son intressant ouvrage intitul Oral Literature in Africa,

    R. Finnegan (1970) consacre un chapitre entier (14) aux proverbes. Elle y montre des

    proccupations thoriques sur ce genre concernant la dimension smantique et formelle,

    en dcrivant le fond et la forme. Elle dgage en outre les fonctions de proverbes. Bien que

    cette tude balaye le vaste domaine de lAfrique, R. Finnegan tire ses exemples spcifiques

    de Jabo, Zulu et Azande.

    Quant M. Tordoir (1970), il juge de la pertinence du sens et dusage

    des proverbes dans Ltude critique de quelques proverbes de Littr.

    H. Jason (1971), dans son article The Problem of Meaning and Function,

    traite du sens, du rle et de lutilisation du proverbe dans un groupe social. Il qualifie le

    proverbe comme lhuile dans les rouages de cette machine sociale. Par consquent le

    proverbe offre des avantages scuritaires, par lusage des images, il adoucit lassaut verbal

    dans la transmission des messages et dans les rapports sociaux.

    Un autre son de cloche sur ce sujet vient de E. Njoh Mouelle, travers

    son article Sagesse des proverbes et dveloppement (1975). Lauteur juge de lventuelle

    pertinence des proverbes au dveloppement. Il dfend trois ides principales au sujet des

    proverbes :

    Ils sont lnonc de vrit rsultant de lobservation ;

    Le savoir quils contiennent a un caractre descriptif et rarement normatif :

    les proverbes racontent le monde tel quil est et jamais tel quil doit tre (ce

    qui donne dj une indication quant leur rapport avec le dveloppement) ;

    Le savoir de proverbe na aucun caractre scientifique (or la scientificit

    cite est ncessaire au dveloppement).

    Cette dialectique ngative sur la fonctionnalit dveloppante du proverbe

    est une ide soutenue dans cette tude, mais pas de manire absolue, car E. Njoh Mouelle

    se ravise au cours de son raisonnement, et concde enfin ce genre un jugement positif

    suivant : en tant que littrature, il contribue (le proverbe) au renforcement de la

  • personnalit dun peuple, qui peut tre un facteur important dans la vie des individus

    comme dans celle des peuples.

    Ce point de vue de Njoh Mouelle sur les proverbes et le dveloppement

    trouvera sans doute quelques rponses, dune faon ou dune autre, dans ce travail et dans

    ses prolongements. Le dveloppement reste une proccupation raliste pour lAfrique,

    mais il est un phnomne complexe. Il ne peut jamais se raliser sans lhomme dont la

    personnalit est aussi forge en grande partie par les oralits. Dautres tudes dans la suite

    de cet tat de la question rpondront directement ou indirectement cette prise de position

    de Njoh Mouelle.

    Ltude ralise par C. Fak Nzuji (1976) sous le titre de Art oral

    traditionnel au Zare : les proverbes, aborde dj les aspects relatifs la forme des

    proverbes. Lauteur relve dans cette perspective structurale la rptition, lassonance, la

    rduplication, le chiasme syntaxique, tonal, et les archasmes comme caractristiques

    formelles des proverbes.

    Sous le titre Mtaphore et mtonymie dans les symboles parmiologiques.

    Lintersubjectivit dans les Proverbes Tetela, Nkombe Oleko (1979), par une

    hermneutique appuye par la smiotique mne une tude tropologique et philosophique. Il

    se fonde sur lide que le proverbe donne penser, ce qui suggre lassertion le

    symbole donne penser de P. Ricur. A travers les proverbes de son peuple, il a cherch

    dterminer les concepts capables de rendre les expriences fondamentales de lhomme

    africain, du muntu, saisir lessence mme de lhomme (tetela) dans sa

    multidimentionnalit, par le truchement de linterprtation. Ainsi dgage-t-il dans la

    conclusion de son travail six oppositions : vacuit/plnit ; tension vers/fermeture sur soi ;

    appartenance/appropriation ; intersubjectivit du ncessaire/intersubjectivit libre ;

    distance valorisante/distance ngative ; mission/accomplissement. Dans cette entreprise,

    Nkombe applique une logique des classes aux tropes parmiologiques, ce qui lui a permis

    daffirmer lhypothse de R. Jakobson selon laquelle la mtaphore et la mtonymie

    structurent le symbole. Ayant cherch principalement savoir comment du discours

    symbolique africain, du parmiologique, parvenir llaboration dun discours

    spculatif , il a d opter pour lapplication scientifique de lapproche hermneutique.

  • Sur la frange est de lAfrique, P. Crpeau et S. Bizimana (1979)., ont

    men aussi une tude intressante : Proverbes du Rwanda. Cette tude donne des lments

    sur le fond, la forme et la fonctionnalit des proverbes de cette contre. Ce recueil est

    complt par lexcellente tude de Pierre Crpeau (1985), Paroles et sagesse. Valeurs

    sociales dans les proverbes du Rwanda.

    Par ailleurs, Jean Cauvin (1981) dans, Comprendre les proverbes mne

    une tude sensiblement structurale qui dgage quatre types de symboles reprsentables,

    daprs cet auteur, dans tous les recueils de proverbes :

    Le symbole un terme est constitu dune image-action rapporte une

    image-tre :

    A_________________________a

    Le panier de la vieille ne se remplit pas

    Le symbole double un terme est constitu par deux images-actions

    rapportes un mme tre imag :

    ne fait pas terminer la plaie

    La pommade

    mais elle ladoucit

    Le symbole deux termes est un symbole form de deux images-tres quil

    met en relation ; ce type de relation peut tre prcis en image ou non. Selon

    le cas, il se schmatise comme suit :

    A____________a____________B

    La marmite neuve ne se moque pas de la marmite vielle

    A_________________________B

    Le vestibule de ton ennemi est lentre de ton cimetire

    Le symbole de spcification est form de deux images-actions

    (spcification). Ces deux actions ou ces deux spcifications images ont une

    relation entre elles :

  • A________________________B

    Lever la tte amne voir une connaissance

    Les relations images ainsi dgages figurent en ralit les relations

    sociales, et la comprhension de ces messages imags demande quon dgage le trait

    dominant. Ce trait est trs explicite dans le proverbe unique symbole, sil y a deux mots,

    cest labstrait quil faut reprer.

    Dans cette perspective, mais diffremment de Cauvin, la prsente tude

    envisage les structures formulaires des parmies et les stratgies universelles ou les lois

    oprant spcifiquement dans quelques symboles des parmies du corpus ad hoc qui

    prvaudra. Abordant autrement que Cauvin les relations des proverbes la socit, ce

    travail cherchera dduire des parmies, considres comme le reflet dune socit, les

    proccupations profondes de celle-ci et le profil dune renaissance pour un peuple en crise

    multiforme (manque de modle social, menace de perte didentit par la globalisation et la

    mondialisation, mutation socioculturelle, conomique, technologique, spatiale, nostalgie de

    nulle part).

    G. Hasan-Rokem (1982) par lusage de la smantique structurale,

    applique aux proverbes israliens, son tude intitule : Proverbs in Israeli folk

    narratives : A structural semantic analysis, traite de la structure du sens dans une autre aire

    culturelle que celle concerne par la prsente tude, et en outre il nexamine pas

    lactantialit.

    A la croise des rflexions sur les parmies, Okolo Okonda WOleko

    (1986) intervient avec un apport aussi intressant : Pour une philosophie de la culture et du

    dveloppement. Dans cette tude, lauteur reprend E. Njoh Mouelle et cherche le

    dpassement du propos de ce dernier en voulant trouver aux proverbes un autre rapport

    avec la pense. Lauteur dans le fait daller au pass (donc aux proverbes, aux traditions)

    prsente une situation praxique en face dune ralit africaine actuelle.

    Cette ralit est une qute dune survie spirituelle et matrielle devant les

    menaces dune culture aux moyens puissants de maintien, de diffusion . Mais il suspecte

  • la vision thique dgage des proverbes par certaines tudes, car elle ne vient quaprs

    linterprtation et les options du philosophe, ne rend pas compte des contradictions sociales

    dont les proverbes portent le reflet.

    La plupart des proccupations de cet auteur dans son tude sont aussi cas

    dans la prsente, la seule diffrence que sans rester seulement la production thorique,

    on intgre une dimension pragmatique en analysant les parmies, en les interprtant pour

    une action sociale utile, pour linstrumentalisation des penses parmiologiques dun

    peuple aux fins dune rvolution positive de sa vision du monde, de sa vie.

    Interrogeant les parmies sur le thme de droits de lhomme, C. Fak

    Nzuji (1986) a produit une autre tude intitule Les droits de la personne dans les

    proverbes africains. Cette tude doit sa pertinence au contexte dune Afrique traumatise.

    O. Owomoyela (1988), dans A K Yorb Proscriptive and

    Prescriptive proverbs, une tude in memoriam M. Bascom et W. Bascom, donne les

    caractristiques des proverbes de ce peuple, leurs aspects structurels, leur fonctionnalit et

    quelques commentaires. En effet, cet auteur fait une recension des tudes sur les proverbes,

    partant du pionnier le Rvrend Samuel Ajayi Crother avec A dictionary of the yoruba

    language (1852), lequel intgrait les proverbes comme des textes illustratifs de certains

    usages des mots. O. E. Vidal, dans son introduction ce dictionnaire, le Rvrend T. J.

    Bowen (1958) dans son dictionnaire enrichie dune grammaire, spcifirent tous la forme

    potique particulire des proverbes, leur contenu moral et leur statut de science du peuple.

    Il signale leur suite les tudes de William Bascom (1965), de John

    Messanger (1959) qui ont surtout mis en vidence la fonction sociale des proverbes, avant

    daborder les points de vue philosophiques et critiques avec Wiredu (1980), Hountondji

    (1983), Archer Taylor (1934), Olowo jade (1977), Lancinay Keita (1984).

    Dans K Family lauteur focalise lattention sur les traits formels, sur

    labondance de la modalit ngative des proverbes yoruba (grand pourcentage constat

    dans Bascom-Omoyela collection) dont ceux commenant par k qui se traduit par One

    does not, One may not, One is never (so), and so forth font une catgorie, et ceux

  • dbutant par k entendu comme does not, must not, .is not, is never (so),

    and so forth. La marque k semploie pour marquer lhabitude alors que la marque k

    semploie pour marquer une fois.

    Les options de son tude se rencontrent avec celles de la prsente mene

    chez les Balub en cherchant dvoiler la perception du monde de ce peuple, son recours

    aux parmies zoophytonymiques pour rpondre ses problmes de lheure, en cherchant

    objectiver leur structure.

    Nsuka zi Kabwiku (1988) dans Mthode danalyse structurale en

    littrature orale avec application un texte kongo (ntandu), montre lextension de la

    mthode structurale la littrature et en fait une application un chant funbre enregistr

    en mars 1970 Ndembo, un village de la collectivit de Ngeba, dans la sous rgion de la

    Lukaya au Bas-Zare. Cest par rapport la mthode que cette tude est proche de la

    prsente, de mme que celle mene par Mayaka ma Kanda (1988) qui, travers

    Linguistique et analyse des textes fait une succincte recension des mthodes linguistiques

    utiles lanalyse des textes littraires. Il part des analyses indpendantes du contexte dont

    limmanence textuelle par les formalistes Propp, Tynianov, Volocginov entre 1910 et

    1930; lapproche syntaxique de Harris ds 1950, aux analyses dpendantes du contexte

    comme celles de lcole de Prague qui a mis laccent sur les fonctions internes du langage.

    Mais il a pris soin de montrer que quelques membres de ce dernier groupe, entre autres

    Jacobson, Benveniste, se sont occups des fonctions externes du langage.

    Dans cet tat gnral de la question, K. Yankah (1989) intervient avec

    The proverbs in the context of Akan rhetoric. A theory of praxis. Cette tude ne se borne

    pas seulement aux aspects esthtiques des proverbes chez les Ankan du Ghana. Elle montre

    la composition des proverbes, la formation de la corde proverbes avec des objets

    symboles y suspendus, tirs de lenvironnement physique et socioculturel. Elle spcifie que

    chez ce peuple les auteurs des proverbes sont souvent connus. Ldition et la diffusion de

    ces proverbes sont la charge dun homme attitr et conservateur dans cette socit. En

    outre cette tude met en vidence la fonction sociale des proverbes. Elle se diffrencie de

    la prsente tude par lorganisation et la prsentation des gnralits thoriques sur la

  • littrature orale, par le corpus parmiologique spcifique, zoophytonymique, par les

    options mthodologiques et pragmatiques.

    F.B.O. Akpoborobaro et J. A. Emovon (1994), ont produit louvrage:

    Nigerian proverbs : Meaning and relevance today. Par ses orientations, cet ouvrage a

    quelques rapports avec les proccupations dans cette tude, mais avec les seules

    diffrences des univers socioculturels, des approches mthodologiques, des tendues, des

    profondeurs de traitement et des contextes temporels. Comprenant deux grandes parties en

    plus de son introduction (Proverbs and their relevance to the modern life et Proverbs of

    the people), cet ouvrage thorise sur lidentit formelle des proverbes, leur exprience

    socio-gographique, les thmes et le contenu des proverbes du Nigeria, les proverbes

    linterface de lart et de la posie dans cette partie du monde, enfin leurs aspects. Cest

    dans une vision socioculturelle synchronique que chaque proverbe du corpus est interprt.

    De son ct, lanne suivante, Cl. Summer (1995), dans son ouvrage

    portant le titre Oromo wisdom litrature, Vol.I Proverbs collection and analysis, procde

    une analyse smantique des proverbes oromo recueillis. Sa qute du sens dans les

    proverbes est aussi une proccupation dans notre tude.

    Les vues sur les proverbes slargissant et devenant de plus en plus

    intressantes, R. P. Honeck (1997), par son ouvrage A Proverb in Mind The cognitive

    science of proverbial wit and wisdom, introduit les lecteurs dans une autre dimension de

    traitement scientifique des proverbes. Cet ouvrage donne en vue gnrale le proverbe

    comme laspect intuitif dun fonctionnement mental. Lauteur y cherche dceler le

    processus mental, mieux les structures mentales de cration, de production, de

    comprhension et dutilisation des proverbes. Il cherche accder la catgorisation des

    vnements du monde, et la pragmatique relativement ces proverbes. Pour y accder, il

    recourt linterdisciplinarit de la science cognitive en tant quelle embarque la

    psychologie, la linguistique, la neurologie, lintelligence artificielle, la philosophie, le

    langage .

    Ltude structuro-smantique amorce par la prsente dissertation

    recoupe par endroit ce sujet, dans la mesure o elle tudie les structures des micro-textes

  • parmiologiques zoophytonymiques lub, la structuration mme du sens et la pragmatique

    par lnonciation. Mais elle sloigne de cette vision de P.Honeck par lapproche

    actantielle, par lapplication de lhermneutique des traditions aux situations nouvelles de

    la socit cible.

    Larticle de N. Burssens et J.-M. La Haye (1997): Proverbes juridiques

    Lori, regroupe 47 proverbes lori relatifs une seule isotopie juridique. Il montre en outre

    leur fonctionnalit dans le tribunal coutumier et donne des explications et des applications

    pour chacun deux. Cet aspect isotopique ou thmatique intresse, mais dans lactuelle

    tude, les thmes sont varis et exploits pour en dduire les sens et les proccupations

    profondes des Balub.

    N. S. Kabuta (1997), dans son intressant article Elimumitindo ya methali

    za kiswahili, mne une tude structurale des proverbes swahili, mais napplique pas le

    schma actantiel dA. J. Greimas. Les corpus respectifs son tude et la prsente, leurs

    langues porteuses, sont diffrents.

    Une autre dimension relative au sujet est la corde proverbes. Il sagit ici

    des objets cosmiques attachs une corde et voquant dans leur contexte culturel

    spcifique les proverbes o les contes dont ils sont tirs. Comme chez les Akan du Ghana

    cits plus haut, les Kpl de Guine, les Fioti de lAngola septentrional ont cette

    exprience de la corde proverbes et de ses fonctions sociales multiples. Cet aspect

    parmiologique a fait lobjet dtude (thse de doctorat passe Leiden) par N. M. Malasi

    (2000), intitule Mutnga, la corde proverbes des Lega du Kivu-Maniema

    (Congo).Cette tude met bien en vidence les modes conceptuels de la pense lega, leur

    vision du monde et dgage les relations du proverbe avec dautres genres dont les 26

    contes du mtanga. Il dgage aussi les aspects constitutifs du proverbe dans cette contre.

    Cette tude est assortie dun important lexique sur ces proverbes et conte s du mtanga. Ce

    dvoilement du peuple lega est dans la mme perspective que celui des Balub dans la

    prsente tude.

  • Eric Adja (2000) de lUniversit de Genve la suite des autres a abord

    ce domaine, au colloque Louvain-la-Neuve, sous le titre : Les proverbes dans

    l'acquisition des savoirs informels au Bnin.

    Il a montr que dans la culture des Fons du Sud-Bnin, le proverbe est

    beaucoup plus qu'un " court nonc exprimant un conseil populaire, une vrit de bon sens

    ou d'exprience... " comme le dfinit le Larousse (2000). Cet article propose une relecture

    du proverbe fon, dans sa triple dimension sociale, pdagogique et psycho-cognitive. Trois

    questions ont orient ses investigations :

    1. " Comment apprend-on les proverbes chez les Fons?"

    2. " Comment communique-t-on avec les proverbes fons?"

    3. " Comment connat-on grce aux proverbes fons? ".

    En rpondant la premire question, il a tent de montrer quel point

    l'apprentissage et la pratique des proverbes rsultent de l'immersion sociale du sujet et se

    droulent dans un contexte de ngociation permanente du sens, ce qui demande l'individu

    une constante ouverture au monde et aux autres. Cette analyse rejoint les thories

    psychosociologiques actuelles d'inspiration systmique, pour lesquelles le point de dpart

    de la communication n'est plus le moi individuel mais l'interaction elle-mme, avec le

    monde d'une part, et avec l'autre d'autre part. La deuxime question la conduit

    considrer de plus prs les procds d'nonciation de ces proverbes, en sintressant en

    particulier une caractristique originale du proverbe fon, son interactivit.

    En effet, a montr cet auteur, la possibilit d'une nonciation double

    entre sous forme de question-rponse permettant au locuteur de laisser le soin son

    interlocuteur de deviner ou d'imaginer la suite du proverbe selon l'environnement mutuel

    partag, permet une sorte de co-construction ou de co-nonciation au terme de laquelle la

    signification est construite matriellement et " en temps rel " au cours de l'change

    interlocutoire. Il a d souligner la diffrence entre la communication-transmission des

    savoirs qui est en gnral la rgle dans l'enseignement formel et la communication par le

    biais des proverbes qui se caractrise par une smiotique de coopration (Grice 1979), et

    qui privilgie le principe de pertinence (Sperber et Wilson 1989).

  • Enfin, sa troisime question la conduit tudier le rle des mtaphores

    dans le savoir parmioplogique des Fons, lequel qui ne vise pas l'acquisition pure et

    simple de connaissances dsincarnes par rapport au monde et l'environnement

    immdiats (comme c'est souvent le cas pour l'enseignement formel en Afrique), mais plutt

    la sagesse, ce savoir-faire thique spontan qui donne penser la cognition comme

    activit concrte de tout l'organisme. Cette perspective sera l'occasion de rapprocher la

    pratique cognitive du proverbe fon la thorie de la connaissance comme "naction"

    dveloppe par des auteurs comme Rosh et Varela (1993) pour qui la cognition ne consiste

    pas en reprsentations pures et simples, mais en une batterie d'actions incarnes que la

    prsente tude sur les parmies zoophytonymiques lub appellera actes du corps

    puissanciels, tant qu'une grande partie de la vie mentale relve du faire-face, et d'une

    connaissance immdiate et spontane de la ralit.

    J.- C. Anscombre (2003), du CNRS, dans son article Les proverbes sont-

    ils des expressions figes ?, part du postulat quon ne peut pas tudier une catgorie quo