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UNIVERSITE DE TOURS UFR DE MEDECINE-TOURS & AFRATAPEM Association Française de Recherche & Applications des Techniques Artistiques en Pédagogie et Médecine EXPERIENCE D ART-THERAPIE A DOMINANTE MUSIQUE AUPRES DE PERSONNES SEROPOSITIVES Mémoire de fin d'études du Diplôme Universitaire d'Art-thérapie De la Faculté de Médecine de TOURS Présentée par Marie-France AUJARD Année 2011 lieux de stage : Hôpital Bretonneau réseau Ville-Hôpital VIH37 bld Tonnelé 37000 TOURS et Sous la direction de: Association AIDES MR le Dr J.P. LAMAGNERE Avenue de la Tranchée Professeur en Cancérologie 37000 Tours

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UNIVERSITE DE TOURSUFR DE MEDECINE-TOURS

&

AFRATAPEMAssociation Française de Recherche & Applications des Techniques Artistiques en Pédagogie et Médecine

EXPERIENCE D ART-THERAPIE A DOMINANTE MUSIQUEAUPRES DE PERSONNES SEROPOSITIVES

Mémoire de fin d'études du Diplôme Universitaire d'Art-thérapie

De la Faculté de Médecine de TOURS

Présentée par Marie-France AUJARD

Année 2011

lieux de stage :Hôpital Bretonneauréseau Ville-Hôpital VIH37bld Tonnelé 37000 TOURS

et

Sous la direction de: Association AIDESMR le Dr J.P. LAMAGNERE Avenue de la TranchéeProfesseur en Cancérologie 37000 Tours

UNIVERSITE DE TOURSUFR DE MEDECINE-TOURS

&

AFRATAPEMAssociation Française de Recherche & Applications des Techniques Artistiques en Pédagogie et Médecine

EXPERIENCE D ART-THERAPIE A DOMINANTE MUSIQUEAUPRES DE PERSONNES SEROPOSITIVES

Mémoire de fin d'études du Diplôme Universitaire d'Art-thérapie

De la Faculté de Médecine de TOURS

Présentée par Marie-France AUJARD

Année 2011

lieux de stage :Hôpital Bretonneauréseau Ville-Hôpital VIH37bld Tonnelé 37000 TOURS

et

Sous la direction de: Association AIDESMR le Dr J.P. LAMAGNERE Avenue de la Tranchée Professeur en Cancérologie 37000 Tours

REMERCIEMENTS

Je remercie :

Mon directeur de mémoire, Mr Lamagnère J.P. Professeur en cancérologie, pour sa disponibilité et ses conseils avertis.

Tous ceux qui m'ont aidée et soutenue dans mon travail, particulièrement mon ami et ma soeur.

Madame muriel Chevalier psychologue, et Madame Gys Lecomte présidente de Aides, pour l'aide qu'elles m'ont apportée à l'occasion de mes stages.

Merci également à toutes les personnes ayant suivi les séances d'art-thérapie.

Mr et Mme Coyne Patrice et Catherine, des amis, pour leur soutien. Merci à Bérangère, Caroline, Marie-Christine, Gildaas, des amis.

1

PLAN

EXPERIENCE D’ART THERAPIE à dominante musique auprès de personnes séropositives.

REMERCIEMENTS ................................................................................................................1

PLAN .........................................................................................................................................2

GLOSSAIRE............................................................................................................................8

INTRODUCTION ...................................................................................................................9

PREMIERE PARTIE

A°) l'infection par le VIH est responsable d'une épidémie mondiale oupandémie.............................................................................................................................10

I) Les connaissances médicales et scientifiques ont permis une identification rapide de la maladie.....................................................................................................................................10 a) l'infection par le VIH est découverte au cours des années 80..............................................10

b) Le dépistage est la première étape vers une prise en charge médicale................................11

c) L'évolution des traitements permet une meilleure qualité de vie.........................................12

d) Différentes maladies peuvent s'ajouter à la pathologie du VIH ..........................................12 e) L'infection par le VIH devient une maladie chronique........................................................12

II) l'infection par le VIH implique des difficultés psychologiques.........................................13

a) L'annonce du diagnostic pose la question du secret ou de l'aveu, amène parfois à dessentiments de culpabilité, de honte..........................................................................................13 b) L'introduction des traitements réactive des situations difficiles pour les patients...............13

c) Les effets secondaires des médicaments sont nombreux.....................................................14

d) L'observance thérapeutique est un parcours à vie difficile pour les patients.......................14

2

e) La prise de risque est toujours existante...............................................................................15

III) L ' infection par le VIH peut entraîner une dégradation des conditions de vie despersonnes.................................................................................................................................15

a) L’emploi et le VIH ont parfois des difficultés de cohabitation, d'où de nombreuxproblèmes sociaux....................................................................................................................15

a1) La réinsertion professionnelle reste problématique..........................................................15

a2) Les revenus diminuent.......................................................................................................16

b) La discrimination des personnes séropositives reste fréquente...........................................16 c) Des associations d'aides et de soutien auprès des personnes séropositives se sontdéveloppées..............................................................................................................................16

Les chiffres du sida en Indre et Loire sont stables...................................................................17

d1) Moyenne d'âge des patients contaminés............................................................................17

d2)Modes de transmission..................................................................................18

B) La pratique musicale est une activité artistique qui favorise les capacitésd'expression et relationnelles de l 'être humain.............................................19

I) L' art est une activité orientée vers l'esthétique..................................................................19

a) L'art est accessible à tous....................................................................................................19

b) L'art est une activité dirigée vers l'esthétique......................................................................19

c) L'art a un pouvoir expressif..................................................................................................20 II) La musique est une activité très ancienne..........................................................................21

a) L'origine de nos ancêtres remontent à environ 10 millions d'années.................................21

b) Nos ancêtres sont âgés d'environ 3,5 millions d'années.....................................................22

c) La musique est apparue vraisemblablement avec la naissance des êtres vivants...............22 c1) Le langage est constitué de sons.......................................................................................23

c2) La musique présente des similitudes avec le langage.......................................................23

c3) La musique a été associée à la magie...............................................................................24

3

c4) De tous temps, la musique a été reconnue comme ayant des vertus thérapeutiques........25

d) La musique a une place importante dans notre société........................................................25

III) La musique est une technique spécifique qui favorise l'expression.................................26

a) Le but de l'être humain est la bonne santé et le bien-être.....................................................26

b) La musique instrumentale peut favoriser l'expression ........................................................26

c) La pratique instrumentale permet à la personne VIH de s'affirmer......................................27

d) La musique instrumentale et vocale implique des mécanismes psychiques........................27 d1) Elles sollicitent l'imaginaire...............................................................................................27

d2) Elles favorisent la fonction mnésique, la concentration....................................................28

e) La musique implique le corps............................................................................................. 28 f) La musique influence l'émotionnel......................................................................................28

C) La musique permet aux personnes séropositives de restaurer l'estime de soi..........29

I) L'art thérapie est une méthode qui utilise le potentiel artistique à des fins humanitaires etthérapeutiques..........................................................................................................................29

Définition de l'art-thérapie.......................................................................................................29a) L'art thérapie est l'exploitation du potentiel artistique à des fins humanitaires etthérapeutiques. ........................................................................................................................29

b) Le phénomène artistique est la base du travail de l'art thérapeute.......................................30

c) La qualité de la relation art-thérapeute/patient est importante dans ce processus desoin...........................................................................................................................................31 II) La personne VIH peut bénéficier de l'art thérapie pour son épanouissement personnel.................................................................................................................................31

a) Au cours de l'atelier d'art thérapie, le patient VIH peut s'affirmer en tant que personne....31

b) durant l'atelier d'art thérapie, le regard des autres peut favoriser le développement del'estime de soi...........................................................................................................................31

c) L'exploitation du potentiel artistique permet d'affirmer sa personnalité.............................32

DEUXIEME PARTIE

A) Le réseau ville hôpital vih37, à l'hôpital Bretonneau, l'association AIDES sont des lieux de soins, d'écoute où le patient est pris en charge dans sa globalité.....................................................................................33

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I) Le réseau ville hôpital vih37, est un lieu où le patient est pris en charge dans sa globalité......................................................................................................................33

a) Le réseau vih37 est une entité au sein de l'hôpital...............................................................33

b) c’est également un partenariat entre le réseau et différentes associationsrelative au VIH.........................................................................................................................33c) La prise en charge du patient est multiple............................................................................34

II) L'association AIDES est un lieu d'écoute, de rencontres, de soutien..................................34

a) L'association AIDES a été crée à l'initiative des personnes VIH.........................................34

b) Une équipe de salariés et de volontaires en assure le fonctionnement................................35

c)Les objectifs de l'association AIDES sont la prévention, la réduction des risques, le soutien envers les patients et leurs proches.....................................................35 B) Une prise en charge d'art thérapie se mets en place à l'hôpital et à l'association AIDES ........................................................................................................35

I) A l'hôpital, une prise en charge individuelle du patient se met en place.............................35

a) Un projet thérapeutique est élaboré......................................................................................35b) Des outils d'observation sont fixés afin d'évaluer la prise en charge du patient..................36

II) L'atelier d'art thérapie émerge au sein de l'association......................................................36

a) l'atelier doit avoir un cadre déterminé..................................................................................36

b) Un protocole de prise en charge thérapeutique doit être établi............................................36

c)La détermination de l'objectif permet le suivi des patients...................................................37

d) Des outils d'observation sont nécessaires pour une évaluationadaptée de la prise en charge des patients................................................................................37C) Les études de cas décrivent l' expérience d'art thérapie. .............................................37

I) A l'hôpital, la prise en charge d'art thérapie s'est effectuée à l'aide de l'art plastique, du théâtre.....................................................................................................37

Étude de cas de Melle J........................................................................................................37a)L'anamnèse de Melle J.., nous permet de définir un état de base. .....................................37b) La prise en charge d'art thérapie se base sur les objectifs généraux, sur la stratégiethérapeutique et sur les évaluations.........................................................................................38c)Le bilan des séances d'art thérapie souligne l'amélioration de la confiance en soi de Melle J......................................................................................................42

II) l'atelier d'art thérapie s'inscrit parmi les objectifs de l'association AIDES..........................45

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Etudes de cas

MME S.....................................................................................................................................45

a)L'anamnèse de MME S.... nous raconte son parcours de vie................................................45

b)Son état de base, sa séropositivité, justifie sa prise en charge en art thérapie......................45

c)Une stratégie thérapeutique spécifique est mise en place au sein de l'atelier........................45

c1) l'objectif : lui permettre de retrouver l'estime de soi.........................................................46

c2) les outils : la réalisation d'une fiche d'observation et l'évaluation de chaque étape........................................................................................................................46

d)L'évaluation de la prise en charge de MME S... est déterminée

par la fiche d'observation..........................................................................................................50

e)Le bilan des séances montre l'amélioration de l'estime de soi..............................................54

MME R....................................................................................................................................54

a)L'anamnèse de MME R... nous raconte son parcours de vie................................................54

b) Son état de base, sa séropositivité, justifie sa prise en charge en art thérapie.....................54

c)Une stratégie thérapeutique spécifique est mise en place au sein de l'atelier.......................55

c1) l'objectif : lui permettre de revaloriser l'image d'elle-même..............................................55

c2) les outils: la réalisation d'une fiche d'observation et l'évaluation de chaque étape............56

d)L’évaluation de la prise en charge de MME R... est déterminéepar la fiche d'observation.........................................................................................................59

e)Le bilan des séances montre l'amélioration de l'estime de soi..............................................62

TROISIEME PARTIE

Cette expérience d'art thérapie ouvre le dialogue : Nous proposons une analyse critique de la prise en charge groupale et individuelle ainsi que des techniques artistiques utilisées : l'art plastique et la musique...................63

A) la prise en charge individuelle d'art thérapie à l'hôpital a permis d'établir une stratégie adaptée.............................................................................63

6

I) La prise en charge individuelle d'art thérapie permet une observation approfondie...........63

a) Elle facilite une relation de confiance réciproque...............................................................63b) La faculté de critique est facilitée par la prise en charge individuelle................................64

II) La prise en charge individuelle connaît des limites............................................................64

B) la prise en charge groupale en atelier musical à l 'association AIDESa eu des effets bénéfiques du point de vue relationnel.......................................................65

I) La prise en charge groupale, en atelier facilite la distanciation de la pathologie................65

a) Le groupe a un pouvoir d'entrainement...............................................................................65

b) La notion de groupe a favorisé l'individualité.....................................................................65

II) La prise en charge groupale d'art thérapie connaît des limites..........................................66

III Conclusion...........................................................................................................................66

C) l'atelier d'art thérapie à dominante musique concerne les personnes séropositives....................................................................................................66

I) La pratique musicale instrumentale et , ou vocale ont réveillé le plaisir esthétique...................................................................................................................66

a) A travers la musique, le merveilleux permet un autre regard sur soi..................................66

b) La pratique musicale favorise l'estime de soi......................................................................67

II) Etablissons une comparaison entre la prise en charge art plastique et celle musicale......................................................................................................................68

a) L'art plastique est un des arts de l'espace ou de la beauté immobile...................................68

b) La musique est un des arts du temps ou de la beauté en mouvement..................................68

c)Examinons ce que ces pratiques peuvent apporter du point de vuedu soin auprès de personnes VIH.............................................................................................69

d) Un tableau comparatif nous permet de mettre en évidence les pratiques utilisée musique, arts plastiques, au regard de la pathologie: la séropositivité.............................................................................................70

CONCLUSION .......................................................................................................................71

BIBLIOGRAPHIE .................................................................................................................72

ANNEXES...............................................................................................................................73

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Glossaire :Tous les mots suivis d'un astérique dans le mémoire sont définis ci-dessous :

A D N Acide Désoxyribonucléique est une molécule présente dans toutes les cellules du monde vivant. Elle contient l' information génétique qui caractérise l'individu.

A R N Acide Ribonucléique il joue un rôle dans le transport du message génétique.

Australopithèque Genre d'hominidés primitifs fossiles d'Afrique caractérisé par une station debout. Le plus célèbre a été nommée Lucy Australopithécus Afarensis.(Yves COPPENS)

CAARUD Centre d'Accueil et d'Accompagnement à la Réduction des risques pour les Usages de Drogues.

C.D.C abréviation pour Center for Disease Control

COREVIH Coordination Régionale de lutte contre le Virus de l'Immunodéficience Humaine.

Hominidés Primate fossile appartenant à la même famille que l'homme actuel.

Lipodystrophie Mauvaise répartion des graisses sur le corps.

Pneumocystose Affection des poumons due à pneumocystis carini , protozaire, se manifestant par une insuffisance respiratoire accompagnée de fièvre.Cette affection survient chez des sujets présentant des déficits immunitaires comme le SIDA.

Sarcome de Kaposi Le sarcome de Kaposi est un type de tumeur cutanée qui se caractérise par des nodules violets. Cette pathologie est fréquente chez les personnes souffrant du SIDA.

SIDA Syndrome de l'Immunodéficience Acquise : maladie rencontrée au cours de la vie et non à la naissance.

Stigmatisation Action de flétrir, blâmer avec dureté et publiquement.

VIH Virus de l'Immunodéficience Humaine.

Virus molécules d'ADN ou d'ARN parasitant les cellules et pouvant être pathogènes.

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INTRODUCTION

Mon histoire personnelle m'a permis de remarquer les effets de la musique sur la personnemalade et ses conséquences sur la qualité de vie.La musique est une passion. Elle fait partie de la vie, de ma vie. Observant les effets positifsqu'elle avait par rapport à la personne malade, souffrante, j'ai eu envie d'en savoir plus!C'est ce qui m'a conduit à suivre cette formation d'art-thérapie.

La séropositivité et le SIDA sont étroitement liés à la sexualité et en cela ils génèrent souventune connotation péjorative qui rejaillit sur les personnes contaminées. Cette situation n'est passans conséquences pour les patients. La question à laquelle ce mémoire tente de répondre est la suivante :Est -il possible de restaurer l'estime de soi par le biais de la musique?

J'ai choisi d'aborder ce sujet à travers trois parties.Nous ferons dans une première partie une présentation du SIDA, de la séropositivité puis nousle verrons du point de vue psychologique et social. Nous aborderons ensuite la musique et sescaractéristiques depuis l'aube des temps ce qui nous conduira à évoquer l'histoire del'humanité.

Dans une deuxième partie nous parlerons de l'art-thérapie. Trois cas pratiques serontégalement présentés.

La discussion sera axée sur la comparaison entre la prise en charge individuelle et groupale etégalement entre l'art plastique et la musique.

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PREMIERE PARTIE

"Mauvais sang.Le mien.Infesté d'un hôte hostile.Chaque battement de coeur,ceux là même qui me font vivre,le propulse dans tout mon corps sans répit.Ou plutôt avec un arrêt de prédilection : mon cerveau, où VIH a confortablement élu domicile.J'ai une encéphalo pathie,une inexorable atrophie corticale et subcorticale.Pour être simple,je me fais bouffer le gris du cerveau." 1

A) l' infection par le VIH est responsable d'une épidémie ou pandémie

I) Les connaissances médicales et scientifiques ont permis une identification rapide de lamaladie.

a) L'infection par le VIH est découverte au cours des années 80.

Au cours des années 80, le C.D.C.* est informé d'une redrudescence depneumocystoses* et de sarcomes de Kaposi* chez de jeunes homosexuels au demeurant enbonne santé.Ces maladies étant très rares,une enquête sanitaire est ouverte afin de découvrir l'origine de ces symptômes.

Le C.D.C. est un centre auquel sont attachés de nombreux chercheurs.Leur mission estde veiller à la santé mondiale.Il est situé à Atlanta aux Etats- Unis.

En 1981, un ensemble de symptômes :sarcome de Kaposi

pneumocystoses ganglions

amaigrissements...est regroupé pour en faire un syndrome, le syndrome de l'immunodéficience acquise : SIDA. Les personnes touchées par cette nouvelle maladie présentent toutes un déficit immunitaire.Le fait que ce soit dans la communauté homosexuelle que se propage l'infection, tromperal'opinion publique sur la progression épidémiologique future.Ces symptômes sont égalementobservés chez les héroinomanes.

En 1982, la maladie est découverte chez un nombre croissant d'haitiens et d'hémophiles.Onparle alors de la maladie des "4H'" : homosexuels,héroinomanes,haitiens,hémophiles.Du fait de cette classification la prise de conscience du risque hétérosexuel fut tardive, avantque le mode de transmission ne soit élucidé. Il s'en suivit une stigmatisation* des individusconcernés par la pathologie.

Cargo Vie de Pascal de Duve p.42

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L'épidémie s'étend à l'Afrique, l'Asie, et augmente en Europe.La recherche de l'origine du déficit immunitaire amena en 1983, l'équipe du Professeur LucMontagnier à découvrir l'agent responsable du syndrome, le virus* de l'immunodéficiencehumaine. Le VIH appartient à la famille des rétrovirus.Il choisit pour cible les lymphocytes T4 et s'y introduit. Les lymphocytes T4 participent à la défense de l'organisme. Le code génétique duVIH est sous forme d'ARN*, pour intégrer l'ADN* du lymphocyte il doit transformer son ARNen ADN. C'est une enzyme, la transcriptase inverse qui permet cette transformation. Il intègreainsi le noyau de la cellule pour détourner son fonctionnement assurant ainsi sa réplication.Après maturation, il sort de la cellule, l'endommage ou la détruit. Le nouveau virus est prêt àinfecter de nouvelles cellules.La quantité de virus dans le sang augmente, les lymphocytes T4 sont de moins en moinsnombreux, diminuant la capacité de résistance des personnes aux infections.

Un second virus,VIH2,fut découvert. Il sévit principalement en Afrique de l'ouest, du fait desvoyages, des déplacements de toutes sortes, leVIH2 est également présent en Europe.

L e virus du SIDA n'est pas contagieux.

Le VIH n'est pas contagieux mais transmissible.La transmission se fait :

- Par voie sanguine : échange de seringues souillées entre toxicomanes.- Transfusion non sécurisées.

- Par voie sexuelle : rapport sexuel non protégé.

- De la mère séropositive à son enfant lors de l'accouchement. Aujourd'hui, la transmission du virus a évolué. Les futures mères séropositives bénéficientd'une surveillance spécifique pendant leur grossesse. Du fait de cette prise en charge ce mode

de transmission est en baisse en Europe, il reste cependant élevé en Afrique et en Asie. Etre séropositif au VIH1ne protège pas du VIH2 . La double contamination existe.

b) Le dépistage est la première étape vers une prise en charge médicale.

Le dépistage n'étant pas obligatoire en France, bien souvent les personnes ne connaissent leurétat qu'à l'occasion d'un don de sang, lors de la découverte d'une pathologie associée, ou demaladies dites opportunistes.

Le test de dépistage est une sérologie appelée "Elisa" qui recherche la présence d'anticorpsanti VIH. Ils apparaissent entre deux et douze semaines après la contamination. Un test "Elisa" positif doit être confirmé par un autre test le "western blott". Si ce dernier est positif lapersonne est infectée par le virus du SIDA . On dit qu'elle est séropositive. Par séropositivité,on doit comprendre qu'il s'agit de la présence d'anticorps VIH dans le sang. Ces anticorps neprotègent pas de la maladie.

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Le dépistage du SIDA est essentiel dans la lutte contre le virus, en effet la prise en charge despersonnes séropositives doit se faire au plus tôt, avant que le système immunitaire ne soitdétruit afin d'éviter la survenue des infections opportunistes.On évalue, en France, à 50 000 le nombre de personnes qui ne connaissent pas leurséropositivité ignorant leur contamination. Elles sont à l'origine de plus de 2/3 des nouvellescontaminations.

c)L'évolution des traitements permet une meilleure qualité de vie. Le début des années 90 fut terrible. L'épidémie s'était amplifiée. Il n'y avait pas de traitementsuffisamment efficace pour combattre le VIH.

Les patients avaient un nombre conséquent de comprimés à prendre par jour et cela àintervalle régulier.(2 toutes les 4 heures)

En 1996, l'arrivée des trithérapies amène un nouvel espoir pour les malades. La charge virale,c'est à dire la quantité de virus présente dans le sang diminue de façon spectaculaire. L'étatdes malades s'améliore.

Les chercheurs, les laboratoires pharmaceutiques ont mis au point de nouveaux antirétroviraux.Ils agissent sur les différents points de réplication du virus afin d'empêcher sa prolifération. Aujourd'hui, plusieurs molécules sont associées dans un même comprimé, limitant ainsi laquantité et le nombre de prises quotidiennes de médicaments.L'objectif de ces traitements, c'est une charge virale indétectable. Le virus n'a pas disparu pourautant. Il est toujours présent, mais comme endormi.

d)Différentes maladies peuvent s'ajouter à la pathologie du VIH .

Ces pathologies sont en lien avec le SIDA. Les patients, de par leur séropositivité sont

fragilisés. Ils peuvent développer des maladies cardio- vasculaires, être concernés par certainstypes de cancer qui laisse supposer un vieillissement accélére chez ses patients.

e) L'infection par le VIH devient une maladie chronique.

L'évolution de la maladie a changé grâce à la découverte de la trithérapie.

L'arrivée des trithérapies a changé le cours de l'existence des patients.En effet, certainsmalades condamnés avant la survenue de ces traitements voient leur état de santé s'amélioreret retournent à la vie active.

Aujourd'hui,on ne meurt plus du SIDA. Des traitements existent mais ils ne guérissent pas de lamaladie.On peut évoquer une banalisation de la pathologie d'où un danger potentiel vis a vis de laprévention.Cependant pour certaines personnes concernées par le VIH, la difficulté à vivre au quotidien avecle virus du SIDA est bien réelle.

II) L'infection par le VIH implique des difficultés psychologiques.

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a) L'annonce du diagnostic pose la question du secret ou de l'aveu, amène parfois à

des sentiments de culpabilité, de honte.

" La maladie, ma maladie, t'a fait fuir, suivant le principe de la méthode couard."1

" Le sujet était tabou. Alors il ne fallait surtout pas qu'E.., en personne, fut associé de près ou de loin à un sidéen." 2

Les personnes d'origine africaine atteintes par le SIDA, fréquemment mortel dans leur paysd'origine sont sujet à un rejet social et familial immédiat.L'aveu comporte le risque de diffuser à son insu le diagnostic autour de soi.

Les méthodes de prévention n'ayant pas été respectées par méconnaissance, la culpabilité setrouvera de ce fait renforcée. Inévitablement s'ensuit un retour à la mémoire des partenairesdu passé qui auraient pu être contaminés et toute la difficulté de l'annonce à un éventuelpartenaire actuel.

La réaction de cacher sa séropositivité reste fréquente. Dans certains cas, c'est la révélation d'une sexualité en dehors du couple qui va s'imposer. Lesaveux peuvent remettre en cause les fondements du couple, l'angoisse portera sur le rejet.Lorsque la relation sexuelle "coupable" est trangressive à un ordre moral, garder le secretentretien parfois des sentiments de culpabilité.Quant aux parents, il est souvent difficile de leur annoncer, à eux qui ont donné la vie, laséropositivité de leur enfant.C'est également du fait du mode de transmission dévoiler leur pratique sexuelle : rapport sexuel non protégé, partenaires multiples, homosexualité... à ses proches. La personneséropositive préfèrera garder le silence.

A l'époque où la maladie évoluait vers la mort, le corps pouvait donner des indices àl'entourage. Les patients évoquaient l'angoisse du dévoilement. Aujourd'hui, c'est toujoursvrai, pour d'autres motifs : le vieillissement prématuré.

b) L'introduction des traitements réactive des situations difficiles pour les patients.

La mise sous traitement est souvent difficile, en effet elle est liée à la durée de celui- ci quiactuellement, est un traitement à vie.Il va rappeler au quotidien la présence du virus, de ce fait l'oubli de la maladie n'est pluspossible.Certains traitements provoquent des effets secondaires renforçant ainsi la perception d'êtremalade.

1 et 2 Cargo Vie de Pascal de Duve p.75

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c)Les effets secondaires des médicaments sont nombreux .

L' arrivée des trithérapies en 1996, modifie l'image de la maladie. On ne meurt plus du SIDAen France, c'est devenu une maladie chronique.

Les traitements sont lourds et induisent souvent des effets secondaires qui ne sont pas sansconséquences psychiques : anxiété, angoisse, interrogations.

L'image corporelle peut se modifier ex: la lipodystrophie* est la cause de modificationcorporelles importantes,mauvaise répartition des graisses, ce changement de l'image du corpsest difficile à supporter.Actuellement,les modifications de traitement apporte un début de réponse à ceslipodystrophies.

D'autres médicaments sont responsables d'effets psychiques tels que les vertiges, la sensationd'ébriété, des troubles de l'humeur euphorie ou dépression, mais aussi des cauchemards, desmodifications de la libido soit inexistante, soit exagérée alors que la peur de contaminer estprésente.

Ces effets secondaires sont très présents dans le quotidien des personnes séropositives.Ils sont à évaluer. Ils induisent de l'anxiété, voir le refus de la mise en place médicamenteuse.L'observance est souvent difficile chez certains patients.Cependant la modification de cestraitements apportent une réponse à ces effets psychiques.

La psychologue et le psychiatre apportent un éclairage lors de la mise en place du traitement.

d)L' observance thérapeutique est un parcours à vie difficile pour les patients.

Tous ces effets secondaires peuvent conduire les patients à une non-observance et, cemalgrè la gravité de la maladie et le risque d'entrer en phase SIDA d'où une mise en place d'unaccompagnement.D' autres raisons peuvent être prises en considération. La culpabilité de la contamination esttellement importante que le patient n'arrive pas à respecter l'observance.D'autres lassés par de nombreuses années de traitement, de contraintes, décident d'arrêter leurtraitement en connaissance de cause ce que l'on appelle une fenêtre thérapeutique avant unenouvelle reprise du traitement.

Par ailleurs, certaines inobservances sont dues à la précarité. Il est difficile de suivre untraitement lorsque l'on n'a pas de quoi survivre, de quoi se loger..

L' observance est un point essentiel de la mise sous traitement et fait l'objet de nombreusesinterventions auprès des patients, et d'une vigilance accrue des médecins. Des consultationsd'observance ont été mises en place pour en favoriser le respect par l'éducation thérapeutiquedes patients.

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e)La prise de risque est toujours existante.

La prise de risque est toujours présente. En effet, nombre de personnes pensent que cela nepeut pas leur arriver, d'autres qu'ils existent des vaccins, et puis au fond il y a les traitements,alors !....

Parfois s'instaure un climat de confiance basée sur l'aspect physique, cette maladie devrait sevoir! ce qui n'est plus le cas.

Des soirées prises de risque ont lieu, c'est à dire que les relations sexuelles sontvolontairement non protégées, avec des partenaires parfois inconnus.C'est aussi le refus, car cette maladie fait peur, aussi on n'en parle pas. Le refus est dans ce casvécu comme une protection contre ce fléau.Il reste l'oubli du préservatif qui est relativement fréquent.

Il existe un traitement d'urgence en cas d'exposition accidentelle au VIH, qui permet dediminuer les risques d'infection. Si le traitement fonctionne bien, l'espoir est que la personnene soit pas contaminée et ne devienne pas séropositive. Afin d'augmenter les chances desuccès, le traitement doit être pris le plus tôt possible après la prise de risque. Il ne peut,actuellement, être prescrit que par un médecin hospitalier.Une trithérapie anti-vih est proposéepour une durée de 4 semaines. C'est un traitement lourd et contraignant. L'observance estindispensable car dans le cas contraire le traitement est inefficace et risque de rendre le virusrésistant.On est aujourd'hui dans l'exploitation d'un test rapide à lecture immédiate qui doit cependantêtre confirmé par le test "elisa".

III) L' infection par le VIH peut entraîner une dégradation des conditions de vie despersonnes.

a) l'emploi et le VIH ont parfois des difficultés de cohabitation, d'où de nombreuxproblèmes sociaux.

Les difficultés au niveau de l'emploi sont souvent existantes. En effet les personnesséropositives, lors de la mise sous traitement par exemple, peuvent être malades, avoir deseffets secondaires, elles sont fatiguables et des arrêts de travail sont parfois nécessaires ce quiles fragilisent au regard de la perennité de leur emploi.

On retrouve dans cette situation le thème de dire ou pas sa séropositivité ou d'évoquer letraitement. Le patient ne le souhaite pas afin d'éviter un éventuel licenciement, rejet oubrimades de collègues. Le silence est une protection.

a1) la réinsertion professionnelle reste problématique. . Le retour à une vie professionnelle après des périodes successives d'arrêt de travail estsouvent difficile d'autant que la justification de ces périodes sans emploi équivaut à dire saséropositivité ce qui dans la plupart des cas ne facilite pas l'embauche ou la reprise du travail.

Créer un véritable partenariat entre les patients, le médecin traitant, et le médecin du travailserait peut- être un début de réponse à cet état de fait si toutefois la personne le souhaite.

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a2) Les revenus diminuent.

Du fait de leur état de santé, les patients voient un changement de leur condition de vie.Leur revenu est souvent amputé, ou quasi-inexistant, conséquence directe de leur pathologie .Il ne leur reste pour vivre que les minima sociaux. Cet état de fait interfère dans le quotidien,difficulté pour se loger, pour se nourrir, pour vivre... Il est bien évident que cette situation ne facilite pas l'observance thérapeutique.

b) La discrimination des personnes séropositives reste fréquente.

Elles peuvent subir une discrimination dans leur vie quotidienne. Ces patients, ne sont finalement quedes personnes atteintes d' une pathologie, rien de plus, et pourtant...Ces personnes veulent vivre comme les autres, mais notre société s'y refuse. En effet, l'accès au travaildéjà difficile, est pour eux problématique, quant au maintien dans l'emploi il demeure incertain. Les compagnies d'assurance refusent de les prendre en charge, les banques ne leur octroient aucunprêt. C'est trop risqué !La discrimination est parfois présente au sein de la famille qui refuse d'admettre la réalité. Danscertains cas cela peut aller jusqu'à la rupture familiale.Reste cette peur de la contamination, insidieuse, toujours présente malgrè les informations relativesaux modes de transmission.Le sida est souvent associé négativement à la sexualité, à une orientation sexuelle, donc à une maladie d'immoralite due au fait que d'une part le sida est considéré comme "sale" et d'autre partcomme trangressif à la bienséance.

c) Des associations d'aide et de soutien auprès des personnes séropositives se sontdéveloppées.

A l'initiative de nombreux patients des associations d'aide et de soutien émergent en France.

AIDES , ACT UP, SIDACTION

AIDES est la première association française de lutte contre le sida. Elle voit le jour en 1984, sousl'impulsion de MR Daniel Defert. Elle est reconnue d'utilité publique en 1990.Son objectif est de réunir les personnes touchées par le sida, et leur famille afin de s'organiser face à cette nouvelle maladie.

Elle a vocation à participer aux actions de prévention. Elle combat la discrimination, l'exclusion des personnes.

Ce combat, n'est pas seulement un combat contre le VIH et le SIDA, c'est également une lutte desidées. En effet, de par les modes de transmission, la sexualité, l'intime, sont des sujets dont on neparle pas ou peu, car très controversé et pas toujours accepté par notre société.

L'association AIDES se veut partie prenante dans ce mouvement d'idées qui est indispensable pour une bonne prévention et le respect de la personne.

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d) Les chiffres du SIDA en Indre et Loire.

La file active est de 632 patients pour l'année 2009, soit 423 hommes et 209 femmes.Parmi les632 patients 88% sont traités, 475 patients ont une charge virale indétectable. Le nombre denouvelles contaminations est de 60 par an.On déplore 5 décès en moyenne chaque année.1

d1) moyennes d'âges des patients contaminés.1

agés de - de 5ans = 5agés de 16 à 25 ans = 20agés de 26 à 35 ans = 120 agés de 36 à 45 ans = 250agés de 46 à 55 ans = 156agés de 56 à 65 ans = 43agés de + de 66 ans = 38

1 Forum du sida 2009

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moins de 5ans 16 à 25 ans 26 à35 ans 36 à 45 ans 46 à 55 ans 56 à 65 ans plus de 66 ans

0

50

100

150

200

250

300

d2) modes de transmission

hétérosexuels 339homosexuels 218toxicomans 50hémophiles 5transfusés 3mère enfant 14indéterminé après enquête 3

la partie en bleue représente la proportion de contamination par les hétérosexuels,en orangecelle deshomosexuels, en jaune les toxicomans, en vert les hémophiles, en violet lestransfusés, en bleu clair la contamination mère enfant et enfin en vert ceux que l'on n' a purattacher à aucun des autres modes malgrè enquête. 1

1 forum du sida 2009

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B) La pratique musicale est une activité artistique qui favorise les capacitésd'expression et relationnelles de l'être humain.

I) l'art est une activité orientée vers l'esthétique.

a) l'Art est accessible à tous.

L'Art fait partie intégrante de la vie. Il est lié à la culture, à la découverte, à l'affinement destechniques.C'est également la résultante d'une pensée élaborée. En effet, la réalisation de représentationssur des supports matériels est l'invention de personnes capables de pensées abstraites,d'imaginer la chose faite et toutes les étapes nécessaires à cette réalisation.Nos lointainsancêtres, en étaient capables. Les découvertes dans les sites archéologiques le démontrent :

La " Danseuse de Galgenberg " appelée la "danseuse" ou "Fanny " trouvée en 1988 en Autriche. Cette vénus paléolithique est agée de 32 000 ans.1

L'importance de l'Art était déjà présente, sinon pourquoi sculpter le manche d'un outil, cela nelui confère pas plus de capacité dans son utilisation. Il fonctionnerait tout aussi bien sanssculpture.

Au fil du temps, l'Art a toujours été présent dans la vie des hommes. Certains sont indifférentsà l'Art, mais ne sont pas indifférents à des sensations de bonheur.L'Art est nécessaire à l'activité des hommes, car dans son expression elle révèle ce qu'il y a deplus intime, en dévoilant la pensée de l'artiste, nous ouvre une porte sur sa perception dumonde, l'approche d'une autre culture et par la même enrichit le contemplateur.Il y a un échange qui s'opère entre le public et l'artiste.

Dans son livre : Néanderthal, une autre humanité aux éditions Perrin. L'auteur MarylènePathou – Mathis p.149 affirme:

" la pensée esthétique coïncide avec l'existence même de la culture. Il n'y a jamais eu de société sans art."

b) L'Art est une activité dirigée vers l'esthétique.

Dans l' Antiquité, l'art est selon Platon, accordé aux hommes par les Dieux, afin qu'ils puissentsurvivre, lorsqu'ils sont livrés à eux mêmes.L'art est donc une activité humaine qui revêt plusieurs formes comme l'art de gouverner, deparler... et qui permet aux hommes de prendre soin d'eux. L' art est donc une activité quiparticipe au bien être de la personne.L'art et le soin sont associés.

1 revue science et avenir de janvier 2004 p.78

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Platon effectue une classification en espèces de ces arts : la peinture, la musique..Ils sont alors définis comme une sorte de divertissement.

Au XVIe siècle, on différencie deux exploitations de l'art :

-l'une s'attache aux arts utilitaires, c'est ce qui définit l'artisanat.-l'autre s'attache aux arts de la beauté.

Aujourd'hui le terme d'Art s'entend comme les arts de la beauté.Le terme esthétique vient du grec " aisthêsis " faculté de percevoir par les sens.

Le philosophe allemand, Baumgarten, au 18e siècle, utilise le terme esthétique afin dedésigner la faculté de percevoir par les sens.

Plus tard, au 19e siècle, Hegel, philosophe allemand, présente l' Esthétique comme unephilosophie de l' Art.

Une des caractéristiques de l'Art est l'émotion esthétique. L' Esthétique concerne le Beau.C'est la science du Beau.

L' être humain est sensible à la beauté, à l'émotion esthétique qu'elle suscite, c'est ce qui enfait un être particulier.

Ce ne sont pas les choses en elles mêmes qui sont belles, la Beauté existe dans l'esprit dechaque personne, et chaque personne la perçoit différemment.

La musique a cette particularité, qu'elle " parle " à tout le monde, elle est universelle.Cependant, nos appréciations diffèrent selon les situations : lors d'instants empreintsd'émotion, l'écoute d'une oeuvre nous transporte dans un monde plus beau, où les sentimentssont sublimés, et les mots n'ont plus leur place.

c) l'Art à un pouvoir expressif.

L' Art est connu par ses oeuvres. Le fond, la forme, le rayonnement sont trois particularitésqui caractérisent l'oeuvre d'Art.

-Le fond c'est ce que représente l' oeuvre. Nous pouvons distinguer deux natures dereprésentations :

celles qui sont l'imitation, la représentation.

Celles qui se réfèrent à l'invention, à la création.

Le fond s'adresse à la partie subjective de l' Art.

-La forme s' apparente à la technique. La peinture, le théâtre n'utilisent pas le mêmesavoir faire; la forme explicite comment se présente l'oeuvre : matière, forme,dimension..

Ce peut être aussi le cadre par exemple, le cadre qui recevra le tableau.La forme c'est la partie objective de l' Art.

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forme

fond

La partie grisée montre que la ligne parfaite n'existe pas. On oscille entre le fond et laforme. En effet, dès l'instant où le monde des idées est formalisé, on passe dans la forme. Dece fait l'artiste recrée sans cesse, afin de faire coïncider la forme avec ses idées sans pourautant lui faire perdre sa subjectivité.

- Le rayonnement c'est ce qui va donner une dimension humaine à l' oeuvre d' Artpar le biais des émotions, des sentiments, des goûts du contemplateur.C'est la manière dont l'oeuvre d'Art se donne au public, comment est perçu le ressentie del'artiste.

L' impression c'est cet échange de l'extérieur vers l'intérieur pour le contemplateur et del'intérieur vers l'extérieur pour celui qui fait.L ' impression peut amener vers une réaction d'expression.L'art donne à l'être humain, par le biais de la production artistique, la possibilité de mettre leséléments de son monde intérieur dans le monde extérieur lui offrant ainsi un moyend'expression.

L' expression est un besoin essentiel puisqu'elle permet de révéler ses idées, ses sentiments.Elle se manifeste par le geste ou / et la parole. Elle est une étape du processus de production.

L'être humain perçoit le monde qui l'entoure à travers des capteurs sensoriels qui sont sescinq sens : la vue, l'odorat, le toucher, l'ouïe et le goût.Ces perceptions peuvent produire des images mentales, associées à des émotions.Le désir de ressentir les mêmes émotions peut motiver le désir de faire, cet élan est lié aupouvoir expressif de l' art.

II)La musique est une activité très ancienne.

L' Art et les oeuvres d'Arts ont traversé le temps et témoignent de la culture del'humanité.

a) L' origine de nos ancêtres remontent à environ 10 millions d'années

La vie est apparue sur terre il y a 3,6 milliards d'années.elle s'est épanouie à travers laplanète entière sous forme de lignées d'espèces et non pas d'individus.

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L'Afrique est très probablement le berceau de l' humanité.Les êtres vivants les plus proches de l'être humain morphologiquement et génétiquement sontles chimpanzés. Nous avons donc des ancêtres communs.Il y a environ 10 millions d'années a eu lieu une bifurcation parmi les primates, celle qui mèneaux chimpanzés d'aujourd'hui, l'autre conduit aux hommes.1La raison de cette séparation serai des mécanismes d'adaptation à l'environnement. L'épopéehumaine peut commencer. Elle durera entre 9,5 et 1,5 millions d années, période qui va voirfleurir différentes espèces évolutives pour arriver à ce que nous sommes aujourd'hui.2

b) Nos ancêtres sont âgés d' environ 3,5 millions d' années.

Le préhumain devient australopithèque* robuste, il est plus impressionnant. Le genre Homo a un cerveau plus gros que ses prédecesseurs. Il fabrique des outils et desarmes. Il s'agit de la première espèce du genre Homo, l' Homo Habilis apparue il y a 3millions d'années. Il a commencé à se déplacer agrandissant son territoire à l'ensemble del'Afrique. le peuplement de l' Europe est très ancien. Il est du à l' Homo Habilis d'Afrique qui en Europesubit des modifications génétiques et devient l'homme de Néanderthal suite à une période deglaciation.Il y a 40 000 ans environ, un autre homo vient d'Afrique, il empruntera la même route quel'Homo Habilis, il rejoindra l'homme de Néanderthal en Europe. Il s'agit de l 'Homo Sapiensappelé en Europe , l'homme de Cro Magnon notre ancêtre.C'est lui qui est à l'origine des fresques dans les grottes entre -32000 et -18000 ans.

L'homo Sapiens essaimant sur tout le globe est l'ancêtre de l'humanité actuelle.

c) la musique est apparue avec la naissance des êtres vivants.

La musique comme la mélodie ne laissent pas de traces du point de vue archéologique. Nouspouvons imaginer que les premières mélodies ont été produites par la voix mais égalementavec le corps. Un rythme peut en effet, être mis en place en tapant dans les mains ou sur uneautre partie du corps. L'environnement peut également être utilisé : par exemple en frappantdes objets les uns contre les autres ( bois, pierre, ossements..). Ne peuvent témoigner que les instruments ayant résité aux temps ce qui nous donne uneimage restreinte de l'activité musicale de nos lointains ancêtres.Le plus vieil instrument de musique identifié est une flûte en os de vautour. Elle mesure 22cm et comporte cinq trous. Elle est âgée de plus de 35000 ans. Elle a été découverte enseptembre 2008 dans la grotte de Hohle-Fels en Allemagne.3Certains instruments de musique semblent avoir toujours existé :

-les battements : rytmes frappés avec les mains , les pieds, des bâtons.-Les racleurs : ils sont taillés dans le bois ou l'os de cervidés, ils ont le bord crantésrégulièrement. Le son est produit en frottant le bord avec une baguette de bois ou un osléger.-Les tambours -Les arcs musicaux : ils sont comme les arcs de tir. Ils sont à l'origine de tous lesinstruments à cordes.

1la sélection naturelle de Darwin2 le présent du passé par Yves Coppens3 Hominidés la musique dans la préhistoire

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La musique dans la préhistoire est un moyen d'expression. Contrairement à la fabricationd'outils.... nécessaires à la survie, l'art est un comportement, une culture qui nous rapproche deces hominidés.

c1) Le langage est constitué de sons.

Le son c' est la manifestation de l'énergie de la vibration de l'air.Le son est caractérisé par différents éléments.La hauteur nous permet de définir si un son est grave ou aigu. Elle dépend du nombre defréquences, c'est à dire du nombre de mouvements par seconde.L'intensité indique si le son est fort ou faible. Ce paramètre est perçu différemment par chacund'entre nous, selon notre propre physiologie auditive, mais également notre sensibilité. L'espace indique si le son est proche ou éloigné.Le timbre permet de reconnaître la voix, l'instrument. La notion de durée correspond à la longueur du son dans le temps, elle fait intervenir lerythme.Cet élément complexe qu'est le son est la base fondamentale de l'art musical.

c2) La musique présente des similitudes avec le langage.

Le langage est la faculté que les hommes possèdent d'exprimer leur pensée et decommuniquer entre eux au moyen d'un système de signes conventionnels vocaux et/ ougraphiques constituant une langue.La communication n'est pas le propre de l'humain. Les animaux communiquent entre eux demultiples manières : les oiseaux utilisent des chants différents pour signaler leur présence à uncongénère ou séduire une partenaire. Les singes émettent des cris pour indiquer un danger.

Quelle est donc la différence entre communication animale et langage humain ?

Le langage humain a la capacité d'exprimer un nombre de significations illimitées.

La communication animale se limite à des messages d'alerte, d'appel, d'indication denourriture, l'expression d'émotion : peur, colère...Le langage humain permet de décrire des objets, de raconter des histoires.. ceci est larésultante de deux particularités :

-Le langage humain est construit à partir de sons et de sens qui s' assemblent pour formerdes mots, des phrases des items, des concepts; la pensée a sans doute précédé la parole.-La représentation : un mot n'est pas un signal qui exprime une émotion ou une

demande. Le langage repose sur des signes qui renvoient à des représentations du monde.

La musique est un ensemble de sons organisés. Elle possède également un système de signesgraphiques conventionnels : les notes.La musique et le langage sont des caractéristiques humains et universels. Toutes les culturesproduisent de la musique et y sont sensibles.Si la musique est pratiquée dans toutes les sociétés de par le monde, toutes les musiques nesont pas construites de la même façon. Cependant il existe des structures universelles de lamusique. Le rythme, il définit la durée des notes dans un morceau. La mesure, elle impose lapulsation exemple : la mesure à 2 temps, à 3 temps, la valse..Le tempo représente la vitessed'éxécution d'une oeuvre musicale : lent, rapide..

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Mr Steven Brown, suggère que la musique et le langage ont un ancêtre commun qu'il nommele "musicolangage". Ce serait au départ un sytème de vocalisations en rapport avec lesémotions. Certaines pouvant avoir un sens comme les signaux d' alerte des gibbons, et dansun premier temps, formant ainsi une sorte de lexique tonal. Ensuite apparaît une syntaxepermettant la combinaison des sons du lexique et la formation de phrases expressives ; c'est cequ'il nomme le musicolangage universel. Par la suite, il va se scinder, aboutissant d'un côté àla musique avec sa mélodie et son rythme, et de l'autre au langage et aux langues. Ces deuxbranches continuent d'interagir l'une avec l'autre : chanson, poésie, rites, narration musicale.1

C3) La musique a été associée à la magie.

La magie est un ensemble de pratiques fondées sur la croyance en des forces surnaturellesimmanentes à la nature et visant à maîtriser, à se concilier ces forces.L 'être humain attribuait un caractère magique à tout ce qu'il ne pouvait comprendre, l'oragel'ordre des saisons, la végétation, la vie, la mort.. lui semble être la manifestation d'une forcesurnaturelle. Il en fait un Esprit. Il ne connaît pas le nom des Esprits. Ce sont les Esprits desanimaux, de la nature. Il observe que la nature lui est parfois hostile, parfois favorable. Il voitlà une manifestation de la colère des Esprits ou de leurs bonnes dispositions. Il faut donc agirsur eux afin qu'ils soient favorables aux entreprises de l'être humain. Le moyen le plus sûrc'est le chant magique. Ses effets sont réputés infaillibles.La magie a bien des ressources, elle mélange ou brûle des subtances diverses, les philtres. Elleutilise une gestuelle particulière, mais sans le chant qui les accompagne, les moyens qu'ellemet en oeuvre seraient sans effet; avec le chant, rien ne saurait leur résister. La voix humaine révèle les états de l'âme plus encore que le regard, les êtres humains lui ontconféré un pouvoir mystérieux.

Pour ces êtres humains, les Esprits sont animés de tous les sentiments humains et ils attribuentun pouvoir de charme à certains chants, de ce fait l'incantation est mélée à toutes lescirconstances de leur vie.Le mot charme vient du latin carmen . Le carmen est un vers destiné à être lu, antérieurementc'est un chant magique.Vers, chant et magie ont donc été désignés par un même mot, c'est qu'à l'origine les troischoses n'en faisaient qu'une ou étaient associés.Les premiers poèmes ont été des oeuvres religieuses chantées, douées d' un rythme commeles formules magiques. Ceci explique le passage de l'incantation à la poésie. Le rythme fut lelien commun.L'incantation magique unit la mélodie à des paroles souvent incompréhensibles pour des non– initiés. Le chaman utilise l'imitation en vue d'exercer une action sur le semblable par lesemblable.Le chant s'adresse à un seul être, sensible, mais invisible, l'Esprit sur lequel le chaman veutagir .Le chaman l'enchante par des chants.Le verbe enchanter, du latin incantare, prononcer des formules magiques à l'encontre d'unepersonne. Avant d'être récitées ces paroles étaient chantées.La musique a souvent été présentée comme un enchantement pour l'âme et un apaisementpour les maux d'où peut-être son implication dans le soin.

1 Sérénade pour un cerveau musicien de Pierre Lemarquis

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C4) De tous temps, la musique a été reconnue comme ayant des vertus thérapeutiques

Il y a longtemps, très longtemps, les êtres vivants attribuaient un caractère magique à tout cequ'ils ne comprenaient pas, y compris la maladie.

" Chacun des sons emis par la voix humaine a une puissance particulière qui échappe au commun des mortels, mais que les adeptes connaissent et dont ils se servent. Telle note irrite les Esprits, les apaise ou les attire; telle autre agit sur les corps et en combinant l'une avec l'autre, on compose ces mélodies que les magiciens entonnent au cours de leurs invocations. Mais comme chacune d'elles a sa puissance particulière, il faut bien se garder d'en intervertir l'ordre ou d'en substituer une aux autres : on s'exposerait aux plus grands malheurs!Toute intonation incorrecte ou toute omission fournirait à l' Esprit invoqué un prétexte pour ne pas intervenir, et pourrait mettre en mouvement au contraire un Esprit redouté".1

En Afrique, le sorcier organise devant la hutte du patient un concert avec chants, danses,orchestre et se livre à une pantomine où il lutte en duel contre les démons de la maladie afinde les chasser. Lorsque les démons sont terrassés, il entonne un chant de victoire.2

Les chants acompagnent la fabrication des remèdes. En effet, grâce au chant la potion aura ungoût si détestable pour le démon qui a pris possession du corps du malade et le chassera ainsi.Chez les Indiens d'Amérique, la tribu des Ojibwa, il y a une grande société de médecine,placée sous la protection des" Manitous " et composée de "shamans" où la connaissance deschants magiques est aussi importante et secrète pour le guérisseur que celle des drogues. Ces chants sont des répétitions de mots incohérents auxquels on ajoute des syllables dénuéesde sens, pour prolonger la note, le tout étant recommencé indéfiniment.3

Le tarentulisme est une maladie qui sévissait près de la ville de Tarente au sud de l'Italie.Lamorsure d'une araignée en était la cause. On soignant cette affection par la musique et unedanse : la tarentelle.4

Aujourd'hui de nombreux projets de recherche sur les effets de la musique existent , afin demieux comprendre son effet sur le cerveau et son implication dans le quotidien des personnes.

d)La musique a une place importante dans notre société.

La musique est omniprésente. Elle est partout, dans les magasins.. Dans les films, elle permetde créer une atmosphère en jouant avec les émotions comme la peur, l'angoisse, la joie, lerire... Elle accentue le jeu des acteurs, et valorise, augmente l'effet émotionnel de la scène. On la retrouve également dans les publicités audiovisuels par exemple à la télévision. Elle estfaite pour mémoriser par association, un produit commercial.L' évolution de la technologie permet de garder des traces de concerts, manifestationsartistiques... sous forme d' enregistrement. Enregistrement que l'on peut écouter et réécouterindéfiniment. Cependant ce n' est qu' une copie, la magie de la musique se situe dans l'instant.La télévision, le cinéma permettent une large diffusion de la musique, concerts, comédiesmusicales... permettant à un grand nombre de personnes d'y avoir accès.Autrefois elle était réservée aux "gens de qualité".

1 Maspéro, études de mythologie et d'archéologie égyptienne t.1 p106 cité par J.Combarieu dans histoire de lamusique p.372 – 3- 4 histoire de la musique de J. Combarieu

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III) La musique est une technique spécifique qui favorise l' expression.

a) Le but de l'être humain est la bonne santé et le bien être.

La bonne santé c'est l'autonomie physique, mentale et sociale.Le mot santé vient du latin " sanus" bien portant de corps et d'esprit. 1

Trois éléments sont nécessaires pour qu'une personne soit en bonne santé.

Un état physique autonome permet au organes tel que le coeur, les poumons de fonctionner seuls.

Un état mental autonome, relève du domaine psychique. C'est ce qui permet laréflexion c'est à dire arrêter sa pensée sur quelque chose pour l'examiner en détails.

Un état social, vient du latin " allié" qui concerne les relations entre les hommes.L'être humain vivant est une personne sociale. Le fait d'être autonome socialement peut se définir par la capacité à subvenir soi même à ses besoins:se nourrir, se vêtir.. à trouver sa place au sein de la société, à contribuer à son développement.

La bonne santé et le bien être sont la résultante de la capacité à maîtriser son environnement.Cette maîtrise permet à l'être humain d'entrer en relation avec les autres, de s'adapter àdifférentes situations.

La personne séropositive peut voir cette capacité réduite, du fait de la peur du regard desautres.La recherche du bonheur est celle de tout être humain vivant. Pour se faire, il est nécessaire que, ce que vit cet être humain soit en adéquation avec son vécu et son ressenti. C 'est ceque l 'on appelle la qualité existentielle de vie.La personne infectée par le VIH voit sa qualité de vie pénalisée d'une part par la maladie,d'autre part, par une blessure de vie. En effet, la maladie, séropositivité, SIDA induit unquestionnement de la personne quant à son devenir et l'opportunité de faire des projets.La blessure de vie, met en évidence la vie avant la pathologie et l'après. La qualité de vie vaêtre pénalisée, cela implique l'estime de soi.

b) La musique instrumentale peut favoriser l'expression.

L'expression est le passage de l'activité instinctive à l'acte volontaire dirigé. Pour ce faire,différents mécanismes vont être sollicités:

-l'impression-l'intention-l'action-la technique et la production

1 dictionnaire éthymologique le Robert

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L' impression va faire appel aux capacités sensorielles de la personne. Dans le cadre de lapratique instrumentale, le violoncelle, ce serait l'audition, le toucher, la vue.

L'intention c'est la volonté, le désir d'une recherche esthétique.

L'action c'est la mise en oeuvre de moyens, méthodes, techniques pour réaliser une action. Parexemple pour jouer du violoncelle, il est nécessaire de connaître le savoir- faire relatif à lapratique de cet instrument.

La technique serait des savoir- faire; par exemple , la tenue de l'archet, le glissement del'archet sur les cordes également comment tenir l'instrument. La production c'est ce qui enrésulte: les sons.

c) La pratique instrumentale permet à la personneVIH de s'affirmer.

La personne séropositive a subi une blessure à la fois dans son corps, et dans sa viequotidienne. Le cours de sa vie s'est modifié entraînant une baisse de la confiance en soi.

La pratique instrumentale va lui permettre d'évacuer cette souffrance en s'investissant danscette expression musicale.

Après avoir maîtrisé quelque peu, la tenue du violoncelle, de l'archet, le glissement de l'archetsur les cordes, la personne va produire des sons, puis des sons qui lui plaisent. Ils peuvent êtreassociés à des émotions, des sentiments, des images... en cela ils sont empreints de lapersonnalité de la personne.Elle va donner un style à ces sons, son style.

La plupart des participants à l'atelier d'art thérapie n'avaient jamais vu d'instruments" pour devrai", et de près.. n'avaient jamais imaginer en tenir un et l'utiliser.

Elles étaient heureuses de pouvoir toucher, manipuler le violoncelle.Elles étaient fières de laconfiance que je leur témoignait en leur laissant l'instrument. Cet état de fait a créé un climatde confiance réciproque et a contribué à redécouvrir leur propre confiance permettant dedonner un style à son jeu instrumental.

Le style concerne l'expression. Il exprime la personnalité de l'auteur. Il implique la confianceen soi.

d) La musique instrumentale et vocale implique des mécanismes psychiques.

d1) Elles sollicitent l'imaginaire.

La musique instrumentale et / ou vocale favorise l'imaginaire car elle conduit à la rêverie.La personne qui écoute laisse ses pensées vagabonder formant ainsi des images souvent enlien avec l'émotion suscitée par l'écoute.

Le musicien, lui, s'approprie l'oeuvre par son interprétation sous tendue par son savoir, sesémotions, ce que lui suggère l'oeuvre.

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d2) Elles favorisent la fonction mnésique, la concentration.

La concentration est nécessaire à l'activité musicale. Toute l'attention est centrée sur latechnique instrumentale ou vocale, dans le but de maîtriser ces savoir-faire et pouvoir s'endétacher dans l'interprétation, laissant place ainsi à la beauté et au plaisir.La personne VIH a parfois des difficultés à se concentrer et peut- être génée par des troublesde la mémoire.La musique peut avoir une influence positive en ce sens qu'elle va demander à la personnedans la pratique du violoncelle, de prêter attention au maniement de l'archet, à la tenue del'instrument, afin de développer un savoir faire pour produire des sons.Le plaisir de" jouer " va mettre en oeuvre le travail de mémorisation afin de pouvoir lors duprochain atelier, retrouver ce plaisir valorisant ainsi la personne séropositive.Il en est de même pour la pratique vocale. Elle va faire appel à des savoir- faire différents.

e) La musique implique le corps.

La musique requiert une grande technicité, en effet à la différence du peintre qui peutretoucher sa toile, le musicien lui ne le peut pas.Lorsque le musicien donne son oeuvre en concert, elle doit être parfaite.La musique demandeune grande technicité qui ne peut s'acquérir que par un entraînement long et intensif. Cettepratique répétitive du jeu instrumental est mémorisée en quelque sorte par le corps.Par exemple, dans le jeu instrumental de la harpe, les doigts volent sur les cordes sansréfléchir. Ils savent.La musique implique la gestuelle, en effet le chef d'orchestre utilise ses mains pour diriger lesmusiciens, les chanteurs.Il va également s'aider de sa / ses main (s) pour souligner la hauteur, l'amplitude du son.On pourrait dire que le geste dessine le son.

f) La musique influence l'émotionnel.

" La musique a les attache les plus fortes avec la nature humaine, elle vient desprofondeurs du sentiment et de l'esprit. "1

La musique est émotion. En effet, le ressenti émotionnel, l'idée véhiculée.. transparaît dansl'oeuvre du compositeur. En retour elle exercera des effets sur les émotions des auditeurs.Cetteémotion est perçue différemment par chacun d'entre nous en fonction de sa culture, de cequ'elle évoque, de l'état d'esprit de la personne.. Elle peut provoquer les larmes, le rire,l'angoisse, la peur..La voix a cette particularité qu'elle est unique. Elle est celle d'une personne, et seulement decette personne.Le chanteur va l' utiliser pour mettre en évidence les sentiments évoqués, ou sous-entendusdans l'oeuvre, c'est l'art de se mettre en scène, l'opéra en est un exemple.La musique étant expression, ce peut- être le moyen d'entrer en relation avec les autres, avecsoi, avec le Divin ou la part de spiritualité présente en chacun de nous.

1 histoire de la musique de J. Combarieu préface p.IX

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C) la musique permet aux personnes séropositives de restaurer l'estime de soi.

I) L'art-thérapie est une méthode qui utilise le potentiel artistique à des fins humanitaires etthérapeutiques.

Définition de l'art-thérapie.

Nous allons préciser ces termes afin de mieux cerner les champs de compétence et d'action del'art-thérapie.

L'exploitation : c'est l'utilisation des éléments observables pendant la prise en charge en art-thérapie. Pour ce faire, il est indispensable que l'art thérapeute ait une bonne maîtrise de son activité artistique, des bases solides de thérapeutique générale.

Le potentiel artistique: ce sont les possibilités esthétiques que l'homme a en lui-même qu'ellessoient exploitées ou non.

La visée humanitaire: c'est l'intèrêt que porte l'art-thérapeute à l'homme. Il donne à la personne la possibilité de s'exprimer par le biais de l'art. La personne estperçue par l'art-thérapeute dans sa globalité.

La visée thérapeutique : c'est ce qui relève du soin. Par leur engagement dans une activité artistique, l'art-thérapie aide les personnes à améliorer leur qualité de vie.

L'art thérapie ne soigne pas au sens strict du terme,cependant l'art- thérapeute utilise sescompétences, en exploitant le potentiel artistique afin de permettre aux personnes concernéesl'émergence d'émotions. L'art-thérapie s'adresse particulièrement aux personnes souffrant de troubles de l'expression,de la communication et de la relation.

a) L'art- thérapie est l'exploitation du potentiel artistique à des fins humanitaires etthérapeutiques.

Le phénomène artistique accompagne les hommes vers la beauté et provoque des effetsrelationnels.Les arts de la beauté sont la recherche du caractère esthétique et le plaisir qu'il procure à leurcontact.L'oeuvre peut-être approchée de deux façons:

La contemplationL'action

La contemplation, c'est une stimulation, une perception sensorielle,et une activité spirituelleinhérente à la nature, la connaissance, et, ou la volonté de l'homme.

L'action est déterminée par la faculté de l'homme à recevoir des informations de l'extérieurpar les organes sensoriels.Ces informations extérieures à l'homme sont ce que l'on appelle des impressions.

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Ces impressions génèrent une stimulation des facultés mentales comme la mémoire,l'imagination, provoquant parfois une réaction comme l'activité volontaire dirigée vers uneproduction artistique comme le chant, la pratique instrumentale.. qui impliquera par la suiteune évaluation des capacités esthétiques. C'est ce que nous appellerons le pouvoir expressif del'Art.Les capacités esthétiques sont l'expression du goût, du style, du plaisir.Plaisir: du latin "placere" état de contentement que crée chez quelqu'un la satisfaction d'unetendance, d'un besoin, d'un désir, d'un bien être.1

Le plaisir esthétique se caractérise par une activité réfléchie, entre une production artistique ( expression sensible de l'idéal esthétique de l'artiste ) et un état psycho- physiologique.2

L'effet relationnel de l'art est le résultat de l'expression dirigée vers une autre personne.

Au cours de l'activité artistique, la musique va permettre d'établir une relation avec les autres.Cette relation est un principe d'unification avec l'autre, elle va dans le sens de l'association, duregroupement, et favorise l'échange, la communication.

Il y a une distinction entre communication et relation.La caractéristique de la communication, c'est l'échange d'informations.Cependant, il peut y avoir une absence de communications, d'échanges, au sein d'un groupeoù malgrè tout les personnes sont unies. Cette situation crée une sorte de complicité, deconnivence entre les personnes.

Nous distinguons en art-thérapie la communication où le sens domine sur la qualitéexistentielle et la relation où la qualité existentielle prédomine sur le sens.

b) Le phénomène artistique est la base du travail de l'art-thérapeute.

Le phènomène artistique peut être comparé à une opération mentale qui débuterai par uneimpression, pour aller ensuite vers une expression qui génèrerai une action ayant pour but uneproduction qui par la suite fera l'objet d'une évaluation des capacités esthétiques.

L'impression relève de la sensorialité.

L'intention : c'est la volonté dirigée vers un but précis. Elle peut s'associer à l'esthétique et tendre versun idéal de beauté. C'est ce qui met en route le désir de faire. Il tend vers la recherche du bonheur etrelève du Bon.Le Bon permet l'émergence de la faculté critique, soit la capacité d'analyse de l'oeuvre de la personne.L'action : c'est la mise en oeuvre des méthodes, des techniques de l'activité artistique. Ces élémentsrelèvent du Bien.Le Bien c'est l'adéquation entre ce que la personne veut produire et ce qu'elle produit.La production est l'accomplissement de cette expression. C'est la cohérence entre l'intention, l'action etla production. Elle se compare avec l'intention de départ.La production est associée au Beau.Nous distinguons deux phases caractérisitiques de l'activité artistique.La première ou Art I concerne les gestes et les plaisirs archaïques, cette activité ne relève pas d'unetechnique mais plutôt de l'instinct. Cette activité ne s'inscrit pas dans un projet. Elle est non organisée.

1 Dictionnaire Petit Larousse2 Tout savoir sur l'art thérapie de Richard Forestier

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La seconde ou Art II est elle qui se traduit par un acte volontaire dirigé vers une activitéartistique. Elle fait appel aux techniques artistiques.Dans les deux cas le médiateur commun est le corps. L'activité artistique est avant tout uneexpression par le corps.

c) la qualité de la relation art-thérapeute / patient est importante dans ce processus desoins.

L'instauration de la relation entre art-thérapeute / patient s'inscrit dans le positionnement d'uncadre dans lequel la relation pourra exister. Ce cadre induit une relation de confiance entre lethérapeute et les patients. Cette confiance est indispensable au bon déroulement du processusthérapeutique. Des exigences sont à mettre en place et à respecter pour maintenir cette relationde confiance. Il y a une ethique, le thérapeute doit s'engager à la respecter. Il es lié par laconfidentialité et le secret professionnel. Il se doit d'apporter dans cette relation sa partd'humanité, le respect de l'autre, son empathie... pour accompagner le patient.Cette relation thérapeute / patient se construit tout au long de la prise en charge d'art- thérapie.Elle doit également tenir compte de la culture, des habitudes des membres de l'équipe et desspécificités de la pathologie concernée.

II) La personne VIH peut bénéficier de l'art-thérapie pour son épanouissement personnel.

a) Au cours, de l'atelier d'art-thérapie, le patient VIH peut s'affirmer en tant quepersonne.

Le Beau, en art-thérapie est ce qui plaît dans le domaine de l'art, tout simplement.

Par exemple : MME S.. aime écouter le chanteur Roberto Alagna.

Au cours des ateliers, l'activité musicale va permettre à la personne séropositive dedévelopper des capacités artistiques. Par ses choix de répertoire, d'instruments, soninterprétation, elle va développer un style qui lui sera propre et qui contribuera à sareconnaissance au sein du groupe :

"Celle qui aime écouter Roberto Alagna."En cela, elle pourra être reconnu au sein de l'atelier sur sa singularité et pas seulement commeappartenant au groupe de personnes contaminées par le VIH.

b) Durant l'atelier d'art-thérapie, le regard des autres peut favoriser le développementde l'estime de soi.

L'estime de soi, c'est évaluer sa propre valeur et avoir une opinion sur celle-ci. Elle repose surla confiance, l'affirmation,et l'image de soi. L'harmonie entre ces trois composantes estindispensable à une bonne estime de soi.Cette pathologie, le SIDA induit souvent une dévalorisation de l'estime de soi. Lalipodystrophie provoque des transformations corporelles mal vécues par le patient modifiantle regard que la personne a sur elle même, soit l'image de soi. Du fait de sa séropositivité, la faculté de se projeter dans l'avenir, de faire des projets estdiminuée. Souvent, la personne contaminée par le VIH va peu à peu s'identifier commeappartenant au groupe des "séropositifs" et non plus comme personne ce qui peut expliquer ladifficulté d'affirmation que peuvent rencontrer ces patients.

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De part leur implication dans les activités proposées, la perception que les personnes avaientd'eux-mêmes s'est modifiée. Leur engagement dans l'activité musicale au sein de l'atelier, etdans le groupe favorise l'estime de soi créant ainsi une dynamique et permettant la venue denouvelles personnes au sein de ce même groupe. Les activités de l'atelier exposent les participants au regard des autres, à travers leur choixd'instruments, également dans le chant, la pratique instrumentale.Pendant les séances d'art-thérapie, l'art-thérapeute est attentif à chacun et à l'écoute de chaqueparticipant leur permettant en cela d'être reconnu dans leur singularité au sein du groupe.

c) L'exploitation du potentiel artistique permet d'affirmer sa personnalité

L'art existe depuis l'aube des temps, a traversé le temps et l'espace accompagnant les êtreshumains et leur apportant du plaisir. L'importance de l'art, pour les hommes, sembleévidente.En effet, l'art existe depuis que l'homme existe. Il procure une saveur particulière àceux qui le pratiquent

Nous avons vu que la qualité de vie de la personne séropositive est pénalisée d'une part par lamaladie, d'autre part par une blessure de vie, ce qui la fragilise.En cela l'art a une fonction particulière, elle procure une joie, un rayonnement à la personnequi l'utilise faisant oublier les souffrances, laissant place ainsi pour autre chose. faire des choix, exprimer ses émotions, éprouver du plaisir participent à l'épanouissement favorisantune meilleure qualité de vie.L'activité artisitique comme la musique, le chant, la pratique instrumentale, permet à lapersonne de s'exprimer devant les autres et avec les autres impliquant ainsi la relation par lebiais des émotions.Les usagers, comme les salariés et volontaires écoutaient ces chants, cette musique avecplaisir et remarquaient la joie qu'ils procuraient aux participants, donnant envie à quelquessalariés et autres de nous rejoindre.Au cours d'une réunion, le coordinateur de l'association AIDES a déclaré : " ça chante partout dans la maison, et c'est bien agréable."

La pratique musicale peut aider des personnes séropositives à retouver leur singularité, leurpermettant ainsi d'exister à part entière.Il s'agit de redonner le goût de vivre par une recherche de qualité existentielle qui donne unesaveur à la vie et par là même favorise le "savoir être".L'être humain retrouve sa capacité à être sujet et ainsi à redécouvrir la sensation d'existence.L'art-thérapie peut permettre aux personnes séropositives d'avoir une meilleure qualité de vie.

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DEUXIEME PARTIE

A) Le reseau ville hôpital VIH37, à l'hôpital Bretonneau, l'association AIDES sont deslieux de soins, d'écoute où le patient est pris en charge dans sa globalité.

I) Le réseau ville hôpital, est un lieu où le patient est pris en charge dans sa globalité.

a) Le réseau VIH37 est une entité au sein de l'hôpital.

Le réseau ville hôpital VIH37, a été créé en 1991 dans le département de l'Indre et Loire, àl'initiative conjointe de plusieurs médecins généralistes libéraux et des médecins hospitaliersdu service de maladies infectieuses du CHRU de Tours.

Le service de maladies infectieuses est dirigé par Mr le Pr Louis Bernard et il est également lecoordinateur hôpital du réseau ville hôpital VIH37.Le médecin coordinateur ville du réseau est le Dr Jean-François Dailloux.

Le réseau intervient dans le parcours personnalisé du patient.

Ce réseau réunit différents acteurs sanitaires et sociaux de statut libéral et hospitalier :médecins généralistes et spécialistespsychologuepsychiatreinfirmières autour de l'observance pharmacienassistante socialediététiciens

Il a pour ojectifs : la coordination et l'accompagnement des patients autour des soins. Ilpropose des constultations spécialisées. Il développe des actions de formation. Il diffusel'information auprès du grand public.Il participe aux recherches biomédicales.Chaque année, le réseau organise avec les associations, le forum du sida qui se déroule dansles locaux de la faculté de médecine.

b) C'est également un partenariat entre le réseau et les différentes associationsrelatives au VIH.

Le réseau ville hôpital VIH37 collabore avec les autres réseaux VIH de la région CentrePoitou Charente. Le réseau a créé un partenariat avec les associations comme AIDES, représentants lespatients. Il peut les diriger vers ces associations afin d'y trouver un soutien, un échange avecd'autres personnes séropositives, par exemple, les temps de parole. Les associations collaborent avec le réseau pour les actions à mener lors de la préparation duForum SIDA VIH.Le réseau ville hôpital 37, les associations ont des objectifs communs : la prévention, ledépistage et la lutte contrela discrimination.

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Le COREVIH * région Centre Poitou Charente est une organisation territoriale de référenceinstaurée pour permettre une meilleure continuité des soins entre le secteur hospitalier et extrahospitalier et favoriser l'implication des associations de malades et d'usagers du système desanté. On compte également une association qui a vocation à fournir des logements thérapeutiques àdes patients le plus souvent issus de l'immigration et qui n'ont pas de logement.

c) La prise en charge du patient est multiple.

Le patient est pris dans sa globalité. Le réseau comprend différents acteurs de santé et lepatient est au centre de ce partenariat. Il est dirigé vers l'un ou l'autre ou plusieurs desmembres de cette équipe de soins en fonction de sa situation médicale, psychologique etsociale. Chacun le reçoit en fonction de sa spécificité mais toujours en lien avec l'équipe. Undossier médical est élaboré et consultable par l'équipe afin d'apporter une bonne qualité desoins et un suivi médical.

Cette prise en charge globale est importante car elle va contribuer à ce que le traitementmédicamenteux soit pris de la meilleure façon qui soit. La chronicité de cette affectionnécessite la prise en compte de la vie quotidienne et des difficultés qu'elle provoque ceci afinde permettre la mise en place d'une manière adaptée à la situation du patient.

II) L'association AIDES est un lieu d'écoute, de rencontre, de soutien.

a) L'association AIDES a été créée à l'initiative des personnesVIH.

"Face à une urgence médicale certaine et une crise morale qui est une crise d'identité, je propose un lieu de réflexion, de solidarité,et de transformation, voulons nous le créer ? " 1

L'association AIDES a été créé en 1984, à l'initiative de Mr Daniel Defert afin d'aider lespersonnes Sidéennes, et à " repenser" le SIDA dans sa "globalité" c'est-à-dire le sortir ducontexte médical pour le penser comme un problème de société.

Comme nous l'avons dit page 2, le SIDA a été découvert en premier lieu dans la communautéhomosexuelle, lui associant ainsi une notion d'immoralité. Ce qui a conduit à unecatégorisation de la population selon son appartenance sexuelle avec les notions de "bien" oude "mal" de normalité. Selon le groupe d'appartenance.C'est en tout premier lieu, la communauté homosexuelle qui s'est mobilisé suivi destoxicomanes, des hémophiles et des migrants, puis à tous...A ses débuts, l'association avait vocation à accompagner les mourants et les proches desdéfunts.Aujourd'hui, toutes ces différentes appartenances socio-culturelles sont engagées dans la lutte contre le SIDA et la discrimination, mais également pour faire évoluer les idées.

L'association AIDES est présente au niveau national, régional, et départemental ainsi que dansles DFA ( département Français d'Amérique : Guyane st Martin..)

1 letttre proposant la creation de AIDES par Mr Daniel Defert en 1984 texte fondateur

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b) Une équipe de salariés et de volontaires en assurent le fonctionnement.

L'association AIDES est placée sous la responsabilité d'un Directeur National : Mr VincentPelletier, et d'un Président National : Mr Bruno Spire.

A Tours, L'association emploie six salariés et cinq volontaires, non salariés, complètentl'équipe. De nombreux sympathisants apportent leur aide.Les salariés sont chapeautés par le Directeur régional : Mr Thierry Prestel et le coordinateurdépartemental : Mr Daniel Hilt.Les volontaires sont dirigés par la Présidente Régionale :Mme Catherine Aumond et par laPrésidente départementale : Mme Gys Lecomte.Les salariés et les bénévoles reçoivent la même formation. Elle aborde différents sujetscomme : l'éthique, les principes d'actions, les missions.

c)Les objectifs de l'association AIDES sont la prévention, la réduction des risques, lesoutien envers les patients et leurs proches.

L'association organise des actions de prévention auprès de différents publics tels que les prisonniers,les étudiants et elle participe aux campagnes nationales sur ce même thème.Elle est representée lors de manifestations comme les festivals, leur action vise la prévention parl'information ( distribution de préservatifs).Des actions d'informations sur le terrain, cible un public spécifique, les migrants, elles se traduisentpar des temps de rencontres et d'échanges dans des magasins identitaires, comme les boutiques deproduits exotiques.A l'hôpital, dans le service de maladies infectieuses, un espace est aménagé pour un lieu derencontre entre les patients qui le souhaitent et l'association.Elle propose des week end de santé. Dans ce contexte, des ateliers sont proposés aux personnes. Lessujets évoqués concernent la nutrition, la sexualité. Des moments de bien être comme les massages,les ateliers du rire, l'art-thérapie sont mis en place.

AIDES assurent des permanences dans ses locaux où un temps de parole est animé par l'équipe.C'est également un centre d'accueil et d'accompagnement pour les usagers de drogues. Dans le cadrede la réduction des risques, elle fournit du matériel stérile aux toxicomanes.

B) Une prise en charge d'art-thérapie se met en place à l'hôpital et à l'associationAIDES.

I )A l'hôpital, une prise en charge individuelle du patient se met en place.

a) Un projet thérapeutique est élaboré.

La psychologue du réseau ville hôpital VIH37, m'a proposé de prendre en charge, en séanceindividuelle une jeune femme de 22 ans.

Les séances se sont déroulées dans son bureau qu'elle me laissait pour une durée de 45 minutes àraison d'une fois par semaine.Le bureau étant situé au milieu de différentes salles de consultation, la musique ne pouvait être latechnique artistique utilisée. Ce fut donc le théâtre : jeu de rôle et art plastique : dessin, collage.Un espace pour ranger le matériel : crayons de couleur, feutres colle, ciseaux, boutons, rubans,papier de couleur, cahier de dessin.. me fut octroyé.

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b) Des outils d'observation sont fixés afin d'évaluer la prise en charge du patient.

Afin de pouvoir établir un suivi du patient différentes étapes sont nécessaires.Tout d'abord, déterminer un objectif qui tient compte de l'histoire de vie du patient et de ceque l'on veut atteindre. Le suivi sera réalisé par la rédaction de fiches d'observations après chaque séance. Desréadaptations seront peut-être à envisager ainsi que les moyens utilisés et, ce en fonction del'évaluation du suivi, des résultats. Une fiche d'ouverture est établie au début de la prise en charge d'art-thérapie. La fiche defermeture la clôt.

II) L'atelier d'art-thérapie émerge au sein de l'association.

23 personnes ont bénéficié de l'atelier d'art-thérapie au moins une fois.

a) l'atelier doit avoir un cadre déterminé.

Le cadre de l'atelier est fixé dans l'espace et la temporalité. Il a lieu dans les locaux del'association AIDES à Tours. Il se déroule chaque semaine, le mercredi après- midi de 16h à18 h.

Les locaux de l'association sont établis dans une maison sur deux étages. Les deux pièces du deuxième étage servent de bureaux administratif : un pour le secrétariat,l'autre pour le coordinateur.Au premier étage,une pièce sert d'infirmerie ( fonction CARRUD* ), l'autre est un bureau.Au rez de chaussée, on trouve une cuisine et une grande salle qui sert à l'accueil des usagers.L'atelier se déroulait dans cette pièce comme suit : de 16h à 17h atelier suivi d'une pause d'unquart d'heure permettant ainsi d'instaurer un temps d'échange. Il se terminait à 18heures.Que l'atelier soit dans cette pièce n'était pas idéal. En effet, des personnes venaient pourrencontrer et échanger sur le temps de parole ce qui n'étaient pas sans occasionner une gêneaux participants. De plus l'espace n'était pas reconnu comme étant l'atelier puisqu'il servait àtout.Après en avoir parlé avec la Présidente,MME Lecomte, l'atelier s'est déplacé au premier étagedans la pièce qui servait de bureau, ce qui a permis de différencier l'activité d'art-thérapie.

Cette expérience démontre l'importance de l'existence du cadre de l'atelier d'art-thérapie.

b) Un protocole de prise en charge thérapeutique doit être établi.

Le protocole c'est la faisabilité de l'activité.C'est un processus thérapeutique qui va utiliser différents points :

-L'état de base-L'objectif-la stratégie-Les moyens-L'évaluation

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A l'association, il n'y a pas d'équipe soignante, pas de dossiers médicaux. L'état de base c'estce que chaque usager veut bien dire. Il n'y a pas de caractère obligatoire.Afin de pouvoir déterminer un objectif thérapeutique, je suis allée de nombreuses fois, avantla création de l'atelier, sur le temps de parole pour présenter l'art-thérapie, me présenter etsurtout écouter.La musique instrumentale et vocale furent les moyens utilisés auxquels furent associésl'expression corporelle, le mime.La création d'une affiche indiquant l'activité d' art-thérapie au sein de l'association fut réalisée par l'ensemble des participants.L'évaluation permet l'appréciation du travail réalisé.

c) La détermination de l'objectif permet le suivi des patients.

Afin d'établir le suivi des patients, des fiches d'observations sont réalisées pour chaque séanceet pour chaque participant ainsi qu'un bilan de séance.

Le patient peut être confronté à l'émergence de difficultés sur lesquelles nous allons nousarrêter afin de les résoudre. Ce sera pour nous un site d'action. L'analyse de cette difficulté vapermettre des objectifs intermédiaires. Le suivi de la prise en charge thérapeutique est indipensable. Il va permettre d'affiner la priseen charge, d'évaluer la progression du patient.Ce travail de réflexion est éxécuté après chaque atelier.

d)des outils d'observation sont nécessaires pour une évaluation adaptée de la prise encharge des patients.

Les personnes séropositives ont parfois des difficultés à s'investir dans une activité. Parailleurs, elles ont souvent une mauvaise image d'elle- même quant à la confiance en soi, elleest quelque peu dévalorisée.Les items sont la plus petite unité observables. Ils vont permettre d'évaluer la moindreacquisition.l'intention est une orientation de l'activité physique qui préside à l'action. Motivation,concentration et attention sont des éléments nécessaires à l'implication dans l'activité.L'attitude corporelle renseigne sur la capacité de la personne à s'accepter physiquement.Les capacités esthétiques sont l'expression du goût, du plaisir, de l'émotion. Elles mettent enévidence la cohérence entre le bon, le bien, le beau et nous renseignent sur l'estime,l'affirmation et la con fiance en soi.Ces différents critères d'évaluation affinent l'observation et permettent l'adaptation de la priseen charge d'art-thérapie.

C) Les études de cas décrivent l'expérience d'art-thérapie.

I) A l'hôpital, la prise en charge d'art-thérapie s'est effectuée à l'aide de l'art plastique,du théâtre.

Etude de cas de Melle J...

a) L'anamnèse de Melle J.. nous permet de définir un état de base.

Melle J.. est une jeune femme âgée de 22 ans. Elle est issue de l'immigration africaine. Elle

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vit chez sa tante qui est séropositive.Melle J.. nous a été présentée par sa tante. Il s'avère que Melle J..est timide, n'ose pas faire leschoses. Elle se trouve "nulle". Cet état de fait, nous montre que Melle J.. n'a pas confiance enelle.Une prise en charge d'art-thérapie individuelle lui est proposée. Elle accepte.

b) La prise en charge d'art-thérapie se base sur les objectifs généraux, sur la stratégiethérapeutique et sur les évaluations.

Melle J.. a des difficultés à faires des projets. Elle est très introvertie, renfermée et necommunique que très peu.Après un entretien avec la psychologue du réseau ville hôpital VIH 37, une prise en chargeindividuelle d'art-thérapie lui est proposée. Elle accepte.Elle espère améliorer sa confiance en elle et pouvoir faire des projets.Elle aime dessiner.Une stratégie est mise en place à l'hôpital.Le protocole est ainsi défini:La prise en charge d'art-thérapie se déroule sur 8 séances individuelles de 45minutes, le jeudide 15h à 15h45. Les séances ont lieu dans le bureau de la psychologue qu'elle me laisse pourla durée de la séance.La technique utilisée est l'art plastique : dessin, collage, pâte à modeler. On y associe lethéâtre.La stratégie art-thérapeutique vise à l'amélioration de la confiance en soi et par voie deconséquence à une meilleure estime de soi.Les items retenus pour cette évaluation sont :

Les capacités d'intention vont permettre d'évaluer l'affirmation de soi :-le patient arrive à l'heure -l' assuidité aux séances-l' attention au cours de l'activité-l'initiative dans la production

Les capacités relationelles vont permettre d'évaluer une amélioration générale :-prise de la parole-communique facilement avec l'art-thérapeute-initiative dans la communication

Les capacités artisitiques vont permettre d'évaluer l'affirmation de soi :-expression de son goût-capacité à utiliser une nouvelle technique-expression du plaisir : sourire

L'objectif: lui permettre de retrouver confiance en elle et d'améliorer ses capacités relationelles.Stratégie : l'aider à gérer sa peur, faire des choix, solliciter ses sens. Moyens : théâtre, dessin, pâte à modeler.

le théâtre, jeu de rôle vont l'aider à gérer sa peur et l'amener à s'exprimer verbalement. Dans un premier temps, je vais axer les séances sur la sensorialité, pour cela je vais utiliser lapâte à modeler. Le plaisir obtenu ainsi va susciter l'envie de faire.

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On jouera avec j'aime je n'aime pas au moyen du dessin à travers ces jeux elle pourra sepositionner en matière de goût, faire des choix.Les différents dessins associés à la pâte à modeler vont montrer ses capacités à faire, àexprimer ses émotions,ses choix. Réalisation d'une affiche projet de vie, au moyen du collage.Déroulement des séances de Melle J.. à l'hôpital

Séance 1:Melle J.. est tendue. Elle a le visage fermée et ne parle pas. Elle est à l'heure.Elle doit téléphoner pour un prendre un rendez- vous afin de faire un bilan de compétences.Elle a peur de s'exprimer, de ne pas savoir..Elle semble très inquiète.Objectif: calmer sa peurStratégie : proposition de jeux de rôles.Moyens : théâtreUn exercice de respiration lui apporte un peu de détente.Son visage est moins tendu. Puis onjoue à faire" semblant de prendre un rendez-vous"en exagérant les détails,un peu comme authéâtre, ceci afin d'amener une détente par l'aspect ludique. On inverse les rôles :tantôt elle téléphone et demande le rendez-vous, tantôt elle répond au téléphone et proposeune date de rendez-vous ceci afin qu'elle puisse appréhender la situation dans son ensemble. Puis nous avons un temps d'échanges à propos de l'exercice. Elle dit: "je pensais que c'étaitplus compliquée que cela. J'ai moins peur."Nous bavardons, je laisse Melle J;; mener la conversation, ainsi elle se confie beaucoup plusqu'avec un entretien qui serai plus dirigé.Je lui indique la fin de séance.Conclusion: Melle J.. a commencé à mettre de la distance avec ses peurs.

Séance 2:Melle J est moins tendue. Son visage est moins fermé. Elle est presque à l'heure.Objectif: amener la détente.Stratégie : relaxation jeux de rôlesMoyens : exercices de respiration, théâtre.Nous commençons par un temps de respiration dans le calme puis en bougeant un peu lecorps afin de le dynamiser tout en apportant de la détente. Puis nous reprenons l'exerciceprécédent sur la prise de rendez-vous par teléphone. Voyant qu'elle était à l'aise, elle s'amusemême, je rajoute un autre jeu de rôle: se présenter au rendez-vous. Là encore, on le fait enexagérant les détails comme frapper à la porte, elle fait semblant, mais ne dit rien, alorsj'attends et je luis dis je n'ai pas entendu, et là elle éclate de rire, recommence et dit "toc, toc".Là encore, on inverse les rôles: tantôt elle reçoit la personne, tantôt elle joue le rôle de cellequi se rend au rendez-vous. Melle J.. est souriante, elle s'amuse beaucoup, prend plaisir à sesrôles. Nous avons un temps d'échange. Melle J.. est plus présente dans cet entretien. Je lui proposele dessin pour la prochaine séance. Elle est d'accord.Je lui indique la fin de séance.Conclusion: Un climat de confiance entre Melle J.. et l'art-thérapeute stagiaire s'installe.Melle j.. est plus détendue.

Séance 3:Melle J.. est à l'heure, souriante.Objectif: l'amener à faire des choixStatégie : dessiner

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Moyens: crayons de couleur, papier à dessin Melle J.. m'a dit qu'elle avait appris la couture. Je lui propose de dessiner les tissus, ceuxqu'elles aiment, ceux qu'elles n'aiment pas.Elle dessine différentes formes représentant les tissus en y ajoutant des couleurs très colorées.Elle est très concentrée. Elle s'applique.Je lui propose de faire un autre dessin, ce qu'elle veut. Elle semble déroutée par l'absence deconsignes. Je lui demande si elle aime les arbres, elle me dit oui, je lui propose de dessiner unarbre, comme elle a envie qu'il soit. Elle sourit, rassurée par une demande précise.Melle J.. est concentrée, elle est plus détendue. Nous avons un temps d'échanges puis je luiindique la fin de séance.Conclusion: Melle J.. est plus détendue. Elle a, à travers ses dessins, formulé des choix. Elleest pertubée par l'absence de consignes directives. Par ailleurs, j'ai remarqué qu'elle encadraittous ses dessins d'un coup de crayon.

Séance 4:Melle J.. a pris son rendez-vous. Elle est en colère contre sa tante. Elle est à nouveau ferméeet tendue. Elle est en retard.Objectif: scuciter le plaisirStratégie :relaxation, proposition de travailler la pâte à modeler.Moyens : exercices de respiration, pâte à modeler. Je lui propose un temps de respiration, elle aime bien cet exercice et cela arrive à la détendre.Puis je lui propose de la pâte à modeler, il y en a de toutes les couleurs. Elle en prend unmorceau, la malaxe, la pétrit, avec une certaine violence, peu à peu elle se calme,et continuede pétrir plus doucement. Elle finit par sourire et enfin me demande ce qu'elle doit faire avecla pâte à modeler. Je lui demande son avis. Elle sourit et décide de faire des fleurs, des oiseauxet elle l'a associé au dessin, en collant les fleurs, les oiseaux.. en pâte à modeler sur le dessin. Sa colère s'est envolée,elle s'applique. Elle sourit. Nous avons un temps d'échange, elle m'a ditavoir apprécié la pâte à modeler.Je lui indique la fin de séance.Conclusion: Melle J.. a eu plaisir à manipuler la pâte à modeler. Elle est passée de l'art Imalaxer, pétrir à l'art II créer les fleurs, les oiseaux et les associer au dessin.

Séance 5: Melle J.. est soucieuse. La date de son rendez-vous approche et cela l'inquiète. Elle est un peu en retard.Objectif: préparer le rendez-vousStratégie : relaxation, proposition de jeux de rôles Pâte à modeler.Moyens : exercices de respiration, théâtre.Nous commençons par un exercice de respiration, puis je lui propose de revoir le jeu re rôle :se présenter au rendez-vous. Elle est d'accord. Nous le répétons cela la rassure, elle se détend,sourit et finalement y prend du plaisir. Nous reprenon la pâte à modeler, elle réalise 2personnages et les fait parler. Elle raconte une histoire avec ces personnages. Elle est plusconfiante. Nous avons un temps d'échange et je lui propose de réaliser une affiche au moyendu collage, du dessin.. indiquant son projet de vie, ses souhaits.. Ce projet lui plaît beaucoup.Je lui indique la fin de séance.Conclusion: Melle J.. a retrouvé un peu d'assurance pour se rendre à son rendez-vous. Le jeude rôle lui a permis de se distancier de ses craintes.

Séance 6:Melle J.. est allée à son rendez-vous et tout c'est bien passé.Elle retrouve peu à peu confianceen elle. Elle est presque à l'heure.

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Objectif : faire des choixStratégie : élaboration d'une affiche concernant son projet de vieMoyens : découpage, collage.J'ai apporté une grande feuille cartonnée, des catalogues de fleurs, des boutons de toutes lescouleurs et de différentes formes, des rubans, du papier couleur, de la colle.Elle a choisi dans les publicités les fleurs qu'elle voulait, les a découpées,. Elle a pris desboutons, un ruban, des images d'animaux, des paysages représentant des saisons diverses. Elleles a toutes découpées.Elle est appliquée, concentrée, souriante. Nous avons un temps d'entretien, Melle J.. évoquedes souvenirs d'Afrique, de son enfance..les fleurs, les prospectus, les ont suscités.Je lui indique la fin de séance.Conclusion: Melle J.. s'est investie dans ces choix pour la réalisation de son affiche. Elle estheureuse.

Séance 7:Melle J.. est à l'heure. Elle a envie de continuer son affiche. Elle soigne d'avantage sonapparence. Elle est à l'heure.Objectif: réaliser l'afficheStratégie : finaliser l'affiche.Moyens: collageElle s'installe. Elle est concentrée. Elle dispose les paysages, les fleurs, les animaux sur lagrande feuille. Elle y ajoute les boutons , des fleurs qu'elle fabrique et découpe dans le papierde couleur.Lorsque tout est placé à sa convenance, elle colle chaque élément. Elle y ajoute un ruban bleumarine qu'elle plie comme le ruban rouge symble du SIDA et le colle.Elle donne un titre à cette affiche: "mon cheminement pour avancer dans la vie".Elle profite du temps d'échange pour m'expliquer son affiche:Elle a utilisé les images de paysage représentant les saisons pour symboliser l'avant, leprésent, la réflexion et la réalisation.L'hiver représente l'avant, le printemps le présent, l'été la réflexion, l'automne la réalisation.Les boutons sont là pour représenter chacune des étapes nécessaires, comme un chemin. Les animaux pour le côté joli. Les noeuds et rubans représentent les tissus.Melle J.. est satisfaite de son affiche. Elle est colorée et elle lui plaît.Je lui indique la fin de séance.Conclusion: Melle J.. a représenté au moyen de cette affiche son projet de vie. Elle l'amatérialisé lui donnant ainsi du sens.

Séance 8:Melle J.. est à l'heure, souriante détendue.Objectif: renforcer l'expression artistiqueStratégie : exercice non directif Moyens: dessin collage pâte à modeler.Je propose à Melle J.. de réaliser un dessin ou de la pâte à modeler du collage ce qu'elle veut.Elle est un peu désorientée, puis elle se souvient des autres séances et réalise un dessin. Elleutilise la pâte à modeler, le collage avec des images et les crayons de couleur..Elle se concentre. Elle semble plus à l'aise dans l'absence de consignes directives. Elle estsatisfaite de son travail. Elle aime les couleurs vives.Nous prenon un temps pour échanger sur l'ensemble des séances. Elle trouve que cela l'a aidéet elle a plus confiance en elle. Elle parle plus facilement.Conclusion: Melle j.. est plus à l'aise dans l'exercice libre et à fait montre d'un savoir-faire.

41

c) Le bilan des séances d'art-thérapie souligne l'amélioration de la confiance en soi.

Tableau 1 Implication dans l'activité

0 = absent 2 = en cours d'acquisition1 = faible 3 = acquis

L'attention dans l'activité progresse par palier. L'initiative dans la production est présente bienque faiblement à la 4ème séance, puis en constante progression.

42

S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8

Assiduité aux séance 3 3 3 3 3 3 3 3

Arrive à l'heure 3 2 3 1 1 2 3 3

Attention dans l'activité 0 1 1 2 2 3 3 3

0 0 0 1 2 2 3 3

Melle J.

Initiative dans la

production

S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8

0

1

2

3

asiduité aux séances

arrive à l'heure

attention dans l'activité

initiative dans la produc-tion

Tableau 2 : Capacités artistiques

0 = absent 2 = en cours d'acquisition1 = faible 3 = acquis

L'ensemble des items propgresse par paliers.

43

Mlle J. S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8

1 1 2 1 2 3 3 3

1 1 2 2 2 3 3 3

exprime du plaisir : sourire 2 2 3 1 2 3 3 3

exprime son goût: choix

dans les matériaux

capacité à utiliser une

nouvelle technique

S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8

0

1

2

3

Exprime son goût: choix dans les matériaux

Capacité à utiliser une nouvelle technique

Exprime du plaisir: sou-rire

Tableau 3 Capacité relationnelles

0 = absent 2 = en cours d'acquisition1 = faible 3 = acquis

On remarque que la prodresion de l'initiative dans la communication se met en place dès la 3 èemeséance et progresse par paliers.

Bilan des séances de Melle J.

Melle J.. est une jeune femme très introvertie. L'objectif n'a été atteint que partiellement faute de temps.Les exercices de jeu de rôles ont été bénéfiques en ce sens qu'ils ont amenés Melle J.. à s'exprimer. Unclimat de confiance s'est installé assez rapidement favorisant l'échange.La pâte à modeler l'a amenée à exprimer ses émotions, puis a sollicité sa créativité. Cependant elle a desdifficultés à prendre des initiatives.La réalisation, au moyen du collage, d'une affiche projet de viecomportant "avant" et "après" et les différentes étapes pour y parvenir lui ont fait comprendre qu'elleavait de la valeur et qu'elle était capable de faire des choses.Elle a amorcé une revalorisation de la confiance en soi à travers les différentes réalisations.Je pense qu'une suite de prise en charge d'art-thérapie en groupe lui aurais permis de s'affirmer devant lesautres.

44

S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8

0

1

2

3

Prise de la parole

Communique faci -

lement avec l 'art-

thérapeute

Initiative dans la

communication

S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8

Prise de la parole 0 1 1 2 2 3 3 3

1 1 2 2 2 3 3 3

0 0 1 1 2 2 3 3

Melle J.

communique facilement avec l'art-thérapeuteinitiative dans la communication

II) L'atelier d'art-thérapie s'inscrit parmi les objectifs de l'association AIDES.

ETUDE DE CAS

MME S...

a) l'anamnèse de MME S.. nous raconte son parcours de vie.

MME S.. est âgée de 58 ans. Elle est mère de deux enfants.

Sa séropositivité a été établie en 1989. Un traitement : l'AZT lui a été prescrit. Il lui aoccasionné de nombreux effets secondaires comme : les vomisements, fatigue douleurs..Il n'y avait aucun autre traitement. Ne pouvant plus le supporter MME S.. l'a arrêté. Saséropositivité n'a pas évolué.En 1995, ses lymphocytes T4 sont trop bas. Elle n'a plus le choix, elle doit être mise soustraitement.C'est le début des trithérapies, MME S.. va en bénéficier mais ce ne sera pas non plus sanseffets secondaires.

b) Son état de base, sa séropositivité justifie sa prise en charge en art- thérapie.

MM S.. est atteinte de lipodystrophies. Elle souffre d'insomnie, de troubles de l'humeur. Elle a des difficultés à se concentrer et à mémoriser ce qui la gêne beaucoup provoquant unebaisse de confiance et d'affirmation de soi.

MME S.. a choisi de participer à l'atelier d'art-thérapie. Elle est interréssée par le chant,l'expression corporelle.Elle souhaite, par le biais de cet atelier, une amélioration sensible de la qualité de sa mémoireet de la confiance en elle.

c) une stratégie thérapeutique spécifique est mise en place au sein de l'atelier.

Le protocole est ainsi défini :

La prise en charge d'art-thérapie de MME S.. s'est déroulée sur 10 séances en groupe:

L'atelier dure une heure trente minutes avec une pause de quinze minutes en milieu d'atelier.La technique artistique utilisée est la musique vocale et instrumentale.La stratégie art-thérapeutique vise à l'amélioration de la confiance en soi et par voie deconséquence à une meilleure estime de soi.Les items retenus pour cette évaluation sont :

les capacités d'intention vont permettre d'évaluer l'affirmation de soi :-intérêt pour de nouveaux apprentissages-fait preuve d'inventivité-aide les autres participants-plaisir dans les activités: sourire

45

l'attitude corporelle met en évidence l'image de soi.-oser "bouger"-tient compte du rythme-le mouvement est libre-présence dans le regard

la faculté d'appréhender les techniques artistiques vont permettre d'évaluer la confiance en soi.-La voix " sort "librement-chant :justesse-tenue du violoncelle-utilisation de l' archet-émergence du style dans l'émission des sons

C1) L'objectif : lui permettre de retrouverla confiance en soi

MME S.. bénéficie d'une prise en charge en art-thérapie, en groupe.Ob jectif : retrouver l'estime d'elle même. Stratégie : La musique vocale et instrumentale sont les principales techniques artistiquesutilisées. Nous y associerons l'expression corporelle.

Moyens :MME S.. va découvrir les instruments, maracas, castagnettes, triangle, tambourins àgrelots, violoncelle. pratique vocale et instrumentale, expression corporelle

Elle va en choisir un, faire des sons. Puis elle utilisera le violoncelle. Elle va s'essayer à lapratique de cet instrument, produire des sons et en retirer du plaisir. Cette notion de plaisir varenforcer son engagement dans l'activité et au sein du groupe.La pratique vocale, lui a permis d'entendre sa voix, sa voix chantée ce fût un momentd'émotion pour elle, également une source de plaisir. Apprendre un chant, fut l'occasion de dynamiser la fonction mnésique et la concentration. Cechant se pratique à plusieurs, en effet il comporte trois personnages. Il s'agit de Belle extraitde la comédie musicale Notre Dame de Paris. MME S.. chante un de ces trois personnages.Nous avons fait également des exercices de bruitage, une autre façon de percevoir le corps etde prendre conscience de la respiration.L'expression corporelle amène MME S.. à se mouvoir avec une certaine souplesse ce quiamène un relâchement des tensions, apaise les douleurs et favorise la capacité à s'exprimeravec le corps.

C2) les outils : la réalisation d'une fiche d'observation et l'évaluation dechaque étape.

Déroulement des séances : l'atelier association AIDES.

Séance 1MME S.. est volontaire pour participer à l'atelier. Elle est curieuse de voir ce qui va se passer.

Objectifs : découverte des instruments – redynamiser le corpsStratégie : toucher manipuler choisir un instrument et produire des sons avec.L'expression corporelle : mettre le corps en mouvement danser sur une musique depercussions africaines.

46

Moyens : les instruments : maracas, castagnettes, triangle, tambourins à grelots sont disposéssur une table.MME S.. va danser assez facilement, sans tenir compte du rythme mais très vite elle utiliserale tambour à grelots dans sa danse.Chant: un temps est consacré à la respiration, MME S.. rencontre quelques difficultés. Chant des voyelles : MME S.. à choisit le a . Elle chante seule, puis tout le groupe ensemble,puis elle s'arrête et écoute le groupe. Elle dit : c'est beau! Elle sourit.Puis nous avons eu une phase d'écoute de 2 ou 3 minutes.Pause la variété française des années 60, 70 est choisie. Le groupe chante ensemble avec le CD et lesparoles de chansons.MME S.. ne semble pas très interressée.Conclusion : MME S.. s'est investie dans les activités plus individualisées. Elle a pris plaisir àdécouvrir les instruments. Elle a eu plus de difficultés avec les exercices d'expressioncorporelle.

Séance 2 MME S.. est souriante. Elle a hâte de commencer. Elle a envie de chanter.Objectifs : dynamiser le corps – travailler la respiration Stratégie: expression corporelle, exercices de respiration, chant Moyens : musique de oercussions africaines, CD de variétés.MME S.. choisit à nouveau le tambourin à grelots, le manipule.Chacun joue de son instrument séparemment, puis tous ensemble, puis l' un démarre et d'autres suivent ce qui fait un répons.MME S.. est à l'aise dans cet exercice. Elle s'implique et y prend plaisir.En ce qui concerne l'expression corporelle, MME S.. ne tient pas compte de la musique.Elle prend du plaisir à écouter le chant des voyelles, bonne participation, plus de concentration surla respiration.Pausereprise de l'atelier avec les chansons de variétés, MME S..participe mais sans vraiment s'impliquer.Conclusion : MME S.. ne s'investit pas dans la partie plus groupale.

Séance 3 :MME S.. est bien dans l'activité chant et souhaite chanter plus. Elle paraît plus détendue.Objectifs : développer le travail de détente par la respiration – choisir une chanson.Stratégie : proposer un autre choix de musique pour l'expression corporelle et un choix de chants.Moyens : CD de différents répertoires.MME S..s'implique plus dans l'exercice de la respiration. Elle prend du plaisir à jouer avec les sons.Elle s'écoute davantage dans l'activité chant. Elle est souriante.L'expression corporelle se fait sur une autre musique. J'ai remplacé les percussions africaines par laTarentelle de Roberto Alagna. MME S.. se met à danser plus volontiers. Elle fait attention auxchangements de rythmes. Elle est plus impliquée.Je lui propose d'écouter une autre chanson de Roberto Alagna. MME S.. est enthousiaste, il s'agit duchant : "parla piu piano" sur le thème du Parrain.Elle aime beaucoup.PauseReprise avec la variété, un peu plus impliquée. Je lui propose et lui fait écouter différentschants. Elle choisit "Belle" extrait de la comédie musicale Notre Dame de Paris.Conclusion : Le changement de musique pour l'expression corporelle a été favorable. MMES.. s'est impliquée et y a pris plaisir.

47

Séance 4MME S..me demande si j'ai pensé au disque de Roberto Alagna. Elle semble plus détendue.Objectif: apprendre le chant "Belle"J'ai amené le violoncelle.Stratégie : introduction d'un nouvel instrument : le violoncelle.Moyens : le violoncelle MME S.. a une bonne participation à l'activité d'expression corporelle sur la musique de laTarentelle. Elle a moins de raideur dans les mouvements.Le travail sur la respiration lui plaît et lui apporte un relâchement des tensions. La voixchantée est plus libre, plus affirmée.MME S.. est curieuse de voir le violoncelle. Je lui propose de le toucher, de le "dessiner" dubout des doigts, de le tenir. Je lui montre la tenue de l'instrument, puis de l'archet et je jouequelques notes.MME S.. a plaisir à toucher l'instrument et à l'écouter.Elle commence à apprendre le chant "Belle". Elle a le rôle de Quasimodo. Elle craint d'oublierles paroles. Je lui donne le texte, elle se rassure.Conclusion : confirmation du choix positif pour l'expression corporelle. MME S.. est plusinvestie et présente de l'intérêt pour le violoncelle. Elle a plaisir à chanter mais elle est peuconfiante en ce qui concerne sa mémoire.

Séance 5 : MME S.. semble stressée, tendue et n'est pas très présente.Objectif : stimuler l'intérêt de MME S..Stratégie :proposer un exercice plus créatif afin de la détendre et d'éveiller on intérêt.Moyens: la voix,Elle participe à l'expression corporelle de façon mécanique. Le travail de la respiration semblel'aider.Je lui propose un exercice de bruitages, faire un son qui imite quelque chose avec sa voix. Jelui montre. Cela semble éveillé son intérêt. Elle s'y essaye timidement. Puis un peu plusaffirmée. Puis avec tout le groupe, ce qui provoque une belle cacophonie et le rire!MME S.. apprend le chant et fait un effort de concentration pour mémoriser.Elle essaie de jouer avec le violoncelle. Elle y prend du plaisir. Elle a le visage moins tendu.Conclusion:. MME S.. était pertubée par des problèmes personnels, mais au fil de l'atelier apu se détendre et calmer ses angoisses.

Séance 6:MME S.. est plus détendue.Objectif: terminer d'apprendre le chant.Stratégie :mettre en place une gestuelle pour l'aider à mémoriser le chant "Belle".Moyens :travail sur la gestuelleMME S.. souhaite s'essayer à nouveau au violoncelle. Elle sait maintenant placer levioloncelle, tenir l'archet. Elle porte son attention sur la manière de glisser l'archet sur lescordes pour produire de jolis sons. Elle s'applique puis elle se détend et cherche à retrouver leplaisir déjà ressenti à travers les sons.Pour aider à la mémorisation du chant, j'ai sollicité son attention sur le corps : desmouvements associés au texte.Conclusion: MME S.. est toujours inquiète à l'idée d'oublier les paroles de la chanson. Le faitde deplacer son centre d'attention sur le corps et non sur le texte dédramatise sa peur et luipermet de progresser.

48

Séance 7:MME S.. est inquiète quant à sa capacité de mémorisation.Objectif: produire le chantStratégie : revoir la gestuelle associée au chant "Belle".Moyens : travail sur la gestuelle.L'atelier commence par un exercice de repiration pour favoriser la détente.Un temps d'expression corporelle pour "réveiller" le corps. La pratique du violoncelle luiprocure toujours autant de plaisir.MME S.. connaît le chant et peut le produire devant le groupe. Elle est concentrée sur lagestuelle associée au chant. Elle n'a pas oublier les paroles.Conclusion: MME S.. a pu constater qu'elle pouvait améliorer sa capacité à mémoriser et sa concentration.

Séance 8 :MME S.. est souriante et détendue.Objectif: favoriser une expression personnelle.Stratégie :utiliser les instruments et les associer à une expression corporelle.Moyens : instruments : maracas, trianges, tambourins, castagnettes.L'atelier débute par un exercice de respiration. Nous utilisons les instruments pour faire un jeude dialogue. MME S.. choisit les maracas. Une personne commence émet des sons sur unrythme,une autre répond, puis une autre, puis on y associe le corps, les bruitages. Ceciprovoque un fou rire général.Chacun va s'exprimer devant le groupe à l'aide de ces instruments, du corps,des bruitages. MME S.. se différencie du groupe, en utilisant plusieurs instruments, sa voix, son corps àtravers différents mouvements et déplacements, des bruitages. Elle raconte ainsi une histoire.Elle est très émue et surprise de ce qu'elle a fait.Conclusion: MME S.. est plus sûr d'elle même. Elle a pu s'exprimer devant le groupe en neprenant en compte que ce qui lui est propre.

Séance 9:MME S.. est souriante, plus sûre d'elle.Objectif: renforcer l'expression libreStratégie :proposer une activité libre d'expression corporelle.Moyens: solliciter l'imaginaire de la personne et son ressenti.l'atelier démarre par un exercice sur la respiration afin d'amener une détente.Je propose un temps d'activité libre. MME S.. reprend l'activité de la semaine précédente enutilisant les instruments, sa voix l'expression corporelle. Elle utilise également le violoncelle.Elle est satisfaite d'avoir osé le faire.Conclusion: MME S.. a pu s'exprimer et le refaire ce qui lui a permis de renforcer sonassurance. Elle a pris du plaisir à cet exercice.

Séance 10 :MME S.. est souriante, confiante, détendue.Objectif: présenter le chant "Belle" les 3 personnagesStratégie : favoriser la détente et travail de vocalises.Moyens : la gestuelle associée au chant "Belle".ce chant comporte 3 rôles. MME S.. chante sa partie avec plaisir et une voix plus affirmée,elle ne semble plus se soucier de sa mémoire. Elle n'a pas oublier les paroles.Elle s'implique dans l'ensemble des activités proposées et a beaucoup progressé.Conclusion: MME S.. se fait davantage confiance. Elle est plus libre dans son corps. Ellepense maintenant en tant que personne et non plus en tant que groupe. Le "je" est présent.

49

d) L'évaluation de la prise en charge d'art-thérapie de MME S... est déterminée par lafiche d'observation.

tableau 1 Implication de MME S. dans l'activité.

0 = absent 2 = en cours d'acquisition1 = faible 3 = acquis

Dès la 5ème séance, on note une augmentation continue et progressive de l'ensemble desitems pour aller vers une acquisition à la 9ème séance.On remarque une baisse de l'ensemble des items à la 5 ème séance.On peut souligner une bonne implication au sein du groupe.

50

S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8 S9 S10

1 2 3 2 1 2 2 3 3 3

Fait preuve d'inventivité 0 1 3 1 0 2 2 3 3 3

Aide les autres participants 1 1 2 2 0 2 3 3 3 3

1 1 2 2 1 1 2 3 3 3

Intérêt pour de nouvelles

techniques artistiques

A du plaisir dans les activités :

sourire

S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8 S9 S10

0

1

2

3

Interêt pour de nou-

velles techniques ar-

tistiques

Fait preuve d'inven-

tivité

Aide les autres par-

ticipants

A du plaisir dans les

activités sourire

Capacité d'attention dans l'activité chant

Séances 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Est distraite N N O N O N N N N N

Lis les parolesdes chansons

N O N O N O O O O O

Démarre lechant au bonmoment

N N N N N N O O O O

Dès la 7 èeme séance MME S. Fait montre de plus d'attention.

Implication dans le rangement du matériel

Cotation 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Aide à rangerle matériel

O O N O N O N O O O

O= oui N= non

Son implication dans le rangement du matériel souligne son engagement dans les activités etson implication dans le groupe.

51

tableau 2 évaluant l'expression corporelle de MME S..

0 = absent 2 = en cours d'acquisition1 = faible 3 = acquis

Expression corporelle de Mme S.

L'ensemble des items montre une acquisition dès la 8 ème séance. MME S. ne tient pas compte du rythmne dans son expression corporelle.Elle progresse parpaliers.Les mouvements commencent à êrtre libres, moins raides, à la 3ème séance ce quicorrespond à la séance où le changement de musique pour l'expression corporelle a été fait.

52

S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8 S9

1 1 2 2 1 2 2 3 3

0 0 1 2 1 2 2 3 3

0 0 1 1 1 2 2 3 3

1 2 2 2 1 3 3 3 3

Oser « bouger »

Tien comte du

rythme

Le mouvement

est libre

Le regard est

présent

S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8 S9 S10

0

1

2

3

Oser "bouger"

tient compte du

rythme

le mouvement est

libre

Le regard est présent

Tableau 3 évaluant les techniques artistiques de MME S.

0 = absent 2 = en cours d'acquisition1 = faible 3 = acquis

Techniques artistiques

Les 2 items concernant le violoncelles sont non-évaluables jusqu'à la 4ème séance.On voit une progression régulière. On note également que l'émergence du style apparaît à la3ème s"éance et s'inscrit dans une progression par paliers.

53

S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8 S9 S10

0 1 1 2 1 2 2 3 3 3

Chant: justesse 1 1 1 2 2 3 3 3 3 3

Tenue du violoncelle 0 0 1 2 3 3 3

Utilisation de l'archet 0 1 2 3 3 3 3

0 0 1 1 0 2 2 2 3 3

La voix « sort » librement

Emergence du style

dans l'emission du son

S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8 S9 S10

0

1

2

3

La voix "sort" li-

brement

Chant: justesse

Tenue du violoncelle

Utilisation de

l'archet

Emergence du style

dans l'emission du

son

e) Le bilan des séances montre l'amélioration de la confiance en soi

L'objectif l'amélioration de la confiance en soi soi, est atteint.Les objectifs intermédiaires ont permis à MME S.. un cheminement progressif en directiond'une amélioration de la confiance en soi.La séance 3 marque sa progression continue dans sa participation avec une baisse en séance5qui de façon générale se répercute sur l'ensemble des items. MME S.. était fatiguée, quelquepeu déprimée ce jour là. Cependant cette séance 5 est importante car elle est le point de départd'une amélioration progressive et continue.Elle a montré sa capacité de choix dans les instruments et les chants proposés. MME S.. aéprouvé du plaisir dans l'ensemble des activités principalement avec le violoncelle. Ellecherchait à retrouver le plaisir déjà ressenti. Cette motivation a renforcé son implication dansla pratique de l'instrument, dynamisant sa capacité à se concentrer favorisant ainsi latechnique instrumentale, et par là même autorise l'émergence du style, son style dans laproduction des sons.La prise en charge d'art-thérapie à permis à MME S..de comprendre qu'elle est une personneavec ses singularités, différente du groupe à qui elle s'identifiait.

Étude de cas : MME R..

a)L'anamnèse de MME R.. nous raconte son parcours de vie.

MME R.. est âgée de 46 ans. Elle est mère de trois enfants. Elle est d'origine Ivoirienne.Sa séropositivité a été établit en décembre 2004, suite à des fièvres qui ne guérissaient pas.Elle est mise sous trithérapie en février 2005. Ce traitement lui provoque une paralysie, elle nepeut plus marcher. Le changement de traitement n'a rien changé quant à la paralysie, elle aperduré durant une année environ. MME R.. a pris du poids.Les traitements en Afrique sont différents de ceux dispensés en france.

Elle est arrivée en France en aôut 2008, pour mieux se soigner. Son traitement initial a étéchangé par les médecins de l'hôpital. Ce nouveau traitement lui a provoqué des effetssecondaires tels que : les diarrhées, douleurs dans les chevilles. On lui a modifié à nouveauses médicaments. Aujourd'hui elle n'a plus d'effets secondaires et son poids s'est stabilisé.

b) Son état de base, sa séropositivité justifie sa prise en charge en art-thérapie.

MME R.. souffre de dépression, elle fait des cauchemards. Sa prise de poids a modifié l'imagequ'elle avait d'elle- même, celle ci ne lui plaît pas, elle ne "s'aime plus". Elle dit qu'elle ne vautplus rien et elle baisse les bras. Elle croit qu'elle ne vivra pas longtemps.Cet état de fait engendre pour MME R.. une dévalorisation de l'image d'elle-même et del'affirmation d'elle-même. un désengagement dans l'avenir, elle ne fait plus de projets.MME R.. désire participer à l'atelier. Elle est interressée par le chant, la musique.Elle ne sait pas si cela peut l'aider mais elle a envie d'essayer.

54

c) Une stratégie thérapeutique spécifique est mise en place au sein de l'atelier.

Le protocole est ainsi défini :

La prise en charge d'art-thérapie de MME R.. s'est déroulée sur 8 séances en groupe.L'atelier dure 1heure 30 minutres avec une pause de 15 minutes en milieu d'atelier.La technique artistique utilisée est la musique vocale et instrumentale.La stratégie art-thérapeutique vise à l'amélioration de l'image et de la confiance en soi et parvoie de conséquence à une meilleure estime de soi.

Les items retenus pour cette évaluation sont :

Les capacités d'intention vont permettre d'évaluer l'affirmation de soi:

- intérêt pour de nouveaux apprentissages- fait preuve d'inventivité- aide les autres participants- a du plaisir dans les activités: sourire

L'attitude corporelle met en évidence l'image de soi :

-oser "bouger-tient compte du rythme-le mouvement est libre-présence dans le regard

La faculté d'appréhender les techniques artistiques vont permettre d'évaluer la confiance ensoi.

-La voix "sort" librement-chant : justesse-tenue du violoncelle.-Tenue de l'archet-émergence du style dans l'émission des sons-capable d'initiative

c1) l'objectif : lui permettre de revaloriser l'image d'elle-même

MME R. Bénéficie d'une prise en charge d'art'thérapie, en groupe.Objectifs: revaloriser l'image d'elle-même.

Stratégie: La musique vocale et instrumentale sont les principales techniques artistiquesutilisées. Nous y associerons l'expression corporelle.Moyens: les instruments : maracas trianges, tambourins à grelots, violoncelle pratique vocaleet instrumentale, expression corporelle.

MME R .. préfère les maracas, le triangle et le violoncelle. Elle va s'essayer à la pratique deces instruments. Le plaisir qu'elle va en retirer va lui permettre de retrouver des repèresnotamment la ponctualité puis peu à peu le plaisir va renforcer son engagement dans l'activitéet au sein du groupe.Le chant associé à la gestuelle lui a fait prendre conscience de son corps.

55

La pratique vocale lui a fait entrevoir que sa capacité respiratoire était peut-être plusimportante qu'elle ne le pensait.L'ensemble de ces paramètres lui fit comprendre qu'elle était bien vivante et que la maladie nesignifiait pas automatiquement la mort.

Le chant Belle lui a permis de trouver sa place au sein du groupe et face à lui ce qui a favoriséune revaloraisation de l'image et de l'affirmation d'elle-même. Elle a commnencé à faire desprojets.

C2) Les outils : La réalisation d'une fiche d'observation et l'évaluation dechaque étape.

Déroulement des séances de l'atelier d'art-thérapie à l'association AIDES

MME R..

Séance 1:Elle participe à l'atelier. Elle est peu bavarde. Ne semble pas présente, son visage est fermé.Objectif: stimuler son interêtStratégie :toucher manipuler choisir un instrument et produire des sons avec.L'expression corporelle : mettre le corps en mouvement danser sur une musique depercussions africaines. Moyens :Les instruments sont disposés sur une table, certains sont très colorés.

MME R.. ne semble pas interressée. Elle est raide et finalement elle arrête l'exercice. Je luipropose de "faire semblant" de jouer de la flûte avec ses doigts ce qui lui paraît lui plaire,et dece fait éviter un éventuel sentiment d'échec.Un temps est consacré à la respiration. Elle ne rencontre pas de difficultés et cela semblel'apaiser. Pour le chant des voyelles,elle choisit le O. Elle la chante seule, puis avec tout legroupe, puis elle écoute le groupe.Elle ne dit rien. Elle semble étonnée. Nous avons une phase d'écoute musicale de 2 ou 3 minutes cela semble la détendre un peu.PauseLa variété Française ayant été retenue, je distribue les paroles des chansons pour chanter tousensemble avec les CD. Cela ne semble pas éveiller d'intérêt chez MME R..Conclusion :MME R;; a découvert les instruments cela lui a plu. Le chant des voyelles, la respiration,l'écoute l'a un peu détendue.

Séance 2MME R.. est en retard. Elle est triste. Elle ne semble pas présente. Objectif : travailler la respiration pour libérer les tensions corporelles.Stratégie : expression corporelle, exercices de respiration, chant.Moyens : CD de percussions africaines, CD de variétés.Elle a choisi à nouveau les maracas. Elle est arrivée au moment où l'on jouait tous ensemble.Puis l'un démarre et d'autres suivent en une sorte de répons.Cela plaît beaucoup à MME R..Elle fait un effort pour s'impliquer. Elle a même un sourireElle ne s'investit pas dans l'expression corporelle mais continue l'exercice précédent avec lesmaracas. Elle fait montre de plus de participation de concentration sur la respiration, le chantdes voyelles.Pause

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Reprise avec les chants de variétés, elle fait un effort de participation.Conclusion : MME R.. fait des efforts pour s'impliquer dans l'ensemble des activités. Elle afait preuve d'initiative dans l'exercice corporelle;

Séance 3:MME R.. est presque à l'heure. Elle semble plus détendue.Objectif : choisir une chanson qui lui plaise.Stratégie: proposer un autre choix de musique pour l'expression corporelle et un choix dechants.Moyens : CD de différents répertoire.MME R..prend toujours du plaisir à jouer avec les maracas elle y ajoute le triangle. Elle aimeparticulièrement l'exercice sur la respiration qui lui apporte de la détente. L'expressioncorporelle se fait sur la tarentelle de Roberto Alagna. Cette musique semble lui plaire et ellefait un effort pour bouger, danser.PauseElle choisit également la chanson Belle. Elle a le rôle de Frollo. La chanson lui plaîtbeaucoup.Conclusion MME R..participe plus aux activités de l'atelier avec un intérêt pour la respirationet le chant.

Séance 4MME R.. est plus détendue elle est souriante.Objectif : scuciter la curiosité, apprendre le chantStratégie : introduction d'un nouvel instrument, le violoncelle.Moyens: violoncelleMME R ..aime à jouer avec les maracas et le triangle. Elle aime la sonorité de cesinstruments. Elle découvre le violoncelle mais n'ose pas l'approcher puis le touche ou plutôt lecarresse. Je lui montre à tenir l'instrument puis l'archet et enfin à produire des sons. Elle yarrive assez vite. Le maniement de l'instrument semble l'apaiser. Elle participe plus aisément àl'expression corporelle.PauseElle mémorise assez facilement la chanson Belle, elle y prend plaisir. Elle est souriante.Conclusion: L'apport du violoncelle a été un élément important aui niveaui sensoriel, elleaime le toucher.Le chant Belle lui procure du plaisir de part la relation qu'elle découvre avecsa voix.

Séance 5MME R.. est à l'heure, bien soignée, souriante, moins tendue dans sa démarche.Objectif : développer la technique du violoncelle.Stratégie: proposer un exercice plus créatif afin d'apporter une détente au sein du groupe.Moyens: exercices de respiration, la voix, le violoncelle. MME S.. ne va pas bien et cela rejaillit sur le groupe. Je propose un temps de respiration pouramener une détente. Puis des exercices de bruitages. Je lui montre, elle trouve cela amusant etse "lâche" complêtement. L'expression corporelle est plus aisée, elle est plus souple dans sesmouvements, plus expressive.Le visage est détendu. Elle est souriante. Sa voix est plusaffirmée, plus sûre, plus libre, dans le chant Belle. La pratique du violoncelle favorise saconcentration et le plaisir sa motivation. Elle produit des sons, fait de jolis sons. Elle aime cetinstrument. Elle dit: " il est beau et élégant et j'ai le droit de le toucher"!Des larmes jaillissent, des larmes de soulagement, de joie aussi elle crie : "je sens les sons dans mon corps, je suis vivante".

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Conclusion: La musique vocale et instrumentale ont suscité des émotions àMME R.. et elle a compris qu'elle était vivante. Ce fut unesorte de révélationpour elle.

Séance 6 : MME R.. est heureuse, comme libérée d'un grand poids. Elle me dit: "je suisbelle tout de même". Objectif: renforcer l 'image de soi par l 'expression corporelleStratégie : danse libre avec choix de musique.Moyens : apport de CDJe commence par un temps de respiration. Je propose une danse libre sur unemusique de son choix. Elle opte pour "le temps des cathédrales" extrait de lacomédie musicale Notre Dame de Paris.Elle se laisse aller à danser, sans retenue.Elle se sent belle et libre cela transparaît dans sa danse.Conclusion: MME R a retrouvé une bonne image d'elle-même. Elle est heureuseet "se sent vivante".

Séance 7:MME R..est plus ouverte aux autres.Objectif: produire le chantStratégie : exercices de vocalisesMoyen : la voix, Nous commençons par un temps de respiration puis un exercice d'expressioncorporelle pour dynamiser le corps. MME R.. est détendue. Elle connaît sonchant et le produit devant le groupe. Sa voix est sûre. Elle chante juste.Conclusion: Le plaisir qu'elle a eu à chanter tout au long des séances à renforcerson implication et a permis de développer une certaine technique de chant. Elle apu produire son chant devant le groupe, affirmant ainsi son savoir-faire.

Séance 8: MME R.. est détendue, calme, souriante. Elle communique un peu plus avec lesautres.Objectif : favoriser une expression corporelleStratégie :nous utilisons les instruments pour faire un jeu de dialogue.Moyens : les instrumentsNous débutons par un exercice de respiration. Nous utilisons les instrumentspour faire un jeu de dialogue. MME R..choisit le triangle. On y associe le corps,les bruitages. Cet exercice est d'abord fait avec le groupe, puis chacun s'exprimedevant lui. MME R..utilise différents instruments, les bruitages, et le corps letout dans une sorte de danse.Conclusion: MME R.. a plus confiance en elle et elle a une meilleure imaged'elle-même. Elle souhaite apporter son aide à l'association. De part cette idée,elle commence à faire des projets et à envisager un avenir.

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d) l'évaluation de la prise en charge de MME R..est déterminée par la fiched'observation.

Tableau 1 Implication de MME R.dans l'activité.

0 = absent 2 = en cours d'acquisition1 = faible 3 = acquis

On remarque que l'ensemble des items sont non-acquis ou faiblement acquis cependant, onnote une progression de l'ensemble des items à la 4ème séance.

Capacité d'attention

1 2 3 4 5 6 7 8

Est distraite O N N O N N N N

Lis les paroles deschansons

O N O O O O N N

Demarre le chantau bon moment

N N N N O O O O

L'attention est bien présente à partir de la 5ème séance.

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Mme R.

S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8

1 1 1 2 2 3 3 3

Fait preuve d'inventivité 0 0 0 1 2 3 3 3

aide les autres participants 0 0 1 1 2 2 3 3

0 1 1 2 2 3 3 3

intérêt pour de nouveau

apprentissage

a du plaisir dans les

activités: sourire

S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8

0

1

2

3

Intérêt pour de

nouveau appren-

tissage

fait preuve d'inven-

tivité

aide les autres par-

ticipants

A du plaisir dans

les activites:

sourire

Ponctualité1 2 3 4 5 6 7 8

Arrive à l'heure O N N O O N O O

Malgrè quelques retards, MME R. par ses efforts quant à la ponctualité montre sonengagement dans les activités proposées.Implication dans le rangement du matériel

Séances 1 2 3 4 5 6 7 8

Aide à ranger lematériel

O O N O O O N O

O= oui N= nonbonne implication.tableau 2 : techniques artisitiques

0 = absent 2 = en cours d'acquisition1 = faible 3 = acquis

Les items concernant le violoncelle sont non-évaluable jusqu'à la 4ème séance.On note une bonne progression concernant la pratique du violoncelle.

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S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8

0

1

2

3

La voix "sort" li-

brement

Chant justesse

tenue du violoncelle

tenue de l'archet

émergence du style

dans l'émission du son

capable d'initiative

dans les activités

Mme R.

S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8

1 1 1 2 2 3 3 3

Chant justesse 0 1 1 1 1 2 3 3

tenue du violoncelle 1 1 2 3 3

tenue de l'archet 1 2 2 3 3

0 0 1 1 2 3 3 3

0 0 1 1 2 2 3 3

La voix « sort » librement

émergence du style dans

l'émission du son

capable d'initiative dans les

activités

Tableau 3 : Expression corporelle

0 = absent 2 = en cours d'acquisition1 = faible 3 = acquis

On note une bonne progression à la séance 5 avec une acquisition des items à la séance 7.

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Mme R.

S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8

1 1 2 2 2 3 3 3

Tient compte du rythme 0 0 1 1 2 2 3 3

Le mouvement est libre 0 0 1 1 2 2 3 3

Le regard est présent 0 0 1 2 2 3 3 3

Oser « bouger »

S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8

0

1

2

3

Oser "bouger"

Tient compte du

rythme

Le mouvement est

libre

Le regard est présent

e) Le bilan des séances montre l'amélioration de l'estime de soi..

Lors de notre entretien MME R..me dit:"j'ai pris conscience que je peux vivre plus longtemps que je ne le pensais. Je commence àprendre soin de moi. Je parle plus facilement de ma maladie et je n'ai plus peur de lastigmatisation. J'ai aimé les sons , les vocalises. Je cite : on sortait ce que l'on avait dans lestuyaux.L'atelier m' a apporté de la joie."

L'objectif est atteint. MME R... a pu retouver confiance en elle et restaurer l'image qu'elleavait d'elle-même.La musique vocale et instrumentale lui a procuré du plaisir. Cela l'a aidée à poser des repèrescomme la ponctualitéet a favorisé sa motivation. La séance 4 montre le point de départ d'uneamélioration continue. Le violoncelle a été utilisé pour la première fois lors de cette 4èmeséance. La séance 5 souligne un temps fort sur le plan émotionnel avec l'utilisation duvioloncelle.La musique lui a permis de retrouver confiance en elle, de faire des projets, l'expressioncorporelle a renforcé cette confiance en elle et par là même a favorisé la restauration del'image qu'elle avait d'elle-même.

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TROISIEME PARTIE

Cette expérience d'art-thérapie ouvre le dialogue : Nous proposons une analyse critiquede la prise en charge groupale et individuelle ainsi que des techniques artistiquesutilisées : l'art plastique et la musique.

A) La prise en charge individuelle d'art-thérapie, à l'hôpital a permis d'établir unestratégie adaptée.

Tout d'abord, MME J.. a eu un entretien individuel avec la psychologue, puis elle m'a inclusedans cet échange avec l'accord de la patiente. Il a été convenu d'une prise en chargeindividuelle en art-thérapie.Nous avons déterminé qu'elle se ferait au moyen de l'art plastique : dessin collage et duthéâtre: jeu de rôle, l'environnement immédiat ne permettant pas l'utilisation de la musique (cf2ème partie B chapitre I p.39 )Après chaque séance, un entretien avec la psychologue me permettait de lui établir uncompte-rendu de séance.

I) La prise en charge individuelle d'art-t hérapie permet une observation approfondie

L'observation de la prise en charge a été approfondie grâce aux entretiens individuels endébut de séance. Ils ont permis de mieux connaître la patiente. Ainsi un premier objectifthérapeutique et une dominante artistique ont pu être déterminé en accord avec la personne.

Au cours des séances, les fiches d'observation indiquent les items d'expression et decommunication, soulignent l'évolution relationnelle et enfin reperent les sites d'actions.Tous ces éléments permettent s'il y a lieu une confirmation ou pas de l'objectif initial et uneréorientation vers des objectifs intermédiaires ou différents le cas échéant. Peut se poserégalement l'opportunité ou non de changer d'activité artistique.

a) Elle facilite une relation de confiance réciproque.

Comme nous l'avons décrit dans la première partie ( cf chapite C p34 ), la qualité de larelation patient/art-thérapeute est importante dans la pratique de l'art-thérapie.

Le regard de l'autre influe grandement l'image et l'estime de soi. C'est dans ce regard que nouscherchons souvent à nous rassurer quant à ce que nous sommes. La prise en charge individuelle peut à travers le regard de l'art-thérapeute instaurer cetterelation.

L' entretien individuel a permis de définir à la fois l'activité artistique utilisée et l'objectif àatteindre.Créer un cadre sécurisant,permet au patient de se dégager de ses appréhensions.La confiance réciproque s'établit tout au long de la prise en charge. Elle est basée sur lerespect et la compréhension de l'autre, ce qui induit un engagement affectif et émotionnel.

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Cependant l'art-thérapeute doit être vigilant et poser une distanciation afin que les affectsn'influencent pas la prise en charge.

b) La faculté de critique est facilitée par la prise en charge individuelle.

Certaines personnes ont plus de difficultés à s'exprimer face à un groupe. Elles n'osent pas.Cette situation peut générer une aggravation de leurs difficultés.Il est bien évident que dans ces cas là, la prise en charge d'art-thérapie individuelle estrecommandée .La notion de compétitivité n'existe pas dans ce cas là puisqu'individuelle. Cet état de fait vafavoriser l'auto évaluation par le patient, développer sa faculté critique et va lui permettre deprendre la mesure de sa propre progression ce qui va renforcer l'engagement du patient danssa prise en charge d'art thérapie.

II) La prise en charge individuelle connaît des limites.

L'objectif thérapeutique est déterminé au regard des besoins du patient. Il es plus précis. Ils'agit de travailler sur un site d'actions durant un nombre de séances, d'établir un bilan àchaque nouvelle étape.Dans ce genre de prise en charge, nous pouvons prendre le temps d'adapter la stratégie desoins selon la progression de la personne. L'observation est plus fine et personnalisée. Lapersonne peut exprimer ses goûts artistiques et de ce fait, il est plus aisé pour le patientd'exploiter son potentiel artistique.

Mme J.. est introvertie, ellesemble avoir "peur de tout". Dans son cas la prise en chargeindividuelle est tout à fait adaptée.Le climat de confiance art-thérapeute/patient a permis à MME J.. de parler sans la crainted'être jugée. Cela semblait nouveau pour elle et elle appréciait. Cela la motivait dans sadémarche d'art -thérapie.

Par contre les séances individuelles ne permettent pas d'établir des relations avec les autres.La relation est, il me semble, priviligiée. Il sera judicieux de savoir interrompre cette relation,de préparer la personne à cette fin de prise en charge.Il faut être également vigilant à ne pas tomber dans l'habitude, les "rites" qui limiterait lepatient dans sa démarche de soins en art-thérapie.

Dans ce contexte, l'affirmation de soi en relation double est-elle transposable dans la viequotidienne ?MME J.. a surmonté ses peurs, a pu assumer des choses simples la concernant, commeprendre un rendez-vous, oser affirmer ses choix.. ce qui n'était pas le cas auparavant.

La prise en charge fut trop courte pour pouvoir répondre à cela.

Cependant les progrès réalisés sont très encourageants. Je pense qu'une continuité de prise encharge d'art-thérapie en groupe aurait été bénéfique validant ainsi les progrès réalisés face augroupe et de cette façon renforcant son affirmation de soi.

Le temps a manqué.

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B) , la prise en charge groupale en atelier musical, à l'association AIDES a eu des effetsbénéfiques du point de vue relationnel.

I) La prise en charge groupale, en atelier facilite la distanciation de la pathologie.

a) le groupe a un pouvoir d'entrainement.

Durant l'atelier, les personnes participaient à l'activité musicale ce qui a fait naître unsentiment d'appartenance au groupe basé sur le partage de l'activité musicale et le plaisir qu'ilsen retiraient.

L'activité groupale a mis l'accent sur les différences de chacun, leur capacité plus ou moinsbonne dans l'exercice de l'activité musicale et sur l'acceptation de l'autre dans ses différences.Elle a généré un sentiment d'entraide :

les usagers aidaient en reformulant la consigne, souvent en plaisantant, ceux qui rencontraient quelques difficultés, mais toujours dans le respect de l'autre.

Le temps de pause en milieu d'atelier, favorise l'échange et chacun peut exposer ses idées, sesdésirs. Ce partage est un enrichissement de l'activité artistique et, au delà pour les participants.

Ce qui me paraît important dans l'activité de groupe c'est que la personne apprend à seconnaître, face au regard des autres. Elle peut ainsi s'enrichir par comparaison aux autres.

b) La notion de groupe a favorisé l'individualité.

Partager une activité avec d'autres favorisent les relations humaines et a permis aux usagers del'association de se construire autrement.

Leur référence principale en tant que groupe est le VIH et leur séropositivité ce qui peutsembler logique puisqu'ils sont plus ou moins rejetés en dehors de leur communauté. Lespatients ne parlaient plus d'eux autrement que par leur identification au groupe "nous lesséropos", il n'y avait que très peu de "je".

L'atelier d'art-thérapie fut une nouvelle référence groupale où chacun a sa place en tantqu'individu.

Les activités musicales sont individualisées, en effet les participants choisissent leurinstrument et ensuite on joue ensemble. Cependant, chaque instrument et par là même chaquepersonne est indispensable à l'activité : c'est la diversité des instruments qui crée cetteharmonie et tous y participent.Il en fût de même avec la pratique vocale. J'ai remarqué qu'ils aimaient particulièrementvocaliser avec les voyelles. Chaque personne choisit une voyelle, chaque usager la chanteseul, ensuite les participants chantent leur voyelle tous ensemble puis chacun leur tour, l'und'entre eux écoute pendant que les autres vocalisent.Ce fût des moments d'émotion partagée.Tout au long des ateliers, les personnes ont appris à se connaître, à s'affirmer face au groupe,sous le regard des autres.Avant, leur appartenance à un groupe était fondée sur ce qu'ils avaient en commun : le VIH.

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C'est ce qui les a réunit au détriment de leur propre singularité. La personne était oubliée, seul le groupe existait.La prise en charge groupale, en atelier d'art-thérapie a permis aux usagers de se rendre comptequ'ils existaient également en tant que personne.

II) La prise en charge groupale d'art-thérapie connaît des limites.

Lorsque le nombre de participants est trop important, il est difficile d'accorder une attentionsuffisante à chacune des personnes. Dans ce contexte l'évaluation individuelle est plusdifficile.

Il n'est pas toujours possible de répondre à une demande individuelle concernant la pratiqueartistique. Ce qui peut-être frustrant. Le choix du groupe primesur les choix personnels. Desconflits peuvent surgir et ralentir l'activité et le groupe.

Par ailleurs, certains participants peuvent hésiter à s'exprimer devant les autres.

Le groupe peutavoir un effet porteur dans certains cas :

Il a incité une personne à participer à l'activité chant, elle n'osait pas et pour finir ellea découvert qu'elle aimait le chant des voyelles, elle souhaitait que ce chant dure plus longtemps.

III) Conclusion :

Ces prises en charges d'art-thérapie qu'elles soient groupales ou individuelles proposent aupatient une amélioration de sa qualité de vie. Dans chaque cas, il faut tenir compte du patientet lui proposer la formule la mieux adaptée.Ce qui reste une constance, c'est le climat de confiance que l'art-thérapeute saura créer, la partd'humanité qu'il apportera et ses compétences quant à sa technique artistique. J'ajouterai lafaculté d'adaptabilité

C)L'atelier d'art-thérapie concerne les personnes séropositives.

I) La pratique musicale instrumentale et/ou vocale ont révéillé le plaisir esthétique.

a) A travers la musique, le merveilleux permet un autre regard sur soi.

Le merveilleux c'est la capacité à rendre plus beau ce que nous vivons.Il ne change pas la viemais nous éloigne du cours ordinaire des choses.Il est étroitement lié à l'imaginaire. Il ouvre un espace de liberté favorisant ainsi la créativitéen cela il est relié à l'art.Le conte va chercher dans l'ordinaire, un coin de ciel bleu et le dépose délicatement sur lesyeux pour y faire naître des étoiles,et là tout le visage s'éclaire.Le merveilleux n'existe que par la relation que l'on crée avec lui et qui lui confère cette valeur.Il n'est pas en dehors de la réalité, il est la frontière entre le réel et le quotidien qu'il vientmagnifier!La musique a des liens particuliers avec le merveilleux. Elle sollicite l'imaginaire de ce fait,elle fait naître des images des couleurs, des émotions. Dans son film Fantasia , WALTDYSNEY a utilisé la musique pour raconter des histoires à travers des formes, des couleurs..

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La musique va créer une sorte de fusion avec le monde de l'imaginaire et alors, le tempsn'existe plus, seul le merveilleux est présent. C'est la magie de la musique!

Pour la personne en souffrance, comme les personnes séropositives, le merveilleux peut avoirun effet mobilisateur en ce sens qu'il va solliciter par le biais de leur sensibilité l'envie defaire.Que l'on soit musicien ou auditeur, le merveilleux s'offre à nous, il suffit de l'accueillir. C'estplus difficile losque l'on souffre de le trouver et c'est là que nous en avons le plus besoin.Le merveilleux permet la distanciation aves la maladie, la souffrance, il met l'accent sur ce quiva bien. Il ouvre la porte de l'espoir par le plaisir retrouvé. Le travail de l'art-thérapeute serade permettre au patient de trouver cet espace de liberté qui donne du sens à vivre, qui renforcel'appétance à vivre. Le merveilleux va modifier l'image que le patient a de lui. Il n'est passeulement ce que la maladie a fait de lui, il est une personne,certes malade, mais avec despossibles.Cette modification va permettre une meilleure image de soi et favoriser la qualite devie par une meilleure adaptabilité.

b) La pratique musicale favorise l'estime de soi.

Nous avons vu dans la première partie que la musique a été associée à la magie. L'incantation,d'inspiration divine, utilisée par les chamans était une supplique, une prière adressées auxDieux afin d'obtenir leur faveur, ou de guérir une personne malade. En ce sens, nous pouvons dire que la musique guérit et élève l'âme. De ce fait, elle apporte lebien-être aux personnes. Elles favorisent l'apaisement, le repos de l'âme.La musique implique le corps, dans la tenue de l'instrument, la production de son, son qui estobtenu selon un savoir-faire. La musique vocale implique également le corps. La respiration l'illustre bien. Elle permet deproduire des sons et de gérer le souffle dans le temps. Il y a également des silences. Ils sontmusique et parfois beaucoup plus sonores. La musique est "vivante", elle répond à des règles,elle s'inscrit dans le temps. Elle va "éveiller" ce qu'il ya de bon chez l'être humain. L'être humain cherche à être heureux. Dans les périodes où le bonheur s'enfuit, où il fait grisdans le coeur, la musique vient "réveiller" cette appétence à vivre qui s'est momentanémentéloignée. Que l'on soit musicien, ou auditeur, elle va induire la notion de choix, de style, affirmer qu'unemusique est agréable, qu'elle a procuré un bon moment implique la notion d'affirmation deconfiance et d'estime de soi. Ceci nous conduit à la notion d'échange entre impression etexpression, ceci va engager la motricite. Ces mêmes valeurs d'affirmation, confiance et estimede soi concernent la production. La musique a cette particularité qu'elle s'adresse plus au ressenti et touche directement lechamp émotionnel de la personne. Elle va éveiller le plaisir esthétique qui est le plaisir duplaisir. La personne désirant retrouver cette émotion va s'impliquer dans l'activité artistique,implication qui va développer un savoir-faire et déboucher ainsi sur une production gratifiantla personne, la rendant fière d'elle-même, fière d'avoir osée le faire.A travers tous ces mécanismes, la musique va permettre à la personne de retrouver l'estimed'elle-même et donner du sens à sa vie.

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II) Etablissons une comparaison entre la prise en charge art plastique et celle musicale.

"L'Art se partage en deux triades principales et indépendantes : la triades des arts de l'espace ou de la beauté immobile, et la triade des arts du temps ou de la beauté en mouvement. La première comprend l'architecture, la peinture, la plastique; la seconde comprend les arts que les Grecs appelaient "musicaux", c'est à dire la musique proprement dite (vocale et instrumentale), la poésie et cette sculpture vivante, intermédiaire entre les groupes : la danse." 1

a) l'art plastique est un des arts de l'espace ou de la beauté immobile.

L'art plastique est l'art qui étudie les formes comme le dessin, la peinture, la sculpture. Il répond à un principe général : il utilise la symétrie.Les arts de l'espace composent leurs images avec des matériaux pris en dehors de la personnehumaine. La peinture choisit ses modèles dans la nature visible. La beauté de l'oeuvre estreliée à la beauté de l'objet. Objet que l'on peut voir. La représentation de cet objet doit êtrecompréhensible par tous.La nature en tant que telle peut être imitée.Les techniques de peinture par les jeux de couleur, d'ombre, par l'idée de profondeurmodifient l'image que l'on voit par rapport au modèle.De nombreux courants de peinture sont apparus au fil du temps lui conférant un style oùl'accent est mis sur par exemple des sujets nobles à la gloire de l'homme et de ses réalisation, idéal de beauté inspiré par l'Antiquité : le classicismeEX.- Moise sauvé des eaux oeuvre de Nicolas Poussin.

Le courant impressionniste : Ils avaient une manière particulière de percevoir la nature, nonpas en essayant de rendre parfaitement ce qui est vu par l'oeil, mais plus précisémentl'impression elle même. La part issue de la sensation de l'artiste est de ce fait prépondérante.

EX – Les coquelicots oeuvre de Monet.

Quelle que soit le style, le courant auquel se rattache l'oeuvre, la peinture ou les arts del'espace immobiles laissent une empreinte matérielle.

b) La musique est un des arts du temps ou de la beauté en mouvement.

La musique est l'un des arts libéraux et fait partie du quadrivium avec l'arithmétique, lagéométrie et l'astronomie. 2

Les arts du temps obéissent à la notion de rythme. La musique, selon les cas, requiert unnombre précis de musiciens, de chanteurs pour sa réalisation.Elle ne nous met pas en face de la chose accomplie, comme pour les arts de la beautéimmobiles, mais d'une chose en devenir, d'une chose qui se fait devant nous et qui s'évanouitau fur et à mesure de son avancement. Il ne reste rien, rien de tangible, une fois l'oeuvreterminée. Que son souvenir!Les arts du temps, hormis la danse, sont immatériels.

1 histoire de la musique de J. Combarieu Préface 1ère page1contrepoints dialogues entre musique et peinture de Philippe Junod p.14

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La danse ne peut exister sans musique, elles ont en commun leur origine : magique, sacrée.La musique s'adresse à chacun de nous, et ce de manière différente. Elle parle aux âmes. Elleest pour les hommes, le lien entre le ciel et la terre.

c)Examinons ce que ces pratiques peuvent apporter du point de vue du soinauprès des personnes VIH.

Il convient de rappeler que ces personnes sont confrontées à une double pénalité : la maladieet une blessure de vie.La maladie implique la notion de devenir et l'opportunité de faire des projets. La blessure devie met l'accent sur la vie avant la pathologie et l'après provoquant une diminution de laqualité de vie et par là même de l'estime de soi.

L'art plastique permet de matérialiser les émotions. Il laisse des traces tangibles, laproduction, qui peut être un rappel de la valorisation obtenue,ou /et un rappel de la pathologie.Il ouvre la possibilité de choix quant à conserver ou non la production. Il favorise la mémoirepar le biais des représentations. Il sollicite l'imaginaire et stimule la concentration. Par contre,il ne s'inscrit pas dans une expression verbale. L'implication corporelle est moins présente,cependant il permet de développer la motricité fine. La matérialisation d'un projet par uneproduction artistique va le rendre plus perceptible, plus réel, pour la personne. Il va donner dusens, un sens à ce projet. Nous pouvons également rencontrer le cas d'une personne qui n'aimepas les arts plastiques ou qui n'aime pas se salir (peinture).Le chant favorise l'expression verbale. La musique vocale et/ou instrumentale sollicite lessens de l'ouie, de la vue et du toucher. Elle s'adresse plus au ressenti qu'aux représenté. Elle implique l'imaginaire et développe la concentration. Elle fait appel à la mémoire auditiveet visuelle. Par contre, la musique est immatérielle. De ce fait il ne reste rien, hormis un éventuelenregistrement qui ne sera qu'une copie de la production et non la production elle-même. Cequi peut être frustrant pour les patients, en effet il n'y a rien qui peut rappeler cet instant. Il n'y aura pas non plus de matérialisation des émotions à travers une production, par quelquechose d'extérieur à la personne. Il peut arriver que la personne n'aime pas la musique.

La personne séropositive de par sa pathologie a souvent des difficultés à s'inscrire dans denouveaux projets. Les arts plastiques peuvent l'aider en concrétisant un projet de vie parexemple, par une production comme le collage, comme nous l'avons vu dans le cas de Melle J...La musique peut favoriser l'émergence d'un émotionnel qui peut générer une enviede faire, une implication dans une activité qu'elle soit artistique ou non comme dans le cas deMME R..permettant ainsi la mise en place de la restauration de l'estime de soi.

Il ne me semble pas que la musique soit plus favorable au soin que l'art plastique et vice etversa. Ce qui me paraît important c'est le goût du patient pour l'une ou l'autre technique et lacompétence de l'art-thérapeute dans sa technique artistique ainsi que son adaptabilité dans uneou des techniques qui ne seraient pas les siennes.

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d) Un tableau comparatif nous permet de mettre en évidence les pratiques utilisées :musique, arts plastiques, au regard de la pathologie : la séropositivité.

ARTS PLASTIQUES

OUI NON

Matérialisation de la production

rappel de valorisation

donne du sens

favorise la concentration

sollicite la mémoire (représentations)

développe la motricité fine

La production peut être un rappel de lapathologie

ne favorise pas l'expression verbale

l'implication corporelle est moins sollicitée

n'aime pas les arts plastiques

n'aime pas se salir (peinture)

MUSIQUE

OUI NON

Favorise l'expression verbale (chant)

crée la relation avec le corps par la respirationet la voix chantée

sollicite l'imaginaire

favorise la mémoire

sollicite les sens de l'ouïe de la vue et dutoucher.Développe la motricité

Pas de concrétisation matérielle

pas de matérialisation des émotions

n'aime pas la musique

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CONCLUSION

A travers ce mémoire, il m'a semblé important de relater mon expérience d'art-thérapeuteauprès de personnes séropositives. Ce métier d'art-thérapeute est passionnant. Il nécessite dela créativité, de l'adaptabilité.

L'art-thérapeute doit avoir des qualités humaines. La personne est au coeur de la prise encharge. La confiance patient/art-thérapeute est indispensable à la qualité de la prise en charge.

J'ai essayé de retracer tout au long de ce mémoire le pouvoir expressif de la musique. Lechoix des chansons était défini par les patients. Les variétés françaises furent choisies puis,plus ou moins abandonnée par les patients. Je leur ai proposé une approche musicaledifférente à travers la découverte du violoncelle, le répertoire lyrique, et la comédie musicale.

La musique a permis aux patients de retrouver la joie de vivre, de s'inscrire dans des projetsde vie.Cette expérience fut un partage d'émotions, de fous rires, mais aussi de doutes.

Les patients, par leur gentillesse, leur affection, m'ont beaucoup apporté sur la connaissancede la personne humaine.

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BIBLIOGRAPHIE

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COPPENS Yves ,Le Présent du Passé,Editions Odile Jacob Paris 2009

De DUVE Pascal, Cargo Vie,Editions Lattes France 2009

FORESTIER Richard, Tout Savoir sur L'art-thérapie,Editions Favre SA Lausanne 2007FORESTIER Richard, L'art Occidental,Editions Favre sa Lausanne 2004

JUNOD Philippe,Contrepoints Dialogue entre Musique et Peinture, Editions ContrechampsGenève 2006

DR KARMOCHKINE Marina, Saurai-je parler du SIDA? Editions First paris 2007

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SPIRE Bruno et CATTANEO Graciela,Le SIDA, idées reçues,Editions le Cavalier Bleu Paris2010

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R EVUES

LA RECHERCHE Hors Série N° 4 Novembre 2000 La naissance de l'art

PATRICK Jean-Baptiste,Préhistoire, les premières idoles,Sciences et Avenir page 77 à page83, N°02667 Janvier 2004

BIGAND Emmanuel,La musique rend-elle intelligent ?L'ESSENTIEL Cerveau et PsychoLe cerveau mélomane,de la page38 à la page 42 N°07531, novembre 2010 - janvier 2011

BIGAND Emmanuel,Les émotions musicales, L'ESSENTIEL Cerveau et Psycho, Le cerveaumélomane,de la page 22 à la page28 N°07531,novembre 2010 – janvier 2011

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A N N E X E S

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Annexe 1

Extrait du livre : le sida idées reçus Bruno SPIRE et Graciela CATTANO

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Annexe 2

CHANSON Belle

extrait de la comédie musicale Notre Dame de Paris

Paroles : Luc PlamondonMusique : Richard Cocciante 1998

Quasimodo, Frollo, Phoebus

Quasimodo :

BelleC'est un mot qu'on dirait inventé pour elleQuand elle danse et qu'elle met son corps à jour, telUn oiseau qui étend ses ailes pour s'envolerAlors je sens l'enfer s'ouvrir sous mes pieds

J'ai posé mes yeux sous sa robe de gitaneA quoi me sert encore de prier Notre-Dame ?QuelEst celui qui lui jettera la première pierre ?Celui -là ne mérite pas d'être sur terre

O Lucifer!Oh ! Laisse moi rien qu'une foisGlisser mes doigts dans les cheveux d'Esméralda

Frollo :

BelleEst- ce le diable qui s'est incarné en elle Pour détourner mes yeux du Dieu éternel ?Qui a mis dans mon être ce désir charnelPour m'empêcher de regarder ver le ciel ?

Elle porte en elle le péché originel ?La désirer fait-il de moi un criminel ?CelleQu'on prenait pour une fille dejoie, une fille de rienSemble soudain porter la croix du genre humain

O notre-Dame !Oh ! Laisse moi rien qu'une foisPousser la porte du jardin d 'Esméralda

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Annexe 2 suite

Phoebus :

BelleMalgré ses grands yeux noirs qui vous ensorcellentLa demoiselle serait-elle encore pucelle ?Quand ses mouvements me font voir monts etmerveillesSous son jupon aux couleurs de l'arc-en-ciel

Ma dulcinée laissez moi vous être infidèleAvant de vous avoir mené jusqu'à l'autelQuelEst l'homme qui détournerait son regard d'elleSous peine d'être changé en statue de sel ?

O Fleur-de-LysJe ne suis pas homme de foiJ'irai cueillir la fleur d'amour d'Esméralda

Les trois :

J'ai posé mes yeux sous sa robe de gitaneA quoi me sert encore deprier Notre-Dame ?QuelEst celui qui lui jettera la première pierre ?Celui là ne mérite pas d'être sur terre

O Lucifer !Oh ! Laisse moi rien qu'une foisGlisser mes doigts dans les cheveux d'EsméraldaEsméralda

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Annexe3: fiche d'observation

fiche d'observation

Nom:

Prénom:

Date:

Météo:

Numéro de séance:

Durée:

Dynamique de la séance:

Exercice pratiqué:Musiques choisis

Techniques musique chant sons expression corporelle arts plastiques

instruments violoncelle maracas tambourin triangle

prise d'initiative oui/non

comment ? Avec quel support ?

Production musical

invention reproduction improvisation

instrument choisi

satisfaction fond/forme: oui/non

modification à apporter:

notes autres:commentaires pour la séance suivante

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UNIVERSITE FRANCOIS RABELAISUFR DE MEDECINE – TOURS

&AFRATAPEM

Association Française de Recherche & Applications desTechniques Artistiques en Pédagogie et Médecine

Soutenue le : 2011Par : AUJARD Marie-France

Titre : Expérience d'art-thérapie à dominante musique auprès de personnes séropositives.RESUME :

Ce mémoire relate une expérience d'art-thérapie, à dominante musique, auprès de personnes séropositives,expérience menée tant à l'hôpital Bretonneau à Tours, au sein du réseau Ville Hôpital VIH37, qu'à l'associationAIDES également à Tours.Notre hypothèse est la suivante :Est-il possible de restaurer l'estime de soi par le biais de la pratique de la musique?Afin de tenter de répondre à cette question nous décrirons dans ce mémoire les spécificités de la musique depuisl 'aube des temps ce qui nous amène également à évoquer l'histoire de l'épopée humaine.Nous parlerons de la mise en place de l'atelier et du projet thérapeutique au sein de l'association AIDES suivantune méthodologie adaptée. Il est rendu compte de déroulement des séances dans la présentation de deux études decas.Nous ferons également état d'une prise en charge individuelle à l'hôpital, au moyen du théâtre : jeu de rôles, et vule contexte, du dessin, collage, pâte à modeler, Ces études de cas s'inscrivent dans un cadre précis, avec des outils d'observation permettant ainsi une analyse etune évaluation des résultats.La discussion portera à la fois sur la comparaison entre les prise en charge individuelle et groupale et entre les artsde la beauté immobiles et les arts de la beauté en mouvement et leur implication dans le soin. Mots clés : art-thérapie - musique - Sida - estime de soi – humanité.

SUMMARY

This report relate an experience of art-therapy with music as dominant feature with HIVpositives peoples,experience realize so much in the hospital of TOURS than in the network “ville-hospital VIH37” and than withpartnership “AIDES” of TOURS also.Our hypothesis is the next: is it possible to restore the oneself regard through the practice of music?As to try a answer to this question we will describe in this report the specific state of music at the very beginningof prehistory, evoking also the epic of humanity.We will specify the finalization of workgroup and of the therapeutic plan in the association “AIDES” with anadapted methodology. We will report the unfolding of the session and describe the report of two cases studies.We will also relate the individual session in the hospital, by the means of theater, and on account of context withacting, drawing, modeling and collage. These studies of cases are a part within an accurate framework, with tools of observation allowing an analysis andan evaluation of the results.The discussion will relate at the same time the comparison between the individual session and the work in group,and also the art of the motionless beauty and the art of role in motion and the implication for care.Keywords : art-therapy – music - Sida – self-esteem – humanity.