Affaire Des Libanais Du Togo

19
Le Togo accusé d’être la base arrière du Hezbollah, un mouvement terroriste selon les Etats-Unis L’information fait actuellement la une des medias internationaux. Le commerce des voitures d’occasion qui a pignon sur rue au Bénin, au Ghana ou au Togo, sert à financer le Hezbollah. En plus, le Libanais Maroun Saade, présenté comme lié au Hezbollah, est soupçonné par les Américains d’avoir corrompu des officiels togolais pour étouffer une enquête contre un certain Imad Zbid. Une mauvaise publicité à laquelle les autorités togolaises n’ont pas encore réagi. Hezbollah un mouvement très controversé Le Hezbollah qui signifie Parti de Dieu en arabe, est un mouvement politique chiite créé en réaction à l’invasion israélienne du Liban en 1982. Bien qu’étant un parti officiel au Liban, le Hezbollah est très critiqué par les pays occidentaux. Tenu pour responsable de nombreuses prises d’otages d’Occidentaux, pour l’essentiel diplomates et journalistes, et de soldats israéliens occupant le sud-Liban dans les années 1980 et de l’orchestration d’attentats spectaculaires et meurtriers contre les forces occidentales présentes au Liban à cette époque, le Hezbollah est placé sur la liste officielle des organisations terroristes du Canada, des Etats-Unis d’Amérique et de l’Australie. Quant à la position de l’Union européenne (UE), elle est contrastée. Par la voix du président de l’Union en exercice au 1er août 2006, l’UE signale que le Hezbollah ne sera pas inscrit sur la liste des organisations terroristes; toutefois, le Conseil de l’Union européenne inclut l’officier supérieur des services de renseignements du Hezbollah Imad Fa’iz Mughniyah (alias Mughniyah, Imad Fayiz) sur sa liste de terroristes. L’ONU ne classe pas le Hezbollah dans sa liste des organisations terroristes mais le Conseil de sécurité de l’ONU appelle à son désarmement. En revanche, le mouvement est très populaire dans le monde arabo-musulman. Selon les informations, le groupe est financé principalement par l’Iran et la Syrie, ainsi que par des fonds privés. Il est par ailleurs soupçonné de se financer par le biais de commerce de diamants illicites, de trafic de drogue, de racket, de contrebande. Il est accusé nommément par le Département d’État de trafic d’héroïne et de cannabis. Par exemple, suite à un coup de filet des polices brésiliennes et équatoriennes, mené le 21 juin 2005, mettant à jour un réseau international de

Transcript of Affaire Des Libanais Du Togo

Page 1: Affaire Des Libanais Du Togo

Le Togo accusé d’être la base arrière du Hezbollah, un mouvement terroriste selon les Etats-Unis

L’information fait actuellement la une des medias internationaux. Le commerce des voitures d’occasion qui a pignon sur rue au Bénin, au Ghana ou au Togo, sert à financer le Hezbollah. En plus, le Libanais Maroun Saade, présenté comme lié au Hezbollah, est soupçonné par les Américains d’avoir corrompu des officiels togolais pour étouffer une enquête contre un certain Imad Zbid. Une mauvaise publicité à laquelle les autorités togolaises n’ont pas encore réagi.

Hezbollah un mouvement très controversé

Le Hezbollah qui signifie Parti de Dieu en arabe, est un mouvement politique chiite créé en réaction à l’invasion israélienne du Liban en 1982. Bien qu’étant un parti officiel au Liban, le Hezbollah est très critiqué par les pays occidentaux. Tenu pour responsable de nombreuses prises d’otages d’Occidentaux, pour l’essentiel diplomates et journalistes, et de soldats israéliens occupant le sud-Liban dans les années 1980 et de l’orchestration d’attentats spectaculaires et meurtriers contre les forces occidentales présentes au Liban à cette époque, le Hezbollah est placé sur la liste officielle des organisations terroristes du Canada, des Etats-Unis d’Amérique et de l’Australie.

Quant à la position de l’Union européenne (UE), elle est contrastée. Par la voix du président de l’Union en exercice au 1er août 2006, l’UE signale que le Hezbollah ne sera pas inscrit sur la liste des organisations terroristes; toutefois, le Conseil de l’Union européenne inclut l’officier supérieur des services de renseignements du Hezbollah Imad Fa’iz Mughniyah (alias Mughniyah, Imad Fayiz) sur sa liste de terroristes.

L’ONU ne classe pas le Hezbollah dans sa liste des organisations terroristes mais le Conseil de sécurité de l’ONU appelle à son désarmement. En revanche, le mouvement est très populaire dans le monde arabo-musulman.

Selon les informations, le groupe est financé principalement par l’Iran et la Syrie, ainsi que par des fonds privés. Il est par ailleurs soupçonné de se financer par le biais de commerce de diamants illicites, de trafic de drogue, de racket, de contrebande. Il est accusé nommément par le Département d’État de trafic d’héroïne et de cannabis. Par exemple, suite à un coup de filet des polices brésiliennes et équatoriennes, mené le 21 juin 2005, mettant à jour un réseau international de trafic de drogues, des soupçons se portent sur ce mouvement comme éventuelle destination des fonds issus de ce trafic. Et les pays africains qui comptent une forte présence libanaise, sont souvent soupçonnés d’être la plaque tournante des trafics de tous genres.

Le Togo accusé

L’information est tombée jeudi 15 décembre 2011. Les autorités américaines ont annoncé avoir porté plainte devant un tribunal de Manhattan, contre plusieurs établissements libanais. Elles accusent ces établissements, notamment financiers, d’avoir participé au blanchiment de plus de 483 millions de dollars (225 milliards FCFA) via les Etats-Unis et l’Afrique de l’Ouest, en lien avec le trafic de drogue et le commerce de voitures d’occasion. « D’après le procureur de Manhattan, Preet Bharara,

Page 2: Affaire Des Libanais Du Togo

des centaines de millions de dollars ont été envoyés au Liban entre 2007 et 2011, à partir notamment du Bénin, du Togo et du Ghana. Une partie en liquide, via des courriers humains, l’autre via différents établissements libanais. Dans le collimateur des autorités américaines : la banque libano-canadienne, sur liste noire aux Etats-Unis depuis février dernier, pour des comptes ayant servi de lessiveuse d’argent sale. Parmi ses clients, un certain Ayman Joumaa, ressortissant libanais poursuivi aux Etats-Unis pour trafic de stupéfiants et blanchiment d’argent de la drogue entre l’Afrique de l’Ouest, l’Amérique latine, l’Europe et le Liban. Et cela en cheville avec des organisations criminelles mexicaines et colombiennes. D’autres établissements détenus par des Libanais, présentés comme liés au Hezbollah, sont visés par la plainte américaine. Sont ainsi cités la compagnie de change Hassan Ayash, le groupe Ellissa, actif dans l’importation de voitures d’occasion au Bénin, et Cybamar Swiss, une société de transport maritime chargée de l’acheminement des véhicules au Bénin et au Togo », rapporte RFI.

Outre Ayman Saied Joumaa, le procureur de Manhattan cite Maroun Saade, un Libanais présenté comme lié au Hezbollah, poursuivi aux Etats-Unis pour une grosse affaire de cocaïne et d’héroïne afghane, affaire encore une fois liée à l’Afrique de l’Ouest. « La justice américaine le soupçonne, en outre, d’avoir corrompu des officiels au Togo pour étouffer une enquête contre un certain Imad Zbid, un important représentant du Hezbollah. Son organisation est accusée d’avoir transporté deux à trois tonnes de cocaïne de l’Amérique du Sud au Togo », poursuit l’article publié sur le site de la radio mondiale.

Selon la plainte de 75 pages sur laquelle nous sommes tombés au cours de nos recherches, des passeurs de fonds à travers la frontière Togo/Ghana sont parfois appréhendés et leurs fonds saisis par les services togolais quand ils tentent de faire passer l’argent sans le déclarer ou en violation des restrictions sur les importations de devises décidées en octobre 2008. Maroune Saade aurait versé des pots-de vin pour libérer ces passeurs de fonds et d’autres arrêtés par la police. Par exemple, le 15 mars 2009, Mehanna Houssam, employé d’Oussama Salhab, a été arrêté par la police togolaise. En échange d’un paiement, Saade a obtenu la libération de Houssam.

De plus, la plainte identifie un certain Oussama Salhab, responsable présumé du Hezbollah, vivant au Togo, et qui aurait envoyé des millions de dollars et d’euros du Bénin au Liban. M. Salhab et des proches possèdent « Cybamar », une entreprise de transports basée dans le Michigan (nord des Etats-Unis) et régulièrement utilisée pour envoyer des voitures en Afrique de l’ouest, selon le procureur.

Par exemple, le 5 janvier 2009, Mouhsen Ali Yassine, un citoyen libanais vivant au Togo, a été arrêté et interrogé par les services américains quand il tentait d’entrer aux Etats-Unis par l’aéroport international de Boston. Au cours de cet interrogatoire, il a reconnu que lui et sa famille sont membres de Hezbollah. Il avait sur lui une carte d’affaires de l’agence de voyage Salhab basée au Togo. La carte SIM de son portable a été découverte, cachée dans ses chaussures. Résultante, il a été expulsé. Yassine était accompagné de neuf (9) autres Libanais dont la plupart sont du Togo et qui ont tenté d’entrer aux Etats-Unis presqu’à la même période. Tous ont mis Fadi Salhab comme personne à contacter lors de la demande de visa.

Page 3: Affaire Des Libanais Du Togo

Selon toujours la plainte, entre 2003 et 2011, au moins 34 individus qui ont transporté de l’argent du Togo au Ghana, ont aussi fait de demandes de visas pour entrer aux Etats-Unis. La plupart d’entre eux se sont identifiés comme commerçants ou acquéreurs de voitures, et certains se sont déclarés comme acheteurs de voitures d’origine américaine qui ont reçu de liens à l’étranger à partir de Hassan Ayash Exchange, Ellissa Exchange, LCB comme leur lieu de contact lors de leur séjour américain.

De plus, beaucoup de fonds passent de la frontière entre le Togo et le Ghana. « L’argent est habituellement transporté du Bénin en direction de l’aéroport d’Accra au Ghana, distant de Cotonou d’environ 210 km. La route de Cotonou à Accra passe par le Togo et sa capitale Lomé, à la frontière avec le Ghana. Les services ghanéens des douanes et taxes ont enregistré approximativement 1,2 milliard de dollar déclarés en devise américaine, et qui ont été importés à travers la frontière de Lomé entre 2007 et 2008. Environ 845 millions de dollar de ce montant ont été déclarés par des Libanais. D’Accra, l’argent est souvent convoyé au Beyrouth. La sécurité de Hezbollah facilite la réception de l’argent convoyé à l’aéroport international de Beyrouth », précise la plainte.

Silence à Lomé

Le gouvernement togolais qui a l’habitude de tempêter devant de pareilles situations, s’est muré dans un silence assourdissant. Même « republicoftogo » du tandem Debbasch-Finel qui est prompt à faire des commentaires tendancieux, ne s’est contenté que de reprendre l’article de l’AFP avec un nouveau titre : « Comment les voitures d’occasion servent à financer le Hezbollah ».

En rappel, ce n’est pas la première fois que le Togo est accusé d’être la base arrière de Hezbollah. Déjà en 2006, plusieurs media internationaux avaient relayé ces genres d’informations mettant en cause notre pays. « Les amis de Mohammed Al Muhtadi, l’un des responsables locaux du Hezbollah, qui avait été reconduit discrètement en direction de Beyrouth par le Général Eyadéma, ont tissé depuis des réseaux très efficaces qui plongent leur enracinement dans le milieu économique le plus fermé de Lomé, là où se fréquentent les riches togolais et les « investisseurs» français et étrangers. (…)Une importante communauté libanaise vit en Afrique de l’Ouest, et, en particulier, au Togo. Une partie de cette communauté est soumise à des contributions « spontanées » émanant du Hezbollah (classé sur la liste noire des mouvements terroristes par les Etats-Unis). Des collecteurs effectuent des tournées régulières. Les « dons » se font en espèces ; sans laisser de trace. Les autorités togolaises exerçant contrôle actif sur les mouvements de fonds dans les banques, il est étonnant de constater leur manque d’efficacité dans le signalement de transferts suspects depuis plusieurs mois. Ces transferts sont justifiés, une fois de plus, par la vente de voitures d’occasion venues de l’extérieur du continent africain. Une partie de ce commerce lucratif sert à financer, n’en doutons pas, le terrorisme au même titre que le trafic de drogue, d’or et de diamants », avait révélé à l’époque « Infoplusgabon ». Affaire à suivre.

TOGO: Prompte émission de mandats d’arrêt internationaux…Panique à bord du navire Faure Gnassingbé

Page 4: Affaire Des Libanais Du Togo

L’information a été révélée jeudi dernier, et nous en parlions déjà dans la parution de lundi. Les autorités américaines ont déposé une plainte contre des établissements financiers libanais, pour la plupart installés aux Etats-Unis, qu’elles accusent d’avoir participé au blanchiment de 483 millions de dollars, environ 225 milliards FCFA, pour le compte du mouvement terroriste Hezbollah, en lien avec le trafic de drogue et la vente de voitures d’occasions. Le nom du Togo de Faure Gnassingbé, qui vient d’accéder au Conseil de Sécurité de l’ONU a été cité dans cette affaire.

De l’argent est envoyé du Liban aux Etats-Unis où il servait à acheter des véhicules d’occasion qui sont ensuite acheminés en Afrique et principalement au Bénin. Les véhicules vendus, l’argent est convoyé au Liban à travers un circuit via le Togo et le Ghana. Une bonne part de ce pactole officiellement obtenu du commerce de véhicules d’occasion, mais qui sert en réalité de terreau au blanchiment d’argent issu du trafic de la drogue, va directement dans les compte du Hezbollah. La plainte identifie un certain Oussama Salhab, agent opérationnel du Hezbollah, vivant au Togo, et qui aurait envoyé des millions de dollars et d’euros du Bénin au Liban, via Lomé.

Le Togo émet des mandats internationaux

« Informé depuis plusieurs semaines de l’existence d’un réseau de blanchissement (sic) d’argent lié au trafic de drogue au Togo et qui opère à travers des sociétés d’importation de voitures d’occasion, le Parquet de Lomé, agissant sur instruction du Garde des Sceaux, a ouvert une information contre X pour blanchissement d’argent. La publication récente d’éléments d’information faisant état de l’implication de personnes de nationalité étrangère installées au Togo a conduit à l’émission de mandats d’arrêts internationaux contre des personnes suspectées de se livrer à ces activités illicites ». C’est le contenu d’un communiqué lu lundi au cours du journal de 20 heures sur la Télévision nationale. En clair, la Justice togolaise recherche activement Oussama Sahleb et ses complices.

L’émission de ces mandats d’arrêt internationaux est un clin d’œil aux Etats-Unis. Le geste vise à séduire l’administration Obama, comme quoi le Togo de Faure Gnassingbé est déterminé à lutter contre la trafic de drogue, le terrorisme et les autres fléaux combattus par l’ONU. C’est d’ailleurs assez bien indiqué dans le communiqué signé de Me Tchitchao Tchalim. « Conformément aux instructions du Président de la République, le Togo s’est fixé pour règle, de lutter sans relâche contre le trafic de drogues et les activités illicites. Il poursuivra sa collaboration en ce sens avec toutes les autorités étrangères et les institutions spécialisées de l’ONU », y lit-on.

Panique générale au sein du pouvoir

Ce n’est pas la première fois que le nom de notre pays est cité dans les affaires de drogue. Il l’est constamment. C’est un secret de polichinelle, le Togo est même fiché comme une plaque tournante du trafic de la drogue en Afrique de l’ouest, au centre de plusieurs réseaux. Toutes ces mauvaises images ne gênent personne et on en fait de non événements. Et c’est ici que l’intérêt subit accordé à ce dossier mis sur la place publique en fin de semaine passée par les autorités américaines étonne.

Le site diaboliquement toxique du pouvoir, republicoftogo en est, en l’espace de six (06) jours, à une bonne demi dizaine d’articles sur cette « toute petite » affaire, avec des mots bien choisis, où on s’efforce de dédouaner le pouvoir en place. Le circuit utilisé pour acheminer l’argent est dit « complexe », une façon d’innocenter les services de renseignements et de sécurité togolais. « Le schéma complexe évoqué dans la plainte du Tribunal de New York révèle la façon retorse dont les organisations terroristes se financent et déplacent leur argent, et il met en évidence le lien entre le trafic de drogue et le terrorisme », écrit-on, et d’indiquer que « Le cas révélé la semaine dernière n’est malheureusement pas unique. Les mêmes méthodes sont pratiquées dans de nombreux pays d’Afrique de l’Ouest ». En clair, le Togo n’est pas le seul à blâmer. Et relativement à l’émission de ces mandats d’arrêt, le site chéri du

Page 5: Affaire Des Libanais Du Togo

pouvoir nous apprend que « Le Togo n’a d’ailleurs pas attendu cette affaire pour mener une lutte sans merci contre le trafic de drogue, le blanchiment et le terrorisme. Les autorités bénéficient de l’appui des services étrangers pour l’échange d’information et l’assistance technique ». Toute cette agitation cache mal la panique qui s’éprend du pouvoir.

Dans cette affaire, on flaire même une complicité des officiels togolais. Outre le sieur Oussama Salhab, la plainte cite d’autres Libanais, Ayman Saied Joumaa et Maroun Saade, trafiquant de drogue, comme ayant convoyé au Togo trois tonnes de cocaïne de 2007 à 2011. « La justice américaine le soupçonne, en outre, d’avoir corrompu des officiels au Togo pour étouffer une enquête contre un certain Imad Zbid », indiquait le confrère RFI. Nous en parlions déjà dans la parution de lundi, selon la plainte, des passeurs de fonds à travers la frontière Togo/Ghana sont parfois appréhendés et le pactole saisi par les services togolais lorsqu’ils essaient de faire passer l’argent sans le déclarer ou en violation des restrictions sur les importations de devises décidées en octobre 2008. Mais Maroune Saade aurait versé des pots-de vin pour libérer ces passeurs de fonds et d’autres arrêtés par la police. Par exemple, le 15 mars 2009, Mehanna Houssam, employé d’Oussama Salhab, a été arrêté par la police togolaise. En échange d’un paiement, Saade a obtenu sa libération. Ces probables officiels togolais pouvant être corrompus pour libérer ces trafiquants, tout le monde peut se faire une idée d’eux. Ils sont dans le cercle fermé de l’ « Esprit nouveau » et souvent cités dans les affaires de drogue, de saisie de fonds chez des commerçants etc. Et des sources laissent entendre que la plainte des autorités américaines pourrait bien les viser. D’ailleurs dans toute cette histoire, le commun des observateurs est surpris que les services de renseignement et de sécurité du Togo, dotés d’appareils d’écoute téléphoniques les plus sophistiqués, très compétents lorsqu’il s’agit de déjouer des complots avérés, et même de déceler des intentions d’atteinte à la sûreté de l’Etat (affaire Kpatcha Gnassingbé), n’aient pas pu démanteler le réseau Oussama Sahlab qui fait non seulement dans le trafic de la schnouf, mais en plus dans le blanchiment d’argent pour alimenter le terrorisme. Cela sent tout simplement de l’onction de Lomé à ces genres de pratiques.

Hier c’était l’affaire PITEA pour laquelle les Etats-Unis en ont toujours après le régime de Lomé. Le rapport Gnofam montre que c’est tout le pouvoir qui est trempé dans la drogue. Aujourd’hui le Togo en rajoute avec une affaire liée au terrorisme. Et tout cela pour un pays à qui les Nations Unies viennent d’ouvrir les portes du Conseil de Sécurité. Cela fait tout simplement désordre, surtout lorsqu’on se rappelle ce pan du discours lobbying du Premier ministre désœuvré Gilbert Houngbo à la tribune des Nations Unies le 24 septembre dernier lors de sa 66e assemblée générale, en prélude à cette élection : « Les crises et conflits, les nouvelles menaces à la paix et à la sécurité internationales, telles que la piraterie maritime, la cybercriminalité et le trafic de drogue, qui sapent les efforts de consolidation de la paix dans le monde, doivent interpeller davantage la communauté internationale en l’amenant à repenser le rôle des Nations Unies dans le contexte de la sécurité et du développement économique et social. Au moment où la sous-région ouest-africaine connait un regain de violence dû au trafic de drogue et au terrorisme ambiant, l`on ne saurait admettre que nos côtes soient prises en otage par des pirates comme c’est le cas récemment dans les eaux aux larges du Benin et du Togo. J’en appelle à une coopération plus étroite entre tous les pays afin de combattre efficacement ce nouveau phénomène ». « S’il y était élu, le Togo mettrait l’accent sur … la lutte contre les fléaux que nous avons mentionnés plus haut ainsi que les nouvelles menaces à la paix et à la sécurité internationales », promettait-il. Mais à peine deux mois après cette élection célébrée en grande pompe, voilà où nous en sommes. Cette affaire va certainement laisser des traces.

Réseaux Hezbollah en Afrique : La justice togolaise lance des mandats d'arrêt internationaux

Page 6: Affaire Des Libanais Du Togo

La justice togolaise a délivré lundi des mandats d’arrêt internationaux contre plusieurs individus de nationalité étrangère installés au Togo et suspectés de se livrer à des activités de blanchiment liées au trafic de drogue. Ces derniers utilisaient des sociétés spécialisées dans l’importation de voitures d’occasion pour couvrir leurs activités.

Cette décision intervient quelques jours après la plainte déposée par les autorités américaines contre des établissements financiers libanais accusés d'avoir aidé au blanchiment de 483 millions de dollars pour le mouvement terroriste Hezbollah, via les Etats-Unis et l'Afrique, en lien avec un trafic de drogue.

Le Togo, n’a d’ailleurs pas attendu cette affaire pour mener une lutte sans merci contre le trafic de drogue, le blanchiment et la lutte contre le terrorisme. Les autorités bénéficient de l’appui des services étrangers pour l’échange d’information et l’assistance technique.

La plainte déposée par le procureur du Tribunal Sud de New York vise la Lebanese Canadian Bank, Ellisa Holding Company, Hassan Ayash Exchange Company, Cybamar Swiss GMBH, Nomeco SARL, Marco SARL et Salhab Travel Agency.

L'argent provenant du trafic de drogue était viré depuis le Liban jusqu'aux Etats-Unis, où il servait à acheter des voitures d'occasion qui étaient ensuite acheminées en Afrique, principalement à Cotonou (Bénin), où elles étaient revendues sur des parkings, dont l'un appartenait à Ellissa Holding.

Une partie importante du cash ainsi récolté était ensuite renvoyé au Liban par un système complexe contrôlé par le Hezbollah, passant par le Togo et le Ghana. Une partie de l'argent allait directement au Hezbollah, selon les autorités judiciaires américaines.

Ce trafic aurait duré de début 2007 à début 2011.

Oussama Salhab, agent opérationnel du Hezbollah au Togo

La plainte identifie un certain Oussama Salhab, agent opérationnel du Hezbollah, vivant au Togo, et qui aurait envoyé des millions de dollars et d'euros du Bénin au Liban, via Lomé.

M. Salhab et des proches possèdent Cybamar, une entreprise de transports basée dans le Michigan (nord des Etats-Unis) et régulièrement utilisée pour envoyer des voitures en Afrique de l'ouest, selon le procureur.Salhab, qui disposait d’un réseau de passeurs, acheminait des sommes considérables au Ghana, via le poste frontière d’Aflao. L’argent prenait ensuite la direction de Beyrouth par des vols commerciaux directs.

Page 7: Affaire Des Libanais Du Togo

A leur arrivée à l’aéroport de Beyrouth, les hommes d’ Oussama Salhab, étaient exfiltrés discrètement avec leur précieuse marchandise par des agents du Hezbollah avant de passer les contrôles de sécurité.

On ignore si ce Libanais réside toujours à Lomé ou s’il a pris la poudre d’escampette.

Le schéma complexe évoqué dans la plainte du Tribunal de New York révèle la façon retorse dont les organisations terroristes se financent et déplacent leur argent, et il met en évidence le lien entre le trafic de drogue et le terrorisme.

Le cas révélé la semaine dernière n’est malheureusement pas unique. Les mêmes méthodes sont pratiquées dans de nombreux pays d’Afrique de l’Ouest.

Voici le communiqué du Garde des Sceaux

Informé depuis plusieurs semaines de l’existence d’un réseau de blanchiment d’argent lié au trafic de drogues au Togo et qui opère à travers des sociétés d’importation de voitures d’occasion, le Parquet de Lomé, agissant sur instruction du Garde des Sceaux a ouvert une information contre X pour blanchissement d’argent.

La publication récente d’éléments d’information faisant état de l’implication de personnes de nationalité étrangère  installées au Togo a conduit à l’émission de mandats d’arrêts internationaux contre des personnes suspectées de se livrer à ces activités illicites.

Conformément aux instructions du Président de la République, le Togo s’est fixé pour règle, de lutter sans relâche contre le trafic de drogues et les activités illicites. Il poursuivra sa collaboration en ce sens avec  toutes les autorités étrangères et les institutions spécialisées de l’ONU.

Fait à Lomé le 19 décembre 2011

Le Garde des Sceaux, Ministre de la Justice,

Chargé des relations avec les institutions.

Tchitchao Tchalim

Un homme d’affaires libanais arrêté à la place de son frère: Difficultés des investisseurs étrangers au Bénin

Page 8: Affaire Des Libanais Du Togo

Un homme d’affaires libanais arrêté à la place de son frère: Difficultés des investisseurs étrangers au Bénin

Il se développe aujourd’hui dans notre pays une pratique qui pourrait faire fuir les hommes d’affaires étrangers. Le dernier exemple qui illustre la chose nous est fourni à travers ce dossier dans lequel on fait emprisonner un individu tout simplement parce que l’un de ses frères aurait pris indument de l’argent auprès de quelqu’un. Ce qui est plus grave et qui devrait interpeller nos autorités est que les victimes de ces genres d’abus sont des étrangers, de surcroît des opérateurs économiques qui ont choisi de faire les affaires au Bénin. Il n’est plus facile de s’installer au Bénin et d’y mener ses activités quand on est homme d’affaires. Surtout quand on est étranger. Le constat est triste mais il faut le faire pour amener les autorités à prendre les mesures qu’il faut pour arrêter cette tendance qui risque de faire très mal à notre économie. Aucun homme d’affaires ne peut évoluer dans un pays où pour un oui ou un non on peut le priver de sa liberté et mettre en péril ses affaires. C’est malheureusement la triste expérience qu’est en train de faire actuellement Mohamed Dohaini, un opérateur économique libanais qui intervient dans le secteur des véhicules d’occasion dans notre pays depuis des années. Depuis le 27 juin 2011, il est privé de sa liberté. Il doit répondre des actes qu’aurait commis un de ses frères alors qu’il n’est concerné, ni de près ni de loin, par l’affaire dans laquelle ce frère aurait pris de l’argent chez une certaine Awaou Adjalla épouse Adjovi.

Mieux, quand le frère, Hassan Dohaini est venu à Cotonou et que Mohamed a eu vent des relations suspectes qu’il entretenait, il s’est arrangé pour le faire partir>C’est quand Hassan est revenu à Cotonou, de son propre chef et à l’insu de son frère, qu’il aurait été en contact avec Dame Adjalla avec qui il a mené une affaire qui, visiblement, a mal tourné.Une pratique à découragerMme Adjalla, la supposée victime est peut-être de bonne foi. Mais l’on sait qu’aujourd’hui il se développe au Bénin une tendance visant à créer les pires ennuis aux hommes d’affaires étrangers pour les obliger à délier la bourse. M. Mohamed Dohaini aurait peut-être accepté de payer pour son frère qu’il aurait recouvré sa liberté depuis. Mais nous sommes dans un Etat de droit. Et les étrangers qui choisissent de mener leurs activités dans notre pays doivent être protégés aussi bien dans leurs activités que dans leur intégrité physique. Tant qu’ils sont régulièrement installés et mènent une activité régulière et licite, les institutions de la République, en l’occurrence la police et la justice, ont le devoir de les protéger autant que les nationaux. Malheureusement, on a l’impression depuis quelque temps que ce n’est pas le cas. Le dernier cas en date est celui de ce couple camerounais qui aurait été dépouillé avant d’être contraint à quitter le pays. Les victimes finiront par saisir la justice de cet abus mettant en cause les responsables de notre police, notamment l’Interpol-Bénin. On espère que justice leur sera rendue. Tout comme à ce Libanais qui passe ses jours actuellement en prison, loin de ses activités laissées ainsi en souffrance. Et personne visiblement ne s’émeut de ces situations qui deviennent courantes au Bénin sous le « Changement » et, aujourd’hui la « Refondation ». C’est donc le lieu d’interpeller notre justice, à commencer par la première autorité qui en a la charge, en l’occurrence le Garde des sceaux, Me Marie-Elise Gbèdo. Peut-on raisonnablement priver quelqu’un de sa liberté pour un acte qu’il n’a pas commis ? Nous ne sommes pas juge. Et il faut continuer dans tous les cas à faire confiance à notre justice. Aussi est-on en droit d’attendre d’elle une certaine diligence dans l’examen des dossiers du genre pour qu’en cas d’abus celui-ci ne se prolonge pas. L’actuel dossier est entre les mains du juge d’instruction du 4ième cabinet à Porto-Novo. Il faut donc espérer qu’il fasse le nécessaire, surtout en cette période de quasi paralysie de l’administration, pour une accélération de la procédure en vue d’entendre l’intéressé pour la manifestation de la vérité. De toutes les façons nous suivrons le dossier de près et ne manquerons pas tirer la sonnette d’alarme si la situation perdurait. Il y va de l’image et de la réputation de notre pays.

Page 9: Affaire Des Libanais Du Togo

Jean DOSSOU

Page 10: Affaire Des Libanais Du Togo

Impliqué dans plusieurs affaires douteuses : LE LIBANAIS GABI KODEH FUIT LE BENIN

Décidemment, les  forces de l’ordre se sont engagées à mettre hors d’état de nuire, les personnes de moralité douteuse au Bénin, impliquées dans divers trafics aussi invraisemblables que malfaisants qu’ils soient. C’est le cas du citoyen libanais Gabi Kodeh qui est actuellement recherché par les flics à cause de son implication dans un certain nombre d’affaires louches.

Repris de Justice, le libanais Gabi Kodeh garde dans sa maison une voiture haut de gamme portant une plaque minéralogique du Nigéria. Cette voiture d’origine douteuse a été appréhendée par les éléments de la Police nationale. Malheureusement, cet homme n’a pas cru devoir accepter que le véhicule lui appartient. Et pourtant, il l’utilise bien. Face à la pression des forces de l’ordre et la tournure que prend le dossier, il a dû prendre la clé des champs.

De même, il y a quelques mois, il était mêlé à une autre affaire répugnante>

Il s’agit d’un encaissement frauduleux d’un montant de 50 millions de nos francs à la BOA. Les forces de l’ordre n’avaient pas hésité à mettre la main sur lui pendant qu’il revenait du Gabon. Après l’avoir écouté et une fois les preuves établies, il avait été mis sous les verrous. Mais ses parents ont jeté les bases du remboursement de cette somme et il a été libéré.

Par ailleurs, il y a quelques jours, une autre convocation lui a été adressée pour qu’il soit encore écouté. Mais contre toute attente, il ne s’est pas présenté. Le comble dans cette histoire, c’est que ses proches disent que le commissaire central de Cotonou s’acharne contre lui. Or, cet agent de sécurité n’est pas né de la dernière pluie en matière de sécurité. Et tout le monde connait d’ailleurs son professionnalisme. De plus, pour avoir commandé les RAID, on sait que ce commissaire a un vaste et dynamique réseau de renseignement. Donc, il ne s’agit d’un quelconque acharnement contre qui que ce soit, mais de l’exercice d’une fonction républicaine de qualité. Dans le même temps, dame rumeur fait avec persistance état de ce que le mis en cause serait impliqué dans une autre affaire relative aux « poudres ». C’est dire donc que ceux qui pointent le commissaire du doigt n’ont que pour intention de le distraire aux fins de brouiller les pistes.

Là où le bât blesse, c’est que Gabi Kodeh est ami à nombre d’autorités béninoises et il a même en projet, la construction d’un grand hôtel dans le pays. Certains estiment que c’est sur cette fibre d’accointance malsaine qu’il tire pour commettre ses forfaits. Aujourd’hui, il est introuvable et on se demande pourquoi. Car, s’il ne se reprochait rien pourquoi ne se présenterait-il pas au rendez-vous de la convocation ? Il va falloir que la Justice béninoise joue pleinement son rôle pour que la lumière soit faite sur les différents dossiers dans lesquels le nom Gabi Kodeh est cité. Pour le moment ce libanais est activement recherché par la Police. Affaire à suivre…

Prince BOCO  

Sale temps pour la famille Kodeih: Lutte contre le banditismeSale temps pour la famille Kodeih: Lutte contre le banditisme

Page 11: Affaire Des Libanais Du Togo

Soupçonné pour plusieurs affaires douteuses, l'opérateur économique libanais Gaby Kodeih est en cavale. Il serait poursuivi pour recel et encaissement frauduleux d'un montant de 50 millions F. CFA à la BOA, Bank of Africa.

Gaby Kodeih est, après son père Ghazi KODEIH, le n°2 du Groupe KODEIH créé au Bénin depuis le 26 juin 1979 et dans l'importation du textile, l'équipement de bureaux, l'importation des meubles ainsi que celle des groupes électrogènes. Le groupe KODEIH s'investit également dans la réalisation des bâtiments et des travaux publics. Avec un capital de 124.000.000 f CFA Il compte 580 employés permanents et plus de 1400 occasionnels constituant ainsi un maillon fort de la promotion de l'emploi au Bénin. Faut-il le souligner, le " vieux KODEIH " comme l'appellent affectueusement ses proches, est depuis une vingtaine d'années naturalisé au Bénin et ses enfants qui, pour la plupart, sont nés hors du Bénin y vivent comme dans leur pays d'origine.

Malheureusement, ce grand homme d'affaire installé majestueusement au Bénin depuis plus de trente ans a du souci à se faire.

De nos investigations, il ressort que c'est le projet de construction d'un hôtel grand standing au Bénin qui serait à la base des malheurs de la famille Kodeih qui actuellement traverse des moments très difficiles>Gaby Kodeih s'entourerait de personnes peu recommandables d'où ses ennuis avec la justice béninoise. Actuellement, il serait au cœur d'une affaire de cinquante millions (50.000.000) f CFA qui auraient disparu dans les locaux d'une banque de la place. Aux dernières nouvelles, les autorités de la Bank of Africa ont porté plainte contre X pour cette affaire qui court depuis 2009.

Interpellé, alors qu'il est rentré précipitamment du Gabon à Cotonou pour raison de santé, Gaby Kodeih serait actuellement en Europe pour y subir des soins de santé intensifs après avoir été écouté par la police béninoise. Pour sauver les meubles, la famille Kodeih en attendant que toute la lumière ne se fasse a dû déposer un chèque de 50.000.000 f CFA.

Gaby Kodeih en cavale ?

Pour une énième fois, Gaby Kodeih est encore recherché activement par la Police béninoise. Il garderait a-t-on appris une voiture haut de gamme portant une plaque minéralogique du Nigéria dans sa maison. Un véhicule d'origine douteuse qui aurait été appréhendée par les éléments de la Police nationale. Malheureusement, cet homme dénie toute propriété sur ledit véhicule alors qu'il en fait régulièrement usage pour ses déplacements. Face à la pression des forces de l'ordre et la tournure que prend le dossier, il a dû prendre la clé des champs. En réalité, cette charge vient s'ajouter à la première relative à l'encaissement frauduleux d'un montant de 50 millions de nos francs à la BOA. Les forces de l'ordre n'avaient pas hésité à mettre la main sur lui pendant qu'il revenait du Gabon. Après l'avoir écouté et une fois les preuves établies, il avait été mis sous les verrous. Ayant jeté les bases du remboursement de cette somme et il a été libéré. Il y a quelques jours, une autre convocation lui a été adressée pour qu'il soit encore écouté mais malheureusement, il aurait pris la clé des champs. Preuve de sa culpabilité ou l'expression de sentiment de peur d'un étranger en difficulté ? En tout cas l'enquête suit son cours.

Vitali Boton

Trente-sept millions de dollars blanchis via Dietikon?

Page 12: Affaire Des Libanais Du Togo

Selon la justice américaine, un important réseau lié au Hezbollah libanais aurait blanchi près de 490 millions de dollars depuis 2007, via un commerce de voitures d’occasions entre les Etats-Unis, l’Europe et l’Afrique de l’Ouest. Une société d’import-export basée près de Zurich serait au cœur de ce trafic.

C’est une plainte civile déposée le 15 décembre dernier par le procureur général de New York qui a révélé toute l’ampleur de l’affaire: en quatre ans, près de 490 millions de dollars issus du trafic de drogues auraient été blanchis sous le couvert d’une banque libanaise, la Lebanese Canadian Bank (LCB), de bureaux de change de Beyrouth et d’un curieux commerce de voitures d’occasion entre les Etats-Unis, l’Europe et l’Afrique de l’Ouest. Ces réseaux, affirment les Américains, auraient en partie servi à financer le Hezbollah, considéré comme un groupe terroriste par les Etats-Unis depuis 1997. L’affaire révèle aussi le rôle d’un homme d’affaires libanais installé au Togo, présenté par la justice américaine comme un «agent actif du Hezbollah», qui disposerait d’une tête de pont en Suisse sous la forme d’une discrète société d’import-export basée à Dietikon. Celle-ci est aujourd’hui la cible d’une vaste enquête du FBI et de l’agence américaine antidrogue, la DEA.

La lessiveuse transatlantiqueLes ressorts de cette gigantesque lessiveuse transatlantique apparaissent au fil des centaines de pages de documents de justice et d’actes d’inculpation de narcotrafiquants que «Le Matin Dimanche» a consulté. Les profits issus de la vente de cocaïne colombienne et d’héroïne afghane servait à acheter des centaines de voitures d’occasion dans des garages de la côte est des Etats-Unis, et à les expédier vers le Togo et le Bénin, où elles étaient revendues. Le produit de ces ventes était ensuite confié à un réseau de passeurs chargés d’acheminer les sommes en liquide vers le Liban. Une partie de ces fonds blanchis était renvoyée vers les Etats-Unis, via la Lebanese Canadian Bank pour justifier l’achat de nouveaux lots de voitures.

L’homme-clé du réseauLes autorités américaines désignent un Libanais installé au Togo, Oussama Salhab, comme l’homme-clé chargé d’organiser le retour des voitures jusqu’au port autonome de Cotonou, au Bénin, puis de l’argent liquide vers Beyrouth. A la tête d’une petite agence de voyages, il employait jusqu’à 40 passeurs pour transporter des millions de dollars, d’euros et de francs suisses du Bénin vers le Togo, puis par avion jusqu’au Liban via le Ghana. L’étendue de ses affaires et la diversité de ses «partenaires» font apparaître l’Afrique de l’Ouest comme la nouvelle plaque tournante du trafic de cocaïne sud-américaine et d’héroïne afghane à destination des Etats-Unis et de l’Europe.

Des Zetas aux talibansOussama Salhab est décrit comme un «proche associé» d’au moins trois narcotrafiquants actifs dans la région, dont Ayman Joumaa, alias «Junior», un gros calibre dont l’inculpation par contumace en janvier dernier a conduit à la mise sous embargo de la Lebanese Canadian Bank. Proche des cartels colombiens et allié aux sinistres Zetas mexicains, Joumaa est accusé d’avoir fait transiter jusqu’à 85 tonnes de cocaïne colombienne aux Etats-Unis, en partie via l’Afrique. Un autre contact d’Oussama Salhab était actif dans le trafic de cocaïne vers l’Europe et un troisième «associé» a été piégé en février dernier par des agents de la DEA. Ceux-ci se faisaient passer pour des talibans cherchant à faire entrer plusieurs tonnes d’héroïne vers les Etats-Unis, par avion via le Ghana.

De la famille à DietikonLes affaires Oussama Salhab ne s’arrêtent pas là. Selon le parquet de New York, «Oussama Salhab et sa famille détiennent et contrôlent Cybamar Swiss GMBH LLC, fréquemment utilisée pour organiser le transport des voitures en Afrique de l’Ouest». Les recherches du «Matin Dimanche» confirment ce lien de parenté.Cybamar Swiss, qui occupe une pièce tapissée de cartes de l’Afrique dans un grand immeuble de bureaux à l’entrée de Dietikon, a été fondée en 2003 par un citoyen suisse d’origine libanaise qui n’est autre que le frère d’Oussama Salhab. L’entreprise, qui ne compte pas d’autre employé que son fondateur, est spécialisée dans le transport de «tout ce qui roule» –

Page 13: Affaire Des Libanais Du Togo

voitures, poids lourds et remorques – entre l’Europe et l’Afrique de l’Ouest. Présentée par les autorités américaines comme «basée au Michigan», Cybamar est en réalité d’abord une société helvétique. Fondée en 2003, elle ne s’est étendue aux Etats-Unis qu’en 2007, lorsqu’ont été ouvertes les premières liaisons maritimes directes entre l’Amérique du Nord et le Bénin. C’est aussi à cette date qu’aurait été mis en place le réseau africain de la Lebanese Canadian Bank.

Les comptes suissesLa plainte américaine du 15 décembre dernier vise la saisie de tous les avoirs de la LCB, des deux bureaux de change libanais et de Cybamar Swiss GMBH LLC, ainsi que le blocage de 248 millions de dollars sur 57 comptes bancaires. Sur cette somme, au moins 37 millions auraient transité sur trois comptes de Cybamar chez Credit Suisse à Zurich. Rencontré dans son bureau jeudi et confronté aux accusations américaines, le patron et fondateur de Cybamar n’a pas souhaité s’exprimer publiquement.

Demande d'entraideWalburga Bur, cheffe de la communication du Ministère public de la Confédération, indique qu’il n’y a «aucune implication du ministère public dans ce contexte». Selon nos informations, les Etats-Unis s’apprêteraient à déposer une demande d’entraide à Berne, visant notamment le blocage des comptes de Cybamar Swiss chez Credit Suisse. La banque n’a pas souhaité faire de commentaire. Le Hezbollah a quant à lui démenti jeudi les accusations du parquet de New York. Le parti chiite accuse en retour les Etats-Unis de vouloir «ternir l’image de la résistance libanaise et de couvrir un réseau d’espionnage opérant au Liban au profit des Israéliens».

Un circuit international de blanchiment de l’argent de la drogue était géré depuis le Togo

Page 14: Affaire Des Libanais Du Togo

(Agence Ecofin) - Le procureur général de New York a soulevé une affaire de blanchiment d’argent de la drogue qui porte sur environ un demi-milliard de dollars, géré depuis le Togo et qui passait par le Liban, la Suisse et les USA.

L’homme clé de ce trafic, un Libanais du Togo, Oussama Salhab, serait, selon la justice américaine un « agent actif du Hezbollah ». Il disposait d’une structure d’import export en Suisse, dans la région de Zürich, dotée d’une filiale américaine.

Selon les actes d’inculpation que s’est procuré le journal suisse Le Matin, les profits dégagés de la vente de cocaïne colombienne et d’héroïne afghane étaient utilisés pour acheter des centaines de voitures d’occasion et les expédier vers le Togo et le Bénin. Le produit de la vente de ces véhicules en Afrique de l’Ouest était ensuite acheminé par des passeurs vers le Liban où la justice américaine soupçonne fortement le Hezbollah d’être à la manœuvre en coulisses avec le concours de la Lebanese Canadian Bank (LCB).

Oussama Salhab, depuis le Togo, entretenait des relations suivies avec plusieurs narcotrafiquants parmi lesquels Ayman Joumaa, allié aux Zetas mexicains. Il était également en contact avec un trafiquant international arrêté il y a quelques mois alors qu’il cherchait à organiser un trafic d’héroïne par avion du Ghana vers les USA.

Selon le parquet de New York, « Oussama Salhab et sa famille détiennent et contrôlent Cybamar Swiss GMBH LLC, fréquemment utilisée pour organiser le transport des voitures en Afrique de l’Ouest ». Lest autorités suisses ont maintenant neutralisé cette « lessiveuse ».

Le Hezbollah a démenti les accusations du parquet de New York.