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C OLLECTION T ECHNIQUE C IMBÉTON CAHIER DES MODULES DE CONFÉRENCE POUR LES ÉCOLES D’ARCHITECTURE ET D’INGÉNIERIE DU BTP ÉTUDE DE CAS, ARCHITECTURE DE QUALITÉ ET INERTIE DU BÉTON POUR DES BUREAUX BBC B90L ARCHITECTE MANDATAIRE : LUCIEN COLIN – ARCHITECTE : DOMINIQUE HENRIET CONFÉRENCES : BÉTON, ARCHITECTURE, PERFORMANCES ET APPLICATIONS

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COLLECTION

TECHNIQUE

C I M B É T O N

Cahier des modules de ConférenCe

pour les éColes d’arChiteCture

et d’ingénierie du Btp

É T U D E D E C A S , A r C h i T E C T U r E D E q U A l i T É E T i n E rT i E D U b É T o n p o U r D E S b U r E A U x b b C

B90L

Architecte mAndAtAire : Lucien coLin – Architecte : dominique henriet

conférences : béton, architecture, performances et applications

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ÉTUDE DE CAS , ARCH I TECTURE

DE QUAL I T É E T INERT I E DU BÉ TON

POUR DES BUREAUX BBC

A R C H I T E C T E M A N D ATA I R E : L U C I E N C O L I N

A R C H I T E C T E C H E F D E P R O J E T : J E A N - B A P T I S T E B U R E T

A R C H I T E C T E : D O M I N I Q U E H E N R I E T

S’inscrire dans le quartier 3

Un bâtiment administratif niveau label BBC 5

Chantier : structure béton et inertie thermique 8

Annexes 12Pour en savoir plus sur le système de chauffage rafraîchissement et le renouvellement d’air

Sommaire

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L’hôtel du département des Vosges, siège duconseil général, se dresse au 8, rue de la Préfectureau cœur du quartier historique d’Épinal situé sur larive droite de la Moselle. Cette institution gèreaujourd’hui, sur l’ensemble du territoire vosgien,un domaine immobilier de près de 500000 m2.Dans le cadre de l’administration de ce parc bâti etpour ses constructions neuves, elle s’est engagéedans une démarche de préservation de l’environ-nement et de réduction de sa dépense énergé-tique. Le nouvel immeuble de bureaux situé au 14de la rue de la Préfecture regroupe, dans un mêmelieu et dans le voisinage immédiat de l’hôtel dudépartement, différents services du conseil généralprécédemment disséminés sur plusieurs sites de laville. Ce bâtiment administratif répond aux critèresdu label BBC. Sa consommation totale se situe endessous de 65 kWh/m2/an, avec seulement15 kWh/m2/an pour le chauffage et aucune clima-tisation. La structure de l’édifice est entièrement enbéton armé. Le chauffage des locaux en hiver etleur rafraîchissement en été sont assurés par unplancher chauffant/rafraîchissant, qui utilise l’inertiethermique des dalles en béton armé et joue un rôleprimordial dans les performances énergétiques dece bâtiment.

La parcelle, sur laquelle se dresse ce projet, appar-tenait précédemment à l’évêché. Un immeuble à R + 2 s’élevait en front de rue, tandis que tout l’in-térieur de la parcelle était occupé par un jardin où se dressaient quelques petits édicules servant à du stockage ou à du rangement de matériel.L’immeuble était occupé par des logements desti-nés à l’hébergement de prêtres. Lorsque l’ensem-ble a été repris par le conseil général des Vosges etlibéré de ses habitants, l’immeuble a fait l’objetd’un diagnostic préalablement au concours d’archi-tecture pour vérifier qu’il n’existait pas de possibi-lité de le récupérer dans le cadre du futurprogramme. Le diagnostic a établi que le bâtimentétait en très mauvais état et qu’il ne présentait pasune qualité architecturale nécessitant son impé-rieuse conservation. Compte tenu de ces constata-tions et de la densité du futur programme, leconseil général a choisi de procéder à la dé -construc tion de l’ancien bâtiment.

Le site, privilégié par sa position en centre-ville,présente des contraintes et des caractéristiques for-tes, dont la prise en compte fonde la postureurbaine, architecturale et environnementale du pro-jet conçu par l’architecte Lucien Colin. Il se situe en

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Façade principale sur la rue de la Préfecture

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secteur sauvegardé, en zone de sismicité 1A etdans le périmètre d’un PPRI (Plan de prévention desrisques d’inondation) du fait de la proximité de laMoselle. La rue de la Préfecture offre un paysageparticulier. Un alignement continu de murets sur-montés de grilles en fer forgé sépare le trottoir d’unétroit jardin qui précède la façade gé né ra lement enpierre de chaque bâtiment. Le gabarit moyen desconstructions existantes varie entre R + 2 et R + 3.Le projet est implanté sur une parcelle en longueur,profonde de 70 m et large de 14 m, orientée à l’estcôté rue et au sud-ouest à l’autre extrémité. Leprogramme fonctionnel soumis à l’architecte estsimple. Il s’agit de créer dans un même ensembletertiaire 70 postes de travail répartis en bureauxindividuels ou multiples. À cela s’ajoutent 2 sallesde réunions, des espaces communs , des locauxtechniques et annexes. De plus, le projet doit pri-vilégier la modularité et l’évolutivité des espacesdans le temps. En effet, lors de la consultation lesfuturs services utilisateurs ne sont pas connus.

S’inscrire dans le quartier« Cette intervention en site protégé conserve la logiquede constitution du quartier et joue des relationsvisuelles et physiques avec ses voisins immédiats,précise Lucien Colin. La composition architecturaledu projet et son plan-masse résultent de l’analysedu site et de son environnement. Sur rue, un premiercorps de bâtiment reprend l’alignement et la volu-métrie des constructions existantes. À l’intérieur de

la parcelle, un second corps de bâtiment se déve-loppe dans le gabarit des mitoyens et dans la conti-nuité du cœur de l’ensemble de l’îlot. Ces deuxentités sont reliées entre elles par une galerie inté-rieure à simple rez-de-chaussée généreusementouverte sur un jardin central. Ce dernier se déve-loppe entre les deux bâtiments et offre un espaceouvert de respiration qui dispense l’air, les vues et lalumière nécessaire. Le volume sur rue (R +  4) estplutôt vertical et minéral dans la continuité du pay-sage architectural de la rue de la Préfecture. L’autreest plus horizontal (R +  2). Il s’adosse sur le murmitoyen au sud et se découpe côté nord en fonctiondu recul imposé par les règles du prospect et de l’op-timisation de l’éclairage des bureaux en lumièrenaturelle. «

La façade sur rue affirme la présence institution-nelle de l’édifice. Elle décline une compositionrégulière, sobre et élégante de panneaux préfabri-qués en béton brut de décoffrage de couleur beigeclair alternant surface lisse et surface rainurée. Lespanneaux horizontaux et lisses, posés au niveaudes dalles de plancher, soulignent la stratificationdes niveaux. Les panneaux verticaux, d’une hau-teur d’étage, présentent une texture faisant appa-raître le rythme et le mouvement des veines desplanches de bois du coffrage, posées en fond demoule. Du rez-de-chaussée au 2e étage, un retraitvertical se dessine en creux dans la peau de bétonde la façade et marque l’entrée dans le bâtiment.Deux césures verticales détachent cette enveloppede béton des immeubles mitoyens et manifestentsa présence dans le paysage de la rue. La couleurdu béton, le calepinage des panneaux, le registredes textures composent un ensemble à l’architec-ture contemporaine qui s’intègre de façon harmo-nieuse à la modénature des constructions existantes.Les menuiseries en mélèze des fenêtres ainsi que

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Plan masse

Cours intérieure

Jardin central

Rue

de

la P

réfe

ctur

e

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l’habillage en zinc prépatiné du dernier étage enretrait et des parois en fond de césures accompa-gnent ce travail d’inscription.

Les façades sud-ouest des deux corps de bâtimentprésentent le même aspect. Généreusement vitrées,elles sont composées d’un mur-rideau en menui-serie bois et double vitrage avec remplissage engaz argon. Elles sont chacune protégées du rayon-nement solaire direct par un puissant brise-soleil enbéton. Les éléments porteurs verticaux sont coulésen place, tandis que les lignes horizontales sontconstituées de dalles préfabriquées. L’ensembleest en béton gris clair. Des réservations, disposéesde façon très précise en surface et en sous-face deces dalles, permettent d’enchâsser dans la trameen béton du brise-soleil des lames verticales deverre sérigraphié qui complètent le dispositif deprotection solaire. Ces brise-soleil, protégeant lesbaies exposées, arrêtent ou filtrent les rayons solai-res. Ce dispositif élimine tous risques de surchauffedans les bureaux et participe au confort du person-nel en évitant la présence de tous rayonnementsgênants sur les plans de travail.

Le rez-de-chaussée du bâtiment sur rue est occupépar les deux salles de réunions et le hall d’entrée,

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Façade sur rue. Elledécline une compositionrégulière, sobre et élégantede panneaux préfabriquésen béton brut dedécoffrage de couleurbeige clair alternantsurface lisse et surfacerainurée.

Façade sud-ouest ducorps de bâtiment en

cœur de parcelle,protégée du

rayonnement solairedirect par un puissant

brise-soleil en bétondans lequel sont

enchâssées des lamesverticales de verre

sérigraphié

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qui se prolonge par la galerie de liaison. Dans lesétages sont installés l’Association des communesforestières des Vosges, le Syndicat départementald’assainissement non collectif des Vosges, leSyndicat mixte pour l’informatisation communaleet l’Association des maires des Vosges. À chaqueniveau, un généreux palier baigné de lumière natu-relle donne accès à un couloir central qui dessert

de part et d’autre les bureaux. Un escalier sculptu-ral en béton coulé en place relie les différentsétages. L’autre corps de bâtiment est entièrementoccupé par la direction des ressources humainesdu conseil général. Les circulations bénéficientdans leur majorité d’ouvertures directes sur l’exté-rieur et d’arrivées de lumière naturelle.

Un bâtimentadministratifniveau label BBCCe nouvel immeuble de bureaux répond aux nor-mes les plus strictes en termes de dépenses éner-gétiques. Sa consommation totale se situe endessous de 65 kWh/m2/an, avec seulement15 kWh/m2/an pour le chauffage. Le chauffage deslocaux en hiver et leur rafraîchissement en été sontassurés par un plancher chauffant/rafraîchissant,qui utilise l’inertie thermique du béton. Il n’y a pasde climatisation. L’enveloppe du bâtiment fait l’ob-jet d’une étanchéité à l’air renforcée. Toutes lesdispositions constructives (liaisons équipées derupteurs, etc.) sont prises pour supprimer les pontsthermiques et 30 cm d’isolant pour les murs, voireplus dans certaines parties, permettent d’obtenirune excellente isolation thermique.

Pour un meilleur contrôle des consommations d’é-nergie, toutes les parois vitrées et les fenêtres dubâtiment sont fixes et ne peuvent être ouvertes.L’architecte Lucien Colin a cependant prévu despanneaux de ventilation qui permettent à chaqueoccupant d’avoir une possibilité d’ouverture surl’extérieur. Toutefois les occupants doivent se sen-sibiliser au fait que l’ouverture intempestive de cesventilations peut nuire aux performances BBC del’édifice.

Chaque plancher est parcouru par un réseau detuyaux intégré au cœur de la dalle en béton arméet dans lequel circule de l’eau. Pendant la périodefroide cette eau est chauffée par un générateur gazmural à condensation de 50 kW. Pendant la saisonchaude, l’eau est refroidie au travers d’un échan-geur à plaques parcouru par de l’eau froide captée

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Vue de la galerie de liaison vers le hall d’entrée.

Vue de l’escalier du bâtiment sur rue.

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dans la nappe phréatique présente sur le site à fai-ble profondeur. L’eau utilisée n’est pas rejetéedirectement dans la nappe phréatique pour évitertout risque de pollution de cette nappe. Elle estévacuée dans un ancien puits existant sur le site etconservé à cet effet. Il n’y a pas dans ce bâtimentde compresseur ou de groupe de froid pour uneclimatisation. Dans le cas de ce système de plan-cher chauffant/rafraîchissant où un réseau detuyaux est intégré au cœur de la dalle en bétonarmé (système très répandu en Allemagne et sou-haité par l’architecte), deux tiers de la chaleur oude la fraîcheur sont diffusés vers le haut et un tiersvers le bas. Du fait de la très forte inertie du sys-tème structurel et des dalles en béton, la tempéra-ture est assez uniforme dans l’ensemble du bâtiment.

Le renouvellement de l’air dans les locaux estassuré par une ventilation double flux avec récupé-ration de chaleur sur l’air extrait en période froide.La prise d’air neuf de cette ventilation est branchéesur un puits canadien assurant, selon la saison, unpréchauffage ou un prérafraîchissement de l’airneuf. Toute l’installation est gérée de façon trèsprécise par une GTC (Gestion technique centralisée).

Ce projet est lauréat du projet PREBAT (Programmede recherche et d’expérimentation sur l’énergiedans les bâtiments). Grâce à des compteurs instal-lés dans le bâtiment, l’ADEME va procéder à unecampagne de relevés de trois ans et ainsi pouvoirvérifier l’exactitude des calculs et les confronter à laréalité. Ce sont les scientifiques du CETE Est quisont en charge de la récolte des données.

Chantier : structure béton etinertie thermiqueLe chantier a commencé par la déconstruction dubâtiment existant, dont la majorité des matériauxont été recyclés. Tous les éléments de structure dunouveau bâtiment, poteaux, poutres, voiles et dal-les de planchers sont en béton coulé en place. Larigidité de la structure béton associée à des dispo-sitions constructives pertinentes (noyaux indéfor-mables, fractionnement par joints parasismiques enbloc de forme rectangulaire et compacte, etc.) per-met de répondre aux exigences de la réglementa-tion parasismique en vigueur. La portée des dallesest importante (environ 7,50 m). Ce choix permetd’obtenir des plateaux d’étages plus libres, qui off-rent une grande modularité et présentent un fortpotentiel d’évolutivité des espaces intérieurs dansle temps. Dimensionnées pour supporter unecharge de 1 tonne au mètre carré, les dalles deplanchers ont une épaisseur de 30 cm. Le systèmede plancher chauffant/rafraîchissant met à profit l’i-nertie thermique des dalles en béton armé et joueun rôle primordial dans les performances énergé-tiques de ce bâtiment dit « passif ».

Le plancher du rez-de-chaussée est construit sur unvide sanitaire inondable, afin de répondre aux exi-gences du PPRI (Plan de prévention des risques d’i-nondation). Il se situe à 40 cm au-dessus du niveaude cote des plus hautes eaux de la Moselle définidans le PPRI. Il est composé de poutres préfabri-

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INERTIE THERMIQUE

L’inertie thermique est la capacité d’un bâtiment àabsorber, puis à restituer la chaleur ou la fraîcheurde manière diffuse. Plus l’inertie est importante(plus les matériaux utilisés lors de la constructionsont lourds, plus l’inertie est importante), plus lebâtiment stockera d’énergie.

Le béton est un matériau à forte inertie thermique:

il peut capter la chaleur ou la fraîcheur ambiante, lastocker et la restituer de manière diffuse dans l’édi-

fice, favorisant ainsi les économies d’énergie pour lechauffage ou le rafraîchissement. L’inertie thermiqued’un bâtiment est obtenue en utilisant du béton

coulé en place pour construire des refends por-teurs, des murs de façades, des planchers, etc.

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quées en béton précontraint et de hourdis polysty-rène de 30 cm qui assurent l’isolation en sous-facede la dalle. Contrairement aux planchers desétages, le plancher du rez-de-chaussée est unique-ment un plancher chauffant et non un plancherchauffant/rafraîchissant. En effet, compte tenu desa constitution avec des ourdis polystyrène, ceplancher ne présente pas la même inertie que lesplanchers des étages. La plus faible épaisseur de ladalle béton est difficilement compatible avec ladensité de réseau nécessaire au rafraîchissement.Enfin et surtout, une grande surface de ce plancherdonne sur les vides des cages d’escalier. En raisonde la taille de ces volumes un rafraîchissement parle plancher n’aurait pas été très efficace.

Pour chaque plancher d’étage, du premier niveau àla toiture-terrasse, la mise en œuvre est identiquedans les deux corps de bâtiment. Les plaques hori-zontales de coffrage sont portées par un système

d’étaiement constitué de poutrelles en aluminiumtrès rapprochées les unes des autres. Cela permetde caler de façon très régulière et précise les pan-neaux de contreplaqué bakélisé qui constituent lapeau coffrante horizontale. Ce système d’étaie-ment permet d’obtenir une sous-face de dalle sansdéfaut de surface (sans décalage entre les pan-neaux coffrants). Ceci est important dans le casprésent où une grande partie des plafonds doit res-ter brute de décoffrage pour permettre à l’inertiede jouer son rôle. Pour chaque coulage de plancherune peau coffrante neuve est utilisée. Il n’y a pasde réemploi des panneaux de contreplaqué. Unefois le coffrage installé, un travail de préparation estnécessaire avant le coulage du béton. Le ferraillagebas de la dalle est mis en place (avec les écarteurspour le maintenir à distance régulière du panneaude coffrage). Ensuite le réseau des tuyaux du sys-tème de chauffage/rafraîchissement et le treillisspécifique du chauffagiste pour l’accrochage destuyaux sont mis en place. Le réseau de tuyau sesitue en coupe dans les deux tiers bas de la dalle

béton. En effet pour que le plancher chauffant/rafraîchissant soit le plus performant possible, ilfaut que la chaleur ou la fraîcheur diffusées depuisla dalle en béton soit émise vers le haut (depuis laface plancher de la dalle) comme vers le bas(depuis la face plafond de cette même dalle). Siaucune disposition n’est prise, la diffusion de cha-leur ou de fraîcheur sera beaucoup plus importantevers le haut. Une fois que toutes ces opérationssont effectuées, la dalle de béton est coulée.

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Le plancher du rez-de-chaussée, construit sur un vide sanitaire inondable, est composé de poutres préfabriquées en béton précontraint et de hourdis polystyrène de 30 cm qui assurent l’isolation en sous-face de la dalle.

Pour chaque plancher d’étage, du premier niveau à la toiture-terrasse, lamise en œuvre est identique dans les deux corps de bâtiment. Lesplaques horizontales de coffrage sont portées par un système d’étaiementconstitué de poutrelles en aluminium très rapprochées les unes desautres.

Le chauffage des locaux en hiver et leur rafraîchissement en été sontassurés par un plancher chauffant/rafraîchissant, qui utilise l’inertiethermique du béton. Chaque plancher est parcouru par un réseau detuyaux intégré au cœur de la dalle en béton armé et dans lequel circulede l’eau. Vue de la mise en place des tuyaux.

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» Les façades sont conçues de façon à ne pas avoirde ponts thermiques «, précise l’architecte. Ainsi,pour la façade sur rue, des rails métalliques sontfixés à la structure. Les panneaux de façade préfa-briqués sont accrochés sur ces rails. Cela permetd’obtenir un vide de 10 cm entre la dalle de plan-cher et chaque panneau pour réaliser la rupture depont thermique. Une première couche d’isolant enlaine de verre est mise en place, dans l’espace librede 10 cm et sur toute la hauteur des panneaux.Une couche supplémentaire de 20 cm d’isolant estrajoutée, ce qui donne au final une isolation ther-mique intérieure de 30 cm sur cette façade. Lespanneaux préfabriqués ont une épaisseur de 12 cm.

Les toitures terrasses du projet sont constituéesd’une dalle en béton armé isolée par l’extérieuravec 35 cm de laine de verre. La toiture-terrasse ducorps de bâtiment situé en cœur d’îlot est entière-ment végétalisée. La végétalisation de la toiture estréalisée avec des bacs précultivés à réserve d’eau.

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Vue des rails métalliques sur lesquels seront accrochésles panneaux en béton préfabriqués de la façade.

Détail des piéces de fixation des rails métalliques sur la structureen béton du bâtiment et vue du système de fixation mécanique

des panneaux sur les rails. On distingue aussi nettementl’espace (de 10 cm) libre entre les panneaux et le nez de dalle,

qui permet de réaliser la rupture de pont thermique.

Panneaupréfabriquéen béton

Isolant

Rail métalliquede fixation

Dalle bétonplancherchauffant/rafraîchissant

Détail sur la façade sur rue.

Panneaupréfabriqué en béton

Isolant

Rail métalliquede fixation

Dalle bétonplancherchauffant/rafraîchissant

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Tout en affirmant une architecture contemporaineharmonieusement intégrée en centre-ville, ce programme offre à ses utilisateurs des espacesconfortables et agréables. Par ses performancesénergétiques, il répond aux enjeux environnemen-taux actuels soucieux de préserver l’avenir etdémontre que consommer moins d’énergie rimeavec vivre mieux.

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L’accrochage des panneaux en béton sur les rails métalliques et la miseen place de l’isolant thermique (ici, entre, une paroi de béton coulée enplace et les panneaux de façade).

FICHE TECHNIQUE

Maître d’ouvrage : Conseil général des Vosges –Direction vosgienne du patrimoine

Maître d’œuvre : Lucien Colin, architecte manda-

taire, avec Jean-Baptiste Buret, architecte chef deprojet, et Dominique Henriet, architecte

BET Structure, fluides et économiste: BECSI-EIC

BET: ADAM (études d’exécution structure)

Ingénierie environnementale : Sophie Brindel-Beth

Entreprise gros œuvre : EIFFAGE

Préfabricant : BCM

Surface : 1780 m2 SHON

Coût : 3150000 € HT

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bien chauffer les locaux l’hiver et il existe mêmeune certaine marge. Ceci est d’autant plus remar-quable que dans la région d’Épinal la températureextérieure de base l’hiver est de -15 °C (c’est latempérature retenue pour les calculs). Certainesannées, la température peut ponctuellement des-cendre jusqu’à -20 °C, voire -30 °C. Le choix d’unechaudière haute performance à condensation estparticulièrement bien adapté au chauffage parplancher chauffant. En effet la condensation estd’autant plus efficace que le régime de tempéra-ture est bas. Dans le cas d’un plancher chauffant, lefluide chauffant est à une température de 30 °C.Ces conditions sont optimales pour ce type dechaudière et permettent d’obtenir des rendementsde l’ordre de 105 % à 110 % sur Pouvoir calorifiquesupérieur (PCS).

La ville d’Épinal étant située dans une zone de cli-mat continental, en été, il peut y avoir des épiso-des de fortes chaleurs où la température extérieureatteint, voire dépasse, les 30 °C. Pendant la saisonchaude, le rafraîchissement des locaux se fait enutilisant l’eau de la nappe phréatique. La tempéra-ture de l’eau de la nappe phréatique varie peuentre l’hiver et l’été. Elle est en moyenne de l’or-dre de 11 °C. L’eau est puisée dans la nappephréatique et conduite jusqu’à un échangeur àplaques (l’eau de la nappe ne peut pas êtreenvoyée directement dans le réseau du plancherchauffant/rafraîchissant, car elle contient des impu-retés qui risqueraient d’encrasser ce réseau). Lafraîcheur de l’eau de la nappe est récupérée auniveau de l’échangeur à plaques et transmise aufluide parcourant le réseau du plancherchauffant/rafraîchissant. L’échangeur n’a pour butque de séparer les deux réseaux de fluides. Lerafraîchissement des locaux se fait ainsi presquegratuitement par les planchers chauffant/rafraîchis-sant. La seule énergie consommée est celle utiliséepour faire fonctionner le système (par pompe). Lafraîcheur contenue dans l’eau de la nappe phréa-tique est quant à elle totalement gratuite. Grâce àce système de rafraîchissement naturel et aux pro-tections solaires des façades, il n’y a pas dans cebâtiment de compresseur ou de groupe de froidpour une climatisation. Une économie d’énergieimportante est ainsi effectuée sur un poste deconsommation habituellement majeur dans le

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Annexes

Pour en savoir plus sur le système

de chauffage/rafraîchissement

et le renouvellement d’air

L’excellente isolation du bâtiment (avec rupture depont thermique, isolation par l’intérieur, etc.) abou-tit à une déperdition minimale en terme de chauf-fage. L’hiver, ceci permet par l’intermédiaire duplancher chauffant/rafraîchissant d’assurer le chauf-fage entier de l’établissement par l’intermédiaired’une chaudière murale de 50 kW seulement. Ils’agit d’une chaudière haute performance àcondensation. Il n’y a pas besoin de chaufferie, etcette chaudière est installée dans un placard tech-nique, un véritable gain de place. Elle suffit pour

L’un des grands bureaux. Le plafond est en grande partie laissé brut de décoffrage pour le fonctionnement optimum de la dalle

de plancher/chauffant rafraîchissant.

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La GTC (Gestion technique centralisée), qui gère defaçon très précise toute l’installation (chauffage,rafraîchissement, ventilation), permet de faireapparaître sur l’écran de l’ordinateur les tempéra-tures dans chaque local, les schémas de principes,les consommations de toutes les distributions.Cette GTC permet d’avoir un tableau de bord per-manent de l’installation.

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bureau. La mise en œuvre de ce système est unepremière dans la région vosgienne. Le recul d’ex-périence d’une année d’utilisation avec un étéchaud montre que le système de rafraîchissementfonctionne très bien. La performance de la fonctionrafraîchissement est tout à fait conforme aux prévi-sions et même supérieure.

Le renouvellement de l’air dans le bâtiment se faitpar l’intermédiaire d’une ventilation double fluxavec récupération de chaleur sur l’air extrait enpériode froide. Elle assure une ventilation sanitairepermanente et réglementaire. La prise d’air neufde cette ventilation est branchée sur un puits cana-dien assurant, selon la saison, un préchauffage ouun prérafraîchissement de l’air neuf. Le réseau destubes plastiques est enterré à 1,5 m ou 2 m de pro-fondeur. Il y a à peu près 5 °C d’écart entre la tem-pérature de l’air extérieur et la température de cemême air à sa sortie du puits canadien. Par exem-ple, en hiver, si la température de l’air extérieur estde -10 °C, après passage dans le puits canadienl’air introduit dans le bâtiment sera à une tempéra-ture de -5 °C. À l’inverse, en été, si la températurede l’air extérieur est de 35 °C, après passage dansle puits canadien l’air introduit dans le bâtimentsera à une température de 30 °C.

PERFORMANCES ÉNERGÉTIQUES

Besoins de chauffage : 15 kWh/m²/an

Besoins de refroidissement : assuré par l’eau issuede la nappe phréatique

Étanchéité à l’air : < 0,6 vol./Heure sous 50 Pa

Gains par rapport aux volumes réglementaires : Ubat : -38 % - C : -52 %

PRINCIPAUX COEFFICIENTS

DE TRANSMISSION THERMIQUE (U) 

Murs extérieurs : 0,12 à 0,22 W/m² °C

Toiture : 0,18 à 0,20 W/m² °C

Plancher sur vide sanitaire (poutrelles béton ± hour-dis polystyrène de 30 cm): 0,20 W/m² °C

Fenêtres : bois à étanchéité renforcée

Vitrage (double épaisseur avec remplissage en gazargon) : UW = 1,4 W/m² °C

Vue sur la mise en œuvre du puits canadien, dansune tranchée, le long du mur mitoyen nord.

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Crédit photographiqueL. Bertau [couverture, 2, 4, 5 et 12],

Département des Vosges [9 et 13], Eiffage [10].

Graphiques et illustrations : droits réservés.

Mise en page et réalisationAmprincipe Paris – R.C.S. Paris B 389 103 805

Mise en page de la couverture : Minibus

Édition janvier 2011

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ÉCOLE FRANÇAISE DU BÉTON

7, place de La Défense

92974 Paris-La-Défense CEDEX

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