Ali Ibn Abi Talib

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    Ali ibn Abi Talib

    vie du quatrime Calife, Ali ibn Abi Talib (r.a.), par le Professeur Fazl

    Ahmad.

    Les premires annes de sa vie

    "Mes yeux sont douloureux, mes jambes sont faibles, mais je resterai tescots, Messager dAllah !"Cest ainsi que sexprima un jeune garon de dix ans lorsque le Messager dAllah

    diffusa le message divin ses proches. Ce garon ntait autre que Ali, le

    cousin du Saint Prophte .

    Ali tait n quand le Prophte avait trente ans environ. Son pre Abu Talib,

    tait loncle du Prophte par le sang. Sa mre sappelait Fatima.Le Saint Prophte avait perdu son pre avant sa naissance puis sa mre, alorsquil tait encore trs jeune, ainsi que son grand pre Abdul Muttalib. C estpourquoi ce fut son oncle Abu, Talib qui lleva et prit soin de lui. Abu Talib avaitune famille nombreuse et ntait pas vraiment riche. Quand Ali naquit, le

    Prophte tait devenu un homme, il avait une femme et des enfants. Aussiaccueillit-il Ali chez lui et lleva comme son fils pour soulager un peu les chargesfamiliales de son oncle quil aimait tendrement. Cette dcision eut une autre

    consquence : Ali grandit dans une atmosphre de vertu et de piti quaucunautre foyer aurait pu lui apporter.Cette ducation marqua profondment lesprit dAli. Elle lui donna une vision finedes choses et un amour passionn de la vrit. Mais surtout, elle fit de lui uncombattant sans peur dans la voie de lislam. Ces qualits allaient faire de lui lundes grands atouts de lislam.

    Adhsion lIslam

    Ali avait neuf ans quand le Saint Prophte apprit la Mission divine qui tait lasienne. Un jour le jeune garon vit son cousin et sa femme prosterns, leur frontcontre le sol, tout en murmurant des louanges adresses Allah, le ToutPuissant. Ali fut stupfait par ce spectacle. Jamais encore il navait vu de gensprier de cette faon.Quand la prire fut acheve, Ali demanda son cousin ce que signifiait cettetrange gestuelle.

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    "Nous adorons Allah, lUnique", dit le Prophte . "Je te conseille de faire demme. Ne tincline jamais devant Lat, Uzza ou toute autre idole.""Mais je nai jamais entendu rien de tel", dit Ali. "Je vais en parler dabord monpre puis je te tiendrai au courant."

    "Tu ne dois en parler personne pour linstant. Rflchis-y par tes moyens etprends ta dcision", dit le Prophte son jeune cousin.Ce conseil eut un effet irrsistible sur le bon sens dAli. Il commena yrflchir, et plus il y pensait, plus il tait convaincu de la vracit des dires deson cousin qui tait si bon et vertueux. Le lendemain matin, Ali embrassa lislam.Il tait le premier jeune garon rejoindre la religion divine. Quelle marquedindpendance de jugement pour un garon de son age, surtout dans une socitaccoutume au culte des idoles. Mais cest l la preuve de son amour inn de la

    vrit.

    Ses relations privilgies avec le Prophte

    Ali grandit sous la surveillance du Prophte qui lentourait de son amour et deses soins. Cela lui donna une vision approfondie des ral its fondamentales de la

    vie et de la foi. Le Prophte a dit un jour : "Je suis la cit de la science et Aliest sa porte."

    Lamour de Ali pour le Prophte navait pas de limites. La nuit o le Prophte

    quitta Mdine pour la Mecque, sa maison tait encercle par des hommesassoiffs de sang et lclat mtallique de leurs pes dgaines luisait danslobscurit. Ils taient prts tailler en pices le premier qui sortirait de la

    maison. Le Prophte demanda Ali de stendre sur son lit tandis que lui -mme quittait la maison discrtement. Ali se jeta joyeusement sur sa couche et ydormit tranquillement toute la nuit. La mort rdait autour de la maison mais Ali

    ne sen souciait gure, tout heureux quil tait lide daider le Prophte

    sauver sa vie. Au matin, quand les Quraychites comprirent quils avaient tdups ils furent pris de colre. Certains suggrrent de faire payer Ali la partquil avait prise dans cette ruse, mais il fit face leur menace avec tant desrnit que les Quraychites le laissrent en paix.

    Le saint Prophte avait des dpts du peuple sous sa garde. Malgr toutelopposition quils lui manifestaient, les Mecquois ne connaissaient pas dautre

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    homme auquel ils pouvaient faire confiance. Le Prophte devait restituer sesdpts avant son dpart pour Yathrib. Il les confia Ali qui les renditsoigneusement leurs propritaires. Ali resta la Mecque encore trois jours,puis une fois les dpts rendus, il se mit en route pou r Mdine et rejoignit le

    Prophte .

    Ali avait un lien de parent trs fort avec le Prophte mais celui-ci voulait lerendre encore plus fort. Aussi lui donna-t-il sa fille Fatima en mariage, la plusjeune et la prfre parmi ses filles. Ali avait conscience de lhonneur qui luiavait t fait. Il npousa aucune autre femme du vivant de Fatima. Elle lui donna

    deux fils, Hasan et Hussein que le Prophte chrissait comme ses propresfils.

    En lan 9 de lhgire, le Prophte envisagea de mener une expditi on contre laSyrie, il sagit de la fameuse expdition de Tabuk. Il dcida de confier la gestionde Mdine Ali pendant son absence. Les hypocrites y virent une occasion denuire Ali. "Le saint Prophte ne veut pas dAli ses cots, dirent ils."

    La rumeur parvint au Saint prophte qui fit appeler aussitt Ali et lui dit : "Ali, ne veux-tu pas avoir avec moi la mme relation que celle qui unissait Aaron Moise ?"Ces propos firent taire les hypocrites.En lan 9 de lhgire eut lieu le premier pleri nage islamique. A cette poque Allah

    interdit lentre des idoltres dans la Kaaba et il fallait annoncer cela aux gensrassembls pour le plerinage. Selon la coutume arabe cela ne pouvait tre fait

    que par le Prophte ou lun de ses proches. Le Prophte choisit Ali pourcette mission et lui confia sa propre chamelle Qaswa. Ali monta sur Qaswa etannona la foule les dcrets dAllah.

    Pendant la maladie du Prophte , Ali se tint constamment son chevet.

    Quand le Prophte mourut, ce fut Ali, assist par son oncle Abbas qui

    accomplit les rites funraires. Ali tait lun des scribes de la rvlation. Il crivitaussi des lettres pour le Prophte .Ali est lun des hommes qui reut la bonne annonce du Paradis. Les troisprcdents califes se rfraient souvent son avis. Omar avait coutume dedire : "Ali est le meilleur juge parmi nous". Plus dune fois Omar confia Mdine Ali, lorsquil sabsentait. En fait, Omar considrait Ali comme la personne la pluscomptente pour poursuivre son oeuvre. Sil ne l a pas nomm comme successeur,

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    cest quil tait persuad quil serait lu par le peuple.Dans les premires annes du califat dOthman, Ali continua jouer un rleimportant dans llaboration de la politique tatique. Ce nest que plus tard que levieux calife se laissa dominer par les hommes de son clan.

    Sa participation aux batailles

    Ali sest illustr dans plus dune bataille du vivant du Prophte . A lexceptionde Tabuk, il a pris part toutes les batailles et expditions.Pendant la bataille de Badr, lpe dAli fit des prodiges. Selon la coutume arabe,trois des plus valeureux guerriers qurayshites savancrent pour un combatsingulier. Ali tua deux dentre eux, ce qui sema la terreur dans le coeur delennemi.

    A la bataille dOhod, Ali se tint vaillamment aux cts du Prophte . Cettebataille fut perdue cause des archers musulmans qui avaient laiss le dfilsans dfense. La panique et la confusion gagnrent les rangs des musulmans et

    beaucoup se mirent fuir. La rumeur selon laquelle le P rophte tait mort serpandit bientt. Au milieu de ce dsordre, Ali tait de ceux qui restaient auprs

    du Prophte . Lennemi avait creus un foss profond puis lavait recouvert de

    branchages, le Prophte y tomba. Ce fut Ali avec laide de Abu Bakr e t deTalha qui le sortit de l. Avec Fatima il soccupa de laver et soigner les blessures

    du Prophte . Il reut lui-mme dix-sept blessures lors de la bataille.En lan 5 de lhgire, tous les ennemis de lislam se rassemblrent et formrent

    une immense arme dirige contre Mdine. Le Prophte dfendit la cit encreusant un grand foss trs profond autour de Mdine. Mais un jour Abdwoud,un guerrier rput dans toute lArabie, franchit le foss sur le dos de son cheval.Nul nosait le dfier, mais finalement Ali savana. Rappelle-toi Ali, dit le

    Prophte , il sagit de Abdwoud. Je sais, messager dAllah , rpondit Ali.En quelques minutes Ali jeta terre son redoutable ennemi et lui coupa la tte.

    La tribu juive des Banu Quraiza de Mdine ava it forc le Prophte prendredes mesures politiques contre elle. Ali joua un rle dterminant. Il encercla laplace forte juive et prit lavantage sur ses ennemis et fit la prire dans la cour

    de la forteresse.Les juifs avaient plusieurs places fortes Khaybar. Elles constituaient une

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    menace permanente pour les musulmans. Le saint Prophte leva une armecontre les juifs qui menrent une lutte acharne. Mais leurs places fortestombrent lune aprs lautre. Cependant Qourmous, le fleuron de leursforteresses, tait encore debout. Le commandant Marhab repoussait toutes les

    attaques. Un jour, le Prophte dit : "Demain je donnerai ltendard unhomme aim dAllah et de Son prophte et qui aime Allah et son prophte. Allahlui accordera la victoire."Tout le monde tait curieux de savoir qui serait llu.Le lendemain, ce fut Ali qui fut dsign. Il tua Marhab et son frre et prit laforteresse.

    Ce fut Ali qui rdigea le trait de Hudaibiya. Le saint Prophte en dicta lestermes et Ali crivait. Les dlgus qurayshites mirent des objections au sujet

    des termes "Prophte dAllah" qui taient crits sous le nom du saint Prophte. Il voulaient quon crive la place "Muhammad bin Abdullah". Le saint

    Prophte consentit cette modification. Mais Ali refusa deffacer les mots

    "Prophte dAllah". Le saint Prophte du le faire lui-mme, de sa propre main.

    Quand le Prophte entra dans la Mecque victorieux, cest Ali qui tenaitltendard.Lors de la bataille de Hounain, la confusion qui avait eu lieu Ohod se rpta

    pendant un moment, mais Ali se tint sans faillir aux cots du Prophte .Llection dAli

    Aprs la mort dOthman, le califat resta vacant pendant trois jours. Mdine setrouvait entre les mains des meutiers. Ghafqi, le chef des meutiers gyptiens,

    dirigeait la prire dans la mosque du Prophte . La plupart des Compagnonsavaient quitt Mdine en ces jours sombres dholocauste. Les rares qui taientrests navaient aucun moyen dagir. Ils demeuraient dans leurs m aisons, ne

    pouvant sopposer aux meutiers.Ceux-ci proposrent Ali comme nouveau Calife et lui demandrent daccepter. Alirefusa tout dabord. Cependant il fallait que quelquun ramne les choses lanormale. La capitale se trouvait dans une situation sans issue. Ali sentretint avecles Compagnons demeurs Mdine. Ils lui dirent quil lui incombait de servir le

    peuple, alors Ali accepta de prendre en charge la gestion de lEtat islamique. Ilallait ainsi devenir le quatrime calife de lislam.

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    Tout le monde se rendit la mosque du Prophte pour prter allgeance.Malik Ushtar fut le premier le faire, suivi dautres gens.Talha et Zubair, les deux grands Compagnons se trouvaient Mdine cemoment-l. Ils faisaient partie des six lecteurs nomms par Omar et Ali voulait

    sassurer de leur soutien. Il les fit mander."Si lun de vous veut tre calife", dit-il leur arrive, "je suis prt lui prterallgeance."Tous deux refusrent ce fardeau."Alors vous de me prter allgeance", dit Ali.Zubair resta silencieux tandis que Talha montrait quelques rticences. A cemoment, Malik Ushtar dgaina son pe. "Prtez allgeance ou je ferai voler vosttes." dit-il.Tous deux prtrent allgeance.Puis on appela Saad bin Waqaas. Lui aussi faisait parti e des six lecteurs."Naie pas de crainte mon sujet", dit-il Ali. "Quand dautres seront venus teprter allgeance, je ferai de mme."Vint le tour de Abdullah bin Omar. Sa rponse fut identique celle de Saad."Il faut que quelquun se porte garan t pour toi", dit Ali."Je nai pas de garants prsenter", fut la rponse.Malik Ushtar se leva et scria : "Confie-le moi et je lui couperai la tte.""Non", dit Ali. "Je serai son garant."

    Certains Ansar parmi les plus notables ne prtrent pas non plu s allgeance Ali.Tous les Ommayades partirent pour la Syrie, emportant avec eux la tuniquemacule de sang du dfunt vizir ainsi que les doigts coups de son pouse, Naila.

    La premire allocution publique

    Devenu calife, Ali pronona son premier discours. Il tait loquent et plein deforce. Ali dit :"Lespace qui entoure la Kaaba est sacr. Allah a enjoint aux croyants de vivre

    ensemble comme des frres. Est musulman celui qui ne blesse autrui ni par sonpe ni par ses propos. Craignez Allah dans vos relations avec autrui. Au jour duJugement, vous aurez rpondre de vos actes, mme ceux commis envers desanimaux. Obissez Allah le Tout Puissant. Ne transgressez pas Sescommandements. Faites le bien et tenez-vous loin du mal."Ali savait bien quune priode difficile sannonait. Les forces du dsordreavaient t libres de tout joug et il faudrait beaucoup defforts et de

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    patience, ainsi que de tact pour rtablir lordre. Ali esprait mener bien cettetche avec la coopration de son peuple.

    Ali face un dilemme

    Sitt le discours fini, un groupe de Compagnons alla la rencontre dAli. Zubairet Talha en faisaient partie. "Tu es le nouveau calife", dirent les membres decette dlgation. "Ton premier devoir est de restaurer la Sharia dans saplnitude et donc de chtier les meurtriers dOthman. Cest sur cette base quenous tavons prt allgeance.""Je ne laisserai pas le meurtre dOthman impuni", dit Ali, "mais vous devezattendre. Nous ne sommes pas dans des conditions normales. Les meutiers sontencore puissants Mdine. Nous sommes entre leurs mains et ma propresituation est dlicate. Aussi je vous prie dtre patients et ds que la situation le

    permettra, je ferai mon devoir."Cette rponse ne satisfit pas tout le monde. Certains pensrent que Ali essayaitdluder la question. Dautres pensaient quil tait sincre dans ses propos.Dautres encore disaient quil fallait prendre les choses en main soi -mme. Si Alitait incapable de punir les meurtriers dOthman, ils sen chargeraient.Les meutiers eurent connaissance de ce qui se prparait. Ils taient certainsque Ali les punirait si la situation redevenait normale. Leur seul espoir consistait faire perdurer cet tat de confusion. Pour ce faire, il suffisait de monter les

    groupes les uns contre les autres. Ils sy mirent aussitt, semant la msententepartout. Leur but tait de susciter la dsunion parmi les chefs de lopinionpublique. Leur scurit et leur avenir taient ce prix.A peine entr en fonction, Ali commena sentir le p oids du fardeau quil devaitassumer. Les meutiers avaient soutenu sa cause et march sur Mdine pourllever au califat. Mais il napprouvait pas leur mthode. Il savait quil devait lespunir. Pour cela, il avait besoin du soutien des Compagnons et de tous lesofficiers, mais il ntait pas certain dobtenir un soutien unanime. Il lui fallaitdonc attendre et voir comment cela voluerait. Certains interprtrentfaussement cette politique dattente. Ils voulaient des mesures rapides. Ilsavaient vu Abu Bakr et Omar agir avec promptitude en leur temps. Ils necomprenaient pas que la situation tait dsormais bien diffrente.

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    Tel tait le dilemme auquel tait confront Ali. Son sens aigu de la justice luiconseillait de prendre des mesures rapides et fermes. Mais la fragilit de saposition le lui interdisait. Ali ne voyait pas de rponse satisfaisante ce dilemme.

    Ali prend les choses en main

    Ali croyait honntement que les problmes quavait rencontrs Othman taientdus linfluence nfaste de son entourage : Ctait lambition des Banu Ommayaqui avait gnr une telle situation. Ils avaient profit de faon indue de leurascendant sur le calife, honnte mais vieillissant, pour accder au pouvoir etcommettre des abus, et leurs excs avaient t imputs injustement Othman.La mort tragique du calife et la situation de dsordre qui rgnait depuis taientloeuvre de ces hommes. Il fallait donc quils partent, sans quoi les choses nepourraient revenir la normale. Ali tait dcid radiquer le mal sa racine.

    Aussi son premier acte en tant que calife fut de dmettre tous les gouverneursprovinciaux de leurs fonctions et de confier leurs charges dautres.Ibn Abbas et Mughira bin Shaaba taient parmi les amis les dvous dAli. Ils ledissuadrent de prendre des mesures trop htives :Obtiens dabord le serment dallgeance de tous les gouverneurs, conseillrent -ils. Quand tu seras fermement tabli, alors tu pourras faire ce que tu veux. Situ les renvoies maintenant, ils pourraient refuser de te reconnatre commeCalife, en prenant pour prtexte ce refus le meurtre dOthman. Ils pourraient

    aussi prendre les armes contre toi en se servant de ce mme prtexte.Ali ncouta pas ce conseil. Il ne estimait quon ne pouvait pas se montreropportuniste si on voulait demeurer le bras de la justice. Mughira bin Shaaba nefut pas satisfait par son attitude. Il prvint le nouveau calife que ses mesurestrop promptes lui vaudraient des problmes, puis il quitta Mdine pour la Mecque.

    Les nouveaux gouverneurs sont froidement accueillis

    Les gouverneurs dAli entrrent bientt en fonction. Mais aucun dentre eux nereut daccueil enthousiaste. LEgypte semblait tre trs favorable llectiondAli. Mais lorsque le nouveau gouverneur y arriva, il trouva une situation biendiffrente de ce quil attendait. Certains lacceptrent comme nouveaugouverneur, mais un grand nombre de gens exigeait que lon punisse rapidementles meurtriers dOthman. Si ce ntait pas fait, disait-ils, ils navaient que fairedu nouveau calife et de son gouverneur. Il y avait un autre groupe qui demandaitexactement le contraire. Ils pensaient que les meurtriers de lancien calife ne

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    devaient pas du tout tre punis.Le nouveau gouverneur de Bassorah fut confront la mme situation. Unepartie du peuple soutenait les meutiers et une autre sy opposait.Le gouverneur de Kufa tait encore en chemin lorsque il rencontra une dlgation

    de notables venant de cette ville.Tu ferais mieux de rebrousser chemin, dirent-ils. Les habitants de Kufa netaccepteront jamais la place de Abu Musa Ashari. Ne mets pas ta vie en pril."La menace eut tant deffet sur le pauvre gouverneur quil sen retournadocilement Mdine.Quand le gouverneur de Syrie atteignit Tabuk, il se vit bloquer laccs par dessoldats de Muawya. Il leur montra la lettre qui attestait de ses nouvellesfonctions.Si tu as t nomm par Othman, tu es le bienvenu. Mais si tu as t envoy par

    quelquun dautre, tu ferais mieux de faire demi -tour.Le gouverneur rentra Mdine.Le nouveau gouverneur du Ymen put entrer en fonction sans difficults ;cependant son prdcesseur avait laiss le trsor compltement vide.

    Ali prend des mesures

    Kufa et la Syrie taient les deux provinces qui avaient ouvertement bafoulautorit du nouveau calife. Ali envoya des messagers aux gouverneurs

    respectifs de ces deux provinces pour quils lui exposent la situation. Abu MusaAshari, le gouverneur de Kufa, envoya une rponse satisfaisante dans laquelle ilassurait sa loyaut au calife. Il ajouta quil avait obtenu de son peuple lallgeance Ali.Dans la lettre adresse Muawya, Ali avait dit : Prte-moi allgeance ouprpare-toi au combat. Muawya envoya un homme trs avis pour transmettreau calife sa rponse. Ali ouvrit la lettre. Elle ne contenait que ces mots : Au nomde Dieu, le Tout-Misricordieux le Trs-Misricordieux. Ali en fut stupfait.Que cherche me dire Muawya par cette lettre ?Lhomme se leva et dit : Quand jai quitt la Syrie, cinquante mille soldatsvtrans pleuraient la mort dOthman, leurs barbes taient humides de larmes.Ils ont jur de chtier les meurtriers dOthman. Ils ne rangeront leurs pestant quils ne lauront pas veng.Lun de ceux qui se tenaient auprs dAli se leva et dit : messager, penses-tunous effrayer avec votre arme syrienne ? Par Allah, la tunique dOthman nest

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    pas la tunique du prophte Joseph (as) et le chagrin de Muawya nest pas celui duProphte Jacob (as). Si les Syriens pleurent Othman, en Iraq les gens sontsvres son gard.Les propos du messager avaient bless Ali et il scria : Allah ! Tu sais que je

    nai rien voir avec le meurtre dOthman. Les coupables se sont enfuis.La rponse de Muawya donna un indice Ali sur les intentions du gouverneur deSyrie. Il ne partirait pas sans livrer bataille. Aussi Ali se prpara-t-il au combat.Hassan, le fils an dAli tait contre toute effusion de sang. Il supplia son prede renoncer au califat plutt que de provoquer une guerre civile. Avec le temps,ajouta-t-il, les gens accepteront ton autorit. Mais Ali ntait pas daccord avecson fils.La confrontation imminente entre Ali et Muawya suscitait une atmosphre demalaise Mdine. Ali savait combien le gouverneur de Syrie tait un homme

    puissant et plein de tact. Le faire plier serait une rude tche. En peu de tempsune arme fut leve pour combattre ceux qui refusaient lautorit du nouveaucalife.

    La bataille du Chameau

    Avant de soccuper de Muawya, Ali devait faire face un autre danger. Acha,

    lune des veuves du Saint Prophte , sopposait lui. Acha tait partie pouraccomplir le plerinage pendant le meurtre dOthman. Sur le chemin du retour

    elle apprit la terrible nouvelle. Elle retourna la Mecque et prit la parole devantune assemble publique. Elle dit aux gens combien les meutiers avaient t

    cruels de tuer de sang froid le vieux calife dans la sainte cit du Prophte .Elle fit appel tous pour venger la mort de lancien calife.Des centaines dhommes rpondirent lappel dAcha. Parmi e ux se trouvait legouverneur de la Mecque. Dans le mme temps, Talha et Zubair taient arrivs la Mecque. Ils racontrent Acha ce quils avaient vu Mdine. Ils insistrentauprs delle sur la ncessit de prendre des mesures rapides contre les

    meutiers et lui assurrent leur soutien. Ils lui conseillrent aussi daller Bassorah pour gagner plus de gens sa cause. Abdullah bin Omar se trouvaitaussi la Mecque ce moment-l. On essaya de le persuader de rejoindre Achamais le pieux Abdullah refusa de se laisser entraner dans cette guerre civile.Acha se mit en route pour Bassorah, la tte dun cortge important et dautrespersonnes encore se joignaient elle. Quand elle parvint Bassorah elle avait3000 hommes prts dfendre son tendard. Le gouverneur de Bassorah envoya

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    des messagers pour senqurir de lobjet de sa visite. Elle rpondit quelle taitvenue parler aux gens de leur devoir envers lancien calife. Puis les messagers serendirent auprs de Talha et Zubair et leurs posrent la mme question.Nous voulons venger la mort dOthman, dirent-ils.

    Mais vous avez prt allgeance Ali, ajoutrent les messagers.Lallgeance nous a t arrache la pointe de lpe. De toute faon nousaurions respect ce serment dallgeance si Ali avait veng la mort dOthman ounous avait autoriss le faire.Le gouverneur de Bassorah dcida de sopposer Acha jusqu ce quAli luienvoie de laide. Il sortit de la ville avec son arme, prt se battre. Les deuxarmes se faisaient face. Avant le dbut de la bataille, Acha fit un discourspoignant devant larme adverse. Elle voqua le lche assassinat dOthman,commis de sang froid et expliqua quel point il tait important et urgent de le

    venger. Son discours tait si convainquant et avait une telle force que la moitide cette arme se rangea ses cts.Le combat commena. Il se poursuivit jusquau soir et reprit le lendemain. Versmidi les deux armes firent la paix et se mirent daccord pour envoyer un homme Mdine. Il devait vrifier si le serment de loyaut de Talha et Zubair avait tprt librement ou sous la contrainte. Si cela stait fait de leur libre choix,alors larme dAcha devait faire demi-tour. Autrement, le gouverneur devaitquitter Bassorah. On choisit le juge en chef de Bassorah pour mener bien cette

    mission : son rapport serait accept par les deux parties. Aussi Kaab bin Thaur,le juge en chef de Bassorah, se rendit Mdine. Il y arriva un vendredi et se

    dirigea immdiatement la mosque du Prophte . Il se plaa devantlassemble des croyants et dit : " gens, jai t envoy par le peuple deBassorah. Jai fait tout ce chemin pour savoir si Talha et Zubair avaient prtallgeance de leur plein gr ou sous la contrainte.""Par Allah !" Usama bin Zaid, "Le serment leur fut extorqu la pointe de lpe."Le tmoignage de Usama fut confirm par plusieurs grands Compagnons. Le juge

    de Bassorah vrifia ainsi la vracit des dires de Talha et Zubair.Aisha Occupe Bassorah

    Ali apprit ce qui se passait Bassorah. Il crivit au gouverneur de ne pascapituler."Mme si Talha et Zubair ont t contraints prter allgeance, on a us de laforce pour crer les diffrences entre eux, dit -il dans sa lettre.

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    Dans le mme temps, le juge en chef de Bassorah tait revenu dans sa ville. Ilconfirma les propos de Talha et Zubair. Ceux -ci demandrent au gouverneurdhonorer sa parole et dabandonner la cit. Mais entre temps ce dernier avaitreu les ordres du calife, et donna la priorit son devoir dobissance en vers le

    calife. Il se battit donc pour dfendre la cit, mais il perdit et fut faitprisonnier.Bassorah fut occupe le 4 de Rabi-ul-Akhir, 36 A.H. Talha et Zubair se lancrentimmdiatement la recherche de ceux qui avaient pris part aux soulvementcontre Othman. Des centaines dhommes furent interrogs. Un grand nombre futarrt et jug. Beaucoup parmi eux furent dclars coupables et excuts.Bassorah connut pendant quelques temps le rgne de la terreur.Aprs avoir occup Bassorah, Asha, Talha et Z ubair adressrent une longuelettre aux diffrentes provinces du monde musulman pour expliquer aux gens que

    la main dAllah stait abattue de faon inexorable sur les meurtriers dOthman Bassorah.

    Les Compagnons rpondent Ali

    Les vnements de Bassorah proccupaient Ali. Pour linstant, il devait laisserMuawya de ct et rtablir la situation en Irak en priorit. Laffrontement avecAcha tait invitable. Il appela les gens de Mdine se rassembler sous sabannire mais il eut peu de rponses. Pour beaucoup de Compagnons, la simple

    ide dun tel conflit tait insoutenable. Comment pourraient -ils combattre laveuve du Prophte ? Saad bin Waqqas, le conqurant de lIran, dit : commandant des croyants, je veux une pe qui spare les musulmans des nonmusulmans. Si tu me donnes cette pe, je combattrai tes cts. Si tu nas pascette pe, je te prie de mexcuser.Je te demande au nom dAllah dit, Abdullah bin Omar, "de ne pas mecontraindre faire quelque chose que mon coeur dteste.""Le Prophte dAllah ma enjoint, rpondit Muhammad bin Muslima, duser de

    mon pe tant que le combat mopposait des mcrants. Il ma dit de la briserquand commencerait le combat men contre des musulmans. Jai dj rduit monpe en morceau.Je ten prie, fais-moi grce de ce devoir, dit Usama bin Zaid. "Jai jur de nepas me servir de mon pe contre un homme qui dit : Il ny a pas de divinithormis Allah.Quand Ushtar apprit la rponse de ces Compagnons, il suggra Ali de les

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    emprisonner."Non," rpondit Ali, "Je ne veux pas les forcer agir contre leur gr."

    Des renforts de Kufa

    Vers la fin du mois de Rabi-ul-Awwal, 36 A.H., Ali se mit en route pour lIrak. Ilesprait arriver Bassorah avant ses adversaires, mais le trajet tait trop longet le temps trop court pour que ce soit possible. A Dhi Qar, il apprit quAchaoccupait Bassorah. Il sarrta donc l.Ali avait envoy plusieurs messages Abu Musa Ashari, le gouverneur de Kufa,pour lui demander de laide. Abu Musa redoutait fortement la guerre civile etdtestait lide de voir des musulmans sattaquer dautres musulmans. Il voulaitse tenir lcart de ce conflit. Les gens de Kufa avaient suivi son conseil. Ilsdcidrent donc de ne pas prendre part la lutte qui opposait Acha et Ali.

    Ali finit par envoya son fils an, Hassan, Kufa. Quand il arriva, Abu Musa taiten train de sadresser un rassemblement de croyants dans la mosque. Il lesexhortait se tenir lcart de la guerre civile. Quand il eut fini, Hassan montasur la tribune. Il expliqua que son pre tait devenu le calife de faon lgitime,que Talha et Zubair taient revenus sur leur parole et que ctait le devoir dupeuple que daider leur calife combattr e linjustice.Le discours eut un effet immdiat sur lauditoire. Un notable de Kufa se leva etdit : gens de Kufa, notre gouverneur a parl avec raison. Mais lintgrit de

    lEtat est une ncessit. Sans elle, il ne peut y avoir de garantie de paix ni dejustice. Ali a t lu calife. Il vous appelle combattre linjustice. Vous devezdonc laider de votre mieux.Cet appel fut suivi dautres appels similaires, lancs par dautres notables deKufa. Le peuple fut convaincu par ces discours. Bientt 9000 hommes seprparrent rejoindre Ali. Ali leur assura quil ferait tout son possible pourviter les effusions de sang. Mme si le combat devenait invitable, il limiteraitles pertes autant que possible.Cette dclaration contribua rallier les gens de Kufa sa cause. Cela ajoutagrandement son pouvoir et son prestige. Cependant, Ali restait prudent face lpreuve de force venir.

    Les pourparlers de paix chouent

    Arrivs Bassorah, Ali envoya un messager Acha pour dissiper le malentenduqui lopposait elle.

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    Que voulez-vous exactement ? demanda le messager.Nous ne voulons rien dautre que le bien des musulmans. Mais cela ne sera paspossible tant que la mort dOthman ne sera pas venge.Cette volont de vengeance est lgitime, continua le messager. Mais comment

    pouvez-vous venir bout des fauteurs de troubles si vous naffermissez paslautorit du calife en premier lieu ? Vous en avez fait vous-mmes lexprience.Vous avez commenc punir les meutiers de Bassorah, mais vous nave z rien pufaire dans le cas de Harqus bin Zubair. Vous vouliez lexcuter mais 600 hommessont venus le dfendre. Si la ncessit peut vous contraindre pargner cethomme, comment pouvez-vous blmer Ali ? Si vous voulez vraiment mettre fin autroubles, rassemblez vous sous la bannire du calife. Ne plongez pas les croyantsdans la guerre civile. Cest une question qui concerne tout le monde. Jespre quevous prfrerez la paix et lordre la souffrance et au carnage.

    Acha, Talha et Zubair furent touchs par cet appel. "Si Ali a vraiment lintentionde venger la mort dOthman, alors nos diffrends seront facilement rgls,dirent-ils.Le messager rapporta donc une rponse prometteuse au calife. Il taitaccompagn dhommes de Bassorah qui voulaient sa ssurer que Ali ne lestraiterait pas en ennemi vaincu. Ce dernier leur rpondit quils navaient rien craindre. Lespoir dune paix prochaine brillait donc lhorizon. Mais dans larmedAli, il y avait Abdullah bin Saba et ses hommes. La signature de la paix allait

    causer leur perte. Ils taient trs ennuys par les propos quAli avait tenus aprsle retour de son messager. gens, dit-il, la plus grande faveur que Dieu vous est faite est lunit. Lunitvous rend forts et puissants. Les ennemis de lislam ne veulent pas de cela. Ilsont tout fait pour branler notre unit. Prenez-y garde. Demain nous marcheronsvers Bassorah, anims par des intentions pacifiques. Ceux qui ont pris part lassassinat dOthman nont rien faire avec nous.Abdullah bin Saba et ses hommes furent dcontenancs par cette dclaration.Ils se runirent en secret.Ali va venger la mort dOthman, se dirent-ils les uns aux autres. Il parlemaintenant comme Talha, Zubair et Acha. Nous devons agir.Le lendemain, Ali et son arme marchrent vers Bassorah. Talha et Zubairsortirent de la cit avec leur arme. Les deux armes se firent face pendantdeux ou trois jours. Les ngociations se poursuivaient. Le troisime jour, leschefs des deux camps eurent une discussion face face. Ali savana sur son

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    cheval et de lautre cot Talha et Zubair savancrent eux aussi. Ils se faisaientface prsent.Ne suis-je pas votre frre ? dit Ali en sadressant eux. Le sang dunmusulman nest-il pas sacr pour un autre musulman ?

    Mais tu as pris part au soulvement contre Othman, rtorqua Talha."Je maudis les meurtriers dOthman," rpondit Ali. " Talha ! Ne mas tu pas jurque tu me serais loyal ?" Oui, mais ctait la pointe de lpe, rpliqua Talha."Te souviens-tu, Zubair," dit Ali, sadressant maintenant au second des deuxhommes, "que le Prophte dAllah ta demand un jour si tu maimais. Tu asrpondu que oui. Et alors le Prophte prdit quun jour viendrait o tu mecombattrais sans raison."Tout fait, rpondit Zubair. A prsent je me souviens parfaitement des motsdu Prophte dAllah. Aprs cette conversation ; les trois hommes retournrent

    dans leurs camps respectifs. La conversation avait rapproch leurs coeurs.Chacun avait mdit les sombres perspectives quannonait la guerre civile. Lesentiment gnral tait que la paix ntait pas encore clairement en vue. Alirentra dans son camp tout fait satisfait. Il tait presque sr quon allait viterleffusion de sang. Il donna des ordres stricts : on ne devait pas tirer la moindreflche. Pendant la nuit il pria Allah dpargner aux musulmans les horreurs de laguerre civile.

    La bataille aura quand mme lieu...

    La nuit tomba. Les deux armes dormaient paisiblement. Mais Abdullah bin Sabaet ses hommes restrent veills toute la nuit. Ctait leur dernire chance. Il nefallait pas la laisser chapper.Il faisait encore sombre lorsque le son de lacier rsonna dans lair. Saba et seshommes avaient dcid dattaquer par surprise larme dAcha ! Bientt unebataille range opposa les deux camps.Talha et Zubair furent veills en sursaut par le tumulte. Que se passe-t-il ? demandrent-ils. Ali a lanc une attaque surprise cette nuit , leur dit-on. Hlas ! scrirent-ils. On na pas russi empcher Ali de verser le sangdes musulmans. Nous redoutions cela tout le temps. Ali fut galement surpris par cette soudaine animation. Quy a-t-il ? demanda-t-il. Talha et Zubair nous ont attaqus par surprise , dirent les hommes de Saba.

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    Hlas ! dit Ali, Ces hommes nont pu tre empchs de tuer les musulmans.Je redoutais cela en permanence. Le combat fut acharn. Les musulmans se mesuraient aux musulmans et descentaines de combattants moururent dans chaque camp. Talha mourut au combat.

    Zubair quitta le champ de bataille. La majeure partie de larme dAcha se repliamais les affrontements se poursuivirent autour de son chameau. Une foulenombreuse de pieux musulmans luttaient dsesprment pour lhonneur de la

    veuve du Prophte . Lun aprs lautre, soixante-dix hommes saisirent la bridede son chameau et sacrifirent leur vie pour elle.Le coeur dAli se serra devant ce spectacle. La vie si prcieuse de centaines demusulmans tait sacrifie en pure perte. A la fin, le calife ordonna lun de seshommes de couper les pattes arrire du chameau. Celui -ci sexcuta. La btetomba sur ses pattes avant, et la litire tomba terre. Ceci mit fin au combat.Acha fut sortie de sa litire avec tous les gards qui lui taient dus. Elle taitindemne. Ali vint elle. Comment allez-vous, Mre des Croyants ? Parfaitement bien rpondit-elle. Puisse Allah te pardonner ta faute. Et puisse-t-Il pardonner la tienne galement , rpondit Ali.Il fit ensuite le tour du champ de bataille. Un grand nombre de compagnonsclbres gisait dans la poussire. Environ 10 000 hommes des deux camps avaientperdu la vie dans ce combat. Parmi les tus se trouvaient certains des meilleurs

    fils de lislam. Ali fut profondment mu. Il ne permit pas ses hommes desemparer du butin. Tout fut collect puis le califat demanda aux habitants deBassorah de rcuprer leurs biens.Aprs avoir quitt le champ de bataille, Zubair tait parti pour la Mecque. Ilsarrta dans une valle pour prier et fut assassin tandis quil priait par unhomme du nom de Amr bin Jarmoz. Jarmoz rapporta les armes de Zubair Ali. Ilesprait recevoir une rcompense pour avoir tu ladversaire du calife, mais aulieu de cela il reut une svre rprimande.

    Jai vu le propritaire de cette pe combattre plusieurs fois pour le ProphtedAllah , dit Ali. Jannonce son meurtrier quil a sa place en enfer. Aprs unsjour de quelques jours Bassorah, Ali envoya Acha Mdine avec son frre,Muhammad Abu Bakr. Alors quelle tait sur le point de partir, un groupe depersonnes entoura son chameau. Elle leur dit : Mes enfants, ne nous blmez nilun ni lautre. Par Allah il ny a aucune inimiti entre Ali et moi. Ctait une simplequerelle de famille. Je considre Ali comme un h omme de bien.

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    A cela Ali rpondit : Elle a parfaitement raison. Nos diffrends ne sont quunesimple querelle de famille. Elle occupe un rang lev dans la foi. Dans ce mondecomme dans lautre elle est la femme honore du Prophte dAllah. Ali parcourut souvent de longues distances pour lui rendre visite.

    A prsent il fallait restaurer lordre Bassorah. La ville avait pris les armescontre le calife, mais Ali dcrta une amnistie gnrale. Il pronona un discourspoignant dans la mosque Jami ; exhortant les croyants se rappeler leur devoirenvers Allah. Il reut le serment dallgeance des habitants de Bassorah etnomma bdullah bin Abbas comme nouveau gouverneur.Certains notables de Banu Omayya se trouvaient Bassorah quand la ville tomba.Le calife en eut connaissance mais leur fit bnficier de lamnistie gnrale. Ilspurent ainsi se rendre en Syrie et rejoindre Muawya.

    La bataille de Siffin

    Ali tourna son attention vers Muawya. A part la Syrie, tout lempire reconnaissait prsent Ali comme calife. Mais le quatrime calife ne retourna pas Mdine. Ilfit de Kufa sa nouvelle capitale. Ce choix sexplique par deux raisons. Toutdabord, il y jouissait dun large soutien. Ensuite, le trsor public iraqien disposaitde revenus extrmement abondants qui pourraient lui tre trs utiles dans le casdune guerre mene contre une rgion aussi riche que la Syrie. Avant de prendrelpe, Ali voulait essayer des mthodes de paix. Il envoya un messager Muawya

    afin de demander au gouverneur syrien daccepter le nouveau calife. Ce dernierrpondit :- Tuez dabord les assassins dOthman, puis laissez les musulmans choisir leurcalife par vote libre.Muawya a t gouverneur de Syrie et commandant de larme syrienne depuis letemps du calife Omar. Habile et soucieux, il sest rendu populaire auprs dupeuple. Lassassinat dOthman lui a fourni lopportunit de tourner cettepopularit son avantage. Il avait de grands moyens. Il tait au courant dupouvoir dAli. Il voulait le retenir tout prix. Muawya nallait pas se rendre sansun dur combat.Ali quitta Kufa la tte dune grande arme. A Nakhila, Abdullah bin Abbs,gouverneur de Bassora se joignit lui avec son arme. Ali rorganisa ses troupeset marcha vers le nord de la Syrie. Aprs la traverse de lEuphrate, il campa Siffin.Les prparations de Muawya taient trs avances. Les chefs des Omeyyades qui

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    avaient quitt Mdine se joignirent lui. Ils sajoutrent aux forces de Muawya.Amr bin Aas, le conqurant de lEgypte, tait bien connu po ur son pouvoir.Muawya le gagna de son ct. En plus de cela, Muawya prparait les syriens dansune hystrie. La chemise ensanglante dOthman et les doigts tranchs de Nala

    taient souvent montrs dans la Jmi, mosque de Damas. Muawya parlait dutragique assassinat du calife. Le rsultat fut une tempte de colre. Des milliersde syriens jurrent de venger la mort dOthman et de ne plus dormir dans leurlit, ni mme davoir de boisson frache jusqu ce quils aient achev ce but.Muawya vont savoir lavance dali. Il conduisit son arme de lautre ct deSiffin afin de sopposer celle dAli. Les deux armes se prparaient pour unepreuve de force.

    Loffre de paix

    Rien ne se passa durant deux jours. Le troisime jour, Ali envoya une dlgationde paix Muawya. Lun dentre eux, Bachir, dit Muawya :

    Muawya ! Cette vie est courte. Vousdevez paratre devant Allah et rpondrede vos actions. Je vous implore, au nom dAllah, de ne pas semer des diffrentsparmi les musulmans. Priez, ne rpandez p as le sang des musulmans dans uneguerre civile.

    Pourquoi nadressez-vous pas ce sermon votre ami Ali ? rtorqua Muawya.

    Le cas de Ali est diffrent du votre ! rpondit Bachir. Cest un homme degrand savoir. Il tient une haute place dans la Foi . Il est lun des premiers

    musulmans. Il a un degr de parent trs proche du Prophte Mohammed .Ces choses font de lui lhomme le plus apte pour le califat. Vous devriez luiprter serment dallgeance et lui donner un bon nom dans ce monde et danslAutre.

    Mais, dois-je renoncer la demande de vengeance de lassassinat dOthman ?

    Par Allah, je ne le ferai jamais ! dclara Muawya.

    Bachir voulut rpondre mais son compagnon Shis parla :

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    Muawya ! Nous savons bien ce que vous voulez. Vous avez tard aiderOthman et lavez fait tuer. Maintenant son assassinat est une excuse pour viserle califat. Souvenez-vous ! Ce genre daction ne vous amnera pas de bien. Si vouschouez, alors votre sort sera clairement le plus malheureux. Mais mme si vous

    tes vainqueur, vous ne pouvez vous chapper au feu de lEnfer.Ces mots rendirent Muawya trs furieux.

    fier paysan ! scria-t-il, vous avez dit un gros mensonge. Hors dici ! Lpedoit dcider.

    Un mois de trve

    La mission de paix semblait ne pas aboutir. La guerre paraissait maintenant

    invitable. Cependant, des deux cts, il semblait y avoir une rpugnance pour sebattre. Les musulmans contre les musulmans ! Des deux cts, on se rappelait les

    paroles inoubliables du Prophte Mohammed . La vie, lhonneur, et larichesse de votre frre musulman sont plus sacrs que le mois du Hajj et lairesacre de La Mecque. Ils esprrent quune solution serait trouve afindviter une guerre civile. Ctait le mois de Dhoul Hijjah en lan 36 aprs lhgire.La guerre dbuta par de simples combats qui furent suivis quelques jours plustard par des rencontres de simples bataillons. Le mois de Dhoul Hijjah se passa

    ainsi. La nouvelle lune de la nouvelle an ne apparut dans le ciel. La bataille cessaavec son apparition. Ali et Muawya firent une trve.La trve dun mois fournit une bonne occasion pour le renouvellement despourparlers de paix. La guerre civile tait rpugne des deux cts. Ali fut lepremier envoyer une mission de paix conduite par Adi Bin Hatam Ta. Ilsadressa ainsi Muawya : Muawya, nous venons vous avec une offre damour et de paix. Si vouslacceptez, les ternelles disputes des musulmans cesseront. Il ny aura plusdeffusion de sang. Ali est votre frre. Il est maintenant le plus lev parmi les

    hommes. Tous, excepts vous et vos hommes, lont accept comme calife. Vousaussi, prtez-lui serment dallgeance et finissez avec cette affaire. Si vous nele faites pas, jai peur que vous aurez souffrir comme dautres ont souffert aucours de la bataille du chameau. Je suis dsol Ali, rpondit Muawya. Venez-vous faire la paix ou me menacer ?Par Allah, je suis le fils de Herb et je nai pas peur de la guerre. Je sais que v ous

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    avez aussi particip lassassinat dOthman. Vous aurez aussi souffrir decela. Les autres membres de la mission changrent le cours de la conversation : Laissez ces choses, Muawya ! Dirent-ils. Dites quelque chose qui puisse

    terminer la dispute. La paix est le rel besoin. Vous nignorez pas le savoir dAliet sa pit. Aucun homme pieux et instruit ne se dfiera de sa direction.Craignez Allah, Muawya, et renoncez vous opposer Ali ! Par Allah, nous neconnaissons aucun autre homme plus pieux et plus humain quAli. A cela, Muawya rpondit : Vous minvitez me soumettre lautorit dAli ! Je ne suis pas daccord car il afait tuer notre calife. Il ny a quune solution pour avoir la paix : Laisser Ali nousremettre les assassins dOthman. Ils sont dans son camp et sont ses amis et sespartisans. Nous les tuerons dabord et ensuite obirons Ali.

    Vous voulez tuer un homme comme Ammar bin Yassir ? demanda un homme dela mission. Quy a-t-il de si extraordinaire ? rpliqua Muawya. Je le tuerai mme sil avaittu un esclave dOthman. Par Allah, cela ne peut pas se passer ainsi ! rpondit lhomme, aussi longtempsque les ttes ne seront pas tranches et la terre et le ciel ne deviendront pastrop troits pou vous. Si les choses doivent en arriver l, vous en aurez un avant -got. rpondit

    Muawya.La mission de paix choua une fois de plus.Une autre mission de paix arriva ensuite de Muawya. Elle tait conduite parHabib bin Maslama Fahri. Sadressant Ali, il dit : Othman tait un calife juste. Il suivait le Livre dAllah et lexemple du Saint

    Prophte . Il obissait aux commandements dAllah. Vous ne laimiez pas. Vouslavez tu injustement. Si vous dites que vous navez pas particip sonassassinat, remettez-nous ses assassins. Nous vengerons la mort dOthman en les

    tuant. Aprs cela, les musulmans dsigneront leur calife par un vote libre. Ali se fcha : Eh bien, dit-il, qui tes-vous pour me retirer de me fonctions ? De tels proposvous vont mal. Gardez votre paix. Vous tes mal placs pour continuer parler dece sujet. Vous me placez dans une situation qui vous embtera , rpondit Habib. Quel mal pouvez-vous me faire ? dit Ali. Allez vous-en et faites ce que vous

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    pouvez. Si je dis quelque chose, jaurai la mme rponse, plaa un autre membre de lamission. Avez-vous quelque chose dautre nous dire ?

    Oui, rpondit Ali. Allah, dans Sa bont, nous a envoy Son Prophte . Il

    nous a montr le chemin de la vrit. Aprs lui, vinrent les califes Abu Bakr etOmar. Ils rgnrent avec justice. Javais une plainte contre eux. Etant un proche

    parent du Prophte , jai pens que ctait mon droit dtre calife. Mais cesdeux-l taient de bons hommes. Alors je leur ai pardonn. Vient ensuiteOthman. Il fit des choses qui offensrent le peuple. Aussi lont -ils tu. Les gensvinrent moi. Je navais rien voir avec ce quils ont fait. Ils mont forc accepter le califat. Jai dabord refus. Mais, voyant quaucun autre homme neserait accept de tous, jai dcid de prendre cette responsabilit. Talha et

    Zoubayr mont prt serment et se sont ensuite retourns contre moi.Maintenant, cest Muawya qui soppose moi. Il nest ni lun des premiersconvertis lislam, ni quelquun qui a rendu un rel se rvice la foi. Lui, son pre et

    toute sa famille ont toujours t opposs Allah, Son Prophte et auxmusulmans. Ils ont embrass lislam parce quils navaient pas le choix. Il estvraiment trange que vous soyez de son ct et contre les parents du Prophte

    . Je vous appelle au Livre dAllah et lexemple de Son Prophte . Je vousinvite aider la cause de la vrit et combattre le mensonge.

    Mais que pouvez-vous dire des assassins dOthman ? demanda un membre de lamission. Ne la-t-on pas tu injustement ? Je ne peux rien en dire, rpondit Ali. Je ne dis pas quil fut justement, niinjustement. Cette rponse du calife offensa tellement les membres de la mission quils selevrent pour partir. Nous navons rien faire avec un homme qui ne pense pas que Othman ait ttu injustement. , dclarrent-ils.A ceci, Ali rcita le verset suivant :

    Non, tu ne peux faire entendre aux morts cet appel, tu ne peux faire entendreaux sourds qui tournent le dos. Tu ne peux guider les aveugles, tu ne peux lestirer derreur. Tu ne peux faire entendre qu ceux qui croient en nos signes, etils deviennent soumis. Sourate 30, Ar-Roum (Les romains), versets 52-53

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    Avec lchec de la mission prirent fin les pourparlers de paix. Aucun des deuxpartis nentreprit un nouvel essai de compromis.

    La bataille

    Le soir du dernier jour de Muharram de lan 37 de lhgire, Ali donna son armelordre dattaquer larme syrienne le len demain. Ils ont eu suffisamment de temps pour rflchir. , expliqua-t-il.Mardi premier Safar, la bataille commena. Pendant une semaine, aucun des deuxpartis ne lemportait vraiment. Au huitime jour, Ali conduisit lui-mme uneattaque gnrale. De l autre ct, Muawya prit le commandement. Une rudebataille eut lieu toute la journe. Aucun camp ne prit lavantage. Lobscurit de lanuit mit fin la lutte.La bataille reprit trs tt le lendemain, plus cruelle que jamais. Larme dAli

    montrait des signes de faiblesse. Mais Ali lui-mme fonait en avant. Sonexemple encouragea ses hommes. Ils tombrent sur lennemi avec une nouvellefurie. Aussitt, quelques troupes forcrent le chemin jusqu la tente de Muawya.La nuit tomba, mais la bataille continua.Elle fit rage pendant toute la nuit. Au matin, le cliquetis des armes ne sarrtaitpas. Des hommes et des animaux taient puiss, mais personne ne voulait seretirer sans rsultat dcisif. Larme dAli avait maintenant un net avantage. Luiet ses gnraux entreprirent une attaque puissante. Larme de Muawya

    trbucha sous le poids de lattaque. La victoire lui chappait. Il consultarapidement Amr bin Aas. Il fit ensuite signe ses hommes. En quelques minutes,le message circula et aussitt des corans furent soulevs, pendus au bout deslances des syriens. Voici le livre dAllah, le Tout-Puissant, criaient-ils. Il dcidera entre nous. Sinous partons, qui dfendra les frontires lOuest ? Si vous partez, quidfendra les frontires de lEst ? Cest un pige ! Cria Ali. Ne vous y laissez pas prendre. Continuons la lutte. Lavictoire est dj en vue. Je connais Muawya, Amr bin Aas, Habib bin Maslama,Ibn Abi Sarah et Ibn Abi Said depuis lenfance. Cest un coup pour voustromper. Mais une bonne partie des hommes de son arme refusa de lcouter. Comment est-ce possible ? Dirent-ils. Nous sommes appels vers le LivredAllah. Comment osons-nous refuser ? Quand Ali insista pour que la bataille continue, ses hommes dirent :

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    Ou vous donnez lordre darrter le combat, ou nous en finirons avec vouscomme nous lavons fait avec Othman. Ali tait dsespr. Sa propre armeaidait la cause de lennemi. Ils le foraient prendre une dcision quil savaitmauvaise. Mais il navait pas le choix. Aussi, contre cur, il donna lordre ses

    troupes de cesser le combat et de revenir.Le jugement

    Ali se battait maintenant pour un combat perdu. Il envoya des hommes Muawyapour savoir ce quil voulait dire en faisant du coran un juge entre eux. Sa rpo nsefut : Je veux dire que chaque partie devrait nommer un juge. Les deux jugesdclareraient sous serment quils seront guids par le Livre dAllah. La dcisionquils prendraient serait obligatoire pour les deux partis antagonistes.

    Muawya nomma Amr bin Aas. Aucun de ses hommes ne discuta le choix. Mais leschoses taient diffrentes dans le camp dAli. Celui -ci proposa Abdullah binAbbs. Cest un parent vous, crirent ses hommes. Le juge doit tre impartial.Pensez-vous que Amr bin Aas soit impartial ? demanda Ali.Le blme en revient aux syriens, pas nous, rpondirent -ils.Trs bien, dit Ali. Nommons donc Ashtr. Il nest pas un parent moi.Quelle proposition ! Sexclamrent-ils. Ashtr est la cause profonde de tout ce

    trouble. Les hommes dAli proposrent Abou Moussa Ashari. Je ne peux me fier son jugement. Il est trop naf. Mais ses hommes nevoulaient pas quelquun dautre. Ali dut, contre cur, donner son consentement. Faites comme vous voulez. Le 13 Safar de lanne 37 de lhgire, un accord fut sign par les chefs des deuxcamps. Il disait que les deux juges devraient donner leur dcision dans le mois deRamadan, qui devrait tre annonce en public en un lieu entre la Syrie et lIraq.

    Division de larme dAli

    Ali quitta Siffin avec un sentiment de perte. 90 000 hommes furent tus danscette bataille. Jamais auparavant dans lhistoire de lislam, les pertes de vie nefurent aussi lourdes. Mais mme ce grand sacrifice napporta rien. Les chosessaggravrent plus que jamais. Ali chargea Ibn Qais daller inspecter les troupeset dexpliquer aux diffrentes tribus les termes de laccord. La tribu dAnza

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    avait envoy 4 000 hommes pour combattre pour Ali. Quand laccord lui fut lu,deux frres se levrent et sexclamrent : Nous nallons pas accepter la dcision dun autre quAllah. Pourquoi prenez -vousdes juges humains quand les commandements dAllah existent ? Si vous le faites,

    que deviendront ceux qui ont donn leurs vies pour votre cause ? Dautres tribus dirent la mme chose. Un bon nombre de gens taient contre lejugement. Ils pensaient quAli avait accept un arrangement contraire lespritde lislam. Quelques-uns vinrent lui et dirent : Nous vous demandons de rejeter cet accord. Nous craignons quil vous fasse dutort. Cest vous qui my avez forc, dit Ali. Maintenant que jai donn ma parole, vousme demandez de revenir. Je ne peux faire cela. Les hommes dAli se divisrent alors en deux groupes. Le premier voulait laccord,

    lautre le considrait comme un acte irrligieux. Dans tous les territoires soumis Ali, on se prononait pour ou contre laccord. Des mots, on en venait parfois auxcoups et de srieuses rixes se produisaient.Pendant quAli revenait de Koufa, sa capitale, une grande partie stait levecontre lui la suite de laccord. 12 000 hommes le quittrent et formrent unnouveau groupe qui choisit comme chef, Shith bin Rabi. Abdullah bin Kawai futnomm pour conduire la prire. Leur politique tait que :Allah seul doit tre obi. Cest notre devoir dordonner le bien et dempcher le

    mal. Ali et Muawya sont tous deux dans lerreur. La faute de Muawya est quilnait pas accept Ali, le calife juste. Celle dAli est quil nait pas ouvert lespourparlers de paix avec Muawya qui aurait du tre tu. Il a nglig un claircommandement du coran et fait des tres humains, ses juges. Aprs que nousaurons gagn le pouvoir, nous fixerons un ordre social en accord avec le LivredAllah.Ali renvoya Abdullah bin Abbs dissiper la msentente de ses d issidents. Ilscommencrent une longue discussion avec lui. Pendant ce temps, Ali lui -mme serendit leur camp. Il leur assura que la dcision des juges ne serait pas accepteque si elle est en strict accord avec le Livre dAllah. Cette assurance laissa lesdissidents sans arguments. Ali russit, avec une grande difficult, ramener ceshommes Koufa.La capitale avait un aspect pathtique. Rares taient les familles qui navaient pasperdu un pre, un frre ou un fils Siffin. Des lamentations amres pour cespertes slevrent de partout. Le fait que le calife revient les mains vides ajouta

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    beaucoup la tristesse gnrale. Au -dessus de tout cela, il y avait lamalheureuse division dans son camp. Tous ces facteurs furent la cause dunsentiment daffection duquel ses hommes ne devaient jamais se remettre.

    La dcision

    Les deux juges rflchirent au problme pendant six mois. Puis, ils serencontrrent la ville frontire de Doumat al Jandal. Chacun deux avait quatrecents hommes avec lui. A la demande de Muawya, des hommes neutres de hautrang les accompagnrent. Parmi eux, il y avait Abdullah bin Omar, Saad bin AbiWaqqs, Abdullah bin Zoubayr et dautres. Amr, dit Abou Moussa, nous en avons assez de la guerre civile. Faisonsquelque chose pour gurir les blesss.Je suis entirement daccord avec vous, rpondit Amr. Nous ferions mieux dtre

    prcis sur ce que nous allons tre daccord. Prenons un scribe pour rdiger lesclauses de laccord. Le scribe vint et commena inscrire les points sur lesquels ils taient daccord.

    Dabord, ils taient daccord sur lauthenticit du Prophte dAllah et deson message. Ensuite, ils reconnaissaient que Abu Bakr et Omar taient descalifes par le consentement commun des musulmans. Othman fut un vraimusulman. , dit-il.Abou Moussa : Ce point nentre plus dans la discussion maintenant !

    Amr : Mais si vous ne le considrez pas comme un croyant, fut -il un incroyant ?Abou Moussa : Bon, laissons le scribe inscrire cela aussi !Amr : Alors il y a deux choses. Il fut tu soit justement, soit injustement.Abou Moussa : Il le fut injustement.Amr : Celui qui est tu injustement, Allah donne aux siens le droit de venger samort.Abou Moussa : Oui, Allah leur donne ce droit.Amr : Vous savez que Muawya est le plus proche parent dOthman !

    Abou Moussa : Oui, cela est vrai aussi.Amr : Muawya a le droit de mettre la main sur les assassins dOthman, qui que cesoit et nimporte o.Abou Moussa : Cela aussi est vrai, mais Amr, cette discussion est un tel flaupour le peuple. Dbarrassons-en le. Trouvons un moyen de rendre les gensheureux !Amr : Avez-vous une proposition faire ?

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    Abou Moussa : Oui, je suis sr que les Syriens naimeront jamais Ali et lesIraqiens naccepteront jamais Muawya. Laissons donc tomber ce s deux noms etfaisons de Abdullah bin Omar le calife.Amr : Voudra-t-il tre calife ?

    Abou Moussa : Je lespre, si nous allons lui et faisons la requte.Amr : Mais pourquoi pas Saad bin Abi Waqqs ?Abou Moussa napprouva pas ce choix. Amr en suggra dautres. Mais AbouMoussa ne donna pas son consentement. Les deux juges ne purent se mettredaccord sur ce point. Alors, quelle doit tre la solution ? demanda Amr.Je pense que nous allons disqualifier Ali et Muawya et permettre au peupledlire un calife, rpondit Abou Moussa.Je suis parfaitement daccord, dit Amr.

    Le jugement allait maintenant tre annonc. Amr demanda Abou Moussa deparler en premier. Ce dernier se leva et dit : peuple ! Nous avons convenu de ne pas accorder Ali et Mu awya le califat.Vous pouvez choisir un autre homme que vous croyez capable. Amr se leva ensuite : peuple, commena-t-il, je considre Ali comme une personne incapable dtrecalife, mais Muawya mon avis est apte pour cette fonction. Il y eut un grand dsordre. Le jugement se trouve tre une grande mystification.

    Les espoirs de paix et dordre senvolrent nouveau. Tous les honntes gensquittrent la place avec dgot.

    Les kharijis (dissidents)

    Les personnes qui objectrent laccord de Siffin taient les kharijis. Ali lesavait calms. Mais aprs le jugement, ils recommencrent semer le trouble. Nous avons demand Ali de rejeter laccord , dirent-ils. Il ne nous a pascouts. A prsent, il dclare que le jugement est contre le Livre dAllah. Iladmet ce que nous avons dit au dbut. Il doit donc confesser sa faute et senrepentir. Sil le fait, nous sommes avec lui. Sinon, nous le combattrons. Les kharijis fondrent leur centre Nehrwn. Ils commencrent prcher leurculte et runirent suffisamment de force. Ils laissrent les non musulmanstranquilles. Mais ils furent trs durs avec les musulmans qui divergeaient de leurpoint de vue. Ils considraient ces derniers comme des rebelles la foi et lescombattaient.

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    Dans un sens, les kharijis taient des stricts puritains. Ils faisaient de longuesprires et shabillaient simplement. Ils taient honntes dans leurs affaires.Mais tre loyal envers un calife tait un crime leurs yeux. Ils appelaient cela Le culte de la personnalit . Ils turent lchement des hommes et des

    femmes qui se disaient partisans du calife.Ali avait encore soccuper de Muawiya. Mais le danger kharijis taient de loin leplus srieux. Il demandait une attention immdiate. Le calife ne pouvait marchersur la Syrie sans dabord loigner ce danger. Il conduisit une arme Nehrwn.Il envoya dabord deux notables compagnons persuader les chefs kharijis de nepas quitter le chemin du sens commun. Ces derniers refusrent.Ali envoya alors un message dire : Remettez-nous ceux qui ont tu desmusulmans. Nous les tuerons et laisserons les autres en paix. A cela, ils rpondirent : Nous avons tous rpandu le sang de vos partisans et

    nous continuerons le faire. Ali vit quil ne pourrait pas viter un combat. Ildclara encore que ceux qui partiront pour Koufa ou Mdine, quitteront leurarme auront alors la vie sauve. Une bonne partie profita de cette concession.Toutefois, il restait 3 000 kharijis. La bataille commena. Les kharijis sebattirent dsesprment. Ali lui-mme tua la plupart de leurs chefs. Leur armefut entirement dtruite. Ali envoya les blesss leurs parents.Cette dfaite, cependant, ne mit pas fin lopposition des kharijis. Ces derniersstendirent dans diffrentes rgions du pays. Ils prchrent la violence. Un de

    leurs chefs, Kharait, prchait lanarchie. Toute autorit appartient Allah , cita-t-il du Coran. Donc, aucungouvernement ne doit exister. Ali envoya des troupes contre Kharait et dautres kharijis. Kharait fut tu. Maisle trouble khariji tait toujours l.

    Dclin du pouvoir dAli

    Aprs avoir vaincu les kharijis Nehrwn, Ali voulut marcher sur la Syrie. Maisses hommes ntaient pas en tat de le faire. Nous sommes las de cette bataille constante , se plaignirent-ils. Permettez-nous de nous reposer un moment. Le calife campa Nakhila, quelques milles de la capitale. Ses hommescommencrent schapper vers Koufa. A la fin, Ali fut forc de gagner Koufa.Plus tard, il demanda au peuple de se prp arer pour la campagne syrienne. Maisles chefs de Koufa nen montrrent aucun dsir. Les appels actifs dAli eurent

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    peu deffet.Comme le temps passait, Ali comprit clairement quil ne pourrait jamais conduireune seconde arme contre Muawya.

    La perte de lEgypte

    Qais bin Saad tait le premier gouverneur dEgypte sous Ali. Il tait le fils dufameux chef Ansri Saad bin Abada. Qais tait un homme trs capable. Ilrussit rallier des personnes Ali. La ville de Khartba, cependant, ne voulaitpas accepter le nouveau calife. Qais laissa ces gens tranquilles condition quilsvivent en paix. Quelques amis dAli surveillaient le gouvernement dEgypte. Ilscommenaient avoir des doutes sur la loyaut de Qais. Pourquoi noblige-t-il pas Khartba accepter le nouveau calife ? dirent-ils.Aussi Ali crivit-il Qais, lui demandant dagir contre Khartba. Le gouverneur lui

    crivit que cela ne serait pas prudent. Des personnes de lentourage dAli virenten cette lettre une preuve de la sympathie de Qais pour M uawya. Celui-ci vit lsa chance. Il savait de quoi Qais tait capable. Il craignait que sil restait enEgypte, la situation deviendrait difficile. Il se fit passer pour un de ses hommes.La chose fut rapporte au calife. Le pige tait habillement tendu. Ali sy estlaiss prendre, il renvoya Qais.Mohammad bin Abou Bakr fut alors nomm gouverneur dEgypte. Ctait un jeunehomme inexpriment. La premire chose quil fit, fut de prendre partie contre

    les gens de Khartba. Cela le tint occup pendant un lo ng moment. Pendant cetemps, la bataille de Siffin commena. Mais le gouverneur dEgypte taittellement occup quil ne put lever le petit doigt pour aider Ali. Le coup deMuawya avait bien russi.Ali comprit son erreur par la suite. LEgypte devait tre en de meilleures mainspensa-t-il. Aussi, son retour de Siffin, il remplaa Mohammad bin Abou Bakrpar Mlik bin Ashtr. Celui-ci tait un homme fort. Il reprsentait encore un reldanger pour Muawya. Comment pouvait-il traiter avec un homme comme Ashtr ?Sa loyaut ne pouvait tre mise en doute. Il utilisa une arme secrte : le poison.Mlik se rendait en Egypte quand il fut empoisonn mort.Sa mort obligea Ali nommer de nouveau Mohammad bin Abou Bakr. Ali lui assuraque ce ntait pas par plaisir mais seulement pour amliorer la situation.Mohammad fut satisfait.Aprs le jugement, Muawya prtendait ouvertement au califat. LEgypte tait lepremier objet de son ambition. Les choses y taient aussi mauvaises quil le

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    voulait. Il crivit au peuple de Khartba de se prparer pour une rvolte. Sapropre arme conduite par Amr bin Aas venait leur aide.Mohammad bin Abou Bakr crivit Ali pour lui demander de laide immdiate. Laseule aide quil reut fut un appel du calife, lui disant de se battre au ssi

    courageusement que possible. Pendant ce temps, Amr et une arme de 6 000hommes arrivrent. Il tait le conqurant de lEgypte et voulait tre songouverneur. Ds son arrive, 10 000 guerriers de Khartba se joignirent sonarme.Mohammad bin Abou Bakr ne put envoyer que 2 000 hommes pour arrter Amr.Ils furent facilement battus. Pendant ce temps, Mohammad runit encore 2 000hommes que lui-mme commanda. Comme il allait partir, la nouvelle de la dfaitearriva. Tous ces hommes senfuirent et lui-mme se sentit dsespr. Il fut pris.Son frre Abderrahman, qui tait du ct de Muawya, demanda ce que la vie de

    son frre soit pargne. Non , dit Muawya, il est lun des assassins dOthman. Il doit payer cettepeine de sa vie. Mohammad bin Abou Bakr fut massacr sans piti.Muawya devint matre de lEgypte en lan 38 de lhgire. Une importante provincevenait dtre enleve Ali.

    Agitation dans le pays

    Avec tact et diplomatie, Muawya coupait le terrain sous les pieds dAli. Seshommes poussaient le peuple contre le calife. Lun dentre eux, Ibn Hadrami, vint Bassora. Le gouverneur, Ibn Abbs, tait en visite Koufa. Hadrami vit sachance. Il incita le peuple venger la mort dOthman et put trouver une relvesolide. Le dput du gouverneur senfuit avec peine de la ville. Ali mata la rvolte.Hadrami et soixante-dix de ses hommes senfermrent dans une maison. Celle -cifut mise feu et tous ses occupants furent brls vifs.Cet acte cruel dun gnral du calife augmenta lagitation. La Perse et Kermanrefusaient de payer leur revenu. Ces soulvements devaient tre apaiss parlpe.En 39 de lhgire, Muawya fut capable de mener la bataille dans le camp dAli. Ilenvoya de fortes troupes faire un raid dans le territoire dAli. Une de cestroupes arriva prs de Bassora. Des appels laide slevrent dans diffrentesrgions. Par des mots ardents, le calife essayait de pousser les shiites danslaction. Mais ils nen furent pas touchs. Les raids de Muawya semrent la

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    terreur dans le cur du peuple. Lagitation se dispersait. Chaque jour qui passaitvoyait le calife de plus en plus seul faire ce quil pouvait.Cette anne-l, comme toujours, le calife envoya son dput conduire leplerinage La Mecque. Muawya envoya un de ses hommes dans ce mme but. Il y

    eut une lutte entre les deux hommes, chacun deux prtendant tre lagent dudroit calife. A la fin, un troisime homme, Shaiba, le petit -fils de Talha,conduisit le plerinage. Ali perdit ainsi ce symbole du califat. Aux yeux desplerins runis dans la ville sainte, il tait descendu au mme niveau que Muawya.

    La perte du Hijaz et du Ymen

    Les difficults dAli rendirent Muawya plus que tmraire. En lan 40 de lhgire,il envoya le cruel Bisr avec une arme de 3 000 hommes marcher sur le Hijaz. Ledput dAli Mdine, Abou Ayoub, ne put empcher linvasion et senfuit

    Koufa. Bisr occupa la ville et obligea mes gens faire serment de loyaut

    Muawya. Il se tint dans la mosque de Mohammad et cria : O est mon matre Othman aujourdhui ? Il tait encore l hier. O est -ilmaintenant ? peuple de Mdine, si Muawya ne mavait pas fait jur, je nauraispas laiss un seul adulte en vie dans la ville. De Mdine, Bisr marcha sur La Mecque. L aussi, personne ne sopposa lui. Iloccupa la ville et fit prter serment dallgeance Muawya.Bisr se dirigea ensuite vers le Ymen. Oubedoullah ibn Abbs, son gouverneur,

    apprenant lavance de Bisr, senfuit Koufa. Bisr entra dans la capitale du Ymenet tua des centaines de partisans dAli. Il npargna mme pas les deux petitsenfants de Oubedoullah ibn Abbs.Une autre arme de Muawya, conduite par Soufian bin Aouf, envahit le sud delIraq. Les villes comme Mdain et Aubar furent pilles.Des rapports alarmants courraient dans la rgion de lempire. Lennemi frappait la porte mme du calife. Il devait faire quelque chose. Il envoya donc Jarya latte de 2 000 hommes pour en finir avec les envahisseurs. Ds lentre de son

    arme dans le Ymen, Bisr regagna rapidement la Syrie. Jarya continuaitdavancer vers La Mecque. Aussitt aprs son entre dans la ville sainte, on reutla nouvelle quAli avait t tu. Cela mit fin la campagne de Jarya.

    La mort du calife Ali

    Les kharijis taient contre Ali, comme ils taient contre Muawya. I ls avaient ungrand dgot pour la guerre civile qui semblait ne plus finir. Aprs leur droute

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    Nehrwn, quelques-uns vinrent La Mecque et rflchirent cet tat de choses.Ils reconnurent tous lobscurit de la situation. Ils devaient faire quelque c hose. Muawya, Amr bin Aas et Ali sont les principaux personnages de ce drame ,dclarrent-ils. Dbarrassez-vous de ces trois hommes et vous dbarrasserez

    le monde islamique de tous ses ennuis. Trois des kharijis sortirent pour accomplir ce devoir. Abderrahman bin Mouljamdevait tuer Ali ; Bakr bin Abdullah Muawya et Amr bin Bakr, Amr bin Aas.Lassassinat fut fix un 17me jour de Ramadan. Les trois hommes devaient tretus quand ils iraient la mosque pour conduire la prire du matin. Ibn Moulja mvenait Koufa et restait dans une famille khariji. L, il tomba amoureux dunejolie fille. Il la demanda en mariage. Pour cela, vous devez me donner une dot , lui dit-elle. - Et quel en sera le montant ? rpondit Ibn Mouljam.

    - Parmi dautres choses , rpondit-elle, je veux la tte dAli. - Excellent ! sexclama Ibn Mouljam, je ne suis ici que pour cette mission ! Ainsi, avec laide de la fille et de sa famille, Ibn Mouljam commena sesprparatifs.Le 17 Ramadan, les trois kharijis accomplirent leurs assassinats. Muawyaschappa avec une lgre blessure. Lassaillant fut pris et tu. Amr bin Aastant malade ce jour l, quelquun dautre dirigea la prire sa place et futgorg. Son assassin fut pris et tu aussi. Ibn Mouljam, avec deux autres

    kharijis, se tinrent cachs toute la nuit dans la Djami mosque de Koufa. Levendredi matin, de bonne heure, Ali vint la mosque comme dhabitude, en fit letour en disant aux gens de se prparer pour la prire. Un des camarades de IbnMouljam se jeta sur lui et le frappa de son pe, Ali scroula. Ibn Mouljamcourut vers lui et le frappa de son pe la tte. Du sang jaillit et mouilla sabarbe. Saisissez-vous de mon assassin cria Ali.Ibn Mouljam fut pris. Mais la blessure dAli tait trs srieuse. Il vcut jusqula fin de ce jour. Lassassin fut amen devant lui. Tuez-le si je meurs , dit-il, mais si je vis, je moccuperai de lui comme il lemrite. Plus tard, il tait vident pour le calife quil ny avait plus despoir . Il appela sesfils et leur recommanda dtre bons et de servir lislam. Devrons-nous jurer serment dallgeance Hassan aprs vous ? demandaquelquun.

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    - Je ne vous dis pas de le faire, ni ne vous le dfends , rpondit-il. Faitescomme bon vous semble. Appelant ses fils, Hassan et Hussein, son chevet, le calife mourant dit : Voici mes derniers conseils : Craignez Allah et ne courrez jamais aprs ce

    monde. Ne sollicitez jamais une chose hors de votre porte. Soyez toujoursvridique, clment et serviable. Arrtez la main de loppresseur et aidezloppress. Suivez les commandements du Coran sans prter attention aux diresdes autres. Le mme soir, Ali mourut. Il avait soixante trois ans. Durant ses derniersmoments, il rptait constamment ces versets du Coran :

    Et quiconque aura fait un bien du poids dun atome, le verra.Et quiconque aura fait un mal du poids dun atome, le verra.

    Sourate 99, Az-Zalzalah (La secousse), versets 7-8Les cinq annes du califat dAli

    Hazrat Ali fut calife pendant 4 annes et 9 mois. Toute cette priode futmarque par un grand trouble. Lpe dAli avait rendu lislam fort durant la vie

    du Prophte . Mais pendant son propre calif at, cette mme pe avait dutrancher la tte des musulmans. Rien ne put tre aussi dsagrable Ali. Ildtestait ce que la ncessit lavait conduit faire.

    Un grand malheur dAli fut le genre dhommes qui choisirent de le suivre. Il y enavait qui furent actifs contre Othman. Ils se sont dbarrasss de lui par laviolence. Jamais par la suite, ils ne purent sen tenir la loi. Ils avaient obtenu ducalife ce quils voulaient. Puis ils ont voulu que le calife satisfasse leurs caprices,ils voulaient quil soit leur chef. Ali dut accepter cette proposition. Peut -trecela naurait pas fait beaucoup de mal. Mais la plus grande infortune dAli fut queses partisans ne parlaient pas un seul langage. Ils le poussaient dans desdirections opposes. Cela conduisit linaction, lagitation et finalement audclin.

    Le rival dAli, Muawya, tait un homme de talent inhabituel. Son ambition taitgalement grande. Il commena sa tche avec un tact tonnant, de lhabilet etde la diplomatie. Avec ces armes subtiles, il battit aisment Ali.Ali est indubitablement un des plus grands fils de lislam. Trs peu de

    compagnons lgalaient dans ces liens avec le Prophte qui lui attribuait degrandes qualits de cur et desprit. A cela, sajoutaient courage et vigueur.

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    Muawya ne lgalait pas. Ali fut un trs grand matre de la langue arabe. Soncriture tait aussi nergique que son discours. Sur le champ de bataille, il taitla terreur de lennemi. Sa comprhension du Coran tait profonde. Abou Bakr etOmar se tournaient souvent vers lui pour un conseil dans des cas difficiles.

    Cest une ironie du sort quun homme de tels mrites ne put russir en tant quechef. Pris dans un moment tragique de lHistoire, il se trouva forc daccepter lespolitiques quil savait tre la dfaire de soi-mme. Si Ali tait venu dans unepriode moins agite, il aurait certainement donn le meilleur de lui -mme.La mort dAli mit fin au plus glorieux chapitre de lHistoire de lislam. Il fut ledernier des pieux califes. Avec lui finit la grande tradition islamique qui lie lepouvoir politique au besoin quon simpose et au service dsintress. Ali fut ledernier reprsentant de lesprit ultra dmocratique de lislam.

    Source : http://www.aslim-taslam.net