Amérindiens de Guyane des cultures millénaires

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    Amrindiens de Guyaneune exposition pour rflchir un monde en gsineffilacer cte cte, dans une exposirion, des objets archclogiques et des objets ethnographiques, les premiers renontant ux-&- prer-rriers sicles de norre re, ies aurres ayant t rcoits voici quelques dcennies voire quelques annes, est une enrrepriserisque. Ne prenanr en cornpte qu'une partie du patrimoine 'possible et ne disposant pas des rmoins bien dats de toutes lestapes, roures les infiuerces, les juxtapositions peuvent conduire irnaginer d'improbables imrnobilisations crilturelles ou, auconrraire, construire tr'hyp,:thse de ruprures qui n'one peut-tre pas eu lieu, ccnstructions intellectuelles artificielies nes d'unregard rlologique extrieur conringenr de son enviro*oement idologique. De surcroit, mme en lirnitant ie cadre gographiquedu projer une portion de la Guyane franaise, entre pprouague et Oypock, itr est di{cile de rendre compte de la diversit desc.s\*tres, abrtiorl de leur complexit, dans des rerritoires immenses o la granCe forc tropicale, mme si elle rait par le pass rnoinsinfranchissable qu'on apu le dire, se prte plus mal que C'a,rtres cosystrnes la circulation. D'ailleurs, 1a notion dc terriroire culturelest ici ssez peu pertineare, les fleuves, traits d'union et non barrires, unissant leuls rives pour les peuples riverains.Compiexes, les cultures amrindiennes l'taient de roure vidence et le sont encore, bieil au-de1 de leur forme matriellefinalernenr assez secondaire pr rpport 1a richesse de la orme immatrielle qui la sous-tend, rites, crmoniels, danses, chants,littrature orale, et bien sr langues, rout ce qlre l'Ul.lESCO, qui cherche prserver la diversit cuicurelle, nomxe patrimoineculturel immatriel . Cetre complexit, c'est ce qui aujourcl'hui, aprs avoir r longtemps sinon ngiig voire mpris, inspirerespecr et considrarion. .espect : la lgirirnit de peuples domins qui aujcurd'hui exigent que leurs espces sacrs, lieux de culteet de spulture nota-nmena, soient prservs cotrn'ile 1e sont ceux de toute hunanit, que leurs droils d'artistes, d'artisans, deconnaisseurs des plances qui soignent, soienc garantis cornme proprit artistique ou inteliectuelle collective, n'est pas disciltable,de mme que ieur volont de rparation identitaire. Considration : en des temps o tre pr,:grs ceclenique et 1e mythe de lamairrise de I'fuumanit sur la narure sonr contredits, er vec queltre viclence, par les ractions visibles de la plante (pollutions,rchauffemenr climarique, monte des niveaux marins, disparition accire des espces...), le retour, sinon la sagesse - aucr'inehumanit n'est sage - du moins des eonceprions culturelles plus holistiques, prcurseurs de l'cologie, o nature et cuiture, loinde s'oppcser, s'entremlent dans une mythologie coxllfixune et indissociable, est raison.Le rni1i..tre

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    devrait tre bienrt prsent : celui des ptroglyphes, roches graves essentielleme::t precolombiennes qui sont une particularitde l'ensemble de I'arc carabe et de la prtie xod-occidentale du continent sud-amricain. Bien que de pierre, ce patrimoinen'est-il pas une pure expression de croyances ea pratiques immatrielles, dont le sens originel s'est peu.t-tre perdu n-rais qui sontaujourd'hui parfois inrgres des rites chamaniques qui leur doanerrt sens ? Ce patrimoine irnrllatriel, aujourd'hui menac parla rnodernisation et la globalisation qui offrent d'autres modies la jeune'sse, pet te porteur de modernit et de crativit, nondans un reus but des influences extrieures dont il est ctr'ailleurs, coirlxre toute cullure,le produit - aLlcune culture diffrencien'est autre chose que le fruit de croisemenls et d'infiuenccs -, mais au conrraire dans un choix assum Ce conservation de l'essentieler de mutrion marginale, d'adaptarion en quetrque sorte. La manif,estation la plus explicite de ia fcondit de ces croisements - lesaureurs conremporains rels Patrick Chamoiseau et Edouard Gtrissant parlent de crolisation - est celle de la spectacuiarisationdes musiques, des danses et des litrratures orales qui fbnt passer du collectif, du communauraire, I'individuel, au singulier, deia rpririon sans cesse rinterprte elonc rinvente une cration ptrie de traditions, de I'entre-soi l'entre-monde. Espoirde rdemption, ou menace de rlclin ? La quesrion de la diversite culturelle rejoint celle, qui en est conringente, de la diversitbiologique et de la prservtion de la vie sur la plante Terre.De rout cela, en Guyane, la connaissance est lacuaire, fragile, la porte heur:istique devine reste de l'ordre de la convictionintuirive. C'est que I'e-ort de recherche reste insufisant, la coordination thmatique et cransdisciplinaire balbutiante, faute demoyens mais surrour deprogrmmtion. La syntl'lse est ds lors malaise , du fait de ladiscontinuit de rravauxpar trop dpendantsdes seuls gots personnels Fuissent les interrogaeions que suscite cctte exposirion, construire avec passion par les dynamiquesdirecteurs du rarise de l Archologie nationale , Patrick Prin e t de i'Ecomuse municipal d Approuague-Kaw, Damien F{anriot,er la direcrion rgionale des A$aires culcurelles de Guyane et son non moins dynamique conservaceur rgional de l'archoiogieGrald Migeon, qui ont su fdrer 1es talents de non-ibreux cirercheurs, co&servateus et coilectionneurs, donner envie d'en savoirdavantage. Puisse-r-etrle persuader ceux qui ont la charge, particuliement lourde en ces temps de pnurie budgtaire, de dciderdes priorics de i'accion pubiique, de considrer que i'investissement dans la recherche en sciences humaines est I'un des moyensles moins incercains de prvenir: les dsordres grves que le monde actuetr sen-rble cocdamn a'ronter.

    Michel COLARDELLEConservateur gnral du patrirnoine,Directeur rgional des affaires cultuelles de Guyane

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    ,esr l ois un plaisir et un honneur pour la comnrrune de Rgina-Kaw d'tre associe cette expcsition mrindiercs deY*** Gryorr, entre lesf'uues pprouague et Oyapock - des cultures willnait'es.Rgina manifeste en effet un atrachemenr roinr prricrllier son patrimoine, ateachement dont trnoigne notre - encore trs jeune- corause municipal dpprouague-Kaw (EMAK), ouvert depuis mai 2008. Muse de socit , I'E'MAK tudie' conserveer iner en valeur Ie parrimoine culturel d'un territoire dont l'artre vitale est le fieu'e Approuague, qui s'etire s.*t 27a km' Cepatrirnoine marriel et irnmatriel est multiforme : historique, ethnographique, industriel,' et bien sr archologique 'L.. pr, de 12000 kmr, Rgina-Kaw esr la deuxime comrnune de France par 1a super6cie, aprs sa grande voisine Maripascula'A peine 850 habitants y sont recenses.cet immense rerritoire de forts et d'eau n'a vidernment pas ctrrapp La conqute - terr-ne qui en dit iong - et ses effets' rlontil sera naturellement question plusieurs reprises ici. Dans une Guyane sou.,enr dcrite cornrne une mosaique de cultures' ia placede ses premiers habitants doit tre souligr'ee et enseigne'Lpprouague a iongtemps t une voie d.e pntration er de comrnunication privilgie. Un espace vital' associ aux fortsenvironnantes, dont on sair dsormais qu'elles n'ont.iamais vraimena t vierges ce toute prsence humaine' Ici, on ne parle pasdu,,fleuve ,maisdela rivire .Onypche,onvchasse,onsydplace,onsybaigne...Etons'enm6e'Franchirses sauts sllppoeuree grande mairrise technique pour viter des chavirages parfois dramatiques.on est d,ailleurs fond penser que bon nombre de pices prsentes dans 1'exposition, sortie s fortuitement du lit de I Approuaguepar des orpailleurs, sont les fruits d'anciens naufrages'L histoiredespeuplemenrs sticcessifs d.e ce territoire n'esr qu'enpartie esquisse. Comrne pourl'ensemble dela Guyane'l'archologiede l,Est guyanais esr encor-e embryonnaire . Les inconnues et contrain[ei sonr l, cette exposition 1e souligne abondarnr-nent' onirnagine sans peine les dcouvenes passionnanres qui attendent encoe ies cherche*rs et utres inventeurs

    Aprs le prestigieux muse drchologie narionale, Rgina aceueiliera l'exposition mrindiens de Guyane entre les fieuuespprouague et Olapock - des cultures nti.llnaiyes.Ce sera la premire exposirion temporaire prsente par l'Ecomuse rnunicipaldpprouague-Kaw, hommage ces peuples er ces culcures top solrvent or:.blis.ege certe exposition et ce catalogue reoivent l'accueii et 1e succs qr.r'ils mritent, c'est tout ce que je leur so,haite' Je formegalemenr le vcu que les collections prsentes ici d.eviennent publiques, pour le piaisir et 1'ducation du plus grand nombre ' surles rives de lpprouague et ailleurs.Je tiens enfin fliciter i'quipe runie autour de ce projet : le Ministre tle ia Culture et de la Communication' travers laDirection rgionale des affaire s culturelles de Guyane e r en particulier son service rgional de 1'archologie, le muse drchologienationale, et 1'Ecomuse municipal d Approuague-i(aw'

    Justin ANATOLEMaire de Rgina-Karv.Frsident de 1a Comrnunaut des Communes de l'Est Guyanais'

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    ft ,,f eme si l'archeologie e n Guyane est une discipline rcente, le Muse dpartemental reoit depuis de1Y f do r. des objers trouvs de manire fortuite par des Guyanais fortement attachs leur histoire,amrindien de la Guyane.

    nombreuses annes deset notamaent au pass

    Le Muse l-ocal (aujourd'hui Muse dpartemental Alexandre Franconie) est n de l'attrait qu'a exerc la Guyane sur ie public,dans les grandes expositions internationales de la 6n de XtrX'et du dbut du XX'sicle. La finalit du lieu a toujours t de faireconnaitre et de promouvoir le patrimoine naturel, culturel et historique de la Guyane.Aujourd'hui rcore, le public peut admirer dans les salies d'expositions permanentes de nombreuses pices archologiques(crainiques, haches polies...) dposes par le Service rgionatr de l'archologie ou appartenant la Collectivic Dpartementale .Il est nanrnoins trs important qu' chaque occasion, nous puissions faire partager ces dcouvertes au-del de notre territoire,grce des publications comrne celle-ci, en ralisant des expositions et en prtant les objets.Lexposition -4 rtrindiens de Gayane, entre les f.euues pprouague e t Oyapock - des cubures millnaires et ce catalogue sont doncde formidables occasions de faire dcouvrir au public, au-dei des origines socio-culturelles ou gographiques, nos richessesarchologiques, culturelles et arristiques.Mes collgues du Conseil gneral de la Guyane et moi-mrne tenons fliciter et emecier toutes les institutions et toutes lespesonnes qui ont particip ces deux belles ralisations.

    Alain TIEN-LIONGPrsident du Conseil Gnratr de la Guvane

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    -aur quelle raiscn se retro1'e-t-on un joul, seul, vc'# un guide, au ccur de 1a fort,{-mazonienne ? Dans unn:.onde qre l'on dit hostiie, il n'en est rien ie vous rassure'1ors que noare chernii-r personnel fle nou prclisposai:pas cela : rccirer, glaaer, cuiller, lbuiner, chercherjusque rlans ses rves des objets "d'antan lontan" cofilmel'on dit en Guvale" Ci:jets en cramiclue ou en bois sansparler d.es haches emmanches ou aon. Touaes ces picesarcheologiques qr.re I'on nomfile, "prcolombiennes" elqui sonr 1e tmoignage parlant d'un autre mcnde' F'llessont le ingge rnatriel, l'erpression artistique de grands

    peuples, aujourcl'hui disparus, l'exception

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    &ETYrcKYM &}KA,I- MTHODES de i'arehol*gie amazonioie e Guyane franaiseCADRE gologique , gd*grai:hique et e*vironnernentalt AI)Kl-, I'n:'i)il()lrlplciit cl t'r)nl,J_\ir cuiitlrllA1\,{R{}iD{er\rs ;g UYANE, de l:r etdeouvere auj*irrri'hxiBC{, F{tsRE, FEU{I-I-E,IICORCE, PLUMI1... {.Jnc e*i;r* ma{rielle i'gtale

    deK x'"x&K m Y x}rrc \'.rxKrcotsJETS DOI\{ET{QUES

    > {};jcls prdeol*tnhi*ns *n pi*rrc> Crarniqc 1cn:est i.quc prde*lombi*nrl*> E}:j*ts pre*i**rl:ir;l *11 b*is : pagai*s, p*s, trenee> *tr.i*ts e1*lx*siq*rs tlt*l

    CJET O?\RT, DE POUV*IR llT DE PREST{GE : t;:rerrnl* Dtrsltt nr-'ls> Objets rn pierre> &irjets *n cramiqil* 8t1 t*rre euit*> i,a qu*sli*n q"[*s ro;:rse;rlitl itt)\ zoulirrirhes.

    phy*m*rphes *l anhr*pornory:hes{NVENT'A{RE ]]E I-A COT-LflCT{CN

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    Grald MIGEONConservateur rgional de l'archologie,DRAC-SRA Guyane.

    Chercheur de I'uMR 8096 archologie des Amriques--:-- -Attach de conservation du patrimoine la conxaune de Rgina-Kaw,

    Directeur de l'Ecomuse municipal cl'Approuague-Kau'2Patriek PER,IN

    Conservateur gnral du patrimoineDirectzur du muse dArchologie nationale ${AN)

    INTRODUGTIOT

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    Y 'exposirion ',{mrindiens de Guyaae ' entre les fieuves .A.ppr:ouague et Oyapock' des cuitures milinaires" voque ies*&,*civilisarions amrindienries guyano-rnazoniennes anciennes Ce l'Est de la Guyane"Eile vise o*-rir un perl1 de la richesse d.es colleccions archologiques guyanaises et de la vitalit des peuples amrindiens eleL'intrieur de 1a Guyane, mais aussi un tat Ce la connaissance 'La plupart des pices prsentes ici ie sonc pour la pren-rire fbis. El1es sont galement pour la majorit, indites" Plus Ce la rnoitid,entre clles proviennent du neoyen pprouague (rerritoire com*runal de Rgina-I{aw) et ont t r,nies par Fhilippe Gilabert'un passionn des civilisations amrindiennes 'Vue rlep*is .. l,Ancien Monde >r, la Guyane apparait cc'rmunment cofi1me un minuseule territoire perdu en '{mrique dusud... Il n,esr donc pas iriutile de rappeler que cerre rgion-dpartemcnt ulrramarine avoisine tres 84 000 km'' soit le sixirne de1a mrropoLe. voil bien la premire conrrainre l l*q.rull. se heurte la recherche I prs avoir plant le dcor (cadre gologique'gograpprique et environnemenral), nous nous arrtons donc sur 1es rothocles, le terrain, les contraintes' les datations"'Notre propos vise aussi prsenter un tat de la connaissance aujourd'l-iui, en 2010' Et donc forcment de ses limites' tantentend.r que l,archologie prcolombienne de la Guyane franaise est encore trs jeune et mobilise peu de chercheurs' Lesrerriroires d Approuague er d'oyapoeh, loigns e{u lirtoral et des cenues urbains, n'echappent pas la rgle' }Jombreuses scnt lesinconnues, inrerrogarions er hypothses qui jaionnenr le parcous' tl fallaic en rendre compte'll fallait bien sur chercher replacer clans ieur con.exle les cclleceions prsentes'Nou s avcns donc slectionn des pices exognes l'Est guyanais, qui viennent cayer ce propos. En o{rant un aperu plus completde s cultures guyano-amazonlennes, elles n'e* ro,'rligr..rr1 p"s moins les difficiles qilestion des changes e.tre les groupes' de leursrelations, de leurs lxouvement, etc"Les objers archologiques prcolombiens de G,yane q,i nous son coflnus aujourd'h,i, sont majoritairenlent dats du lve sicle

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    ' :. it'ri(-riidicilire , soci:-Lle er rituellc drs :rit-i*Ciens.les pcelues prcrolrr:rbierrn:s.tttali{ar: ricr {.iodclier (Gocle}ieL, 19-t}).

    .i;,:ii.r.\,r r,,,...,,;,,, , i...t-,..,^.. ,. 1,. i' .i-.......^' :. ''. ,:'.'. ...'.

    Unsrrilc\espl-slr:l'ge rle lapicrrctaille ir';i':,rr:..:: 1.:':ci:rrii.ir;air-ri.rL,':'ir:::rlr.-rjr,:rL:rr'anriquc,et.:riretc;tF.,;l:ope.c'Lstungr:ricn,,ir'-n:riii rrii'jir .r'.'.rri:.lcouvertldtslltl:,.1.

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    Grald MIG ON

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    La fort guyanaise apparait uxyeux de f imaginaire du publicoccidental la fois comme une fort vierge, impntrable ethostile, un vritable "enfer vert", mais aussi comme un lieuluxuriant, voire paradisiaque, si l'on en croit les mythes del'Eldorado ou des Amazones (Lzy' 2000).Gaspar de Carvajal, chroniqueur de l'expdition d'Orellana,dcrit ainsi les Amazones : "Nous ies vimes qui se battaienten tte de tous les Indiens, comme des capitaines' Et elles sebattaient avec tant de courage que les Indiens n'osaien loutnerle dos. Et ceux qui fuyaient devant nous, elles les tuaient coups de bton... Ces femmes sont trs blanches et grandes, et"llei or-rt une trs longue chevelure, tresse et enroule sur latte. Elles sont trs membrues et vont toutes nues, leurs seulesparties honteuses voiles, leurs arcs et leurs flches en main,.hr.orr. grr.r.oyant comme dix Indie ns. Et en vrit, une de cesfemmes tlra une vole de flches sur l'un des brigantins lesquels la fin semblaient des porcs-pics". Carvajal (1994 | ),30)'Deux sicles plus tard, La Condamine, ct de ses travauxde naturaliste, se livra une enqute de terrain sur l'existencede deux mythes : le clbre mythe des guerrires mazones,vhicui par Orellana puis la lgende du lac Parim'

    Cette lgende, dernier avatar du mythe de l'Eldorado, plaaitlaville fabuleuse de Manoa auxpieds d'un immense lac, qui estreprsent su lres p ortulaas" et les cartes fantaisistes d'avanc LaCondamine. Le savant muitiplia entretiens, questions, tudede tmoignages auprs des Indiens et des Jsuites rencontrsen chemin : s'il finit par qualifier le iac Parim de simple"conjecture", 1'existence des Amazones 6t en revanche 1'objetde rcits ambigus, propres veiller I 'imaginaire.Les dernires recherches archologiques ont montr que leterritoire amazonien tait occup et Prcouru depuis plus de10000 ans par des goupes humains (Lavalle et alii, 1994),voire depuis pius longtemps encore. Lhistoire de ces peuplesest peu connue, car le contexte de travail de terrain estpnible, l'accs aux sites diicile, le cot des recherches iev,la "rentabilit scientifique" des oprations archologiquesalatoire. Ajoutons-y les pluies constantes, 1'excrableconseyation des vestiges due l'humidit, l'acidit des sols,une vgtation particulirement envahissante ... Enfin, lemode de vie semi-nomade des Amrindiens rend lui-mme lesvestiges "volatiles". Autant de facteurs qui ont dcourag bonnombre de chercheurs.

    o l,es mcts suivis d'une asrrisquegr,rrent dans le glossaire, page 151

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    .frf, " nrt+*r$qe*.e ces s:e{:ieereaer*. Larchologie professionnellecles civilisations amrindiennes a commenc en Guyane aprsla Deuxime Guerre Mondiale, par un premier recensement de120 sites connus ou non, dans des publications antrieures ; ils'agissait de sites visibles en surface : polissoirs, roches graves,sites de hauteur appels "montagnes couronnes" (Abonnenc,l95Z). il faut cependant attendre 1972, po'u que soit creIa Circonscription Archologique de Guyane, qui deviendraen 1988 le Service Rgional de lrchologie de Ia DirectionRgionale des Affaires Culturelles (Mazire etMazire, 1994et Collectif, 1997).Peu peu, la recherche archologique Permet la mise au jour,-ror, ,"oI.rn.r-tt de sites (habitats, ateliers...) mais aussi dematriel (cramiques, lames de hache'..). Les dcouvertesfortuites ralises viennent aussi enrichir le corpus de vestigesamrindiens. Toutes ces dcouvertes et ler-rrs tudes par des

    :* S'IEil 'TN'

    archologues et des chercheurs permettent l'avance de larecherche archologique. Une synthse des donnes antrieures l99I ate ralise par Stephelr Rostain, dans sa thse publieen 1994et principalement concentre sur les cultures de la cteoccidentale de Guyane (Rostain, 1994a).Le livre "Larchologie en Guyane", publi en 1997 (Collectifl1997) et la publication du Document d'archologie franaisesur les fouilles prventives lies la construction du barrage dePetit-Saut (Vacher, Jrmie et Briand, 1998), compltent 1'ttde Ia recherche en archologie prcolombienne n milieu desannes 90.Les donnes concernant I'art rupestre sont disponibles dansI'ouvrage publi en 2009 par Marine Mazire, qui a raiisdans les annes 90 plusieurs missions de relev et mis en formeles informations parpilles dans de nombreux documents'

    CONEXTE GNRALardr..hi.t.ir lrt...i 1rr,ilr.rl.. :ltrr.2

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    ffiiflffim:n"t;#s e.m 6x'aa,v*,& i,a"ftkldsd)ffi$qs* *e"si ['ecaw,{:,i}s}.$*sffi.emt, Me,twrs*.. Le milieu intertropical humideamazonien pose souvent des problmes srieux 1'archologue.Mais alors que sur les cordons sableux de la cte des Guyanes,les couches archologiques aflleurent dans la plupart des cas,solls couvert forestier les vestiges sont rrement visibles 1'ailnu. En gnral, les couches ont t soumises une rosionintense, particulirement cause de l'alcernance saison despluies/saison sche et aux glissements de terrain. De plus, Iessols humifres tant peu pais, Ies racines des arbres perturbent1es niveaux archologiques en brisant ou en dplaant les objetsen cramique. Lacidit des sols granitiques dtruit les restesvgtaux (bois,...) e Ies ossements. Dans un tel concexte, laprservation de trs rares haches emmanches (dont les cinqqui sont prsentes ici) et d'objets en bois (dont les sept exposs)pose question. On peut supposer que leur immersion dans lefond du lit du fleuve Approuague a permis ieur conservation,cie la mme faon que certaines pirogues monoxyles retrouvesdans des leuves europens.De mme, aucun squelette amrindien complet ancien n'a tretrouv ce jour.

    Le travail de l'archologue sur le terrain est la phase la plusconnue. En fort amazonienne, la prospection au sol oupdestre consiste reprer d'ventuels indices archologiquescomme des tessons, des clats de quartz retrouvs dans lesracines d'arbres ou parpills sur le sol ou mieux dit la litire dusous-bois. Les polissoirs localiss sur les rives des fleuves et descriques, et les buttes de terre ou fosss, signes d'amnagementsamrindiens anciens, qu'il ne faut pas confondre avec destravaux ultrieurs (d'orpaillage par exemple), sont d'autresvestiges visibles en surface.Les sondages archologiques en fort sonr ralissmajoritairement la pelle de manire manuelle ; Ies couchesarchologiques pouvant contenir des vestiges sont gnralementenfouies assez peu profondment (ZO cm).Qgelques rares oprations d'archologie prventive, ralisesvnt le dbut de grands cravaux d'infrastructures, cornme lorsde la construction du barrage de Petit-Saut (AFAN) ou de lamine d'or de Yaou Maripasoula (INRAP) onr pu employerdes moyens mcaniques imposants (pelleteuses) et ouvrir dessurfaces de fouilles tendues.

    tli8NONTEXTE GNRt 23

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    Des reeherches pluri' et inter'disciplinaires. Lesrapports des prospections, sondages ou fouilles effectuspar les chercheurs comprennent des donnes archologiquesqui sont confrontes aux donnes Provennt d'autresJisciplines (gologie, gomorphologie, pdologie...), auxsources archivistiques et cartographiques anciennes, uxdonnes de l'ethnohistoire et de l'echnologie... En Guyane,ces disciplines, reprsentes notamment par les travaux desethnologues Pierre et Franoise Grenand, Damien Davy,Marie Fleury..., travaillant pour Ia rgion qui nous intressesur les \7aypi, les \Tayana et les Plikur, utilisent plusieurstypes de sources : archives de l'administration franaisedepuis le XVII" sicle, rcits de voyages de missionnaires,de naturalistes et d'exp1orateurs..., enqutes ethnologiques,tmoignages des Amrindiens sur leur pass, collectes caractre ethnographique, tude des langues et leurschangements ou influences, ethnobotanique...Lorsque l'archologie prend en compt ces diffrences sourcespour confronter les donnes de fouilles avec les autres modesd'approche, on peut parler d'ethnoarchologie' Mais lescomparaisons avec les pratiques attestes aujourd'hui (pratiquesagricoles, culinaires, artisnales, religieuses...) sont utiliseravec beaucoup de prcaution, dans la mesure o la continuitculturelle (techniques, rituels.'.) entre les peuples amrindiensactuels de Guyane et les peuples ayant vcu anciennement sur

    le mme territoire, ntst pas assure Pout tous les aspects de lavie quotidienne. Les influences des autres peuples (europens,populations d'origine africaine...) ont pu galement modifierles techniques originelles. Par exemple, il est difficile dedistinguer les apports africains, europens et amrindienslorsqubn observe une pirogue actuelle.lJn autre exemple montrera la difficult de I'analogieethnologique directe. Larchitecture actuelle des carbetsen bois peut sembler identique ceile des anciens carbets'Larchologue qui ne retrouve que les traces des trous de poteauxaimerait pouvoir prsenter une restitution des lvations et destoits de ces habitations, mais les propositions doivent resterhypothtiques. En outre, ce type d'habitation surleve en bois,deitine empcher les animaux d'entrer ou ltau d'envahirl'habitat, n'est ps exclusif cette zone gographique, mais seretrouve dans tous les pays pluvieux ou marcageux du monde'Les donnes archologiques trs incompltes ne permettentpas eiles seules de restituer Ia vie quotidienne de cessocits anciennes. Ainsi, de nombreux aspects non matrielschappent l'archologue. Par exemple, aucun reste de maniocn'a t retrouv lors des fouilles en Guyane, alors que le maniocesc cultiv depuis plus de 6000 ans en Amazonie centrale etqu'il est une des composantes essentielles de la subsistance despeuples guyano-amazoniens.

    I{;RISI}IEN DE I]*YNEi ::. :tri i . r.: 1i:, .,,rr3r.. { i)jirFr.ri .i i.rri:: i.r Ei i;"ir'rr

    RePds dans lafort,Gravure de MD, lz Crevaux (1883)Bib.4., Conseil gnra1de 1a Guyane

    I'illage du Capitaine Franois,Gravure de Riou, lz Coudreau (1893)Bib.4., Conseil gnral de la Guyane

    GOilTEXTE G;ilRALN1th.drs de lrtr il ar.hd reiqus n r.holfi' nraronL'nne

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    CONTEXTE GNRAL 25 r;il*ai, ,,r ir,t

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    Grald MIG ON

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    ;j.,}i irririi :i i'.lj: .tf+|iriji.dilll,ilLr,ii l,li 1,1;li{it:rir,:ir;'illIll:llii.r;];il:.1';;,lr' LeSdonnes de la gologie et de Ia gomorphologie, disciplines quitudient Ie globe terrestre et les cransformations subies par laTerrc, aident les archologues identifier les matriaux (outilsen pierre, polissoirs, roches grar.es...) utiliss par les peuplesanciens et apprhender l'occupation humaine de l'cspacenaturel.Les facteurs geologiques, gomorphologiques, climatiques etenvironnementux ont conditionr-r fortement une grandepartie du dveloppement des civilisations anciennes du Plateaudes Guyanes et mritent une ttention particulire.Les roches de Guyane sont trs anciennes (vers 2200 n-rillionsd'anr-res) ; ce sonc des massifs constitus er-r grande majorite,de granite (60%) avec quelques gneiss. En surface, les rochesvisibles sont donc actuellement trs abimes et les roches"saines" ne se retrouvent qu'en profoncleur ; elles n'apparaissenrqLi de rares endroits.

    Vers 200 millions d'annes, la Par-rgee, ce mga-conrinent quiregroupait tous Ies continents actuels, commence se fracturer.Des filons cle dolerite apparaissent dans des lilles tccroniqueset recoupent tous les massif.s anciens ; ils constituent souventles roches des sauts des fleuves, en particulier sur lApprouagueet l'Oyapock. Les filons de quartz se retrouvent aussi dansles diltrentes lormations anciennes appelees "ceintures depierres r.ertes" situes autour des n-rassifs granitiques : on ytrouve d'autres roches comme les tufs et schistes verts, que lesHommes ntiliseront.A partir de 70 n.rillior-rs d'annes, I'rosion intense modie lepaysage qui voluera vers ceiui que vont connaitre les prenriershabitants de la Guyane vers 8000 ans a\ranrJ.-C. (10000 BPt).Les variations du clin-rat seront l'origine de la "cration" desnombreux plateaux 1atritiques. Sur Ia cte, on ttouve aussides quartz la base des sables blancs ; il s'agit 1 cle produitsd'rosion et de transport provenant du socle granitique.

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    La Guyanedans lAmrique du SudRy'alisaton: F.Poncct

    I - Dans ce cataloguc, toutes Ies datationsproposes uti [iscnt 1a convention avant-aprs

    Jsus-Christ. Toutefois, il convient de prciser qrrcles clatations obtenues par des procds phvsico-chimiclues (carbone 14 ou thermoluminescencepar cxcrnple) se situcnt par rapport une annede rrencc di11-rente : 1'nne 1950. Aussi, lesd:rtations mises par lcs laboratoires solt-ellesinitialement accompaunes de la ment:ion BP(Before Present), soit avant 1950.

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    Ltspace gographique guyanais comprend deux espacesdistincts : les terres hau[es et les terres basses.- Les terres hautes sont couvertes d une fort humide etcomprennent du Nord au Sud, une chaine de collines et demortagnes septentrionales, un massif central de collinesgranitiques formant un moutonnement, les montagnes deIa zone centrale, chaine d'allure montgneuse, suprieure 800 mtres de hauteur, une pnplaine mridionale parsemed'inselbergs*, pitons granitiques en forme de pain sucrecomme celui de la Mamilihpann, et de sauanes-rocltes", et l'extrme sud, le Mont Mitaraka, et d'autres sommets ayantdonn naissance u mythe des Tumuc-Humac.- Les terres basses s'tendent sur 320 km, sur une largeur variantentre 5 et 40 km. Leur altitude est infrieure 30 mtres, saufles monts de Cayenne et de Kourou, conscitus de rochesvolcaniques mtamorphises, appeles "roches vertes".

    La cte rectiligne, au trac changeant, est constiae de cordonssableux (cheniers) bords soit de paltuviers soit de savanesinondes ou arbores, appeles pri-pris".Entre lpprouague et l'Oyapock, du Nord au Sud, noustrouvons I'Ouest, les collines leves de la Montagne deKaw et les marais du mme nom, et l'Est, les Monts del'Observatoire qui dominent l'Oypock, puis au Sud deRgina, la Montagne Tortue et l'inselberg des Nouragues aupied duquel coule l'Aratai, un des afluents de l'pprouague ;les montagnes Inini-Camopi s'ouvrent ensuite vers le Sud surla pnplaine mridionale qui aboutit au Mont Saint-Marcel,prs de la frontire sud avec le Brsil.

    OOTEXE GNRLCaar. r.losiqu, ggr2tIique.t en ircnnBenr.r

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    a{ipt* 3 &[ *rxrONTEXE GilRAT

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    t ls rdc;*#'1" tg' #ratgr*a*.ryt"tet fi t:1* q.I-q"l..qre" Le rseauhydrographique est extrmement dense grce 1'abondance despluies (entre 3000 et 4000 mm de pluies par an) et la faiblessedes pentes des terrains.D'Ouest en Est, les principaux fleuves sont le Maroni, le plusgrand fleuve de Guyane (:ZO t

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    Lllpprouague ) bduteur du .anp .isattteENlK, D.Hanriot 2009)

    CONTEXTE CNRAt 3I r.1.i111if*5 ir i:i,

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    T TONTEXT $MLTEJREL&mm pmaupmm m,xmmmxPs

    dm a ffimymm* ffrmxaame e* dm 'Jknmm,xwnxe

    Claude COUTETDo cteur. el At ,,l':t^e.,

    m.embre associ, UMR.8096 i'archotroge des Arnriryles NRS)

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    Grald MIGEON

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    5*e pearg*}*mremt e* lm prrhst*rs de m, (iugrm.Ere. Lepeuplement principal de lmrique par les Homo sapienssapiens a commenc depuis prs de 50000 ans, poque o deschasseurs nomades ont frnchi le dtroit de Bring, un espcemerg la suite de s deux dernires glaciations qui ont abaiss leniveau des ocans. Plusieurs vagues de migrants se sont ensuitesuccdes par Ie dtroit de Bring devenu un pont de glace,et la premire occupation de la Guyane par des populationsamrindiennes est atteste par des vestiges dats de 5000 avantJ.-C., mais I'anciennet de l'arrive des Hommes en Guyaneest probablement ntriellre cette datation.

    *e d6fuat ssar & $$*,ffisr:*t et, lB scratrgima.* qesperaples &rffi&ffi*m$exa. Lmazonie a toujours t unprent pauvre des tudes archologiques ; mme dans le milieuscienti6que, la mauvaise rputation de l'enfer vert continue persister ainsi que de nombreux autres clichs ngatifs.Ds 1950, Steward (1950) avait dvelopp la thorie de lapauvrer et de la marginalit des peuples amazoniens, toutesles avances technologiques ou socitales (agriculture,cramique, chefferie,...) provenant, selon lui, des hautescivilisations des Andes.Sa thorie est reprise et appuyee par Meggers et Evans (1951,1979,198r).Ensuite, de nombreux chercheurs, comme Lathrap (1970),Denevan (1976, 1995, 1996, 1998, 2001), Myers (1992),Roosevelt (1989, 199 0, 1991, 1993, 199 4, r99 6), Guapindaiaer Da Costa Machado (1997), Heckenberger (1998),Heckenberger, Petersen et Neves (1999), et plus rcemmentencore, Schaan (2004), Neves (2005), ont discut et rvalules hypothses basses ou pessimistes d'Evans et Meggers quivoyaient un sous-peuplement de I Am azonie.D'ailleurs, au ceur de lmazonie, I'existence de milliersd'hectares de terra preta*,ce sol fertile qui n'a pu se constituerque par I'intervention de l'homme, ajoute la crdibilit desthories qui dfendent Ia thse dune occupation dense deI'Amazonie.

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    I/volution des peuples amrindiens de Guyanefranaise depuis ?o0o arr. Lanciennet du peuplementdu Plateau des Guyanes, prcisment dans les savanes duSurinam, remonte environ 8000 ans avant J.-C. Lespopulations de chasseurs-cueilleurs parcouraient les savanesctires ctoyant les grands mammifres de l'poque (tatougant, mastodontes, mgathriums, mammouths, puis, aprsieur extinction, de petits rongeurs).En Guyane, un site dat de 5000 ns avantJ.-C. a t retrouvsur le Plateau des Mines (Saint-Laurent-du-Maroni). Leshommes y taillaient le quartz pour fabriquer des outils.Vers 6000 ans avant J.-C., le manioc est cultiv en Amazoniecentrale.En Guyane, l'agricuiture (y' plus loin Ie texte de Biet) doittre un peu plus rcente et dater de 4000 ou 3000 aYntJ.-C.(hypothse appuye par la prsence de quelques rares sites datsde cette priode). Il s'agit trs certainement d'agriculture surbrhlis.Le mais est domestiqu plus rcemment, dePuis moins de 2000ans probablement.La domestication de mammiftes terrestres n'estPas atreste ; seulecelle d'oiseaux au beau plumage parait certaine. En revanche,1'levage de poissons dans des nasses est probable.Les premiers chasseurs-cueilleurs de Guyane ont une culturecommune i'ensemble des populations de lmrique, et ontdvelopp en Amazonie (Guyanes incluses), une techniqueancienne - vieille de plusieurs millnaires qui va perdure r jusqu'la Conqute -, celle de Ia taille sur enclume (par percussionindire cte du quartz), technique diffuse du sud du Brsil jusqu'enGuyane.Les traces d'occupation anciennes sont donc rares, seuls quelquessites ayant apport des donnes date s avantJ'-C. (Migeon, 2006,2009). En revanche, les datations de sites partir des premierssicles de l're chrtienne sont beaucoup plus nombreuses,attestant que les hommes occupent tout l'espace guyanais : ctes,rives des fleuves, zones interfluviales, terres basses (cordonssableux) et hallteurs (plateaux, fl ancs d'inselbergs).

    Le territoire de la Guyane franaise occupe une place originalependant les priodes prcolombiennes plus rcentes (en grosdepuis 2000 ans avant J.-C.). il est marqu pr une constnteinteraction avec les civilisations caribennes du Plateau desGuyanes (Surinam, Guyana, Venzuela en de de l'Ornoque,Amap) et des Carai'bes, ainsi que celles de lAmazoniebresilie nne, voire de plus loin.Lile de Cayenne (ou la zone littorale entre Kourou etCayenne) semble tre le point de contact de ces deux influences(particulirement entre ie X et le dbut du XVII' sicle, et trsprobablement depuis deux mille ans).En archologie, on reconnait ce jour trois traditionsamazoniennes en Guyane franaise. Ces traditions (polychrome,arauquinoide et koriabo) reprsentent de grandes entitsculturelles qui se distinguent, ente autres, par diffrents srylesde cramiques.Les traditions polychrome et arauquinoide existent pendant plusde 1000 ans, partir des annes 300-400 aprs J.-C. jusqu' lapriode de Contact avec les Europens, au dbut du XVI' sicle,et perdurent, dans certaines rgions plus isoles, probablementquelques dizaines d'annes aprs ce Contact.La tradition polychrome est connue tout le long de lAmazone partir de l'lle de Maraj. EIle esc vnt tout connue pour sonmode d'enterrement en urnes, souvent anthoPomorphes. Sur lelittoral de Guyane, son infuence s'tend jusqu'l'ile de Cayenne'La cramique polychrome se carctrise, dans son ensemble, pardes dcorspeints (rouge, noir, blanc etjaune) et des motifs exciss'Plusieurs cultures lui sont attribues, parmi les plus connues 'Marajoara, Marac, Guarita ou encore, Arist. En Guyane, IePolychrome est reprsent par les cultures Arist rcent et final'Lrist,localise dans les rgions de I'embouchure de I'Oyapocket en Amap (au Nord du Brsil), apparait vers 300-400 aprsJ.-C. Elle perdure, avec des variantes, jusque dans les annes1700.

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    La tradition arauquinoide provient du bassin de I'Ornoque(moyen Ornoque et peut-tre mme, bas Orenoque). Elle secli{Iuse Ie long de ce fleuve et se propage dans les Antilles. Entre500 et 1600 aprsJ.-C., des cultures arauquinoides occuPentgalement la cte occidentale des Guyanes, de l'est du Guyana f ile de Cayenne, qui reprsente un point charnire entreIes traditions polychrome et arauquinoide (Rostain, 1994a,1994b ; Rostain et Versteeg, 2004). Le style cramique de cettetradition comprend de nombreux dcors plastiques (incisions,impressions, gurines modeles et appliques). Dans lesGuyanes, il existe peu de dcors peints en polvchromie : 1erouge est prpondrant.Les cultures arauquinoides constituent les premires socitsagricoles complexes avec une spcialisation des activits, ledveloppement des changes et d'activits crmonielles plusnombreuses. C'est ces populations que peuvent tre rattachsles clramps surlevs (Rostain, 1994,2008) que l'on peut voirtout le long de la cte occidentale de Guyane.Selon l'ethnologue P. Grenand, des groupes arawak venus delmazonie et de 1'Ornoque seraient arrivs en Guyane cettepriode ; certains seraient rests sur place, d'autres auraientmigr vers les Antilles dj peuples' Puis, vers 900-1000aprs J.-C., l'arrive des Karib (denomms ensuite Galibi,puis Kali'na) venus du bas Amazone arirait dstabilis lespopulations installes en Guyane'La tradition koriabo e st-elle lie ces peuples ? Elle apparait vers1000 aprs J.-C. en premier lieu dans f intrieur des Guyaneset, dans un second temps, sur les ctes, et semble s'teindre avecla Conqute europenne. La tradition koriabo n'a pas encorepu tre divisee en plusieurs cultures* mais sa vaste extension

    Chronologie des traditions et cultures archologiquesen Guyane franaiseClncePtion : C.Coutet / Ralisation : F.Ponrct

    gographique et chronologique tend la faire considrercorrme line tradition* part entire. Son origine est en effetsitue au niveau des affiuents septentrionaux du bas Amazone(Versteeg,2003). Les sites les plus anciens connus datent desenvirons de 1000 aprsJ.-C. et Ie Koriabo perdure sur le littoraldes Guyanes l'poque de la colonisation (au XVII', voire auXVIII'sicle).Cette tradition est reconnaissable pr un style cramiquebien particulier. Les dcors koriabo font intervenir plusieurstechniques (incision, raclage, moclelage, appliqu..') quipemettent I'laboration de motifs curvilignes complexesassocis des lments figuratifs models puis, appliqus surla paroi des pots. Ces lments sont le plus souvent des ttesde singes, de tortues, de jaguars ou de grenouilles ainsi que desreprsentations humaines. Les motifs curvilignes sont incissavec un outil trs 6n. Ils peuvent galement tre effectus parraclage, c'est--dire l'aide de1'extrmit d un outil relativementlarge (fibre ou bambou).En Guyane franaise, les sites identifis comme koriabo sontencore ares. En revanche, les dcouvertes occasionnelles depoteries entires dans le cours des fleuves ont mis au jour unriche inventaire des formes typiques de cette tradition , potstoriques*, plats creux dit foriformes ou bord polylob,bouteilles sphriques, pots carne basse, etc.

    Crdmique dristCollcction Muse 4.. Conseilgnrai de Ia GuYane.PhotoJ.-P. Courau

    Cramique koriabo de lPProuagueCo1l. P.G - SR GuYanePhotoJ.-P. Courau

    Itricu' littoralTradition Koriabo=iffi000 1 600 I 750

    Tradition Arauquinoidelttofal i}*eider}tel i

    500,' W#,Tljitiii ii',i ilir

    1 000 1 600 1 750

    I,lter*f orlIrtalCulture Artst (Tradition lncise-Ponctue + Polychrome)fr$#-,;fl','' ffiiil.

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    X,e onact . En l492,le continent amricain est dcouvertpar Christophe Colomb. En Guyane, les Europens (Amerigo'V.rpu..i, Cabral, trs certainement) touchent terre en 1500'Avec l'arrive des Europens, les populations amrindiennessont dcimes au cours des affrontements, mais principalement cause des maladies vhicules par les Europens' Au XVII'sicle, certains grouPes amrindiens se rfugient alors dansl'intrieur des terres, et la cte est de Plus en plus dserte'Le choc de la Conqute va compltement bouleverser lessocits amrindiennes, qui seront domines par la force(armes, esclavage ou travail forc), la technologie (haches de fer'oblet$, et la religion (christianisation force) euoPennes',*, densitr de la, poprxiatiorr preol*rmbiertne ce ful&ttya*e. De nombreux sites archologiques amrindiens ontt dcouverts en Guyane. Actuellement,la carte archologiquede la Guyane, en Permanente volution, dnombre plus de 500,it., p...olombiens avrs (habimt, funraire , polissoirs' rochesgraves...).En ralit, plus la recherche avnce, plus les guments enfav.ur d une occuPtion amrindienne de tous les secteurs dela Guyane progressent'On estime , en se fondant sur les secteurs prosPectssimultanment de manire systmtique, qu'il existe un site parkm2, ce qui ne veut pas dire que tos les sites aient t occupsen mm. t.-ps, mais que l'occupation amrindienne a touchquasiment I'ensemble du territoire guyanais, un momentdonn.La zone ctire est mieux connue, car plus accessible que leszones de I'intrieur, mais chaque opration de prospectionen fort, des sites sont rePs. Par exempie, pendant laconstruction du barrage de Petit-Saut, 273 stes amrindiensont ainsi t mis au jour sur 310 kmt, un chire certainementinfrieur lbccupation relle ancienne de ce secteur'Les hypothses hautes pour l'occupation de lAmazonieancienne ont t corrobores par de nombreuses autres donnesarchologiques publies ces quinze dernires annes ; certainessocits anciennes, depuis ie dbut de l're chrtienne' sontcomplexes, statifies, aYec une population nombreuse tabliesur de grandes surfaces.

    Les chiffres communs de densit donns par les archologuesvont entre 0,5 et 2 habitants au knt' (en ford, soic pour la Guyanefranaise, l'poque prcolombienne, entre 40000 et i60000habitants, mai. Lt .Ot.i, 1., bords des rivires sont potentieilementplus riches que f intrieur.Hor olt (t-16;), ptop se un autre mode de calcul avec uneestimation de 70 habitants pour I km de rivire' ce quidonnerait pour les 2500 km de rivires guyanaises' un chiffrede 175000 habitants. Il faudrait aussi y rajouter les habitantsdes plaines ctires.Rostain (1991) avait estim la densit de la populationarauquinoide iie aux sites entours de champs surlevs del bande littorale, entre 50 et 100 habitants par km'' ce quin'est pas invraisemblable, mme si ces chiffres sont ievs en.o^p-rr iro. de ceux proposs en Amazonie' Porro (1981)av it propor une densii d. Shlkrn', Denevan (1976) de l4hlk*', .t, les zones de uarzea* ort de terra preta 'I1 reste nanmoins, pour ccePter ces densits' prouver lacontemporanite de tous les tablissements guyanais retrouvs., .or-rr., dans les calculs pour atteindre une densit de 50'voire de 100 habitants au km', comme le propose Rostain pour1a zone ctire.Ainsi, pour 1es 200 kilomtres de la cte occidentale de laGuyane, en prenant une largeur minimale de 2 kilomtres',rou, a.rrions^donc 400 kmz de cte X 50 ou X 100 habitants =20000 40000 habitants, or la cte est bien plus iarge certainsendroits, et les chiffres pourraient tre encore plus levs'Cela ne parait ni impossible, ni invraisemblable' mais seuies destudes approfondles des occuptions successives bien dates dela plaine ..ir , permettront de proposer des chiffres moinssujets critique.Pour conclure, on peut donc estimer raisonnablement' enpennt toutes les precautions dusage, Ia population totale de

    Ia-Goyarr prcolombienne (cte et intrieur) entre 40000 et 80000habitants, voire plus, au moment du dveloppement des socitsdu premier millnaire de notre re et qui perdureront jusqu' IaDlouverte qui entrainera un choc microbie n norme avant mmeIa Conqute ralise dans Ia deuxime moiti du XVII' sicle '

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    NOMS DES ITES1 Flateau des Mines2 Nouragues3 lvlont Grand Mat0uy4 Yaou5 Kormontibo6 Ab-riArca,

    {nselberg de la Trinite

    7 YawapaI MrxilihpannI Mitaraka10 Borne 1'1 1 Pic Coudreu1.2' Spar,ouine13 Serpent14 Saui Hermina

    &

    GOXTEXTE GTRALCxJr..Irlrol iqr..r..rl.xrc cultrel

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    X,'h*,fuiie& maqera. Grce aux recherches archologiques,les sites privilgis d'instailation des Amrindiens ont treconnus. Aujourd'hui, on peut dire que les Amrindiensanciens s'instailaient particuliement :- Sur les collines de sable (cordons sableux) de toute la plainectire de Cayenne Mana, plus ou moins paralllemenc aurivage, et qui correspondent d'anciennes lignes de cte. Despopulations nombreuses y vivaient en villages, subsistant de lapche, de la chasse et de la culcure du manioc, et du mais, dansles champs surlevs drains artificiellement.- Sur les petits plteaux levs, les sites sont sollvent dgags devgtation et offrent une vue remarquable su tout un secteur(par exemple le Mahury, le Mont Grand Macoury sur f ilede Cayenne, Yaou Maripasoula, Pointe Maripa et Favard Roura, Fortunat-Cpiri Rgina). Sur certains sommets, desmontagnes couronnes ont t construites : il s'agic de levesde terre surmontes d'une palissade en bois, faites par leshommes, pour se protger des ennemis.- Au pied ou dans les pentes des inselbergs galement appelsiles-montagnes , cause de leur relief s'levant au-dessusdes forts, vivaient aussi des groupes dmrindiens. Depar leur position merge, ies inselbergs offraient une vueremarquablement propice pour se dfendre et mme pours'installer, comme Ie montrent certains abris sous roche.En effet, ces abris sous roche, simples cavits ouvertes dans laparoi rocheuse, reclent de nombreux vestiges archologiques,comme des poteries ou des quartz taills, tmoins deI'occupation humaine. On y trouve aussi frquemment desgravures, voire des peintures ou des alignements de pierres.- Au bord des feuves, ce sont des zones de vie par excellence,tout comme les rives hautes merges mme en priode humide,qui taient les lieux privilgis d'installation des Amrindiens.Les roches des sauts, selon leur nture, ont t utilises pourle polissage de Ia pierre (voir plus loin les polissoirs). Secteursclangereux par ntue, ils sont un lieu frquent de dcouverted'outils certainement perdus dans les naufrages des pirogues.

    - Dans les zones interfluviales, des lieux galement peuplssitus en pleine fort o les archologues ont beaucoup dedifficults retrouver des trces d'anciens villages, en raison dela vgtation.Des tmoignages de missionnaires et d'explorateurs nousaident interprter des vestiges d'habitat ou d'activits,souvent tnus.La montagne couronne : et 7766,l'explorateur Patris visiteun site dfensif construit par des /ayana, alors en guerrecontre les Oyampi (ancien nom des 7aypi), dans la rgion del'Oyapock.Voici 1a description qu'il en donne ' Son uillage, t/zbli auruilieu d'irumenses defichements, grlupltit 500 personnes. Iltaitfortetnent palissad ; au centre s'leuait une tour de guet d'ela hauteur d.es arbres'(Crtpar Hurault, 1985).Dans les annes 1718 et l7l9,le Pre J. Chrtien dcrit descarbets du dbut du XVIII'sicle .'Je uais oous introd.uire, znon trs cher Pre, dans une cabaneindienne. Elle est coznpose de gros pieux d.e bois ou tlefourchesenfonces en terre, sur lesquels, iappuient de petites soliues(poutre). Deux longues poutrelles seraent d'appui aufate. L'ony attache, dans le sens d.e la pente, des lattes qui descendent sur les?etites slliues. Sur ces lattes, les Indiens attachent habilernent desfeuilles de palznier qui constituent le toit de la case. Celle-ci est enrez-de-chausse ou auec un tage o I'on grimpe par des chelles.L'tage oil elles conduisent un plancher clrnpos de lattes ou depeti.ts troncs qui sefendent aisruent. Ils les arrangent I'un contrel'autre auec des lianes : ces plntes, tlue Di'eu afait croltre ici enabondance, remPla(:ent ?lur les Indiens les cordagu et les cloui'.(Chrtien, 17 18-17 l9).

    Vi.llage de bord def euueGravure de Riou,;z Coudreau (1893)Bib.4.4., Conseil gnral de la Guyane

    Ensenble de carbetsGravure de Riou, lz Coudreau (1893)Bib. 4.4., Conseil gnral de la Guyane

    lltg COXTEXTE GXRL

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    Extrrrit clc la c;trtc Cours dc h tit'ib t dprou,t.quq ttJ',t,.ri i,:lliArchivcs N;rtionales dc I'C)utrc-NIcr. CON'ICe t e.rtrait pe rnret cl'apprcicr l'une clcs meilleurcs productionscarrographiques de son tcmps. Il nous situc entrc 80 ct 100 kmcle I'ctnbouchurc cle l'Approuaguc. Lcs ucntions concernant le

    c1placcmcnt dcs inc{icns Nourague s de l'avai r.e rs I'amolrt v sontl'.Ll ti,illi(l(rll(.rt itrL(t'(...rtrL(..

    :, :=,*'f",ii l',1 ," ' ; ,' '*;t l ,*'o " 11u. ,,t,;i'*jj.:,ij;1, i", ;nr;;': ';;:"':';i;lh" .t'l;',i",1,',','rr; ',,.*: ,,jru" *;1r.,,t,;r1j ",,,;.,i ,i,,*;1':' .'"*i}:,lh,,i.{:-*':;;,,,,1r, ,,ril* ;:'i ,ii :,,i;: "\ ,i , ;"u,*'ln,',,':'ti .,J,i 1,i;,,'"',,',,,..*.=,, _=,,- y \,,,,,, ,,ii:;iii;-,1'i,:,:' ."i ;,';,'. i;--J], ' u,*1, :.ii;ll::.i:ili;i,'; ffi1;Ur'"{j,1;:, :,'i;11,;';" ;""'l'j'1 " '"'ll.'{,ii: ,:,: ,.il,ri',.,tltgii: l, ;tf ) ,,i ,,':: ',1,i',j,'l ,i ;.-r_,,u,+r rn *r. r \,'1t:"- * 't, lJl , r r I. ,. [i*:ff i ;i { i,i } ril,,t' r I ; * : i ; i r;{tl $ {*t ;ffi t+i;'r,,,q,, . v :4ti,1**;;;,1*l:ffi i* *lli:;il,l H::;+iLS ;;tilii*;i' l " qi'j, -* I' I {, .. , f . ' i) 'd: -:- ' /r1,11rrt ,iiti: { ; ir r i -filqti*i l:;iii il ; it }i, *ir *',,ii,il' :,i,lli,;,l,i,u, ); '...'- ;, i-',1',1"T tr { tir:,$$#ffi li}ffi t {;,{*i x i ; fi }:

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    Ls *furilsse'r, a pui*t* e E*a *se*]L+r{e Les Amrindiens,mme pratiquant 1'horticulture ou l'agriculture, ont continujusqu' nos jours chasser, pcher, cueillir fruits, baies, plantesculinaires, odorifrantes, mdicinales ou utres. Pour pcher,en dehors des nasses, des filets et des hameons, une techniqueoriginale employe par les Amrindiens est celle de la nivrequi consiste empoisonner Ia rivire avec le suc d'une liane' Lespoissons enclormis sont alors ramasss sans grande dificult'Voici ce qu'en dit Bret en 7664:Les Sauuages de ces contres n'luent et ne nourrissent ucunanimal domestique, ni des animaux quatre ?/lttes ni desoiseaux, si ce n'est quelt1ues poules. Ils n'luent aucune sorted'animaux. Ld principale raison de cela est que la cbasse leurfournit en abond.ance ce qui leur est ncessaire pour la uie... Ilsne se seruent que de I'arc et de laf.che pour la chasse, soit pourles btes quatre pattes, soit pour les oiseaux... Ils ont aussi descbiens qu'ik instruisent fort bien pour acculer les pcaris. Ilsne se seruent pas de piges, mais ils sauentfort bien se metre l'affirt pour atte ndre le gibier. Ils se seruent aussi de laflche pourla pche ; ils uoient clair dans l'eau ; ik dcouurent un poisslnrle loin dans la nter, et, aussitt qu'ils l'ont uu, ils sont assursde I'auoir... Ils z,ont quelquefois bien loin pour pcher, mais c'estquand ils ueulentfnire une niure dans une riuire, ou quelquetang de mer : ils ont une espce de racine qu'ils crasent; cetteracine donne du jus, qui se rpand dans la riuire ; le prtissonuient la surface d.e I'eau comme iil tait iure. Ils le prennent lamain, et en remplissent leurs canots . (Biet,1664).La fort guyanaise longtemps perue comme vierge par leregard europen est en fait parcourue par 1'homme depuis plusde 8000 ans. Pour les Amrindiens, elle n'est pas un mondehostile, c'est leur univers habitr-rel, un univets qu'ils ont appris connairre. par expriences succes\ives. Par aPPrentissage :pierres, espces vgtales et animales, vents, pluies, odeurs,sons... Les rivires et l cte font partie de l'univers mental etquotidien des Amrindiens.La fort, Ies rivires et l mer fournissent les produits et lanourriture des populations amrindiennes.La chasse est une activit rserve aux hommes tout comme 1apche. La cueilletce qunt elle est ralise par les hommes etles femmes, parfois l'occasion d'autres activits (retour de Iachasse...)Les armes de chasse taient et demeurent en prtie varies etadaptes aux espces chasses : sarbacane, arc, propulseur, pieuen bois. Les armatures de flches ou de lances taient rarementen pierre , plutt en bambou, os d'animal, bois dur..'

    E*'+ag'a *ruB.,tms:*, Leursfemmes uar1uent la culture des champs,sment leur tnais, et pldntent des patates douces et du manioc,et c... (C oral, 17 22).Les cultures taient diffremment organises en fonctionde l'environnement : le long des fleuves, sur les berges noninondables, ils cuitivaient le manioc, le mas, le coton, la patatedouce... dans de petits abttis ou jardins situs autour de leursmaisons (certains chercheurs appellent cette forme de culcureI'horticulture).La majorit du territoire de la Guyane at. gre de manireraisonne par les Amrindiens, grce leur expriencemillnaire et leur connaissance trs prcise et dtaillee deIeur environnement. Autrement dit, ils savaient o trouverIe bois particulier ncessaire la fabrication des pirogues, oraient localises les plances medicinales, hallucinognes, oubien les abeilles produisant le miel, etc. IIs ont ainsi prservvolontairement certains secteurs des incendies causs parI'agriculture sur brlis, pour en conserver Ia richesse et ladiversit floristique (exemple ' plantes rares).A une chelle plus large, on observe que les Incliens dAmazonie,par leur faible densit relacive, ont touch de manire marginaleleur fortt en la traitant comme leur jardin. En revanche, ceux duMexique (Toitques, Aztques) ou ceux des basses terres mayasont pratiqll des dforestations grande chelle, et ont f,ni parpuiser une grande partie des sols...

    Pche la niureGravurc de MD, lz Crevaux (1t183)

    Bib. A.Franconic, Conseil gnral de la Guyane

    l'afut dans un drbreGravure de Riou, lz Coudreau (1893)Bib. .Franconie, Conseil gnral de 1a Guyane

    CONTEXTE GETRALllrire .ir.n.r,,: r. .:-::'::.-.':,1:,1::::.:1: {{

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    D E G U YAH E Ere Ea, srecs*ver*e a ausourstuLEiPierre GrenandDirecteur de recherche mrite I'lRI)

    hiRtctss culeil:rf.i i .::r. ,:irlr,ri.,i tr1lL.r..r:,,: 16.; GOXEXE CTRAL

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    ir.l Lr.i:.ri,;li.,"r r;lr:r,ii:r, Bien que Ia Prospection archologiquedans les zones humides quatoriales, soumise des facteurslimitants particlllirement drstiques, ne nous permette psencore d'avoir une bonne vision d'ensemble clu peuplementancien cle lmazonie, nolrs syons avec certitude que depuisau moins 10000 ans, cles hommes ont parcouru et habit cesespaces, laissant d'innombrables mais cr-rus tmoignagesarchologiques.Ll-ristoire des populations amrindier-rnes vnt l'arrive clesEuropens ne peut tr-e qr-re conjecturale, puisqu'elle reposepresque uniquement sur les dcouvertes archologiques que 1'onpeut cependant parfois faire vivre travers les rcits mythiques,renvoyant aux temps historiques les plus anciens des anctresprirnordiaux der cthrticr contemporlines.Ne nous abusons pas, nous somrnes I dans le domaine def idalisation. Il ne peut y avoir, il r-r'y aura jamais fusion entre lestravaux des ethnologues post-contcts et ceux des archologr,respr-contacts. On ne fera jamais que des comparaisons enlrel'avant et l'aprs, les archologues accabls par le mutisn.rede leurs sites et souhaitanc les faire parler, 1es ethnologuesreconstituant aux socits qu'ils ctoient des passs brillantsqu'ils rvent de fire revivre. Aprs 1500 seulement, toutdevient possible. Les traces humaines peu\rent tre corrles d'autres sources, les sites peuvent enfin vivre trar.ers l'oralit(Jrmie,2000).Les recherches historiques Lrtour des socits ir-rdignes,developpes dar-rs la region des Guvanes depuis unecinquantaine d'annes, s'appuient autant sur une lecturecritique des documents d'archives que su un long tr:rvail deterrain concernant, selon 1'expression cle Jean Chapuis (2007)"l'autohistoire " des peuples de la regior.r.A chaque histoire, sa mmoire, son rythme, ses porteurs desavoir et ses virleuls. Le croisement des autohiscoires indignesentre elles reste largement faire. Celui de ces dernires avec lestmoignages occidentaux est de son ct largernent ar.anc. Ilne faut cependant jamais perclre dc vr-re qr-re la temporalit deshistoire s indignes est bien sr totalement difitrer-rte de celle desEuropens. C'est pourtant cle Ia comparaison de l'autohistoire

    CONTEXTE EiRAt

    autochtone :rvec lcs matiaux occidentaux que peut tredgagee l'histoire des peuples an.rrindiens des Gur''anes, sansles priver pour autant cle leurs caractres intrinsques : 1'uneconirmera, prcisera ou clvoilera une part de ce que I'autre nesait pas ou a choisi cl'oublier. Larchologie et la lir.rguistique. sion les utilise dans un cadre con'rparatif occupent une positiond'arbitres, permettant cle mieux prciser c'les aires culturelles,cles situations de contact et tout particulirement 1a naturerelle du peuplement.Lhistoire des peuples amrindier-rs de Guyane, c'est aussi cellede leur dcour.erte trs progressive - par les Europens ; c'estpar 1 mrne l'l-ristoire de leur transformation. Nanmoins,les lieux de n.rouillage des bateaux, les voies d'change que lesEuropens utilisrent leur profit, existaient bien avant leurarrir,e. En dehors cl'obsenirtions parses concernnt la ctecles Guyanes, Ia documentation crite dont nous disposons nedbute r,ritablement qu' la toute fin du XVI'sicle, soit pluscle cent ans aprs 1'ar-rive de Christophe Colomb en Amrique.Jusqdau XVIII' sicle, l'historien des socits amrindiennescloit se contenter, en dehors de rares textes remarquables, dedocurrents pauvres, imprcis et ethnocentriques* (Ia, plupartdes observateurs ne comprenant rien aux socits rencontres),alors que les autres Amriques avaient dj vu couler beaucor-ipd'encre ; de surcloit nombre de documents ont disparu ou dumoins n'ont pas t retrouvs.Dans cette ambiance cle lamine intellectuelle, les traditionsorales constituent une vritable embellie puisque qutlles nor.rsproposent une organisation du pass 1e plus recule totalementdi1rente de ce qui a pu tre observ au cours des 150 derniresannes. Ces tmoignages demeurent dlicats dcrypter car dupoinr de vue indigne, mythe et histoire ne peuvent tre sparsar-r-del de six gnrations. Mais ces tmoignages n'en restentpas moins prin-rordiaux. I1s offrent une vue cle I'intrieur del'orgar-risation sociopolitique compiexe des socits ancicnnes,des rituels infiniment plus riches que cellx cl'aujourd'hui, unfoisonnement d'ethnies et de sous-groupes en contact permanent,une capacit se rnouvoir sur des distances normes travers lemassif forestier, toutes choses ayant sombr corps et biens.

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    De Ia dmographie et de I'occupation territoriale.Il est aujourd'hui difficile d'valuer la dmographie desindignes vivant en Guyane l'arrive des Europens ; lescomptges "d'hommes portant flches" ne commencent qu'Ia fin du XVII'sicie et seulemenr sur la moiti septentrionaledu territoire ; Ies recensements n'apparaitront qu'au siclesuivant, une priode o les processus d'extinction taient djbien avancs (Hurauit, 1965a ; 1965b ; 1966). Loccupationterritoriale , quant elle, est plus aise dfinir par le croisemenrrpt des archives, de l'archologie, de ia toponymie et, encoreet toujours, des traditions orales.Ainsi que l'a avanc Gallois (1986),lazone des Guyanes peut recaractrise comme une rgion refuge marque par I'importancedes mouvements migratoires et des processus de fusion ayanrabouti la configuration ethnique actueiie. Cette rgion est la conjonction de trois pouvoirs coloniaux : le sud de mouvnceportugaise, Ie nord et le nord-ouest de mouvance anglo-hollandaise , tandis que l'est-nord-est fut soumis majoritairemenrf influence franaise (Hurault, 1970 ; Schoepf,l972) ; l'Espagnefut un acteur premier mais mineur dans l'histoire postrieure,en dehors bien sr de 1'actuelle Guyane vnzuelienne. Trs tcaussi a t perue la partition entre les groupes de f inrrieurou Indiens des terres, sns contact ou presque avec lesOccidentaux, et ceux de la cte relativement moins mobiles etdont des peuples importants comme les Kaliha, les Arawak etles Palikur, sous leur configuration ancienne, sonr parfaitementconnus ds le XVI'sicle.Les units village oises taient variables en taille et leur mobilit(le terme nomadisme e st inapplicable quand on parle de peuplesagricoles) fut une constante, I'exception des communautssauanicoles*, franchement plus sdentaires. Mme si lesarchologues ont trouv des sites ctiers ayant sans doutecompt plusieurs centaines de personnes voire plus (Versteeg,1985 ; Rostain, 1994a), il est probable qu'une moyenne de60 habitants par viilage - en dehors de rassemblementstemporaires - corresponde la ralit historique, ainsi quel'indique Barrre (tl+Z).Zn fort, la dispersion de l'habitat,tant au bord des cours d'eau que dans les inrerfuves, taitassocie la ncessit de se procurer des protines animales enabondance plus qu' l'puisement des terroirs agricoles, quasiillimits. Dans les svnes inondes, c'est a contrarla l'exiguitdes terres merges qui impliquait une sdentarit relative, lesprotines (essentieliement tires des ressources halieutiques" etdes tortues) se renouvelant sans encombre. Ces adaptations,indpendantes des systmes sociaux, taient essentiellementopportunisces et l'histoire nous monrre que des socitsamrindiennes ont pu passer de I'une l'autre sans trop coupfrir (Grenand & Grenand, 1987 ; Grenand, 2006). S'il escvrai que les communauts de la fort connaissaient une vie plusagrable que celles des marais, l'accs de ces dernires unealimentation abondante et varie cait in6niment plus ais.Prcisons enfin que les Amrindiens des marais n'taient enaucun cs des marins, contrairement aux Kali'na avec lesquelsils ne peuvent tre confondus. Seuls les Arua et les Maraonrfugies des bouches de I'Amazone possdaient galement unemaitrise relle de la navigation en mer. Qgand auxAmrindiensde I'intrieur, les tmoignages anciens les montrent nettementplus pdestres que navigateurs d'eau douce.

    Si Ia cueillette, la chasse etlou la pche taienc des activitsessentielles pour tous les Amrindiens de la rgion, on nesoulignera jamais assez l'importance de I'agriculture, sur brlisen fort et sur buttes dans les savanes ctires - cette derniredisparue prcocement - (Rostain, 2008), fonde vanr roursur le manioc amer qui fournit encore aujourd'hui le pain(cassave), la semoule (couac), la boisson (cacbiri, chib) et lecondiment (couabio) aux habitants contemporains de la rgion.Par le stockage naturel des tubercules dans le soi de l'abattis,cecte plante constitue la vertbre des conomies de subsistanceamazoniennes, car elle libre un temps considrable pourd'autres activits.Plusieurs tmoignages parlant du Mahury, du bas Oyapock etdu nord de lAmap accuel (au sujet des Maye et des Palikur)nous permettent d'avancer que les Amrindiens des terresbasses vivaient dans de grandes maisons collectives sur pilotis(Forest, l9I4 ;Yan den Bel, 2009). Les activits crmoniellesse droulaient ie plus souvent en plein air, comme en attesteaujourd'hui Ia tradition orale palikur. En revanche, lescommunauts de la fort taient constitues d'un certainnombre de cases familiale s ence rclant une grande case collective(appele gnralement le carbet dans les textes anciens) destineaux hommes, ux voyageurs et aux activits crmonielles. Dessites fortifis, telles les montagnes couronnes, ont aussi tsignals tant dans les hautes terres qu' proximic des bassesterres (Mazire kMazire, 1997).La faiblesse dmographique des units rsidentielles taitcompense par le fait que les communauts taient nombreuseset jamais bien loignes les unes des autres, le plus souventinstalles proximit d un cours d'eau, navigable ou non.C'esc donc bien l'ensemble du territoire des Guyanes qui taitoccup, image totalement imperceptible pour un observateurcontemporain face au vert sidral de Ia fort.Qgand Ies premiers contacts avec les Blancs se produisirent, lespntrations espagnole l'est et portugaise au sud avaient djindirectement boulevers la carte ethnique par les mouvementsmigratoires qu'elles dterminrent ainsi que pr une drastiquebaisse dmographique proportionne par la nouveautmeurtrire des pidmies (Grenand & Grenand, 1997). Lesvoyageurs ont not f importance du peuplement des Guyanes,tant sur la cte qu'l'intrieur (Keymis, 1159 6) 1922, Harcourr,116131 1926). II y aurait eu sur le terriroire de la seule Guyanefranaise, au moment du Contact, une trentaine de tribus (y'infa) correspondant une population d'environ trente millepersonnes (Hurault, 1966).Les peuples ctiers semblent avoirt plus nombreux - de nombreux biais empchant cependantde confirmer cette hypothse - puisque vers 1600 les Kaii'nataient valus 5500 individus et les Palikur 4000 (Grenand& Grenand, 1985). Au milieu du XVII'sicle, pour la rgioncomprise entre Ia Comt et l'Oyapock, nous risquerons vecprudence un chiffre de 3000 personnes, les 600 Nouraguesvalus par les Pres Grillet et Bchamel (Grillet, 1716)formant la plus grande ethnie de la rgion. Les peuples plusmridionaux, du Tapanahoni lAraguari, ne sont alors quevaguement connus et ne peuvent tre srieusement vaius,sinon qu'ils sont sns erreur possible plusieurs milliers auregard des vidences archologiques.

    rEnl&0ts reE 18. :3:ll::l:.$*f:, xv. .1 xxi.i3.s

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    On sait aujourd'hui que les n.raladies importes, pourlesquellcs les Amrindiens n'avaicnt pas de rsistance, furentresponsables en grancle partie de cctte disparition (Hurault,1972). At XVIIf sicle, la dcroissance demographique grcvasi largemcnt la vie cles Amrindiens qu'elle entraina de leurprt des ilttitllcles souvent reptes clans le temPs : citons lesattitudcs sr-riciclaires, voire le suicidc lui-n-rme, 1'atomisationen petits groupes, f isolement, la fuite devant les maladiesdont ils ar,:rient con-rpris qu'elles taicnc consubstantielles de lapr-rtration cles Europens. Cette attitude salutaire fut aussipro prte l'origir-re des mouvements formateurs des peuplesi nd iginet conrcmporei n:.

    l:illage Ertrillon du ch/'Edouarrl, souru de I'Inini.Griryure de Riorr, lz Coudreau (189-3)tsib. A. Franconic, Conseil gnral c{e Ia Gu',,ane

    Au XIX'sicle. cle nornbreuses communauts sontencore installcs :ru coeur de Ia fbrt.loin des granc{s couLs d'eau.

    GONTEXTE GNRAL:\l .,t.\\ 1. i. {9 ,I}Ri*l; 5 : i

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    Cette carte, plutt iable, rassemble des clonnes gographiques collectes depuis le demierquart du X\rII' sicle. Un peu plus tard, les trar.aux cle Dessingv (1763) puis r\Ientelle (1778)apporteront un autre niveau de details et de fiabilite la cartographie gu,vanaise, v comprispour les territoires d -A.pprouaguc ct d'01 apock. ,{r,cc ccs autcurs, on est loin rles productionsfantaisistcs qui sont parlbis encore proposces i\ 1a fin du XIX' sicle,

    COilTEXTE GNRALarl, 1,: ,., i:. irr ri :. .l

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    LGENDE+* lmplantation colonialeMakapa Nation amrindienneCainore Fleuve ou rivire

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    tlans, natiorrs, tritlus. gsupes ? Les sources anciennesnous livrent un nombre plthorique de noms d'ethnies : pasmoins de 74 ethnonymes pour l'actuel territoire de la GuyaneFranaise et le Contest (partie de l'actuel Etat dmap).Si lbn se rfre I'autohistoire contemporaine, on dpasseallgrement la centaine, aprs quivalences linguistiquestablies. Les tudes historiques (Grenand P., 1982 ; Tilkin-Gallois, 1986, 1994 ; Grenand F. & Grenand P., 1987 ;Grenand P. & Grenand F., 1997; Collomb,2000 ; Chapuis,2003,2007) montrent cependant que plusieurs noms associs des groupes identifis avec certitude ne sont peut-tre que dessous-groupes, clans ou mme blasons, appliqus localement pard'autres ethnies.Les recherches ethnohistoriques contemporaines, tout auntque les textes d'archives, indiquent en outre que des lienspuissants existaient entre ces groupes, tnt u niveau crmonieiqu'conomique, et que - surtout dans la zone ctire -des personnages de premier plan pouvaient avoir autoritsur plusieurs centaines de kilomtres carrs. Les relationsintertribales taient rgules par des alliances commercialesou guerrires fluctuantes et rythmes par des ftes runissantplusieurs communuts (Dreyfus, 1992). On peut considrerqu'il existait deux rseaux relationnels par exemple dans l'estde la Guyane qui nous concerne plus particulirement , I unctier allant de l'ile de Cayenne au sud de I Amap, l'autre plusintrieur, allant de la Comt l'Oyapock et au haut Camopi.Ces deux rseaux entretenaient leur tour des relations, souventhostile s pour le premier, plus commerciales pour le second, avecles diverses composntes des Kali'na qui dominaient la moitioccidentale du littoral guyanais, de Cayenne l'Ornoque. Lesguerres intertribales taient frquentes, au moins jusqu'au dbutdu XVIII' sicle pour la zone ctire (Yidal, 2001), jusque vers1850 pour l'intrieur, se soldant par quelques escarmouches,leur but essentiel, au-del de motifs de vengeance formelle, tantle rapt de femmes. Nanmoins les autochtones cherchrentdans un premier temps s'allier aux Europens pour profiterde leurs armes feu, ce qui aboutit parfois des massacres dontquelques-uns ont t documents (Forest, 1914).Ces vidences tires des archives ne nous clairent quepitrement sur la ralit primordiale des entits socialesainsi que sur leur fonctionnement et leur dynamique. Il estmaintenant admis que les (ayana, les aypi, les Teko, Ies

    Palikur, les Kaliha forment un ensemble composite, certainsgroupes formateurs en cous de fusion apparaissant dj dansles sources anciennes : mais comment caractriser ces grouPeset "selon quelles modalits se sont ralises ces accrtions ?"(Chapuis,2007).Selon uneposition thorique qui n'estpaspartageparl'ensembledes chercheurs, Jean Chapuis (ibid.) a choisi aprs Grenand(1932) de nommer clans les groupes anciens, "souvent dsignscomme goupes formateurs par les guyanistes et envisagscomme les formations sociales originelles par les Amrindienseux-mmes". Les clans, nomms ntions par les observateursde I'poque, participient d'un systme social reconnu partous ceux, allis ou ennemis, qui s'y trouvaient dans le cadrede situations conjoncturelles, l'appartenance des familleslinguistiques difirentes ne semblant pas constituer un barragerdhibicoire et les ires gographiques concernes pouvnt treimmenses. Les termes de coalition, fedration, conglomrat,ou encore proto-ethnie ont t employs par les observateursextrieurs, parfois trs tt pour les deux premiers, les secondstant des productions anthropologiques, mais tous doivent treconsidrs comme des traductions de ralits trangres notrethos social. Ces formations subiront de nombreux avatars etleur forme aboutie, inscrite dans la gographie actuelle, serabaptise ethnie par les anthropologues contemporains. Leterme clan renvoie donc des groupes dont l'existence ne Peuttre que dduite, mais dont on peut postuler qu'ils taientprsents lors du Contact (Chapuis & Rivire, 2003), tandisqu'ethnie fait rference aux ensembles nomms et pleinementvcus par les Amrindiens du XIX' au XXI' sicle.Dans le monde ancien, celui qui nous est rapport par I'oralitamrindienne, ennemis et allis peuvent changer de statutselon le conflit en jeu, ainsi que le conrme les rcits desactuels dtenteurs de la tradition orale. Toutes ces traditions,collecte s indpendamme nt, tmoignent d'un morcellement engroupes locaux mus par des alliances 1a fois conjoncturelles etstructurelles qui, de parleur mobilit, ouvrent cependant lavoieux regroupements Postrieurs, largement induits, cette fois,par le Contact, tntt brutal, tantt progressif, avec le mondeoccidental. Laccouchement d'une socit se fait gnralementdans Ia douleut celie des Amrindiens de Guyane en est uneillustration parmi bien d'autres.

    ;{ GoxTEITE GNRAL)CstfrlNEtffs E eurrE

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    CONTEXTE GNRAti,i rii .l.i r, L l.i.li,;i\' ' .',, :: ". rr I

    ,1quo4ua, Pdlikout(,1.1 rrre ds M.rrhcr. ir B.tlrirc l- t1Bib. .Franconie , Conseil gnral c{e la Guvanc

    Les parures et les peinrures corporellcs ont iou etjouent parlbis encore un rle important dc narqueursiclentitaires chez lcs mrindicns des Guyanescr d'ntaz.ni.

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    L* t+,1*t,rs *[.E; I*, +*lq-r.]'*-?il{::{*E:tt-'re r'. En ce qr-ri concerne ledcoupage dans le temps, on peut distinguer trois grandespriodes (Grenancl, 1979 ; Chap:.ltis, 2007) ' celle des clansjusqu'au XVIII'sicle, celle des proto-ethnies ensuite, suivie, partir du XX', par celle des ethnies.En fait, I'histoire rgionale est avant tout 1'ceuvre desAmrincliens, base non seulement sur leurs besoins et leursactes, mais aussi sul leurs propres conceprions du moncle :le totmisme, prsent dans les mythes, a jou pour toutes lesethnies de la rgion un rle essentiel dans I'mergence desper-rples contemporains. Contrairement ce qui s'est pass surla cte, il n'y eut pas ou Peu de coercition exerce aYant 1e XX'sicle sur les habitants indignes de f intrieur, ce qui confre unpttern pofondment diffrent cles peuples actuels comme les\Maypi ou le s \ayana d'une part et 1es Kali'na d'autre prt' Onpeut considrer que les socits que tous laborrent 1a suite duContact sont en grande partie le produit de Ia metabolisationpar leurs cultures de cette rvolution profonde qu'apportrentles instrr-rments mtalliques occidentaux fournis en faiblequntit et selon des rseaux privilgis sur fond de dbciedemographique (Grenand & Grenand, 1997).La ncessit nouvelle de commercer avec les Europens ouleurs intermdiaires, avant tout dterrnine par I'eficacitdes outils en fer, allait granclement favoriser la coalescencede groupes entiers, acclrant la formation des proto-ethniespuis des ethnies contemporaines. Si les Amrindiens sontlongtemps rests indiffrents, voire rfractaires, aux valeurset aux systmes sociaux de l'Occident, ce dont tmoignent lesdboires des Jsuites, i1 n'en fut pas de mme l'gard de notrecivilisation matrielle qui avait tout por,lr sduire. Ainsi lapntration de ces territoires, induisant la diffusion des objets

    mtal1iques, provoqua une vritable rvolution technologique,entrainant des changements essentiels en termes d'exploitationet de gestion des ressources naturelles, induisant la crationde nouveaux circuics commerciaux et de cleplacements decommllnr.rts entires. Lintroduction rcente des subsidessociaux, distribus en des points dtermins, offre assezbien (certes dans des conditions matrielles diffrentes) unereconstitution des effets destructeurs de l'apparition de cettenouvelle manne laquelle s'ajoutaient les perles de verre et1'alcool sous forme de lubriant social.La possession cl'une Partie cle cette technologie, en introduisantde nouveaux rappots l-rumains clont l'talon tait les relationscommerciales entre Blancs et Amrindiens, fut source dedpendance tous les niveaux, l'abondance apparente crantur.re illusion quant 1a facilit de l'acquisition. Les contacts avecles Europens favorisaiet-rt certaines familles et certains leadersqui se trouvaient ainsi en positior-r d'absorber les groupes, clansou d; cornmunauts mixtes les plus faibles.Lintgration d'trangers et Ia fusion des groupes a t engrande prtie permise par le systme sans aucun doure anciende l'afid (pelto en wyna, poito en kali'na, lemingwal enwaypi) qui constituait pour des communauts par ailleurslargement endogames* (srtrtout dns f intrieur), une techniqued'alliance asymtrique, d'absorption d'individus et au final dedomination. Le peito, c'est le gendre, mais aussi Ie prisonnier, levassal, ou encore celui qui suit un chef Ia guerre. Aujourd'hui,Ie terme peut s'appliquer un employ quelconque. Elle a aussit permise par 1e systme - galitaire cette fois-ci - de "l'amilectif" (yepe, pawana selon 1es langues), moteur trs effectifde l'alliance pacifique, de l'adoption et du toc de savoirs et dehiens matriels.

    COTTEXTE ONRALr:..L.rlor Jii. tJrrlr. rl,/itlrui'45 iE ;L;r*: S{

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    11.,'.1,;1:;.::if i:r.,r:iri,rr rlilir:li .:ii,'lil,:1,:'1'l a'r'i"ai':r :i':i:::ti:.1'l"i;'ri"'iil LeIaPpOftde force direct est majoritairement exclu du contexte colonialfranais en Guyane , en dehors de quelques "bavures" quipeuventtre parfaitemenc docLlmentes (Brtigny, Les SeigneursAssocis, Frolles...), la domination des Amerindiens de cettergion s'est faite sous influence, sduction, appt, rrompericmais ia contrainte brutale fut rarement au rendez-vous'Les ethnies contemporaines sont, nous I'avons vu, ie prodr-ritd'un va-et-vient d'alliances et d'hostilits oir parrerrairesindignes et er-rropens ont joll leur partition, les rapportsde force ayant considrablement vari selon les circonstances'Seuleslapuissanceconomiqueetf importncedmographiquecroissantes des seconds entPort ar-r final Ia dcision'Les six ethnies amrindiennes de Guvane sont en placedepuis la fin du XIX' sicle. Si cle nombreux peuples ou sous-groupes ont bel et bien disparu, nombre cl'entre ellx se sontir-rtg.t dans des natiolts prexistantes, d'autres ont form desentits nouvelles. Par ailleurs le pouvoir europen a largementpermis, soit directement en Particulier travers les missionsi.ligi..rs.r, soit indirecten-rent pirr 1a reconnaissance de groupesprminents, la for-mation des ethnies contemporaincs'L.rr-.r-, rapicle que nous proPosolls s'appuie sur la dynamiqueformative des peuples amrindiens contemporains pour mieuxfaire comprcnclre leur place sur l'chiquier guyanais'Ds le XVI" sicle, les trois peuples ctiers de la Guvanefranaise taient dj connus par les Europens sous leurs nomsactuels ; ceci nonc, ils sont aussi difftrents de leurs anctreseporrymes qu'un Franais contemporain 1'est de son aieul ayantvcu sous le rgne du bon roi Henri.Les I(ali'na, longtemps appels Galibi en Gr-ryane franaise etCarib clans les deux autres Guyanes et t1 Venzuela ('0000au total, dont 3000 en Guyane franaise), constituent lantion indigne la plus fdradve des Guyanes, rpartie er-rpeuplement aujourd'hui intercalaire du Venzuela lmap'Trs tt conflonts aux Europens, ils ont fonctionn de faonphagoc,vtaire, digrant leurs lments constitunts jusqu'l.r, ,."lit. moderne ; Pour preuve la faible trace des lmentsconstitutifs anciens dans leur tra

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    flers qrae ia*.*u**6 *&. m gargrm,mmse I En Guyanefranaise, du dbut du XX sic1e jusque vers les annes 1970,les Amrindiens, comme d'ailleurs les Noirs Marrons, ontlongtemps t considrs comme formant des ensemblesculturels vanescents, ne prticipnt plus pour les premiers etde faon trs secondaire pour 1es seconds la vie politique etconomique de ia rgion. la priode moderne, l'appellationde Guyanais ne les a jamais englobs, ce terme tant rsolumentrserv aux Croles.Depuis la fin des annes soixante, Amrindiens et NoirsMarrons connaissent un essor dmographique constant,puisque les premiers sont actuellement (en Guyane franaise)plus de 7000 et les seconds 17000. De pius, ces populations(au moins les Kalin'a, les Palikur et les Noirs Marrons) ontamorc une nette occupation des bourgs cciers, participantsde la formation de quartiers pauvres, en compagnie d'migrsvenus du Brsil, d'Haiti et du Surinam. Pourtant la majoritdes Amrindiens vit en contexte rural et au moins 15 % d'entreeux vivent encore loin du monde moderne.De fair, l'isolement des peuples amrindiens a t bouleverspar le processus de francisation qui les atteint, pour des raisonsessentiellement lectoralistes, partir de 1969. Cette volution,rendue possible par la dpartementalisation de la Guyane en1946,Les avait dans un premier temps ignors. Ce qui devaittre une intgration la Rpublique Franaise par l'cole,i'accs la sant, les droits des citoyens, s'est vite avr tre leplus souvent incompatible avec leurs systmes sociaux, Ieurorganisation du travail et leurs valeurs philosophiques.

    D'o l'mergence, u dbut des annes 1980, de mouvementsautochtones avec leur cortge de revendications territoriales,de reconnaissance d un statut spcifique pour les personnes...Depuis quinze ans, 1'union des peuples indignes s'estrenforce l'chelle amazonienne, mais les rsultats concetspeinent, s'essoufllent, relays par des actions plus concrtesrgionalement.En Guyane franaise, en dpit de quelques avances legales, ledbat reste d'autant plus entier qu'il est concurrenc par desrevendications autonomistes l'chelle de la rgion et que Iadlicate question de I'immigration est venue se surimposer Itnsemble, cranc des tensions de couces sortes souvent biendlicates interprter Iocalement.Une vidence surnage de ce bouillon des cultures : lesAmrindiens sont devenus des acteurs reis de la politiqueet de la culture guyanaises. Aujourd'hui, ils parricipentd'une Guyane qui est plus que jamais une vritablemosaique de langues, de religions, de couleurs de peau,de cuisines, d'adaptation 1'environnement... Mais cettemosaique demeure malheureusement une juxtaposition decommunuts cloisonnes qui, malgr les indispensablesinteractions conomiques, restent trop trangres Ies unes auxautres. Pour compiiquer le tout, les socits amrindiennescontinuent de transcender Ies frontires, refusant de renoncer cette ralit vitale, la mobilit permanente.Les Amrindiens voluent dsormais au milieu de toutesles autres composantes de la socit subissant le choc dela modernit, soilicits par le dveloppemenc durableet 1'cologisme , oscillant entre revivalisme culturel etintgration.

    CONEXTE GNRAL',rl Iiii i.r rcur e) J avl,.,,::.'*::,'j:,T.:"::,rlll:.1 56

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    LGENDEFam illes I ingu isti queset langues

    ARAWAKLokono (Arawak)PalikurCARIBEKali'na (Galibi)WayanaAparaiTUPITeko (mrillon)Waypi

    Populations amrindiennes actuellesn GuyaneCo:ncQttion: P,Grenand. / Ralisation : F.PonGt

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    Ilne culture matrielle vgtale

    Ethnologue.Ingnieur cle Recherelee ll0bservatoi re Hommes/Milieux' "Oyapoek un fleuve en Partage"CNRS Cayenne

    ilERtxotExs D: c NE Sg COTTEXTE gXRALts.i:. 1ia:.s. 1. ii .s..rcorc.s, pl m.. lrri..l:trr. il,rarjfll. la1 1.

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    Larchologie est un outil fbrmidable qui nous Pe rmet de n.rieuxconnaitre les peuples et les cultures qui nous ont prcds.Nlais cette science est dpendante cles