Alors, Roussette, c’est pour bientôt ?

- Oui, oui, de beaux petits canetons jaunes et marron. Et il y en a un… vous verrez ! Ce sera un géant, car l’œuf est énorme !!!

- Regarde, Coccinelle, comme ils sont beaux ! Et encore… Tu n’as pas vu mon géant ! il est plus long à éclore, c’est normal, mais quand il sera là, tu verras quelle beauté !

Quelle déception ! Lorsque le dernier sort enfin de l’œuf, c’est un énorme canard tout pataud, sans couleur bien définie, qui effraie ses frères par son aspect inhabituel… Chez les canards non plus, il n’est pas toujours bon de ne pas être comme tout le monde, et notre pauvre vilain petit canard en fait l’amère expérience…

Maman poule elle-même protège ses poussins contre ces intrus. Elle ne connaît pas, donc elle se méfie ! On ne sait jamais !

Maman cane, blessée dans son orgueil maternel, déçue dans ses attentes, ne veut plus s’occuper de ce rejeton indigne d’elle…

Elle craint qu’il ne traumatise ses frères…

Avec ses beaux petits canetons, elle s’en va, et abandonne à son sort le pauvre vilain petit canard, dont le seul tort est de ne pas ressembler à tout le monde.

Le pauvre vilain petit canard s’en va à l’aventure, et la nuit qui descend est froide, triste, inquiétante, malgré la réconfort des petits animaux des champs…

Passe une brave femme qui le voit, tremblant, transi, perdu, et le ramène chez elle.

Mais ses animaux familiers ne voient pas d’un bon oeil l’arrivée de cet étrange étranger.

Mais d’où vient-il celui-là ? On n’a jamais rien vu de pareil ! donc, méfiance… Et s’il nous volait l’amour de notre maîtresse ? Prudence, donc…

La brave femme installe le petit canard au chaud, près de l’âtre, en recommandant bien aux autres animaux de veiller sur lui.

Mais, dès qu’elle a le dos tourné, coups de griffe et coups de bec le font fuir précipitamment.

L’hiver arrive vite, trop vite, et notre pauvre caneton n’a aucune force ni aucune expérience pour l’affronter…

Épuisé, il titube et finit pas s’effondrer dans la neige.

Un fermier qui rentrait chez lui, entendant un drôle de gémissement, s’approche et découvre notre caneton déjà presque mort de froid… Vite, il le récupère et le ramène chez lui.

Là, il est heureux, il re-prend des forces, les enfants sont gentils et jouent avec lui.

Mais il grandit, ses ailes se fortifient, et… et… il fait bêtise sur bêtise.

Pas par méchanceté, bien sûr, mais par maladresse.

Dès les beaux jours venus, la fermière va le lâcher près de l’étang du château.

- Pourquoi pleures-tu ? Lui demande un castor.

- Je suis trop différent, trop laid, personne ne veut de moi…

- Laid ? Mais… approche-toi de l’étang, regarde-toi ! tu es magnifique, tu es le plus beau cygne que j’aie jamais vu !!!

Quelle découverte ! Notre héros a du mal à croire que le reflet de l’oiseau magnifique qu’il voit dans l’eau est son propre reflet.

Il nage avec hésitation vers un groupe de cygnes magnifiques et une charmante jeune femelle vient à sa rencontre, et le salue gentiment.

Finie l’exclusion, finie la solitude. Sur cet étang, tout le monde s’accepte. Un cygne ne ressemble pas à un canard ou à un poisson. Mais une souris des champs ressemble-t-elle à la biche qui vient boire le soir ? Le saule ressemble-t-il à la fleur de glais ? Pourtant, tout cela fait la beauté de cet étang, et les châtelains sont heureux de s’y promener. Et, ce soir-la, la fillette venue se promener avec ses parents s’écria : "Regardez ! Il y a un nouveau cygne ! C’est le plus beau de tous !"

Conte traditionnel

Musique : Yvette Horner - La Java bleue

Diaporama de Jacky Questel, ambassadrice de la PaixJacky.questel@gmail.comhttp://jackydubearn.over-bloc.com/

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