AgRiCULTURE ECOLOgiqUEMENT iNTENsiVE Produire n’est pas...

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/ 19 octobre 2012 21 Morbihan / 19 octobre 2012 AGRICULTURE ECOLOGIQUEMENT INTENSIVE Produire n’est pas un gros mot ! l Quelles réactions au discours du Président de la République ? Laurent Kerlir : Nous défendons ce principe depuis long- temps. Ce qu’il nous faut, ce sont des actes. Nous devons produire en fonction des besoins des marchés. Il était difficile de faire entendre cette évidence : la demande alimentaire mondiale augmente ! La France comme les autres pays doit y répondre. Le secteur agricole français a dégagé un excé- dent commercial de 12 milliards € en 2011. Nous pouvons contribuer plus encore au redressement économique fran- çais. Après 10 ans de plans divers de réduction du potentiel de production, il y a là un vrai challenge pour l’agriculture, inverser cette tendance. Par ailleurs, les agriculteurs bretons ont, par leurs efforts, réduit la teneur en nitrates de 20%. Les producteurs veulent qu’on leur fasse confiance, qu’on leur permette enfin d’asso- cier progrès environnemental et économie. l En quoi l’AEI est une réponse à l’enjeu ? E.T. : L’AEI est une démarche de progrès. Elle libère les éner- gies en donnant des perspectives d’évolution économique aux producteurs tout en recherchant une efficacité écologique. Dans cette démarche, chacun doit trouver sa voie, adaptée à son exploitation, à son territoire. L’AEI n’est pas basée sur un cahier des charges à respecter mais sur une approche de mutualisation d’expériences. Chaque innovation, chaque solution technique réalisée sur une exploitation peut servir de base, une fois adaptée, à une évolution des pratiques pour une autre exploitation. C’est la force des démarches partagées dans les groupes d’échanges. Les réseaux de développement sont déjà mobilisés sur ce nouveau défi. L.K. : Oui, il y a là un vrai projet collectif associant toute la profession agricole bretonne. La recherche appliquée menée par les Chambres d’Agriculture, les réseaux de développe- ment, les organisations techniques et économiques ont un rôle à jouer pour enclencher et accompagner ce processus. l Comment évaluer l’AEI ? E.T. : Les actions mises en œuvre par les agriculteurs dans la gestion raisonnée des engrais de fermes et des phytos amé- liorent la qualité de l’eau. Avec l’AEI, nous allons intensifier certains facteurs pour gagner en efficacité environnementale tout en préservant notre production et notre revenu. L’AEI est une démarche de progrès adaptable à tous les systèmes de production et c’est par l’engagement d’un maximum d’agri- culteurs que se mesureront les résultats. l Que penser des critiques opposant l’AEI et l’agriculture biologique ? L.K. : L’AEI n’est ni un label ni un signe de qualité, c’est une démarche de progrès. Certaines expériences à valoriser proviennent de l’agriculture biologique. Chacun doit pouvoir s’engager dans le projet qui lui convient. L’agriculture biolo- gique se développe et elle va se développer en fonction des opportunités et des marchés. L’enjeu est de tirer un revenu de son métier et répondre aux besoins alimentaires, en pro- duits conventionnels et en produits issus de l’agriculture biologique. "Produire mieux pour produire plus". Dans son discours du Space, le Président de la République a proposé un nouveau challenge à l’agriculture. Il replace la production de denrées alimentaires au cœur des priorités. L'Agriculture Ecologiquement Intensive (AEI) apparaît comme une réponse à cet enjeu. Questions à Eric Touzard, président de l’UDGVA et à Laurent Kerlir, président de la FDSEA du Morbihan. Propos recueillis par Michel Demon

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21Morbihan/ 19 octobre 2012 21Morbihan/ 19 octobre 2012

AgRiCULTURE ECOLOgiqUEMENT iNTENsiVE

Produire n’est pas un gros mot !

l quelles réactions au discours du Président de la République ?Laurent Kerlir : Nous défendons ce principe depuis long-temps. Ce qu’il nous faut, ce sont des actes. Nous devons produire en fonction des besoins des marchés. Il était difficile de faire entendre cette évidence : la demande alimentaire mondiale augmente ! La France comme les autres pays doit y répondre. Le secteur agricole français a dégagé un excé-dent commercial de 12 milliards € en 2011. Nous pouvons contribuer plus encore au redressement économique fran-çais. Après 10 ans de plans divers de réduction du potentiel de production, il y a là un vrai challenge pour l’agriculture, inverser cette tendance. Par ailleurs, les agriculteurs bretons ont, par leurs efforts, réduit la teneur en nitrates de 20%. Les producteurs veulent qu’on leur fasse confiance, qu’on leur permette enfin d’asso-cier progrès environnemental et économie.

l En quoi l’AEi est une réponse à l’enjeu ?E.T. : L’AEI est une démarche de progrès. Elle libère les éner-gies en donnant des perspectives d’évolution économique aux producteurs tout en recherchant une efficacité écologique. Dans cette démarche, chacun doit trouver sa voie, adaptée à son exploitation, à son territoire. L’AEI n’est pas basée sur un cahier des charges à respecter mais sur une approche de mutualisation d’expériences. Chaque innovation, chaque solution technique réalisée sur une exploitation peut servir de base, une fois adaptée, à une évolution des pratiques pour une autre exploitation. C’est la force des démarches partagées dans les groupes d’échanges. Les réseaux de développement sont déjà mobilisés sur ce nouveau défi. L.K. : Oui, il y a là un vrai projet collectif associant toute la profession agricole bretonne. La recherche appliquée menée par les Chambres d’Agriculture, les réseaux de développe-ment, les organisations techniques et économiques ont un rôle à jouer pour enclencher et accompagner ce processus.

l Comment évaluer l’AEi ?E.T. : Les actions mises en œuvre par les agriculteurs dans la gestion raisonnée des engrais de fermes et des phytos amé-liorent la qualité de l’eau. Avec l’AEI, nous allons intensifier certains facteurs pour gagner en efficacité environnementale tout en préservant notre production et notre revenu. L’AEI est une démarche de progrès adaptable à tous les systèmes de production et c’est par l’engagement d’un maximum d’agri-culteurs que se mesureront les résultats.

l que penser des critiques opposant l’AEi et l’agriculture biologique ?L.K. : L’AEI n’est ni un label ni un signe de qualité, c’est une démarche de progrès. Certaines expériences à valoriser proviennent de l’agriculture biologique. Chacun doit pouvoir s’engager dans le projet qui lui convient. L’agriculture biolo-gique se développe et elle va se développer en fonction des opportunités et des marchés. L’enjeu est de tirer un revenu de son métier et répondre aux besoins alimentaires, en pro-duits conventionnels et en produits issus de l’agriculture biologique.

"Produire mieux pour produire plus". Dans son discours du space, le Président de la République a proposé un nouveau challenge à l’agriculture. il replace la production de denrées alimentaires au cœur des priorités. L'Agriculture Ecologiquement intensive (AEi) apparaît comme une réponse à cet enjeu. questions à Eric Touzard, président de l’UDgVA et à Laurent kerlir, président de la FDsEA du Morbihan.

Propos recueillis parMichel Demon

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Agenda

22 Morbihan / 19 octobre 2012

Département

22/10 - Point info dépistage cancer du sein à Pontivy La MSA des Portes de Bretagne, l’Adecam et la Ligue contre le can-cer du Morbihan organisent un point d’information sur le dépistage du cancer du sein le lundi 22 octobre sur le marché de Pontivy (de 9h et 13h). Des médecins seront à votre disposition pour répondre à toutes vos questions et vous sensibiliser à ce grand programme de santé publique. Rappelons que le dépistage précoce reste la meilleure façon de prévenir le risque de cancer.23/10 - Gestion des accidents du travailLa FDSEA du Morbihan invite les employeurs à une conférence sur "la gestion administrative des accidents du travail et maladies pro-fessionnelles" qui se tiendra mardi prochain, le 23 octobre, à 14h à la maison de l’agriculture de Vannes avec intervention de la MSA.23/10 - Rendez-vous "Découverte" de la bio à KervignacPour sensibiliser les agriculteurs aux enjeux de l’agricul-ture biologique tout en diffusant les nombreuses références techniques issues des recherches menées au sein de son réseau et en Bretagne, la chambre d’agriculture, avec ses partenaires, Union des GVA - FDcuma, organise un nou-veau rendez-vous "Découverte" de la bio, mardi 23 octobre de

13h30 à 17h, chez René Kermagoret, le Hingair à Kervignac. Journée gratuite, fléchage à partir du bourg de Kervignac. Inscription et renseignements : Mathilde Coisman-Molica, conseiller spécialisé AB au 02 97 46 22 36

Secteur D'hennebont 23/10 - Visite de l’essai variétés Maïs grainLe GVA de Port Louis-Belz propose une visite de l’essai variétés maïs grain mis en place dans le cadre du pôle recherche appliquée des chambres d’agriculture de Bretagne le mardi 23 octobre de 10h30 à 12h. Accès à la parcelle par le parking de co-voiturage de l’échangeur de Locoyarn à Hennebont (axe Lorient-Vannes)Contact renseignements : antenne locale de la chambre d’agricul-ture du Morbihan à Hennebont au 02 97 36 13 33

Secteur De ploërmel19/10 - Vente de choux-fleurs par le GVA de PloërmelLe vendredi 19 octobre, aura lieu une vente de choux-fleurs, de 9h à 12h, sur le marché, les parkings du Super U, Intermarché et Leclerc de Ploërmel. Cette action est à l’initiative du Groupement de Vulgarisation Agricole (GVA) de Ploërmel en collaboration avec des élèves du lycée La Touche.Contact renseignements : antenne locale de la chambre d’agricul-ture du Morbihan à Ploërmel au 02 97 74 00 60

L'agronomie au centre de l’exploitation laitièreLe groupe AEi du gVA d’Hennebont s’est déplacé le 28 septembre dernier dans le Finistère à la rencontre de Jean-Hervé Caugant producteur laitier pour échanger sur ses pratiques.

Depuis un an, 10 agriculteurs du GVA d’Hennebont se sont constitués en groupe de travail, afin d’avancer ensemble et concrètement sur leur vision de l’AEI et ses applications pos-sibles à l’échelle de leurs exploitations.Ces agriculteurs ont souhaité visi-ter des exploitations répondant à ces enjeux et ont réalisé une première visite chez leur voisin Jean-Hervé Caugant, producteur de lait bio en Finistèreavec 180 ha de culture. Un focus particulier y a été fait sur la production végétale et l’agronomie conciliées aux aspects économiques.

Anticiper les aléasDans le cadre de sa démarche AEI, Jean-Hervé Caugant a bien mis en exergue sa stratégie alimentaire avec un objectif majeur : ne pas être à court de fourrage. Ainsi, quelle que soit la période de l’année, ses parcelles sont semées avec un mélange de plusieurs espèces (pâture, céréales). Un autre élément a été souligné : il sèche son

foin pour en optimiser la valeur alimen-taire et la conservation de ce dernier.

"sol vivant !" "Le sol vit, prenez en soin !", c’est l’en-seignement principal de cette visite pour les membres du groupe. En effet, le sol est le support et le pourvoyeur des besoins alimentaires et physiolo-giques de la plante qui sert à nourrir les animaux. Un sol sain leur fournira une alimentation saine et équilibrée.Pour apprendre à mieux connaître et utiliser le sol, la prochaine étape pour

le groupe sera la formation du jeudi 25 octobre intitulée "j’évalue l’activité bio-logique du sol". Comme ces agriculteurs du GVA d’Hen-nebont vous souhaitez participer à cette formation AEI ouverte à tous ? contac-tez votre antenne locale chambre d’agriculture pour plus d'information ou pour vous inscrire.

Marie Loridan Animatrice agricole [email protected]

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Coûts de santé : quels leviers ?

17Morbihan/18 janvier 2013

Réduire les coûts de la santé en élevage est un objectif largement partagé par bon nombre d’exploitations. Afin d’apporter des réponses concrètes et des solutions à mettre en place, la chambre d’agriculture du Morbihan, le GDS 56 et l’Union des GVA proposent, une formation ouverte à l’ensemble des agriculteurs.

La première session de for-mation "Agir sur le coût de la santé animale" a permis à 10 agriculteurs et agri-cultrices de faire le point sur les charges opération-nelles et les résultats de leur élevage.L’objectif de cette formation est en effet, d’apporter aux participants une réponse personnalisée avec les avantages d’une formation collective et de dépasser les idées reçues sur les dépenses liées à la santé du troupeau.

Une analyse précisedes dépensesChaque participant analyse les dépenses de santé liées à son troupeau en dépouil-lant les factures d’un exer-cice comptable grâce à l’intervention de Marylise Le Guennic, vétérinaire à la chambre d'agriculture du Morbihan.Dans une grille dévelop-pée par l’école vétéri-naire de Nantes, chaque dépense est répartie en fonction des catégories d’animaux et de son carac-tère préventif ou curatif.Les montants sont saisis dans un tableau excel puis comparés individuellement à des références bretonnes.

Modifierses pratiquesafin de réduireles coûtsLes éventuels leviers d’ac-tion sont ainsi rapidement identifi és."Grâce à ce travail, je me suis rendu compte que j’uti-lisais une quantité impor-tante de produit de trem-page post-traite dont le coût n’est pas négligeable. J’ai diminué les doses de près de 30%, réalisant une économie estimée à 300 € par an" explique un participant.Se comparer à des réfé-rences permet d’avoir des repères précis et véri-fier si son ressenti sur les dépenses de santé est justifi é." C e t exe rc i ce p e r m e t d’avoir une vision globale des dépenses de santé et pas uniquement les fac-tures vétérinaires". Autre avantage de la formation en groupe, la possibilité de comparer les tarifs des vétérinaires entre agricul-teurs, souvent révélateur d’importants écarts. Après un apport sur les outils informatiques disponibles pour surveiller la santé du troupeau, la première journée se conclue avec le choix par les participants de deux ou trois thèmes à traiter pour la journée sui-vante (les maladies du veau, la qualité du lait ou les boi-teries par exemple).

Des solutions directement applicablesIvanne Leperlier vétéri-naire au GDS 56 intervient en deuxième journée avec un apport théorique et des conseils pratiques facile-ment applicables.Selon un participant, "cette intervention très pratique permet de faire le point sur son système et réfléchir à un changement de ses habitudes pour faire des économies, même si tous les conseils ne sont pas

applicables sur son exploi-tation". Les agriculteurs ayant suivi cette première session ont tous exprimé le souhait d’approfondir d’autres thématiques pour encore mieux maîtriser la santé du troupeau.

Pour obtenir plus d’infor-mations sur cette formation et s’inscrire, vous pouvez consulter le site web www.formation-agriculteurs.com ou contacter votre antenne locale chambre d’agriculture.

Morbihan/18 janvier 2013/18 janvier 2013

Avec Ivanne Leperlier, lors de l'apport théorique avec ses conseils pratiques.

Carine MégneaudAnimatrice Projet [email protected]

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journée d’échange

"et si on abordait l’agronomie autrement ?"cet automne, suite à la création de nov’agri, (toute jeune association issue de la fusion des 6 gVa du pays de Pontivy), des agriculteurs du territoire se sont réunis pour constituer le groupe agronomie. leurs objectifs : réfléchir en groupe pour renforcer leur autonomie et optimiser l’utilisation des intrants sur leurs cultures.

Pour ce groupe d’agriculteurs, il s’agit de rester en veille sur les innovations et les nouveautés à tester. Cela repose sur l’échange de pratiques et le partage d’expériences, au travers de réunions d’information et de formations en fonc-tion des préoccupations des différents participants (raisonnement technique, nouvelles pratiques, nouveaux maté-riels, réglementation, etc.). Des inter-ventions techniques sur le terrain leur sont proposées, sous forme de tests et de démonstrations au champ, de visites de parcelles, de visites d’essais et de visite d’exploitations. Ce sont les agri-culteurs du groupe qui définissent eux-mêmes le programme.

Première initiative : une journée technique pour tousAfin d’initier le lancement du groupe, ses membres ont souhaité organiser une journée d’échange sur l’agronomie le 7 février prochain. Gratuite et ouverte à tous, cette journée a pour ambitions :- de positiver l’agronomie : la réduction d’intrants sur les cultures est trop sou-vent abordée avec un ton accusateur qui démotive les agriculteurs. Pourtant, les pratiques ont évolué, les agriculteurs testent de nouvelles techniques, chacun à son rythme et selon les atouts et les contraintes de son système de cultures. - de rassembler des agriculteurs afin d’enrichir les échanges, en ayant en

tête que chaque adhérent du groupe travaille différemment, mais qu’il existe un objectif commun : la recherche de solutions pour optimiser vos systèmes de production.- de se connaître pour que chacun se sente à l’aise dans le groupe et puisse facilement prendre part aux discussions.

18 Morbihan /25 janvier 2013

en pratique :

Le jeudi 7 février de 10h à 16h30 à Kerguéhennec à Bignan.

Au programme : - Retour sur le plan Ecophyto 2018 avec présentation du réseau d’agricul-teurs Dephy Ferme Ecophyto multipartenariats 56 et échanges : comment les agriculteurs du groupe travaillent ensemble pour atteindre les objectifs de réduction d’utilisation des produits phyto visés dans le programme Eco-phyto 2018 ? Avec le témoignage d’un agriculteur membre du réseau.- Repas sur place (à la charge des participants : 12,40 €)- Echange de pratiques et discussion autour de la notion d’AEI, Gratuite et ouvert à tout agriculteur du pays de Pontivy.Inscription préalable indispensable, jusqu’au 1er février, par téléphone au 02.97.28.31.30 ou par mail à [email protected].

Céline Bruzeau Conseillère agronomie Caroline Cornet Animatrice de projets territoriaux

Matériels de désherbage mécanique et techniques combinées sont à découvrir.

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15Morbihan/ 7 décembre 2012

GroUPES CULtUrES

tests grandeur natureLes groupes cultures des GVA testent de nouvelles techniques de cultures en grandeur réelle dans quelques parcelles : vitrine de variétés de blé, nouveaux couverts Cipan, test colza...

Depuis 4 ans maintenant, le groupe cultures du GVA de Guer met en place une vitrine de variétés récentes de blé. L’objectif est de connaître leur com-portement face aux maladies et de les comparer aux références. Cette année les variétés testées sont : Rubisko, Valmo, Ronsard, Croisade, Cellule, Tulip, Hytech (hybride) et le témoin est Arezzo. Tulip est testée une deuxième année après son bon résultat l’année dernière. Croisade est ciblée pour la production de paille. La parcelle en essai sert de support pour les rendez-vous "bout de champs" aux moments clés du cycle de la culture pour les agri-culteurs du groupe.

Explorer l’intérêt agronomique de nouveaux couverts CIPANL’un des membres du groupe de Guer souhaitait également tester différents

couverts végétaux entre céréales et maïs en non-labour. Les mélanges Biomax (radis, tournesol, avoine, pha-célie), Sanicouv (sarrasin, phacélie, moutarde) et chloro plus 2 (radis, pha-célie, moutarde) ont été semés début août. Avec une production de 2.2 t à 3 t de MS /ha, les couverts ont absorbé (au 8 novembre) de 38 à plus de 45 unités d’azote. La facilité de destruction sera le prochain point à observer ainsi que le salissement de la parcelle pour la culture suivante. Petit bémol, le coût de ces mélanges est supérieur à 40 €/ha (42 à 70 €/ha).

test colza associéRéduire le désherbage en couvrant le sol rapidement à l’automne, améliorer la nutrition azotée du colza par la pré-sence de légumineuses (30 unités si le couvert se développe bien) et gagner 2 à 3 quintaux… Les objectifs de cette technique sont ambitieux !Le groupe Expériculture compte 2 tests de colza associé. Une parcelle est située à Mohon et l’autre à St Abraham. Les couverts associés testés sont com-posés de :- trèfle d’Alexandrie/ vesce commune/

vesce pourpre (mélange Jouffray-Drillaud) semé à 22 kg/ha (envion 60€/ha)

- gesse/lentille/trèfle d’Alexandrie (mélange Caussades)

Une inconnue reste à vérifier : la des-truction par le gel de ce couvert qui doit laisser la place au colza à la reprise de végétation. A suivre donc ! D’autres parcelles tests de colza asso-cié sont implantées dans les différents secteurs avec les GVA qui cherchent des techniques "AEI" agriculture Ecologiquement intensive (Pontivy, Hennebont, Vannes et Questembert) ou avec les fermes du réseau Dephy ecophyto. Un bilan sera fait en fin de campagne pour vérifier les effets positifs sur le rendement et sur la réduction des pro-duits phytosanitaires.

Philippe LannuzelConseiller [email protected]

Colza associé.

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GVa de la région de Vannes : une nouvelle dynamique

a de la région de Vannes ont décidé de se restructurer et d’impulser des projets adaptés au territoire et aux exploitations.

En effet, lors des dernières assemblées générales cantonales en avril dernier, les adhérents ont validé la proposition de fusionner les 4 GVA de la région de Vannes. Une décision qui devenait iné-vitable face à la diminution du nombre d’exploitations et au besoin d’alléger le fonctionnement.

l’assemblée générale extraordinaire fixée le 11 décembreDepuis le printemps, les responsables ont précisé le projet de la future asso-ciation. Celui-ci sera présenté lors de l’assemblée générale extraordinaire et soumis au vote des adhérents. Un des points importants est d’accompagner les agriculteurs dans la mise en œuvre

de projets, sans se limiter à la mise en place d’actions ponctuelles. Qui dit projet, dit implication des agriculteurs sur le thème qui les intéresse, avec un objectif à atteindre décidé par les par-ticipants eux mêmes. Les responsables n’ont pas attendu pour initier des projets. L’un porte notamment sur l’optimisation de l’usage des produits phytosanitaires.

En effet, il est primordial que les agri-culteurs puissent comparer leurs pra-tiques, tester de nouvelles conduites culturales adaptées au secteur, repé-rer ce qui fonctionne bien. Pour lancer cette démarche, une journée est orga-nisée le 20 novembre (cf encadré), elle est ouverte à tous les agriculteurs.

/ 16 novembre 2012

Mardi 20 novembre de 10h30 à 16h. Rendez-vous salle des Ma-ronniers à Theix. Au programme : présentation du réseau Ferme Ecophyto 56, témoignages, visite d’une exploitationInscription auprès de Marie Hé-lène Desdevises au 02 97 46 22 58

Fabrice Piveteau Responsable antenne de Vannes [email protected]

le secteur géographique des GVa de la région de Vannes

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Pages spéciales

Morbihan

/ 7 décembre 2012 13

Idéa, Nov'agri... Les groupes de développement agricole du Morbihan muent. Sous les habits neufs de leur modernisation, le sens du collectif demeure, au service de projets, de formations, d'actions et d'innovations. Et l'AEI est un cap que dessine l’Union des GVA.

On attendait Michel Griffon, le créateur de l'AEI pour en parler, mais ce n'est qu'un message enregistré qui aura été diffusé à l'assemblée réunie au siège du Crédit Agricole du Morbihan pour l'AG de l'UDGVA, mardi dernier. Car si le papa de l'AEI venait d'être retenu par Stéphane Le Foll, ministre de l'agri-culture, c'était pour y défendre dans la loi "une formule contractuelle qui redonnerait aux agriculteurs la liberté d'entreprendre ce que leur empêche l'empilement réglementaire actuel". A suivre... Mais pendant ce temps, à Vannes, Gilles Chauviet, a témoigné concrète-ment de son engagement dans l'AEI. Car le concept gène aux entournures. "On nous dit souvent, comment peut on être écologique et intensif ?", pointe un responsable de GVA depuis la salle. Un semblant de paradoxe qui pourrait expliquer le retard à l'allumage dont souffre l'AEI dans le Morbihan. "On n'avance pas aussi vite que les autres", constate, à regret, Eric Touzard, pré-sident de l'UDGVA sur cette manière de "produire autrement dont il faut que les agriculteurs soient les acteurs". Une nouvelle façon de faire pourtant "por-teuse d'espoir, car au travers de cette démarche centrée sur l'agronomie, on redonne de l'autonomie", estime Nicole Le Peih, président de l'UDGVA. Il y a donc urgence à convaincre.

Du confort à la responsabilité et l'autonomieC'est par la preuve que Gilles Chauviet, agriculteur à Moyet dans la Sarthe, ancien président de l'union des Geda de ce département est venu faire part de son expérience. Alors pourquoi changer pour l'AEI ? "Parce qu'on avait délégué savoirs et compétences à nos techni-ciens. On était dans le confort. En cas de problème, on les appelait. J'avais l'im-pression de ne plus être qu'un exécu-tant". Une situation inconfortable pour cet éleveur laitier en Gaec, avec porcs et volailles de Loué. "Avant on avait des groupes thématiques ; lait...cultures....Or, chaque acte de production est lié à un autre, on a décloisonné, cela nous a fait travailler sur tout un tas de choses. On a appelé notre réseau Trame, bâti une formation. On s'est redécouvert dans nos métiers, l'important étant de trouver des solutions à nos problèmes. Certains avaient trouvé des choses, pratiquaient depuis 20 ans le non

labour. Une somme de compétences et c'était valorisant. Dès qu'on buttait, on invitait un chercheur. Non pas pour un cours magistral mais pour répondre à nos questions", raconte -t-il . De retour sur leurs exploitations, les membres du groupe continuent, essaient, échangent et travaillent en intergroupe. "Cela nous permet de corriger, d'avoir de meilleurs résultats". Et s'il n'est pas question de faire n'importe quoi, "on ne s'interdit rien. J'essaye d'utiliser des processus plus vertueux mais, si je n'y arrive pas, je peux garder un passage chimique. L'intérêt, c'est la mixité du travail". Changer de pratiques demandera du temps : "peut être 10 ou 15 ans pour faire 10 quintaux de plus, et une deu-xième récolte avec l'inter-culture, en nourrissant le sol et non plus la plante pour que l'écosystème fonctionne bien. Pas pour produire plus, plus grand mais bien, avec ce que l'on a".

Claire Le Clève

Produire autrement, nouveau défi pour gagner en autonomie

Avec Eric Touzard, à gauche, Gilles Chauviet, agriculteur à Moyet dans la Sarthe a témoigné de son expérience en groupe sur l'AEI.

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21Morbihan/ 19 octobre 2012 21Morbihan/ 19 octobre 2012

AgRiCULTURE ECOLOgiqUEMENT iNTENsiVE

Produire n’est pas un gros mot !

l quelles réactions au discours du Président de la République ?Laurent Kerlir : Nous défendons ce principe depuis long-temps. Ce qu’il nous faut, ce sont des actes. Nous devons produire en fonction des besoins des marchés. Il était difficile de faire entendre cette évidence : la demande alimentaire mondiale augmente ! La France comme les autres pays doit y répondre. Le secteur agricole français a dégagé un excé-dent commercial de 12 milliards € en 2011. Nous pouvons contribuer plus encore au redressement économique fran-çais. Après 10 ans de plans divers de réduction du potentiel de production, il y a là un vrai challenge pour l’agriculture, inverser cette tendance. Par ailleurs, les agriculteurs bretons ont, par leurs efforts, réduit la teneur en nitrates de 20%. Les producteurs veulent qu’on leur fasse confiance, qu’on leur permette enfin d’asso-cier progrès environnemental et économie.

l En quoi l’AEi est une réponse à l’enjeu ?E.T. : L’AEI est une démarche de progrès. Elle libère les éner-gies en donnant des perspectives d’évolution économique aux producteurs tout en recherchant une efficacité écologique. Dans cette démarche, chacun doit trouver sa voie, adaptée à son exploitation, à son territoire. L’AEI n’est pas basée sur un cahier des charges à respecter mais sur une approche de mutualisation d’expériences. Chaque innovation, chaque solution technique réalisée sur une exploitation peut servir de base, une fois adaptée, à une évolution des pratiques pour une autre exploitation. C’est la force des démarches partagées dans les groupes d’échanges. Les réseaux de développement sont déjà mobilisés sur ce nouveau défi. L.K. : Oui, il y a là un vrai projet collectif associant toute la profession agricole bretonne. La recherche appliquée menée par les Chambres d’Agriculture, les réseaux de développe-ment, les organisations techniques et économiques ont un rôle à jouer pour enclencher et accompagner ce processus.

l Comment évaluer l’AEi ?E.T. : Les actions mises en œuvre par les agriculteurs dans la gestion raisonnée des engrais de fermes et des phytos amé-liorent la qualité de l’eau. Avec l’AEI, nous allons intensifier certains facteurs pour gagner en efficacité environnementale tout en préservant notre production et notre revenu. L’AEI est une démarche de progrès adaptable à tous les systèmes de production et c’est par l’engagement d’un maximum d’agri-culteurs que se mesureront les résultats.

l que penser des critiques opposant l’AEi et l’agriculture biologique ?L.K. : L’AEI n’est ni un label ni un signe de qualité, c’est une démarche de progrès. Certaines expériences à valoriser proviennent de l’agriculture biologique. Chacun doit pouvoir s’engager dans le projet qui lui convient. L’agriculture biolo-gique se développe et elle va se développer en fonction des opportunités et des marchés. L’enjeu est de tirer un revenu de son métier et répondre aux besoins alimentaires, en pro-duits conventionnels et en produits issus de l’agriculture biologique.

"Produire mieux pour produire plus". Dans son discours du space, le Président de la République a proposé un nouveau challenge à l’agriculture. il replace la production de denrées alimentaires au cœur des priorités. L'Agriculture Ecologiquement intensive (AEi) apparaît comme une réponse à cet enjeu. questions à Eric Touzard, président de l’UDgVA et à Laurent kerlir, président de la FDsEA du Morbihan.

Propos recueillis parMichel Demon