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MARAI CHAGE améliorer la conduite de l’irrigation sur une ferme maraîchère diversifiée Améliorer la conduite de l’irrigation est l’objectif que s’est fixé un groupe de maraîchers du Poitou-Charentes, face à différents constats : système d’irrigation mal dimensionné, installation vieillissante, sur ou sous-consommation d’eau par rapport à des références régionales, temps importants consacrés à la gestion des arrosages, etc. QUELS ONT éTé LES PRINCIPAUX ENSEIGNEMENTS DE CETTE DéMARCHE ? 1- Tous les maraîchers du groupe ne priorisent pas de la même manière l’irrigation et chacun a ses réponses aux questions : quel temps je souhaite consacrer à la gestion quotidienne de l’irriga- tion ? Quels moyens financiers suis-je prêt à mettre pour gagner en efficacité, en régularité, en rendement ? Quel est le retour sur investissements étant donné ma valorisation des légumes, la qualité/ quantité de ma ressource en eau, mon parcellaire ? , … Chaque ferme présente des contraintes spécifiques qui condi- tionnent le choix du système d’irrigation mis en place. Dans certaines situations, on peut se situer loin de la finalité de départ : avoir un système d’irrigation fiable, fonctionnel, per- mettant une couverture intégrale et homogène des cultures en saison estivale et permettant de limiter au maximum les temps de manutention du matériel. 2- Tous les maraîchers qui ont participé aux diagnostics de leur système d’irrigation, se sont rendus compte de l’importance des contrôles réguliers à effectuer sur leur installation : vérifier le débit des distributeurs (asperseurs ou goutteurs), la pression en diffé- rents points stratégiques du réseau, pour s’assurer d’une bonne répartition de l’eau et permettre une homogénéité de croissance des légumes, pour détecter aussi les éventuelles fuites d’eau. OBJECTIFS DE LA FORMATION Pour répondre aux problématiques énoncées, une formation a été mise en place avec un triple objectif a Diagnostiquer la performance des installations d’irrigation existantes, avec l’aide d’un technicien de l’association régionale pour la maîtrise des irrigations (Ardepi) ; a Identifier les points d’amélioration des systèmes d’irrigation en place et les moyens à mettre en œuvre pour les rendre plus fonctionnels a Définir les besoins en eau des cultures légumières et une gestion optimisée des irrigations dans le cas d’un système maraîcher diversifié Source : Chambre régionale d’agriculture Rhône-Alpes AUXILIAIRE BIO n°2 décembre 2016 12

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maraichageaméliorer la conduite de l’irrigationsur une ferme maraîchère diversifiée

Améliorer la conduite de l’irrigation est l’objectif que s’est fixé un groupe de maraîchers du Poitou-Charentes, face à différents constats : système d’irrigation mal dimensionné, installation vieillissante, sur ou sous-consommation d’eau par rapport à des références régionales, temps importants consacrés à la gestion des arrosages, etc.

quels ont été les principaux enseignements de cette démarche ?

1- Tous les maraîchers du groupe ne priorisent pas de la même manière l’irrigation et chacun a ses réponses aux questions : quel temps je souhaite consacrer à la gestion quotidienne de l’irriga-tion ? Quels moyens financiers suis-je prêt à mettre pour gagner en efficacité, en régularité, en rendement  ? Quel est le retour sur investissements étant donné ma valorisation des légumes, la qualité/ quantité de ma ressource en eau, mon parcellaire ? , …

Chaque ferme présente des contraintes spécifiques qui condi-tionnent le choix du système d’irrigation mis en place. Dans certaines situations, on peut se situer loin de la finalité de départ : avoir un système d’irrigation fiable, fonctionnel, per-mettant une couverture intégrale et homogène des cultures en saison estivale et permettant de limiter au maximum les temps de manutention du matériel.

2- Tous les maraîchers qui ont participé aux diagnostics de leur système d’irrigation, se sont rendus compte de l’importance des contrôles réguliers à effectuer sur leur installation : vérifier le débit des distributeurs (asperseurs ou goutteurs), la pression en diffé-rents points stratégiques du réseau, pour s’assurer d’une bonne répartition de l’eau et permettre une homogénéité de croissance des légumes, pour détecter aussi les éventuelles fuites d’eau.

objectifs de la formation

Pour répondre aux problématiques énoncées, une formation a été mise en place avec un triple objectif

a Diagnostiquer la performance des installations d’irrigation existantes, avec l’aide d’un technicien de l’association régionale pour la maîtrise des irrigations (Ardepi) ;

a Identifier les points d’amélioration des systèmes d’irrigation en place et les moyens à mettre en œuvre pour les rendre plus fonctionnels

a Définir les besoins en eau des cultures légumières et une gestion optimisée des irrigations dans le cas d’un système maraîcher diversifié

Source : Chambre régionale d’agriculture Rhône-Alpes

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Pour cela, outil indispensable du maraîcher : un manomètre manuel à aiguille. On s’est rendu compte au cours des visites que les manomètres installés en poste fixe sur les installations n’étaient plus fiables car ils étaient maintenus sous pression et l’aiguille se décalait au fil du temps…Quels sont les principaux points de contrôle avec le manomètre manuel, équipé de « prises rapides »  : la sortie de la pompe, avant et après le poste de filtration (une différence de pression >0.5 bar amont/aval nécessite un nettoyage de la filtration), à l’entrée de la(les) parcelle(s), à l’entrée de chaque serre, après chaque réducteur de pression, (en début et fin de ligne d’asperseurs /goutteurs selon les problèmes identifiés).

Si la pression mesurée en un point donné n’est pas la bonne (pour l’entrée d’une parcelle/serre, cette pression doit être comprise dans la plage de pression de fonctionnement du matériel), on recherche les causes possibles  : fuite, régulateur défectueux, filtration colmatée, distributeur bouché, mauvais dimensionnement du réseau (trop de débit demandé…), etc…

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Les débits des asperseurs en début et fin de ligne sont mesurés en prélevant l’eau dans un seau pendant 60s ; le volume d’eau collecté est mesuré dans une éprouvette et converti en L/heure et comparé aux caractéristiques de l’asperseur. Cette mesure doit être faite en complément d’une mesure de la pression proche du distributeur. On peut procéder de la même manière pour vérifier le débit de goutteurs (temps = 10-15 minutes).

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Un test de répartition a été effectué sur l’une des installations d’irrigation des participants à la formation. Ce test d’uniformité de distribution est conseillé lorsqu’on rencontre un problème d’hétérogénéité de production. Il permet d’identifier des problèmes de colmatage, d’usure ou de dysfonctionnement de l’installation. Dans ce test, pour de l’aspersion, un quadrillage de pots est mis en place, espacés de 50 cm, répartis sur la parcelle, pendant 1 à 2 heures. L’eau recueillie dans chaque récipient est pesée sur une balance de précision  ; un logiciel de représentation graphique permet de visualiser rapidement les résultats.

Pour du goutte à goutte, on peut effectuer soi-même le test  en mesurant le débit sur au moins 16 goutteurs, répartis sur la parcelle. Ces valeurs permettent de calculer le coefficient d’uniformité de débit (CU) :

CU = moyenne des 4 débits les plus bas x 100 / moyenne de l’ensemble des valeursSi le CU > 90% : l’homogénéité de l’irrigation est très satisfaisante.Pour un CU entre 80 et 90% : la régularité est affectée, il faut rechercher les causes.Pour un CU <80%  : il est nécessaire d’agir rapidement.

Exemple : Moyenne de l’ensemble des débits mesurés : 1.6 l/hMoyenne des 4 plus faibles : 1.46 l/hCU = (1.46 x 100) / 1.6 = 91%Les débits sont homogènes.

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3- Il est tout aussi indispensable pour une bonne conduite des irrigations de connaître (rechercher lorsqu’il s’agit de matériels d’occasion) les caractéristiques techniques du matériels utilisés. La présentation de l’Ardepi a permis à chacun, maraîchers et por-teurs de projet, d’identifier les types d’asperseurs, micro-asper-seurs, goutteurs qui correspondaient au mieux à leurs besoins.

asperseurs à batteursdébit 1000 l/h et +

pression de fonctionnement 3 à 5 bar

maillage 12 à 18 m

avantagesPas ou peu de filtrationPeu fragileVisibilité de l’apport d’eau

limitesDébit instantané élevéTassement de solSensible au ventLessivageTrace de calcaire sur feuillage et fruits

coût 2000 €/ha

remarqueA réserver aux cultures peu fragiles

mini- asperseurs

micro-asperseurs

débit 20 à 400 l/h

pression de fonctionnement 2 bar

maillage 2 à 4 m

avantagesFaible débit à la parcelleSous-fondaison : pas de mouillage des feuillesFacilement automatisable

limitesContrôle régulierFiltration 230µPrévoir stock de remplacement

coût 3000 €/ha

débit 200 à 800 l/h

pression de fonctionnement 2.5 à 3.5 bar

maillage 6 à 12 m

avantagesDébit et pression instantanés plus faiblesBonne homogénéité d’irrigation

limitesFiltration 400µManipulation du matériel plus délicate

coût 2500 €/ha

remarqueAdaptés aux cultures sensibles

goutteà goutte

goutteur intégré cylindrique ou plat, autorégulant ou non

débit 1 à 2 l/h, choix selon type de sol

pression de fonctionnement 0.5 à 4 bar

maillage 15 à 30 cm entre goutteurs sur la ligne

avantagesApports réduitsFeuillage secFerti-irrigationPas sensible au ventMeilleur efficience de l’eauFacilement automatisable

limitesSensibilité au bouchageFiltration 80 à 130µEntretien et contrôle réguliersMaîtrise de l’irrigation plus techniqueDiffusion de l’eau latérale limitée

coût 4000 €/ha

remarqueLimiter la longueur des rampes, ne pas dépasser 20% de variation de pression entre le début et la fin de rampe

quelques grandes caractéristiques de matériels d’irrigation utilisés en maraîchagesource : Ardepi

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4- La conduite optimisée de l’irrigation dans un système maraî-cher diversifié est complexe  : les besoins en eau des légumes diffèrent selon les espèces, les variétés, leur stade de dévelop-pement, …

Il est relativement facile d’établir un bilan hydrique pour une culture de légume et pour un type de sol donné, puis de gérer de façon optimisée les apports d’eau (dose, fréquence) : cas de la pomme de terre, des courges, poireau, choux qui occupent souvent des surfaces plus importantes.

Pour tous les légumes qui représentent de petites surfaces, ir-rigués par une même rampe d’asperseurs ou un même peigne de lignes de goutte à goutte, on ne peut réaliser que des com-promis.

La formation a permis de souligner ces difficultés, l’intérêt de sectoriser (lorsque cela est possible) les cultures avec des be-soins en eau similaires, d’affiner les besoins en eau de chaque ferme selon la gamme de légumes produites pour éviter des sur/sous-irrigations des légumes.

La pose de tensiomètres sur l’une des fermes, le suivi des no-tations et des observations (cultures, tarière) qui en découlent, sont l’occasion d’échanger sur cette thématique importante de la gestion de l’eau, dans un souci constant d’améliorer le pilotage de l’irrigation et d’optimiser le temps à y consacrer.

rédiGé par :stéphanie gazeau

mab [email protected]

ardepiwww.ardepi.fr

source

L’Ardepi a été créée en 1982 à l’initiative de la profession agricole avec l’appui du Conseil Régional Provence-Alpes-Côte d’Azur et la participation de la Société du Canal de Provence et de l’IRSTEA (ex-Ce-

magref).De nombreux aménagements hydrau-liques ont été réalisés, à cette époque, en région Provence Alpes Côte d’Azur : modernisation de réseaux gravitaires, création et extension de réseaux collectifs sous pression, aide à l’hydraulique indi-viduelle, ...Aujourd’hui, la réglementation, les condi-tions climatiques et environnementales demandent aux irrigants de faire évoluer leurs pratiques.L’Ardepi, association d’expérimentation et de développement agricole a reçu pour mission de les accompagner dans cette démarche.

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