Adolf Hitler

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Adolf Hitler « Hitler » redirige ici. Pour les autres significations, voir Hitler (homonymie). Adolf Hitler (prononcé en allemand [ˈa.dɔlfˈhɪt.lɐ ] ), né le 20 avril 1889 à Braunau am Inn en Autriche-Hongrie (aujourd'hui en Autriche), et mort par suicide le 30 avril 1945 à Berlin, est un dirigeant politique allemand, fon- dateur et figure centrale du nazisme, instaurateur de la dictature totalitaire désignée sous le nom de Troisième Reich (1933-1945). Chef du Parti national-socialiste des travailleurs allemands (NSDAP), il devient chancelier le 30 janvier 1933. Après la mort du président du Reich, il se fait plébisciter en 1934 comme chef de l'État, portant désormais le double titre de Führer (« guide ») et chance- lier du Reich. Sa politique impérialiste, anti-slave, antisémite et raciste est à l'origine du volet européen de la Seconde Guerre mondiale et en fait le responsable de crimes de guerre et crimes contre l'humanité ayant causé plusieurs dizaines de millions de victimes, crimes dont la Shoah reste le plus marquant. L'Allemagne nazie connaît d'abord une période de victoires militaires et occupe la majeure par- tie de l'Europe, mais elle est ensuite repoussée sur tous les fronts, puis envahie par les Alliés, à l'Est et à l'Ouest. Hitler se donne la mort alors que Berlin est investie par les troupes soviétiques. L’ampleur sans précédent des destructions, des pillages et des crimes de masse dont il est le responsable, tout comme le racisme radical singularisant sa doctrine et l'inhumanité exceptionnelle des traitements infligés à ses victimes lui ont valu d'être considéré de manière par- ticulièrement négative par l'historiographie, par la mé- moire collective et par la culture populaire en général. Son nom et sa personne font généralement figure de sym- boles répulsifs [Note 1] . 1 Jeunes années 1.1 Origines et enfance Article détaillé : Généalogie d'Adolf Hitler. Les sources traitant des premières années d'Adolf Hitler sont « extrêmement lacunaires et subjectives ». Les fonds d'archives, les témoins et Hitler lui-même donnent des in- terprétations très différentes de cette période qui s’étale de 1889 à 1919 [3] . De nombreux historiens se sont même penchés sur la possibilité d'une origine juive de Hitler, Le père d’Adolf Hitler : Alois Hitler (1837-1903). en concluant néanmoins la plupart du temps à de simples rumeurs infondées. Adolf Hitler naît le 20 avril 1889 à 18 h 30 à Braunau am Inn, une petite ville de Haute-Autriche près de la fron- tière austro-allemande ; il est baptisé deux jours plus tard à l'église de Braunau [4] . Il est le quatrième enfant d'Aloïs Hitler (1837-1903) et de Klara Pölzl (1860-1907). Ses parents, unis par le mariage depuis le 6 janvier 1885, sont originaires de la région rurale du Waldviertel, pauvre et frontalière de la Bohême. En 1894 la famille Hitler déménage pour Passau du côté allemand de la frontière. Un an plus tard, Aloïs prend sa retraite et achète une petite ferme à Fischlham près de Lambach pour se consacrer à l'apiculture [3] . Adolf fait son entrée à l'école du village le 2 mai 1895. Son maître d'école, Karl Mittermaier, témoigne : « Je me souviens combien ses affaires de classe étaient toujours rangées dans un ordre exemplaire [5] ». 1

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Adolf Hitler

« Hitler » redirige ici. Pour les autres significations,voir Hitler (homonymie).

Adolf Hitler (prononcé en allemand [ˈa.dɔlfˈhɪt.lɐ ] ), néle 20 avril 1889 à Braunau am Inn en Autriche-Hongrie(aujourd'hui en Autriche), et mort par suicide le 30 avril1945 à Berlin, est un dirigeant politique allemand, fon-dateur et figure centrale du nazisme, instaurateur de ladictature totalitaire désignée sous le nom de TroisièmeReich (1933-1945). Chef du Parti national-socialiste destravailleurs allemands (NSDAP), il devient chancelier le30 janvier 1933. Après la mort du président du Reich, ilse fait plébisciter en 1934 comme chef de l'État, portantdésormais le double titre de Führer (« guide ») et chance-lier du Reich.Sa politique impérialiste, anti-slave, antisémite et racisteest à l'origine du volet européen de la Seconde Guerremondiale et en fait le responsable de crimes de guerre etcrimes contre l'humanité ayant causé plusieurs dizainesde millions de victimes, crimes dont la Shoah reste leplus marquant. L'Allemagne nazie connaît d'abord unepériode de victoires militaires et occupe la majeure par-tie de l'Europe, mais elle est ensuite repoussée sur tousles fronts, puis envahie par les Alliés, à l'Est et à l'Ouest.Hitler se donne la mort alors que Berlin est investie parles troupes soviétiques.L’ampleur sans précédent des destructions, des pillageset des crimes de masse dont il est le responsable, toutcomme le racisme radical singularisant sa doctrine etl'inhumanité exceptionnelle des traitements infligés à sesvictimes lui ont valu d'être considéré de manière par-ticulièrement négative par l'historiographie, par la mé-moire collective et par la culture populaire en général.Son nom et sa personne font généralement figure de sym-boles répulsifs[Note 1].

1 Jeunes années

1.1 Origines et enfance

Article détaillé : Généalogie d'Adolf Hitler.Les sources traitant des premières années d'Adolf Hitlersont « extrêmement lacunaires et subjectives ». Les fondsd'archives, les témoins et Hitler lui-même donnent des in-terprétations très différentes de cette période qui s’étalede 1889 à 1919[3]. De nombreux historiens se sont mêmepenchés sur la possibilité d'une origine juive de Hitler,

Le père d’Adolf Hitler : Alois Hitler (1837-1903).

en concluant néanmoins la plupart du temps à de simplesrumeurs infondées.Adolf Hitler naît le 20 avril 1889 à 18 h 30 à Braunau amInn, une petite ville de Haute-Autriche près de la fron-tière austro-allemande ; il est baptisé deux jours plus tardà l'église de Braunau[4]. Il est le quatrième enfant d'AloïsHitler (1837-1903) et de Klara Pölzl (1860-1907). Sesparents, unis par le mariage depuis le 6 janvier 1885, sontoriginaires de la région rurale du Waldviertel, pauvre etfrontalière de la Bohême.En 1894 la famille Hitler déménage pour Passau du côtéallemand de la frontière. Un an plus tard, Aloïs prend saretraite et achète une petite ferme à Fischlham près deLambach pour se consacrer à l'apiculture[3].Adolf fait son entrée à l'école du village le 2 mai 1895.Son maître d'école, Karl Mittermaier, témoigne : « Je mesouviens combien ses affaires de classe étaient toujoursrangées dans un ordre exemplaire[5] ».

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La mère d'Adolf Hitler : Klara Pölzl (1860–1907).

Au cours de l'été 1897 le patriarche décide de revendresa ferme et installe sa famille à Lambach. Adolf devientélève au monastère du village où ses résultats restent bons.Il y devient enfant de chœur[6]. En novembre 1898, Aloïsacquiert dans le village de Leonding, une maison à proxi-mité de l'église et du cimetière. Selon des témoins del'époque, Adolf est un enfant qui aime le grand air etjouer aux cow-boys et aux indiens comme de nombreuxenfants de son âge[7]. Sa sœur Paula déclarera à ce sujet :« Quand on jouait aux Indiens Adolf faisait toujours lechef. Tous ses camarades devaient obéir à ses ordres. Ilsdevaient sentir que sa volonté était la plus forte[8] ».

1.1.1 Les relations père-fils

À l'âge de onze ans, en septembre 1900, Aloïs Hitler ins-crit son fils à la Realschule de Linz à quatre kilomètres aunord-est de Leonding. C'est alors que ses résultats sco-laires s’effondrent. Il finit par redoubler, le conflit entreAdolf et son père devient inévitable[9]. En effet le pèreveut que son fils devienne fonctionnaire comme lui alorsque le jeune garçon souhaite devenir artiste-peintre[10].

« Pour la première fois de ma vie, je prisplace dans l'opposition. Aussi obstiné que putl'être mon père pour réaliser les plans qu'il avaitconçus, son fils ne fut pas moins résolu à re-fuser une idée dont il n'attendait rien. Je nevoulais pas être fonctionnaire. Ni discours, nisévères représentations ne purent réduire cette

Photo de classe à l'école de Leonding en 1899, au centre de larangée supérieure, Adolf Hitler.

résistance. Je ne serai pas fonctionnaire, non,et encore non ! (...). »

— Adolf Hitler, Mein Kampf, 1925[11].Le 3 janvier 1903, Aloïs Hitler succombe à une crise car-diaque, un verre de vin à la main, dans la brasserie Wie-singer à Leonding[12]. C'est un véritable tournant dansla vie du jeune Hitler. Mais les spécialistes sont diviséssur le sentiment d'Adolf Hitler vis-à-vis du décès de sonpère[13].

1.1.2 La fin de l'école

Klara, devenue veuve, devient de fait la tutrice d'Adolfet de Paula Hitler âgés respectivement de quatorze etsept ans. Elle reçoit une aide de l'État de 600 couronneset mensuellement la moitié de la pension de son défuntmari (soit 100 couronnes) puis 20 couronnes par enfantscolarisé. Son fils porte toujours la photographie de samère sur lui[14]. Au printemps 1903, Klara place Adolfen pension à Linz afin qu'il réussisse dans ses études.Léopold Pötsch, son professeur d'histoire, est un partisandu pangermanisme mais aucun document ne peut attes-ter un militantisme nationaliste de la part d'Adolf Hitlerà cette époque. En revanche, il baigne dans une sociétéautrichienne d'esprit pangermaniste[15]. Voici le portraitdu collégien Hitler qu'en brosse son professeur principallors du procès du putsch en 1923 :

« Il était incontestablement doué, quoiqued'un caractère buté. Il avait du mal à se maîtri-ser, ou passait du moins pour un récalcitrant,autoritaire, voulant toujours avoir le derniermot, irascible, et il lui était visiblement diffi-cile de se plier au cadre d'une école. Il n'étaitpas non plus travailleur, car sinon (…) il au-rait dû parvenir à des résultats bien meilleurs.Hitler n'était pas simplement un dessinateur qui

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1.2 Une vie de bohème (1907–1913) 3

avait un beau brin de crayon, mais il était ca-pable aussi, à l'occasion, de se distinguer dansles matières scientifiques (…). »

— Eduard Huemer, 1923[16].À la rentrée scolaire de l'année 1904, pour une raison obs-cure, Hitler quitte l'école de Linz pour l'établissement deSteyr à quarante-cinq kilomètres de là. Ses résultats sco-laires ne s’améliorent pas et il ne termine pas sa troisième.Il prétexte une mauvaise santé, simulée ou exagérée, etfinit par abandonner définitivement l'école[17]. De ces an-nées 1904-1905 le seul document authentique connu estun portrait de Hitler fait par son camarade Sturmlechner.On y distingue « un visage maigre d'adolescent avec unduvet de moustache et l'air rêveur »[18].

1.2 Une vie de bohème (1907–1913)

1.2.1 La vie à Vienne

Bal à l'Hôtel de ville de Vienne (Wilhelm Gause, 1904).La politique antisémite de Karl Lueger, alors maire de Vienne,influença le jeune Hitler.

Au cours de l'été 1905, Klara Hitler vend la maison deLeonding pour s’installer en famille dans un appartementloué dans le centre de Linz au 31 de la Humboldtstrasse.Adolf reçoit de l'argent de poche de sa tante Johannaqu'il utilise pour le cinéma et le théâtre. Il y rencontre,en novembre 1905, un apprenti tapissier : August Kubi-zek, passionné de musique[19]. À en croire son ami, bienque sans emploi, Hitler se comporte en véritable « dan-dy » : fine moustache, manteau et chapeau noirs et canneau pommeau d'ivoire[20]. Il boit de l'alcool, fume beau-coup et adhère à l'Association des amis du musée de Linz.En mai 1906, sa mère lui offre un séjour à Vienne où il as-siste à deux opéras de Richard Wagner : Tristan et Le Hol-landais volant. Il contemple la capitale impériale qui à lafois le fascine et le met mal à l'aise : l'empereur François-Joseph représente à ses yeux le symbole du vieillissementde l'Empire. Il finit par revenir à Linz début juin[21]. Sesdiscussions avec Kubizek lui donnent envie de devenircompositeur ; il convainc sa mère d'entamer des étudesde musique avant d'abandonner rapidement.

En janvier 1907 le médecin de famille, le docteur EduardBloch, examine Klara et diagnostique une tumeur qui estopérée à temps. Diminuée physiquement, Klara démé-nage de son appartement pour un logement à l'extérieurde Linz à Urfahr (de). Adolf possède sa propre chambretandis que Klara, Paula et Johanna, la tante d'Hitler, separtagent les deux autres pièces[22]. Durant l'automne,il décide enfin de se présenter à l'examen d'entrée del'Académie des Beaux-Arts de Vienne ; sa mère cède àcontrecœur. Hitler est refusé ; son travail est jugé « insuf-fisant ».

« J'étais si persuadé du succès quel'annonce de mon échec me frappa comme uncoup de foudre dans un ciel clair. »

— Adolf Hitler, Mein Kampf, 1925[23]..En octobre, le docteur Bloch déclare solennellement à lafamille Hitler que l'état de Klara est irréversible : sa der-nière volonté est de reposer aux côtés de son mari, Aloïs, àLeonding. Elle meurt le 21 décembre 1907 à deux heuresdu matin[24]. Selon le docteur Bloch :

« Klara Hitler était une femme simple, mo-deste et pleine de bonté. Grande, elle avait descheveux bruns soigneusement tressés et un longvisage ovale avec de beaux yeux gris bleu ex-pressifs (...). Jamais je n'ai vu quiconque aussiterrassé par le chagrin qu'Adolf Hitler. »

— Eduard Bloch, médecin de la famille Hitler[25].Lorsqu'il était revenu à Linz au chevet de sa mère mou-rante, il n'avait pas osé lui avouer son échec à l'École desbeaux-arts. Âgé de dix-neuf ans, Adolf Hitler est désor-mais un jeune homme mesurant 1 m 72 et pesant 68 kilos.Entêté, il décide qu'il sera artiste-peintre ou architecte etretente l'examen d'entrée à Vienne. Apparemment Hit-ler n'est pas, à cette époque, vraiment un nationaliste fa-natique comme il le prétend dans Mein Kampf. En effetpourquoi rejoindre une ville cosmopolite comme Vienne,aux nombreuses nationalités, plutôt que de rejoindre di-rectement l'Allemagne[26] ? Vienne représente à ses yeuxun défi, une porte vers une ascension sociale. Hitler estsubjugué par les représentations de Felix Weingartnerpuis de Gustav Mahler à l'Opéra[27]. Depuis 1897 Vienneest dirigée par Karl Lueger (1844-1910), le fondateur duParti chrétien-social. Le maire est violemment antisémiteet rassemble une bonne partie de l'électorat catholique. Ilfavorise néanmoins le rayonnement de la ville : représen-tations musicales de Richard Strauss, picturales de PaulGauguin et Gustav Klimt, littéraires avec Arthur Schnitz-ler[28], etc.

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4 1 JEUNES ANNÉES

1.2.2 Le second échec aux Beaux-Arts

Au cours du printemps 1908, August Kubizek rejointHitler à Vienne où il loue un piano à queue pour parfaireses gammes. Selon son témoignage, Hitler se prive régu-lièrement de nourriture afin de se rendre plusieurs foisau théâtre ou à l'Opéra. Il prétend également qu'Hitler nes’intéresse guère aux filles exceptée une jeune bourgeoiseprénommée Stéfanie[29]. Appelé par le service militaire,le musicien rentre à Linz en juillet. Durant l'été Hitlerrompt les liens à la fois avec Kubizek et avec le reste desa famille résidant à Spital[30]. En octobre 1908, l'Écoledes beaux-arts recale 96 élèves dont Adolf Hitler qui « n'apas été autorisé à passer l'épreuve ». Non pas qu'il soitmauvais dessinateur mais parce qu'il ne travaille pas as-sez, il est incapable de se soumettre à une discipline[31]. Ildéménage en août 1909 rue Felbert, puis rue Sechshau-ser et enfin rue Simon-Denk. Faute d'argent il est mis à larue[32].

1.2.3 Le marginal

Les registres de police de Vienne indiquent qu'à partir du8 février 1910, Hitler est domicilié dans un foyer pourhommes au 27 rue Meldermann. Grâce à Reinhold Ha-nisch, un jeune homme de cinq ans son aîné rencontréquelques mois plus tôt dans un foyer d'accueil pour sans-abris, il gagne un peu d'argent en déblayant la neige ou enportant les valises des voyageurs encombrés de la gare del'Ouest (Westbahnhof)[33]. La nourriture se limite à unesoupe le matin et à un croûton de pain le soir. Selon MeinKampf il aurait été manœuvre et aide-maçon mais aucundocument ne le prouve. Certains témoins – dont Hanisch– insistent sur l'oisiveté d'Hitler qui refuse de travailler.Grâce aux cinquante couronnes envoyées par sa tante Jo-hanna il fait l'acquisition du matériel d'artiste-peintre :Hanisch se charge de vendre les peintures de Hitler enformat carte postale[34],[35]. Le 4 mai 1911 Angela Rau-bal réclame au tribunal de Linz la pension de Hitler afind'élever dignement Paula, ce qu'il doit accepter malgrélui[36].

1.2.4 Antisémitisme et aryosophie

Après avoir touché le fond au cours de l'hiver 1909[Note 2],le marginal Hitler vit toujours en 1912 de ses peinturesvendues dans la rue. Selon Jacob Altenberg, l'un de sesmarchands d'art juifs, « il avait pris l'habitude de se ra-ser (…), il se faisait régulièrement les cheveux et portaitdes vêtements qui, pour être vieux et usés, n'en étaient pasmoins propres[37]. » Hitler participe aux débats politiquesqui éclatent dans le foyer. Deux sujets le mettent hors delui : le parti social-démocrate au pouvoir et la Maison desHabsbourg[38]. Aucun témoin ne fait état de propos an-tisémites de sa part. Selon Mein Kampf, il serait devenuantisémite à son arrivée à Vienne :

« Un jour où je traversais la vieille ville, jerencontrai tout à coup un personnage en longcaftan avec des boucles de cheveux noirs. Est-ce là aussi un Juif ? Telle fut ma première pen-sée. À Linz, ils n'avaient pas cet aspect-là. »

— Adolf Hitler, Mein Kampf, 1925[39].Or les autres sources ne confirment pas cet état deschoses. Kubizek affirme que son ami était déjà « farou-chement antisémite » en arrivant à Vienne. Pourtant denombreuses anecdotes qu'il rapporte sont clairement dou-teuses. Selon Reinhold Hanisch « À cette époque Hitlern'était aucunement antisémite. Il l'est devenu plus tard ».Il insiste sur son amitié avec Joseph Neumann, un jeuneJuif rencontré à Vienne, au foyer pour hommes de la rueMeldermann. I. Kershaw doute de la véracité des dires deHanisch[40].Outre des brochures antisémites, Hitler lit alors trèsprobablement la revue Ostara de Jörg Lanz von Lie-benfels : selon Nicholas Goodrick-Clarke, « l'hypothèsed'une influence idéologique de Lanz sur Hitler peut êtreacceptée » ; ce dernier aurait « assimilé l'essentiel del'aryosophie de Lanz : le désir d'une théocratie aryenneprenant la forme d'une dictature de droit divin des Ger-mains aux cheveux blonds et aux yeux bleus sur les racesinférieures ; la croyance dans une conspiration, continueà travers l'histoire, de ces dernières contre les héroïquesGermains, et l'attente d'une apocalypse dont serait is-su un millenium consacrant la suprématie mondiale desAryens[41] ». Ian Kershaw, pour sa part, penche égale-ment en faveur de la présence de la revue parmi les lec-tures courantes d'Hitler à cette époque, mais conclut plusprudemment sur la nature précise de l'influence de Lanzsur ses convictions[42]. Par ailleurs, il est en revanche im-probable qu'Hitler ait connu alors l'aryosophe Guido vonList et, s’il a pu être attiré par les aspects politiques de lapensée de List les plus similaires à celle de Lanz, il n'a ja-mais manifesté d'intérêt pour ses théories occultistes[43].

1.2.5 La vie à Munich

Au printemps 1913, Adolf Hitler caresse l'espoir d'allerétudier à l'Académie de Munich. Pour ses vingt-quatreans il attend la perception de son héritage paternel (819couronnes)[44]. De plus, s’étant déclaré inapte au servicemilitaire[Quoi ?] deux années plus tôt, il considère à pré-sent que l'administration autrichienne l'a oublié. C'estl'occasion de passer la frontière tranquillement : le 24mai, habillé correctement, portant une valise et accom-pagné d'un homme, le commis Rudolf Häusler, il quittele foyer pour la gare. En plus d'être une ville d'art, Munichlui paraît familière car proche de sa région natale[45]. Ar-rivés sur place, Häusler et Hitler louent une chambre au34 Schleissheim. Häusler montre ses papiers autrichiens,Hitler se déclare apatride[46].En janvier 1914, Hitler reçoit l'ordre de se rendre au

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1.3 Engagé volontaire dans la Première Guerre mondiale 5

consulat d'Autriche dans les plus brefs délais pour rendrecompte de sa désertion. Il explique qu'il se serait présen-té à l'hôtel de ville de Vienne où il s’est fait enregistrermais la convocation ne serait jamais arrivée. Qui plus est,il a peu de ressources et est affaibli par une infection. Leconsul croit en la bonne foi de l'individu. Le 5 février ilest définitivement ajourné devant la commission militairede Salzbourg[47]. Comme à Vienne, Hitler vit de ses pein-tures. Il aime reproduire l'hôtel de ville, des rues, des bras-series, des magasins. Il vend chaque tableau entre cinq etvingt marks soit une centaine de marks par mois. DansMein Kampf, Hitler déclare avoir beaucoup lu et apprisen politique à cette époque mais aucun document ne leprouve. Peut-être fréquente-t-il les bars et les brasseriesoù il discute de politique[48].

1.3 Engagé volontaire dans la PremièreGuerre mondiale

Adolf Hitler (à droite), soldat en 1915.

Le 28 juin 1914, l'archiduc François-Ferdinand, l'héritierdu trône d'Autriche, est assassiné à Sarajevo par un étu-diant serbe. Le 31 juillet la mobilisation générale est pro-clamée à Berlin. Louis III, le roi de Bavière, envoie untélégramme à Guillaume II pour l'assurer de son soutienmilitaire.

1.3.1 La guerre est déclarée

Le 2 août 1914, au lendemain de la déclaration de guerredu Kaiser, des milliers de Munichois se pressent surl'Odeonsplatz pour applaudir le roi de Bavière. Une pho-tographie immortalise l'événement et Hitler y figure[49].Dans Mein Kampf il se déclare heureux de partir enguerre. C'est pourtant oublier qu'il a tenté de se déroberà l'armée autrichienne quelques années plus tôt. D'aprèsson livret militaire il ne se serait présenté que le 5 août aubureau de recrutement. Il est définitivement incorporé le16 août comme « volontaire » dans le 1er bataillon du 2e

régiment d'infanterie de l'armée bavaroise (régiment List,du nom du général qui le commandait). Le départ du 16e

régiment bavarois, dans lequel il vient d'être incorporé,pour le front est fixé au 8 octobre. Le train atteint la fron-tière belge le 22 octobre puis arrive à Lille le 23[50].

1.3.2 Le soldat Hitler

Le soldat Hitler connaît son baptême du feu le 28 octobre1914 près d'Ypres. Au 1er novembre, son bataillon est dé-cimé : sur 3 600 hommes, 611 seulement restent opéra-tionnels. Pour récompenser son courage, Hitler est propo-sé par l'adjudant Gutmann à la décoration de la Croix defer[51]. Il a la position d'estafette auprès de l'état-major deson régiment : il va chercher les ordres des officiers pourles transmettre aux bataillons. En période de calme re-latif, l'estafette Hitler sillonne la campagne des environsde Fournes pour peindre des aquarelles[52]. Durant toutela durée de la guerre, Hitler n'est resté qu'au grade decaporal[53]. Réputé pour son caractère difficile il est néan-moins apprécié de ses camarades. Lui proposer de « cou-cher avec des Françaises » le met hors de lui, puisque« contraire à l'honneur allemand »[54]. Il ne fume pas, ilne boit pas, il ne fréquente pas le bordel. Le soldat Hit-ler s’isole pour réfléchir ou lire[55]. Les quelques photo-graphies connues de cette période présentent un hommepâle, moustachu, maigre souvent à l'écart du groupe. Sonvéritable compagnon est son chien Foxl et un jour il s’an-goisse à l'idée de ne pas le retrouver : « Le salaud quime l'a enlevé ne sait pas ce qu'il m'a fait[56]. » Hitler estun véritable guerrier fanatique, aucune fraternité, aucundéfaitisme ne doit être toléré. Il écrit :

« Chacun d'entre nous n'a qu'un seul dé-sir, celui d'en découdre définitivement avec labande, d'en arriver à l'épreuve de force, quoiqu'il en coûte, et que ceux d'entre nous quiauront la chance de revoir leur patrie la re-trouvent plus propre et purifiée de toute in-fluence étrangère, qu'à travers les sacrifices etles souffrances consentis chaque jour par descentaines de milliers d'entre nous, qu'à tra-vers le fleuve de sang qui coule chaque jourdans notre lutte contre un monde internatio-nal d'ennemis, non seulement les ennemis ex-térieurs de l'Allemagne soient écrasés, mais lesennemis intérieurs soient aussi brisés. Cela au-rait plus de prix à mes yeux que tous les gainsterritoriaux. »

— Adolf Hitler, lettre à Ernst Hepp, 5 février 1915[39].

1.3.3 La fin de la guerre

Le 7 octobre 1916, un obus explose dans l'abri des esta-fettes : Hitler est blessé à la cuisse gauche. Il est soigné àl'hôpital de Beelitz près de Berlin. Après quelque tempsau bataillon de dépôt, il demande à rejoindre son régi-ment ; le 7 mars 1917 il arrive à Vimy[57]. Fin septembre

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1917 son régiment obtient deux semaines de permission,Hitler part pour Berlin. Le 13 octobre 1918 à proximitéd'Ypres Hitler est gravement gazé. Il est envoyé à l'hôpitalde Pasewalk en Poméranie. Lors du procès à Munich en1923 il explique :

« C'était une intoxication par l'ypérite, etpendant toute une période j'ai été presqueaveugle. Après, mon état s’est amélioré, maisen ce qui concerne ma profession d'architecteje n'étais plus qu'un estropié complet, et jen'aurais jamais cru que je pourrais un jour lirede nouveau un journal. »

— Adolf Hitler, procès de Munich (1923)[58].Alors que l’Allemagne est sur le point de capituler, larévolution gagne Berlin et la Kaiserliche Marine se mu-tine. Le Kaiser Guillaume II abdique et part pour les Pays-Bas avec sa famille. Le socialiste Philipp Scheidemannproclame la République. Deux jours plus tard, le nouveaupouvoir signe l’armistice de 1918.Le séjour d'Hitler à Pasewalk est un tournant dans sa vie.À la date du 10 novembre, il raconte dans Mein Kampf,qu'étant incapable de lire les journaux, c'est par un pas-teur venu l'annoncer aux convalescents qu'il apprend lanouvelle de l'instauration d'une république en Allemagne.En larmes il s’enfuit, dit-il, vers le dortoir : il se dit alorscomme « frappé par la foudre » puis saisi d'une « révé-lation »[59]. De son lit d’hôpital, alors qu'il avait retrouvél'usage de ses yeux, Hitler est anéanti par cette annonceet redevient aveugle. Il affirme dans Mein Kampf y avoireu une vision patriotique, et avoir sur le coup « décidéde faire de la politique ». Un mythe[60] s’est construit surcette « cécité hystérique » soignée par le médecin psy-chiatre Edmund Forster (de), spécialiste des névroses deguerre, qui aurait entrepris une hypnothérapie sur Hitlerà la suite de laquelle se seraient structurées la paranoïa, lapsychose et la vision patriotique du futur Führer, élémentsinvérifiables car le rapport médical d'Hitler a disparu etle docteur Forster, surveillé par la Gestapo, s’est suicidéen 1933[61].Hitler arrive à Munich le 21 novembre 1918. Sans fa-mille, sans travail et sans domicile, sa préoccupation estde rester dans l'armée. Le 3 décembre il part pour lecamp de prisonniers de Traunstein dans le sud de la Ba-vière comme gardien militaire. Puis le camp est suppri-mé, le soldat Hitler est renvoyé dans sa caserne le 25janvier 1919 et arrive à Munich autour du 12 février[62].À Munich, les combats de rue s’intensifient, les ouvriersen armes défilent dans la ville et Kurt Eisner, le premierMinistre de Bavière, est assassiné en pleine rue par unétudiant nationaliste. « Homme de confiance » de sonétat-major Hitler est nommé en avril à la tête de la com-mission d'enquête de son régiment sur les événementsrévolutionnaires. Mais, comme le fait remarquer L. Ri-chard, contrairement à ce qu'il déclare dans Mein Kampf,l'armistice n'a pas été pour lui la « révélation » politique

de sa vie. Il ne s’est pas précipité au-devant des événe-ments mais a profité de sa proximité des officiers. Il n'apris aucun engagement politique particulier (ni Freikorpsni garde civique bavaroise). Le soldat Hitler d'alors n'estpas un militant dynamique, ni un fanatique antisémite ;c'est un adepte de l'attentisme[63].Toute sa vie, Hitler adhéra au mythe du « coup de poi-gnard dans le dos », diffusé par la caste militaire, se-lon lequel l'Allemagne n'aurait pas été vaincue militai-rement, mais trahie de l'intérieur par les Juifs, les forcesde gauche, les républicains. Jusqu'à ses derniers jours, lefutur maître du Troisième Reich resta obsédé par la des-truction totale de l'ennemi intérieur. Il voulait à la foischâtier les « criminels de novembre », effacer novembre1918, et ne jamais voir se reproduire cet évènement trau-matique, à l'origine de son engagement en politique.

1.3.4 La figure d'un combattant héroïque

L’image du combattant héroïque de la Grande Guerre fa-çonnée par Hitler dans Mein Kampf puis par la propa-gande nazie de la fin des années 1920 fait l’objet en 2011d’une étude approfondie par l'historien Thomas Weber,appuyée sur les archives du Régiment List dont l'histoireofficielle fut publiée en 1932. Dans son ouvrage La pre-mière guerre d'Hitler[64], il conclut à une large part demystification, notamment due aux récits hagiographiquesde Hans Mend et de Balthasar Brandmayer. Son régimentavait une très médiocre valeur militaire (unité peu entraî-née, mal équipée, composée pour l'essentiel de paysansdémotivés[65],[66]) et n’a pas été engagé dans des combatsdécisifs. Hitler lui-même et la propagande auraient bro-dé par la suite sur l’image de l’estafette héroïque en pre-mière ligne, or Hitler a une mission d'estafette de régi-ment transportant les dépêches quelques kilomètres der-rière la ligne de front et non d'estafette de bataillon ou decompagnie[66]. Hitler aurait surtout été attaché à conser-ver son affectation auprès du commandement de son ré-giment, qui lui permettait de se tenir aussi protégé quepossible des dangers de la ligne de front.

1.3.5 Une expérience fondatrice contestée

Thomas Weber insiste également sur les incohérencesentre ce que révèle son étude à partir des sources dis-ponibles sur le « régiment List » (notamment les lettreset cartes expédiées par le soldat Hitler[67]) et l’imagepropagée par Hitler lui-même selon laquelle la PremièreGuerre mondiale aurait été pour lui un événement idéo-logiquement et politiquement décisif. S'opposant forte-ment aux conclusions antérieures de l'historien austra-lien John Williams[68], il relève que « si cette approcheétait fondée, Hitler devrait être le personnage principalde cette histoire régimentaire de 1932 et non une figurefugace d'arrière-plan, cantonnée à un rôle presque insul-tant de second couteau[69] » et conclut qu’à l’issue de laguerre, « son atterrissage dans les rangs ultranationalistes

Page 7: Adolf Hitler

2.2 Orateur charismatique du parti nazi (1919–1922) 7

et contre-révolutionnaires semble avoir été dicté par desconsidérations de pur opportunisme autant que par de so-lides convictions »[70].

2 Ascension politique

Article détaillé : Chronologie de la République deWeimar.

À sa sortie d’hôpital en novembre 1918, Hitler retournedans son régiment de Munich. Plus tard, il écrira que laguerre avait été « le temps le plus inoubliable et le plussublime »[71].

2.1 Hitler en 1919

Carte de membre du NSDAP d'Adolf Hitler, 1920.

Bien que Hitler ait écrit dans Mein Kampf avoir déci-dé de s’engager en politique dès l'annonce de l'armisticedu 11 novembre 1918, il s’agit là surtout d'une recons-truction rétrospective. Comme le note Ian Kershaw, Hit-ler s’abstient encore de s’engager dans les premiers moisde 1919, ne songeant nullement par exemple à rejoindreles nombreux Corps francs — des unités paramilitairesformées par les anciens combattants d'extrême droitepour écraser les insurrections communistes en Allemagnepuis la jeune République de Weimar elle-même. Sousl'éphémère République des conseils de Munich, il est res-té discret et passif, et a probablement fait extérieurementallégeance au régime[72].Depuis le 9 novembre 1918, la Bavière est en effetentre les mains de la Räterepublik ou « République desconseils », un gouvernement révolutionnaire proclamépar le socialiste Kurt Eisner et virant de plus en plus àgauche après l'assassinat de ce dernier début 1919. Lapropre caserne de Hitler est dirigée par un conseil. Dé-goûté, Hitler quitte Munich pour Traunstein. Cependant,en 1919, alors que le pouvoir est hésitant entre commu-nistes du KPD et sociaux-démocrates du SPD, il se faitélire délégué de sa caserne, une première fois lorsque lepouvoir en Bavière est aux mains du SPD, puis une se-

conde fois en tant que délégué adjoint sous l’éphémèrerégime communiste (avril-mai 1919), juste avant la prisede Munich par les troupes fédérales et les Corps francs.Il n'a pas cherché à combattre ces régimes, sans pourautant avoir adhéré à aucun de ces partis, et il est pro-bable que les soldats connaissaient ses opinions politiquesnationalistes[73],[Note 3].Hitler reste théoriquement dans l’armée jusqu’au 31 mars1921. En juin 1919, alors que la répression de la révo-lution fait rage en Bavière, son supérieur, le capitaineKarl Mayr[Note 4], le charge de faire de la propagandeanticommuniste auprès de ses camarades. C'est au coursde ses conférences parmi les soldats que Hitler découvreses talents d'orateur et de propagandiste et que pour lapremière fois un public se montre spontanément séduitpar son charisme.C'est aussi de cette époque que date le premier écrit anti-sémite de Hitler, une lettre qu'il adressa, le 16 septembre1919, à un certain Adolf Gemlich, sur l'initiative de sonsupérieur, le capitaine Karl Mayr[74]. Après une virulenteattaque antisémite, dans laquelle il qualifie l'action desJuifs de « tuberculose raciale des peuples », il y oppose« antisémitisme instinctif » et « antisémitisme raison-né » : « L'antisémitisme instinctif s’exprimera en dernierressort par des pogroms. L'antisémitisme raisonné, en re-vanche, doit conduire à une lutte méthodique sur le planlégal et à l'élimination des privilèges du Juif. Son objectiffinal doit être cependant, en tout état de cause, leur ban-nissement »[75]. Pour Ernst Nolte, cette lettre est aussi untémoignage de l'antibolchévisme naissant de Hitler et del'association qu'il fait entre juifs et révolution : Hitler ter-mine en effet sa lettre avec une remarque selon laquelleles juifs « sont en effet les forces motrices de la révolu-tion »[76].

2.2 Orateur charismatique du parti nazi(1919–1922)

Quelques poses d'Adolf Hitler en train de discourir, photos deHeinrich Hoffmann, en 1930.

Début septembre 1919, le capitaine Karl Mayr, charge

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8 2 ASCENSION POLITIQUE

le caporal Hitler de surveiller un groupuscule politiqueultra-nationaliste, le Parti ouvrier allemand, fondé moinsd'un an plus tôt par Anton Drexler. À la fin d'uneréunion dans une brasserie de Munich, il prend la parole àl'improviste pour fustiger la proposition d'un intervenant,favorable à une sécession de la Bavière[77]. Remarquépar Drexler, il adhère au DAP (Deutsche Arbeiterpartei :Parti ouvrier allemand) aussi sur ordre de ses supérieurs ;son numéro d'adhérent, le 555, est le reflet de la tradi-tion, dans les partis politiques marginaux, qui font débu-ter leur liste d'adhésions au numéro 501[77]. En février1920, orateur principal du DAP, il transforme le parti enParti national-socialiste des travailleurs allemands (NS-DAP), pour aligner le parti sur des partis semblables enAutriche ou dans les Sudètes[78].Son charisme et ses capacités d'orateur en font unpersonnage prisé des réunions publiques des extré-mistes de brasserie. Ses thèmes favoris — antisémitisme,antibolchevisme, nationalisme — trouvent un auditoireréceptif. En effet, il emploie un langage simple, utilisedes formules percutantes et utilise abondamment les pos-sibilités de sa voix[79]. Mobilisant par ses discours, autantpar les idées que par la gestuelle, de plus en plus de par-tisans, il se rend indispensable au mouvement au pointd'en exiger la présidence, que le groupe dirigeant initiallui abandonne dès avril 1921 après un ultimatum de sapart. Du fait de ses talents d’agitateur politique, le partigagne rapidement en popularité, tout en restant très mi-noritaire.Hitler dote son mouvement d'un journal, le VölkischerBeobachter, lui choisit le drapeau à croix gammée pouremblème, fait adopter un programme en 25 points (en1920) et le dote d'une milice agressive, les Sturmabteilung(SA). Il change également de style vestimentaire, s’ha-bille constamment de noir ou en tenue militaire, et c'est àcette époque également qu'il taille sa moustache qui de-vient, avec sa mèche sur le front, la plus célèbre de sescaractéristiques physiques.Au départ, Hitler se présente comme un simple « tam-bour » chargé d'ouvrir la voie à un futur sauveur del'Allemagne encore inconnu. Mais le culte spontanémentapparu autour de sa personnalité charismatique dans lesrangs des SA et des militants le fait vite se convaincrequ'il est lui-même ce sauveur providentiel. À partir de1921-1922, la conviction intime qu'il est désigné par ledestin pour régénérer et purifier l'Allemagne vaincue nele quitte plus[80],[81]. Son narcissisme et sa mégalomaniene font en conséquence que s’accentuer, comme sa prédo-minance absolue au sein du mouvement nazi. C’est ce quile différencie de Mussolini, au départ simple primus in-ter pares d'une direction collective fasciste, ou de Staline,qui ne croit pas lui-même à son propre culte, fabriqué tar-divement. Au contraire, le culte du Führer s’organise ra-pidement, avec en ligne l'organisation du parti autour duFührerprinzip : tout tourne autour du Führer qui crée unlien de dépendance, au sens féodal du terme, entre ses fi-dèles et lui, la réponse de Hitler à ceux qui le saluent est en

réalité une acceptation de l'hommage de ces derniers[82].Inspiré par la lecture du psychologue Gustave Le Bon,Hitler met au point une propagande violente mais efficace.« L'idée centrale de Hitler est simple : lorsqu'on s’adresseaux masses, point n'est besoin d'argumenter, il suffit deséduire et de frapper. Les discours passionnés, le refusde toute discussion, la répétition de quelques thèmes as-sénés à satiété constituent l'essentiel de son arsenal pro-pagandiste, comme le recours aux effets théâtraux, auxaffiches criardes, à un expressionnisme outrancier, auxgestes symboliques dont le premier est l'emploi de laforce. Ainsi, quand les SA brutalisent leurs adversairespolitiques, ce n'est pas sous l'effet de passions déchaînées,mais en application des directives permanentes qui leursont données[83] ».De sa vie, Hitler n'accepta jamais un débat rationnelni contradictoire et ne parla que devant des auditoiresacquis[Note 5].En janvier 1922, Hitler est condamné à trois mois de pri-son (dont deux avec sursis) pour « troubles à l'ordre pu-blic ». Il purge cette peine à la prison de Stadelheim deMunich entre juin et juillet 1922. Il est même menacéd’être expulsé de Bavière.

2.3 Putsch manqué de Munich (9 no-vembre 1923)

Les personnalités inculpées lors du procès d'Adolf Hitler en 1924,photo d'Heinrich Hoffmann.

Article détaillé : Putsch de la Brasserie.

Admirateur fervent de Mussolini (dont un buste orneradurablement son bureau), Hitler rêve d'avoir à son tour sa« marche sur Rome » qui le fasse accéder au pouvoir parla force[84]. En novembre 1923, alors que l'économie s’esteffondrée avec l'occupation de la Ruhr, que le Papiermarkrongé par l'hyperinflation ne vaut plus rien et que des en-treprises séparatistes ou communistes secouent certainesparties de l'Allemagne, Hitler croit le moment venu pourprendre le contrôle de la Bavière avant de marcher surBerlin et d'en chasser le gouvernement élu. Les 8 et 9 no-

Page 9: Adolf Hitler

2.5 Réorganisation du parti (1925–1928) 9

vembre 1923, il conduit avec le général Erich Ludendorffle coup d'État avorté de Munich connu comme le Putschde la Brasserie. Le complot, bâclé, est facilement mis endéroute et, lors d'un heurt de ses troupes avec la police de-vant la Feldherrnhalle, Hitler est lui-même blessé tandisque sont tués seize de ses partisans, promus ultérieure-ment « martyrs » du nazisme.Le NSDAP est aussitôt interdit. En fuite, Hitler est arrê-té le 11 novembre, inculpé de conspiration contre l’État,et incarcéré à la prison de Landsberg am Lech. À par-tir de cet instant, il se résoudra à se tourner tactiquementvers la seule voie légale pour arriver à ses fins. Mais dansl'immédiat, il sait exploiter son procès en se servant dela barre comme d'une tribune : la médiatisation de sonprocès lui permet de se mettre en vedette et de se faireconnaître à travers le reste de l'Allemagne. Les magis-trats, reflétant l'attitude des élites traditionnelles peu at-tachées à la République de Weimar, se montrent assezindulgents à son égard. Le 1er avril 1924, il est condam-né à cinq ans de détention à la forteresse de Landsbergam Lech pour « haute trahison », ce qui fait scandale,même au sein des conservateurs[85]. Détenu en forte-resse, à l'image des criminels ayant agi pour des motifsnobles[85], il purge sa peine dans une vaste cellule au seinde laquelle il peut recevoir des visites, et surtout où il aaménagé un véritable cabinet de travail, dans lequel il liténormément et dicte à ses proches les premières ébauchesde Mein Kampf[86]. Condamné à cinq ans de forteresse,il est libéré au terme de neuf mois[87].

2.4 Constitution définitive d'une idéologie(1923–1924)

Sa détention à la prison de Landsberg est considérée parHitler comme « son université aux frais de l'État », quilui permet de lire des ouvrages de Friedrich Nietzsche,Houston Stewart Chamberlain, Ranke, Treitschke, KarlMarx, et les mémoires d'Otto von Bismarck et de gé-néraux et hommes d'État alliés ou allemands[88]. Ellelui donne l'occasion de dicter à son secrétaire RudolfHess son ouvrage Mein Kampf, récit autobiographiqueet manifeste politique, appelé à devenir le manifeste dumouvement nazi[89]. Hitler y dévoile sans fard l’idéologieredoutable qu’il a achevé de se constituer depuis 1919(Weltanschauung), dont il ne variera plus et qu’il cher-chera à mettre en pratique[90].Outre sa haine de la démocratie, de la France « en-nemie mortelle du peuple allemand », du socialisme etdu « judéo-bolchevisme », sa doctrine repose sur saconviction intime à base pseudo-scientifique d’une luttedarwinienne entre différentes « races » foncièrement in-égales. Au sommet d’une stricte pyramide, se trouverait larace allemande ou « race des Seigneurs », qualifiée tantôtde « race nordique » et tantôt de « race aryenne » et dontles plus éminents représentants seraient les grands blondsaux yeux bleus. Cette race supérieure doit être « purifiée »

de tous les éléments étrangers, « non-allemands », juifs,homosexuels, ou malades, et doit dominer le monde par laforce brute. Au traditionnel pangermanisme visant à re-grouper tous les Allemands ethniques dans un même État,Hitler ajoute la conquête d’un Lebensraum indéfini, à ar-racher notamment à l’Est aux « sous-hommes » polonaiset slaves. Enfin, Hitler parle constamment d’« éradiquer »ou d’« anéantir » les Juifs, comparés à de la vermine, à desasticots[91], ou à des poux, qui ne sont pas seulement pourlui une race radicalement inférieure, mais aussi radicale-ment dangereuse.Hitler a principalement emprunté sa vision ultra-raciste àH. S. Chamberlain, son culte du surhomme à Nietzsche,son obsession de la décadence à Oswald Spengler et,enfin, les concepts de race nordique et d'espace vital àAlfred Rosenberg, idéologue du parti. Il puise aussi dansla « révolution conservatrice » animée par Arthur Moellervan den Bruck, dont il a lu l'ouvrage Le Troisième Reich.Selon la fiche signalétique établie par les renseignementsfrançais en 1924, le second prénom d'Adolphe (sic) Hit-ler est Jacob[92] ; Hitler est inscrit comme journaliste etest qualifié de « Mussolini allemand » avec ces notes :« Ne serait que l'instrument de puissances supérieures :n'est pas un imbécile mais très adroit démagogue. AuraitLudendorf derrière lui. Organise des Sturmtruppen genrefasciste. Condamné à cinq ans de forteresse avec possibi-lité de sursis après six mois de détention[93]. ».Après treize mois de détention (dont neuf depuis sacondamnation) et malgré l’opposition déterminée duprocureur Ludwig Stenglein à Munich, il bénéficie d’unelibération anticipée le 20 décembre 1924[94].

2.5 Réorganisation du parti (1925–1928)

À sa sortie de prison le 20 décembre 1924, Hitler retrouveun parti déchiré entre différentes tendances centrifuges.Sous la menace d'une expulsion vers l’Autriche, menacevite réduite à néant par le refus du gouvernement autri-chien de l'accueillir[95], il est interdit de séjour dans leLand de Prusse et de parole dans de nombreux autresLänder[95]. Devenu apatride le 30 avril 1925 et interditde parole en public jusqu’au 5 mars 1927, il reconstruitle NSDAP sur de nouvelles bases et retrouve une certainepopularité.En effet, il exploite son aura de putschiste pour fairedu NSDAP un instrument à sa main. Durant cette pé-riode, il discipline les SA (Sturmabteilungen), leur in-terdisant tout lien avec d'autres formations paramilitairesd'extrême-droite, et en encourageant la création de la SS(Schutzstaffel), petite troupe d'élite, confiée dès 1925 àHeinrich Himmler, « le fidèle Heinrich » en qui il placetoute sa confiance et qui voue au Führer une admira-tion fanatique. Cette mise à l'écart de la SA, troupe in-disciplinée, suscite l'opposition de Röhm, qui se retireun temps du NSDAP[96] ; ensuite, il sape l'influence de

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10 2 ASCENSION POLITIQUE

Ludendorff, son grand rival, en le poussant à se présen-ter à l’élection présidentielle de 1925[96]. Enfin, Hitlerinitie la transformation en profondeur du NSDAP, écar-tant Gregor Strasser, menaçant en raison de ses qualitésd'organisateur et de son influence dans le nord du Reich,où Hitler l'avait envoyé pour implanter le parti en profon-deur ; Strasser, appuyé entre autres sur Goebbels, tentede mettre en place un NSDAP non directement lié à Hit-ler, qualifié lui-même de Petit-bourgeois ; ce parti refon-dé par le groupe de Strasser serait plus centré sur unprogramme de tendance socialisante et la lutte contre laploutocratie occidentale, y compris au moyen d'une al-liance avec l'URSS, que sur un lien direct entre un chef departi et des militants[97]. Pour reprendre la main sur Stras-ser et ses partisans, Hitler organise le 14 février 1926 uneréunion des cadres à Bamberg, en Franconie, fief de JuliusStreicher[98]. Ce rassemblement se solde par la victoirede Hitler sur Strasser, malgré le maintien de ce derniergrâce à de nombreux appuis. Cette défaite entraîne le ral-liement de Goebbels à Hitler au cours de cette année, mal-gré la proximité du futur ministre de la propagande avecles idées de Strasser[98]. En définitive, Strasser est balayépar l'absence de résultats tangibles dans sa stratégie deconquête réelle d'un électorat ouvrier, et par une réorien-tation stratégique de la propagande du parti, dorénavantdirigée vers le milieu rural[99]. Mais la tactique de toucherl'ensemble de la société, par la création d'organisationsspécifiques, que Strasser a initiée, est reprise systémati-quement après sa défaite : en effet, des éléments d'unenouvelle société et d'un nouvel état nationaux-socialistes,susceptibles de se substituer de plain-pied au pouvoird’État[100], se mettent progressivement en place, axés surla loyauté envers le Führer ; les premiers membres de cha-cune de ces structures comptent parmi les proches de Hit-ler, et le restent pratiquement jusqu'à la fin du régime[101].Le rassemblement de Weimar de juillet 1926 constituel'occasion de la mise en scène de ce succès : selon lesstatuts du parti, Hitler est confirmé à sa place de dirigeantdu NSDAP ; mais surtout, par un cérémonial centré sur lapersonne du Führer, le rassemblement fournit l'occasionde prestations de serments de soumission et d'allégeanceà la personne de Hitler, Führer du NSDAP[102].Les premiers succès du parti en milieu rural, en Saxe,dans le Mecklembourg, dans le Land de Bade validentson approche politique et renforcent la popularité de Hit-ler au sein du parti. Commencent alors à se développerles prémisses du culte de la personnalité : le salut HeilHitler devient obligatoire, même en l'absence du Füh-rer ; les rassemblements de Nuremberg, en 1927, puis en1929 prennent une nouvelle orientation, dorénavant axéesur l'enthousiasme généré par le discours de Hitler[103].De même, la Ligue de jeunesse du parti, existante de-puis 1922, devient en 1926 les Jeunesses hitlériennes,rapidement encadrées, à partir de 1928, par un thurifé-raire, Baldur von Schirach[104]. Les principes mis en avantpour réorganiser le parti sont tous axés sur la capacité descadres à conquérir puis à conserver leur place, définissant

ainsi une nébuleuse, le NSDAP, constamment en équi-libre instable, avec des changements fréquents aux diffé-rents échelons locaux du parti, Hitler se bornant alors àarbitrer entre les différents chefs locaux qui se dégagentde ces luttes ; de plus, lors de ces affrontements, chaquecadre peut se réclamer de la volonté du Führer, demeu-rant volontairement floue[99].En 1929, pour mieux mener campagne contre le planYoung sur les réparations de guerre dues à la France, sou-mis à référendum, le patron de presse et chef nationalisteAlfred Hugenberg s’est allié à Hitler, dont il a besoin destalents oratoires, et a financé la campagne de propagandequi a permis au Führer des nazis de se faire connaître danstoute l'Allemagne. Ayant écarté, rallié à lui, ou circonve-nu les principaux partisans d'un socialisme national, Hit-ler, dont le train de vie personnel ne cesse par ailleurs des’embourgeoiser, s’attache aussi à se rendre respectable etrassurant aux yeux des élites traditionnelles. Pour ralliercelles-ci et faire oublier son image d'agitateur plébéien etrévolutionnaire, il se prononce par exemple, lors du ré-férendum de juin 1926, en faveur de l'indemnisation desprinces régnants renversés en 1918[105]. Le magnat de laRuhr, Fritz Thyssen, lui apporte ainsi son soutien public.Les SA, la brutale milice du parti qui s’illustre dans desagressions et des combats de rues, posent plus de pro-blèmes à Hitler par leur recrutement plébéien assez largeet par leur discipline souvent incertaine. La base des SAest partisane d'une « seconde révolution » et est exaspé-rée par les compromis que doit faire le Parti nazi danssa conquête du pouvoir. Leurs sections berlinoises, com-mandées par Walter Stennes, iront même jusqu'à sacca-ger à plusieurs reprises les locaux du parti nazi entre 1930et 1931[106]. Dès 1930, confronté à cette grave mutineriede leur part, Hitler rappelle de Bolivie son ancien com-plice du putsch de 1923, Ernst Röhm, qu’il avait mis lui-même sur la touche en 1925 : ce dernier reprend leur têteet rétablit en partie l’ordre dans leurs rangs.

2.6 « Résistible ascension » (1929–1932)

Comme le suggère Bertolt Brecht par le titre de sa pièceLa Résistible Ascension d'Arturo Ui, âpre satire antinazie,la marche au pouvoir d'Adolf Hitler ne fut ni linéaire niirrésistible. Toutefois, elle fut favorisée après 1929 par uncontexte de crise exceptionnel, et par les faiblesses, leserreurs ou le discrédit de ses adversaires et concurrentspolitiques.L'Allemagne n'avait derrière elle en 1918 qu'une faibletradition démocratique. Née d'une défaite et d'une révo-lution, la République de Weimar s’était mal enracinée,d'autant que serviteurs et nostalgiques du Kaiser restaienttrès nombreux dans l'armée, l'administration, l'économieet la population. Le Zentrum catholique, parti membrede la coalition fondatrice de la République, s’engage dansune dérive autoritaire à partir de la fin des années 1920,tandis que communistes, nationalistes du DNVP et nazis

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2.6 « Résistible ascension » (1929–1932) 11

Une des photos d'Adolf Hitler prenant des poses d'orateur en stu-dio.

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1928 1930 1932 1934 1936 1938 1940

ÉVOLUTION DU CHÔMAGE EN ALLEMAGNE

Évolution en pourcentage du chômage en Allemagne de 1928 à1940.

continuent de refuser le régime et de le combattre. En-fin, le culte traditionnel des grands chefs et l'attente dif-fuse d'un sauveur providentiel prédisposaient une bonnepart de sa population à s’en remettre à Hitler. État-nationtrès récent et fragile, traversé de multiples clivages géo-graphiques, religieux, politiques et sociaux, l'Allemagneentre en plus dans une nouvelle phase d'instabilité poli-tique à partir de 1929. Après le décès de Gustav Stre-semann, artisan avec Aristide Briand du rapprochementfranco-allemand, la chute du chancelier Hermann Mülleren 1930 est celle du dernier gouvernement parlementaire.Il est remplacé par le gouvernement conservateur et au-toritaire de Heinrich Brüning, du Zentrum.Monarchiste convaincu, le très populaire maréchal Paulvon Hindenburg, porté à la présidence de la Républiqueen 1925, cesse de jouer le jeu de la démocratie à par-tir de 1930. Il se met à gouverner par décrets, nom-mant des cabinets à ses ordres de plus en plus dépour-vus de la moindre majorité au Parlement, usant et abu-sant de son droit de dissolution du Reichstag — utili-sé pas moins de quatre fois de 1930 à 1933. Les ins-titutions de Weimar sont donc vidées de leur substancebien avant que Hitler ne leur porte le coup de grâce[107].Les conséquences catastrophiques de la crise de 1929sur l’économie allemande, très dépendante des capitauxrapatriés aux États-Unis immédiatement après le krachde Wall Street, apportent bientôt au NSDAP un succèsfoudroyant et imprévu. Aux élections du 14 septembre1930, avec 6,5 millions d'électeurs, 18,3 % des voix et107 sièges, le parti nazi devient le deuxième parti auReichstag. La déflation sévère et anachronique menée parBrüning ne fait qu'aggraver la crise économique et pré-cipite de nombreux Allemands inquiets dans les bras deHitler. En constituant avec ce dernier le « Front de Harz-burg » en octobre 1931, dirigé contre le gouvernement etla République, Hugenberg et les autres forces des droitesnationalistes font involontairement le jeu de Hitler, dontla puissance électorale et parlementaire fait désormais unpersonnage de premier plan sur la scène politique[108].Le septennat du président Hindenburg se terminant le 5mai 1932, la droite et le Zentrum, afin d’éviter de nou-velles élections, proposent de renouveler tacitement lemandat présidentiel. L’accord des nazis étant nécessaire,Hitler exige la démission du chancelier Brüning et de nou-velles élections parlementaires. Hindenburg refuse, et le22 février 1932, Joseph Goebbels[109] annonce la candi-dature d’Adolf Hitler à la présidence de la République. Le26 février, Hitler est opportunément nommé Regierung-srat, fonctionnaire d’État, ce qui lui confère automatique-ment la nationalité allemande.Sa campagne électorale est sans précédent sur le plan de lapropagande. En particulier, l’usage alors inédit et specta-culaire de l’avion dans ses déplacements électoraux per-met à Goebbels de placarder des affiches : « Le Führervole au-dessus de l’Allemagne ». Hitler obtient 30,1 %des voix au premier tour le 13 mars 1932 et 36,8 % ausecond tour en avril, soit 13,4 millions de suffrages qui se

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12 3 ACCESSION AU POUVOIR ABSOLU

Nombre de sièges au Reichstag

% du nombre total de sièges6,6%

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20

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3% 2,6%

18,3%

37,4%

33,1%

43,9%

Résultats du parti Nazi aux élections législatives

Mai1924

Décembre1924

Mai1928

Septembre1930

Juillet1932

Novembre1932

Mars1933

La montée du NSDAP au Reichstag.

portent sur sa personne, doublant le score des élections lé-gislatives de 1930. Soutenu en désespoir de cause par lessocialistes, Hindenburg est réélu à 82 ans. Mais lors desscrutins régionaux qui suivent l’élection présidentielle leNSDAP renforce ses positions et arrive partout en tête,sauf dans sa Bavière d'origine. Aux élections législativesdu 31 juillet 1932, il confirme sa position de premier par-ti d'Allemagne, avec 37,3 % des voix et devient le pre-mier groupe parlementaire. Hermann Göring, bras droitde Hitler depuis 1923, devient président du Reichstag. Néd'un groupuscule, le culte de Hitler est devenu en moinsde deux ans un phénomène de masse capable de toucherplus du tiers des Allemands.Hitler réussit à faire l'unité d'un électorat très diversi-fié. Contrairement à une idée reçue, ce ne sont pas leschômeurs qui ont mis leur espoir en lui (c'est parmi euxque Hitler fait ses moins bons scores), mais les classesmoyennes, qui redoutent d'être les prochaines victimesde la crise[110]. Si l'électorat féminin votait fort peu àl'extrême-droite dans les années 1920, la popularité bienconnue du Führer auprès des femmes s’est jointe au rap-prochement structurel entre vote féminin et vote mascu-lin pour lui assurer des renforts de voix supplémentairesaprès 1930. Les protestants ont davantage voté pour luique les catholiques, mais une bonne part du vote de cesderniers était fixée par le Zentrum. Les campagnes, éprou-vées par la crise et soumises en Prusse à la rude exploi-tation quasi-féodale des Junkers, se sont servies du voteenvers Hitler à des fins protestataires. Les ouvriers ontmoins voté nazi que la moyenne, même si une part nonnégligeable a été tentée. Quant aux fonctionnaires, auxétudiants ou aux médecins, leur haut niveau d'instructionne les a pas empêchés d'être sur-représentés dans le sou-tien au doctrinaire de Mein Kampf[110].Allié à la droite nationaliste, bénéficiant du discréditdu Zentrum et de l'obligation pour le SPD de soutenirl'impopulaire Von Papen « pour éviter le pire », Hitlermultiplie aussi les déclarations hypocrites où il se pose endémocrate et en modéré, tout en flattant les élites tradi-tionnelles et jusqu'aux Églises par un discours plus tra-ditionaliste qu'avant. Les communistes du KPD, qui ré-

duisent Hitler à un simple pantin du grand capital, luirendent service en combattant avant tous les socialistes,au nom de la ligne « classe contre classe » dictée par leKomintern stalinien, et en refusant toute action communeavec eux contre le NSDAP. Le KPD va jusqu'à coopé-rer avec les nazis lors de la grève des transports à Ber-lin en 1932[111]. Fin 1932, la situation se dégrade encoresur les plans économique et social (plus de 6 millions dechômeurs à la fin de l’année). L’agitation et l’insécuritépolitique sont à leur comble, les rixes avec implicationde SA hitlériens sont permanentes. Le gouvernement trèsréactionnaire de Franz von Papen est incapable de réunirplus de 10 % des députés et des électeurs.Engagé dans un bras de fer personnel avec Hitler, leprésident Hindenburg refuse toujours de le nommerchancelier : le vieux maréchal prussien, ancien chef del’armée allemande pendant la Grande Guerre, affiche sonmépris personnel pour celui qu’il qualifie de « petit ca-poral bohémien » et dont il affirme qu’il a « tout justel’envergure pour faire un ministre des Postes ». Toutes lestentatives de conciliation échouent. Fin 1932, le mouve-ment nazi traverse une phase difficile. Sa crise financièredevient aiguë. Les militants et les électeurs se lassentde l’absence de perspectives, des discours à géométrievariable de Hitler et des contradictions internes du pro-gramme nazi[112]. Bien des SA parlent de déclencher toutde suite un soulèvement suicidaire dont Hitler ne veut àaucun prix, et Gregor Strasser menace de faire scissionavec l’appui du chancelier Kurt von Schleicher. Enfin, lesélections législatives de novembre 1932 ont consacré unebaisse de popularité du NSDAP qui perd 2 millions devoix et 40 sièges. C’est le moment où Léon Blum, deFrance, écrit dans Le Populaire que la route du pouvoirest définitivement fermée pour Hitler et que toute espé-rance d’y accéder est pour lui révolue. Pourtant, ces reversn’entament en rien sa détermination.

3 Accession au pouvoir absolu

Articles détaillés : Chronologie du Troisième Reich etCabinet Hitler.

Le 30 janvier 1933 vers midi, Adolf Hitler atteint sonbut : il est nommé chancelier de la République de Wei-mar après un mois d’intrigues au sommet organisées parl’ancien chancelier Franz von Papen, et grâce au soutiende la droite et à l’implication du Parti national du peupleallemand (DNVP). Le soir même, des milliers de SA ef-fectuent un défilé nocturne triomphal sur Unter den Lin-den, sous le regard du nouveau chancelier, marquant ain-si la prise de contrôle de Berlin et le lancement de lachasse aux opposants. Le quotidien Deutsche AllgemeineZeitung (DAZ), proche de la droite conservatrice, écrivitle 31 janvier 1933 : « En tout cas, c'est une décision har-die et audacieuse, et aucun homme politique conscientde ses responsabilités ne sera enclin à applaudir ». Le

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3.1 Destruction de la démocratie (1933-1934) 13

quotidien catholique Regensburger Anzeiger mit en gardecontre « un saut dans l'obscurité »[113].

3.1 Destruction de la démocratie (1933-1934)

Adolf Hitler en 1933.

Incendie du palais du Reichstag le 28 février 1933.

Contrairement à une idée reçue fréquente, Hitler n'a ja-mais été « élu » chancelier par les Allemands, du moinspas directement. Il a néanmoins été nommé chancelierpar le président conformément à la constitution de Wei-mar, et choisi en qualité de chef du parti remportantles élections législatives de novembre 1932, même si Ian

Kershaw rappelle que « la nomination de Hitler à la chan-cellerie aurait sans doute pu être évitée »[114],[Note 6] etce jusqu'au dernier moment[Note 7]. Les tractations avec leprésident qui se sont en fait révélées indispensables à sanomination amènent certains à considérer qu'il a été « his-sé au pouvoir » par une poignée d'industriels et d'hommesde droite[81],[115]. Et en dépit de son énorme poids élec-toral, jamais une majorité absolue des électeurs ne s’estportée sur lui, puisque même en mars 1933, après deuxmois de terreur et de propagande, son parti n'obtient que43,9 % des suffrages. Toutefois, il a atteint son objectifpoursuivi depuis fin 1923 : arriver au pouvoir légalement.Et il est hors de doute que le ralliement de la masse des Al-lemands au nouveau chancelier s’est fait très vite, et moinspar la force que par adhésion à sa personne[116].Lors de la formation du premier gouvernement de Hit-ler, le DNVP d'Alfred Hugenberg espère être, avec leZentrum de von Papen, en mesure de contrôler le nou-veau chancelier — bien que le DNVP ne représente que8 % des voix alors que les nazis en ont 33,1%. De fait,le premier gouvernement de Hitler ne compte, outre lechancelier lui-même, que deux nazis : Göring, respon-sable en particulier de la Prusse, et Wilhelm Frick, auministère de l’Intérieur. Mais Hitler déborde rapidementses partenaires et met immédiatement en route la mise aupas de l’Allemagne. Dès le 1er février, il obtient d’Hinden-burg la dissolution du Reichstag. Le 3 février, il s’assure lesoutien de l’armée. Pendant la campagne électorale, VonPapen, Thyssen et Schacht obtiennent des milieux indus-triels et financiers, jusque-là plutôt réservés envers Hit-ler, qu’ils renflouent les caisses du NSDAP et financentsa campagne[117]. La SA et la SS, milices du parti nazi,se voient conférer des pouvoirs d’auxiliaire de police. Denombreux morts marquent les rencontres des partis d’op-position, notamment du Parti socialiste (SPD) et du Particommuniste (KPD). Des opposants sont déjà brutalisés,arrêtés, torturés, voire assassinés.L’énigmatique incendie du Reichstag, le 27 février, sertde prétexte à Hitler pour suspendre toutes les libertés ci-viles garanties par la Constitution de Weimar et radicali-ser l’élimination de ses opposants politiques, notammentdes députés communistes du KPD, illégalement arrêtés.Le NSDAP remporte les élections du 5 mars 1933 avec17 millions de voix, soit 43,9 % des suffrages. Dans lesjours qui suivent, dans tous les Länder d’Allemagne, lesnazis s’emparent par la force des leviers locaux du pou-voir. Le 20 mars, au cours d’une grandiose cérémoniede propagande sur le tombeau de Frédéric II de Prusseà Potsdam, où il s’affiche en grand costume aux côtés deHindenburg, Hitler proclame l’avènement du TroisièmeReich, auquel il promettra ultérieurement une durée de« mille ans ». Le 23 mars, grâce aux voix du Zentrum, au-quel le chancelier a promis en échange la signature d'unconcordat avec le Vatican, et malgré l'opposition du seulSPD (les députés du KPD étant arrêtés), le Reichstag votela Loi des pleins pouvoirs qui accorde à Hitler les pouvoirsspéciaux pour quatre ans. Il peut désormais rédiger seul

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14 3 ACCESSION AU POUVOIR ABSOLU

les lois, et celles-ci peuvent s’écarter de la constitution deWeimar que Hitler ne se donna même pas la peine d'abolirformellement.

Des étudiants nazis brûlent les livres proscrits en public le 10 mai1933.

C’est une étape décisive du durcissement du régime. Sansmême attendre le vote de la loi, les nazis ont ouvert lepremier camp de concentration permanent le 20 mars àDachau, sous la houlette de Himmler. Ce dernier jetteen Allemagne du Sud, tout comme Göring en Prusse, lesbases de la redoutable police politique nazie, la Gestapo.Le 2 mai, vingt-quatre heures après avoir accepté de dé-filer devant le chancelier, les syndicats sont dissous etleurs biens saisis. Le 10 mai, le ministre de la PropagandeJoseph Goebbels préside à Berlin une nuit d’autodaféoù des étudiants nazis brûlent pêle-mêle en public desmilliers de « mauvais livres » d’auteurs juifs, pacifistes,marxistes ou psychanalystes comme Marx, Freud ouKant. Des milliers d’opposants, de savants et d’intellec-tuels fuient l’Allemagne comme Albert Einstein. Le 14juillet, le NSDAP devient le parti unique. Hitler met finaussi rapidement aux libertés locales. L’autonomie desLänder est définitivement supprimée le 30 janvier 1934 :un an après son accession à la chancellerie, Hitler de-vient le chef du premier État centralisé qu’ait connu l’Al-lemagne. En tout, entre 1933 et 1939, de 150 000 à 200000 personnes sont internées, et entre 7 000 et 9 000sont tuées par la violence d’État. Des centaines de mil-liers d’autres doivent fuir l’Allemagne[118].Les nazis condamnent l’« art dégénéré » et les « sciencesjuives », et détruisent ou dispersent de nombreusesœuvres des avant-gardes artistiques. Le programme pour« purifier » la race allemande est également très tôtmis en œuvre. Une loi du 7 avril 1933 permet à Hitlerde destituer aussitôt des centaines de fonctionnaires etd'universitaires juifs, tandis que les SA déclenchent aumême moment une campagne brutale de boycott des ma-gasins juifs. Hitler impose aussi personnellement à l'été1933 une loi prévoyant la stérilisation forcée des maladeset des handicapés : elle est appliquée à plus de 350 000personnes[119]. Détestant particulièrement le mélange des

populations (qualifié de « honte raciale »), le chef alle-mand ordonne de stériliser en particulier, en 1937, les400 enfants nés dans les années 1920 d’Allemandes etde soldats noirs des troupes françaises d’occupation. Lespersécutions envers les homosexuels commencent aussi,les bars et les lieux de rassemblement des homosexuelssont fermés. Les homosexuels subissent brutalités et tor-tures, et sont envoyés à Dachau. Certains se voient pro-poser l'« émasculation volontaire »[120].

Le plébiscite de novembre 1933 entérine la fin de la démocratieen Allemagne.

En novembre 1933, le nouveau dictateur fait plébiscitersa politique quand 95 % des votants approuvent le re-trait de la Société des Nations et que la liste unique duNSDAP au Reichstag fait 92 % des voix. Les SA deRöhm exigent que la « révolution » nationale-socialisteprenne un tour plus anticapitaliste, et rêvent notammentde prendre le contrôle de l’armée, ce qui compromettraitdangereusement l’alliance nouée entre le chancelier etles élites conservatrices traditionnelles (présidence, mili-taires, milieux d'affaires). Des faux documents forgés parHeydrich achèvent aussi de persuader Hitler que Röhmcomplote contre lui. Le 30 juin 1934, durant la Nuit desLongs Couteaux, fort du soutien bienveillant de l’armée etdu président Hindenburg, Hitler fait assassiner plusieurscentaines de ses partisans et de ses anciens ennemis po-litiques. Parmi eux, Gregor Strasser et Ernst Röhm, chefde la SA, mais aussi le docteur Erich Klausener, chef del’Action catholique, ou encore son prédécesseur à la chan-cellerie, Von Schleicher, ainsi que Von Kahr, qui lui avaitbarré la route lors du putsch de 1923. Ne pouvant croireà son élimination, Röhm refuse de se suicider et crie Heil

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3.3 Culte du Führer 15

Hitler ! avant d'être abattu dans sa cellule par TheodorEicke et Michel Lippert[121].Le 2 juillet, le vieil Hindenburg félicite Hitler, qu'il ap-précie de plus en plus, pour sa fermeté en cette affaire.Sa mort le 2 août tranche le dernier lien vivant avec laRépublique de Weimar. En vertu de la Constitution deWeimar, le chancelier exerce temporairement les pou-voirs du président défunt. Le même jour, leReichstag voteune loi de fusion des deux fonctions en une seule : Hit-ler devient Führer und Reichskanzler. Le plébiscite du 19août (89,93 % de oui) achève de donner au Führer le pou-voir absolu.

3.2 Absence de concurrence

Après la reprise en main du mouvement, et jusqu'aux der-niers jours du conflit, Hitler, appuyé sur ses proches, ajoui, tout d'abord au sein du parti, puis rapidement au seinde l’État, d'un monopole de fait du pouvoir politique. Toutd'abord, aucun des responsables nationaux-socialistes, àl'exception de Röhm, rapidement éliminé, n'a mené depolitique de prise du pouvoir et ce n'est que dans la der-nière semaine de la bataille de Berlin que les appétits deces derniers se sont aiguisés, lorsqu'il a été clair pour sessuccesseurs potentiels que Hitler se suiciderait dans sonbunker[122]. Appuyé sur le Führerprinzip au sein du par-ti, et sur la concentration des pouvoirs au sein de l’État,Hitler et ses proches vident progressivement les instancescollégiales de décision de leur capacité à exercer une quel-conque autorité sur le fonctionnement politique du partiet de l'État : ainsi, lorsque sont proposées, la première foisen 1927 par Arthur Dinter, la mise en place d'une ins-tance collégiale — le sénat du parti — puis une secondefois après 1933 — la création d'une instance collégialeélue — Hitler et ses proches s’empressent de repousser àplus tard le projet[123].

3.3 Culte du Führer

Entouré d’un culte de la personnalité intense, qui le cé-lèbre comme le sauveur messianique de l’Allemagne,Hitler exige un serment de fidélité à sa propre per-sonne. Celui-ci est prêté notamment par les militaires,ce qui rendra très difficile les futures conspirations ausein de l’armée, beaucoup d’officiers rechignant profon-dément, en conscience, à violer leur serment. Ce culte semet en place progressivement dès avant le Putsch de laBrasserie[124], lorsque Hitler, à la fois orateur et théori-cien du national-socialisme, par opposition avec le cercledes premiers nazis, composé de reîtres (Röhm), de théori-ciens (Rosenberg), d'organisateurs (Strasser) et de déma-gogues (Streicher)[125], commence à disposer d'auditoiresde plus en plus importants : son sens des formules, sa mé-moire des détails impressionnent tant ses proches, queses auditoires. Ainsi se met en place ce que Kershawappelle une communauté charismatique centrée sur un

homme, Hitler, dont la présence neutralise les rivali-tés entre disciples[126]. Ses fidèles se disputent la placed'intime auprès du grand homme : Göring, « paladin duFührer » ; Frank, « littéralement fasciné » ; Goebbels levoit comme « un génie » ; von Schirach est « enchantépar ses premiers contacts »[127]…L’ambition totalitaire du régime et la primauté du Führersont symbolisées par la nouvelle devise du régime : EinVolk, ein Reich, ein Führer - « un peuple, un empire, unchef », dans laquelle le titre de Hitler prend de façon ido-lâtre la place de Dieu dans l’ancienne devise du DeuxièmeReich : Ein Volk, ein Reich, ein Gott (« Un peuple, un em-pire, un dieu »). Le Führerprinzip devient le nouveau prin-cipe de l’autorité non seulement au sommet de l’État, maisaussi, par délégation, à chaque échelon. La loi proclamepar exemple officiellement le patron comme Führer deson entreprise, comme le mari est Führer de sa famille,ou le gauleiter Führer du parti dans sa région.

Nuremberg le 9 novembre 1935 : appel de soldats allemands fai-sant partie de la SA, de la SS ou de la NSKK.

Hitler entretient son propre culte par ses interventionsà la radio : à chaque fois, le pays tout entier doit sus-pendre son activité et les habitants écouter religieusementdans les rues ou au travail son discours retransmis par lesondes et par les haut-parleurs. À chaque congrès tenu àNuremberg lors des « grand’messes » du NSDAP, il bé-néficie d’une savante mise en scène orchestrée par sonconfident, l’architecte et technocrate Albert Speer : sontalent oratoire électrise l’assistance, avant que les masses

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rassemblées n’éclatent en applaudissements et en cris fré-nétiques pour acclamer le génie de leur chef. Inverse-ment, la moindre critique, la moindre réserve sur le Füh-rermettent leur auteur en péril. Lors de la traversée du dé-sert, les années 1924-1930, les Frères Strasser sont mar-ginalisés puis éliminés en raison de leur insensibilité à lapersonne de Hitler[126]. Sur les milliers de condamnationsà mort prononcées par le Tribunal du Peuple du jugeRoland Freisler, un bon nombre des personnes envoyéesà la guillotine après des parodies de justice l’ont été pourdes paroles méprisantes ou sceptiques à l’encontre du dic-tateur.Le salut nazi devient obligatoire pour tous les Allemands.Quiconque essaie, par résistance passive, de ne pas fairele Heil Hitler ! de rigueur est immédiatement singulariséet repéré.Au printemps 1938, le Führer accentue encore sa prédo-minance et celle de ses proches dans le régime. Il élimineles généraux Von Fritsch et Von Blomberg, et soumet laWehrmacht en plaçant à sa tête les serviles Alfred Jo-dl et Wilhelm Keitel, connus pour lui être aveuglémentdévoués. Aux Affaires étrangères, il remplace le conser-vateur Konstantin von Neurath par le nazi Joachim vonRibbentrop, tandis que Göring, qui s’affirme plus que ja-mais comme le no 2 officieux du régime, prend en chargel’économie autarcique en évinçant le Dr Hjalmar Schacht.La population allemande est encadrée de la naissance àla mort, soumise à l’intense propagande orchestrée parson fidèle Joseph Goebbels, pour lequel il crée le premierministère de la Propagande de l'histoire. Les loisirs destravailleurs sont organisés — et surveillés — par la Kraftdurch Freude du Dr Robert Ley, également chef du syn-dicat unique, le DAF. La jeunesse subit obligatoirementun endoctrinement intense au sein de la Hitlerjugend quiporte le nom du Führer, et qui devient le 1er décembre1936 la seule organisation de jeunesse autorisée.

3.4 Système nazi : interprétations et dé-bats

L’école historique allemande dite des « intentionnalistes »insiste sur la primauté de Hitler dans le fonctionnementdu régime. La forme extrême de pouvoir personnel etde culte de la personnalité autour du Führer ne seraitpas compréhensible sans son « pouvoir charismatique ».Cette notion importante est empruntée au sociologueMax Weber : Hitler se considère depuis 1920 comme in-vesti d’une mission providentielle, et surtout, il est consi-déré sincèrement comme l’homme providentiel par sespartisans, puis par la masse des Allemands sous le Troi-sième Reich.Alors que le culte de Staline a été imposé tardivementet artificiellement au parti bolchevik par un apparatchikvictorieux, mais dépourvu de talent de tribun comme derôle de premier plan dans la Révolution d'Octobre, le cultede Hitler a existé dès les origines du nazisme, et y occupe

une importance primordiale. L’appartenance au Parti nazisignifie avant tout une allégeance absolue à son Führer,et nul n’occupe de place dans le Parti et l’État que dansla mesure où il est plus proche de la personne même deHitler. Hitler veille d’ailleurs personnellement à renforcerson image de chef inaccessible, solitaire et supérieur, ens’abstenant de toute amitié personnelle, et en interdisantà quiconque de le tutoyer ou de l’appeler par son prénom– même sa maîtresse Eva Braun doit s’adresser à lui enlui disant Mein Führer.D’autre part, pour les intentionnalistes, sans le ca-ractère redoutablement cohérent de l’idéologie (laWeltanschauung) qui anime Hitler, le régime nazi ne seserait pas engagé dans la voie de la guerre et des exter-minations de masse, ni dans le reniement de toutes lesrègles juridiques et administratives élémentaires qui ré-gissent les États modernes et civilisés.Par exemple, sans son pouvoir charismatique d’un genreinédit, Hitler n’aurait pas pu autoriser l’euthanasie mas-sive de plus de 150 000 handicapés mentaux allemandspar quelques simples mots griffonnés sur papier à en-tête de la chancellerie (opération T4, 3 septembre 1939).De même, Hitler aurait pu encore moins déclencher la« Solution finale » sans jamais rédiger un seul ordre écrit.Aucun exécutant du génocide des Juifs ne demanda ja-mais, justement, à voir un ordre écrit : un simple ordredu Führer (Führerbefehl) était suffisant pour faire tairetoute question, et entraînait l’obéissance quasi-religieuseet aveugle des bourreaux.L’école rivale des « fonctionnalistes », conduite parl'historien allemand Martin Broszat (1926-1989), a ce-pendant nuancé l’idée de la toute-puissance du Führer.Comme elle l’a démontré, le Troisième Reich n’a ja-mais tranché entre le primat du parti unique et celui del’État, d’où des rivalités de pouvoir et de compétence in-terminables entre les hiérarchies doubles du NSDAP etdu gouvernement du Reich. Surtout, l’État nazi apparaîtcomme un singulier enchevêtrement de pouvoirs concur-rents aux légitimités comparables. C’est le principe de la« polycratie ».Or, entre ces groupes rivaux, Hitler tranche rarement, etdécide peu. Fort peu bureaucratique, ayant hérité de sajeunesse bohème à Vienne un manque total de goût pourle labeur suivi, travaillant de façon très irrégulière (saufdans la conduite des opérations militaires), le Führer ap-paraît comme un « dictateur faible » ou encore un « dic-tateur paresseux » selon Martin Broszat. Il laisse en faitchacun des rivaux libre de se réclamer de lui, et il attendseulement que tous marchent dans le sens de sa volonté.Dès lors, a démontré le biographe britannique Ian Ker-shaw, dont les travaux font la synthèse des acquis desécoles intentionnalistes et fonctionnnalistes, chaque indi-vidu, chaque clan, chaque bureaucratie, chaque groupefait de la surenchère, et essaye d’être le premier à réaliserles projets nazis fixés dans leurs grandes lignes par AdolfHitler. C’est ainsi que la persécution antisémite va s’em-

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3.5 Les Allemands et Hitler 17

baller et passer graduellement de la simple persécutionau massacre puis au génocide industriel. Ce qui expliqueque le Troisième Reich obéit structurellement à la loi de la« radicalisation cumulative », et que le système hitlérienne peut en aucun cas se stabiliser.Ce « pouvoir charismatique » de Hitler explique aussique beaucoup d’Allemands soient spontanément allés au-devant du Führer. Ainsi, en 1933, les organisations d’étu-diants organisent d’elles-mêmes les autodafés, tandis quedes partis et des syndicats se rallient au chancelier et sesabordent d’eux-mêmes après avoir exclu les Juifs et lesopposants au nazisme. L’Allemagne se donne largementau Führer dans lequel elle reconnaît ses rêves et ses am-bitions, plus que ce dernier ne s’empare d’elle.Selon Kershaw, le Führer est donc l’homme qui rend pos-sibles les plans caressés de longue date à la « base » :sans qu’il ait nullement besoin de donner d’ordres précis,sa simple présence au pouvoir autorise par exemple lesnombreux antisémites d’Allemagne à déclencher boycottset pogroms, ou les médecins nazis, tel Josef Mengele, àpratiquer les atroces expériences pseudo-médicales et lesopérations d’euthanasie massives dont l’idée préexistaitavant 1933.Ce qui explique aussi, toujours selon Ian Kershaw et laplupart des fonctionnalistes, la tendance du régime hitlé-rien à l’« autodestruction ». Le Troisième Reich, retour àl’« anarchie féodale », se décompose en effet en une mul-titude chaotique de fiefs rivaux. Hitler ne peut ni ne veuty mettre aucun ordre, car stabiliser le régime selon desrègles formelles et fixes rendrait la référence perpétuelleau Führer moins importante. C’est ainsi qu’en 1943, alorsque l’existence du Reich est en danger après la bataillede Stalingrad, tous les appareils dirigeants du TroisièmeReich se disputent pendant des mois pour savoir s’il fautinterdire les courses de chevaux — sans trancher.Le régime substitue donc aux institutions rationnelles mo-dernes le lien féodal d’allégeance personnelle, d’homme àhomme, avec le Führer. Or, aucun dirigeant nazi ne dis-pose du charisme de Hitler. Le culte de ce dernier existedès les origines du nazisme et est consubstantiel au mou-vement puis au régime. Chacun ne tire sa légitimité quede son degré de proximité avec le Führer. De ce fait, enl’absence de tout successeur (« En toute modestie, je suisirremplaçable », propos de Hitler à ses généraux rapportépar Hannah Arendt), la dictature de Hitler n’a aucun ave-nir et ne peut lui survivre (selon Kershaw). La mort duTroisième Reich et celle de son dictateur se sont d’ailleurspratiquement confondues.

3.5 Les Allemands et Hitler

L’adhésion des Allemands à sa politique (et plus encore àsa personne) fut importante, surtout au début.L'« autre Allemagne », « une Allemagne contre Hit-ler »[128], a certes existé, mais ces expressions mêmes

soulignent après coup son caractère désespérément mi-noritaire et isolé. Toute opposition a été vite réduite parl'exil, la prison ou l'internement en camp. Démocrates,socialistes et communistes ont payé par milliers le pluslourd tribut, ainsi que tous ceux qui refusaient la guerre,le salut nazi ou tout signe d'allégeance à l'idolâtrie entou-rant le Führer. La délation de masse a sévi et plongé lepays dans une atmosphère de crainte, où nul ne peut pluss’ouvrir sans risques à son voisin, des enfants endoctrinésallant jusqu'à dénoncer leurs parents.Rares sont ceux qui au nom de leurs principes humanistes,marxistes, libéraux, chrétiens ou patriotiques, ou toutsimplement par humanité et au nom de leur conscience,oseront douter du Führer, le braver en s’abstenant du salutnazi, en transgressant les multiples interdits de la sociéténazie, ou en venant en aide à des persécutés — a fortiorien entrant en résistance active. Par mépris, le très nationa-liste écrivain Ernst Jünger appelait Hitler Kniebolo dansson journal de guerre. Le communiste Bertolt Brecht lemettra en scène sous les traits du gangster Arturo Ui. Ledémocrate Thomas Mann le dénoncera à la radio amé-ricaine, tout en reconnaissant que « cet homme est unecalamité, d'accord, mais ce n'est pas une raison pour nepas trouver son cas intéressant ». Pour les étudiants chré-tiens de la Rose blanche, revenus de leurs illusions ini-tiales, il représentait l'Antéchrist[129]. Mgr Lichtenberg,mort déporté pour avoir prié à Berlin pour les Juifs, diraà la Gestapo : « Je n'ai qu'un seul Führer : Jésus-Christ ».Malgré son interdiction et la violente répression qui s’abatsur ses membres, le KPD parvient à conserver une or-ganisation clandestine organisée autour de l'« Orchestrerouge », qui diffuse tracts et brochures et infiltre les som-mets de l'appareil d'État allemand[130],[131]. Les autrescourants marxistes sont également actifs dans la résis-tance anti-nazie clandestine (c'est le cas du futur chan-celier Willy Brandt), en lien avec leurs directions en exilpour les partis les plus importants (SPD, SAP, KPD-O).La terreur et la répression menée par la gestapo limitèrentl'impact de la résistance allemande au nazisme. L’antisé-mitisme et le racisme du nazisme faisaient écho à des pré-jugés très répandus, mais sauf pour une faible minorité,ils ne furent pas l’unique motivation du vote en faveur deHitler ni du soutien à sa dictature — ils n’eurent guère nonplus d’effet dissuasif[132]. La large popularité du Führeravant-guerre provient surtout du rétablissement brutal del'ordre public, de son anticommunisme, de son oppositionau « Diktat » de Versailles, des succès diplomatiques etéconomiques obtenus (notamment l'importante réductiondu chômage) et de sa politique de réarmement.Encore qu’il ne faille pas oublier ni les conditions so-ciales et politiques dans lesquelles les améliorations éco-nomiques ont été obtenues, ni les pénibles situations depénurie alimentaire, l'imposition d'ersatz de pauvre qua-lité en remplacement des importations condamnées parl'autarcie, et le manque de devises dès 1935. En par-ticulier, le pouvoir d’achat des ouvriers a baissé entre

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18 3 ACCESSION AU POUVOIR ABSOLU

1933 et 1939. Les femmes ont été renvoyées de force aufoyer[133]. L’exode rural s’est accéléré. Et les lois naziesencourageant la concentration des entreprises et du com-merce ont conduit à 400 000 fermetures de petites entre-prises dès avant-guerre[134]. Les catégories sociales quiavaient mis leurs espoirs en Hitler sont donc loin d’avoirtoujours été satisfaites.

Hitler en parade à Nuremberg, novembre 1935. Aux congrès an-nuels du Parti culmine la ferveur populaire à la fois obligatoireet authentique autour de lui.

Par ailleurs, beaucoup d’Allemands reprennent au pro-fit de Hitler la distinction ancestrale entre le bon mo-narque et ses mauvais serviteurs. Alors que les « bonzes »,les privilégiés du Parti-État, sont généralement mépri-sés et haïs pour leurs abus et leur corruption fréquente,on considère spontanément Hitler comme exempt de cestares, et comme un recours contre eux. Beaucoup d’Al-lemands ont spontanément cru que le Führer était lais-sé dans l’ignorance des « excès » de ses hommes ou deson régime[135]. En quelques années, Hitler s’est de faitidentifié à la nation, canalisant au profit de sa personnele sentiment patriotique même de citoyens réservés en-vers le nazisme. L'aspect de « religion civile » revêtu parle nazisme a séduit aussi nombre d'Allemands, et le cultemessianique organisé autour de Hitler a soudé la popu-lation autour de lui. Bien des esprits se sont laissés aus-si fasciner par l'irrationalisme nazi, avec son culte néo-romantique de la nuit, du sang, de la nature, son goûtdes uniformes et des parades, ses rituels et ses cérémo-nies spectaculaires ressuscitant un univers médiéval oupaïen, et par l'appel efficace aux héros mythiques du pas-sé national (Arminius, Barberousse, Frédéric II du Saint-Empire, Frédéric II de Prusse, Andreas Hofer, Otto vonBismarck…), mobilisés rétrospectivement comme pré-curseurs du Führer providentiel[136].Les Églises en tant qu'institutions ont peu cherché à s’op-poser à un chancelier pourtant néo-païen et antichrétien.Malgré maintes tracasseries infligées, Hitler s’est tou-jours bien gardé de mettre en application les projetsd'éradication du christianisme nourris par son bras droitMartin Bormann ou l'idéologue du parti Alfred Rosen-berg. Il a joué sur l'anticommunisme, l'antiféminisme etles aspects réactionnaires de son programme pour sé-duire les électorats religieux. La signature du concordat

avec le Vatican, en juin 1933, a été un triomphe person-nel, qui a lié les mains à l'épiscopat et renforcé sa sta-ture internationale. Se défendant de « faire de la poli-tique », évêques, curés et pasteurs ne s’opposaient quesur des points matériels ou confessionnels et terminaientleurs sermons en priant « pour la patrie et pour le Füh-rer ». L'encyclique du pape Pie XI, Mit brennender Sorge(1937), distribuée dans le plus grand secret aux paroissescatholiques allemandes pour y être lue le 21 mars 1937,proteste contre les manquements de l'État allemand auconcordat de 1933, et dénonce avec une rare virulenceles excès idéologiques du régime nazi comme la divini-sation de la race et le culte de la personnalité du chefde l'État. Elle exhorte les prêtres et les laïcs à résisterà la dissolution des structures catholiques et à la main-mise de l'éducation officielle sur la morale des enfants,sans toutefois condamner le régime politique en place. Ensomme, l'église catholique allemande, minoritaire parmiles églises chrétiennes allemandes, choisit une attitude decomposition avec le régime nazi. Un petit nombre de ca-tholiques prendront des actions de résistance au régime,par exemple en sauvant des Juifs autres que mariés à descatholiques.Contrairement à une légende, Hitler n'était avant 1933 nile candidat ni l'instrument des milieux d'affaires. Mais legrand patronat s’est vite rallié à lui, et a amplement bé-néficié de la restauration de l'économie puis du pillagede l'Europe, allant jusqu'à se compromettre souvent dansl'exploitation de la main-d'œuvre concentrationnaire (IGFarben à Auschwitz, Siemens à Ravensbrück)[137]. Alorsque tous les éléments conservateurs (militaires, aristo-crates, hommes d'Église) ont fourni leur tribut à la (faible)résistance allemande, le patronat y est resté remarquable-ment peu présent. Une des rares exceptions est paradoxa-lement celle de son très ancien partisan Fritz Thyssen, quirompt avec Hitler et fuit le Reich en 1939, avant de lui êtrelivré l'an suivant par l'État français et interné.L'historien Götz Aly insiste quant à lui sur le fait queles bénéfices matériels de l'aryanisation et du pillage del'Europe, plus que l'idéologie, ont rendu maints Alle-mands redevables et complices de leur Führer. Les cen-taines de trains de biens volés aux Juifs assassinés n'ontpas été perdus pour tout le monde, ni les milliers de loge-ments vacants qu'ils étaient contraints d'abandonner[138].

3.6 Politique économique et sociale

Articles détaillés : Réarmement du Troisième Reich etComplexe militaro-industriel allemand.

Hitler rejette dans un même mépris capitalisme etmarxisme. Son nationalisme raciste transcende les cli-vages traditionnels. Un objectif fondamental pour lui estla reconstitution d’une « communauté nationale » (Volks-gemeinschaft), unie par une race et une culture com-munes, débarrassée des divisions démocratiques et de la

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lutte des classes, tout comme des Juifs et des élémentsracialement impurs, et où l'individu enfin n'a aucune va-leur et n'existe qu'en fonction de son appartenance à lacommunauté. Après les divisions civiles des années 1920,beaucoup d'Allemands ne demandent qu'à partager cerêve.Ayant déjà pris ses distances avec la partie socialistedu programme nazi à la fin des années 1920, Hitlerachève de refuser l'idée d'une révolution sociale après lapurge de Röhm et la liquidation des SA. Peu doué lui-même en économie, le Führer fait contre la crise le choixtrès vite d'un pragmatisme brutal, écartant du gouver-nement le vieux théoricien économique nazi GottfriedFeder au profit du sympathisant et brillant spécialisteplus classique Hjalmar Schacht, ancien directeur de laReichsbank. En quelques années, l’économie est remisesur pied entre autres grâce à des emplois publics crééspar l’État (autoroutes déjà planifiées sous la Républiquede Weimar, ligne Siegfried, grands travaux spectaculairesde l'ingénieur nazi Fritz Todt, logements également dansla continuité de l'œuvre de Weimar, etc.). Le réarmementn’intervient que plus tard (Plan de quatre ans, 1936), aprèsrelance de l’économie, aidée par une conjoncture de re-prise mondiale.Dès mai 1933, les syndicats dissous laissent la placeau Front allemand du travail (DAF), organisationcorporatiste nazie, dirigée par Robert Ley. Le DAF in-terdit la grève et permet aux patrons d’exiger davantagedes salariés, tout en garantissant à ceux-ci une sécurité del’emploi et une sécurité sociale. Officiellement volontaire,l’adhésion au DAF est de fait obligatoire pour tout Alle-mand désirant travailler dans l’industrie et le commerce.Plusieurs sous-organisations dépendaient du DAF, dontla Kraft durch Freude chargée d'encadrer les loisirs destravailleurs ou d'embellir leurs cantines et leurs lieux detravail.Entre 1934 et 1937, Schacht a pour mission de soutenirl’intense effort de réarmement du Troisième Reich. Pouratteindre cet objectif, il met en place des montages fi-nanciers tantôt ingénieux (comme les bons MEFO), tan-tôt hasardeux, creusant le déficit de l'État. Par ailleurs,la politique de grands travaux développe une politiquekeynésienne d’investissements de l’État. D’après WilliamL. Shirer, Hitler diminue également tous les salaires de5 %, permettant de dégager des ressources pour relancerl’économie, ce qui semble confirmer selon lui la natureinterventionniste de ses directives.Le chômage baisse nettement, passant de six millions dechômeurs en 1932 à 200 000 en 1938. En 1939, la pro-duction industrielle dépasse de peu son niveau de 1929.Cependant, Schacht considère que les investissementsdans l’industrie militaire menacent à terme l’économieallemande et souhaite infléchir cette politique. Devantle refus de Hitler, qui considère le réarmement commeune priorité absolue, Schacht quitte son poste début1939 au profit de Göring. Seuls la fuite en avant dans

l'expansion, la guerre et le pillage ont sans doute permisà Hitler d'éviter une grave crise financière et économiquefinale[139].

4 Diplomatie hitlérienne

La diplomatie du Troisième Reich est essentiellementconçue et dirigée par Hitler en personne. Ses ministresdes Affaires étrangères successifs, (Konstantin von Neu-rath puis Joachim von Ribbentrop), relayent ses directivessans faire preuve d’initiatives personnelles. La diplomatiehitlérienne, par son jeu d’alliances, d’audaces, de menaceset de duperies, est un rouage essentiel des buts straté-giques que poursuit le Führer. Ses discours tonitruants auReichstag ou aux congrès nazis de Nuremberg scandentles crises diplomatiques qu’il provoque successivement ;ils alternent avec ses entretiens hypocritement rassurantsaccordés aux journaux étrangers, ou avec ceux accordésaux représentants étrangers.Assimilant complètement son destin personnel au destinde l’Allemagne, et identifiant le cours biologique de sa vieavec la destinée du Reich, Hitler est obsédé par la possibi-lité de son vieillissement prématuré, et il veut donc pou-voir déclencher sa guerre avant de fêter ses 50 ans. Leregard porté par le dictateur sur lui-même a donc un rôledirect dans l’accélération des événements par lesquels ilconduit l’Europe à la Seconde Guerre mondiale.

4.1 Opposition au traité de Versailles

Le 14 octobre 1933, Hitler retire l’Allemagne de laSociété des Nations et de la Conférence de Genève sur ledésarmement, tout en prononçant des discours pacifistes.Le 13 janvier 1935, la Sarre plébiscite massivement (90,8% de Oui) son rattachement à l’Allemagne.Le 16 mars 1935, Hitler annonce le rétablissement duservice militaire obligatoire et décide de porter les ef-fectifs de la Wehrmacht de 100 000 à 500 000 hommes,par la création de 36 divisions supplémentaires. Il s’agitde la première violation flagrante du traité de Versailles.En juin de la même année, Londres et Berlin signent unaccord naval, qui autorise le Reich à devenir une puis-sance maritime. Hitler lance alors un programme de ré-armement massif, créant notamment des forces navales(Kriegsmarine) et aériennes (Luftwaffe).Les Jeux olympiques d'hiver de 1936 à Garmisch-Partenkirchen ont constitué une formidable vitrine pourla propagande, surtout pour faire oublier sa politique dufait accompli et mettre au pied du mur le Royaume-Uni etla France dans ce que Hitler projette de faire. En janvier1936, Bertrand de Jouvenel, jeune journaliste se trou-vant aux Jeux d’hiver, prend l’initiative de contacter OttoAbetz, représentant itinérant du Reich, pour lui deman-der une interview de Hitler. Abetz y voit une bonne op-portunité de communication pour contrecarrer la ratifica-

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tion du pacte franco-soviétique par un vote de la Chambredes députés devant avoir lieu le 27 février. La veille de lapublication, le propriétaire de Paris-Soir, Jean Prouvost,interdit la diffusion de l’article, qui est demandée par leprésident du conseil Albert Sarraut. Finalement, l’articleest publié, le lendemain du vote dans le journal Paris-Mididu 28 février[140].Quel était le but des Allemands ? Faire retarder la publi-cation pour ensuite dire que les bonnes intentions de Hit-ler avaient été cachées aux Français et ainsi adopter descontre-mesures.Ce que dit Hitler dans son interview dans Paris-Midi estcalibré pour le public français et représentatif de ses ta-lents de manipulateur. Il dit ainsi sa « sympathie » pourla France et expose ses volontés pacifiques : « La chancevous est donnée à vous. Si vous ne la saisissez point, son-gez à votre responsabilité vis-à-vis de vos enfants ! Vousavez devant vous une Allemagne dont les neuf dixièmesfont pleine confiance à leur chef, et ce chef vous dit :« Soyons amis ! » »[141].Les réactions à cette interview sont toutes convergentes àtravers l’Europe, de Londres à Rome en passant par Ber-lin. Tous les commentateurs saluent les paroles de paixde Hitler et chacun y voit le début d’un rapprochement àquatre[142].Dès le 7 mars 1936, Hitler revient sur ses paroles de paixen remilitarisant la Rhénanie, violant une nouvelle fois letraité de Versailles ainsi que les accords de Locarno. C’estun coup de bluff typique de sa méthode personnelle. Hit-ler a donné comme consigne à ses troupes de se retirer encas de riposte de l’armée française. Cependant, bien quel’armée allemande, à ce moment-là soit bien plus faibleque ses adversaires, ni les Français, ni les Britanniquesne jugent utile de s’opposer à la remilitarisation. Le suc-cès est éclatant pour Hitler.

4.2 Complaisances à l’étranger

La fascination exercée par Hitler dépasse largement àl’époque les frontières de l’Allemagne. Pour de nom-breux sympathisants du fascisme, il incarne l’« ordre nou-veau » qui remplacera les sociétés bourgeoises et démo-cratiques « décadentes ». Certains intellectuels font ainsile pèlerinage du congrès de Nuremberg, comme le fu-tur collaborationniste Robert Brasillach. Le journalisteFernand de Brinon, premier Français à interviewer lenouveau chancelier en 1933, sera un militant proche dunazisme, et le représentant du régime de Vichy en zonenord dans Paris occupé. Le 13 juin 1933, le premier mi-nistre fascisant de Hongrie, Gyula Gömbös, est le premierchef de gouvernement étranger à rendre une visite offi-cielle au nouveau chancelier allemand. Chez les conserva-teurs de toute l’Europe, beaucoup s’obstinent des annéesà ne voir en Hitler que le rempart contre le bolchevismeou le restaurateur de l’ordre et de l’économie en Alle-magne. La spécificité et la nouveauté radicales de sa pen-

sée et de son régime ne sont pas perçues ; on ne voit enlui qu’un nationaliste allemand classique, guère plus qu’unnouveau Bismarck. On veut souvent croire aussi que l’au-teur de Mein Kampf s’est assagi avec l’exercice des res-ponsabilités. Au printemps 1936, Hitler reçoit spectacu-lairement à sa résidence secondaire de Berchtesgaden levieil homme d’État britannique David Lloyd George, undes vainqueurs de 1918, qui ne tarit pas d’éloges sur leFührer et les succès de son régime. En 1937, il reçoit demême la visite du duc de Windsor (l’ex-roi d’AngleterreÉdouard VIII).À l’été 1936, Hitler inaugure les Jeux olympiques de Ber-lin. C’est l’occasion d’un étalage à peine voilé de pro-pagande nazie, ainsi que de réceptions grandioses desti-nées à séduire les représentants des establishments étran-gers présents sur place, notamment britannique. Le GrecSpyrídon Loúis, vainqueur du marathon aux premiersjeux de 1896, lui remet un rameau d’olivier venu du boisd’Olympie. La France a renoncé à boycotter les jeux etsa délégation olympique défile devant Hitler le bras ten-du (le salut olympique ressemblant au salut nazi). En re-vanche, la délégation américaine s’est refusée à tout gesteambigu lors de son passage devant le dictateur. Plus tard,pendant les épreuves, Hitler quitte la tribune officielle,mais ce geste n'aurait pas eu pour but, contrairement àune idée répandue, d'éviter d’avoir à serrer la main duchampion noir américain Jesse Owens[143],[144],[145],[146],mais d'éviter de devoir féliciter tous les vainqueurs, déci-sion qui englobe Owens sans le viser spécifiquement.Le 2 janvier 1939, Hitler est élu Homme de l’année 1938par le Time Magazine.

4.3 Alliances

En juillet 1936, Hitler apporte son soutien aux insur-gés nationalistes du général Franco lors de la guerred'Espagne. Il fait parvenir des avions de transports pourpermettre aux troupes coloniales du Maroc espagnol defranchir le détroit de Gibraltar lors des premiers jourscruciaux de l’insurrection. Tout comme Mussolini, il en-voie ensuite du matériel militaire ainsi qu’un corps expé-ditionnaire, la Légion Condor, qui permettra de tester lesnouvelles techniques guerrières, notamment les bombar-dements aériens terroristes sur les populations civiles, lorsde la destruction de Guernica en 1937. L’Allemagne nazieet l’Italie fasciste, qui ont combattu dans deux camps dif-férents sous la Grande Guerre, étaient initialement hos-tiles par désaccord sur l’Anschluss. En juin 1934 à Ve-nise, lors de leur première rencontre, Mussolini a toisé dehaut Hitler, vêtu en civil et mal à l'aise face à celui qui luia longtemps servi d'inspirateur. Le dictateur italien em-pêche en juillet l'annexion de l'Autriche en envoyant destroupes au col du Brenner après l'assassinat du chancelierautoritaire Engelbert Dollfuss par les nazis autrichiens.Mais après le départ de l’Italie de la Société des Nations,à la suite de son agression contre l’Éthiopie, et avec leurintervention commune en Espagne, les deux fascismes se

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4.5 Crise des Sudètes et accords de Munich 21

Hitler et Mussolini assistent à un défilé lors de la visite officiellede Mussolini à Munich en 1937.

rapprochent et concluent une alliance, une relation décritepar Benito Mussolini comme l’Axe Rome-Berlin, fondéen octobre 1936.En novembre 1936, l’Allemagne et le Japon signent lepacte anti-Komintern, traité d’assistance mutuelle contrel’URSS, auquel se joint l’Italie en 1937. Cette même an-née Hitler rencontre à Nuremberg le prince Yasuhito Chi-chibu, frère cadet de l’empereur Hirohito, afin de raffer-mir les liens entre les deux États. En septembre 1940,la signature du Pacte tripartite entre le Troisième Reich,l’Italie et l’Empire du Japon, formalise la coopérationentre les puissances de l’Axe pour établir un « nouvelordre ». Après l’attaque japonaise sur Pearl Harbor, le 7décembre 1941, Hitler déclare la guerre aux États-Unis,sans bénéfice aucun pour l’Allemagne, puisque sous-estimant un pays qu’il ne connaît pas, il fait entrer enlice contre le Reich l’immense potentiel économique del’Amérique, hors d’atteinte.En mai 1939, l’Allemagne et l’Italie signent un traité d’al-liance militaire inconditionnel, le Pacte d'Acier : l’Italies’engage à aider l’Allemagne même si celle-ci n’est pasl’agressée.

4.4 Anschluss

Afin de réaliser l’Anschluss, rattachement de l’Autricheau Troisième Reich interdit par le traité de Versailles,Hitler s’appuie sur l’organisation nazie locale. Celle-citente de déstabiliser le pouvoir autrichien, notamment

par des actes terroristes. Un coup d’État échoue en juin1934, malgré l’assassinat du chancelier Engelbert Doll-fuss. L’Italie a avancé ses troupes dans les Alpes pourcontrer les velléités expansionnistes allemandes, et les na-zis autrichiens sont sévèrement réprimés par un régimeautrichien de type fasciste. Début 1938, l’Allemagne estdavantage en position de force et est alliée avec l’Italie.Hitler exerce alors des pressions sur le chancelier autri-chien Kurt von Schuschnigg, le sommant, lors d’une en-trevue à Berchtesgaden en février, de faire entrer des na-zis dans son gouvernement, dont Arthur Seyss-Inquart auministère de l’Intérieur. Devant la menace croissante desnazis, Schuschnigg annonce en mars l’organisation d’unréférendum pour confirmer l’indépendance de l’Autriche.Hitler lance alors un ultimatum exigeant la remise com-plète du pouvoir aux nazis autrichiens. Le 12 mars, Seyss-Inquart est nommé chancelier, et la Wehrmacht entre enAutriche. Hitler franchit lui-même la frontière par sa villenatale de Braunau am Inn, puis arrive à Vienne où il esttriomphalement acclamé par une foule en délire. Le len-demain, il proclame le rattachement officiel de l’Autricheau Reich, ce qui est approuvé par référendum (99 % deoui) en avril 1938. Le Grossdeutschland (« Grande Alle-magne ») était ainsi créé, avec la réunion des deux Étatsà population germanophone. Rares sont alors les Autri-chiens à s’opposer à la fin de l’indépendance, à l’image del’archiduc Otto de Habsbourg, exilé.En Autriche annexée, la terreur s’abat aussitôt sur les Juifset sur les ennemis du régime. Un camp de concentrationest ouvert à Mauthausen près de Linz, qui acquiert vitela réputation méritée d’être l’un des plus terribles du sys-tème nazi. Le pays natal de Hitler, qui se targua aprèsla guerre d’avoir été la « première victime du nazisme »et refusa longtemps toute indemnisation des victimes durégime, s’est en fait surtout distingué par sa forte contri-bution aux crimes du Troisième Reich. L’historien britan-nique Paul Johnson[147] souligne que les Autrichiens sontsurreprésentés dans les instances supérieures du régime(outre Hitler lui-même, on peut citer Adolf Eichmann,Ernst Kaltenbrunner, Arthur Seyss-Inquart ou Hans Raut-ter, chef de la Gestapo aux Pays-Bas occupés) et qu’ilsont en proportion beaucoup plus participé à la Shoah queles Allemands. Un tiers des tueurs des Einsatzgruppenétaient ainsi autrichiens, tout comme quatre des six com-mandants des principaux camps d'extermination nazis etprès de 40 % des gardes des camps. Sur 5 090 criminelsde guerre recensés par la Yougoslavie en 1945, on compte2 499 Autrichiens.

4.5 Crise des Sudètes et accords de Mu-nich

Article détaillé : Crise des Sudètes.

Poursuivant ses objectifs pangermanistes, Hitler menaceensuite la Tchécoslovaquie. Les régions de la Bohême et

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22 4 DIPLOMATIE HITLÉRIENNE

de la Moravie situées le long des frontières du Grossdeut-schland, appelé Sudètes, sont majoritairement peupléespar la minorité allemande. Comme pour l’Autriche, Hit-ler affirme ses revendications en s’appuyant sur les agi-tations de l’organisation nazie locale, menée par KonradHenlein. Le Führer évoque le « droit des peuples » pourexiger de Prague l’annexion au Reich des Sudètes. Bienqu’alliée à la France (et à l’Union soviétique), la Tché-coslovaquie ne peut compter sur son soutien. Paris veutabsolument éviter le conflit militaire, incitée en cela parle refus britannique de participer à une éventuelle inter-vention. Le souvenir de la Grande Guerre influence éga-lement cette attitude : si les Allemands ont développé ledésir de revanche, les Français entretiennent quant à euxune ambiance générale résolument pacifiste.Le 29 septembre 1938, conformément à une propositionde Mussolini faite la veille, Adolf Hitler, le président duConseil français Édouard Daladier, le Premier ministrebritannique Neville Chamberlain et leDuce italien BenitoMussolini, réunis dans la capitale bavaroise, signent lesaccords de Munich. La France et le Royaume-Uni ac-ceptent que l’Allemagne annexe les Sudètes, pour évi-ter la guerre. En échange, Hitler, manipulateur, assureque les revendications territoriales du Troisième Reichs’arrêteront là. Le lendemain, la Tchécoslovaquie, quiavait commencé à mobiliser, est obligée de s’incliner.Parallèlement, le Troisième Reich autorise la Pologneet la Hongrie à s’emparer respectivement de la ville deTeschen et du sud de la Tchécoslovaquie.Maître-d’œuvre de la politique d’« apaisement » avec leReich, le Premier ministre britannique Neville Chamber-lain a alors ce mot fameux : « Hitler est un gentleman ».Mais alors que les opinions publiques française et britan-nique sont enthousiastes, Winston Churchill commente :« Entre le déshonneur et la guerre, vous avez choisi ledéshonneur. Et vous allez avoir la guerre ». De fait, Hitlerrompt sa promesse à peine quelques mois plus tard.En mars 1939, la République slovaque, encouragée parBerlin, proclame son indépendance ; son chef, Jozef Ti-so place son pays sous l’orbite allemande. Hitler, lorsd’une entrevue dramatique à Berlin avec le président tché-coslovaque Emil Hácha (remplaçant le président démis-sionnaire Edvard Beneš), menace de bombarder Praguesi la Bohême et la Moravie ne sont pas incorporées auReich. Le 15 mars, Hácha cède, et l’armée allemandeentre à Prague sans combat le lendemain. La Bohême et laMoravie deviennent le Protectorat de Bohême-Moravie,dirigé par Konstantin von Neurath à partir de novembre1939, puis de 1941 à son exécution par la résistancetchèque en mai 1942, par le haut chef SS Reinhard Hey-drich, surnommé « le boucher de Prague ».En mettant la main sur la Bohême-Moravie, le Reichs’empare par la même occasion d’une importante indus-trie sidérurgique et notamment des usines Škoda, qui per-mettent de construire des chars d’assaut. En annexant despopulations slaves et non plus allemandes, Hitler a jeté

le masque : ce qu'il poursuit n'est plus le pangermanismeclassique mais, ainsi qu'il l'avoue sans fard à ses générauxle 23 mai 1939, la conquête d'un espace vital illimité.

4.6 Pacte germano-soviétique et agressionde la Pologne

Après l’Autriche et la Tchécoslovaquie, vient le tour dela Pologne. Coincée entre deux nations hostiles, la Po-logne de Józef Piłsudski a signé avec le Reich un traité denon-agression en janvier 1934, pensant ainsi se prémunircontre l’Union soviétique. L’influence de la France, alliéetraditionnelle de la Pologne, en Europe centrale a ainsiconsidérablement diminué, tendance qui s’est confirméeensuite avec le démembrement de la Tchécoslovaquie etla désagrégation de la Petite Entente (Prague, Bucarest,Belgrade), alliance placée sous le patronage de Paris.Au printemps 1939, Hitler revendique l’annexion de laVille libre de Dantzig. En mars, l’Allemagne a déjà an-nexé la ville de Memel, possession de la Lituanie. Ensuite,Hitler revendique directement le corridor de Dantzig, ter-ritoire polonais perdu par l’Allemagne avec le traité deVersailles en 1919. Cette région donne à la Pologne unaccès à la mer Baltique et sépare la Prusse-Orientale dureste du Reich.Le 23 août 1939, Ribbentrop et Viatcheslav Molotov,ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne et del’Union soviétique signent un pacte de non-agression. Cepacte est un nouveau revers pour la diplomatie fran-çaise. En mai 1935, le gouvernement de Pierre Lavalavait signé avec l’URSS un traité d’assistance mutuelle, cequi eut pour conséquence de refroidir les relations de laFrance avec la Pologne, mais aussi avec les Tories au pou-voir à Londres. Avec le pacte de non-agression germano-soviétique, la France ne peut plus compter sur l’URSSpour menacer une Allemagne expansionniste. En outre,la Pologne est prise en tenaille. L’Allemagne et l’URSSsont convenus d’un partage des pays situés entre elles :Pologne occidentale pour la première, Pologne orientale(Polésie, Volhynie, Galicie orientale) et Pays baltes pourla seconde.Le 30 août 1939, Hitler lance un ultimatum pour la res-titution du corridor de Dantzig. La Pologne refuse. Cettefois-ci, la France et le Royaume-Uni sont décidés à sou-tenir le pays agressé. C’est le début de la Seconde Guerremondiale.

4.7 Durant la guerre

Une fois la France vaincue en 1940, Hitler satellise lespays d’Europe centrale : Slovaquie, Hongrie, Roumanie,Bulgarie. Hitler obtient l’adhésion de la Hongrie et de laBulgarie, anciens vaincus de la Première Guerre mon-diale, en leur offrant respectivement la moitié de laTransylvanie et la Dobroudja, cédées par la Roumanie, où

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4.8 Visite à Paris 23

Hitler et le maréchal finlandais Mannerheim le 4 juin 1942.

le général pro-hitlérien Ion Antonescu prend le pouvoir enseptembre 1940. À partir de juin 1941, Hitler entraînela Slovaquie, la Hongrie, et la Roumanie dans la guerrecontre l’URSS, ainsi que la Finlande, qui y voit une occa-sion de réparer les torts de la guerre russo-finlandaise.Cependant, Hitler échoue à faire entrer en guerrel’Espagne franquiste. Comptant sur la reconnaissance duCaudillo qui a gagné la guerre civile espagnole, il le ren-contre à Hendaye le 23 octobre 1940. Hitler espère l’au-torisation de Franco pour conquérir Gibraltar et couperles voies de communications anglaises en Méditerranée.Prudent, le dictateur espagnol sait que l'Angleterre nepeut plus déjà être envahie ni vaincue avant 1941, et quele jeu reste ouvert. Les contreparties exigées par Franco(notamment des compensations territoriales en Afriquedu Nord française), dont le pays est par ailleurs ruiné etdépendant des livraisons américaines, sont irréalisablespour Hitler, qui souhaite ménager quelque peu le régimede Vichy pour l’amener sur la voie de la collaboration.Sorti furieux de l'entrevue au point de qualifier Francode « porc jésuite »[81], Hitler a cependant bénéficié plustard de l'envoi en URSS des « volontaires » espagnols dela division Azul, qui participe jusqu'en 1943 à tous lescombats (et à toutes les exactions) de la Wehrmacht, etle Caudillo l'a toujours ravitaillé en minerais stratégiquesde première importance.

Philippe Pétain et Adolf Hitler le 24 octobre 1940, Montoire-sur-le-Loir.

Au lendemain de l'entrevue de Hendaye, le 24 octobre,Hitler s’arrête à Montoire où la collaboration d'État fran-çaise est officialisée au cours d'une entrevue avec Pétain.La poignée de main symbolique entre le vieux maréchalet le chancelier du Reich frappe de stupeur l'opinion fran-çaise. En novembre 1941, le Grand Mufti de Jérusalem,Amin al-Husseini, rencontre Adolf Hitler et HeinrichHimmler, souhaitant les amener à soutenir la cause na-tionaliste arabe. Il obtient de Hitler la promesse « qu’unefois que la guerre contre la Russie et l’Angleterre seragagnée, l’Allemagne pourra se concentrer sur l’objectifde détruire l’élément juif demeurant dans la sphère arabesous la protection britannique[148] ». Amin al-Husseini re-laie la propagande nazie en Palestine et dans le mondearabe et participe au recrutement de combattants musul-mans, concrétisé par la création des divisions de Waffen-SS Handschar, Kama et Skanderberg, majoritairementformées de musulmans des Balkans.Ce soutien des nazis au Grand Mufti de Jérusalem estcontradictoire avec la politique antisémite dans les an-nées 1930, qui a pour conséquence l’émigration d’unegrande partie des juifs allemands vers la Palestine. Quantau Grand Mufti, sa stratégie est guidée par le principeselon lequel l’ennemi de ses ennemis (en l’occurrence lesAnglais et les Juifs) doit être son allié[149]. Du point devue hitlérien, il s’agit essentiellement d’ébranler les po-sitions de l’empire britannique au Moyen-Orient devantl’avancée de l’Afrikakorps et de permettre le recrutementd’auxiliaires, notamment pour lutter contre les partisans,alors que l’hémorragie de l’armée allemande devient pro-blématique.

4.8 Visite à Paris

Le 18 juin 1940, Hitler visite Paris pour la premièrefois. Il passe en revue les troupes des détachements dela Wehrmacht qui défilent devant le maréchal Walthervon Brauchitsch et le général Fedor von Bock, comman-dant en chef du groupe d'armées B. Le soir, il rentre àMunich pour rencontrer Benito Mussolini et examiner lademande de cessation d’hostilités adressée par Philippe

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24 5 SECONDE GUERRE MONDIALE

Pétain.Le 23 juin, il visite une deuxième fois la capitale fran-çaise, toujours de façon brève et discrète (trois véhicules)en compagnie d’Arno Breker et Albert Speer, essentiel-lement pour s’inspirer de son urbanisme (il avait donnél’ordre d’épargner la ville lors des opérations militaires).Dès six heures du matin, en provenance de l’aérodromedu Bourget, il descend la rue La Fayette, entre à l’Opéra,qu’il visite minutieusement. Il prend le boulevard de laMadeleine et la rue Royale, arrive à la Concorde, puis àl’arc de triomphe. Le cortège descend l’avenue Foch, puisrejoint le Trocadéro. Hitler pose pour les photographessur l’esplanade du Trocadéro, dos tourné à la tour Eif-fel. Ils se dirigent ensuite vers l’École militaire, puis versles Invalides et il médite longuement devant le tombeaude Napoléon Ier (c'est également aux Invalides qu'il feratransférer les cendres du fils de Napoléon Ier, l’Aiglon).Ensuite, il remonte vers le jardin du Luxembourg qu’ilvisite, mais ne souhaite pas visiter le Panthéon[150]. Pourfinir, il descend le boulevard Saint-Michel à pied, sesdeux gardes du corps à distance. Place Saint-Michel, il re-monte en voiture. Ils arrivent alors sur l’île de la Cité, oùil admire la Sainte-Chapelle et Notre-Dame, puis la rivedroite (le Châtelet, l’hôtel de ville, la place des Vosges,les Halles, le Louvre, la place Vendôme). Ils remontentensuite vers l’Opéra, Pigalle, le Sacré-Cœur, avant de re-partir à 8 h 15. Un survol de la ville complète sa visite. Ilne reviendra plus jamais à Paris[151],[152].

4.9 Triomphe à Berlin

Le 6 juillet 1940, Hitler revient à Berlin pour célébrerla victoire écrasante de l'Allemagne sur la France : il estreçu en triomphe entre la gare centrale et la chancellerieoù il passe en revue quelques divisions revenues du front.C'est sa dernière parade militaire et la dernière fois qu'ilest ovationné[153].

5 Seconde Guerre mondiale

Article détaillé : Seconde Guerre mondiale.Hitler a eu de « brillantes » intuitions, lors de la

première phase de la Seconde Guerre mondiale. LaWehrmacht applique la Blitzkrieg (guerre éclair, impli-quant un emploi massif et concentré des bombardiers etdes blindés), qui lui permet d’occuper successivement laPologne (septembre 1939), le Danemark (avril 1940), laNorvège (avril-mai 1940), les Pays-Bas, le Luxembourget la Belgique (mai 1940), la France (mai-juin 1940), laYougoslavie (avril 1941) et la Grèce (avril-mai 1941). Enparticulier, la défaite rapide de la France en juin 1940 estun véritable triomphe pour Hitler, qui est acclamé par unefoule massive à son retour à Berlin en juillet. Cependant,cet éternel joueur de dés remet tout en jeu en agressantl'URSS le 22 juin 1941, décision à terme fatale.

Parade triomphale devant Hitler, à Varsovie, le 5 octobre 1939.

La guerre radicalise son régime et lui fait prendre sestraits les plus meurtriers. De même que l'attaque de la Po-logne donne le signal du massacre des handicapés men-taux ou de la répression de masse contre les peuplesslaves, c'est dans la guerre d'extermination (Vernichtungs-krieg) planifiée contre les populations soviétiques ques’élabore notamment la « Solution finale ». Toute l'Europeoccupée est livrée à la terreur et au pillage, avec desdegrés divers selon le sort que Hitler réserve à chaque« race » et à chaque pays.

5.1 Succès et conquête de l’Europe (1939-1940)

Son mépris total du droit international a facilité la tâcheà Hitler, tout comme son absence complète de scrupuleset la passivité frileuse ou la naïveté de nombre de ses vic-times. Ainsi, six de ces pays (Danemark, Norvège, Pays-Bas, Luxembourg, Belgique, Yougoslavie) sont des Étatsneutres, attaqués par surprise, sans même la formalitéd’une déclaration de guerre. Hitler a souvent exprimé àses proches son sentiment selon lequel les traités diplo-matiques ou de non-agression qu’il signait au nom de l’Al-lemagne n’étaient, pour lui, que des papiers sans réellevaleur, uniquement destinés à endormir la méfiance ad-verse. Au procès de Nuremberg, le Troisième Reich severra reprocher la violation de 34 traités internationaux.De même, Hitler n’hésite pas à recourir à des méthodesde terreur pour faire plier l’ennemi. Il ordonne ainsi ladestruction par les airs du centre de Rotterdam le 14 mai1940, ou le bombardement de Belgrade (6-9 avril 1941),en représailles à un putsch antihitlérien d’officiers serbeshostiles à l’adhésion à l’Axe. La Wehrmacht s’illustre aus-si dans son avancée par un certain nombre de crimes deguerre, ainsi le massacre de 1500 à 3000 soldats noirsdes troupes coloniales en France[154], premières victimesdans ce pays du racisme hitlérien.Autodidacte en matière militaire, Hitler juge que les gé-néraux de la vieille école dominant la Wehrmacht, sou-vent issus de l’aristocratie prussienne (généralement mé-prisée par les nazis qui se considèrent révolutionnaires),sont trop prudents et dépassés par les conceptions de la

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guerre moderne (la Blitzkrieg et la guerre psychologique).Les succès sont avant tous ceux de jeunes généraux ta-lentueux tels que Heinz Guderian ou Erwin Rommel,qui savent faire preuve d’audace, d’initiatives, et ont uneconception de la guerre plus novatrice que leurs adver-saires.

Le 21 juin 1940 à Rethondes, juste avant le début des négocia-tions de l'armistice avec la France, Hitler (main sur la hanche),accompagné de ses principaux généraux et de hauts dignitairesnazis, contemple la statue du maréchal Foch. L’armistice est si-gnée le lendemain en l’absence de Hitler.

Toutefois, Hitler lui-même démontre une certaine ha-bileté et audace stratégique. Il est ainsi persuadé quela France ne bougera pas pendant que la Pologne se-ra envahie, évitant à l’Allemagne de combattre sur deuxfronts, ce qui est effectivement le scénario de la drôle deguerre. Il est également en grande partie à l’origine duplan dit « von Manstein », qui permet, en envahissantla Belgique et la Hollande, de piéger les forces franco-britanniques projetées trop en avant et de les prendre àrevers par une percée dans les Ardennes dégarnies, pourisoler le meilleur des troupes adverses acculées à Dun-kerque en mai-juin 1940. Cependant, le 24 mai, Hit-ler, redoutant qu'une avance trop rapide ne fournisse àl'ennemi l'occasion d'une improbable deuxième victoirede la Marne, commet l'erreur d'ordonner à ses troupes demarquer un arrêt devant le port, d’où rembarquent alors300 000 soldats britanniques, ordre qualifié plus tard de« miracle de Dunkerque ». Le 17 juin 1940, après la de-mande de l'armistice Wilhelm Keitel appelle Hitler « leplus grand général de tous les temps » (Größter Feldherraller Zeiten). Plus tard, à l'issue de la bataille de Stalin-grad, ses collègues utilisent l'acronyme Gröfaz en tour-nant Hitler en ridicule[155]. Le 22 juin, dans la clairièrede Rethondes, lors de l'Armistice franco-allemand qu'il asymboliquement exigé de voir signer dans la même clai-rière et le même wagon qu'en 1918, Hitler exulte devantles caméras des actualités allemandes. Avant l’invasion dela Russie un an plus tard, l’Allemagne hitlérienne dominedonc l’Europe, ajoutant au printemps 1941 la Yougoslavieet la Grèce à son empire, envahies pour venir en aide àMussolini, jaloux des succès de Hitler mais lui-même viteempêtré dans les Balkans. Avec ses succès militaires et ladisparition de l’influence française en Europe centrale, la

Slovaquie, la Hongrie, la Roumanie (dont les champs depétrole sont une obsession continuelle pour Hitler durantla guerre) et la Bulgarie, en adhérant au Pacte tripartite,tombent dans l’orbite de l’Allemagne, mettant à sa dispo-sition des bases pour de futures actions.Entre juin 1940 et juin 1941, le seul adversaire del’Allemagne nazie reste le Royaume-Uni, appuyé par leCommonwealth. Hitler est plutôt enclin à des relationscordiales avec les Anglais, considérés racialement commeproches des Germaniques. Il espère que le gouvernementbritannique finira par négocier la paix et qu’il acceptera dese contenter de son empire colonial et maritime sans plusintervenir sur le continent. Hitler compte sur l’action dela Luftwaffe, puis les attaques des sous-marins contre lesconvois de marchandises (bataille de l’Atlantique), pourfaire plier le Royaume-Uni.

« Hitler ne préviendra pas : aie toujours ton masque à gaz ».Affiche britannique pendant le Blitz.

Mais sur ce point, la détermination de Winston Chur-chill, arrivé au pouvoir le 10 mai 1940, contraste avec lesatermoiements de ses prédécesseurs. Refusant toute paixde compromis, galvanisant la population britannique, ilcontrarie les plans du Führer. Dès le 15 septembre 1940,la bataille d'Angleterre (10 juillet au 31 octobre 1940)est virtuellement perdue pour l'Allemagne, l’héroïsme despilotes de la Royal Air Force ayant fait échec aux ro-domontades de Göring, maître de la Luftwaffe, dont lasemi-disgrâce auprès du Führer commence. La batailleaérienne a pris fin comme pat militaire, mais elle étaitune défaite politique et stratégique pour Hitler, qui n'avaitpas réussi, pour la première fois, à imposer sa volonté àun pays[156]. Furieux, Hitler ajourne dès le 12 septembre

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l’opération Seelöwe — son plan de débarquement en An-gleterre, au demeurant improvisé trop tardivement à l’été1940, et irréalisable tant que le Royaume-Uni a encore saflotte navale et aérienne. Il déchaîne alors les bombarde-ments terroristes sur les populations civiles britanniques :le Blitz s’abat chaque jour sur les cités anglaises, en par-ticulier sur Coventry, rasée par l’aviation allemande le 26novembre 1940, ou sur la vieille City de Londres, incen-diée notamment dans les nuits de décembre 1940 et du10-11 mai 1941. Mais la détermination populaire britan-nique reste intacte.En 1942, en représailles aux premiers grands raids bri-tanniques sur les cités allemandes, Hitler ordonnera en-core de détruire une à une les villes d’art britanniques parles airs (les « raids Baedeker », du nom d’un guide tou-ristique célèbre), de même qu’il déchaînera en 1944 lesV1 et les V2 sur l’Angleterre, sans plus de succès. Parailleurs, la guerre sous-marine à outrance rapproche leRoyaume-Uni des États-Unis, soucieux de la liberté decommerce et de navigation. Hitler commence à considé-rer que la guerre avec l’Amérique, « foyer du capitalismejuif » à ses yeux, devient inéluctable. En juillet 1940, Hit-ler déclare à Wilhelm Keitel et Alfred Jodl qu'il est néces-saire d'éliminer l'URSS, puisqu’il présume, à tort, qu'auxyeux des Anglais, l’Union soviétique est le dernier soutienmilitaire de l’Angleterre sur le continent européen[157].Il décide d’attaquer l'Union soviétique le plus rapide-ment possible pour gagner la guerre contre la Grande-Bretagne[158]. Pour Hitler, il est important que la guerreen Europe se termine avant que les États-Unis ne puissentintervenir sur le théâtre d'opérations européen[159].Le déclenchement du second conflit mondial inaugureun processus de décapitalisation de Berlin, la capitale duReich : la volonté de Hitler d'être plus près des opérationsmilitaires, accompagné de son état-major, en est la cause.Mais, cet état de fait est nuancé par le décret du 30 août1939, qui met en place un conseil ministériel de défensedu Reich, organisé autour de Göring et conçu comme unorgane de décision collégiale, ce qui n'a pas été le cas parla suite, laissant dans les faits l'autorité de décision auxresponsables administratifs du Reich[160]. Après la dis-parition de Rudolf Hess, la place qu'il occupait est pro-gressivement occupée par Martin Bormann, qui s’appuiesur une hypothétique volonté du Führer[161]. Au cours duconflit, il est de plus en plus difficile pour les ministresd'avoir accès direct au chancelier[161]. En effet, au fil duconflit, avec un Führer de plus en plus éloigné de la ges-tion quotidienne de l’État, se raréfient les canaux d'accèsau chancelier : en effet, les nombreuses chancelleriescréées en temps de paix en 1933-1934 doivent compteravec l'équipe des aides de camp du Führer, qui contrôlel'emploi du temps de Hitler[162]. In fine, ces chancelle-ries, par ailleurs en lutte féroce les unes contre les autres,forment un écran efficace entre le chancelier du Reich etcertains de ses ministres, écran dont Bormann fait un ins-trument de pouvoir personnel très efficace[163]. Surpris àla fois par la déclaration de guerre de la Grande-Bretagne

et de la France, ainsi que par la rapidité de la défaitepolonaise[164], Hitler défend cependant l'idée, contre sonétat-major, qu'il n'y aura pas d'offensive alliée majeuresur le front de l'Ouest[164] ; les faits lui ayant donné raison,il propose un rapide transfert des unités engagées contrela Pologne vers l'ouest en vue d'une offensive rapide, àla fois contre la France, mais aussi contre les Pays-Baset la Belgique, pour s’emparer des ports belges et hol-landais, malgré les réserves de ses officiers, réserves ré-activant les réseaux conservateurs acteurs de la conjura-tion de 1938[165]. De plus, rendu furieux par les événe-ments de l'automne et de l'hiver (explosion d'une bombelors d'une apparition publique de Hitler le 8 novembre1939, capture par les alliés d'officiers ayant sur eux lesplans de l'offensive prévue, report en raison de conditionsmétéorologiques peu propices[166]), Hitler prête l'oreille,sur les conseils d'un de ses aides de camp et malgré lesréserves de Franz Halder et de son état-major, au planélaboré en commun par Erich von Manstein et HeinzGuderian, car il rencontre chez ces officiers une conver-sion opérationnelle de son idée de franchissement de laMeuse par surprise[167]. De même, il se montre sensible,après avoir reçu des renseignements d'un ancien ministrenorvégien, chef d'un parti nationaliste alors de médiocreimportance, Quisling, aux conceptions développées parle Grand Amiral Raeder, qui préconise, inspiré par unKriegspiel mené dans les années 1920, l'invasion de laScandinavie[168] ; celle-ci, menée à l'encontre des prin-cipes de la guerre navale, ce qui plait à Hitler, se révèle unfranc succès, malgré des pertes navales importantes[169].Non content de participer à l'élaboration des plans del'offensive prévue au printemps 1940, Hitler s’impliqueégalement dans la guerre psychologique menée contre lesAlliés : il coordonne les actions de harcèlement des postesdéfensifs français, il élabore, avec les services du minis-tère de la propagande, les tracts largués sur les positionsalliées et ordonne la diffusion régulière d'émissions, pré-parées par la radio allemande, à destination des positionsfrançaises : Hitler est ainsi à l'origine de l'idée, diffu-sée auprès des soldats français, que l'attaque allemanden'a pas lieu uniquement dans le but de chercher une so-lution politique au conflit, ce qui participe au fléchisse-ment du moral des troupes françaises et renforce les ran-cœurs de ces dernières à l'encontre du corps expédition-naire britannique[170].

5.2 Erreurs et premiers échecs (1941)

Hitler s’avère aussi et surtout être un commandant en chefbrouillon et imprévisible, dédaigneux de l’opinion de sonétat-major. Il peut compter sur la très grande servilité decelui-ci, et en premier lieu du chef de l’Oberkommandoder Wehrmacht (OKW, haut commandement des forcesarmées), Wilhelm Keitel. Chez Hitler, un manque fré-quent de réalisme se double souvent d’impairs straté-giques. En outre, le Führer est inconscient de bien desproblèmes du front. Comme Adolf Hitler accueille très

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mal les mauvaises nouvelles et tout ce qui ne correspondpas à ses plans, ses subordonnés hésitent à lui transmettrecertaines informations.Dès les premiers mois de l'offensive à l'Est, passél'euphorie des premiers succès, Hitler se montre réser-vé, en privé, sur les chances de succès rapide dans laguerre contre l'Union soviétique : ainsi, en août 1941, de-vant Guderian et d'autres généraux, il évoque l'échec dela première phase de la campagne, puis, lors d'une visitede Mussolini à Rastennburg, à la fin du mois, il assumela responsabilité de la situation[171]. Au cours des confé-rences qui suivent, il se montre partisan, contre Guderian,Halder et Brauchitsch, qui mettent aussi en avant le ca-ractère stratégique que constituerait la prise de Moscou,un nœud ferroviaire entre les deux parties du front, dela conquête de l'Ukraine et de ses ressources[171]. Si laconquête de l'Ukraine constitue un grand succès militaire,ce n'en reste pas moins une défaite contre le temps, qui estappelé à faire défaut lorsque la prise de Moscou devientla priorité[172]. Sa première grave erreur a été d’ouvrir undeuxième front, en envahissant l’immense Union sovié-tique sans avoir terminé la guerre contre le Royaume-Uni.Toujours persuadé d’avoir une tâche monumentale qu’ilaura du mal à réaliser en une seule vie, il souhaite attaquerl’URSS, principal réservoir d'« espace vital » et ennemiprincipal doctrinal, dans des délais rapides. À partir dedécembre 1940, il planifie une guerre d'extermination ter-roriste à l'Est : il ne s’agit pas seulement de détruire le bol-chevisme, mais au-delà, comme déjà en Pologne asservie,de détruire l'État, de réduire les populations civiles à l'étatd'esclaves et de sous-hommes, de vider par les massacreset les déportations les territoires conquis de leurs Juifs etde leurs Tsiganes, afin de laisser la place à des colons alle-mands. Selon Peter Padfield, le 10 mai 1941, Hitler a en-voyé Rudolf Hess, le député Führer, en Grande-Bretagneavec un traité de paix détaillé, en vertu duquel les Alle-mands se retireraient de l'Europe de l'Ouest, en échangede la neutralité britannique sur l'attaque imminente sur laUSSR[173],[174].Au lancement de l’opération Barbarossa contre l’Unionsoviétique en juin 1941, Hitler, considérant que l’Arméerouge s’écroulera rapidement, envisage d’atteindre avantla fin de l’année une ligne Arkhangelsk-Astrakhan. Il in-terdit à ses troupes d'emporter du matériel d'hiver. Il di-vise son armée en trois groupes : le Groupe d’armée Nord(GAN) ayant pour objectif Leningrad, le Groupe d’arméeCentre (GAC) ayant pour objectif Moscou, et le Grouped’armée Sud (GAS) ayant pour objectif l’Ukraine. À cedispositif s’ajoutent les alliés finlandais au Nord, hon-grois, roumains et italiens au Sud, ces derniers étant consi-dérés comme peu fiables par Hitler et son état-major.En août 1941, Hitler donne la priorité à la conquête del’Ukraine, objectif économique primordial avec ses terrescéréalières et ses mines, par le GAS, mais aussi objectifstratégique, car une très grosse part de l'Armée Rougeest concentrée autour de Kiev : marcher directement surMoscou avant d'avoir détruit ces réserves, comme le vou-

draient de nombreux généraux allemands, exposerait dan-gereusement le flanc de la Wehrmacht aux yeux de Hitler.Ce faisant, le Führer oblige le GAC à stopper, alors qu’ilétait parvenu à 300 kilomètres de Moscou. L’offensivesur ce secteur reprend en octobre, mais ce contretempsfait intervenir un adversaire redoutable : l’hiver russe.

Fosse commune de quelques-uns des 3,5 millions de prisonnierssoviétiques exterminés par les nazis.

Hitler a négligé ce facteur autant qu’il a sous-estimé, parhaine des Slaves et du communisme, la qualité et la com-bativité des « sous-hommes » soviétiques. Son racismelui fait aussi interdire formellement à l'armée d'invasionde se chercher des alliés parmi les nationalistes locauxet les ennemis du régime stalinien. Au contraire, les dé-chaînements de cruautés contre les civils et la mise enœuvre des crimes de masse prémédités aliènent très viteà Hitler les populations soviétiques, rejetées dans les brasd'un Staline qui sait proclamer l'union sacrée. L’arrivéede troupes fraîches de Sibérie permet de dégager Mos-cou et de faire reculer des Allemands mal préparés auxdures conditions climatiques. La Wehrmacht a alors per-du 700 000 hommes (tués, blessés, prisonniers), soit unquart de son effectif sur ce front.Le 19 décembre 1941, alors que la retraite menace dese transformer en débâcle incontrôlable comme celle quiavait fait disparaître la Grande Armée napoléonienne en1812, Hitler prend directement le commandement de laWehrmacht sur le front russe, évinçant le général vonBrauchitsch ainsi que Guderian, von Bock et von Rund-stedt. Il interdit catégoriquement toute retraite, tout replimême stratégique, allant jusqu'à faire condamner à mortdes officiers et des généraux qui en effectuent en lui déso-béissant. Les ordres draconiens du Führer parviennent defait à stabiliser le front à quelque 150 km de Moscou, auprix de terribles souffrances des soldats. Désormais, laguerre-éclair a fait son temps et Hitler a perdu tout espoird'une guerre courte. De surcroît, c'est au même momentqu'il déclare la guerre aux États-Unis, le 11 décembre1941, peu après l'attaque de Pearl Harbor le 7, dont sesalliés japonais ne l'avaient même pas prévenu, et sans bé-néfice aucun pour le Reich, puisque l'empire japonais nedéclare nullement la guerre à l'URSS. Le Führer a faitdonc inconsidérément entrer en lice le plus grand poten-

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tiel économique du monde, hors d'atteinte de ses Panzeret de ses bombardiers. Hitler est désormais le maître ab-solu de l'armée et des opérations (même Staline laisseaprès 1942 la bride sur le cou à ses généraux, tandis queChurchill, Roosevelt et de Gaulle ne prennent guère quedes décisions politiques). Si l'échec frustrant devant Mos-cou radicalise encore ses projets meurtriers (sa décisiond'exterminer tous les Juifs d'Europe est prise au momentdu ralentissement de l'avancée en Russie[175]), Hitler dis-pose encore de forces armées redoutables et reste pourl'heure le maître tout-puissant de l'Europe conquise, desportes de Moscou à l'Atlantique.

5.3 Exploitation et terreur sur l'Europe

Article détaillé : Europe sous domination nazie.

L'« Ordre Nouveau » promis par la propagande nazie n'ajamais signifié pour Hitler que la domination absolue etl'exploitation systématique de son « espace vital » parla « race des Seigneurs ». Partout les économies localessont donc placées sous tutelle, au profit exclusif du Troi-sième Reich et de son effort de guerre. Des tributs finan-ciers exorbitants sont exigés des vaincus, les matières pre-mières drainées en Allemagne ainsi que les produits agri-coles et industriels (sans oublier les œuvres d'arts, dontdes trains entiers sont raflées par Göring et Rosenberg).Le pillage de l'Europe occupée est d'autant plus radicalque Hitler tient absolument à maintenir un haut niveaude vie à la population allemande même en pleine guerre,pour éviter que ne se reproduise la révolte de novembre1918.Le 21 mars 1942, pour pallier la pénurie de main-d'œuvrecausée par la mobilisation massive des Allemands sur lefront de l'Est, Hitler nomme le gauleiter Fritz Sauckel plé-nipotentiaire au recrutement des travailleurs. Placé sousl'autorité directe du seul Führer, Sauckel parvient, à forcede chasses à l'homme et de rafles massives à l'Est, et enusant à l'Ouest davantage d'intimidations et de mesurescoercitives (conscription du travail et STO), à amener endeux ans plus de 8 millions de travailleurs forcés sur leterritoire du Grand Reich. Parmi eux, les travailleurs po-lonais et soviétiques (Ostarbeiter) ont été soumis à un trai-tement brutal et extrêmement discriminatoire, leur lais-sant à peine le minimum vital pour subsister[176]. Paral-lèlement, le 8 février 1942, Hitler a chargé son confidentet architecte préféré, le jeune technocrate Albert Speer,de réorganiser l'économie de guerre du Reich. En ce dé-but d'année 1942, l'économie allemande n'est pas entiè-rement consacrée à la production de guerre. En centra-lisant la gestion de la production de guerre dans son mi-nistère, le tout nouveau ministre de l'armement obtientrapidement des résultats[177] permettant à l'économie al-lemande de soutenir l'effort de guerre. Mais il met long-temps à vaincre les réticences de Hitler à proclamer laguerre totale voulue par Goebbels, le Führer ne voulantpas imposer aux Allemands des sacrifices susceptibles de

nuire à son image et de les pousser à la révolte.Himmler de son côté exploite jusqu'à la mort la main-d'œuvre forcée des camps de concentration, dont le tauxde mortalité explose littéralement à partir de début 1942.Le 9 décembre 1941, Hitler a pris personnellement ledécret Nacht und Nebel, cosigné par Keitel, qui prévoitde faire littéralement disparaître les résistants déportés« dans la nuit et le brouillard » (expression empruntéepar le Führer à un opéra de Wagner). Au sein du sys-tème concentrationnaire nazi, ce sont donc les détenus detoute l'Europe classés « NN » qui connaîtront les pirestraitements et le taux de mortalité le plus important[178].La domination nazie réintroduit largement en Europe despratiques disparues depuis le XVIIIe siècle : torture, prised'otages, réduction des populations en esclavage, destruc-tion de villages entiers deviennent des pratiques banalesqui signent la brève hégémonie de Hitler.On peut y ajouter l'enrôlement forcé dans les troupes al-lemandes des Malgré-Nous alsacien-mosellans ou polo-nais, dont les territoires annexés sont soumis à une in-tense germanisation forcée, ou l'enlèvement aux mêmesfins de germanisation de centaines de milliers d'enfantseuropéens aux traits « aryens », confiés aux Lebensbornque supervise Martin Bormann, secrétaire du Führer. Hit-ler a ainsi personnellement fixé le taux de 100 otages à fu-siller par soldat allemand tué[179]. Strictement appliquéesà l'Est, faisant des victimes par dizaines de milliers, cesreprésailles massives sur les civils sont plus « modérées »à l'Ouest, où le racisme hitlérien ne méprise pas autantles populations, et où il faut tenir compte du plus hautniveau de développement et d'organisation des sociétés.Elles n'en sont pas moins appliquées.Aussi, après une série d'attentats inaugurée par le coupde feu du colonel Fabien contre un officier allemand enplein Paris, Hitler ordonne personnellement l'exécutiond'un certain nombre d'otages, qui seront fusillés notam-ment au camp de Châteaubriant. En mars 1944, lorsque laRésistance italienne tue 35 soldats allemands dans Romeoccupée, Hitler exige que cent otages soient fusillés pourchaque tué : le maréchal Kesselring « réduit » le tauxau demeurant irréaliste à dix pour un, et ce sont tout demême 355 Italiens qui périssent aux Fosses Ardéatines.Le 10 juin 1942, à la suite de l'exécution de son fidèleHeydrich par la résistance tchèque, Hitler ordonne la des-truction totale du village de Lidice.

5.4 Des revers à la débâcle (1942-1944)

Au fil de l'évolution du conflit, la place grandissante dansla gestion au quotidien de la guerre affecte Hitler dediverses manières, physiquement et psychologiquement.De plus, il intervient aussi bien dans le domaine mili-taire que technique et industriel, marquant de sa pattedes choix dont certains se révèlent désastreux. Dans lemême temps, le processus de décapitalisation de Berlin,initié dès le déclenchement du conflit, s’accentue au fil

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5.4 Des revers à la débâcle (1942-1944) 29

des déménagements des QG de campagne du Führer etChancelier[160].Ainsi, l'état physique du commandant en chef décline ra-pidement : atteint d'une maladie mal diagnostiquée, ilprésente à Guderian, en février 1943[180], à Hossbach,convoqué le 19 juillet 1944 à Rastenburg pour se voirconfier le commandement de la 4e armée[181], l'imaged'un homme prématurément vieilli, abattu, fatigué par sesinsomnies à répétition, atteint d'un tremblement au brasgauche, au teint blême, au regard vague et mal soigné parson médecin, le Dr Theodor Morell[180]. Du fait de sesinsomnies, il adopte au fil du conflit un rythme de vie to-talement décalé : le petit déjeuner est pris en fin de mati-née, et le déjeuner en début de soirée, et le thé est servià ses invités et à ses proches collaborateurs tard dans lasoirée[182].La résistance soviétique transformant le conflit en guerred'usure, Hitler assigne désormais à chacune des opéra-tions sur le front de l'Est une dimension stratégique deconquête de lieux de production stratégiques : le bassinindustriel du Donetz, les pétroles du Caucase[183].À partir du lancement de l'opération Fall Blau, Hitlerse querelle sans cesse avec son chef d'état-major, Hal-der, soutenu par Alfred Jodl. À la base de ces querelles,Halder et Hitler ont deux approches de la campagnede 1942 : Halder, en militaire, développe une approchequi trahit la préférence obsessionnelle des officiers al-lemand pour les questions tactiques[184] ; Hitler se placedans un projet stratégique général : il souhaite donner auReich les moyens d'une guerre longue face aux Anglo-Saxons[185]. Cependant, Hitler, obnubilé par la conquêtede l'espace vital, ne tire pas forcément de ses conceptionsstratégiques les conclusions qui découlent de ses analysesstratégiques[183].Rapidement, il prend conscience de l'impasse militairegénérée par ses choix et commence à se désintéresser dela situation militaire sur le terrain. Hitler devient ainsi deplus en plus méfiant à l'encontre de ses généraux, limogeList et Halder durant le mois de septembre, remplace Hal-der par Zeitzler, peu expérimenté[186], tout en donnantdans les directives édictées, non seulement des consignesimpossibles à tenir, mais aussi un luxe de détails[186]. Ilbalaie ainsi les objections de Zeitzler sur les difficultésd'approvisionnement d'armées engagées à plus de 2 000km de leurs bases[187], insiste sur le caractère symboliquede la prise de Stalingrad qu'il conçoit comme la base dedépart de l'offensive de l'été suivant[187] (il ne peut alors yrenoncer, sous peine de perdre son prestige et d'écorcherdurablement le mythe d'invincibilité du Führer[187]).Mais la défaite l'oblige à mettre en place une stratégie dé-fensive, fortement inspirée de son expérience du front du-rant la Grande Guerre, causant des pertes probablementsupérieures à ce qu'elles auraient dû être si un autre sys-tème de défense avait été adopté[183].De plus, Hitler perd fréquemment le contrôle de ses nerfsen présence de ses principaux officiers, même s’il ne s’est

jamais roulé par terre, comme l'affirme la légende[188] :Halder, Zeitzler, Guderian, par exemple : ce dernier,après son retour en grâce, s’oppose régulièrement à Hit-ler lors de scènes très violentes[189] ; de plus, il s’isole ausein même des équipes qui l'entourent à l'état-major, neprend plus ses repas avec ses principaux collaborateurs etn'assiste plus régulièrement aux briefings[190].Malgré ses déconvenues, Hitler continue d'exercer uneforte influence sur ses généraux, entre autres par sa ca-pacité à analyser en termes politiques un certain nombred’événements ayant des implications militaires, analysesque les militaires ne sont pas en mesure de formuler.C'est cette analyse politique qui constitue le socle del'admiration de nombreux militaires, même dans les mo-ments les plus critiques[191], et malgré le fait, que, jusqu’àune date avancée d'avril 1945, Hitler continue d'ordonnerperpétuellement à ses troupes, sur quelque front que cesoit, de ne pas reculer, en dépit des rapports de forcelargement en faveur de ses adversaires, ou des condi-tions de combat sur le terrain[192]. En 1944, il est devenuimpossible aux officiers allemands de remettre en causeles analyses de Hitler, y compris en avançant des argu-ments raisonnés[181] ; cette impossibilité crée les condi-tions d'un divorce entre Hitler, arcbouté sur ses ordresde ne pas céder un pouce de terrain, et les états-majors,dont les recommandations sont en général ignorées parce dernier[193] : se développe ainsi dans les organesde commandement militaire du Reich le sentiment del'incapacité de Hitler non seulement à mener le Reich, si-non vers la victoire, du moins vers la sortie du conflit[194],mais aussi à définir des objectifs stratégiques dans laconduite de la guerre[195]. Cette défiance d'une partie ducommandement à l'encontre de Hitler, secret de polichi-nelle selon un conjuré, Günther Smend, lors de ses aveux,crée les conditions de la préparation et de l'exécution d'unputsch militaire contre Hitler et la direction nazie[194].En outre, plus le conflit avance vers sa fin, plus les ordresdonnés sont irréalisables sur le terrain, ce qu’il ne constatejamais sur place : les dernières consignes militaires de dé-gagement de Berlin par quatre armées squelettiques oudotées de moyens sans commune mesure avec l'objectifaffiché constituent le dernier exemple chronologique decette tendance[192].Les premières défaites l'obsèdent, Stalingrad enpremier[190]. Dans Stalingrad investie par les troupesde l'Axe, les opérations deviennent pendant des moisun enjeu symbolique, théâtre d'un duel direct entreAdolf Hitler et Joseph Staline. Depuis Vinnitza, d'où ilsupervise personnellement les opérations[196], il s’opposedurant tout l'automne à tout retrait de la ville, déjàpartiellement investie, contre l'avis de ses généraux[196].Après une bataille urbaine acharnée, la VIe Armée deFriedrich Paulus, encerclée dans la ville, se rend, malgréla nomination de son chef au rang de Maréchal (aucunmaréchal allemand n'ayant jamais capitulé), et en dépitde l'interdiction formelle de Hitler de faire autre choseque de résister sur place. L'échec de Stalingrad, au-delà

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des erreurs tactiques et stratégiques est une conséquencede la centralisation des pouvoirs militaires, autour deHalder d'abord, autour de Hitler ensuite, Hitler que sesgénéraux ne contredisent plus, malgré ses mauvaisesestimations des rapports de force, ses ordres inadaptéset son désarroi face à une situation qui lui échappe deplus en plus[197]. De même, le refus obstiné d'évacuer laTunisie entraîne la captivité de 250 000 soldats de l'Axeen mai 1943.Très réservé sur l'offensive de Koursk — sa dernièresur le front de l'Est, et la plus grande bataille de blin-dés de l'Histoire — Hitler ne fait aucune difficulté pourl'arrêter, le 13 juillet 1943, quand, à son échec flagrant,vient s’ajouter le débarquement allié en Italie : il se voitcontraint de retirer du front de l'Est des unités envoyéesaussitôt sur d'autres théâtres d'opérations européens[198] ;ainsi, le débarquement de Sicile l'oblige à dégarnir le frontrusse et précipite le renversement de Mussolini. L’Italieest à partir de cette période, le parent pauvre des frontseuropéens, sur la foi d'une analyse de la guerre en termesde capital-espace[199] ; dans cette perspective, la fin del'année 1943 voit un renforcement de l'Europe occiden-tale, au détriment du front de l'Est[200], ce qui entraînedes tensions avec les généraux commandant sur ce théâtred'opérations : il décide de la stratégie et se préoccupe de lamoindre des répercussions tactiques de ces décisions surle terrain, malgré les demandes de Kluge et Manstein[201].Il passe ainsi la majeure partie du deuxième semestre1943 à Rastenburg, de plus en plus isolé[202].

Analyse de la situation au quartier général du Groupe d'arméesSud, Pottava, 1er juin 1942.

Pendant l’offensive d’été en Russie du Sud en 1942, Hit-ler répète l’erreur de l’année précédente en divisant ungroupe d’armée en deux, le rendant ainsi plus vulnérable.Le groupe A se dirige vers le Caucase et ses champs depétrole, le groupe B se dirige vers Stalingrad.Sceptique sur les échanges alliés décryptés par les ser-vices allemands[203] (opération Fortitude) dans la périodeprécédant le débarquement de Normandie, Hitler retardecependant l’envoi de Panzerdivisionen pour rejeter lesforces débarquées, pensant que l’opération Overlord estune diversion et que le vrai débarquement doit avoir lieuau Nord de la Seine[204] (la rumeur qui attribue la perte

de la bataille au refus de Jodl de réveiller Hitler doit êtreconsidérée comme une légende). Il ne change pas d'avisavant la fin de la bataille de Normandie. En août 1944, ilordonne au maréchal von Kluge d’effectuer une contre-attaque à Mortain pour sectionner la percée des troupesaméricaines à Avranches, dans des conditions telles quel'offensive est vouée à l'échec dès sa préparation. De plus,le lancement de l'offensive soviétique, le 22 juin 1944, gé-nère une nouvelle crise entre Hitler et ses généraux : en ef-fet, partisan de la défense statique, il ordonne la créationde 29 places fortes et la création d'un pôle de résistance enCourlande, points d'appui pour la reconquête[205] ; dansce contexte, il procède à de nombreux changements ausein des états-majors, changements démultipliés par la ré-pression de l'attentat du 20 juillet[205].De même, dans le domaine industriel, si Hitler assisteà de nombreuses présentations de matériel militaire[206],il n'en est pas moins responsable de choix désastreuxpour la conduite de la guerre. S'il donne carte blanche(ou presque) à Albert Speer[207], celui-ci doit compteravec Sauckel, compétent pour tout ce qui touche à lamain-d’œuvre, et avec l'administration dont il a la res-ponsabilité, mais qui est dirigée au quotidien par KarlOtto Saur[208]. En outre, la compétence certaine de Hit-ler en matière d'armements est limitée par son manquede vision d'ensemble[208]. Ainsi, il multiplie les erreursde choix, par exemple en privilégiant les chars lourdspeu maniables, comme le Tigre, à la différence des So-viétiques qui font le choix du T-34, plus maniable ; demême, ses hésitations sur la production d'avions à réac-tion se révèlent dommageables : le Me 262, d'abord armécomme avion de chasse, est équipé pour le bombarde-ment à l'été 1944, à la demande de Hitler, puis, toujoursà sa demande, est transformé en avion de chasse en mars1945[209].S'il est devenu évident pour tous, jusqu'au sein même deses serviteurs, que la défaite est inéluctable et que Hitlermène l'Allemagne à la catastrophe, aucune cessation descombats n'est possible tant qu'il reste en vie. Or, en Alle-magne même, Hitler exerce une lourde répression aprèsavoir survécu à l'attentat du 20 juillet 1944.

5.5 Complots du 20 juillet 1944

Articles détaillés : Attentats contre Adolf Hitler etComplot du 20 juillet 1944 contre Adolf Hitler.

Le pouvoir absolu de Hitler ne cesse de se renforcer aucours de la guerre. Ainsi en avril 1942, lors d’une céré-monie au Reichstag, il se fait donner officiellement droitde vie et de mort sur chaque citoyen allemand. Tandisque l'étoile de Göring pâlit et que son successeur dési-gné, Rudolf Hess, s’est mystérieusement enfui en Écosseen mai 1941, son secrétaire particulier Martin Bormanns’affirme de plus en plus comme une éminence grise, fil-trant les accès à Hitler, gérant ses biens et jouant un rôle

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actif dans la mise en œuvre des projets nazis en Europe.Ses victoires de 1939-1941 ont renforcé la croyance de lapopulation dans son infaillibilité, et rendu impossible latâche de ceux qui auraient voulu le renverser. Même cer-tains futurs résistants comme le pasteur Martin Niemöl-ler, les étudiants martyrs de la Rose blanche à Munich oule comte de Stauffenberg, héros de l’attentat du 20 juillet1944, ont été initialement séduits par la personne charis-matique du Führer et par ses succès[210]. Cependant, sile soutien au moins passif des masses reste pratiquementacquis jusqu’à la fin, depuis la crise des Sudètes en 1938,des individus ou des groupes isolés ont compris que seulela mort de Hitler peut encore permettre d’éviter un dé-sastre total à l’Allemagne.La « chance du diable »[Note 8] assez peu ordinaire dontbénéficie Adolf Hitler lui a permis d'échapper de peu àplusieurs tentatives d’assassinat. Mais il faut aussi comp-ter avec la difficulté d'accéder jusqu'à lui, puisqu'il seterre dans son QG prussien après 1941, son incapacitéà se tenir à des horaires réguliers et prévisibles, la fouleou la garde SS qui l'entourent, et ses précautions prises— ses déplacements de guerre sont secrets, le fond desa casquette est blindé, il porte un gilet pare-balles et sesaliments sont goûtés préalablement par son médecin —[211]. En novembre 1938 à Munich, le catholique suisseMaurice Bavaud a tenté de tirer sur lui, il sera guillotiné.Le 8 novembre 1939, lors de la commémoration annuellede son putsch manqué à la brasserie Bürgerbräukeller,Hitler échappe à un attentat orchestré par Johann GeorgElser. La bombe explose 20 minutes après le départ deHitler qui avait dû écourter son discours à cause des mau-vaises conditions climatiques l’obligeant à prendre le trainplutôt que l’avion.Au fur et à mesure que l’issue de la guerre se précisaitdans le sens d’une défaite, plusieurs gradés ont complo-té avec des civils pour éliminer Hitler. Bien que les Alliésaient exprimé le choix d’une reddition sans conditions lorsde la conférence d'Anfa, en janvier 1943, les conjurés es-pèrent renverser le régime afin de négocier un règlementpolitique du conflit. Parmi eux, l’amiral Wilhelm Cana-ris, chef de l’Abwehr (services secrets), Carl FriedrichGoerdeler, l’ancien maire de Leipzig, ou encore le généralLudwig Beck. Ce dernier, après la défaite de Stalingrad,met en marche le complot sous le nom d’opération Flash,mais la bombe placée le 13 mars 1943 dans l’avion deHitler, en visite sur le front de l’Est, n’explose pas.Le 20 juillet 1944 à 12 h 42, à la Wolfsschanze, Hitlerest blessé dans un attentat lors d’une tentative de coupd'État d’officiers organisée par Claus von Stauffenberg,qui est durement réprimée. Compromis, les maréchauxErwin Rommel et Günther von Kluge sont contraints ausuicide, tandis que l’amiral Canaris est envoyé dans uncamp de concentration où il est pendu, aux côtés du pas-teur Dietrich Bonhoeffer, en avril 1945, lorsque les Alliéss’approchent de son lieu de détention. En tout, plus de 5000 personnes sont arrêtées et assassinées au cours de la

répression. En vertu du principe totalitaire de la responsa-bilité collective, et se référant aux antiques coutumes devengeance des peuplades germaniques (Sippenhaft), Hit-ler fait envoyer les familles des conjurés dans des campsde concentration. Les conjurés, maltraités et ridiculisés,sont traînés devant le Tribunal du Peuple de Roland Freis-ler, qui les abreuve d’injures et d’humiliations au cours deparodies de justice ne sauvant même pas les apparencesélémentaires du droit, avant de les envoyer à la mort.Beaucoup périssent pendus à des crocs de boucher à laprison berlinoise de Plotzensee. Hitler fit filmer les exé-cutions pour pouvoir les visionner avec ses fidèles danssa salle privée, bien qu’il semble que les films ne furentfinalement jamais projetés.Le même jour, Hitler reçoit Mussolini en honorant tousles devoirs imposés par le protocole et dans un calmeolympien, assurant lui-même le service du thé et lui ser-vant de guide pour la visite des lieux de l'attentat[212].La réaction de la population à l'annonce de l'attentatest protéiforme : le parti organise des meetings de sou-tien, dont le succès est inégal à travers l'Allemagne[213],mais la population, globalement prudente, attend lesévènements[214].

5.6 Défaite finale et mort

5.6.1 Aux abois

Les ordres de Hitler à ses troupes deviennent de moinsen moins possibles à exécuter, compte tenu de l’écrasantesupériorité de l’Armée rouge et des Alliés. Les réunionsentre Hitler et son chef d’état-major (depuis juillet 1944)Heinz Guderian sont de plus en plus houleuses et ce der-nier finit par être renvoyé le 28 mars 1945.

« Hitler doit mourir pour que l'Allemagne vive » : graffiti sur unebaraque du camp de la mort de Buchenwald, libéré par l'arméeaméricaine, avec Hitler pendu en effigie (avril 1945).

Devant ses proches, Hitler déclare que les « armes mi-racles » vont renverser la situation (dont les V1 etV2, les premiers missiles, assemblés notamment dans

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le tunnel mortifère du camp de concentration de Dora-Mittelbau, ou encore les premiers chasseurs à réactionMesserschmitt Me 262), ou encore que, de même que sonhéros Frédéric II de Prusse avait jadis été sauvé par unretournement d’alliance in extremis, de même les Alliésarrêteront de combattre le Troisième Reich pour s’atta-quer à l’Union soviétique. En fait, depuis la conférence deCasablanca en janvier 1943, les Alliés exigent sans am-biguïté une capitulation sans condition, la dénazificationde l’Allemagne et le châtiment des criminels de guerre.Quant aux « armes nouvelles », elles auraient été toutà fait insuffisantes, et Hitler a lui-même gâché ses der-nières chances en affichant longtemps son mépris pourles « sciences juives » dont la physique nucléaire (unedes causes du retard pris par les recherches sur la bombeatomique), ou encore en exigeant, contre l’avis de tousles experts, de construire les avions à réaction commebombardiers — pour pouvoir reprendre la destruction desvilles anglaises — et non pas comme chasseurs, ce qui au-rait pu faire basculer la guerre aérienne.Dans les derniers mois du conflit, Hitler, dont la santé dé-cline rapidement, n’apparaît plus en public, ne parle plusguère à la radio, et reste la plupart du temps à Berlin.Même les Gauleiter, pour la plupart membres du parti de-puis les années 1920, sont frappés par la décrépitude phy-sique de Hitler : le 24 février, Hitler s’adresse à eux pourla dernière fois, à l'occasion du 25e anniversaire de la pu-blication du programme du parti, et Karl Wahl, Gauleiterde Souabe, est marqué par la déchéance de Hitler ; aprèsun discours jugé décevant par les participants à cette ren-contre, Hitler se lance dans un monologue qui lui fait re-prendre sa verve et son entrain[215]. C’est Joseph Goeb-bels, le chef de la propagande, par ailleurs commissaireà la défense de Berlin et responsable de la Volkssturm,qui pallie cette lacune et se charge d’exhorter les troupeset les foules. Le lien entre les Allemands et le Führer sedistend. Hitler n’a jamais visité une ville bombardée niun hôpital civil, il n’a jamais vu aucun des réfugiés quifuient l’avancée de l’Armée rouge par millions à partir dejanvier 1945, il ne se rend plus de longue date au chevetde soldats blessés, et a cessé depuis fin 1941 de prendreses repas avec ses officiers ou ses soldats. Sa glissade horsdu réel s’accentue.À la suite de l'offensive d'hiver soviétique, en janvier1945, Hitler se désintéresse du sort des Allemands ha-bitant dans les régions menacées par la poussée sovié-tique et ordonne à la fois l'évacuation de la populationcivile, de tout ce qui peut être évacué, ainsi que la des-truction systématique de ce qui ne peut être envoyé versl'Ouest[216]. Il connaît des crises de fureur à chaque an-nonce d'effondrement des lignes de défense à l'Est : ain-si, l'abandon de Varsovie par Harpe, malgré des ordresstricts, entraîne son remplacement par Ferdinand Schör-ner dans un accès de fureur, à l'image du remplacementde Rheinardt par Rendulic, compétent, mais impuissantface aux moyens déployés par les Soviétiques. D'autresgénéraux, comme Friedrich Hossbach, sont simplement

Officier nazi de la Volkssturm suicidé auprès d'un portrait lacérédu Führer, printemps 1945.

limogés pour n'avoir pas été en mesure de parvenir auxobjectifs qui leur avaient été assignés (dans son cas, la re-conquête de Varsovie)[217]. Avec Joseph Goebbels, il pré-sente à travers la presse l'affrontement comme une ver-sion moderne des guerres puniques, une guerre de la ci-vilisation européenne contre une invasion barbare, qui se-ra gagnée grâce à un effort suprême par la nation et seschefs. Dans la même ligne, le Völkischer Beobachter ex-plique à ses lecteurs la nature du conflit en cours en insis-tant sur le poids des unités mongoles au sein de l'Arméerouge[218].À partir de janvier 1945, devant le refus systématique es-suyé à chaque demande de retraite de leurs unités, desofficiers de plus en plus nombreux dissimulent certainsmouvements de troupes à Hitler : ainsi, le 17 janvier1945, dans le contexte dramatique de l'offensive d'hiversoviétique, le général Burgdorf, aide de camp de Hit-ler pour la Wehrmacht, est soupçonné par certains gé-néraux commandant sur le Front de l'Est, de cacher àHitler la gravité de la situation militaire allemande enPologne[219]. De même, à partir du 20 janvier, l'ordre deretraite ayant enfin été donné, le général Rheinhardt char-gé de la défense de la Prusse Orientale, ne rend compte nià Koch, Gauleiter de Prusse Orientale, ni, par conséquentà Hitler (qui en aurait été informé par Koch), pendantquelques jours, de la retraite allemande et de l'abandonde positions directement menacées par l'Armée Rougedans la région de Lötzen, malgré les ordres stricts de Hit-ler et de son état-major le plus proche[220]. Ces autori-sations de retraite trop tardives contribuent à amplifierle désastre en cours et rendent chaque repli encore plusproblématique[221]. De même, Keitel et Jodl n'informentHitler ni de la vanité des efforts destinés à constituer la12e armée, ni de l'ensemble des manœuvres ordonnéesaux unités qui composent cette armée en vue de dégagerla ville de Berlin, ni de l'échec de la tentative de FelixSteiner de dégager Berlin par le Nord[222].Au début du mois d'avril 1945, il continue de s’opposer,entouré de ses proches conseillers, à toute manœuvre de

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5.6 Défaite finale et mort 33

raccourcissement du front de l'Oder, et balaie toutes lesobjections que lui présente Gotthard Heinrici, comman-dant de l'armée chargée de défendre Berlin, en insistantsur le rôle que doit jouer le commandant : insuffler foiet confiance aux unités placées sous ses ordres, tout en luiconstituant des réserves de soldats inexpérimentés, puisésdans la SS, la Luftwaffe et la marine[223].De plus, convaincu que le peuple allemand ne mérite pasde lui survivre puisqu’il ne s’est pas montré le plus fort,Hitler ordonne le 19 mars 1945 une politique de terrebrûlée d’une ampleur inégalée, incluant la destruction desindustries, des installations militaires, des magasins et desmoyens de transport et de communication, mais aussi desstations thermiques et électriques, des stations d’épura-tion, et de tout ce qui est indispensable à la survie élé-mentaire de ses concitoyens. Cet ordre ne sera pas respec-té. Albert Speer, ministre de l’armement et architecte duReich, a prétendu devant le tribunal de Nuremberg qu’ilavait pris les mesures nécessaires pour que les directivesde Hitler ne soient pas accomplies par les gauleiters. Cetordre est en réalité l'aboutissement de consignes donnéesdepuis 1943 : dès le 14 février 1943, il ordonne la des-truction de tout ce qui peut être utile à l'ennemi, ainsi quel'évacuation forcée de la population, dans les territoiresabandonnés par les troupes allemandes en repli, ordre re-pris en octobre lors de l'évacuation de la tête de pont duKouban. Le 16 octobre 1944, alors que le territoire duReich est directement menacé, Hitler ordonne de trans-former chaque maison de chaque village en forteresse,destinée à être défendue jusqu'à son effondrement[224].Au mois de mars, rendu furieux par l'échec de l'offensiveen Hongrie, il ordonne à la Leibstandarte de retirer lebrassard à son nom, que portent les hommes de cettedivision[225].En avril 1945, le Reich est aux abois : le Rhin est fran-chi par les Occidentaux le 23 mars, les villes sont ma-traquées par des bombardements quotidiens, les réfugiésfuient en masse de l’Est, les Soviétiques s’approchent deVienne et de Berlin. Dans les rues de ces deux villes, lesSS pendront encore en public ceux qui parlent de cesserun combat sans espoir. Sur des cadavres de civils pendusà des lampadaires, des pancartes précisent par exemple :« Je pends ici parce que j’ai douté de mon Führer », ou« Je pends ici parce que je suis un traître ». Les dernièresimages de Hitler filmées, en pleine bataille de Berlin, lemontrent décorant ses derniers défenseurs : des enfants etdes préadolescents.

5.6.2 Dix derniers jours

Article détaillé : Derniers jours d'Adolf Hitler.Le 20 avril, les hauts dirigeants nazis viennent une der-

nière fois saluer hâtivement leur maître pour son anni-versaire, avant de tous s’enfuir précipitamment loin deBerlin, attaquée par l'Armée Rouge. Le même jour, il vi-site l'exposition présentant les derniers modèles d'armes,

Le Stars and Stripes, journal de l'armée américaine, annonçantla mort de Hitler.

organisée dans la cour de la chancellerie du Reich[226]

et ordonne que du matériel, stocké dans des wagonsde chemins de fer, soit déchargé et donné aux unitéscombattantes[226].Terré au fond de son Führerbunker, Hitler refuse de partirpour la Bavière et choisit de rester à Berlin pour mieuxmettre en scène sa mort. Au cours de séances quoti-diennes de plus en plus orageuses, tandis qu'au-dehors laplus grande bataille de la guerre fait rage, il continue à or-donner d'impossibles manœuvres pour délivrer la capitalevite encerclée, notamment à Felix Steiner, commandantd'un corps de Panzer et à Walther Wenck, commandantde la 12e armée[222]. Le 22 avril, comprenant la vanité deces tentatives, il entre dans l'une de ses plus terribles co-lères, avant de s’effondrer en reconnaissant enfin pour lapremière fois que « la guerre est perdue » (Der Krieg istverloren). La décision de rester définitivement à Berlin etde se suicider est prise dans les jours suivants[227].Le 23, Albert Speer revient en avion dans Berlin assailliepour refaire ses adieux à Hitler. Il lui avoue avoir saboté lapolitique de la terre brûlée, sans que le dictateur réagisse,et s’en va en n’ayant obtenu qu'une molle poignée de mainde son idole. Les dernières crises internes du régime ontlieu quand au soir du 25, Hermann Göring, toujours no-minalement héritier de Hitler, lui envoie, sur la foi de cequi lui avait été rapporté de la crise de désespoir du 22avril[228], un télégramme de Bavière (où il se trouve) lui

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demandant s’il peut prendre la direction du Reich confor-mément aux dispositions de 1941. Persuadé par Bormannd'y voir à tort un ultimatum et un coup de force du Reichs-marschall, Hitler, furieux, destitue Göring et le fait placersous la surveillance des SS au Berghof[228].Sa fureur redouble le 27 quand la radio alliée lui apprendque son fidèle Himmler a tenté à son insu de négocieravec les Occidentaux. Cependant, certaines recherchesrécentes émettent l’hypothèse que Himmler aurait négo-cié avec les Alliés sur ordre de Hitler lui-même[229]. Il faitfusiller dans les jardins de la chancellerie le beau-frèred’Eva Braun, le dirigeant SS Hermann Fegelein, agent deliaison de Himmler. Selon Kershaw, la mort de Fegeleinserait en réalité un substitut au sort destiné à Himmlersi ce dernier était tombé en son pouvoir[230]. En réali-té, comme Göring, Himmler a été informé de l'accès dedésespoir du 22 avril, et comme ce dernier, il en a déduitqu'il disposait des mains libres pour ses négociations avecles alliés occidentaux[230]. Ce calcul entraîne son exclu-sion immédiate du NSDAP et son arrestation, son rapa-triement à Berlin, prélude à sa condamnation à mort[230].Le 28 avril, dans un accès de rage, il limoge le généralHeinrici, qui venait de refuser d'exécuter une consigneimpossible à accomplir, donnée par Keitel et Jodl[231].Dans la nuit du 29 avril, après avoir épousé Eva Braun,Hitler dicte à sa secrétaire Traudl Junge un testament pri-vé puis un testament politique, exercice d'autojustificationoù il nie sa responsabilité dans le déclenchement de laguerre. Curieusement, le texte ne dit mot du bolchévisme,au moment même où les Soviétiques s’emparent de Ber-lin. En revanche, l'obsession antisémite de Hitler y ap-paraît toujours intacte. Il rappelle l'exclusion de Himm-ler et de Göring du NSDAP, écarte Speer, Ribbentropet Keitel, récompense les partisans de la lutte acharnéeque sont Goebbels, Bormann, Giesler, Hanke, Saur (en)et Schörner, nommant le premier à la Chancellerie, lesautres à des postes ministériels et Schörner commandanten chef de la Wehrmacht, puis confie la tête de ce quireste du Reich à l'amiral Karl Dönitz[230].Le 30 avril, vers quinze heures trente, alors que l’Arméerouge n’est plus qu’à quelques centaines de mètres du bun-ker, Adolf Hitler se suicide en compagnie d’Eva Braun.Hitler se donne la mort d’une balle dans la bouche. Onretrouvera son pistolet à ses pieds. Une affirmation fré-quente précise qu’il aurait mordu la capsule juste avant oupresque en même temps qu’il se serait tiré une balle dansla tempe[232], mais Ian Kershaw affirme qu’il est impos-sible de tirer juste après avoir mordu un tel poison et quele corps de Hitler n’ayant pas dégagé l’odeur d’amandeamère caractéristique de l’acide prussique et constatéesur celui d’Eva Braun, il faut conclure à la mort par balleseule ; de nombreuses autres thèses circulent, impliquantparfois qu’un tiers ait tiré la balle, mais elles sont consi-dérées comme fantaisistes.Pour ne pas voir son cadavre emporté en trophée par l’en-nemi (Mussolini a été fusillé le 28 par les partisans italiens

et son corps pendu par les pieds devant la foule à Milan),Hitler a donné l’ordre de l’incinérer. C’est aussitôt chosefaite par son chauffeur Erich Kempka et son aide de campOtto Günsche, qui brûlent le corps d'Hitler et celui d'EvaBraun dans un cratère de bombe près du bunker. La pluied’obus soviétiques labourant Berlin a presque certaine-ment détruit l’essentiel des deux corps.

Découverte du camp de Dachau, 29 avril 1945.

Refusant de survivre à son maître malgré ses ordres, etconsidérant qu’il n’y a plus de vie imaginable dans unmonde sans national-socialisme, Goebbels se suicide lelendemain avec sa femme Magda, après que cette der-nière a empoisonné leurs six enfants. Ce même 1er maià 22 h 26, la radio sur ordre de Karl Dönitz diffusele communiqué : « Le QG du Führer annonce que cetaprès-midi, notre Führer Adolf Hitler est tombé à sonposte de commandement dans la chancellerie du Reichen combattant jusqu'à son dernier souffle contre le bol-chévisme »[233]. Le 2 mai, après avoir signé la capitu-lation de Berlin, le général Weidling rétablit la véritéau micro et accuse Adolf Hitler d’avoir abandonné « enplan » (im Stich) soldats et civils. Dans les villes ruinéesou sur les routes, la masse des Allemands d’abord sou-cieuse de survie restera plutôt indifférente à la fin deHitler[234]. Le 4 mai, la 2e DB du général Leclerc s’em-pare symboliquement du Berghof, la résidence du Führerà Berchtesgaden. Le 8 mai 1945, le Troisième Reich ca-pitule sans condition. Au même moment, l’ouverture descamps de concentration révèle définitivement l’ampleurde l’œuvre de mort hitlérienne. « La guerre de Hitler étaitfinie. Le traumatisme moral, qui était l’œuvre de Hitler,ne faisait que commencer » — Ian Kershaw.

5.6.3 Découverte du corps et rumeurs de fuite

Nombre de rumeurs ont circulé sur la possibilité que Hit-ler ait survécu à la fin de la guerre. Le FBI a mené desenquêtes en ce sens jusqu’en 1956 sur des pistes plusou moins sérieuses. Mais dès la chute de Berlin, l’unitédes services secrets soviétiques chargée de trouver Hit-ler, le SMERSH, estimait avoir récupéré une grande par-

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5.6 Défaite finale et mort 35

tie du corps. Le 2 mai 1945, averti du suicide de Hitler,le SMERSH boucle le jardin de la chancellerie et le Füh-rerbunker. Le personnel encore présent est arrêté puis in-terrogé, Staline étant tenu au courant par un général duNKVD au moyen d’une ligne codée directe[235].Le 5 mai, Ivan Churakov du 79e corps d’infanterie, au-quel le SMERSH est rattaché, découvre le corps de Hit-ler près de celui d’Eva Braun, dans un cratère d’obus situédans le jardin de la chancellerie. Conformément aux vo-lontés du Führer, leurs dépouilles ont été brûlées et sontméconnaissables[235]. Le 11 mai, les témoignages concor-dants de l’assistante du dentiste de Hitler, Hugo Blaschke,et de son technicien, confirment l’identité du corps. Ladentition supérieure de Hitler comporte en effet un bridgerécent. Dans un premier temps, Staline impose le silencesur la découverte, allant même jusqu’à réprimander Jou-kov pour avoir échoué à retrouver Hitler, tandis que laPravda qualifie les rumeurs de découverte de « provoca-tion fasciste ». Les Soviétiques lancent d’autres rumeurs,affirmant notamment que Hitler se cacherait en Bavière,zone sous contrôle de l’armée américaine, accusant impli-citement cette dernière de complicité avec les Nazis[235].En juin 1946, les derniers témoins du Führerbunker, dé-tenus par le NKVD, sont amenés sur les lieux du suicide.Dans le jardin de la chancellerie, ils indiquent l’endroitoù ils ont brûlé puis enterré les corps des époux Hitler.L’emplacement correspond à l’exhumation réalisée par leSMERSH un an plus tôt. De nouvelles fouilles sont en-treprises et quatre fragments de crâne sont mis au jour.Le plus grand est transpercé d’une balle. L’autopsie réa-lisée fin 1945 sur le corps masculin découvert au mêmeendroit se trouve en partie confirmée : les médecins y no-taient en effet l’absence d’une pièce du crâne, celle quidevait permettre de conclure que Hitler s’est suicidé pararme à feu.Les restes d’Adolf Hitler sont alors enterrés dans le plusgrand secret, avec ceux d’Eva Braun, de Joseph et MagdaGoebbels et de leurs six enfants, du général Hans Krebset des deux chiens de Hitler, dans une tombe près deRathenow à Brandenburg[236].En 1970, le KGB doit restituer au gouvernementd’Allemagne de l’Est les lieux qu’il occupe à Brandenburg.Craignant que l’existence de la tombe de Hitler ne soit ré-vélée et que le site ne devienne alors un lieu de pèlerinagenéo-nazi, Youri Andropov, chef du KGB, donne son au-torisation pour que soient détruits les restes du dictateuret les neuf autres dépouilles[237],[238]. Le 4 avril 1970, uneéquipe du KGB se charge de la crémation des dix corps, etdisperse secrètement les cendres dans l’Elbe, à proximitéimmédiate de Rathenow[239]. Mais le crâne et les dents deHitler, conservés dans les archives moscovites, échappentà la crémation. On n’en apprend l’existence qu’après ladissolution de l’URSS (1991). Le 26 avril 2000, la partiesupérieure du crâne attribué au dictateur devient l’une descuriosités de l’exposition organisée par le Service fédéraldes archives russes, marquant le cinquante-cinquième an-niversaire de la fin de la guerre.

Mais, en 2009, à la demande de la chaîne de télévisionHistory qui réalise un documentaire intitulé Hitler’s Es-cape, qui traite de l’hypothèse de la fuite du dictateur,l’Américain Nick Bellantoni découvre que le crâne quel’on attribuait à Hitler est en réalité celui d’une jeunefemme. Des tests ADN réalisés aux États-Unis sur leséchantillons ramenés par l’archéologue confirment sesdires[240]. Selon Nick Bellantoni, le crâne ne serait pasnon plus celui d’Eva Braun. Les témoignages affirmentqu’elle se serait suicidée au cyanure et non par arme à feu.Ce coup de théâtre relance les théories affirmant que Hit-ler a pu survivre à la chute du Reich. L’historien AntonyBeevor regrette ces polémiques, qu’il juge sensationna-listes, rappelant que la dentition, avec son bridge carac-téristique, a été formellement reconnue en mai 1945 parKäthe Heusermann, assistante du dentiste de Hitler[235],et son technicien Fritz Echtmann, arrêtés par les Russes.Mais les archives dentaires de Hitler ayant été détruitessur ordre de Martin Bormann en 1944, donc antérieure-ment aux investigations russes, le témoignage d’Heuser-mann n’est basé que sur sa mémoire, comme le soulignele journaliste britannique Gerrard Williams, qui rappellequ’il n’existe à ce jour aucune expertise médico-légale at-testant qu’il s’agisse bien des dents de Hitler[241].Ces théories de la fuite du Führer restent peu crédibles,se heurtant aux témoignages (parfois contradictoires) desdernières heures, qui concluent à la mort du dictateur na-zi. En 2009, Rochus Misch l'ancien garde du corps de Hit-ler, qui était avec Günther Schwägermann l'un des deuxderniers survivants du bunker, réaffirme avoir vu les corpssans vie de Hitler et d’Eva Braun[242].

5.6.4 Réactions des Allemands à l'annonce de sonsuicide

L'annonce, le 1er mai 1945, du suicide de Hitler ne causepas de grandes réactions dans le Reich, largement rui-né par les bombardements, les combats meurtriers et deplus en plus occupé par les armées alliées[243]. Pour lamajorité de la population, occupée à tenter de survivre,comme pour les soldats engagés dans les combats, lesuicide d'Hitler n'entraîne qu'indifférence et apathie[244] ;néanmoins, le sort des Allemands au mois de mai 1945pousse certains à exprimer leur rejet du personnage[245].Parmi les soldats, certains, minoritaires, lui rendent unhommage rapide, tandis que les autres restent indifférentsà la nouvelle[246].Parmi les responsables du Reich, civils ou militaires,les sentiments sont partagés : Schörner, commandant dugroupe d'armées Centre, déployé en Bohême et nazi fa-natique, décrit, dans son ordre du jour du 3 mai, Hitlercomme un martyr du combat contre le bolchevisme, tan-dis que Georg-Hans Reinhardt, ancien commandant de cemême groupe d'armées, semblait s’attendre à ce dénoue-ment depuis quelques semaines[246]. Son successeur à laprésidence, Karl Dönitz, attend soigneusement d'obtenirconfirmation de la mort du dictateur pour amorcer les né-

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36 6 CULTE DE LA PERSONNALITÉ ET DÉNIGREMENT

gociations de reddition[247]. Mais Dönitz n'est pas le seulresponsable nazi auquel la mort de Hitler ouvre des pers-pectives : Himmler, dépouillé de ses pouvoirs par Hitlerdans une crise de rage à la fin du mois d'avril, s’imaginerentré en grâce du nouveau pouvoir, mais est rapidementéconduit par Dönitz[248].Le suicide de Hitler, présenté à la population comme unefin héroïque, préférable à une reddition[249], entraîne dansle Reich une vague de suicides aussi bien parmi les di-rigeants du régime que parmi les citoyens ordinaires :en particulier, huit Gauleiters, sept chefs suprêmes de lapolice et des SS, soixante-dix-huit généraux et amirauxse suicident au début du mois de mai[250]. Le suicide leplus significatif est celui de Goebbels, pour qui la vie n'aplus aucun sens après la mort de Hitler et la défaite duReich[250].

6 Culte de la personnalité et déni-grement

6.1 Une mise en scène savamment organi-sée

Dès 1921, la mise en scène du NSDAP laisse une placecertaine au Führer, guide du parti et du peuple. Organi-sé autour de l'idée que le Führer est le grand dirigeantappelé à mener à bien la réalisation du destin allemand,le NSDAP devient rapidement le parti de Hitler. En ef-fet, lors des meetings, tout tourne autour de Hitler, quel'on attend, puis qui suscite non seulement l'enthousiasme,mais aussi l'hystérie des foules chauffées à blanc par delongues attentes du sauveur[251]. Aussitôt clos le scrutindu 5 mars 1933, le ministère de la propagande est confiéà Joseph Goebbels, chargé de la propagande au sein duparti nazi depuis 1929[252]. Dès les premiers jours de sonaction, le ministère de la propagande structure son actionautour de la construction du mythe du Führer, faisant deHitler l'homme fort devant relever l'Allemagne[253]. Ain-si, laissant accroire que toutes les actions de Hitler étaientguidées par la volonté de faire tout ce qui était bon pourson peuple, Goebbels développe l'idée que la contrepartiede cette action est l'obéissance absolue au Führer et à sesmandataires[254]. Dès juillet 1933, la personne du Füh-rer devient omniprésente dans l'appareil d'État allemand,dans les écoles, dans la vie quotidienne : obligatoire dansle parti depuis 1926, le salut hitlérien est étendu aux fonc-tionnaires et aux enseignants en juillet 1933[255].À partir de 1933, cependant, la tâche des organisationsse réclamant de Hitler devient moins évidente : au dé-part organisé dans une perspective de conquête du pou-voir, le parti doit « servir le Führer » et lui être totalementsoumis[256].L'une des préoccupations de Hitler, arrivé à la chancelle-rie à la tête d'un mouvement politique se réclamant d'uneforme de socialisme[257], est de se présenter, et de se

faire représenter comme issu de la classe des travailleurs :comme il le martèle lui-même en 1933 lors d'un dis-cours à l'usine Siemens, comme le rappelle un opusculede propagande publié en 1935[258], Hitler, le chancelierdu peuple, l'ouvrier au service du Reich[259] a été « ouvrierdu bâtiment, artiste et étudiant »[259]. Formellement, il serapproche du peuple allemand : il s’adresse à une foulevenue l'écouter en employant la forme familière plurielledu Ihr, il affecte la pauvreté personnelle et la modestie : ilne dispose ni de compte bancaire, ni d'actions, il s’assoità la droite de son chauffeur, ses fonctions de chancelierl'obligent à évoluer dans des cadres grandioses, comme lanouvelle chancellerie du Reich, s’excuse-t-il en recevantles ouvriers des équipes de construction du bâtiment, touten précisant qu'il vit modestement en privé[259].

6.2 Propagande de guerre

Dès le déclenchement du conflit mondial en 1939, Hitlerconstitue un sujet de choix pour la propagande. Présen-té comme le conquérant successeur de Bismarck ou deschevaliers teutoniques par la propagande de Goebbels,il fait l'objet de multiples attaques de la part de la pro-pagande alliée, qu'elle soit française, durant la Drôle deguerre, ou à Londres, anglo-saxonne ou soviétique.

6.2.1 Propagande allemande

Article détaillé : Propagande nazie.

La propagande, animée par Goebbels, doit tenir comptede la volonté de rareté des apparitions de Hitler au fildu conflit. En effet, si l'Anschluss, les Sudètes ont étél'occasion d'apparitions de Hitler en Allemagne, cettepropagande doit, à partir de 1941, composer avec la répu-gnance de Hitler à se montrer en public et son retranche-ment au sein de son état-major et de son cercle d'intimes.Le dictateur utilise divers vecteurs pour s’exprimer à des-tination de tout ou partie de la population : journaux, pro-clamations, ordres du jour, radio. Au cours du conflit,il écrit peu dans la presse, plutôt utilisée par Goebbels,s’adresse aux Allemands par le biais de la radio et à sessoldats par le biais des ordres du jour.Durant tout le conflit, cependant, Hitler continue des’adresser à la population allemande à l'occasion des datesanniversaires marquantes du national-socialisme : le 30janvier, date anniversaire de sa nomination au poste dechancelier, le 9 novembre, anniversaire du Putsch de1923, et à certaines occasions, soit habituelles, comme le31 décembre, ou à l'occasion d’événements importants,comme après le débarquement allié près de Naples le 9septembre 1943[260], ou le 20 juillet 1944[261]. Cepen-dant, la propagande exploite abondamment la figure duFührer hors d'Allemagne. Ainsi, en France, la premièremention du nom de Hitler date de 1941[262].De plus, à partir de 1942, date des premières difficultés de

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37

recrutement de la Wehrmacht, la figure de Hitler, défen-seur de l'Europe menacée par les Bolcheviks et les Juifs,commence à être mise en avant.À partir de 1944, la propagande de Goebbels doit affron-ter la défiance dans la population allemande vis-à-vis deHitler. En effet, les éditoriaux du ministre de la Propa-gande dans le journal Das Reich, ainsi que le discours dunouvel an du Führer soulèvent de plus en plus de scepti-cisme au sein de la population : les réactions de la popu-lation de Stuttgart à l'article de Goebbels du 31 décembre1944, connues par un rapport du service de renseigne-ments de la SS sont plus que mauvaises, le rapport mettanten avant le sentiment que Hitler est, aux yeux de la popu-lation, l'un des principaux responsables du conflit[263].

6.2.2 Propagande alliée

Affiche américaine ridiculisant Hitler.

À partir de la déclaration de guerre, les Alliés déve-loppent contre le Führer, principal dirigeant du IIIe Reich,différentes approches en matière de propagande. La pro-pagande alliée a beaucoup utilisé le ridicule contre Hitler,détournant ses poses habituelles, le présentant comme unpersonnage manipulateur. À partir de 1944, il est éga-lement présenté comme un monstre. Ainsi Pierre Dacridiculise abondamment Hitler, dans un premier tempsdans l'Os à Moelle, brocardant notamment les célébra-tions de l'anniversaire du Führer dans un échange de té-légrammes avec Mussolini[264], puis à Londres à partird'octobre 1943, par exemple, en mettant en avant leschoix militaires désastreux de Hitler dans une petite re-

Pelote à épingles représentant Hitler, États-Unis, vers 1941.

cette culinaire pratique, Le Soufflé Intuitif, à la Manièredu Père Adolf, extraite du Manuel de Cuisine Stratégiquede Berchtesgaden[265], dans des chansons reprenant des ri-tournelles très connues en France avant la guerre[266]. Lesvolte-face de la Hongrie et l'attentat de Rastenburg four-nissent aussi au chansonnier l'occasion de ridiculiser lessoutiens de Hitler : des dirigeants d'États satellites de plusen plus dubitatifs, tancés par Hitler qui croit toujours enla victoire finale[267].Après la fin de la guerre (après le suicide de Hitler),lorsque, reporter de guerre, Pierre Dac se rend en mai etjuillet 1945 en Allemagne et en Autriche occupée par lesAlliés, il ridiculise la propension de certains Allemands,des membres de la famille d'Eva Braun, par exemple, àne pas s’étendre sur les liens qu'ils ont entretenus avecHitler[268].

7 Conceptions historiques et artis-tiques

Hitler se montre intéressé par les civilisations antiques quiont laissé des ruines en abondance : à ses yeux les formesd'art monumental antique garantissent à leurs concep-teurs une sorte d'éternité[269]. Ainsi, l’architecture étaitprobablement la plus grande passion de Hitler. S’il se vou-lait un artiste, il n'avait pas de sensibilité aux courants ar-

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38 7 CONCEPTIONS HISTORIQUES ET ARTISTIQUES

tistiques qui lui étaient contemporains. À Vienne commeà Munich, foyers actifs de l’art moderne, il ne s’intéres-sait pas aux avant-gardes, réservant son admiration auxmonuments néo-classiques du XIXe siècle.

7.1 Des rapports complexes avec l'Histoire

Hitler s’est rapidement intéressé à l'Histoire. Ayant fré-quenté l'école dans les années 1890-1900, il en a reti-ré une vision héroïque, basée sur l'apprentissage de lavie et de la geste des « grands hommes » et un fort in-térêt pour l'Antiquité[270]. Durant ses années viennoises,aux dires de ceux qui l'ont côtoyé, il se passionne pourl'Antiquité, lisant des livres par dizaines sur le sujet, ain-si que des traductions des auteurs grecs et romains[270].Chancelier, il définit le 23 mars 1933 dans un discoursau Reichstag (qui ne fit que développer des conceptionsexposées dans Mein Kampf) les grandes orientations dece que doivent être les programmes d'Histoire dans lesécoles du Reich, rapidement traduites par Frick en circu-laires d'application : l'Histoire doit proposer aux élèves unPanthéon des Grands hommes et de leurs actions[271].

7.1.1 Conception de l'Histoire

Aux yeux de Hitler, l'histoire de l'Humanité, par-delàles évènements, est avant tout l'histoire de la lutte desraces[272]. Plusieurs présupposés président au raisonne-ment qui aboutit à cette conclusion : tout d'abord, il existedes races humaines, croyance largement admise au dé-but du XXe siècle, ensuite ces races ont sans cesse com-battu pour le contrôle d'un territoire et pour leur sur-vie, enfin, dans cette lutte, l'arme la plus sournoise quepeut employer une race contre une autre est le mélangedes sangs[273]. Ainsi, la pureté raciale constitue aux yeuxde Hitler le meilleur rempart contre l'influence de l'Asie,c'est-à-dire des peuples asiatiques, influence qu'il juge né-faste, et dont le Judéo-bolchevisme constitue le dernieravatar et, à ses yeux le plus dangereux[274].Pour Hitler, une gigantomachie oppose la race aryenneindo-germanique au Juif, au Méditerranéen en général, àl'Est éternel[275].

7.1.2 L'Histoire universelle selon Hitler

Selon Hitler, toute civilisation vient du Nord, berceaud'origine des Aryens[276]. Ainsi, à de nombreuses re-prises, il développe l'idée que les Grecs et les Égyptienssont issus du Nord : en effet, il conteste la thèse del'arriération des Germains et justifie leur retard de déve-loppement, par rapport à Athènes et Rome, par la duretédu climat nordique[277] ; il situe ainsi le Lebensraum desGermains des Grandes Invasions, non vers l'est, mais versle sud[278]. Appuyé sur Tacite, il décrit en termes péjora-tifs la Germanie des origines[279].

Ainsi, Hitler a tendance à trouver ridicule la germano-manie de Himmler et de la SS et ne se prive pas de lefaire savoir à ses convives[280] : il reprend ainsi les pré-jugés les plus humiliants contre les Germains, magnifiéspar Himmler[281]. En effet, Hitler apprécie plus que toutl'Antiquité grecque et romaine : à ses yeux, ce sont les Ro-mains qui ont fait de la Germanie ce qu'elle est devenue :Arminius est certes célébré, mais Hitler rappelle son pas-sage dans les légions romaines, qui fait de lui un intermé-diaire culturel entre Rome et la Germanie[282]. Cette fas-cination pour l'Empire romain est autant fascination pourla puissance que fascination pour les signes matériels decette puissance[283] : Rome a ainsi non seulement conquisun empire, mais aussi laissé de nombreux indices et tracesde son rayonnement impérial, traces permises avant toutpar le développement de l'État, autorisé seulement par laprésence d'Aryens au sein de ceux qui mettent en place etorganisent cet État[284]. Mais Rome a aussi fourni un mo-dèle à Hitler, celui de l'expansion militaire, tout d'abordpar l'organisation d'une intendance, comme il le rappellele 25 avril 1942 devant ses invités[285], ensuite par le souciconstant des généraux romains aussi bien du choix des ar-mements que de connaître l'état d'esprit de leurs troupes,pour être à même, comme César, de l'utiliser au profit deleurs entreprises ; de l'histoire militaire romaine, Hitlera surtout retenu une philosophie de l'usage de la force :lorsque celle-ci s’avère nécessaire, son usage doit être to-tal, pour frapper de manière la plus efficace possible lescapacités de résistance de l'adversaire[286].Non content d'y trouver un modèle[287] dans l'expansionmilitaire, Hitler y voit aussi un modèle de gestion des ter-ritoires conquis par une élite combattante germanique :à ses yeux, c'est parce que le noyau racial romain étaithomogène que les Romains ont pu conquérir, d'abord leLatium, puis, alliés, dans le cadre d'une union maintenuepar la force, avec des peuples racialement voisins, l'Italie,et enfin, le pourtour méditerranéen[288]. Hitler lie aussila pérennité de l'Empire romain, et de sa culture, à sesroutes, le premier construisant les secondes, les secondesstructurant le premier[289]. Dès les années 1930, une ana-logie est faite par les constructeurs des autoroutes naziesentre les voies romaines et les autoroutes du Reich[290],prélude à l'essor territorial du Reich millénaire[291]. Hitlerdéfinit le rôle de ces routes, dans le cadre de la conquêteet de la préservation du Reich, dans le cadre de leur uti-lisation militaire[291]. Mais Rome est aussi modèle carl'Empire romain disposait selon lui d'une vocation univer-selle, irréalisable, que n'avait pas, même au pic de puis-sance le plus haut, atteint le IIIe Reich : modèle, l'Empireromain, à vocation unificatrice doit avoir son pendant, leReich conquérant, unifié racialement[292]. Ce projet im-périal romain, défini comme impossible à réaliser, consti-tue aux yeux de Hitler une manière d'ancrer dans la réalitéson propre projet, lui donne de la crédibilité[292].Mais l'attraction romaine opère aussi dans les rapportsentretenus par Hitler avec l'Italie contemporaine, fas-ciste. Ainsi, par rapport à Mussolini, qui professe au dé-

Page 39: Adolf Hitler

7.2 L'art selon Hitler 39

but du IIIe Reich un souverain mépris pour le racismehitlérien[293], Hitler développe un concept d'infériorité,lorsqu'il compare le passé de l'Italie romaine et celui de laGermanie antique : il tente donc de favoriser l'annexiondes Romains et des Grecs à sa conception de la race indo-germanique, pour glorifier une supposée parenté com-mune entre Rome et la Germanie[294].

7.2 L'art selon Hitler

De ces conceptions historiques découlent des considéra-tions artistiques très précisément définies.

7.2.1 Des goûts très marqués

Dès son arrivée au pouvoir, il disperse les avant-gardes ar-tistiques et culturelles, fait brûler de nombreuses œuvresdes avant-gardes et contraint des milliers d’artistes à s’exi-ler. Ceux qui demeurent se voient souvent interdire depeindre ou d’écrire, et sont placés sous surveillance po-licière. En 1937, Hitler fait circuler à travers toute l’Al-lemagne une exposition d’« art dégénéré » visant à tour-ner en dérision ce qu’il qualifie de « gribouillages juifset cosmopolites ». Il encourage un « art nazi » conformeaux canons esthétiques et idéologiques du pouvoir au tra-vers des œuvres de son sculpteur préféré Arno Breker, deLeni Riefenstahl au cinéma, ou de Albert Speer, son seulconfident personnel, en architecture. Relevant souvent dela propagande monumentale, comme le stade destiné auxJeux olympiques de Berlin (1936), ces œuvres au styletrès néo-classique développent aussi souvent l’exaltationde corps « sains », virils et « aryens ».

7.2.2 Rêves d’architecte

Albert Speer et Adolf Hitler au Berghof en 1938.

L’une des obsessions de Hitler était la transformationcomplète de Berlin. Dès son accession au pouvoir, il tra-vaille sur des plans d’urbanisme avec son architecte Al-bert Speer. Il était ainsi prévu une série de grands tra-vaux monumentaux à l’ambition démesurée, d’inspiration

Buste de Hitler réalisé par Arno Breker en 1938.

néo-classique, en vue de réaliser le « nouveau Berlin » ouWelthauptstadt Germania. La guerre contrariera ces pro-jets, et seule la nouvelle chancellerie, inaugurée en 1939,fut achevée. La coupole du nouveau Palais du Reichstagaurait été 13 fois plus grande que celle de la basiliqueSaint-Pierre de Rome, l’avenue triomphale deux fois pluslarge que les Champs-Élysées et l’arche triomphale auraitpu contenir dans son ouverture l’arc de triomphe parisien(40 m de haut). Le biographe de Speer, Joachim Fest,discerne à travers ces projets mégalomanes une « archi-tecture de mort[295] ».Hitler exige, pour les constructions dont il ordonne la réa-lisation, l'utilisation des matériaux les plus nobles, sug-gérant à ses architectes de passer outre les réserves duministre des finances, Lutz Schwerin von Krosigk[296].Voulant léguer des constructions (et leurs ruines, sur lemodèle des ruines romaines) plus que les penser pour unusage contemporain, Hitler, malgré les réserves de sonentourage[297], est enthousiasmé par la théorie de Speersur la valeur des ruines, théorie inspirée par la vue desruines d'un dépôt de tramways dynamité pour réaliser leZeppelinfeld de Nuremberg[298]. Cette théorie est repriseà de nombreuses occasions par Hitler dans ses discourslors de sessions du congrès du parti, ou dans les consignesarchitecturales qu'il donne pour la conception des plansdes édifices dont il commandite la réalisation[297] : ain-si, dès 1924, dans Mein Kampf, sans pour autant que laconception architecturale de Speer soit précisément théo-

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40 8 LEGS HISTORIQUE

risée, il évoque avec aigreur les ruines possibles du Ber-lin des années 1920[269]. L'architecture promue par Hit-ler est conçue, non en fonction de son usage quotidien,mais de sa destruction[269], comme il le dit lui-même lorsde la pose de la première pierre de la Krongresshalle deNuremberg[299] :« Si jamais notre mouvement venait à devoir se taire, alorsce témoignage parlerait encore après des millénaires. Aumilieu d'un bois sacré de chênes antiques, les hommesadmireront avec une terreur sacrée ce premier géant desédifices du IIIe Reich[300] ».Ainsi, sur le modèle des ruines de Rome, il souhaite que leReich qu'il édifie laisse derrière lui des indices matérielsde sa grandeur passée[301].En pleine guerre, Hitler se réjouit que les ravages desbombardements alliés facilitent pour l’après-guerre sesprojets grandioses de reconstruction radicale de Berlin,Hambourg, Munich ou Linz[302].Dans son bunker, il se fait livrer le 9 février 1945 parl'architecte Hermann Giesler une maquette de Linz, mon-trant les projets de reconstruction de la ville. Cette ma-quette fait alors l'objet d'un passage obligé de tous les vi-siteurs du Bunker, jusqu'à sa destruction, en avril[302].

7.2.3 Hitler et la musique

Arrivé au pouvoir, il fait surtout valoriser dans les cé-rémonies nazies les musiques de Richard Wagner etd'Anton Bruckner, ses favorites. En 1943, en visite àLinz, il se plaît à évoquer devant ses interlocuteurs, desGauleiters et certains ministres, dont Speer, ses souvenirslors de sa découverte des œuvres de Wagner à l'opéra dela ville[296].

8 Legs historique

Discours d'Adolf Hitler au Reichstag, en avril 1941.

Personnage impitoyable et déshumanisé, dictateur tota-litaire, raciste et eugéniste, Adolf Hitler a été surtout leprincipal responsable du conflit de loin le plus vaste, le

plus destructeur et le plus traumatisant que l'humanité aitjamais connu, à l'origine de près de 40 millions de mortsen Europe, dont 26 millions de Soviétiques. Environ 11millions de personnes ont directement été assassinées surses ordres, en raison des pratiques criminelles systéma-tiques de son régime et de ses forces armées, ou en appli-cation de ses projets exterminateurs prémédités. Parmielles, les trois quarts des Juifs de l'Europe occupée. « Ja-mais dans l'Histoire, pareille ruine matérielle et moralen'avait été associée au nom d'un seul homme[303] ».L'image de Hitler a été définitivement fixée, en parti-culier, lors de la découverte des camps de la mort enavril-mai 1945, avec leurs monceaux de cadavres déchar-nés, leurs survivants squelettiques et hagards, leurs expé-riences pseudo-médicales et leurs chambres à gaz dou-blées des tristement célèbres fours crématoires. Cette ré-vélation macabre a achevé de trancher les débats anté-rieurs entre adversaires et partisans du personnage et deson régime[304]. La redécouverte de la Shoah, depuis lesannées 1970, a recentré l'attention sur la spécificité dujudéocide qu'il a inspiré, tout en confirmant la nature in-trinsèquement criminelle de son action et de son système.

8.1 Bilan

Enfant dans les ruines de Varsovie.

Le bilan humain est sans précédent. En trois annéesd'occupation, la terreur nazie a fait périr près du quartdes habitants de la Biélorussie. La Pologne sous Hitlera perdu près de 20 % de sa population totale (dont 97% de sa communauté juive, jusqu'alors la première dumonde). L'URSS, la Grèce et la Yougoslavie ont perduentre 10 et 15 % de leurs citoyens[305]. À l'Ouest, la ter-reur et l'exploitation hitlériennes ont été moindres maiséprouvantes. Entre 1940 et 1944, la France gouvernéepar le Régime de Vichy a été le pays proportionnellementle plus pillé d'Europe, 30 000 habitants ont été fusilléssur place, des dizaines de milliers déportés en camps deconcentration, un quart de la population juive extermi-née, sans oublier les 400 000 soldats tombés au combat,ni les deux millions de soldats maintenus indéfiniment en

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8.1 Bilan 41

captivité dans le Reich ou plus de 600 000 Français duSTO obligés d'aller travailler dans les usines allemandes.

Soldat allemand tué en Italie, fin 1943.

Les Allemands ne sont pas les derniers à avoir payé chè-rement les ambitions démesurées de leur Führer, auquelils ont toutefois globalement continué d'obéir jusqu'à lafin. Trois millions de soldats sont morts au front, laissantencore davantage de veuves et d'orphelins, et condamnantune génération à subir le déséquilibre durable du sex ra-tio et de la vie de familles monoparentales. Ainsi, deuxtiers des mâles allemands nés en 1918 n'ont-ils pas vul'issue de la guerre[306]. Toutes les grandes et moyennesvilles allemandes ou presque sont en ruines, et 500 000civils ont été tués par les bombes. Des centaines de mil-liers de femmes allemandes de tous âges ont été exposéesaux viols de l'Armée Rouge en 1945. L'Allemagne même,dont Hitler avait prétendu faire la raison de son combatpolitique et de son existence, disparaît en tant qu'État auterme de l'aventure nazie. Elle ne retrouve son indépen-dance qu'en 1949 (sans la pleine souveraineté au début)et son unité qu'en 1990. Berlin, l'une des villes qui avaitle moins voté pour Hitler et que le Führer n'avait jamaisaimée, n'en subira pas moins une division de 40 ans, ma-térialisée après 1961 par le célèbre Mur de Berlin. Enreprésailles aux exactions massives du Troisième Reich,plus de 8 millions d'Allemands présents depuis des sièclesont été chassés en 1945 des Sudètes, des Balkans et detoute l'Europe centrale et orientale. Sans oublier la dé-portation en Sibérie, en 1941, des Allemands de la Volgavus par Staline comme une cinquième colonne potentiellede Hitler. Le territoire actuel de l'Allemagne est inférieurd'un quart à celui du Reich de 1914.Le traumatisme hitlérien a aussi valu à l'Allemagne sonélimination définitive comme puissance militaire, seseffectifs armés restant strictement limités, et interditsd'opérations hors de ses frontières au moins jusque dansles années 1990. Sur le plan diplomatique, la divisiond'après-guerre a fermé jusqu'en 1973 les portes de l'ONU

à la RDA et à la RFA (« géant économique et nain poli-tique »). En revanche, sur le plan économique, son fidèleAlbert Speer a su renouveler les machines et enterrer lesusines : le potentiel industriel de l'Allemagne est large-ment intact après-guerre, ce qui a permis de se demandersi Hitler n'était pas le père inavouable du miracle écono-mique allemand d'après-guerre[307].

Le 3 juillet 1945, deux mois après la mort de Hitler, un soldatbritannique regarde les graffiti laissés par l'Armée Rouge dans leReichstag en ruines.

Les pillages, les bombardements, les représailles et laterre brûlée ordonnés par Hitler ont dans l'immédiat lar-gement aggravé le bilan matériel inégalé de la guerre. Desmilliers de villes, de bourgs et de villages ont été détruitspar la Wehrmacht et les Waffen-SS dans toute l'Europe.Minsk a été ainsi détruite par Hitler à 80 %, Varsovie à90 %. L'URSS compte au moins 25 millions de sans-abriset l'Allemagne 20 millions[308]. 30 millions de réfugiés et« personnes déplacées » errent sur les routes d'Europe enmai 1945, en majorité en Allemagne. Le combat contrele « bolchevisme », dont Hitler avait fait un fondementde sa mission et un de ses thèmes de propagande les plusporteurs, s’achève sur un fiasco total. C'est en repoussantl'agression hitlérienne que l'Armée Rouge pousse jusqu'àBerlin et que l'URSS peut imposer sa domination à lamoitié de l'Europe pour plus de 40 ans. Devenu le prin-cipal vainqueur de son ancien allié Hitler, Staline retireaussi de sa victoire sur ce dernier un immense prestigedans sa population et dans le monde entier.Dans les pays occupés, en engageant la collaboration avecHitler, généralement sans obtenir aucune contrepartie duFührer[309], bien des responsables européens ont causé àleur pays de graves divisions civiles et des compromis-sions qui reviendront hanter durablement les mémoiresnationales. De durs combats traumatisants ont opposé en-nemis et alliés de Hitler en France occupée, dans l'Italieen guerre ou, à une échelle bien pire, dans l'État indépen-

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42 8 LEGS HISTORIQUE

Hitler reçoit Ante Pavelić, dirigeant de l'État indépendant deCroatie, 1943.

dant de Croatie, dirigé par les Oustachis. En Pologne, enGrèce et en Yougoslavie, les résistants au maître du Troi-sième Reich n'ont même pas pu s’entendre entre eux etse sont violemment combattus : la guerre civile grecquede 1944-1949, par exemple, est aussi un héritage de Hit-ler. Spoliés et exterminés, les Juifs d'Europe ont vu dis-paraître à jamais les foyers les plus brillants et prospèresde leur culture, avec l'éradication sans retour des fortescommunautés de Berlin, Vienne, Amsterdam, Vilnius ouVarsovie. Les trois quarts des locuteurs du yiddish ont pé-ri. En Europe de l’Est, les rares survivants des camps sontsouvent insultés voire assassinés à leur retour, en particu-lier par ceux qui ont pris leurs biens en leur absence. Iln'est pas rare alors d'entendre des Polonais ou des Tché-coslovaques se plaindre à haute voix que « Hitler n'a[it]pas fini le travail »[310].

8.2 Mémoire et traumatisme moral

Principal absent du procès de Nuremberg, et malgré lemot d'ordre de Göring « Pas un mot contre Hitler », leFührer a vu la plupart de ses subordonnés rejeter sur lui,à titre posthume, la responsabilité de leurs actes criminels.La plupart prétendirent n'avoir fait qu'obéir à ses ordres,et avoir ignoré l'essentiel de la réalité de son régime deterreur et de génocides[311].La dénazification d'après-guerre n'empêcha pas maintscomplices de Hitler de ne jamais être inquiétés, ou defaire des carrières politiques, économiques ou adminis-tratives prospères, en RFA comme en RDA. D'autres sesont réfugiés, via des filières d'exfiltration, en Amériquelatine ou dans le monde arabe, continuant d'y entretenirle culte nostalgique du Führer, et continuant souvent d'ydiffuser l'antisémitisme et le négationnisme, tout en réuti-lisant les méthodes policières du Troisième Reich au pro-fit de dictatures locales. D'autres furent employés par lesservices secrets américains, comme Klaus Barbie. Pra-tiquement aucun ancien responsable nazi n'a jamais faitacte de repentance, ni manifesté le moindre regret d'avoirsuivi et servi Hitler. La seule exception partielle notable

Procès des responsables politiques et militaires du Reich à Nu-remberg, 1946.

est celle d'Albert Speer, ancien confident et ministre dudictateur, mais son complexe de culpabilité, exposé dansses mémoires sur le Troisième Reich, se mêle à une fas-cination persistante pour Hitler, qui témoigne que le cha-risme du personnage faisait encore effet bien au-delà desa mort et de la découverte de ses forfaits[312].Hitler a brisé la continuité de l'histoire allemande. Il amis en question jusqu'à la permanence et le sens mêmede la civilisation. Un des peuples les plus cultivés et lesplus développés du monde s’est révélé en effet capabled'engendrer un Hitler, et de le suivre jusqu'au bout sansgrande résistance, y compris dans des entreprises d'unebarbarie à cette heure unique dans l'Histoire[313]. Dèslors, la conscience allemande et européenne n'a cesséd'interroger les responsabilités du passé allemand dansl'avènement de Hitler, celle de la culpabilité des Alle-mands ayant vécu sous le Führer (Schuldfrage), mais aussila responsabilité morale qui échoit en héritage aux géné-rations ne l'ayant pas connu. Selon le mot de Tony Judt,« demander à chaque nouvelle génération d'Allemands devivre à jamais dans l'ombre de Hitler, exiger qu'ils en-dossent la responsabilité de la mémoire de la culpabilitéunique de l'Allemagne et en faire l'aune même de leuridentité nationale était le moins qu'on pût exiger… maisc'était attendre beaucoup trop[314] ».En 1952, 25 % des Allemands sondés avouaient avoir unebonne opinion de Hitler et 37 % trouvaient bon de n'avoirplus aucun juif sur leur territoire. En 1955, 48 % considé-raient encore que Hitler, sans la guerre, resterait l'un desplus grands hommes d'État que leur pays ait jamais connu.Ils étaient encore 32 % à soutenir cette opinion en 1967,surtout parmi les plus âgés[315]. Encore à partir des années1980, la résurgence de phénomènes néonazis ultraminori-taires mais très violents a pu aussi inquiéter. Ces groupessont reconnaissables entre autres à leur pratique du salutnazi ou lorsqu'ils célèbrent bruyamment l'anniversaire dela naissance et de la mort du Führer.Le renouvellement des générations, l'affaiblissement àpartir des années 1960 des tabous publics et privés em-

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« Souviens-toi de cela ! Ne fraternise pas ! »— affiche de l'arméeaméricaine, été 1945.

pêchant de parler d'une Hitlerzeit (ou Hitlerdiktatur) trau-matisante et compromettante, la redécouverte de la sin-gularité du génocide des Juifs à partir des années 1970,la lutte contre le négationnisme, ont permis par la suited'éradiquer en bonne partie les sympathies ou nostalgieslatentes pour Hitler et son régime en Allemagne et enAutriche. Hitler est aussi revenu hanter périodiquementles mémoires collectives des autres pays. Surtout à par-tir des années 1960-1970, on redécouvre un peu partoutqu'un des plus grands criminels de l'histoire a bénéficiéjusque chez soi de soutiens indispensables, de relais, dedélateurs — ou tout simplement d'indifférences, de passi-vités et de complaisances plus ou moins lourdes de consé-quences humaines et morales. La France ne reconnaîtraqu'en 1995 la responsabilité de l'État pétainiste dans lesdéportations de Juifs. Même des États neutres tels que laSuisse ou le Vatican ont vu mettre âprement en questionles ambiguïtés de leur attitude face à l'Allemagne nazie.Même à l'Ouest, la guerre contre Hitler n'avait jamais étéconçue comme une guerre pour sauver les Juifs. La spé-cificité raciste et exterminatrice de son action avait rare-ment été perçue des contemporains. Les pouvoirs publicset l'opinion s’étaient plus attachés, dans l'après-guerre, àcélébrer les résistants et les soldats qui avaient combat-tu le dictateur (perçu d'abord comme l'agresseur étrangeret l'oppresseur de la nation) que ses victimes, souvent ré-duites au silence. Ce n'est qu'après le procès Eichmannen 1961 et avec la redécouverte de l'unicité de la Shoah,dans les années 1970, que le monde occidental comprendle génocide des Juifs comme le principal crime du Füh-rer[316]. Paradoxalement, l'auteur de Mein Kampf a sansdoute été le fossoyeur involontaire du vieil antisémitisme

européen : largement répandu avant-guerre comme uneopinion parmi d'autres, l'antisémitisme est, après lui, de-venu définitivement un tabou dépourvu de tout droit decité en Occident, ainsi qu'un délit passible des lois.À travers tout l'Occident, un vaste effort de pédagogieà travers l'école, les médias, les productions littéraires etculturelles, les témoignages de survivants, a permis de fa-miliariser le grand public avec l'ampleur des méfaits duTroisième Reich. Aussi le nom de Hitler évoque-t-il spon-tanément et durablement, dans les masses, l'idée même ducriminel absolu. En 1989, pour marquer le centenaire desa naissance, un Monument contre la guerre et le fascismea été érigé devant sa maison natale.

9 Antisémitisme

Selon Hitler, les Juifs sont une race de « parasites » oude « vermine » dont il faut débarrasser l’Allemagne etle monde. Face à cet ennemi fantastique et protéiforme,l'« empoisonneur universel de tous les peuples »[317],l'incarnation du mal absolu et menace mortelle pour lepeuple allemand, Hitler, Führer à la volonté inébranlable,se voit, et est vu par ses compatriotes comme le plusefficace des remparts, pratiquement jusqu'à la fin de laguerre[318].

9.1 Fondements

Cette conviction se développe durant ses années de jeu-nesse, passées dans la Vienne très fortement antisémite dela première décennie du XXe siècle, marquée par l'essordu mouvement chrétien social autour de Karl Lueger etdu mouvement pangermaniste, groupé en Autriche autourde Georg Schönerer[319]. Il rend les Juifs responsables desévènements du 9 novembre 1918[320] et donc de la défaiteet de la révolution allemande, ainsi que de ce qu’il consi-dère comme la décadence culturelle, physique et socialede la prétendue civilisation aryenne.Durant cette période, la multiplication des brochures etautres textes nationalistes fournit une caisse de résonanceappréciable à l'idée que les Juifs sont responsables desévènements de 1917 en Russie et de 1918-1919 en Alle-magne, dans un contexte de guerre civile et de troubles ré-volutionnaires réprimés brutalement par l'alliance de cir-constance de certains sociaux-démocrates et de l'extrême-droite : l'ensemble de cette propagande insiste sur la forteprésence de Juifs parmi les cadres révolutionnaires ; cesfeuilles, insistant également sur la pratique systématiquedes exécutions, instillent l'idée que les Révolutionnairessont soit manipulés par les Juifs, soit aspirent à assoirla domination juive, basée sur la terreur, en Europe[321].Cette domination se matérialiserait par une exploitationsans limite de l'humanité au profit des Juifs, pour qui letravail serait un châtiment : incapable de travail, le Juifne pourrait qu'exploiter le travail des autres[321].

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44 9 ANTISÉMITISME

À la base de l'antisémitisme se trouve l'idée que la raceest tout, qu'il est inutile de vouloir lutter contre la natureprofonde du peuple, de la race à laquelle on appartient :pour Hitler, les Juifs sont donc pris dans leur totalité, lesang définissant la race et l'ensemble des caractères quien découlent[321].

9.2 Formation et évolution

Au cours de sa période autrichienne, Hitler développe,fortement influencé par les écrits publiés qu'il sembledévorer[322], plus particulièrement dans la capitale autri-chienne, un antisémitisme virulent qui se renforce lors del'annonce de la défaite de 1918[323]. En effet, cette dé-faite renforce non seulement les tendances antisémites del'extrême-droite allemande, mais aussi l'antisémitisme deHitler, dans le contexte bavarois de la République desConseils : une partie non négligeable des membres duConseil central étant d'origine juive, cette expérience ré-volutionnaire confirme Hitler dans ses choix politiqueset son antisémitisme virulent, à peine encouragé par lalecture fréquente des tracts d'extrême-droite qui circulentparmi les troupes encasernées à Munich[323].À l'automne 1919, encore membre de la section depropagande de l'armée, il adhère à un groupuscule, leDAP, que rien ne distingue des autres partis politiquesd'extrême-droite qui pullulent en Bavière : antisémite etpangermaniste, ce parti développe un programme axé surl'annulation des clauses du traité de Versailles[324] ; initiéà l'économie par Gottfried Feder, son antisémitisme estalors très fortement teinté d'anticapitalisme[323] ; mais lafréquentation d'Allemands de la Baltique, Alfred Rosen-berg notamment et du Bavarois Dietrich Eckart orientecet antisémitisme sur d'autres voies : des premiers, ilgarde l'idée du caractère juif du bolchevisme russe, de laconspiration juive internationale, très fortement influencépar le Protocole des Sages de Sion, du second, du com-bat contre le Juif sans âme, opposé à la réalisation du vraisocialisme en Allemagne, rendu possible par une authen-tique révolution allemande, qui aboutirait au départ desJuifs d'Allemagne[325].Sous l'influence de Rosenberg, il accentue sa réflexion au-tour des Protocoles des Sages de Sion : pour Hitler, ca-pitalisme et bolchevisme seraient les deux facettes de lavolonté des Juifs d'imposer au monde une idéologie àlaquelle seule l'Allemagne peut s’opposer en prenant latête d'un combat racial sans pitié[326]. Ce combat est enréalité, selon Hitler, le combat entre l'idéalisme, défendupar l'Allemagne, et le matérialisme, moyen qu'ont trouvéles Juifs pour défendre leur domination[327]. Incarnée parla Russie bolchevique, cette conception matérialiste del'existence, qui doit être combattue avec la plus grandefermeté, se trouve à la base de la réorientation des objec-tifs de la politique étrangère de l'Allemagne régénérée parle national-socialisme : jusqu'en 1922, les principales re-vendications visent à annuler l'intégralité des clauses dutraité de Versailles, à partir de 1922, Hitler, aiguillonné

par son antisémitisme alors en pleine évolution, souhaiteune réorientation de la politique étrangère allemande, do-rénavant dirigée vers la constitution d'un empire conti-nental constitué aux dépens de la Russie bolchevique.Ainsi, la conquête de vastes terres aux dépens des Slavesconstitue le but issu de la synthèse entre l'antisémitismeet l'antimarxisme de Hitler[328]. À la base de cette ré-orientation des objectifs expansionnistes se trouve unedouble influence : tout d'abord l'influence d'Allemandsde la Baltique, autour de Rosenberg, qui commence àjouer un rôle non négligeable dans la formation du cor-pus idéologique du nazisme, et ensuite, une réflexion surl'expérience coloniale allemande et les conséquences del'existence de celui-ci sur les relations du Reich avec laGrande-Bretagne[329]. Cette réorientation entraîne à sasuite des reformulations de l'antisémitisme hitlérien : leJuif, archétype de la négation de la germanité, devient leJudéo-Bolchevik, incarnation du Juif, archétype racial duparasite corrupteur et dissolvant des races pures, « vam-pire » prospérant sur les décombres et la misère, commedans la Russie bolchevique[330]. Pour faire face à cettemenace, une guerre des races sans merci doit être livréeau Juif (et à ses alliés) par les Allemands, préalablementrenforcés et régénérés par une recherche systématique dela pureté de la race[330].Dietrich Eckart, mort à Noël 1923 dans les Alpes ba-varoises, joue lui aussi un rôle essentiel dans le déve-loppement des idées antisémites de Hitler. Dans son ou-vrage, Le Bolchevisme de Moïse à Lénine : dialogue entreHitler et moi (en réalité, un texte écrit par Eckart seul,mais qui développe des idées proches de celles de Hitlerà l'époque[331]), il développe l'idée d'une association entrela Révolution en Russie, d'une part, et un fantasmagoriqueprojet juif de domination du monde qui plonge ses racinesdans l'histoire la plus ancienne : le Juif est ainsi perçucomme une incarnation du mal, à la recherche d'une do-mination totale du monde, prélude à sa destruction. Faceà ce projet mortifère, il convient non seulement d'en dé-voiler les arcanes, mais aussi de s’y opposer avec la der-nière énergie. La victoire totale pour le peuple allemandest alors la seule voie rédemption pour les peuples qui dé-sirent briser leurs chaînes, cette victoire totale supposantla disparition du Juif d'Europe[332]. Cette issue eschatolo-gique de la lutte suppose un adversaire hors du commun,une négation absolue de l'humanité, que la race aryennese doit d'affronter non seulement pour la domination dumonde, mais aussi pour la sauvegarde de la civilisation :« il n'y aura plus d'hommes à la surface de la terre »,confie-t-il à Eckart[332]. La formulation de cet objectif està mettre en parallèle avec les descriptions que Hitler faitdes Juifs dans Mein Kampf : sous-humanité grouillanteet menace, qui, tels des bacilles et des microbes, s’in-sinue partout, causant, chez les peuples qu'elle infecte,l'inconscience de sa présence, ce qui la rend davantageencore menaçante. Dans tous ces cas, Hitler développede multiples adaptations, dans le contexte de l'essor dela recherche microbienne, du Juif errant, fantomatique,cadavérique, corrupteur et surtout éternel[333].

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9.3 Manifestations 45

9.3 Manifestations

Tout au long de sa carrière politique, Hitler multiplie lesprises de positions antisémites, que ce soit devant sesproches, dans ses discours publics, devant ses hôtes étran-gers, ou devant des membres de l'appareil d’État alle-mand.

9.3.1 Tendances antisémites

La défaite de 1918 renforce les tendances antisémites denombreux officiers de l'armée, et à leur suite, de nom-breux sous-officiers et soldats. Officier chargé de la pro-pagande, il est, à l'été 1919, chargé de la rééducation desprisonniers allemands rapatriés en Bavière. À cette oc-casion, il envoie à l'un de ses supérieurs hiérarchiques,à la demande de celui-ci, un courrier sur le « problèmejuif » : dans cette réponse, le plus ancien témoignage del'antisémitisme de Hitler, celui-ci assimile le Juif à unerace, qu'il est nécessaire de combattre. Ce combat passepar le retrait des droits civiques et le bannissement duReich. De plus, dans une rhétorique anticapitaliste, il rendles Juifs âpres au gain, attirés par l'« Or qui brille »[334].Ainsi, en 1919, pour Hitler, les Juifs sont responsables àla fois de la défaite (il développe d'ailleurs l'idée qu'il eutété nécessaire d'exterminer 15000 Juifs judicieusementchoisis pour gagner la guerre[334]), de la révolution (mêmesi ce rapport est étonnamment muet sur le complot judéo-bolchevique : c'est en effet à cette époque qu'il commenceà rapprocher marxisme et projet juif de domination dumonde[334]) et des conditions dans lesquelles le Reich atraversé le conflit (il requiert d'ailleurs la peine de mortpar pendaison pour les profiteurs de guerre juifs[334]).Peu de temps après, ces thèmes sont repris par Hitler,orateur principal du DAP, lors de réunions, tenues dansles brasseries de Munich, et dont la presse commence àrendre compte, au vu de l'hystérie qu'elles déchainent[335].Durant cette période, sous l'influence de Gottfried Federil développe aussi l'idée d'un socialisme spécifiquementallemand, dans lequel le Juif joue le rôle de repoussoirabsolu : en effet, spéculateur par essence, le Juif se sert ducapital financier pour accéder à la domination du monde,par opposition aux Allemands, qui s’appuient sur le capi-tal industriel, créateur de richesses[326].

9.3.2 Antisémitisme et antimarxisme

Si la pensée de Hitler est de longue date à la fois anti-marxiste et antisémite — bien que ce dernier trait soitplus marqué que le premier — , au début de l'année1920 les deux courants de pensées vont progressivementse confondre chez lui sous l'influence de Max Erwin vonScheubner-Richter et d'Alfred Rosenberg, « dans l'imagecatalytique de la Russie Bolchevique »[336]. À partir dela mi-1922, un antimarxisme plus radical apparaît dansses discours, affirmant que le but de la NSDAP est l'« ex-

tirpation » et l’« annihilation » de la vision marxiste dumonde, faisant même, dans ses prises de positions de1923, du marxisme « l'unique et mortel ennemi » duparti Nazi. Il apparait que cet infléchissement est proba-blement opportuniste, l'antimarxisme étant plus porteurélectoralement que l'antijudaïsme, notamment pour sé-duire la Bavière[337].Ainsi, Mein Kampf est, au-delà de son antisémitisme vi-rulent, un ouvrage également antimarxiste[338] dans le-quel Hitler qualifie le marxisme de « doctrine juive[339] »et de « fléau mondial »[340] à l’éradication de laquelle il ap-pelle, malgré le fait que, comme Ian Kershaw le souligne,si Hitler affirme avoir lu Marx à Vienne en 1913[341] etdans sa prison à Landsberg[342], « rien n'indique qu'il sesoit jamais attaqué aux écrits théoriques du marxisme » ;« sa lecture n'avait qu'une fin purement instrumentale [...]Il y trouvait ce qu'il cherchait ». Néanmoins, quand desjournalistes lui font remarquer l'infléchissement de sondiscours vers un anti-marxisme plus appuyé, Hitler ex-plique qu'il avait été jusque-là trop clément à ce sujet.Mais il ajoute que la rédaction de Mein Kampf lui a faitréaliser combien la « question juive » était, au-delà dupeuple allemand, un « fléau mondial »[337].

9.3.3 Vie politique du Reich

À partir de son adhésion au DAP, Hitler formule lesthèmes qu'il exploite jusqu'à la fin de sa vie. Ainsi, dansun discours prononcé en août 1920, il reprend les thèmeschers à la biologie, pour développer une approche biolo-gique de la résolution de la question juive : le Juif, mi-crobe vecteur et responsable de tuberculose raciale, doitêtre combattu au sein du peuple ; l'immunisation contreces germes se fera par l'exil ou la relégation de ces por-teurs de germes dans des camps de concentration[343].Après sa libération, Hitler multiplie les attaques antisé-mites, malgré sa prudence qui caractérise dans cette pé-riode ses prises de position sur les thèmes ayant traità la politique internationale[344] ; en effet, durant la pé-riode 1925-1932, il désigne à la vindicte de son audi-toire les Juifs comme les responsables de l'ensemble desmaux qui frappent l'Allemagne, cette désignation se fai-sant toujours selon des procédés oratoires extrêmementtravaillés, voire inédits[345].Parallèlement à la mise en avant de cette obsession, Hitlersait cependant ne pas mettre ce sujet en avant en cas denécessité : durant toute la période 1925-1933, il alternecalcul froid et fureur mal contenue, mâtinée de fanatismeidéologique dès qu'il est question d'antisémitisme[346].Le 28 février 1926, devant les membres d'un cercle na-tionaliste et conservateur de Hambourg, ou encore, lorsde son discours de 1932 devant des industriels réunis àDüsseldorf, la question juive est à peine évoquée, à derares exceptions près, lors d'un discours du 25 juin 1931,notamment dans la période comprise entre les électionsde septembre 1930 et le 30 janvier 1933, surtout en pré-sence de représentants de la presse étrangère, qui le croit

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46 9 ANTISÉMITISME

alors assagi[347]. Mais cette absence (ou quasi-absence)alterne avec des moments d'une rare violence : durant l'été1932, par exemple, alors que les pourparlers en vue dela constitution d'un gouvernement Schleicher-Hitler vontbon train, l'assassinat par des SA d'un militant commu-niste de Haute-Silésie remet non seulement en cause cespourparlers, mais le verdict condamnant à mort les cou-pables déclenche chez Hitler une rage antisémite sans me-sure, rapportée par ses proches[348].

9.3.4 Arrivée au pouvoir d'Hitler

À partir de 1933, le NSDAP est en mesure d'appliquer,sur ce point du moins, une partie de son programme ;l'utopie[349] explicitée durant la période précédente peutalors être progressivement mise en place. Cependant,à toutes les phases de l'application de ce programme,entre 1933 et 1945, Hitler reste publiquement en re-trait, n'intervient pratiquement pas lors de leur réalisa-tion pratique, se contentant d'égrainer des menaces à desfins de propagande durant toute la période d'exercice dupouvoir[350].Lorsque, au pouvoir, il dispose des moyens de mener àbien les « prophéties » qu'il a multipliées au fil des an-nées 1920, Hitler se retrouve en quelque sorte l'otage deces dernières, car le parti se trouve dans l'attente de laréalisation de celles-ci[351] ; certains thuriféraires, grou-pés notamment autour de Himmler, se proposent alors deréaliser l'utopie du vivant même de son prophète, alorsque même ce dernier envisageait la réalisation de son pro-jet sur plusieurs générations[351].Cependant, dans la période 1933-1936, Hitler reste rela-tivement mesuré sur la question juive[352] : il est en effetsensible aux arguments développés par certains de ses mi-nistres. Schacht, par exemple, dans un memorandum du3 mai 1935, insiste sur les conséquences sur les exporta-tions de la campagne antisémite de 1935, orchestrée parStreicher et Goebbels[353]. Mais cette mesure est compen-sée à la fois par sa tendance à ne pas remettre en causecertaines expressions publiques de l'antisémitisme et parl'emploi, par les cadres du parti, de la fameuse volonté duFührer ; dès septembre 1935, le Reichstag promulgue, àla demande de Hitler, un nouveau cadre juridique pour lesJuifs du Reich, les transformant en sujets du Reich, loisqu'il assume devant l'opinion internationale en invoquantle péril bolchevique[354]. Ainsi, ne souhaitant pas reve-nir sur l'antisémitisme d'État, Hitler, appuyé sur Hess,en atténue la portée, par la légalisation d'un statut desJuifs, limitant l'impact des déchaînements désordonnésdes militants du NSDAP, par exemple, lors des nombreuxéchanges au sujet des placards antisémites dans les rueslors des Jeux Olympiques de 1936 : après de nombreuxéchanges, Hitler tranche en faveur d'une ligne modérée :la disparition des panneaux les plus extrémistes et leurremplacement par des formules du type : « les Juifs sontindésirables ici[352] ». Mais ces mesures de modérationsont contrebalancées par l'emploi, par un certain nombre

de fonctionnaires nazis, de la fameuse volonté du Führer,qui s’appuie en réalité sur les grandes lignes politiquesédictées par Hitler au cours d'entretiens plus ou moinsformels avec ses proches et des membres du NSDAP :ceux-ci, dans le cadre de la polycratie national-socialistesont en réalité en compétition constante et sont obligés,s’ils veulent conserver leur poste, d'anticiper constam-ment les souhaits de Hitler, d'où une constante suren-chère, y compris dans les manifestations antisémites, queHitler, sans les cautionner dans un premier temps, validea posteriori, par une loi ou un décret[355].Conscient de la nécessité d'un accord avec les conserva-teurs avec lesquels les nazis partagent le pouvoir, Hit-ler est obligé de donner alternativement dans tous lesdomaines des gages aux conservateurs d'une part, auxmembres du parti de l'autre. La décapitation de la SAayant donné des gages à l'armée, les lois de 1935 sonten réalité aussi des gages donnés à la base du parti : pro-mulguées par le Reichstag durant sa session de 1935 àNuremberg (en même temps que le congrès du parti),ces lois fixent les rapports qui pourront dorénavant exis-ter entre les Juifs du Reich, ravalés au rang de sujets, etles citoyens allemands[356]. Ainsi un cadre légal est dé-fini pour les Juifs du Reich (ce qui a pour conséquencede diriger vers un objectif précis l'enthousiasme antisé-mite nazi), par le choix par Hitler de l'une des versionsdu projet de loi rédigées par des fonctionnaires nazis duministère de l'intérieur, modifiant au crayon la qualité despersonnes tombant sous le coup de cette loi : alors que lesrédacteurs avaient laissé de côté les Juifs issus de couplesmixtes, Hitler, alors que les extrémistes poussent à uneextension de la loi, intègre lesMischlinge, issus de mariagemixte, parmi ceux qui tombent sous le coup du dispositif ;par ce choix, il met tout le monde devant le fait accompli,coupant court à toute critique et objection technique dela part des rédacteurs du texte[357].

9.3.5 Durcissement de la politique antisémite

L'année 1936 marque un tournant dans l'évolution inté-rieure du régime nazi, avec la montée en puissance deGöring et Himmler à des postes clés de l'appareil d'Étatallemand. C'est également à partir de ce moment que lapolitique antisémite menée dans le Reich s’infléchit versdavantage de dureté et de violence. Hitler, à partir de1936, radicalise ses positions publiques sur la questiondes Juifs.Liés au Bolchevisme, les Juifs constituent la menace su-prême qui guette le peuple allemand, comme Hitler leprécise lors des congrès du parti en 1936 et en 1937 :le Juif est non seulement l'ennemi du peuple allemandmais aussi de l'humanité tout entière, qu'il est nécessaired'anéantir sous peine d'être anéanti à sa place[358]. Re-prenant les thèmes des débuts du nazisme, Hitler parti-cipe ainsi à la diffusion dans le Reich d'un nouveau cli-mat antisémite, plus brutal que durant la période précé-dente. Malgré la trêve des Jeux Olympiques[359], Hitler, le

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9.3 Manifestations 47

12 février 1936, lors des funérailles de Wilhelm Gustloff,représentant du NSDAP en Suisse, assassiné par un étu-diant juif, donne la tendance des attaques suivantes, ap-pelant à supprimer totalement la « peste juive[360] », puis,lors de la préparation du congrès de 1936, laisse la bridesur le coup à Goebbels et Rosenberg afin de leur permettrede multiplier les attaques antisémites dans le Reich[361].Les interventions de Hitler en 1937, et pas seulement lorsdu congrès du parti, renforcent cette tendance. Lors ducongrès du NSDAP, son discours reprend les thèmes dudialogue de 1923 avec Eckart : le Juif fauteur de révolu-tion, doit être combattu dans le cadre d'un conflit pour ladéfense de la civilisation. Ainsi, il indique la vraie por-tée du combat qui se prépare, à savoir la défense de lacivilisation, tout en rappelant que le parti bolchevique estcomposé à 80 % de Juifs, ce qui lui permet d'illustrer lethème du Judéo-bolchevisme[362]. Mais il doit égalementcomposer avec la base du parti, plus vindicative que lui,et poussant à des mesures extrémistes, notamment en cequi concerne le marquage des magasins détenus par desJuifs : de crainte d'être débordé, non seulement il permetle marquage par les commerçants allemands de leurs ma-gasins, mais aussi, il calme ses troupes en réaffirmant savolonté d'anéantir les Juifs d'Europe[363].Au printemps 1938, Hitler lui-même donne une impul-sion supplémentaire à la législation antijuive en ordon-nant à ses services de la chancellerie du Reich une enquêtesur les couples mixtes et les ascendants des fonctionnairesde l'État, car la loi sur la fonction publique est durant cettepériode de plus en plus sévèrement appliquée[364].La nuit de Cristal ne fournit pas à Hitler l'occasion derevenir sur le sort des Juifs, ayant laissé l'initiative desopérations à Goebbels, qui, pour la circonstance, a sup-planté Himmler dans cette affaire, avec la bénédiction deHitler[365]. Hitler s’est contenté de diriger l'affaire dans lacoulisse, sans l'évoquer à aucun moment, même devantdes membres du parti dans lesquels il avait confiance[366].Mais les critiques formulées par Himmler et Göring ausujet de l'organisation du pogrom par Goebbels poussentHitler à avoir une approche plus rationnelle de la ques-tion juive dans le Reich[367] : au bout de quelques moisde tergiversations, entre interdits, ghettos et insignes, Hit-ler finit par trancher en faveur d'interdits supplémen-taires à l'été 1939, et sous l'influence de Göring, en fa-veur non seulement de la confiscation des biens, mais aus-si de l'indemnisation des Mischlinge, en raison de pos-sibles réactions au sein de la population[368]. Après la nuitde Cristal, Hitler évoque à de nombreuses reprises de-vant des représentants étrangers, polonais, sud-africains,tchèques le sort qu'il souhaiterait voir réservé aux Juifs :l'exil dans une colonie extra-européenne (Madagascar aété un temps envisagée[369]) et l'élimination, qu'il évoqueen termes ambigus[370] ; mais Hitler, informé par un mé-morandum du ministère de la guerre du 25 janvier 1939,appuyé sur la croyance que les États-Unis sont un État« manipulé par le judaïsme mondial », semble réorien-ter ses diatribes contre le capitalisme, autre vecteur de

domination du monde[371]. Cette réorientation est aussisensible dans l'ensemble de la presse national-socialiste,comme le Schwarze Korps, le journal de la SS[372].Lors de son discours annuel au Reichstag, le 30 janvier1939, Hitler expose aux députés sa vision des dangersqui pèsent sur le peuple allemand ; pour lui, l'« ennemijuif mondial », vaincu dans le Reich, constituerait unemenace depuis l'étranger : c'est en effet depuis les paysvoisins du Reich que la « Juiverie Internationale » prépa-rait sa vengeance contre le peuple allemand, sous la formed'une guerre d'extermination[373]. Cette menace prendraitla forme d'un complot, le complot juif, que seuls le Reichet l'Italie fasciste auraient été en mesure de mettre à jouret de dénoncer[374]. Lors de ce discours, il insiste, « sefaisant prophète », sur les mesures de rétorsion que leReich serait amené à prendre contre la « Juiverie » en casde conflit, forcément suscité par la politique menée parles grandes puissances, qu’il considère comme laquais desJuifs lorsqu'elles s’opposent au Reich et à ses prétentions.À deux autres reprises, lors de deux discours lus le 15 fé-vrier 1942 et le 24 février 1943 aux cadres du NSDAP,Hitler reprend les thèmes qu'il avait développés dans sondiscours du 30 janvier 1939[374].Malgré certaines réserves, basées notamment sur l'idéeque l'existence des Juifs constitue un problème d'ampleurmondiale, Hitler se montre intéressé par les projetsd'émigration des Juifs hors d'Europe ; il s’informe doncrégulièrement des tractations au sein de la commissiond'Évian, réunie en vue de la préparation de cette émigra-tion : seuls 200 000 Juifs, les plus âgés, seraient autorisésà rester dans le Reich, tandis que le reste de la populationjuive du Reich serait réimplanté dans une colonie d'unÉtat européen[375].

9.3.6 Antisémitisme durant le conflit

Durant le conflit mondial, Hitler confie sa haine des Juifsà l'ensemble de ses visiteurs, chefs d'État, premiers mi-nistres ou ministres, plénipotentiaires, collaborateurs, mi-litaires ou civils proches ou non, fonctionnaires de l’Étatou du parti, étrangers comme allemands : toutes ces confi-dences ne traitent pas des Juifs, mais du Juif, ennemi ten-taculaire et puissant, « corps étranger » en Europe, contrelequel un « combat à mort » est engagé[376].Durant toute la période de la Drôle de guerre, entreseptembre 1939 et mai 1940, et au-delà, jusqu'à la finde l'année 1940, Hitler est peu disert en public sur sonantisémitisme, espérant un arrangement avec les Alliés,même si les évènements de septembre 1939 fournissentà Hitler l'occasion de revenir sur la question des Juifsdans ses quatre proclamations du 3 septembre 1939, aupeuple allemand, aux forces armées et au parti national-socialiste[377]. L'invasion de la Pologne et la déclara-tion de guerre britannique en septembre 1939 fournissentà Hitler une occasion de dénoncer l'ennemi « judéo-démocratique » qui a si bien manipulé les Anglais engagés

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ainsi dans une guerre conte-nature contre le Reich[378].Dans le même ordre d'idées, son discours de nouvel an àla nation, le 1er janvier 1940, rappelle sa vision du conflitqui vient de se déclencher : un lien existe entre le conflitet un plan juif pour exterminer les Allemands, ce qui ex-plique, à ses yeux, le rejet systématique de la part desAlliés de ses offres de négociations[379]. La défaite dela France réactive chez Hitler, comme chez ses proches,l'hypothétique évacuation des Juifs d'Europe vers Ma-dagascar, qu'il partage avec de nombreux dirigeants depays alliés du Reich. Mais au cours de l'été 1940, devantla résistance britannique, ce projet est abandonné[380].La préparation de la guerre à l'Est occupe à partir del'automne 1940 les pensées de Hitler : il souhaite re-prendre la lutte contre le judéo-bolchevisme, mise untemps de côté[381], lutte devant mettre un terme au « rôlede la juiverie en Europe »[382]. À la suite du déclenche-ment de l'invasion, devant ses proches, officiers généraux,Hitler mentionne l'action de Robert Koch, dans ses re-cherches contre la tuberculose, pour se comparer à lui :en effet, il déclare devant cet auditoire avoir découvert lebacille de la tuberculose raciale, puis, se mettant de côté,donne pour consigne à Goebbels, venu à Rastenburg le8 juillet 1941, de mener une campagne exacerbée contrele judéo-bolchevisme, responsable du sort de la Russie,selon lui réduit à ses derniers retranchements (cette ligneidéologique ne variera plus jusqu'à la fin du conflit)[383].À la suite de la défaite de Stalingrad, Hitler donne pourconsigne au ministère de la propagande de mettre plus quejamais en avant une propagande antisémite renforcée, ap-puyée sur un substrat très fortement présent, qu'il s’agit,selon Goebbels, de chauffer à blanc dans l'ensemble del'Europe occupée[384]. Dans ses entretiens avec Goebbelsdu printemps 1943, il développe également l'idée que lepeuple juif dispose, non d'un plan, mais d'un but, la domi-nation du monde, qu'il se contente de réaliser d'instinct ;Hitler serait donc le fossoyeur de ce plan, et, d'après sonauditeur, réaliserait donc, au profit du peuple germanique,l'objectif poursuivi par les Juifs[385].À partir de 1944, jusqu'au derniers bombardements de laguerre, les Juifs sont, aux yeux de Hitler, dans une confi-dence à Walter Hewel le 19 janvier 1944, les instigateursdes bombardements qui frappent l'Allemagne, ses alliés etles régions qu'elle occupe ; cette responsabilité des Juifsconstitue dans la dernière année du conflit, un argumentsouvent utilisé devant ses visiteurs[386].Lors de ses rares interventions publiques, en 1945, Hitlera fait preuve de constance, et tout en voyant les fronts etles alliances s’écrouler les uns après les autres, a conti-nué à exposer dans une rhétorique agressive et mena-çante un antisémitisme depuis longtemps libéré de toutecontrainte : ainsi, l'allocution radiodiffusée du nouvel an,les discours du 30 janvier et du 24 février, commémorantrespectivement la prise du pouvoir de 1933 et la procla-mation du programme du parti fournissent l'occasion detraiter encore du rôle des Juifs dans le sort qui s’acharnesur le Reich[387]. Réfugié au mois de février 1945 dans le

bunker souterrain de la chancellerie à Berlin, il continueà émettre des courriers et des avis sur la question juive : le12 avril, alors qu'il apprend la mort de Roosevelt, épou-vantail des Juifs en Amérique, selon un mot de 1941[388],il voit cet évènement comme un tournant dans le conflit,analyse qu'il partage avec les soldats du front de l'Est, dansson ordre du jour (le dernier) du 16 avril 1945[389].De même, le 21 avril 1945, dans un télégramme de re-merciements aux vœux d'anniversaire que lui a fait par-venir Mussolini, il dénonce les Juifs comme le véritablecœur de la coalition qui est sur le point de l'emporter surune Wehrmacht exsangue[390]. Dans ses testaments (pri-vé et politique) dictés à ses secrétaires le 29 avril 1945,la veille de sa mort, alors qu'il prend conscience que tout,alliances, armée, fidélités, s’écroule autour de lui[391], ilcontinue à rendre les Juifs responsables de l'ensembledes malheurs qui ont frappé le peuple allemand depuis1914 : la capitulation de 1918, la guerre et la débâcle,à laquelle il assiste dans son bunker, directement mena-cé par l'Armée rouge ; il y instille également l'idée qu'ilaurait proposé en 1939 un accord avec les Alliés, refusépar les Juifs de l'entourage des responsables français etbritanniques[392].

10 Doctrines raciales et crimescontre l’humanité

Parmi les auteurs qui ont le plus influencé Hitler en parti-culier et le régime nazi en général en matière de doctrinesraciales, on trouve l'Américain Madison Grant, dont lesidées eurent une grande influence sur sa politique racialeensuite l'Allemand Hans Günther. Leurs ouvrages furentinclus par Hitler dans la liste des ouvrages recommandésaux nazis[393].Hitler avait présenté ses thèses raciales et antisémites dansson livre Mein Kampf (Mon combat), rédigé en 1924,lors de son incarcération dans la forteresse de Landsberg,après son putsch raté de Munich. Si son succès fut mo-deste dans un premier temps, il fut tiré à plus de dix mil-lions d’exemplaires et traduit en seize langues jusqu’en1945 ; il constitue la référence de l’orthodoxie nazie duTroisième Reich.Rien dans sa biographie connue ne permet d'affirmer quel'individu Hitler ait jamais tué ou torturé quelqu'un de sesmains. Il n'a jamais visité un seul de ses camps de concen-tration, ni assisté à aucun des bombardements ou des fu-sillades de masse dont lui ou ses subordonnés donnaientl'ordre. Mais chaque exécutant, au premier chef desquelsson fidèle Himmler, savait qu'en mettant en pratique lesconséquences logiques de la doctrine nazie, il accomplis-sait loyalement les directives du Führer.

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10.2 Euthanasie 49

10.1 Théories racistes

Dans ce livre, Hitler expose ses théories racistes, impli-quant une inégalité et une hiérarchie des races[394], et sonaversion particulière pour les Slaves, les Tsiganes, et sur-tout les Juifs. Présentés comme de races inférieures, ilssont qualifiés d’Untermenschen (« sous-hommes »).Selon Hitler, les Juifs sont une race de « parasites »ou de « vermine » dont il faut débarrasser l’Allemagne.Il les rend responsables des évènements du 9 novembre1918[320] et donc de la défaite et de la révolution alle-mandes, ainsi que de ce qu’il considère comme la déca-dence culturelle, physique et sociale de la prétendue civi-lisation aryenne. Mein Kampf recycle la théorie du com-plot juif déjà développée dans les Protocoles des Sagesde Sion. Hitler nourrit son antisémitisme et ses théoriesraciales en se référant à des idéologies en vogue en sontemps. À Vienne, durant sa jeunesse, les Juifs, bien in-tégrés dans l’élite, sont souvent accusés de la décompo-sition de l’empire d’Autriche-Hongrie. La haine des juifsest exacerbée par la défaite de la Première Guerre mon-diale. Quant à ses idées sur les races humaines, Hitler lestient essentiellement de Die Grundlagen des neunzehntenJahrhunderts (« Genèse du XIXe siècle », 1899) du Bri-tannique d’expression allemande Houston Stewart Cham-berlain, dont les thèses reprenaient elles-mêmes cellesde l’Essai sur l'inégalité des races humaines (1853) duracialiste français Gobineau. Hitler s’inspire également dudarwinisme social de Herbert Spencer tel que le prônait la« Ligue moniste allemande (de) » fondée par Ernst Hae-ckel.Hitler reprend aussi dans Mein Kampf les vieilles doc-trines pangermanistes visant à regrouper dans un seulÉtat les populations allemandes dispersées, mais il yajoute, notamment sous l'influence du théoricien naziAlfred Rosenberg, la revendication d’un « espace vital »(Lebensraum) en Europe de l’Est. Selon ces doctrines,les territoires allemands doivent être indéfiniment élar-gis, surtout en Europe centrale et en Ukraine, territoiresdéjà convoités par les couches dirigeantes allemandes autemps du Kaiser Guillaume II. Les territoires allemandsde l'époque sont, toujours selon cette doctrine jugés tropétroits au regard des besoins matériels de leurs popula-tions et dans une position stratégique inconfortable entredes puissances hostiles à l’ouest et à l’est. Hitler cible en-fin deux adversaires fondamentaux : les communistes etla France, considérée comme dégénérescente car dirigéepar les Juifs et créant un Empire colonial multiethnique,et contre qui l’Allemagne doit se venger de l’humilianttraité de Versailles.Adolf Hitler est obsédé par l’idée de pureté d’une pré-tendue race aryenne, la « race supérieure » dont les Alle-mands sont censés être les dignes représentants, au mêmetitre que les autres peuples nordiques (Norvégiens, Da-nois, Suédois). Dans le but d’asseoir scientifiquementcette notion de race aryenne, des recherches pseudo-anthropologiques sont entreprises et des cours d’univer-

sité dispensés. Himmler crée à cette fin un institut scien-tifique, l’Ahnenerbe. En réalité, les Aryens formaient ungroupe de peuplades nomades vivant en Asie centrale auIIIe millénaire av. J.-C. et sans liens aucun avec les Alle-mands. Toujours est-il que la notion d’« aryen » devientavec Hitler un ensemble de valeurs fantasmagoriques queles scientifiques nazis ont tenté de justifier par de préten-dues données objectives.La « race aryenne » est assimilée aux canons esthétiquesde l’homme germanique : grand, blond et athlétique, telque le représente Arno Breker, le sculpteur favori de Hit-ler.

10.2 Euthanasie

Médecin de la mort : Karl Brandt, médecin SS de Hitler et prin-cipal maître-d'œuvre de l'aktion T4.

Les doctrines raciales nazies impliquaient égalementd’« améliorer le sang allemand ». Des stérilisations mas-sives, appliquées avec le concours des médecins, furentainsi entreprises dès 1934, portant sur près de 400 000« asociaux » et malades héréditaires. Par ailleurs, 5 000enfants trisomiques, hydrocéphales ou handicapés mo-teurs disparaissent.Avec la guerre, un vaste programme d’euthanasie des ma-lades mentaux est lancé sous le nom de code « ActionT4 », sous la responsabilité directe de la chancellerie duReich et de Karl Brandt, médecin personnel de Hitler.Par quelques lignes manuscrites, Hitler assure en sep-tembre 1939 l’impunité totale aux médecins sélectionnantles personnes envoyées à la mort, libérant ainsi des placesdans les hôpitaux pour les blessés de guerre. Comme pour

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50 10 DOCTRINES RACIALES ET CRIMES CONTRE L’HUMANITÉ

Le château de Hartheim en Bavière, où furent gazés 18 269 ma-lades incurables et 5 000 détenus politiques.

les juifs, les victimes sont gazées dans de fausses salles dedouche. Malgré le secret entourant ces opérations, l’eu-thanasie est condamnée publiquement par l’évêque deMünster en août 1941. Elle cesse officiellement, maiscontinue en fait dans les camps de concentration. Environ200 000 schizophrènes, épileptiques, séniles, paralytiquesont ainsi été exécutés. Par ailleurs, les forces nazies ontsystématiquement fusillé les handicapés mentaux trouvésdans les hôpitaux de Pologne et d'Union soviétique en-vahies. De nombreux spécialistes de l’euthanasie sont en-suite réaffectés au gazage massif des Juifs : l’aktion T4aura donc à la fois préparé et précédé chronologiquementla Solution finale.

10.3 Multiples persécutions

Dans l’Allemagne nazie, les juifs étaient exclus de la com-munauté du peuple allemand (Volksgemeinschaft). Le 1er

avril 1933, les docteurs, avocats et commerçants juifssont l’objet d’une vaste campagne de boycott, mise enœuvre notamment par les SA. Ces milices créées par Hit-ler avaient déjà perpétré, dès le début des années 1920,des actes de violences contre les juifs. Le 7 avril, deuxmois après l’arrivée de Hitler au pouvoir, la loi « pour lerétablissement d’une fonction publique professionnelle »exclut les juifs de tout emploi dans les gouvernements(sauf les anciens combattants et ceux qui étaient en ser-vice depuis plus de dix ans).Le 15 septembre 1935, Hitler, officialisant et radicalisantl'antisémitisme d’État, proclame les lois de Nuremberg,comprenant les lois « pour la protection du sang et del’honneur allemand » et « sur la citoyenneté du Reich ».Celles-ci interdisent aux Juifs l’accès aux emplois de lafonction publique et aux postes dans les universités, l’en-rôlement dans l’armée ou la pratique de professions li-bérales. Ils ne peuvent plus avoir de permis de conduire.Les Juifs sont déchus de leur nationalité allemande. Les

Boycott officiel des magasins juifs par les SA, Berlin, 1933.

mariages mixtes ou les relations sexuelles entre juifs etAllemands sont également proscrits. L’objectif est la sé-grégation complète entre le peuple allemand et les juifs,ce qui est valable également pour les écoles, le logementou les transports en commun. En 1937, une « loi d’aryani-sation » vise à déposséder les Juifs des entreprises qu’ilspossèdent. Lourdement frappés par ces mesures discri-minatoires, les Juifs allemands émigrent massivement :environ 400 000 départs en 1933-1939 en comptant lesAutrichiens (sur environ 660 000), vers les Amériques,la Palestine ou l’Europe de l’Ouest. En général, ces émi-grants sont mal accueillis, et parfois internés en tant queressortissants d'un pays ennemi, ou refoulés par diverspays d'Europe et d'Amérique.Dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938, Joseph Goeb-bels organise avec l'approbation du chancelier un vastepogrom : la nuit de Cristal, prenant comme prétexte l’as-sassinat d’un diplomate du Reich à Paris par un Juif alle-mand. Goebbels semble utiliser cet évènement pour rega-gner la faveur d'Adolf Hitler, qu'il a partiellement perduelorsque sa liaison avec une actrice a failli conduire soncouple au divorce public. Au cours de cette nuit, des cen-taines de magasins juifs sont saccagés et la plupart dessynagogues d'Allemagne incendiées. Le bilan est de 91morts et près de 30 000 juifs sont internés dans des campsde concentration (Dachau, Buchenwald, Sachsenhausen).À la suite de ces évènements, la communauté juive, tenuepour responsable des violences, est sommée de payer uneamende de 1 milliard de marks : les biens des juifs sontmassivement spoliés.

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10.4 Shoah 51

La population allemande, embrigadée par la propagandede Hitler, Goebbels ou Streicher, était convaincue del’existence d’une « question juive ». Ce conditionnementfavorise la participation de nombre d’entre-eux à l’exter-mination des juifs.

10.4 Shoah

Article détaillé : Shoah.

Le 2 avril 1945, dans son bunker, Hitler dicte dans sontestament politique : « [...] on sera éternellement recon-naissant au national-socialisme de ce que j’ai éliminé lesJuifs d’Allemagne et d’Europe centrale »[395]. L’allusionà l’extermination physique des Juifs dans Mein Kampffait encore l’objet d’un débat d’historiens. Pour une par-tie d’entre eux, ce projet n’a pas été explicitement décritdans ce livre, tandis que l’autre partie estime que l’anti-sémitisme qui s’y exprime est non seulement alarmant,mais s’appuie sur une terminologie Ausrottung (en) si-gnificative. Le projet d’extermination totale des Juifs apu germer dans l’esprit de Hitler et de ses séides asseztôt, mais il ne semble pas qu’il ait établi de plan précisou de méthodologie pour passer à l’acte avant la guerre.Rien ne semble indiquer, qu’initialement, les dirigeantsnazis aient prévu que les premières mesures antisémitesdevaient conduire à une conclusion homicide et a fortio-ri génocidaire. Cependant, d’après les mots du procureurgénéral américain Robert Jackson lors du procès de Nu-remberg, « la détermination à détruire les juifs a été uneforce qui, à chaque moment, a cimenté les éléments dela conspiration (nazie) ». De fait, les déclarations d’AdolfHitler sur les Juifs montrent que, dès le début, il nour-rissait le projet de destruction physique des Juifs et quela guerre fut pour lui l’occasion d’annoncer cette destruc-tion, puis d’en commenter la mise en œuvre[396].Le 12 novembre 1938, après la nuit de Cristal, Göringconvoqua une grande conférence au ministère de l’Airavec le but d’uniformiser les mesures antijuives. Un re-présentant du ministère des Affaires étrangères nota lerésumé de Göring : « Si, dans un proche avenir, le Reichallemand se trouve engagé dans un conflit avec des puis-sances étrangères, il va sans dire que nous, en Allemagne,nous penserons en tout premier lieu à régler nos comptesavec les Juifs[397] ». Hitler radicalisa pareillement sa rhé-torique antisémite. Le 30 janvier 1939, dans un discoursretentissant au Reichstag, Hitler a « prophétisé » qu’encas de guerre, le résultat serait « l’anéantissement de larace juive en Europe ». À cette « prophétie » décisive,lui-même ou Goebbels feront de nombreuses allusions enprivé au cours de la guerre : son accomplissement unefois la guerre commencée sera l’une des préoccupationsprioritaires.Hitler n’a toutefois nul besoin de s’investir personnelle-ment beaucoup dans la destruction des Juifs, déléguée àHimmler, qui se contente de lui faire des rapports régu-

liers. Si divers documents secrets nazis planifiant l’exter-mination font souvent allusion à « l’ordre du Führer », au-cune note manuscrite de lui sur la « Solution finale » n’ajamais été retrouvée ni n’a sans doute jamais existé. C'estsigne que son pouvoir absolu lui a permis de déclencherl’un des plus grands crimes de l’Histoire sans même be-soin d’un ordre écrit. Les dirigeants nazis ont longtempsenvisagé, parmi d’autres « solutions » comme la créa-tion de zones de relégation, d’expulser l’ensemble de lacommunauté juive allemande sans l’exterminer, mais au-cune phase de réalisation concrète n’a été enclenchée. Desprojets d’installation des juifs en Afrique (Plan Madagas-car) ont notamment été envisagés. Le déclenchement dela guerre radicalise les persécutions antisémites au seindu Troisième Reich. La prolongation de la guerre contrele Royaume-Uni ne permet plus d’envisager ces dépor-tations, de même qu'est abandonnée l’idée d’un déplace-ment des juifs d’Europe en Sibérie — qui aurait déjà suffien lui-même à provoquer une hécatombe en leur sein.

Une femme juive et son enfant fusillés par les Einsatzgruppen àIvangorod, Ukraine, 1942.

L’occupation de la Pologne en septembre 1939 a pla-cé sous contrôle allemand plus de 3 000 000 de juifs.Ceux-ci sont rapidement parqués dans des ghettos, dansles principales villes polonaises, où ils sont spoliés et af-famés, et réduits à une misère inimaginable. L’attaquecontre l’Union soviétique, à partir du 22 juin 1941, placesur un même plan la conquête du Lebensraum et l’éra-dication du « judéo-bolchévisme ». Des unités de la SS,les Einsatzgruppen, souvent secondées par des unités dela Wehrmacht et de la police, aidées parfois d'habitants etde collaborateurs locaux, fusilleront sommairement de unet demi à près de deux millions de juifs, femmes, bébés,enfants et vieillards compris, sur le front de l’Est.Le 18 septembre 1941, une circulaire secrète de Himm-ler annonce que le Führer a décidé de déporter tous lesJuifs d'Europe occupée à l'Est, et que l'émigration for-cée n'est plus à l'ordre du jour. C'est le premier pas versun génocide à l'échelle cette fois du continent entier. Fin1941, les premiers « camions à gaz » sont utilisés à l'est,tandis que les camps d'extermination de Chelmno et deBelzec sont déjà construits et commencent leur œuvred'assassinat de masse. La date exacte de la décision prise

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52 10 DOCTRINES RACIALES ET CRIMES CONTRE L’HUMANITÉ

par Hitler n’a jamais été cernée de façon précise puisqu’iln’a jamais formellement écrit un ordre, mais il l'a élabo-rée au cours de l'automne 1941. En septembre 1941 desconversations personnelles cruciales se tenaient entre Hit-ler et Himmler, Himmler et Ribbentrop, Ribbentrop etHitler. Ils discutaient de l'avenir des juifs en Europe touten considérant l'entrée en guerre des États-Unis[398]. Laradicalisation immédiate et préméditée de la violence na-zie avec l'invasion de l'Union soviétique, le ralentissementpuis l'échec des opérations en URSS, la perspective bien-tôt concrétisée de l'entrée en guerre contre les États-Unis,ont sans doute précipité la décision de Hitler de réalisersa « prophétie » de 1939[399].Le 20 janvier 1942, lors de la conférence de Wann-see, 15 responsables du Troisième Reich, sous la prési-dence du chef du RSHA Reinhard Heydrich, entérinentla « solution finale au problème juif » (Endlösung der Ju-denfrage). L’extermination totale des Juifs en Europe varevêtir un caractère bureaucratique, industriel et systé-matique qui la rendra sans équivalent à cette heure dansl'histoire humaine. Hitler n'est pas là en personne, maisles mesures prises respectent ses objectifs généraux. Enété 1942, Himmler a déclaré : « Les secteurs occupés de-viennent judenfrei. Le chef a mis cet ordre très lourd surmes épaules »[400].Au sommet de l'État, immédiatement après Hitler, ce sontHimmler, Heydrich et Göring qui ont pris la part la plusimportante dans la mise en place administrative de laSolution finale. Sur le terrain, l’extermination des juifs aété souvent le fait d’initiatives locales, allant parfois au-devant des attentes et des décisions du Führer. Elles ontété notamment l'œuvre d’officiers de la SS et de gauleitersfanatiques pressés de plaire à tout prix au Führer en liqui-dant au plus tôt les éléments indésirables dans leurs fiefs.Les gauleiters Albert Forster à Dantzig, Arthur Greiserdans le Warthegau ou Erich Koch en Ukraine ont ain-si particulièrement rivalisé de cruauté et de brutalité, lesdeux premiers concourant entre eux pour être chacun lepremier à tenir leur promesse verbale faite à Hitler degermaniser intégralement leur territoire sous dix ans[135].Deux proches collaborateurs de Hitler, Hans Frank, gou-verneur général de la Pologne, et Alfred Rosenberg, mi-nistre des Territoires de l’Est, ont également pris une partactive à la « destruction des Juifs d'Europe ».Beaucoup d'« Allemands ordinaires » ont été à peinemoins compromis que les SS dans les massacres sur lefront de l'Est. Plus d'un policier de réserve, plus d'unjeune soldat ou d'un officier avaient intégré le discoursnazi, sans parler des généraux de Hitler. Des milliersdonnèrent libre cours à leur violence et à leur sadismedès qu'ils furent autorisés et encouragés à humilier età tuer au nom du Führer[401]. À travers toute l'Europe,d'innombrables « criminels de bureaux », à l'image dubureaucrate Adolf Eichmann, exécutèrent sans état d'âmeparticulier les desseins de leur Führer ou de gouverne-ments collaborateurs. Dans les camps d'extermination,ainsi que le rappellent les mémoires du commandant

d'Auschwitz Rudolf Höss, responsable de la mort de prèsd'un million de Juifs, il était impensable à quiconque, dusimple garde SS au chef du camp, de désobéir à l'ordredu Führer (Führersbefehl), ou de s’interroger un seul ins-tant sur la justesse de ses ordres. A fortiori, il était hors dequestion d'éprouver le moindre scrupule moral[402]. Au-cun des « bourreaux volontaires de Hitler » (Daniel Gold-hagen) n'a jamais été contraint de participer à la SolutionFinale : un soldat ou un SS dont les nerfs craquaient selaissait persuader de continuer, ou il obtenait facilementsa mutation.Personne au sein de son système ne découragea doncAdolf Hitler de procéder à la « Solution finale ». En 1943,l'épouse de son ancien ministre Konstantin von Neurath,choquée de ce qu'elle avait vu du camp juif de Westerborken Hollande occupée, osa exceptionnellement s’en ouvrirau Führer : ce dernier la rabroua que l'Allemagne avaitassez perdu de soldats pour qu'il soit obligé de se soucierde la vie des Juifs, et la bannit à l'avenir du cercle de sesinvités.Dans l'ensemble, les chefs et opinions alliés, le pape PieXII ou une partie de la Résistance européenne ne prirentpas conscience de la gravité spécifique du sort des Juifs,et gardèrent plutôt le silence sur leur sort, ce qui ai-da sans doute indirectement Hitler. De même que lanon-résistance d'une partie importante des Juifs affamés,désorientés et ignorants du destin qu'il leur réservait, fa-cilita la réalisation de son projet criminel. En avril-mai1943, en revanche, la révolte du ghetto de Varsovie plon-gea Hitler dans une colère prolongée, mais ses ordres fu-rieux et répétés n'empêchèrent pas une poignée de com-battants juifs de faire échec plusieurs semaines à la recon-quête SS.Après l’été 1941, Himmler retint le procédé d’exécutionmassive par les chambres à gaz testé à Auschwitz. Au to-tal, près de 1 700 000 juifs, surtout d’Europe centraleet orientale, ont été gazés à Sobibor, Treblinka, Belzec,Chelmno et Maïdanek. Dans le seul camp de concentra-tion et d’extermination d’Auschwitz-Birkenau, 1 000 000de juifs ont péri.Les trois quarts des Juifs de l'Europe occupée — 5 à 6millions d'êtres humains dont 1,5 million d'enfants, tousn'ayant commis que le crime d'être né juif et ne repré-sentant aucune menace sinon imaginaire — ont donc péridans une entreprise de nature sans précédent. Sur les 189000 Juifs qui vivaient à Vienne avant Hitler, un milliersurvivent en 1945, tout comme seulement une poignéedes Juifs restés en Allemagne en 1940. Les Pays-Bas ontperdu 80 % de leurs Juifs, la Pologne et les pays Baltesplus de 95 %. En deux ou trois ans à peine, l'exterminationa fait disparaître des familles entières. Dans une large partde l'Europe, c'est en fait toute une culture, tout un universqu'Adolf Hitler a fait assassiner sans retour.

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10.6 « Sous-hommes » slaves 53

10.5 Extermination des Tsiganes

Article détaillé : Porajmos.

Hitler n'a pas dit un mot des Tsiganes dansMein Kampf eten tout état de cause, il ne nourrit pas pour eux l'obsessionqu'il éprouve pour les Juifs[403]. Son régime persécute etinterne les 34 000 Tsiganes du Reich dès avant-guerre,et les prive de leur citoyenneté allemande, mais moinsau nom de raisons raciales (les Tsiganes sont originairesdes mêmes régions que le berceau supposé de la race« aryenne ») qu'en tant qu'« asociaux ». Ce qui n'empêchad'ailleurs pas de s’en prendre aussi à ceux d'entre eux quisont parfaitement bien intégrés dans la société allemande,dans laquelle beaucoup disposaient de logements, de mé-tiers ou de décorations acquises au front. L’« Office cen-tral pour la lutte contre le péril tsigane » fut l'instrumentde cette répression. La tribu des Sinti, censée ne pas s’êtreabâtardie, ne fut pourtant pas épargnée[404], tout commeles sang-mêlés en partie nés de non-Tsiganes « aryens ».L'extermination d'environ un tiers des Tsiganes euro-péens ou Porajmos pendant la guerre n'a pas revêtu lecaractère systématique et général du génocide des Juifs.Ainsi, aucun n'a été déporté de France, où ils étaient pour-tant des milliers disponibles dans les camps d'internementdu régime de Vichy. En Belgique et aux Pays-Bas, les na-zis attendirent 1944 pour déporter plusieurs centaines deGitans à Auschwitz — ce qui fut suffisant toutefois pourdécimer sans retour leur communauté. La terreur et lesdéportations furent plus fortes à l'Est, où beaucoup furentfusillés sur place par les Einsatzgruppen, la Wehrmachtou par leurs collaborateurs locaux (les Oustachis croatesse chargèrent de liquider 99 % des 28 700 Tsiganes dupays[405]). Mais s’il a donné le 16 décembre 1942 l'ordregénéral de déportation des Tsiganes européens à Ausch-witz, Himmler s’en est désintéressé presque aussitôt, etHitler ne semble pas avoir accordé une attention parti-culière à la question. Dans la section spéciale qui leurétait réservée à Auschwitz-Birkenau, les familles tsiganesn'étaient pas séparées, ni exposées aux sélections régu-lières pour la chambre à gaz ni soumises au travail forcé,quelques-unes purent même être libérées en échange deleur stérilisation forcée. Mais le médecin SS de leur camp,Josef Mengele, surnommé l'« Archange de la Mort »,pratiqua des expériences pseudo-médicales sur un certainnombre d'enfants tsiganes, notamment des jumeaux.Après avoir longtemps hésité, puis fait mettre à part plu-sieurs milliers d'hommes valides pour le travail forcéconcentrationnaire, Himmler donna finalement l'ordre aucommandant du camp, Rudolf Höss, d'exterminer ce quirestait du « camp des familles ». Du 1er au 3 août 1944,des milliers de Tsiganes, hommes, femmes, enfants etvieillards, furent ainsi conduits à la chambre à gaz dansdes scènes dramatiques[406]. L'estimation du nombre deTsiganes victimes des nazis reste l'objet de controverses.Pour les Tsiganes allemands et autrichiens, le chiffre despersonnes envoyées dans les camps de concentration, dé-

portées à l'est et gazées, oscille entre 15 000 et 20 000sur une population de 29 000 Tsiganes en 1942 ; quantau nombre des Tsiganes européens assassinés par les na-zis, il a été successivement estimé à 219 000 victimes parrapport à une population totale de 1 000 000[407], à 196000 morts sur 831 000 personnes[408], voire à un demimillion de victimes[404], cette dernière estimation n'étantpas étayée par une source ou une ventilation par pays[409].La reconnaissance de leur tragédie fut tardive, et dansl'immédiat, elle ne modifia guère les préjugés et les pra-tiques publiques courantes à leur encontre.

10.6 « Sous-hommes » slaves

L’extension du Lebensraum allemand devait fatalementse réaliser aux dépens des populations slaves repousséesvers l’Est. Pour Hitler, la Pologne, les Pays baltes, laBiélorussie et l’Ukraine devaient être traités comme descolonies. À ce sujet, Hitler aurait dit, selon Hermann Rau-schning, en 1934 : « ainsi s’impose à nous le devoir de dé-peupler, comme nous avons celui de cultiver méthodique-ment l’accroissement de la population allemande. Vousallez me demander ce que signifie « dépeuplement », etsi j’ai l’intention de supprimer des nations entières ? Ehbien, oui, c’est à peu près cela. La nature est cruelle, nousavons donc le droit de l’être aussi ».Les populations non germaniques sont expulsées des ter-ritoires annexés par le IIIe Reich après 1939, et diri-gées vers le Gouvernement général de la Pologne, en-tité totalement vassalisée et placée par Hitler sous lejoug de Hans Frank, le juriste du parti nazi. Dès oc-tobre 1939, le RSHA programme la « liquidation phy-sique de tous les éléments polonais qui ont occupé unequelconque responsabilité en Pologne (ou) qui pourrontprendre la tête d’une résistance polonaise ». Sont visésles prêtres, les enseignants, les médecins, les officiers, lesfonctionnaires et les commerçants importants, les grandspropriétaires fonciers, les écrivains, les journalistes, etde manière générale, toute personne ayant effectué desétudes supérieures. Des commandos SS sont chargés decette besogne. Ce traitement extrêmement dur aura cau-sé la mort de près de 2 200 000 Polonais, dont 50 000membres des élites. C'est ainsi que 30 % des professeursde l'enseignement supérieur polonais ont péri, et des mil-liers d'hommes d'Église, d'aristocrates et d'officiers. Encomptant les 3 000 000 de Juifs polonais, exterminés àplus de 90 %, c’est 15 à 20 % de la population civilepolonaise qui a disparu. Les nazis firent aussi fermer lesthéâtres, les journaux, les séminaires, l’enseignement se-condaire, technique et supérieur. Du 1er août au 2 octobre1944, avec l’accord de Hitler, Himmler orchestra la ré-pression de l’insurrection de Varsovie, avec pour but ladestruction totale de la capitale, foyer le plus actif de larésistance polonaise. Avec la complicité passive de l’Ar-mée rouge qui, stoppée par les Allemands aux portes dela ville, ne parachuta aucune aide aux insurgés, les nazisdétruisirent la ville à 90 %, et la vidèrent de ses derniers

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54 11 CONCEPTIONS RELIGIEUSES

civils après avoir causé la mort d’environ 200 000 per-sonnes.Avec l’agression de l’URSS, Hitler a prémédité une guerred’anéantissement contre les populations soviétiques, desexperts réunis par Göring ayant notamment prévu que« nos projets devraient entraîner la mort d’environ 10millions de personnes ». Le but est de piller toutes les res-sources du pays, de démanteler toute l’économie, de ra-ser les villes, et de réduire les populations à l’état d’escla-vage et de famine. La répression contre les Slaves prenddonc une tournure encore plus massive, bien que cer-taines populations, notamment les nationalistes baltes etukrainiens aient été initialement disposées à collaborercontre le régime stalinien.Le traitement des prisonniers soviétiques capturés par lesAllemands a été particulièrement inhumain : 3 700 000d’entre eux sur 5 500 000 meurent de faim, d’épuisementou de maladie, parfois après avoir été torturés ou suppli-ciés ; des milliers d’autres sont conduits dans les campsde concentration du Reich pour y être abattus au cours defusillades massives. Les commissaires politiques sont sys-tématiquement abattus au nom du « décret des commis-saires » (Kommissarbefehl) signé par Keitel dès avant l’in-vasion. Des millions de femmes et d’hommes, parfois desenfants et des adolescents, sont raflés au cours de chassesà l’homme dramatiques pour être transférés dans le Reichcomme main-d’œuvre servile. Les actions des partisanssont l’occasion de représailles impitoyables sur les po-pulations civiles, aussi bien en URSS qu’en Pologne, enGrèce et en Yougoslavie. Environ 11 500 000 civils so-viétiques meurent ainsi pendant la Seconde Guerre mon-diale.À l'automne 1944, après l'échec de la première offensivesoviétique en Prusse Orientale, visionnant les images despetites villes prussiennes reprises aux soviétiques rappor-tées par des unités de la police militaire, il entre dans unefureur noire et assimile les soldats de l'Armée rouge, lesSlaves et les populations soviétiques, non à des hommesmais à des animaux, définissant ainsi la guerre comme unconflit pour la défense de l'humanité européenne, mena-cée par les steppes asiatiques ; dans cette perspective, ilordonne que ces images soient largement diffusées poursusciter la haine contre les Slaves[410].L’obsession personnelle de Hitler à réduire ces peuplesà l’état de sous-hommes a privé la Wehrmacht de nom-breuses aides potentielles parmi les populations soumisesau joug soviétique. Elle a également eu un rôle morti-fère direct, comme lorsque Hitler interdit d’enlever d’as-saut la ville de Leningrad, qu’il soumet délibérément àun blocus meurtrier responsable, en mille jours de siège,de plus de 700 000 morts de civils. À ses yeux, la villequi avait vu naître la révolution de 1917 devait être affa-mée puis rasée au sol. Mais il est difficile de supputer surles conséquences d'une « attitude plus modérée, accep-table pour la majorité de la population, russe ou allogène.Le fait est qu'une telle politique était exclue car les nazis

n'auraient plus été des nazis, et la Seconde Guerre mon-diale n'aurait pas eu lieu »[411]. De même, Hitler a caution-né les expériences pseudo-médicales visant à mettre aupoint un programme de stérilisation massive des femmesslaves, perpétré sur des milliers de cobayes humains deRavensbrück et d’Auschwitz. Et les premières victimes degazages au Zyklon B à Auschwitz furent des prisonnierssoviétiques[412].

10.7 Persécution des homosexuels

Monument dédié aux victimes homosexuelles du nazisme, à Am-sterdam.

Hitler semble avoir été essentiellement pragmatique dansce domaine : il toléra un temps l'homosexualité au sein duparti nazi, mais sut user de l'homophobie populaire lors-qu'il pouvait en tirer profit, en particulier lors de la Nuitdes Longs Couteaux et de l'élimination d'Ernst Röhm,ainsi que lors de l'affaire Blomberg-Fritsch. Il ne déve-loppa pas de doctrine spécifique à cet égard[413],[414], aucontraire de Himmler[415]

Entre 5 000 et 15 000 homosexuels ont été déportés encamp de concentration entre 1933 et 1945, sur environ 50000 poursuivis au titre du paragraphe 175 criminalisantles actes sexuels entre deux hommes (l'homosexualité fé-minine n'ayant pas été criminalisée)[413]. Représentantmoins de 1 % des effectifs des camps, ils sont en re-vanche le plus souvent affectés aux commandos de travailles plus durs et, comparés à d'autres groupes, connaissentune mortalité particulièrement élevée[416].

11 Conceptions religieuses

Hitler avait été élevé par une mère catholique trèscroyante et il fut fasciné dans son enfance par les cérémo-nies religieuses et le faste de l'Église catholique[417]. Bienque, enfant, il fut baptisé puis confirmé à l'âge de quinzeans, il cessa d'aller à la messe après avoir définitivementquitté le foyer familial[418].

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« HIM » : sculpture par Maurizio Cattelan présentant Adolf Hitlerà genoux en priant, exposée dans le hall d'un des bâtiments del'ancien Ghetto de Varsovie en 2013.

En 1914, lors de son engagement dans un régiment ba-varois il se déclara officiellement Gottglaubig, ce quisignifie à peu près déiste sans affiliation à une églisereconnue[419]. Plus tard, développant sa propre vision dumonde, il s’éloigne encore plus du christianisme et y de-vient très hostile, le tenant pour une religion hébraïquedont les préceptes de charité et d'amour du prochainlui semblaient contraires à la volonté de puissance etaux vertus guerrières qu'il souhaitait insuffler au peupleallemand[420]. Hitler percevait le christianisme commeune religion antinaturelle et mortifère[421] : « Le chris-tianisme est une rébellion contre la loi naturelle, uneprotestation contre la nature. Poussé à sa logique ex-trême, le christianisme signifierait la culture systématiquede l’échec humain ». Il détestait son origine juive[420] :« Le coup le plus dur qui ait jamais frappé l'humanitéfut l'avènement du christianisme. Le bolchevisme est unenfant illégitime du christianisme. Tous deux sont des in-ventions du Juif. C'est par le christianisme que le men-songe délibéré en matière de religion a été introduitdans le monde. Le bolchevisme pratique un mensongede même nature quand il prétend apporter la liberté auxhommes, alors qu'en réalité il ne veut faire d'eux que desesclaves. Dans le monde antique, les relations entre leshommes et les dieux étaient fondées sur un respect ins-tinctif. C'était un monde éclairé par l'idée de tolérance ».Concernant le paganisme, et contrairement à Himmlerdont pourtant il partageait la haine du christianisme, Hit-ler n'était pas favorable à la recréation d'un culte wota-

nique, il se félicitait de vivre à une époque « libérée detoute mystique[422] ». À propos du retour du paganismecomme moyen de combattre le christianisme, Hitler dé-clara ainsi : « Il me semble que rien ne serait plus insen-sé que de rétablir le culte de Wotan. Notre vieille my-thologie avait cessé d'être viable lorsque le christianismes’est implanté. Ne meurt que ce qui est prêt à mourir. Àcette époque le monde antique était partagé entre les sys-tèmes philosophiques et le culte des idoles. Or il n'est passouhaitable que l'humanité entière s’abêtisse — et le seulmoyen de se débarrasser du christianisme est de le lais-ser mourir petit à petit ». Toutefois, il laissa Himmler etles SS remplacer les références chrétiennes de la socié-té allemande par des références au culte païen ancestral.Par exemple, Himmler débaptisa Noël en fête du solsticed’hiver ou de Iule, et fit du solstice d’été une fête de l’ac-couplement. Dans la SS, le baptême des enfants est déjàremplacé par une simple bénédiction du nom[423].Ses attaques contre le christianisme, notamment cellesque rapporte Martin Bormann dans ses propos de table,étaient plus inspirées par un matérialisme à préten-tion scientifique que par des références à une mystiquepaïenne[421] : « Le christianisme est une rébellion contrela loi naturelle, une protestation contre la nature ».Hitler affirma également dans les Propos de table : « Maisil n'est pas question que le national-socialisme se mette unjour à singer la religion en établissant une forme de culte.Sa seule ambition doit être de construire scientifiquementune doctrine qui ne soit rien de plus qu'un hommage à laraison ».Hitler admirait l'Islam et il regrettait que les Germains nefussent pas devenus musulmans ; il percevait avec sympa-thie l'Islam, religion qu'il percevait comme fanatique etguerrière[424]. Hitler affirma[425] : « Si à Poitiers, CharlesMartel avait été battu, la face du monde eût changé.Puisque le monde était déjà voué à l’influence judaïque(et son produit, le christianisme, est une chose si fade !)il eût beaucoup mieux valu que le mahométisme triom-phât. Cette religion récompense l’héroïsme, elle prometaux guerriers les joies du septième ciel… Animés parun tel esprit, les Germains eussent conquis le monde.C’est le christianisme qui les en a empêchés ». Il affir-ma aussi[426] : « Je conçois que l'on puisse s’enthousias-mer pour le paradis de Mahomet, mais le fade paradis deschrétiens ! ».Hitler admirait également la religion japonaise dévouée àl'État[427] : « Nous avons la malchance de ne pas posséderla bonne religion. Pourquoi n'avons-nous pas la religiondes Japonais, pour qui se sacrifier à sa patrie est le biensuprême ? La religion musulmane aussi serait bien plusappropriée que ce christianisme, avec sa tolérance amol-lissante ». Il voyait dans cette tradition spirituelle l'une descauses de la force du Japon[428] : « Cette philosophie [ja-ponaise], qui est une des raisons principales de leur suc-cès, n'a pu se maintenir comme principe d'existence dupeuple que parce que celui-ci est resté protégé contre le

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56 12 VIE PRIVÉE ET PERSONNALITÉ

poison du christianisme ».Cependant, pour ménager l'opinion allemande, il conti-nuait à payer ses impôts à l'Église et il affirma vouloirattendre la fin de la guerre pour régler leurs comptesaux églises chrétiennes[429], ce qui le conduisit à réfrénercertaines ardeurs antichrétiennes et mystiques du chef desSS. Dans ses discours, Hitler se contentait de référencesvagues à un dieu abstrait sans attache avec le christia-nisme, prônant de fait une position déiste.

12 Vie privée et personnalité

Adolf Hitler dans sa résidence de l'Obersalzberg, en 1936.

Comme son homologue totalitaire Joseph Staline, Hitlervivait, surtout pendant la guerre, en reclus et en déca-lage temporel, menant dans ses divers QG une vie morne,monotone et essentiellement nocturne, dont il imposaitl'ennui à tout son entourage. Avant de s’y terrer après1941, notamment au Wolfsschanze (à la « Tanière duLoup ») à côté de Rastenburg en Prusse-Orientale aprèsle lancement de l'invasion de l'Union soviétique, il esttoujours officiellement domicilié à Munich (il bouderaBerlin toute sa vie) et plus encore, il aime à satisfaireson goût romantique pour les montagnes au Berghof, sarésidence des Alpes bavaroises de Berchtesgaden (sur-plombée du Nid d'aigle mais où il se rendra peu). Surl'Obersalzberg où elle se trouve, viennent aussi habiterquelques-uns de ses principaux courtisans et intimes.Selon certaines sources, Hitler ne buvait ni ne fumait (letabac était rigoureusement proscrit en sa présence), man-geait végétarien[430] au moins depuis 1932[431],[432].La vie sentimentale et surtout sexuelle de Hitler, bienque peu discernable et surtout sans portée connue surson rôle historique[433], a été l'objet de nombreuses spé-culations de toutes sortes depuis au moins 1945, dansune littérature de qualité variable[434] aux sources pourle moins controversées. Ces spéculations revêtent desformes multiples et parfois contradictoires : une homo-sexualité hypothétique remontant aux années de jeunesseà Vienne ou à celles de la Première Guerre mondiale[435],un goût trouble et intéressé pour les riches femmes mûres

dans les années 1920[436], des relations incestueuses avecsa jeune nièce Geli Raubal[437], d'éventuelles pratiquesondinistes[438],[439] ou coprophiles[440], une supposéeimpuissance[441], voire le nombre de ses testicules[442].Le seul fait est que, se présentant à son peuple commemystiquement marié à l'Allemagne, pour justifier etinstrumentaliser son célibat, Hitler a caché aux Alle-mands l'existence d'Eva Braun pendant toute la durée duTroisième Reich, négligeant souvent celle-ci et lui inter-disant de paraître en public voire de venir à Berlin, etla confinant le plus possible en Bavière. Pour Ian Ker-shaw, en choisissant des femmes nettement moins âgéesque lui (23 ans de moins dans le cas d'Eva Braun), et enconservant la distance (sa future épouse d'un jour ne de-vait l'appeler que mein Führer), Hitler s’assurait de pou-voir garder intacte sa domination narcissique et égoïstesur elles.Solitaire et sans amis, Hitler a toujours été incapabledès sa jeunesse de laisser transparaître le moindre senti-ment de compassion ou d'affection réelle pour personne,réservant ses quelques accès de tendresse à sa chienneBlondi, un berger allemand. Son égoïsme sans complexe,sa conviction d'être infaillible et sa soif de dominationse traduisaient au quotidien par le refus de toute critiqueet par ses interminables monologues, ressassant éternel-lement les mêmes thèmes des heures durant, et épui-sant son entourage jusque très tard dans la nuit[443]. Ce-la ne l'empêchait pas de régner sur son entourage et surles masses par son charisme et son indéniable talent deséduction, et d'inspirer des dévouements aveugles allantjusqu'au fanatisme. Les célèbres colères effroyables qu'ilpouvait piquer, contre ses généraux notamment, n'étaienten réalité pas très fréquentes, et survenaient surtout quandla situation échappait à son contrôle[444].Les images célèbres de l'orateur Hitler en train de vocifé-rer ou d'éructer avec force gestes frénétiques ne doiventpas non plus donner une idée réductrice de ses talentspropagandistes. En réalité, avant d'en arriver à ces pointsd'orgue fameux qui électrisaient l'assistance, Hitler savaitvarier les tons, construire sa progression et doser son dé-bit, lequel ne s’accélérait que graduellement.Autodidacte, son instruction hâtive a toujours lais-sé à désirer. Ses bibliothèques à Munich, Berlin etBerchtesgaden contenaient plus de 16 000 volumesdont peu d'ouvrages authentiquement scientifiques ouphilosophiques[445]. Il a persécuté Freud (décimant aus-si sa famille), et a déformé grossièrement la pensée deFriedrich Nietzsche afin de mieux faire cadrer ses lec-tures avec son idéologie personnelle. Il ne connaissait au-cune langue étrangère, son interprète attitré Paul-OttoSchmidt se chargeant de lui traduire la presse extérieureou l'accompagnant dans toutes les rencontres internatio-nales.Des employés devaient présenter des lunettes partout dansla chancellerie du Reich, afin que Hitler en ait rapidementune paire à la main[446].

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Prompt à exalter et à embrigader le sport, il ne faisait ja-mais le moindre exercice de culture physique. Incapablede se contraindre au travail régulier et suivi depuis sa jeu-nesse bohème de Vienne, le « dictateur paresseux » (Mar-tin Broszat) n'avait pas d'horaires de travail fixes, négli-geait souvent de réunir ou de présider le conseil des mi-nistres, était parfois longuement introuvable même pourses secrétaires, et ne faisait le plus souvent que survo-ler les dossiers et les rapports. Au contraire du très bu-reaucratique Staline, Hitler détestait la paperasserie, etn'a de sa vie rédigé qu'un seul memorandum, celui surle Plan de Quatre Ans (1936), qu'il n'a d'ailleurs fait lirequ'à deux ou trois personnes dont Göring et le chef del'armée Von Blomberg. Ses directives étaient souvent pu-rement verbales ou rédigées en des termes assez générauxpour laisser à ses subordonnés une assez grande marge demanœuvre[447]. Détaché du catholicisme dès son enfance,et devenu un doctrinaire antichrétien, Hitler n'a jamais as-sisté à une cérémonie religieuse de toute sa vie politique,même s’il faisait souvent référence en public à une vague« Providence » dont il se sentait l'instrument. Malgré destracasseries et des surveillances, il a toujours eu l'habiletéde ménager globalement les Églises allemandes, évitantun conflit ouvert dangereux pour l'adhésion des popula-tions à sa personne. Ni lui ni ses partisans n'ont jamaisété excommuniés, et l'encyclique antinazie du pape PieXI, Mit brennender Sorge (1937), évite prudemment dementionner le nom de Hitler. Cyniquement, Hitler n'a ja-mais rédigé de déclaration de sortie de l'Église catholiqueet se prêtait à la simagrée de continuer à payer ses impôtsd'Église[448].Sa santé n'a cessé de se dégrader dans les dernières annéesde la guerre. Déprimé et insomniaque, vieillissant, voû-té et tremblant (peut-être atteint sur la fin de la maladiede Parkinson), bourré de médicaments par son médecinle Dr Theodor Morell, Hitler était surtout absorbé parles opérations militaires et hanté en son sommeil, de sonpropre aveu, par la position de chacune des unités dé-truites sur le front de l'Est. C'est bien avant de passer àl'acte qu'il évoquait devant ses proches le suicide commela solution de facilité qui permettrait d'en finir en un ins-tant avec ses ennuis. Il a déjà été prêt à passer à l'acteaprès deux échecs politiques en 1923 et 1932. Le 22 avril1945, lorsque les Russes encerclent Berlin, il fait savoir àson entourage qu'il a décidé de se donner la mort[449].Selon plusieurs chercheurs, il souffrait de maladies di-verses : de syndrome de l'intestin irritable, de lésionscutanées, de trouble du rythme cardiaque, de sclérosecoronaire[450], de syphilis, de la maladie de Parkinson[451]

et d'acouphène[452], entre autres. Dans un rapport éta-bli en 1943 par Walter Charles Langer de l’universitéd'Harvard pour l'Office of Strategic Services (OSS), il estqualifié de psychopathe[453]. Dans son ouvrage sur Hitler,l'historien Robert G. L. Waite (en), soutient qu'il souffraitde trouble de la personnalité limite[454].

13 Postérité sur les consciences

Une victime onomastique directe de Hitler fut son propreprénom : rien qu'en France, son usage décline dès 1933pour s’effondrer avec la guerre. Depuis 1945, sous toutesses variantes, « Adolphe » a pratiquement disparu commenom de baptême[455].Outre qu'il a rendu plus difficile et angoissant à laphilosophie contemporaine de penser un monde quia connu Hitler[456], le personnage, invoqué de façonrhétorique comme le paradigme de la monstruosité et dumal radical, a donné involontairement son nom à un pro-cédé de logique : la reductio ad Hitlerum. On parle égale-ment de « point Godwin » de la conversation, à partir du-quel tout sujet potentiel finit théoriquement par conduireà parler d'Adolf Hitler ou du nazisme, phénomène élar-gi par le philosophe François De Smet au processusd'autocensure de la liberté d'expression sur Internet[456].

13.1 Carnets

Cinquante faux Carnets d'Hitler sont publiés enAllemagne par le magazine Stern en 1983, alorsqu’ils avaient été réalisés par un faussaire, Konrad Kujau.Paris Match acheta à prix d’or l’exclusivité pour laFrance.

14 Regards de contemporains

14.1 Personnalités

• Brouillé avec Hitler, le général Ludendorff adresseune lettre prophétique à son ancien collègueHindenburg, peu après le 30 janvier 1933 :

« En nommant Hitler chancelier du Reich,vous avez remis notre sainte patrie alle-mande entre les mains d’un des plus grandsdémagogues que nous n'ayons jamais connus.Je vous prédis solennellement que ce funestepersonnage conduira notre Reich dans l’abîmeet plongera notre nation dans une misère in-concevable. Les générations à venir vous mau-diront dans la tombe pour ce que vous avezfait[457]. »

• Benito Mussolini déclara à Ostie, en août 1934 aucours d’un entretien avec la presse et des amis autri-chiens :

« Hitler est un affreux dégénéré sexuel etun fou dangereux. Le national-socialisme enAllemagne représente la barbarie sauvage et ceserait la fin de notre civilisation européenne si

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58 15 CULTURES ET MÉDIAS

ce pays d’assassins et de pédérastes devait sub-merger le continent. Toutefois, je ne puis êtretoujours le seul à marcher sur le Brenner[458]. »

• Erwin Rommel en octobre 1938 après avoir accom-pagné et assuré la sécurité du Führer durant l’an-nexion des Sudètes :

« Hitler possède un pouvoir magnétique surles foules, qui découle de la foi en une missionqui lui aurait été confiée par Dieu. Il se metà parler sur le ton de la prophétie. Il agit surl’impulsion et rarement sous l’empire de la rai-son. Il a l’étonnante faculté de rassembler lespoints essentiels d’une discussion et de lui don-ner une solution. Une forte intuition lui permetde deviner la pensée des autres. Il sait manieravec habileté la flatterie. Sa mémoire infailliblem’a beaucoup frappé. Il connaît par cœur deslivres qu’il a lus. Des pages entières et des cha-pitres sont photographiés dans son esprit. Songoût des statistiques est étonnamment dévelop-pé : il peut aligner des chiffres très précis surles troupes de l’ennemi, les diverses réserves demunitions, avec une réelle maestria qui impres-sionne l’état-major de l’Armée. »

• Dans une interview de 1981[459], Léon Degrelle,condamné à mort par contumace, en décembre1944, en Belgique, pour collaboration avec les na-zis, décrit Hitler qu’il rencontra une première foisen 1936 :

« Hitler n’était pas un homme comme lesautres, il ne ressemblait en rien aux politiciensque j’avais eu l’occasion de rencontrer jusque-là. C’était un homme extrêmement simple, vê-tu simplement, parlant simplement, très calme,contrairement à tout ce qu’on a pu raconter.Il était plein d’humour et très drôle dans saconversation. Sur toutes les questions, poli-tiques, économiques, sociales ou culturelles, ilétait porteur de vues absolument neuves, qu’ilexprimait avec une clarté et une conviction quientraînaient l’adhésion de ses auditeurs. Il sa-vait conquérir les individus et les foules par lerayonnement étrange de sa personnalité. »

• Baldur von Schirach, ancien chef des jeunesses hit-lériennes et gauleiter de Vienne, écrira en 1967, peuaprès sa sortie de prison :

« La catastrophe allemande ne provient pas seulement dece que Hitler a fait de nous, mais de ce que nous avonsfait de Hitler. Hitler n'est pas venu de l'extérieur, il n'étaitpas, comme beaucoup l'imaginent, une bête démoniaquequi a saisi le pouvoir tout seul. C'était l'homme que le

peuple allemand demandait et l'homme que nous avonsrendu maître de notre destin en le glorifiant sans limites.Car un Hitler n'apparaît que dans un peuple qui a le désiret la volonté d'avoir un Hitler[460] ».

14.2 Population

À partir de l'automne 1944, Hitler a perdu la confiancedes Allemands ; les proclamations de fidélité à sa per-sonne rencontrent peu d'échos ou sont vivement criti-quées, comme l'attestent les réactions de la population deStuttgart, rapportées par le SD, à un article de Goebbelspublié dans le journal Das Reich fin décembre 1944 : legénie de Hitler est alors remis en cause par la populationet il est jugé responsable du conflit[263]. Cependant, le dis-crédit qui entoure Hitler n'est pas unanimement partagédans la population : les réfugiés, nombreux en Allemagneet à Berlin, affirment le souhait de Hitler de les ramenerchez eux, et les jeunes plaignent sincèrement Hitler, per-çu comme ayant souhaité le meilleur pour le Reich[461].Même dans le district de Berchtesgaden, à proximité duBerghof, Hitler est considéré comme un malheur pour leReich à partir du mois de février 1945[462].

15 Cultures et médias

15.1 Interprétation psychanalytique

Fondateur d’un État totalitaire, doctrinaire raciste et anti-sémite, responsable de la partie européenne de la SecondeGuerre mondiale ayant fait entre quarante et soixante mil-lions de morts[463], et inspirateur du génocide des Juifs etde crimes contre l’humanité sans précédent ni équivalentà ce jour dans l’histoire humaine, le personnage de Hit-ler a cristallisé une telle animosité qu’il est devenu auxyeux des Occidentaux la figure archétypale du criminel,sinon la figure même du « mal absolu ». Aussi les inter-prétations de son comportement revêtent-elles nécessai-rement un enjeu considérable, et aussi est-il nécessaire deles considérer avec beaucoup de recul.Le psychanalyste Walter Charles Langer a été nommé parl'OSS en 1943 pour analyser le cas Hitler, son rapport adonné lieu a une publication[464]. Le psychiatre DouglasKelley connu pour ses analyses des personnalités jugéesau Procès de Nuremberg a lui aussi étudié la personna-lité d'Hitler en mettant les troubles gastriques de ce der-nier, probablement d'origine psychologique, comme unedes clés d'explication de sa « névrose d'angoisse » et deson hypocondrie délirante (1943)[465]. La psychologueAlice Miller[466] analyse les liens entre son éducation « ré-pressive » et la suite de sa biographie et avance l’expli-cation que les comportements violents de Hitler trouve-raient leur origine dans ses traumatismes infantiles. Samère avait épousé un homme plus âgé qu’elle de 23 ans,et qu’elle appelait « oncle Aloïs » ; ses trois enfants mou-

Page 59: Adolf Hitler

15.3 Créations diverses et chroniques 59

Hitler bébé.

rurent en quelques années autour de la naissance d’Adolf,amenant ce dernier à être surprotégé. Il aurait été ré-gulièrement battu et ridiculisé par son père ; après unetentative de fugue, il aurait été presque battu à mort.Adolf haït son père durant toute sa vie et on a rappor-té qu’il faisait des cauchemars à son sujet à la fin de sonexistence. Toutes ces explications sont controversées carelles ne parviennent pas plus que celles des philosophes(Hannah Arendt notamment) à rendre compte de ce quia pu constituer une telle personnalité.Lorsque l’Allemagne nazie annexa l’Autriche, Hitler fittransformer le village paternel, Döllersheim, et plusieursvillages alentours, en terrain d'entrainement pour laWehrmacht, entrainant l'évacuation de la population[467].Dans le cadre des exercices de l'armée, les maisons du vil-lage seront plus tard détruites. Le village abritait la tombede sa grand-mère paternelle. Les raisons ayant pousséHitler à ce choix ne sont pas historiquement établies.

15.2 Au cinéma

Article détaillé : Adolf Hitler au cinéma.

15.3 Créations diverses et chroniques

• Hitler a souvent été utilisé comme personnage dansdes œuvres de fiction. Un exemple précoce en est ladescription cryptée dans la pièce écrite en 1941 parBertolt Brecht, La Résistible Ascension d'Arturo Ui,dans laquelle Hitler est transposé en la personne d’unracketteur mafioso sur le marché des choux-fleurs àChicago.

• Roald Dahl a écrit une nouvelle intituléeUne histoirevraie sur la naissance d'Adolf Hitler, dans Kiss Kiss,recueil de nouvelles à l’humour noir.

• Une des plus étranges œuvres tardives de SalvadorDalí fut Hitler se masturbant, le représentant aucentre d’un paysage désolé.

• Dans son roman Pompes funèbres, Jean Genet pro-pose une vision homoérotisée du Führer, ainsi qu’unregard poétique sur les rapports qu’entretiennent laviolence nazie et l’attirance sexuelle.

• En 1970, une nouvelle de Pierre Boulle, intitulée Sondernier combat et insérée dans son recueil Quia Ab-surdum présente sous le nom de Herr Wallj un Hit-ler ayant avec Eva Braun et Martin Borman survécuà sa disparition de Berlin. Devenu propriétaire fon-cier au Pérou, père adoptif d'un métis, vénéré parses employés indigènes, il est rongé par des cauche-mars incessants sur la Solution finale. Il en découvrela raison : « Les juifs, Martin, je leur ai pardonné ».

• Rêve de fer (The Iron Dream, 1972) une uchronie deNorman Spinrad : un certain Adolf Hitler, n’arrivantpas à fonder un mouvement politique, émigre auxÉtats-Unis, écrit des romans d’heroic fantasy, dontun, le Seigneur du Swastika, récit enchâssé dans lelivre de Spinrad avec ses préface et postface expli-quant un monde n’ayant pas connu le régime nazi.

• Ces garçons qui venaient du Brésil, Franklin Schaff-ner (1976), raconte une tentative de clonage du dic-tateur défunt par le sinistre Docteur Mengele.

• Une nouvelle de Dino Buzzati, « Povero bambi-no ! »[468], nous montre Hitler enfant (sans le nom-mer autrement que par son surnom, “Dolfi”) en butteaux violences d’autres enfants dans un jardin public.

• De même, Roger Zelazny, dans une nouvelle in-titulée « The Borgia Hand »[469], à la thématiqueproche de l’argument du roman fantastique LesMains d'Orlac de Maurice Renard (1921), met enscène — là non plus sans le nommer — un Hitlerenfant à la main atrophiée, qui acquiert auprès d’uncolporteur aux dons de magicien (lequel se révèleêtre le Juif errant) une autre main, ayant appartenuà Cesar Borgia puis à Napoléon Bonaparte[Note 9].

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60 17 NOTES ET RÉFÉRENCES

• Hitlar (aussi connu simplement sous le titre Hitler),est un film pakistanais de 1980 mettant en scène unhypothétique fils caché d'Adolf Hitler vivant en tantque gérant de discothèque à Karachi.

• En 1981, Le transport de A.H de George Steinerimagine des chasseurs de nazis israéliens qui mirentla main sur Hitler, en Amazonie. Se décidant à le ju-ger, il doivent le laisser dire le mobile du génocide :un messianisme judéo-révolutionnaire (« Marx etRosa Luxembourg étaient juifs ») qui place la re-ligion ou la Révolution avant l'homme et la fa-mille. Dans une région où les Amérindiens se fai-saient exterminer, l'un d'entre eux présent empêchel'exécution.

• Fatherland, de Robert Harris est une uchronie quimet en scène un thriller dans une Europe où le Troi-sième Reich a triomphé des Alliés en 1944.

• La Part de l'autre, d’Éric-Emmanuel Schmitt, est unroman uchronique qui nous montre ce qu’aurait pudevenir le monde si, à cet instant précis du 8 octobre1908, le jury de l’École des Beaux-Arts de Vienneavait prononcé « Adolf Hitler : admis ». Il décrit enparallèle la vie de Hitler avec celle qu’il aurait eues’il avait été admis.

• Un château en forêt de Norman Mailer est une bio-graphie fictive de Hitler, où un SS posséderait desinformations secrètes sur l'enfance et la vie du Füh-rer, les livrant ainsi au lecteur.

• Lors de l'inauguration du musée de cire MadameTussauds de Berlin le 5 juillet 2008, un visiteur ber-linois a décapité la tête de la statue de cire de Hitler.Celle-ci sera retirée afin d'être réparée[470].

• Hipster Hitler est une bande dessinée comique quiraconte la vie d'un Adolf Hitler hipster.

16 Décorations

Décorations militaires

• Croix de fer (1re et 2e classe)

• Insigne des blessés (Allemagne) (noir)

17 Notes et références

17.1 Notes[1] Son biographe Ian Kershaw analyse ainsi la singulari-

té historique de Hitler, dont le nom est devenu de faitdans la conscience universelle un synonyme du « Mal » :outre qu’il a sévi bien au-delà des frontières de son pays,il s’agit d’un conquérant qui « n’a laissé que des ruines

derrière lui », ainsi qu’un immense traumatisme mo-ral. L’historien note aussi que même les derniers défen-seurs de Hitler n’osent pas assumer frontalement ses actes(négationnisme) — Ian Kershaw 1999, préface.L’historiographie contemporaine a enfin amplement dé-montré et souligné la singularité de la Shoah, génocidemené contre la totalité d’un peuple désarmé et disper-sé, selon des méthodes industrielles et bureaucratiquessans équivalent à cette heure dans l’Histoire humaine.De même, il a été régulièrement souligné la spécificitéde ses projets d’exterminations racistes ou de la destruc-tion méthodique et radicale de la personne humaine dansles camps de concentration — voir, par exemple, HenryRousso 1999, p. 129 et suivantes.

[2] « Nous autres autrichiens étions les seuls à savoir avecquelle avidité aiguillonnée par le ressentiment Hitlerconvoitait Vienne, cette ville qui l'avait vu dans la pire mi-sère et où il voulait entrer en triomphateur. » Le monded'hier. Stefan Zweig.

[3] Dans Mein Kampf, Hitler donne de cet épisode un ré-cit plutôt elliptique, mais assez clair quant à sa vision dumonde :

« En mars 1919, nous étions de retourà Munich. La situation était intenable etpoussait à la continuation de la révolution. Lamort d’Eisner ne fit qu’accélérer l’évolutionet conduisit finalement à la dictature dessoviets, pour mieux dire, à une souverainetépassagère des Juifs, ce qui avait été originai-rement le but des promoteurs de la révolutionet l’idéal dont ils se berçaient. […] Au coursde cette nouvelle révolution de soviets, jeme démasquai pour la première fois de tellefaçon que je m’attirai le mauvais œil dusoviet central. Le 27 avril 1919, je devaisêtre arrêté, mais les trois gaillards n’eurentpoint le courage nécessaire en présence dufusil braqué sur eux et s’en retournèrentcomme ils étaient venus. Quelques joursaprès la délivrance de Munich, je fus désignépour faire partie de la Commission chargéede l’enquête sur les événements révolution-naires dans le 2e régiment d’infanterie. Cefut ma première fonction active à caractèrepolitique. »

[4] L'homme « qui inventa Hitler » mourra résistant socialisteà Buchenwald en février 1945, deux mois avant le suicidedu Führer.

[5] En 1932, de passage à Munich, l'ancien ministre bri-tannique Winston Churchill accepta par curiosité unrendez-vous avec le dirigeant nazi, mais ce dernier annulal'entrevue avec son futur vainqueur quand ce dernier de-manda à son intermédiaire pourquoi Hitler en voulait tantà des gens qui n'avaient fait que naître juifs.

[6] « L'accession de Hitler au pouvoir n'était aucunement iné-luctable. Hindenburg eût-il concédé à Schleicher la dis-solution qu'il avait si volontiers accordée à Papen et dé-cidé d'une prorogation au-delà des soixante jours prévus

Page 61: Adolf Hitler

17.2 Références 61

par la constitution, la nomination de Hitler à la chancelle-rie aurait sans doute pu être évitée. [...] En vérité, les er-reurs de calculs politiques des habitués des allées du pou-voir contribuèrent beaucoup plus que [les] propres actions[d'Hitler] à le hisser sur le siège de chancelier »[114].

[7] « Le 30 janvier, à 11 heures, alors que les membres ducabinet faisaient attendre le président en discutant à laporte de son bureau, la nomination de Hitler pouvait en-core tourner court »[114].

[8] Expression de l'historien Ian Kershaw.

[9] Le texte se conclut ainsi :

« Le colporteur saisit en riant la main impuissante quel’enfant lui tendait.— Je n’en ai pas pour longtemps, dit-il, et je reviendrai unjour au pays de Luther et de Goethe pour voir jusqu’où tupourras la lever.— Haut ! cria l’enfant, les yeux étincelants ».

17.2 Références[1] Loi du 1er août 1934, relative au chef de l'État du Reich

allemand, site de l'université de Perpignan

[2] (de) « Hitler renonce à sa nationalité autrichienne », NS-Archiv.de, 7 avril 1925.

[3] Marlis Steinert 1999, p. 48.

[4] Selon les dires d'Adolf Hitler lui-même plus tard dansson livreMein Kampf, Braunau était une ville symbolique,c'est en ce lieu précis, entre l'Allemagne et l'Autriche quele ciel l'aurait élu pour le destin — Lionel Richard 2000,p. 16.

[5] Lionel Richard 2000, p. 27.

[6] Selon Adolf Hitler c'est sur le portail du monastère deLambach qu'il aurait vu pour la première fois une croixgammée. Ce motif représentait les armoiries du fondateurde l'abbaye Theoderich Hagen — Lionel Richard 2000, p.29.

[7] La maison de Leonding sera promue monument natio-nal de la Grande Allemagne en 1938 peu de temps aprèsl'Anschluss — Lionel Richard 2000, p. 29.

[8] D'après une interview de Paula Hitler en 1958 — Hitleren famille, documentaire réalisé par Oliver Halmburger etGuido Knopp, 2002.

[9] Lionel Richard 2000, p. 32-33.

[10] Il semble cependant que de nombreux historiens aient exa-géré la violence des relations entre Adolf Hitler et sonpère. Bien qu'il lui reproche sa détermination à faire deson fils un fonctionnaire, Hitler dresse un portrait respec-tueux d'Aloïs dans son livre Mein Kampf — Marlis Stei-nert 1999, p. 49 ; Lionel Richard 2000, p. 44.

[11] Édouard Husson 1999, p. 38.

[12] Dans une biographie officielle sur Hitler, en 1935, Anne-marie Stiehler a soigneusement caché le fait que le pèredu Führer pouvait passer du temps à boire à l'auberge deson village — Lionel Richard 2000, p. 38.

[13] Selon l'historien John Toland, le jeune Hitler a sangloté, cedont doute Ian Kershaw qui voit en ce décès, la disparitionde l'autorité. Brigitte Hamann, quant à elle, soutient quele décès de son père fut un « soulagement » — MarlisSteinert 1999, p. 49 ; Lionel Richard 2000, p. 42.

[14] Lionel Richard 2000, p. 46.

[15] Cette vision va à contre-courant de Mein Kampf, où aprèscoup il affirme avoir été dès sa scolarité à Linz un meneurraciste et antisémite. Cela est confirmé par le témoignagede Josef Keplinger, camarade de classe d'Hitler à Linz —Lionel Richard 2000, p. 48-49.

[16] Lionel Richard 2000, p. 55.

[17] Ian Kershaw 2008, p. 34.

[18] Lionel Richard 2000, p. 59.

[19] Voir Auguste Kubizek (trad. de l'allemand par Lise Graf),Adolf Hitler, mon ami d'enfance [« Adolf Hitler, mein Ju-genfreunde »], Paris, Gallimard, coll. « L'Air du temps », 1954, 303 p. (OCLC 491981223).

[20] Le témoignage de Kubizek, rédigé après la guerre, doitêtre traité avec prudence. Il a en effet tendance à embelliret à modifier les faits apportés dans Mein Kampf. Certainspassages sont inventés de toutes pièces. Il reste cependantun témoin direct et indispensable — Ian Kershaw 2008,p. 35-36 ; Lionel Richard 2000, p. 60-61.

[21] Hitler vouait un véritable culte à la musique de RichardWagner (1813-1883). Son opéra favori était Lohengrin.Selon lui, le compositeur était un « génie suprême » —Ian Kershaw 2008, p. 36 ; Lionel Richard 2000, p. 62 ;Joachim Fest, Hitler, une carrière, 2010.

[22] Lionel Richard 2000, p. 64.

[23] Ian Kershaw 2008, p. 39.

[24] Les spécialistes ont longtemps réfléchi sur les consé-quences du décès de Klara Hitler sur l'avenir de son fils.Certains y ont déjà vu la naissance du monstre, d'autresun jeune homme débrouillard s’occupant de la maison enl'absence de sa mère ou encore un fils en présence conti-nue auprès de sa mère. — Lionel Richard 2000, p. 65-70.

[25] Témoignage recueilli par la Gestapo en 1938 — Ian Ker-shaw 2008, p. 28 et 39.

[26] La plupart des spécialistes s’accordent pour affirmer qu'auprintemps 1908, Hitler avait certes des préjugés à l'égarddes Juifs, mais il ne leur était pas fanatiquement hostile.La communauté hébraïque était importante à Vienne : lequartier Leopoldstadt concentre 40 % des Juifs de la ca-pitale impériale — Lionel Richard 2000, p. 78-79.

[27] Lionel Richard 2000, p. 78.

[28] Lionel Richard 2000, p. 79-80.

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62 17 NOTES ET RÉFÉRENCES

[29] Ian Kershaw rapproche cela du code moral prôné parSchönerer : rester célibataire jusqu'à vingt-cinq ans, évi-ter de manger de la viande et de boire de l'alcool, se te-nir à l'écart des marginaux comme les prostituées. Denombreuses sources (Kubizek, Mein Kampf notamment)tendent à démontrer chez le jeune Hitler une sexualitétroublée et refoulée — Ian Kershaw 2008, p. 48-49.

[30] Lorsqu'il revient à Vienne, en octobre 1909, Hitler a dé-ménagé sans laisser d'adresse. À Spital, sa demi-sœur An-gela lui conseille de trouver une « profession normale » —Lionel Richard 2000, p. 83.

[31] Édouard Husson 1999, p. 35.

[32] Lionel Richard 2000, p. 84-85.

[33] Lionel Richard 2000, p. 85 ; Ian Kershaw 2008, p. 56-57.

[34] Hitler produisait en moyenne une peinture par jour queHanish vendait cinq couronnes. Selon le témoignaged'Hanish, Hitler ne suivait pas la cadence et les hommes sedisputèrent régulièrement — Ian Kershaw 2008, p. 57-58.

[35] Hanisch a tenté de gagner de l'argent en vendant des pein-tures d'Hitler a un marchand d'art sans partager la somme.Or il finit au poste de police pour usurpation d'identité. Ilréapparaît dans les années 1920 et fournit aux journalistesdes documents sur la vie d'Hitler en échange d'argent. Sesinformations sont souvent fausses — Lionel Richard 2000,p. 86-87.

[36] Lionel Richard 2000, p. 90.

[37] Ian Kershaw 2008, p. 61.

[38] (en) Joachim Fest (trad. de l'allemand par Clara et Ri-chard Winston), Hitler, Orlando, Houghton Mifflin Har-court, février 2013, ebook, 856 p. (ISBN 054419554X).

[39] Ian Kershaw 2008, p. 65.

[40] Plus tard aucun de ses camarades de tranchée n'apporterade témoignage en faveur d'un antisémitisme exacerbéd'Adolf Hitler. Il semblerait donc, mais sans réelle preuve,que sa haine contre les Juifs soit apparue à la fin de laguerre en 1918-1919. Selon Ian Kershaw, Hitler était belet bien antisémite lors de son séjour à Vienne, mais une« haine personnalisée ». Il intériorisait cette haine tantqu'il eut besoin des Juifs pour vivre. Après la guerre « ilrationalisa sa haine viscérale en une vision du monde » —Ian Kershaw 2008, p. 67-72.

[41] Nicholas Goodrick-Clarke (trad. de l'anglais par ArmandSeguin), Les racines occultes du nazisme : Les sectes se-crètes aryennes et leur influence sur l’idéologie du IIIe

Reich, Paris, Camion noir, février 2010, 528 p. (ISBN978-2357790544), p. 348-356.

[42] (en) Ian Kershaw, Hitler 1889-1936 : Hubris, Penguin, 25 octobre 2001, ebook, 880 p. (ISBN 9780140133639),emplacement 1539 et suiv. sur 22288.

[43] Nicholas Goodrick-Clarke (trad. de l'anglais par ArmandSeguin), Les racines occultes du nazisme : Les sectes se-crètes aryennes et leur influence sur l’idéologie du IIIe

Reich, Paris, Camion noir, février 2010, 528 p. (ISBN978-2357790544), p. 356-359.

[44] Somme qu'il perçoit effectivement le 16 mai 1914 sur dé-cision de la cour du district de Linz — Ian Kershaw 2008,p. 73.

[45] Lionel Richard 2000, p. 101-102 ; Ian Kershaw 2008, p.73.

[46] Marlis Steinert 1999, p. 51.

[47] Pendant longtemps la présence d'Häusler aux côtésd'Hitler à Munich est gommée. Pourquoi ? Car il a été l'undes rares témoins à connaître le rappel à l'ordre de l'arméeautrichienne à Adolf Hitler qui n'a toujours pas fait sonservice. Hitler ne souhaitait pas communiquer cet épisodeembarrassant. En réalité il avait fui l'Autriche en refusantde porter les armes pour les Habsbourg — Lionel Richard2000, p. 109-111.

[48] Lionel Richard 2000, p. 113.

[49] Selon Lionel Richard ce cliché publié en 1931 est douteux.L'homme est élégant, a de petites moustaches c'est-à-direl'inverse d'un vulgaire artiste-peintre de rue. S'agit-il d'untrucage ? Hitler ne parle à aucun moment de sa présence àl'Odeonsplatz dans Mein Kampf — Lionel Richard 2000,p. 116-117.

[50] Dans Mein Kampf Hitler affirme qu'il s’est adressé direc-tement au roi Louis III pour lui demander la faveur del'accepter dans l'armée bavaroise. Une réponse positive luiserait parvenue dès le lendemain — Lionel Richard 2000,p. 118-120.

[51] Il sera décoré de la Croix de fer 2e classe le 2 décembre1914 et de la Croix de fer 1re classe le 4 août 1918 — IanKershaw 2008, p. 82.

[52] Le danger était réel pour l'estafette Hitler, bien que moinsexposée que ses camarades sur le front : le 17 novembre1914 le poste de commandement avancé de son régimentfut rasé par un obus français quelques minutes après sondépart — Ian Kershaw 2008, p. 82-83.

[53] Pendant longtemps l'on a avancé l'idée qu'il n'avait pas lesqualités nécessaires pour être sous-officier. S'il n'a pas ten-té de monter en grade, c'est probablement parce qu'il n'apas voulu : changer de poste c'était se rapprocher du dan-ger. De plus, il restait à proximité du cercle des officiers— Lionel Richard 2000, p. 122.

[54] Édouard Husson 1999, p. 36.

[55] Ian Kershaw 2008, p. 84.

[56] Ian Kershaw 2008, p. 85.

[57] A l'hôpital il se dit consterné d'entendre certains soldats sevanter d'avoir simulé des blessures — Ian Kershaw 2008,p. 86-87.

[58] Selon Hitler il était donc devenu invalide de guerre —Lionel Richard 2000, p. 123.

[59] Cette révélation est décrite comme religieuse à la manièrede Jeanne d'Arc qui aurait entendu des voix. Il devenaitle nouveau Messie de l'Allemagne contre le Mal juif etbolchévique — Lionel Richard 2000, p. 124.

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17.2 Références 63

[60] Ernst Weiss, Le témoin oculaire, Gallimard, 1991 (ISBN2070383768), p. 352.

[61] (de) Jan Armbruster, « Die Behandlung Adolf Hitlersim Lazarett Pasewalk 1918 : Historische Mythenbildungdurch einseitige bzw. spekulative Pathographie », Journalfür Neurologie, Neurochirurgie und Psychiatrie, vol. 10, no

4, 2009 (lire en ligne).

[62] Lionel Richard 2000, p. 128.

[63] Lionel Richard 2000, p. 132-133.

[64] Weber 2012.

[65] Voir Weber 2012 emplacements 442, 519 sur 14 400.

[66] Grégoire Kauffmann, « Hitler pendant la Première Guerremondiale : un « planqué » », sur L'Express, 2 août 2012.

[67] (de) Eberhard Jäckel et Axel Kuhn, Hitler - SämtlicheAufzeichnungen, Deutsche Verlags-Anstalt, 1980, 1315p..

[68] Voir Weber 2012 emplacements 78 et suiv. sur 14 400et (en) John F. Williams, Corporal Hitler And The GreatWar 1914-1918 : The List Regiment, Routledge, 2005,238 p. (ISBN 978-0-415-35854-5).

[69] Weber 2012 emplacements 110 sur 14 400.

[70] Weber 2012 emplacements 6214 et suiv. sur 14 400 etThomas Weber, « Interview : Thomas Weber on Hitler’sFirst War », sur History Today, 22 septembre 2011.

[71] Mein Kampf, chapitre V « La guerre mondiale ».

[72] L'historien Ian Kershaw suppose que Hitler a même trèsprobablement arboré alors le brassard socialiste commetous les soldats — Ian Kershaw 1999.

[73] Cf. Ian Kershaw 1999 et Konrad Heiden (trad. del'allemand par Armand Pierhal), Adolf Hitler, Paris, Édi-tions Bernard Grasset, 1937, 452 p. (OCLC 491337298).

[74] Voir cette lettre en allemand : Adolf Hitler, « Gutachtenüber den Antisemitismus 1919 erstellt im Auftrag sei-ner militärischen Vorgesetzten », sur NS-Archiv - Doku-mente zum Nationalsozialismus ou en anglais : Adolf Hit-ler, « Adolf Hitler’s First Antisemitic Writing », sur JewishVirtual Library, 16 septembre 1919.

[75] Joachim Fest 1973, p. 130.

[76] Ernst Nolte (trad. de l'allemand par Jean-Marie Argelès,préf. Stéphane Courtois), La guerre civile européenne :National-socialisme et bolchevisme 1917-1945, Paris,Éditions Perrin, coll. « collection Tempus », février 2011,960 p. (ISBN 9782262034580), p. 177.

[77] Richard J. Evans 2009, p. 225.

[78] Richard J. Evans 2009, p. 227.

[79] Richard J. Evans 2009, p. 226.

[80] Ian Kershaw 2001.

[81] Ian Kershaw 1999.

[82] Richard J. Evans 2009, p. 241.

[83] Henri Burgelin et al. 1991, « Les succès de la propagandenazie », p. 123.

[84] Pierre Milza et al. 1991, « Hitler et Mussolini », p. 112.

[85] Richard J. Evans 2009, p. 253.

[86] Richard J. Evans 2009, p. 254.

[87] Ian Kershaw 1998, p. 272.

[88] Ian Kershaw 1999, p. 354.

[89] Voir Frontispice de première édition, 1925.

[90] François Bédarida souligne la spécificité de l’idéologiede Hitler : parfaitement cohérente, sincèrement ressen-tie, cette Weltanschauung est unique au monde car au-cune autre n’a entraîné par son application de crimes aussivastes et singuliers — François Bédarida, Le Nazisme et legénocide : Histoire et témoignage, Paris, Presses Pocket, 1992, 254 p. (ISBN 2-266-04676-4).

[91] Richard J. Evans 2009, p. 255.

[92] « L'étrange fiche de police d'Adolf Hitler », Sciences etAvenir, avril 2009, p. 7.

[93] « Dans le secret des archives de France : « La fiche desRG sur Hitler » », Sciences et Avenir, mars 2009, p. 17.

[94] Ian Kershaw 1998, p. 297.

[95] Richard J. Evans 2009, p. 257.

[96] Richard J. Evans 2009, p. 259.

[97] Richard J. Evans 2009, p. 260-262.

[98] Richard J. Evans 2009, p. 263.

[99] Richard J. Evans 2009, p. 266-267.

[100] Serge Berstein et al. 1991, « La prise du pouvoir par AdolfHitler », p. 26.

[101] Richard J. Evans 2009, p. 275.

[102] Richard J. Evans 2009, p. 264.

[103] Richard J. Evans 2009, p. 271.

[104] Richard J. Evans 2009, p. 273.

[105] En 1918, les biens des familles régnantes allemandes ontété mis sous séquestre. Le KPD dépose en décembre 1925un projet de loi en faveur de leur expropriation sans in-demnisation. Le projet est repoussé malgré le soutien duSPD. La gauche obtient alors l’organisation d’un référen-dum qui a lieu le 20 juin 1926. Une forte abstention inva-lide finalement le scrutin — Voir (en) Franklin C. West,A Crisis of the Weimar Republic : A Study of the Ger-man Referendum of 20 June 1926, American Philoso-phical Society, 1985, 360 p. (ISBN 9780871691644), p.178-186. Hitler s’oppose à cette occasion à Gregor Stras-ser — Voir (de) Hans Mommsen, Aufstieg und Untergangder Republik von Weimar (1918-1933), Munich, Econ-Ullstein-List-Verlag, 2001, 2e éd., 742 p. (ISBN 3-54826-581-2), p. 395.

Page 64: Adolf Hitler

64 17 NOTES ET RÉFÉRENCES

[106] Robert Paxton (trad. de l'anglais par William Olivier Des-mond), Le Fascisme en action [« The Anatomy of Fascism»], Paris, Seuil, coll. « XXe siècle », avril 2004, 448 p.

(ISBN 2020591928), p. 173-174.

[107] Detlev J. Peukert (trad. de l'allemand par Paul Kessler),La République de Weimar [« Die Weimarer Republik »],Paris, Aubier, coll. « Histoire », 1995, 301 p..

[108] Serge Berstein et al. 1991, « La prise du pouvoir par AdolfHitler », p. 29.

[109] Lionel Richard, Goebbels : Portrait d'un manipulateur,Bruxelles, André Versaille éditeur, coll. « Histoire », no-vembre 2008, 278 p. (ISBN 2874950173).

[110] Philippe Burrin et al. 1991, « Qui était nazi ? ».

[111] Robert Paxton (trad. de l'anglais par William Olivier Des-mond), Le Fascisme en action [« The Anatomy of Fascism»], Paris, Seuil, coll. « XXe siècle », avril 2004, 448 p.

(ISBN 2020591928), p. 162.

[112] « La conquête du pouvoir par Hitler résulte largementde l'usage cynique qu'il sut faire d'une propagande fon-dée sur le mépris : mépris de ses camarades politiquesdont il abandonnait le programme à sa guise et dont il tra-hit les préoccupations ouvriéristes ; mépris de ses conci-toyens auxquels il promet toute chose et son contraire,changeant de style selon les lieux, les moments et les pu-blics. Les seules constantes des discours hitlériens sontl'antisémitisme et la xénophobie » — Henri Burgelin etal. 1991, « Les succès de la propagande nazie », p. 127.

[113] Cit. Ian Kershaw 1998, p. 527.

[114] Kershaw 1999, p. 605.

[115] De même Alan Bullock conclut que Hitler est arrivé aupouvoir par une « conspiration d'escalier de service » —(en) Alan Bullock, Hitler : A Study in Tyranny, Londres,Odhams Press, 1952, 776 p. (ISBN 978-0-14-013564-0),p. 203.

[116] Laurence Rees 2013, p. emplacements 1352 et suiv. sur8147.

[117] Henry Rousso et al. 1991, « Le grand capital a-t-il soutenuHitler ? ».

[118] Jean-Marie Argelès et Stéphane Courtois (dir.), Une silongue nuit : L'apogée des régimes totalitaires en Europe,1935-1953, Monaco, Éditions du Rocher (Actes d'un col-loque international tenu à Paris du 10 au 12 octobre 2001),coll. « Démocratie ou totalitarisme », novembre 2003,532 p. (ISBN 226804582X), « La terreur en Allemagneavant 1939 ».

[119] Jean-Pierre Azéma et al. 1991, « Les victimes du na-zisme », p. 312.

[120] Régis Schlagdenhauffen, Triangle rose : La persécu-tion nazie des homosexuels et sa mémoire, Autrement, 2011, 314 p. (ISBN 9782746714854) [EPUB] (ISBN9782746720459) emplacements 395 sur 6260, ainsi queDominique Vidal, Les Historiens allemands relisent laShoah, Complexe, 2002, 287 p. (ISBN 978-2-87027-909-0) p. 125-126.

[121] Heinz Höhne (trad. de l'allemand par Bernard Kreiss),L'ordre noir : Histoire de la SS [« Der Orden unter demTotenkopf, die Geschichte der SS »], Tournai, Caster-man, 1972, 288 p. (OCLC 407694772), p. 84.

[122] Hans Mommsen 1997, p. 70.

[123] Hans Mommsen 1997, p. 68.

[124] Ian Kershaw 2001, p. 75.

[125] Ian Kershaw 2001, p. 71-72.

[126] Ian Kershaw 2001, p. 73.

[127] Ian Kershaw 2001, p. 73,74.

[128] Günther Weisenborn (trad. de l'allemand par RaymondPrunier, préf. Alfred Grosser), Une Allemagne contre Hit-ler [« Der Lautlose Aufstand »], Paris, Éditions du Félin, 2000, 392 p. (ISBN 2866453840).

[129] Inge Scholl (trad. de l'allemand par Jacques Delpeyrou),La Rose blanche : Six Allemands contre le nazisme [« DieWeiße Rose »], Paris, Éditions de Minuit, 2008, 155 p.(ISBN 270732051X).

[130] Gilles Perrault, L’Orchestre rouge, Paris, Fayard, octobre1989, 556 p. (ISBN 2213023883).

[131] Léopold Trepper et Patrick Rotman, Le Grand Jeu : Mé-moires du chef de l’Orchestre rouge, Paris, Albin Michel, avril 1975, 417 p. (ISBN 222600176X).

[132] Daniel Goldhagen (trad. de l'anglais par Pierre Martin),Les Bourreaux volontaires de Hitler : Les Allemands or-dinaires et l’holocauste [« Hitler’s Willing Executioners :Ordinary Germans and the Holocaust »], Paris, Seuil, oc-tobre 1997, 579 p. (ISBN 2213023883).

[133] Dès 1932, Hitler annonce sa volonté de libérer, pour deshommes au chômage, 800 000 emplois détenus par desfemmes — (en) Martyn Whittock, A Brief History of TheThird Reich : The Rise and Fall of the Nazis, Philadelphie,Running Press Book Publishers, juin 2011, 356 p. (ISBN0762441216), « The impact of the Third Reich on thelives of German women ».

[134] Daniel Goldhagen (trad. de l'anglais par Anne Kerlan-Stephens), Atlas historique du IIIe Reich : 1933-1945 : lasociété allemande et l’Europe face au système nazi [« ThePenguin historical atlas of the Third Reich »], Paris, Au-trement, coll. « Atlas/Mémoires », mars 1999, 144 p.(ISBN 2862607630).

[135] Ian Kershaw 2000, passim.

[136] Peter Reichel (trad. de l'allemand par Olivier Mannoni),La Fascination du nazisme [« Der schöne Schein des Drit-ten Reiches »], Paris, Éditions Odile Jacob, coll. « Opus », janvier 1997, 458 p. (ISBN 2738104460).

[137] Henry Rousso et al. 1991, « Le grand capital a-t-il soutenuHitler ? », p. 149-167.

[138] Götz Aly 2005.

Page 65: Adolf Hitler

17.2 Références 65

[139] Pour les rapports du nazisme à l'économie, voir IanKershaw (trad. de l'anglais par Jacqueline Carnaud),Qu'est-ce que le nazisme ? : problèmes et perspectivesd'interprétation [« The nazi dictatorship problems andperspectives of interpretation »], Paris, Gallimard, coll.« Folio Histoire », janvier 1997, 534 p. (ISBN 2-07-040351-3).

[140] Barbara Lambauer (préf. Jean-Pierre Azéma), Otto Abetzet les Français : Ou l'envers de la Collaboration, Paris,Fayard, coll. « Folio Histoire », octobre 2001, 895 p.(ISBN 2213610231), p. 96.

[141] Extrait plus large de l'interview : « …Vous vous dites :« Hitler nous fait des déclarations pacifiques, mais est-ilde bonne foi ? Est-il sincère ? » N’est-ce pas un point devue puéril que le vôtre ? Est-ce qu’au lieu de vous livrerà des devinettes psychologiques, vous ne feriez pas mieuxde raisonner en usant de cette fameuse logique à laquelleles Français se déclarent si attachés ? N’est-il pas évidem-ment à l’avantage de nos deux pays d’entretenir de bonsrapports ? Ne serait-il pas ruineux pour eux de s’entre-choquer sur de nouveaux champs de bataille ? N’est-il paslogique que je veuille ce qui est le plus avantageux à monpays, et, ce qui est le plus avantageux, n’est-ce pas évidem-ment la paix ?… C’est bien étrange que vous jugiez encore possible uneagression allemande ! Est-ce que vous ne lisez pas notrepresse ? Est-ce que vous ne voyez pas qu’elle s’abstient sys-tématiquement de toute attaque contre la France, qu’ellene parle de la France qu’avec sympathie ?… Jamais un dirigeant allemand ne vous a fait de telles ou-vertures si répétées. Et ces offres émanent de qui donc ?D’un charlatan pacifiste qui s’est fait une spécialité des re-lations internationales ? Non pas, mais du plus grand na-tionaliste que l’Allemagne ait jamais eu à sa tête ! Moi,je vous apporte ce que nul autre n’aurait jamais pu vousapporter : une entente qui sera approuvée par 90 % de lanation allemande, les 90 % qui me suivent ! Je vous priede prendre garde à ceci :Il y a dans la vie des peuples des occasions décisives. Au-jourd’hui la France peut, si elle le veut, mettre fin à tout ja-mais à ce « péril allemand » que vos enfants de générationen génération, apprennent à redouter. Vous pouvez leverl’hypothèque redoutable qui pèse sur l’histoire de France.La chance vous est donnée à vous. Si vous ne la saisis-sez point, songez à votre responsabilité vis-à-vis de vosenfants ! Vous avez devant vous une Allemagne dont lesneuf dixièmes font pleine confiance à leur chef, et ce chefvous dit : « Soyons amis ! » » — Extrait de l’interview deBertrand de Jouvenel paru dans le journal Paris-Midi du28 février 1936, p. 1 et 3/ Ref. BNF MICR D-uc80.

[142] Bertrand de Jouvenel, journal Paris-Midi du 29 février1936, p. 3/ Ref. BNF MICR D-uc80|stop.Toutefois, du fait que cette interview intervienne aprèsla ratification du pacte franco-soviétique, certains com-mentateurs allemands auront des paroles dures à l’égardd’Édouard Herriot, d’Albert Sarraut et de Flandin leur re-prochant d’avoir signé avec les Soviétiques.

[143] Les Olympiades : Les Hommes les plus rapides du monde,Greenspan Bub, Cic Vidéo 1987, d'après les archives desJO.

[144] (en) The 1936 Berlin Olympics : Hitler and Jesse Owens,About.com, (consulté le 23/02/2015).

[145] (en) Adolf Hitler, Jesse Owens and the Olympics Myth of1936, History News Network, (consulté le 23/02/2015).

[146] (en) Adolf Hitler did shake hands with Jesse Owens, DailyTelegraph, (consulté le 23/02/2015).

[147] Paul Johnson (trad. de l'anglais par Jean-Pierre Quijano),Une histoire des Juifs [« A history of the Jews »], Paris,JC Lattès, 1er février 1987, 681 p. (ISBN 2709607506).

[148] Cité par K. Timmerman — (en) Kenneth R. Timmerman,Preachers of Hate : Islam and the War on America, Dou-bleday Religious Publishing Group, 23 novemvre 2004,391 p. (ISBN 9781400053735), p. 109.

[149] Compte rendu de l’entretien entre le Führer et le grandMufti de Jérusalem le 30 novembre 1941, Documents onGerman Foreign Policy, 1918-1945, cité par Walter La-queur — The Israel-Arab Reader, Penguin Books, 1970,p. 106-107.

[150] Ian Kershaw écrit : « Hitler admira les dimensions du Pan-théon, mais en trouva l'intérieur (rappela-t-il plus tard)“terriblement décevant”. » — Hitler, édition française,2008, Flammarion, p. 664.

[151] Pierre Bourget et Charles Lacretelle, Paris ville ouverte,Historia hors série no 13, juin 1969.

[152] Jean Cau et Roger Thérond (dir.), Le choc de 1940,Paris, Paris Match, Fixot, janvier 1990, 219 p. (ISBN2876450925).

[153] (de) Dietmar Arnold, Neue Reichskanzlei und « Führer-bunker » : Legenden und Wirklichkeit, Berlin, ChristophLinks, 2005, 190 p. (lire en ligne), p. 115.

[154] Raffael Scheck, Une saison noire. Le mas-sacre des tirailleurs sénégalais mai-juin 1940,http://www.histoforum.org''.

[155] Cf. (en) Gordon A. Craig, Germany, Oxford UniversityPress, coll. « Oxford paperbacks », 1981, 825 p. (ISBN0192851012).Édition allemande : (de) Gordon A. Craig, Deutsche Ge-schichte, München, Verlag C. H. Beck, 1981, 806 p.(ISBN 340607815X), p. 628.(de) Guido Knopp, Mario Sporn et al., Die Wehr-macht, München, C. Bertelsmann, 2007, 351 p. (ISBN3570009750), p. 76.

[156] (de) Alexander Lüdeke, Zweite Weltkrieg, Berlin, Parra-gon, marspassage=69 2007, 320 p. (ISBN 140548585X).

[157] Cf. Gerhard L. Weinberg, Der deutsche Entschluss zumAngriff auf die Sowjetunion., Vierteljahrshefte für Zeitges-chichte, vol. 1, octobre 1953, p. 310–311.

[158] Ian Kershaw 2008, p. 96 : indem man London via Moskauschlug.En français : « en battant Londres par le détour de Mos-cou ». (Édition originale : Fateful Choices. Ten DecisionsThat Changed the World, 1940-1941, London, 2007).

[159] Ian Kershaw 2008, p. 95, 96, 105 et 106.

Page 66: Adolf Hitler

66 17 NOTES ET RÉFÉRENCES

[160] Martin Broszat 1985, p. 447.

[161] Martin Broszat 1985, p. 449.

[162] Martin Broszat 1985, p. 457.

[163] Martin Broszat 1985, p. 459-461.

[164] Philippe Masson 2005, p. 61.

[165] Philippe Masson 2005, p. 62.

[166] Philippe Masson 2005, p. 65-66.

[167] Philippe Masson 2005, p. 68-71.

[168] Philippe Masson 2005, p. 77.

[169] Philippe Masson 2005, p. 79.

[170] Philippe Masson 2005, p. 74-76.

[171] Philippe Masson 2005, p. 150-151.

[172] Philippe Masson 2005, p. 153.

[173] (en) Nazis offered to leave western Europe in exchange forfree hand to attack USSR, The Telegraph, le 26 septembre2013, (consulté le 24/02/2015).

[174] (en)Hess, Hitler & Churchill by Peter Padfield, review, TheTelegraph, 4 octobre 2013, (consulté le 24/02/2015).

[175] En septembre 1941, Heydrich confirme lors d'un entretienavec Eichmann que « le Führer a ordonné l'exterminationphysique des Juifs » — Raul Hilberg (trad. de l'anglais parMarie-France de Paloméra, André Charpentier et Pierre-Emmanuel Dauzat), La Destruction des Juifs d'Europe[« The destruction of the European jews »], t. 2, Paris,Gallimard, coll. « L'Air du temps », 2006, 1593 p. (ISBN2070309843), p. 726.

[176] (en) Ulrich Herbert, Hitler’s Foreign Workers : En-forced Foreign Labor in Germany under the Third Reich,Cambridge University Press, mars 1997, 529 p. (ISBN0521470005).

[177] Speer était tellement efficace au poste de ministre del'Armement qu’à la fin de l'année 1943, il était largementconsidéré dans l'élite nazie comme un possible successeurà Hitler — (en) Gitta Sereny, Albert Speer : His BattleWith Truth, New-York, Alfred A. Knopf, 19 septembre1995, 757 p. (ISBN 9780394529158).

[178] NN – Deportees sentenced to vanish, www.cheminsdememoire.gouv.fr, (consulté le 04/03/2015).

[179] (de) Eberhard Jäckel, Frankreich in Hitlers Europa : Diedeutsche Frankreichpolitik im Zweiten Weltkrieg, Mün-chen, Deutsche Verlags-Anstalt (DVA), 1966, 396 p.(OCLC 489900707).Version en français : Eberhard Jäckel (trad. de l'allemandpar Denise Meunier, préf. Alfred Grosser), La Francedans l'Europe de Hitler [« Frankreich in Hitlers Euro-pa »], Paris, Éditions Fayard, coll. « Les grandes étudescontemporaines », 1968, 554 p. (OCLC 301471908), p.273.

[180] Philippe Masson 2005, p. 200-201.

[181] Ian Kershaw 2002, p. 53.

[182] Philippe Masson 2005, p. 202.

[183] Christian Baechler 2012, p. 272.

[184] Christian Baechler 2012, p. 271-272.

[185] Christian Baechler 2012, p. 224-225 et 271-272.

[186] Christian Baechler 2012, p. 226.

[187] Christian Baechler 2012, p. 227.

[188] Philippe Masson 2005, p. 226.

[189] Philippe Masson 2005, p. 274.

[190] Philippe Masson 2005, p. 199.

[191] Philippe Masson 2005, p. 226-228.

[192] Philippe Masson 2005, p. 281.

[193] Ian Kershaw 2002, p. 55.

[194] Ian Kershaw 2002, p. 56.

[195] Ian Kershaw 2002, p. 54.

[196] Christian Baechler 2012, p. 225.

[197] Christian Baechler 2012, p. 228-229.

[198] Christian Baechler 2012, p. 230.

[199] Philippe Masson 2005, p. 231.

[200] Philippe Masson 2005, p. 231-232.

[201] Christian Baechler 2012, p. 230-231.

[202] Christian Baechler 2012, p. 231.

[203] Philippe Masson 2005, p. 236.

[204] Philippe Masson 2005, p. 237.

[205] Christian Baechler 2012, p. 234.

[206] Fabrice d'Almeida 2008, p. 102, 105 et 106.

[207] Ian Kershaw 2001, p. 276.

[208] Ian Kershaw 2001, p. 227.

[209] Ian Kershaw 2001, p. 279-281.

[210] « Est-ce un hasard si plusieurs de ceux qui allaient en deve-nir les plus farouches adversaires, un Niemöller, un Stauf-fenberg, un Hans Scholl, ont commencé par éprouver pourlui de l'attirance avant de s’en détourner avec horreur ? »— François Bédarida et al. 1991, « introduction », p. 15.

[211] Raymond Cartier, Pierre Dufourcq et al., La SecondeGuerre mondiale : 1942-1945, t. 2, Paris, Larousse, 1964,391 p. (OCLC 490266508), p. 67.

[212] Philippe Masson 2005, p. 247.

[213] Pierre Ayçoberry 1998, p. 378.

[214] Pierre Ayçoberry 1998, p. 378-379.

Page 67: Adolf Hitler

17.2 Références 67

[215] Ian Kershaw 2002, p. 321.

[216] Daniel Blatman 2009, p. 88-89.

[217] Ian Kershaw 2002, p. 268-269.

[218] Daniel Blatman 2009, p. 88.

[219] Ian Kershaw 2002, p. 263.

[220] Ian Kershaw 2002, p. 265-267.

[221] Ian Kershaw 2002, p. 265.

[222] Ian Kershaw 2002, p. 434.

[223] Ian Kershaw 2002, p. 396.

[224] Christian Baechler 2012, p. 235.

[225] Ian Kershaw 2002, p. 329.

[226] Ian Kershaw 2002, p. 400.

[227] Philippe Masson 2005, p. 280.

[228] Ian Kershaw 2002, p. 435.

[229] Charles de Gaulle, Mémoires de guerre, t. 3, Paris, Plon,coll. « Documents », 1959, 653 p. (OCLC 489658344),p. 205, et les travaux de François Delpla.

[230] Ian Kershaw 2002, p. 442.

[231] Ian Kershaw 2002, p. 432.

[232] « Les derniers jours de Hitler », par Édouard Husson,www.histoire.presse.fr, (consulté le 25/02/2015).C’est également ce que laisse entendre le film La Chute,même si le double suicide lui-même, faute de témoin, n'estpas mis en scène.

[233] Saul Friedländer, les années d'extermination 1939-1945,Paris, Seuil, coll. « Points/Histoire », 2012 (ISBN 978-2-7578-2630-0), p. 808.

[234] Raymond Cartier, Pierre Dufourcq et al., La SecondeGuerre mondiale : 1942-1945, t. 2, Paris, Larousse, 1964,391 p. (OCLC 490266508), p. 346.

[235] (en) Antony Beevor, Hitler’s jaws of death, The New YorkTimes, 10 octobre 2009, (consulté le 17/02/2015).

[236] Ces travaux s’appuient sur une carte soviétique, indiquantque les corps se trouvaient dans un champ près du villagede Neu Friedrichsdorf, à environ un kilomètre à l'est deRathenow — (en) V.K. Vinogradov et al. (préf. AndrewRoberts), Hitler’s Death : Russia’s Last Great Secret fromthe Files of the KGB, Chaucer Press, septembre 2005, 400p. (ISBN 1904449131), p. 111.

[237] (en) Ada Petrova et Peter Watson, The Death of Hitler :The Full Story With New Evidence from Secret RussianArchives, New-York, Norton & Co Inc, coll. « The MazalHolocaust », mai 1995, 180 p. (ISBN 0393039145).

[238] (en) Later Russian disclosures, 23 novembre 2008,(consulté le 17/02/2015).

[239] (en) Hans Otto Meissner (trad. de l'allemand par Gwen-dolen Mary Keeble), Magda Goebbels : The First Ladyof the Third Reich, New-York, Dial Press, 1981, 288 p.(ISBN 0803762127), p. 260-267.

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[243] Ian Kershaw 2002, p. 445.

[244] Ian Kershaw 2002, p. 446-447.

[245] Ian Kershaw 2002, p. 447.

[246] Ian Kershaw 2002, p. 446.

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[248] Ian Kershaw 2002, p. 450.

[249] Ian Kershaw 2002, p. 453.

[250] Ian Kershaw 2002, p. 454.

[251] Pierre Ayçoberry 1998, p. 80-81.

[252] Ian Kershaw 2001, p. 166.

[253] Ian Kershaw 2001, p. 169.

[254] Ian Kershaw 2001, p. 170.

[255] Ian Kershaw 2001, p. 171.

[256] Ian Kershaw 2001, p. 173.

[257] David Schoenbaum (trad. de l'anglais par Jeanne Etoré),La Révolution Brune : La société allemande sous le IIIe

Reich (1933-1939) [« Hitler’s social revolution »], Paris,Gallimard, 2000, 419 p. (ISBN 2070759180), p. 87.

[258] David Schoenbaum (trad. de l'anglais par Jeanne Etoré),La Révolution Brune : La société allemande sous le IIIe

Reich (1933-1939) [« Hitler’s social revolution »], Pa-ris, Gallimard, 2000, 419 p. (ISBN 2070759180), p. 100,note 63.

[259] David Schoenbaum (trad. de l'anglais par Jeanne Etoré),La Révolution Brune : La société allemande sous le IIIe

Reich (1933-1939) [« Hitler’s social revolution »], Paris,Gallimard, 2000, 419 p. (ISBN 2070759180), p. 88.

[260] Stéphane Marchetti 1982, p. 109.

[261] Stéphane Marchetti 1982, p. 116.

[262] Charles Lacretelle et Pierre André Bourget, Sur lesmurs de Paris, 1940-1944, Paris, Hachette, 1959, 205 p.(OCLC 7889388), p. 63.

[263] Ian Kershaw 2002, p. 255.

[264] Pierre Dac 2007, p. 1133.

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68 17 NOTES ET RÉFÉRENCES

[265] Pierre Dac 2008, p. 82.

[266] Pierre Dac 2008, p. 135, par exemple.

[267] Pierre Dac 2008, p. 95.

[268] Pierre Dac 2008, p. 157.

[269] Johann Chapoutot 2012, p. 550.

[270] Johann Chapoutot 2012, p. 399.

[271] Johann Chapoutot 2012, p. 396.

[272] Johann Chapoutot 2012, p. 427.

[273] Johann Chapoutot 2012, p. 428-429.

[274] Johann Chapoutot 2012, p. 434.

[275] Johann Chapoutot 2012, p. 553.

[276] Johann Chapoutot 2012, p. 41.

[277] Johann Chapoutot 2012, p. 93.

[278] Johann Chapoutot 2012, p. 94.

[279] Johann Chapoutot 2012, p. 95.

[280] Johann Chapoutot 2012, p. 98.

[281] Johann Chapoutot 2012, p. 102.

[282] Johann Chapoutot 2012, p. 101.

[283] Johann Chapoutot 2012, p. 340.

[284] Johann Chapoutot 2012, p. 342.

[285] Johann Chapoutot 2012, p. 344.

[286] Johann Chapoutot 2012, p. 347.

[287] Johann Chapoutot 2012, p. 370.

[288] Johann Chapoutot 2012, p. 349.

[289] Johann Chapoutot 2012, p. 350.

[290] Johann Chapoutot 2012, p. 351.

[291] Johann Chapoutot 2012, p. 354.

[292] Johann Chapoutot 2012, p. 371.

[293] Johann Chapoutot 2012, p. 106.

[294] Johann Chapoutot 2012, p. 107.

[295] (de) Joachim Fest, Speer : Eine Biographie, Frankfurtam Main, Fischer-Taschenbuch-Verlag (FTV), juin 2001,538 p. (ISBN 3596150930).

[296] Johann Chapoutot 2012, p. 544.

[297] Johann Chapoutot 2012, p. 549.

[298] Johann Chapoutot 2012, p. 548.

[299] Johann Chapoutot 2012, p. 547.

[300] rapporté par Johann Chapoutot 2012, p. 547.

[301] Johann Chapoutot 2012, p. 551.

[302] Fabrice d'Almeida 2008, p. 86-87.

[303] Ian Kershaw 2000, conclusion finale.

[304] François Furet, Le Passé d'une illusion, Paris, Librairiegénérale française, coll. « Le livre de poche », 1995, 824p. (ISBN 225314018X).

[305] Tony Judt 2007, chapitre premier « L'héritage de laguerre ».

[306] Tony Judt 2007, p. 34.

[307] Tony Judt 2007, p. 425.

[308] Tony Judt 2007, p. 30.

[309] La France du maréchal Pétain, ainsi, a nourri l'illusioncoûteuse que le Führer était prêt à faire de la France unpays partenaire dans sa « nouvelle Europe », d'où une col-laboration à sens unique qui a permis à Hitler d'atteindreà moindres frais ses objectifs de pillage, répression ou dé-portation — Robert Paxton (trad. de l'anglais par ClaudeBertrand, préf. Stanley Hoffmann), La France de Vichy :1940-1944 [« Vichy France : old guard and new order,1940-1944 »], Paris, Seuil, coll. « Points Histoire », 1973,375 p. (ISBN 2020006618).

[310] Cf. par exemple la fin de Maus, d'Art Spiegelman.

[311] Jacques Legrand (dir.), Chronique de la Seconde Guerremondiale, Paris, Éditions Chronique, 1987, 792 p. (ISBN2905969415).

[312] Albert Speer (trad. de l'allemand par Michel Brottier), Aucœur du IIIe Reich : Le confident de Hitler [« Erinnerun-gen »], Paris, Fayard, coll. « Les grandes études contem-poraines », 1971, 816 p. (OCLC 22349162).Joachim Fest (trad. de l'allemand par Frank Straschitz),Albert Speer : Le confident de Hitler [« Speer : eine Bio-graphie »], Paris, Perrin, coll. « Tempus », 2001, 370 p.(ISBN 2-262-01646-1).

[313] L'ancien chef de la Hitlerjugend et gauleiter de VienneBaldur von Schirach, condamné à 20 ans de prison à Nu-remberg, écrit en 1967 : « La catastrophe allemande neprovient pas seulement de ce que Hitler a fait de nous,mais de ce que nous avons fait de Hitler. Hitler n'estpas venu de l'extérieur, il n'était pas, comme beaucoupl'imaginent, une bête démoniaque qui a saisi le pouvoirtout seul. C'était l'homme que le peuple allemand deman-dait et l'homme que nous avons rendu maître de notre des-tin en le glorifiant sans limites. Car un Hitler n'apparaîtque dans un peuple qui a le désir et la volonté d'avoir unHitler. » — Cité par François Bédarida 1991, « introduc-tion », p. 13.

[314] Tony Judt 2007, p. 942.

[315] Tony Judt 2007, p. 80 et 940.

[316] Tony Judt 2007, « Épilogue : de la maison des morts ».

[317] extrait du testament politique de Hitler, cité par SaulFriedländer — Saul Friedländer 2008, p. 807.

[318] Saul Friedländer 2008, p. 803.

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[319] William McCagg 1996, p. 351.

[320] Mémorandum de Walter Hevel, fonctionnaire du minis-tère des Affaires étrangères du Reich, 21 janvier 1940,Akten zur deutschen auswärtigen Politik, vol. 158, p. 170— cité par (en) Gerald Fleming (préf. Saul Friedländer),Hitler and the Final Solution, Los Angeles, University ofCalifornia Press, 1994, 243 p. (ISBN 0520060229), p. 14.

[321] Saul Friedländer 2008, p. 102-103.

[322] Ian Kershaw 2001, p. 53.

[323] Ian Kershaw 2001, p. 54.

[324] Ian Kershaw 2001, p. 56-57.

[325] Ian Kershaw 2001, p. 56, 57 et 60.

[326] Ian Kershaw 2001, p. 61.

[327] Ian Kershaw 2001, p. 63.

[328] Ian Kershaw 2001, p. 65.

[329] Ian Kershaw 2001, p. 64.

[330] Ian Kershaw 2001, p. 66.

[331] Saul Friedländer 2008, p. 106.

[332] Saul Friedländer 2008, p. 106-108.

[333] Saul Friedländer 2008, p. 108-109.

[334] Ian Kershaw 2001, p. 59.

[335] Saul Friedländer 2008, p. 104-105.

[336] (en) Ian Kershaw, Hitler : Profiles in Power, Pearson Edu-cation Limited, août 2000, 240 p. (ISBN 0582437563), p.23.

[337] Ian Kershaw 2001, p. 231.

[338] (en) David Nicholls, Adolf Hitler : A biographical com-panion, Santa Barbara, Éd. ABC-CLIO, 2000, 357 p.(ISBN 0874369657), p. 305.

[339] Pierre-André Taguieff, La judéophobie des Modernes :Des Lumières au Jihad mondial, Odile Jacob, 2008, 683p. (ISBN 2738117368), p. 23.

[340] (en) Felicity J. Rash, The Language of Violence : AdolfHitler’s Mein Kampf, New York, Éd. Peter Lang, 2006,263 p. (ISBN 0820488070), p. 95.

[341] Ian Kershaw 2001, p. 144.

[342] Ian Kershaw 2001, p. 354.

[343] Ian Kershaw 2001, p. 60-61.

[344] Saul Friedländer 2008, p. 109.

[345] Saul Friedländer 2008, p. 110.

[346] Saul Friedländer 2008, p. 119.

[347] Saul Friedländer 2008, p. 111-112.

[348] Saul Friedländer 2008, p. 118.

[349] Hans Mommsen 1997, p. 178.

[350] Hans Mommsen 1997, p. 188.

[351] Hans Mommsen 1997, p. 199.

[352] Saul Friedländer 2008, p. 125.

[353] Saul Friedländer 2008, p. 147.

[354] Saul Friedländer 2008, p. 149-150.

[355] Saul Friedländer 2008, p. 123.

[356] Saul Friedländer 2008, p. 154-155.

[357] Saul Friedländer 2008, p. 155-156.

[358] Saul Friedländer 2008, p. 185.

[359] Saul Friedländer 2008, p. 186.

[360] Saul Friedländer 2008, p. 187.

[361] Saul Friedländer 2008, p. 188.

[362] Saul Friedländer 2008, p. 190.

[363] Saul Friedländer 2008, p. 193.

[364] Saul Friedländer 2008, p. 255.

[365] Saul Friedländer 2008, p. 272.

[366] Saul Friedländer 2008, p. 277.

[367] Saul Friedländer 2008, p. 279 et 287.

[368] Saul Friedländer 2008, p. 280, 285 et 288.

[369] Saul Friedländer 2008, p. 305.

[370] Saul Friedländer 2008, p. 306.

[371] Saul Friedländer 2008, p. 308.

[372] Saul Friedländer 2008, p. 309-310.

[373] Jeffrey Herf 2011, p. 56-57.

[374] Jeffrey Herf 2011, p. 57.

[375] Saul Friedländer 2008, p. 311.

[376] cité par Saul Friedländer — Saul Friedländer 2008, p.741.

[377] Saul Friedländer 2008, p. 51.

[378] Jeffrey Herf 2011, p. 61.

[379] Jeffrey Herf 2011, p. 67.

[380] cité par Saul Friedländer — Saul Friedländer 2008, p.127-128.

[381] Saul Friedländer 2008, p. 181.

[382] rapporté par Saul Friedländer — Saul Friedländer 2008,p. 185.

[383] Saul Friedländer 2008, p. 268-269.

[384] Saul Friedländer 2008, p. 588.

Page 70: Adolf Hitler

70 17 NOTES ET RÉFÉRENCES

[385] Saul Friedländer 2008, p. 589-590.

[386] Saul Friedländer 2008, p. 740.

[387] Saul Friedländer 2008, p. 788-789.

[388] Saul Friedländer 2008, p. 341.

[389] Saul Friedländer 2008, p. 801.

[390] Saul Friedländer 2008, p. 805.

[391] Saul Friedländer 2008, p. 807.

[392] Saul Friedländer 2008, p. 806.

[393] Thimothy Ryback (trad. de l'anglais par Gilles Morris-Dumoulin), Dans la bibliothèque privée d'Hitler : Leslivres qui ont modelé sa vie, Paris, LGF, coll. « Le Livrede poche », 31 mars 2010, 448 p. (ISBN 2253133116),p. 175.

[394] (de) Adolf Hitler, Mein Kampf, München, Eher Verlag, 1940, 781 p., p. 420.

[395] Cité par Christian Baechler — Christian Baechler 2012,p. intro..

[396] Voir la longue liste des propos de Hitler rapportés parl'association PHDN : « L’antisémitisme mortifère d’Hit-ler. Paroles et documents », www.phdn.org, (consulté le17/02/2015).

[397] (de) Das Auswärtige Amt und der Holocaust. Die drän-gende Sorge, überflüssig zu werden., www.faz.net, 30 oc-tobre 2010, (consulté le 17/02/2015).

[398] Spiegel-Gespräch mit Eckart Conze. Verbrecherische Orga-nisation — Der Spiegel, no 43 (2010), p. 45.

[399] Hélène Coulonjou et al. 1991, « Hitler et la « Solutionfinale » : le jour et l'heure », p. 269.

[400] Himmler à Gottlob Berger, 28. 07. 1942 — Ian Kershaw2008, p. 586 : « Die besetzten Gebiete werden judenfrei.Die Durchführung dieses sehr schweren Befehls hat derFührer auf meine Schultern gelegt ».

[401] Omer Bartov (trad. de l'anglais par Jean-Pierre Ricard,préf. Philippe Burrin), L’Armée d’Hitler : La Wehrmacht,les nazis et la guerre [« Hitler’s army. Soldiers, nazis andwar in the Third Reich »], Paris, Hachette Litteratures,coll. « Pluriel », 24 février 1999, 317 p. (ISBN 2-0123-5449-1)

[402] Rudolf Höss (préf. Geneviève Decrop), Le Commandantd'Auschwitz parle, Paris, La Découverte, coll. « Poche », 1er janvier 2005, 289 p. (ISBN 2-7071-4499-1).

[403] Pour tout le passage « Les Tsiganes aussi… », voirAnnette Wieviorka, Auschwitz : La mémoire d'un lieu,Paris, Hachette Litteratures, coll. « Pluriel », 8 février2005, 286 p. (ISBN 2-01-279302-9).

[404] (de) Romani Rose et Walter Weiss, Sinti und Roma imDritten Reich : Das Programm der Vernichtung durch Ar-beit, Göttingen, Lamuv, coll. « Lamuv Taschenbuch », 1991, 203 p. (ISBN 388977248X).

[405] Jean-Pierre Azéma et al. 1991, « Les victimes du na-zisme », p. 321.

[406] Langbein, Hermann (trad. de l'allemand par Denise Meu-nier), Hommes et femmes à Auschwitz, Paris, Fayard, 1975, 527 p. (ISBN 2-213-00117-0), p. 27, 49.

[407] Donald Kenrick et Grattan Puxon (trad. de l'anglais parJean Sendy), Destins gitans : Des origines à la « solutionfinale » [« The Destiny of Europe’s gypsies »], Paris,Calmann-Lévy, coll. « Archives des sciences sociales », 1972, 293 p. (OCLC 26727104).

[408] (en) Donald Kenrick et Grattan Puxon, Gypsies underthe Swastika, Hatfield, University of Hertfordshire Press, 2009, 168 p. (OCLC 9781902806808).

[409] Guenter Lewy (trad. de l'anglais par Bernard Frumer,préf. Henriette Asséo), La persécution des tsiganes par lesnazis, Paris, Les Belles Lettres, coll. « Histoire », 1er oc-tobre 2003, 474 p. (ISBN 2-251-38064-7), p. 364-365.

[410] Ian Kershaw 2002, p. 165.

[411] Michel Heller et Aleksandr Nekrich (trad. du russe parWladimir Berelowitch), L'utopie au pouvoir [« Utopiâ uvlasti : očerki sovetskoj istorii ot 1917 do naših dnej »],Paris, Calmann-Levy, 1982, 658 p. (ISBN 2702104320),p. 358.

[412] Le 3 septembre 1941, d’après Rudolf Höss, commandantdu camp — Voir Pierre Vidal-Naquet, Les Assassins dela mémoire : « Un Eichmann de papier », et autres essaissur le révisionnisme, Paris, La découverte, coll. « Poche/ Essais », avril 2005, 232 p. (ISBN 9782707145451), p.143.

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[414] Laurence Rees 2013, p. 42 et suivantes, 176-179 ; empla-cements 2904-3012 et 2217-2236 sur 8147.

[415] (en) Peter Longerich (trad. de l'allemand par JeremyNoakes et Lesley Sharpe), Heinrich Himmler : A Life[« Heinrich Himmler : Biographie »], New-York, Ox-ford University Press, décembre 2012, 1031 p. (ISBN9780199592326), « The fight against abortion and homo-sexuality », p. 231-240.

[416] Régis Schlagdenhauffen, Triangle rose : La persécu-tion nazie des homosexuels et sa mémoire, Autrement, 2011, 314 p. (ISBN 9782746714854) [EPUB] (ISBN9782746720459) emplacements 896 et suiv. sur 6260.

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[419] William L. Shirer 2006.

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[420] Adolf Hitler 1952, p. 7.

[421] Adolf Hitler 1952, p. 51-60.

[422] Albert Speer (trad. de l'allemand par Michel Brottier,préf. Benoît Lemay), Au cœur du IIIe Reich [« Erinnerun-gen »], Paris, Fayard, coll. « Pluriel », novembre 2010,816 p. (ISBN 2818500117), p. 136.

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[424] Albert Speer (trad. de l'allemand par Michel Brottier,préf. Benoît Lemay), Au cœur du IIIe Reich [« Erinnerun-gen »], Paris, Fayard, coll. « Pluriel », novembre 2010,816 p. (ISBN 2818500117), p. 138.

[425] Adolf Hitler 1954, p. 297.

[426] Adolf Hitler 1952, p. 141.

[427] Albert Speer (trad. de l'allemand par Michel Brottier), Aucœur du IIIe Reich [« Erinnerungen »], Paris, Fayard, 1971, 816 p. (OCLC 22349162), « Propos d'Adolf Hit-ler », p. 138.

[428] Henry Picker (trad. de l'allemand par René-Marie Jouan),Hitler cet inconnu [« Hitlers Tischgespräche im Führer-hauptguartier »], Paris, Presses de la cité, 1969, 569 p.(OCLC 460741389), p. 274.

[429] Albert Speer (trad. de l'allemand par Michel Brottier,préf. Benoît Lemay), Au cœur du IIIe Reich [« Erinnerun-gen »], Paris, Fayard, coll. « Pluriel », novembre 2010,816 p. (ISBN 2818500117), p. 176.

[430] Une goûteuse de Hitler se confie à la presse britan-nique, www.lemonde.fr, 15 février 2013, (consulté le18/02/2015).

[431] Ian Kershaw 1999, p. 497.

[432] ou la fin des années 1930 — Joachim Fest 1973, p. 193.

[433] Ian Kershaw, par exemple, s’interroge sur la portée desspéculations sur l'hypothétique homosexualité d'Hitler :admettre cette hypothèse changerait-il quoi que ce soit ànotre compréhension de l'histoire du nazisme et d'Hitlerlui-même ? — (de) Der ungerade Weg, Die Welt, 13octobre 2001, (consulté le 18/02/2015).

[434] À la suite d'un constat sur l'« idée commune » issue duNazi Porn selon laquelle « le nazisme serait un régime danslequel les relations sexuelles étaient débridées, générales,obsessionnelles, avec une dimension sado-masochiste »,Fabrice d'Almeida relève l'existence de nombreux « essaisde psychologie mal comprise », et d'« enquêtes historiquesde qualité variable [plaçant] la question sexuelle au cœurde leur réflexion dès l'immédiate après-guerre ». Fabriced'Almeida 2008, p. 275. Pour un panorama de celles-ci, voir (en) Ron Rosenbaum (en), Explaining Hitler :The Search for the Origins of His Evil, Faber & Faber,coll. « Faber finds », 17 mars 2011, 490 p. (ISBN 978-0571276868), « The Dark Matter : The Sexual Fan-tasy of the Hitler Explainers », p. 135-153. Rosenbaum

y distingue deux groupes principaux : celui des psycho-historiens des années 1960 et 1970, issus de la psycha-nalyse, et celui des ex-nazis, transfuges de l'entourage deHitler, Otto Strasser, Ernst Hanfstaengl et Hermann Rau-schning.

[435] Cette thèse est illustrée en particulier par les ouvrages deRobert Waite et, surtout, de Lothar Machtan.(en) Robert L. G. Waite, The Psychopathic God : AdolfHitler (en) : Adolph Hitler, New-York, Signet Book, juin1978, 512 p. (ISBN 0451080785).(en) Lothar Machtan (trad. de l'allemand par John Brown-John), The Hidden Hitler (en), New-York, Basic Books, octobre 2002, 462 p. (ISBN 978-0465043095).Ces spéculations s’appuient sur les « témoignages » dis-crédités de Hans Mend et d'Eugen Dollmann (en).Hans Mommsen y voit « beaucoup de bruit pour rien »dans Viel Lärm um nichts, Die Zeit, 11 octobre 2001,(consulté le 18/02/2015).Ian Kershaw a détaillé les arguments montrant le peu decrédibilité de ces spéculations dans (de) Der ungeradeWeg,DieWelt, 13 octobre 2001, (consulté le 18/02/2015).Pour Florence Tamagne, historienne de l'homosexualitéen Europe au XXe siècle, « certains auteurs ont vouluvoir en Hitler un homosexuel refoulé, mais cette hypo-thèse, construite essentiellement à partir d’interprétationspsychanalytiques, peine à convaincre » — Florence Ta-magne, Histoire de l'homosexualité en Europe : Berlin,Londres, Paris. 1919-1939, Seuil, 2000, 692 p. (ISBN9782020348843).François Kersaudy, auteur d'une publication très ouverteaux sujets scabreux sur le IIIe Reich, juge que « quoiqu'aient pu écrire des générations de psychiatres ama-teurs, Hitler n'était pas homosexuel » — François Ker-saudy 2013, note 9, emplacements 1991 sur 6948.

[436] François Kersaudy 2013, note 2, emplacements 2103 etsuiv. sur 6948.

[437] François Kersaudy 2013, note 2, emplacements 2167 etsuiv. sur 6948.

[438] Bruno Gaudiot (préf. Thierry Féral), Adolf Hitler :L'archaïsme déchaîné, Paris, L'Harmattan, coll. « Alle-magne d'hier et d'aujourd'hui », 2001, 187 p. (ISBN 978-2-7475-0610-6), p. 173.

[439] Sur l'ondinisme supposé de Hitler, Paul Simelon parled'une rumeur née après le suicide de Geli Raubal, quile lierait aux « extravagances sexuelles de Hitler », enl'occurrence « l'ondinisme », mais juge qu'elle manque defondement — Paul Simelon, Hitler : Comprendre une ex-ception historique, Paris, L'Harmattan, coll. « Questionscontemporaines », 2004, 156 p. (ISBN 978-2-747-56272-0), p. 35-36.

[440] (en) Ron Rosenbaum (en), Explaining Hitler : The Searchfor the Origins of His Evil, Faber & Faber, coll. « Faberfinds », 17 mars 2011, 490 p. (ISBN 978-0571276868),p. 118 et suivantes.

[441] Voir François Kersaudy 2013, emplacements 2047-2460sur 6948.Les affirmations sur l'impuissance de Hitler ont été dé-menties par Heinz Linge, valet de chambre de Hitler —voir Michel Beauquey et Victor Ziegelmeyer, Le disparu

Page 72: Adolf Hitler

72 17 NOTES ET RÉFÉRENCES

du 30 avril, Paris, Productions de Paris, coll. « Documentsde notre époque », 1964, 294 p. (OCLC 13798005), p.131.

[442] Paul Simelon, Hitler : Comprendre une exception histo-rique, Paris, L'Harmattan, coll. « Questions contempo-raines », 2004, 156 p. (ISBN 978-2-747-56272-0), p. 35,qui s’appuie sur Norman Finkelstein. Le médecin de fa-mille de Hitler, le docteur Eduard Bloch, a affirmé sanséquivoque qu'il avait examiné Hitler pendant son enfanceet l'avait trouvé « génitalement normal » — François Ker-saudy 2013, note 2, emplacements 2047-2382 sur 6948.Cette légende n'a aucun rapport avec la chanson anti-allemande et populaire pendant la guerre : Hitler has onlygot one ball (« Hitler n’a qu’une couille », sur l’air de laMarche du Colonel Bogey) — voir (en) Kevin Moore, Mu-seums and popular culture, London Washington, Cassell, 1997, 182 p. (ISBN 978-0-718-50227-0), p. 119.

[443] Delpla 1999, p. 353.

[444] Claude Quétel (dir.), Philippe Masson, Christophe Primeet al., Larousse de la Seconde Guerre mondiale : Hitler auquotidien, Paris, Larousse, coll. « Coédition avec le Mé-morial de Caen », 13 mai 2004, 528 p. (ISBN 978-2-035-05394-7), p. 194.

[445] Henri Michel, Les Fascismes, Paris, Presses universitairesde France, coll. « Que sais-je ? », 1979, 125 p. (ISBN978-2-13-036166-4).

[446] (de) Rochus Misch (préf. Ralph Giordano), Der letzteZeuge : Ich war Hitlers Telefonist, Kurier und Leibwäch-ter, Munich, Pendo Verlag GmbH, juin 2008, 280 p.(ISBN 978-3866121942), p. 91.Édition française : J'étais garde du corps d'Hitler.

[447] Claude Quétel (dir.), Philippe Masson, Christophe Primeet al., Larousse de la Seconde Guerre mondiale : Hitler auquotidien, Paris, Larousse, coll. « Coédition avec le Mé-morial de Caen », 13 mai 2004, 528 p. (ISBN 978-2-035-05394-7) et Ian Kershaw 2000, passim.

[448] Jacques Nobécourt, Alfred Grosser (dir.), Henri Burgelinet al., Dix leçons sur le nazisme : Mit Brennender Sorge,Bruxelles, Complexe, coll. « Historiques », 10 mai 1990,260 p. (ISBN 2870271212).

[449] Jean Lopez, Les Cent derniers Jours d'Hitler. Chroniquede l'Apocalypse, Perrin, 2015, p. 88

[450] (en) Richard J. Evans, The Third Reich At War : 1939-1945, New York, Penguin Group, coll. « Au fil del'histoire », 2010, 944 p. (ISBN 978-0-14-311671-4), p.508.

[451] (en) Alan Bullock, Hitler : A Study in Tyranny, Londres,Odhams Press, 1952, 776 p. (ISBN 978-0-14-013564-0),p. 717.

[452] (en) Fritz Redlich, Hitler : Diagnosis of a Destruc-tive Prophet, New-York, Oxford University Press, sep-tembre 2000, 448 p. (ISBN 978-0-19-513631-9, OCLC316683659), p. 129–190.

[453] (en) Walter Charles Langer, The Mind of Adolf Hitler :The Secret Wartime Report, New-York, Basic Books, no-vembre 1972, 224 p. (ISBN 978-0-465-04620-1), p. 126.

[454] (en) Robert L. G. Waite, The Psychopathic God :Adolph Hitler, Da Capo Press, mars 1993, 512 p. (ISBN0306805146), p. 356.

[455] Attribution du prénom Adolphe année par année,tf1.notrefamille.com, (consulté le 18/02/2015).

[456] François De Smet, Reductio ad Hitlerium. Une théoriedu point Godwin, PUF, 2014, 168 p. (ISBN 978-2-13-063078-4, lire en ligne)

[457] Philippe Bouchet, La République de Weimar, Paris, El-lipses, coll. « Les essentiels de la civilisation allemande », 1er mars 1999, 96 p. (ISBN 978-2-729-86892-5), p. 83.Ian Kershaw met aussi la citation en exergue du chapitre« Hissé au pouvoir » de son livre sur Hitler — Ian Kershaw1999.

[458] Catherine et Jacques Legrand (dir.) et Dominique Lor-mier, Mussolini, Éditions Chronique, coll. « Chroniquesde l'histoire », 1997, 128 p. (ISBN 978-2-905969-92-7).

[459] Interview recueillie par Jean Kapel — Jean Kapel, « Pour-quoi J'ai Cru en Hitler », Histoire magazine, no 19, sep-tembre 1981, p. 106..

[460] Baldur von Schirach, J'ai cru à Hitler, Hambourg, 1967— cité par François Bédarida 1991, « Introduction », p.13.

[461] Ian Kershaw 2002, p. 256.

[462] Ian Kershaw 2002, p. 283.

[463] Marc Nouschi, Bilan de la Seconde Guerre mondiale :L'après-guerre 1945-1950, vol. 13, Paris, Seuil, coll.« Memo », 1er janvier 1996, 63 p. (ISBN 2-02-023194-8).

[464] Walter Charles Langer (trad. de l'anglais par Henri Dre-vet, préf. Robert G. L. Waite), Psychanalyse de Adolf Hit-ler [« The Mind of Adolf Hitler »], Paris, Denoël, 1973,289 p. (OCLC 301546147).

[465] Cité dans Jack Hai, Le Nazi et le psychiatre, Paris, LesArènes, coll. « Histoire », 2013 (ISBN 2-352-04281-X),p. 253.

[466] Alice Miller (trad. de l'allemand par Jeanne Étoré), C’estpour ton bien : Racines de la violence dans l’éducation del’enfant [« Am Anfang war Erziehung »], Paris, Aubier, 1984, 320 p. (ISBN 2700703723).

[467] (en) Brigitte Hamann et Hans Mommsen, Hitler’s Vi-enna : A Portrait of the Tyrant As a Young Man, TaurisParke Paperbacks, 2010 (ISBN 978-1-848-85277-8, lireen ligne), p. 48.

[468] Dino Buzzati (trad. de l'italien par Jacqueline Remillet),Le K : Pauvre petit garçon ! [« Il colombre. « Povero bam-bino ! » »], Paris, Robert Laffont, coll. « Pavillons », 1967, 384 p. (ISBN 2-253-00836-2).

[469] Roger Zelazny (trad. de l'anglais par Jean Bailhache), LeLivre d'or de la science-fiction : Roger Zelazny [« TheBorgia Hand »], Paris, Éditions Presses Pocket, coll. « LeLivre d'or de la science-fiction », décembre 1986, 378 p.(ISBN 2-266-01650-4), « Le Cadeau des Borgia ».

[470] Décapité au musée de Berlin, le Hitler de cire sera remissur pied, Le Point, 7 juillet 2008, (consulté le 18 février2015).

Page 73: Adolf Hitler

18.2 Bibliographie 73

18 Annexes

18.1 Articles connexes

• Conférence de Wannsee

• Crime contre l'humanité

• Shoah

• Négationnisme

• Résistance allemande au nazisme

• Nuit de Cristal

• Nuit des Longs Couteaux

• NSDAP

• Jeunesses hitlériennes

• La Guerre d'Hitler

• Peintures d'Adolf Hitler

• Étendard personnel d'Adolf Hitler

• Fuhrerbunker

18.2 Bibliographie

: document utilisé comme source pour la rédactionde cet article.

18.2.1 Biographies générales

• François Delpla, Hitler, Paris, Grasset, 1999 (ISBN978-2-246-57041-7)

• Joachim Fest (trad. de l'allemand par Guy Fritsch-Estrangin), Hitler, t. 1 : jeunesse et conquête du pou-voir, Paris, Gallimard, coll. « Hors série Connais-sance », octobre 1973, 526 p. (ISBN 2070288331)

• Joachim Fest (trad. de l'allemand par Guy Fritsch-Estrangin), Hitler., t. 2 : Le Führer, Paris, Gallimard,coll. « Hors série Connaissance », octobre 1973, 552p. (ISBN 207028834X)

• (de) Ian Kershaw (trad. de l'anglais par Jürgen Pe-ter Krause et Jörg W. Rademacher), Hitler 1889-1936 [« Hitler : 1889-1936, hubris »], t. 1,Stuttgart, Deutsche Verlags-Anstalt (DVA), 1er sep-tembre 1998, 972 p. (ISBN 9783421051318, OCLC40789352)

• Ian Kershaw, Hitler : 1889-1936, t. 1, Paris, Flam-marion, coll. « Documents et Essais », 28 septembre1999, 1160 p. (ISBN 2-08-212528-9)

• Ian Kershaw, Hitler : 1936-1945, t. 2, Paris, Flam-marion, coll. « Documents et Essais », 24 octobre2000, 1625 p. (ISBN 2-082-12529-7)

• Ron Rosenbaum, Pourquoi Hitler, Paris, J.-C. Lat-tès, 1998 (ISBN 978-2-709-61913-4)

18.2.2 Aspects particuliers

• Ernst Hanfstaegel : Hitler, les années obscures, édi-tions j'ai lu leur aventure n°A284

• Alice Miller, « L'enfance d'Adolf Hitler. Del'horreur cachée à l'horreur manifeste » dans A.Miller, C'est pour ton bien. Racines de la violencedans l'éducation de l'enfant (Am Anfang war Er-ziehung, « Au commencement était l'éducation »,Frankfurt/Main, 1980) tr. de l'allemand par J. Étoré,Paris, Aubier, 1984, p. 169-228. (ISBN 2700703723)

• Marlis Steinert, « Enfances d'un dictateur »,L'Histoire, no 230 « Hitler, portrait historique d’unmonstre », mars 1999, p. 4 (ISSN 3791842038005).

• Édouard Husson, « Hitler en douze questions »,L'Histoire, no 230 « Hitler, portrait historique d’unmonstre », mars 1999, p. 12 (ISSN 3791842038005).

• Götz Aly, Comment Hitler a acheté les Allemands,Flammarion, 2005 (ISBN 978-2-082-10517-0)

• Christian Baechler, Guerre et extermination à l'Est :Hitler et la conquête de l'espace vital 1933-1945,Paris, Tallandier, coll. « Histoires d'aujourd'hui », 19 avril 2012, 524 p. (ISBN 978-2-84734-906-1)

• Sir Alan Bullock, Hitler et Staline, Albin Michel, 1994 (ISBN 978-2-226-06491-2)

• Gerhardt Boldt, La Fin de Hitler, Corréa, 1949

• Didier Chauvet, Hitler et le putsch de la brasserie :Munich, 8/9 novembre 1923, L'Harmattan, 2012

• Fabrice d'Almeida, La vie mondaine sous le na-zisme, Paris, Perrin, 2008 (ISBN 978-2-262-02742-1)

• Henrik Eberle et Matthias Uhl, Le dossier Hitler,Presses de la Cité, 2006

• Bernd Freytag von Loringhoven et Françoisd'Alançon, Dans le bunker de Hitler : 23 juillet1944-29 avril 1945, Perrin, 2005 (ISBN 978-2-262-02478-9)

• Joachim Fest, Les Derniers Jours de Hitler, Perrin, 2005 (ISBN 978-2-262-02329-4)

• David Garner, Le Dernier des Hitler, Patrick RobinÉditions, 2006 (ISBN 2-352-28004-4)

Page 74: Adolf Hitler

74 18 ANNEXES

• Brigitte Hamann, La Vienne de Hitler. Les annéesd'apprentissage d'un dictateur, Paris, Édition desSyrtes, 2001, 544 p. (ISBN 2-84545-030-3)

• Adolf Hitler, Hitler parle à ses généraux, Perrin, mars 2013, 504 p. (ISBN 9782262041519)

• Adolf Hitler (trad. de l'allemand par François Ge-noud), Libres propos sur la guerre et la paix re-cueillis sur l’ordre de Martin Bormann, t. 1 : 5juillet 1941-12 mars 1942, Paris, Flammarion, coll.« Le temps présent », janvier 1952, 370 p. (OCLC480222013)

• Adolf Hitler (trad. de l'allemand par François Ge-noud), Libres propos sur la guerre et la paix re-cueillis sur l’ordre de Martin Bormann, t. 2 : 24 mars1942-30 novembre 1944, Paris, Flammarion, coll.« Le temps présent », janvier 1954, 366 p. (OCLC863826454)

• Raymond Cartier : Hitler et ses généraux, éditionsj'ai lu leur aventure n°A207

• Ian Kershaw

• Ian Kershaw (trad. de l'anglais par JacquelineCarnaud et Pierre-Emmanuel Dauzat), Hitler :Essai sur le charisme en politique, Folio His-toire, 10 octobre 2001 (1re éd. 1995), 416 p.(ISBN 978-2-070-41908-1)

• Ian Kershaw (trad. de l'anglais par Pierre-Emmanuel Dauzat), Hitler, Paris, Flamma-rion, coll. « Grandes biographies », 2008,1198 p. (ISBN 978-2-0812-5042-0)

• Ian Kershaw, La Fin, Allemagne, 1944-1945,Paris, Éditions du Seuil, 2012, 665 p. (ISBN978-2-020-80301-4)

• (en) Ian Kershaw, Gerhard Wilke et DetlevPeukert, Hitler Myth : Image and Reality inthe Third Reich, Oxford University Press, 13décembre 2001, 312 p. (ISBN 0192802062)

• Ian Kershaw, Le Mythe Hitler, Paris, Flamma-rion, 1987

• (de) Ian Kershaw (trad. Klaus-DieterSchmidt), Wendepunkte : Schlüsselentschei-dungen im Zweiten Weltkrieg, München,Deutsche Verlags-Anstalt (DVA), octobre2008, 736 p. (ISBN 3421058067)

• Gérard Letailleur (préf. Christian de La Mazière),Les secrets du chancelier, Éditions Dualpha, coll.« Vérités pour l’histoire », 2005 (ISBN 978-2-915-46139-8)

• Jean Lopez, Les Cent derniers Jours d'Hitler. Chro-nique de l'Apocalypse, Perrin, 2015 (ISBN 978-2-262-05023-8)

• (en) William O. McCagg Jr., Les Juifs des Habs-bourg 1670-1918, PUF, 1996 (ISBN 2-130-46877-2)

• Gert Buchheit (de) : Hitler chef de guerre (1. Lesconquêtes 1939-1942) éditions j'ai lu leur aventuren°A156-157

• Gert Buchheit (de) : Hitler chef de guerre (2. Lesdésastres 1943-1945) éditions j'ai lu leur aventuren°A158-159

• Philippe Masson, Hitler chef de guerre, Perrin, 2005(ISBN 978-2-262-01561-9)

• Laurence Rees, Adolf Hitler, la séduction du diable,Albin Michel, 2013, 280 p. (ISBN 978-2-226-24532-8) [EPUB] (ISBN 9782226284488)

• Lionel Richard, D’où vient Adolf Hitler ?, Autre-ment, coll. « Série Mémoires », 2000, 230 p. (ISBN978-2-862-60999-7)

• Jean Stenger, « Hitler et la pensée raciale », Re-vue belge de philologie et d'histoire, tome 75, fasc. 2,1997. Histoire médiévale, moderne et contemporaine- Middeleeuwse, moderne en hedendaagse geschiede-nis. p. 413-441.

• Thomas Weber, La première guerre d'Hitler, Pa-ris, Perrin, 2012, 518 p. (ISBN 978-2-262-03589-1)[EPUB] (ISBN 9782262040505)

• Gerhardt Boldt : La Fin de Hitler éditions j'ai lu leuraventure n°A26

18.2.3 Divers

• Tony Judt (trad. de l'anglais par Pierre-EmmanuelDauzat), Après-guerre : Une histoire de l'Europe de-puis 1945 [« Postwar : A History of Europe since1945 »], Paris, Armand Colin, 26 septembre 2007,1018 p. (ISBN 978-2-200-34617-1)

• Pierre Dac (préf. Jacques Pessis), L'Os à Moelle : 13mai 1938-7 juin 1940, Paris, Omnibus, septembre2007, 1196 p. (ISBN 2-258-07475-4)

• Pierre Dac (préf. Jacques Pessis), Drôle de guerre,Paris, Omnibus, octobre 2008, 1168 p. (ISBN 2-258-07828-8)

• La Part de l'autre, Éric-Emmanuel Schmitt, Albin-Michel, 2005

• Un Château en Forêt : Le Fantôme de Hitler, NormanMailer, 2007.

Page 75: Adolf Hitler

18.3 Liens externes 75

18.2.4 Sur le IIIe Reich

• Pierre Milza, Philippe Burrin et al., L'Allemagne deHitler : 1933-1945, Paris, Éditions du Seuil, coll.« Points Histoire », 1991, 427 p. (ISBN 2020126478).

• Pierre Ayçoberry, La société allemande sous leIIIe Reich 1933-1945, Paris, Éd. du Seuil, coll.« L'Univers Historique », 1998 (ISBN 978-2-020-33642-0)

• Daniel Blatman (trad. de l'hébreu par Nicolas Weill,publié avec le concours de la Fondation pour la mé-moire de la Shoah), Les Marches de la mort : Ladernière étape du génocide nazi, été 1944-printemps1945, Paris, Fayard, 4 février 2009, 589 p. (ISBN978-2-213-63551-4, notice BnF no FRBNF41431181).

• Martin Broszat, L'État hitlérien : : l'origine etl'évolution des structures du IIIe Reich, Paris,Fayard, coll. « L'espace du politique », 1985 (ISBN2-213-01402-7).

• Richard J. Evans, Le troisième Reich, volume 1 :L'avènement, Flammarion Lettres, coll. « Au fil del'histoire », 2009, 800 p. (ISBN 978-2-082-10111-0)

• Richard J. Evans, Le troisième Reich, volume 2 :1933-1939, Flammarion Lettres, coll. « Au fil del'histoire », 2009, 1048 p. (ISBN 978-2-082-10112-7)

• Richard J. Evans, Le Troisième Reich, volume 3 :1939-1945, Paris, Flammarion, coll. « Au fil del'histoire », 2009, 1102 p. (ISBN 978-2-081-20955-8)

• (de) Richard Breitman,Der Architekt der Endlösung,Munich, 2000, trad. française Himmler et la solu-tion finale, l'architecte du génocide, Calmann-Levy,2009, (ISBN 978-2-7021-4020-8).

• Johann Chapoutot, Le nazisme et l'Antiquité, Paris,Presses universitaires de France, coll. « Quadrige », 2012 (1re éd. 2008) (ISBN 978-2-130-60899-8).

• Saul Friedländer (trad. de l'anglais par Marie-France de Paloméra), L'Allemagne nazie et les Juifs,Volume 1 : Les années de persécution : 1933-1939,Paris, Seuil, coll. « L'Univers Historique », février2008, 529 p. (ISBN 978-2-02-097028-0).

• Saul Friedländer (trad. de l'anglais par Pierre-Emmanuel Dauzat), L'Allemagne nazie et les Juifs,Volume 2 : Les années d'extermination : 1939-1945,Paris, Seuil, coll. « L'Univers Historique », février2008, 1028 p. (ISBN 978-2-02-020282-4).

• Jeffrey Herf, L'ennemi juif : la propagande nazie,1939-1945, Paris, Calmann-Lévy, 2011 (ISBN 978-2-702-14220-2).

• François Kersaudy, Les Secrets du IIIe Reich, Pa-ris, Perrin, coll. « Synthèses Historiques », 21 mars2013, eBook (ISBN 9782262041694), note 9, empla-cements 1991 sur 6948

• Ian Kershaw, La Fin, Allemagne, 1944-1945, Pa-ris, Éditions du Seuil, 2012, 665 p. (ISBN 978-2-020-80301-4)

• Hans Mommsen (trad. de l'allemand par Fran-çoise Laroche, préf. Henry Rousso), Le national-socialisme et la société allemande : Dix essaisd'histoire sociale et politique, Paris, Les Editions dela Maison des Sciences de l'Homme, coll. « Hors sé-rie Connaissance », 1997, 414 p. (ISBN 2-7351-0757-4).

• William L. Shirer, Le IIIe Reich, Paris, Stock, 2006,1257 p. (ISBN 2-234-02298-3)

• David Schoenbaum, La révolution brune : la socié-té allemande sous le IIIe Reich (1933-1939), Paris,Gallimard, 2000 (1re éd. 1966) (ISBN 2-070-75918-0).

• Henry Rousso (dir.), Nicolas Werth, Philippe Bur-rin et al., Stalinisme et nazisme : Histoire et mé-moire comparées, Bruxelles, Éditions Complexes,coll. « Histoire du temps présent », 19 novembre1999, 387 p. (ISBN 2870277520).

18.2.5 Recueil d'illustrations

• Hans Georg Hiller von Gaertringen (dir.), WalterFrentz, Bernd Boll et al. (trad. de l'allemand parQualis Artifex, préf. Fabrice d'Almeida), L’Œil duIIIe Reich : Walter Frentz, le Photographe de Hit-ler [« Das Auge des Dritten Reiches : Hitlers Ka-meramann und Fotograf Walter Frentz »], Paris,Perrin, coll. « Documents Historiques », 11 sep-tembre 2008, 256 p. (ISBN 9782262027421, OCLC319952463) .

• Pierre Bourget et Charles Lacretelle, Sur les Murs deParis. 1940-1944, Hachette, 1959.

• Stéphane Marchetti, Images d'une certaine France :affiches 1939-1945, Lausanne, Edita, 1982 (ISBN 2-880-01149-3)

18.3 Liens externes

• Notices d’autorité : Fichier d’autorité internationalvirtuel • International Standard Name Identifier •Union List of Artist Names • Bibliothèque natio-nale de France • Système universitaire de docu-mentation • Bibliothèque du Congrès • GemeinsameNormdatei • Bibliothèque nationale de la Diète •Bibliothèque nationale d'Espagne • WorldCat

• (en) « Hitler à Odeonsplatz Munich, août 1914. »

• « Archives de l’INA : Entrevue entre Hitler et Francoà Hendaye en octobre 1940. »

Page 76: Adolf Hitler

76 18 ANNEXES

• « Article et dossier à télécharger sur les archives USconcernant Hitler, les enquêtes du FBI et les don-nées relatives à un complot américain destiné à lesupprimer en 1933. »

• Le double langage dans l’hitlérisme, par Guy Du-randin, professeur honoraire de psychologie socialeà l’université René-Descartes-Paris V.

• Portail de l’Autriche-Hongrie

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• Portail du nazisme

• Portail de la Seconde Guerre mondiale

• Portail de l’histoire

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77

19 Sources, contributeurs et licences du texte et de l’image

19.1 Texte• Adolf Hitler Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Adolf_Hitler?oldid=118902915 Contributeurs : Aoineko, Anthere, Youssefsan, Mes-

zigues, FvdP, Rinaldum, Hashar, Tonnelier, Yann, Med, Ryo, ArnoLagrange, Ffx, Didup, Alvaro, Panoramix, Koxinga, Vargenau, Nataraja,Looxix, Hemmer, Popolon, Phido, Orthogaffe, Céréales Killer, Jmtrivial, Treanna, JacquesD, Kelson, Semnoz, Pontauxchats, Ernest, Gé-rard, Ske, Ploum’s, Lucius~frwiki, Howard Drake, Moala, Greudin, Bidjim, Romanm, HasharBot, Alain Caraco, Liondelyon, Stragier,Traeb, R, Raph, Jeantosti, Zubro, Maggic, Alexboom, Yohan, Jusjih, Koyuki, Jd, P-e, Symac, Alphonse Wagner, Roby, Raphael, TorchéWaremme, FoeNyx, Robbot, NicoRay, Caton, Bono~frwiki, Sebjarod, Michel BUZE, Jyp, Archeos, Yggdras, Webkid~frwiki, Werewindle,Fafnir, Tieum, Jastrow, Aurevilly, Archibald, Sanao, Phe, Dujo, Marc Mongenet, MedBot, Gordjazzz, Sam Hocevar, Neuromancien, Siren,David.Monniaux, Oblic, TigH, Ma'ame Michu, Phe-bot, Louis-garden, C-R, Bogatyr, Turb, François-Dominique, Bibi Saint-Pol, Panora-mastitcher, Domsau2, ADM, Lachaume, Ethaniel, Rigolithe, ~Pyb, Ollamh, Livajo~frwiki, Markadet, Weft, Roosevelt, BernardM, Kõan,Hégésippe Cormier, Ci-gît le sage, Kassus, Tarap, Papy77, Tornad, Goliadkine, Woww, Kokoyaya, Azoee, Tuilindo, Escaladix, Romary,Paddyez, Zejames, Valérie75, Keriluamox, Cr0vax, Manukid, Matth97, GL, Hbbk, NeMeSiS, Mika, Eskimo, Manchot sanguinaire, Jef-Infojef, Fahd.Walid, Diligent, Darkoneko, Sebcaen, Ayin, Bradipus, Z653z, Dake, Rosenzweig, Georgio, Thomas7~frwiki, Kyle the hacker,Sanguinez, Pixeltoo, Miniwark, Baronnet, Nicolas Ray, Vincnet, Izwalito, Deansfa, K !roman, Aegil, Foux, Leag, Delio, Erasmus, Mmenal,Bob08, WhilelM, Alexvial, Teofilo, Darkdadaah, Mogador, Pocout, MatrixCM, Jmh2o, Wikix, Ellywa, Duller, Sherbrooke, Island, Histo-ricair, BrightRaven, Gédé, Padawane, AIRAZUR, Neptune, El Comandante, YolanC, Anierin, Illwieckz, Laurent Jerry, Mirgolth, Mhon,Ripounet, TP, L'amateur d'aéroplanes, Xfigpower, Otets, DocteurCosmos, Korg, Kernitou, Elg, Chobot, Holycharly, Stéphane33, Gribeco,Seb35, Ludo29, Rob1bureau, RobotE, Stanlekub, Taguelmoust, Charlesb, Like tears in rain, Zetud, Ælfgar, Vazkor, Dbenbenn, David Be-rardan, Zaybacker, Neven, Lgd, Nykozoft, ArséniureDeGallium, Probot, Max227, Code-Binaire, Gevehef, Inisheer, Nkm, A3nm, E-t172,Arnaud.Serander, Yelkrokoyade, Pok148, Gzen92, Solpomerol, Benoît92, Zwobot, David Lejeune, Hanpoine, Solensean, Coyau, Clementb, RobotQuistnix, N'importe lequel, Christophe cagé, FlaBot, Necrid Master, ComputerHotline, Keulig, EDUCA33E, YurikBot, Leonar-doRob0t, Poppy, Arnsy, Horowitz, Wiz, Seventh, IP anonyme, Zelda, Oxam Hartog, Tieum512, Guillom, Thierry Caro, Jerome66, Ico,Solbot, Naevus, Fondouce, MMBot, Nohky, Vincent Ricci, YHWH, Climenole, Litlok, Felipeh, Erdrokan, AlphaBot, Moez, Sammyday,Il Palazzo-sama, Alphabeta, CHEFALAIN, Wolkmar, Dominique natanson, Schiste, Rudloff, Loveless, Gordjazz, Barsamuphe, Speed-Demon74, Wacgreg, Garde-chiourme, Le serbe, TCY, Strologoff, HDDTZUZDSQ, Kirtap, Damned, Ibarra, Bobby Ewing, N0osphR, Lesotré, Le bibliographe, ChloeD, Mutatis mutandis, Cindy67100, MelancholieBot, Elminster, Mr Patate, La Palice, Conchita, Matt314,Markov, Japleo, Phil94, Hexasoft, Jedaaii, RG~frwiki, Chlewbot, Alo, BeatrixBelibaste, SoLune, Lechat, Siddharta, Pautard, Cloclob,Florent-Jean, Tanruz, Actorstudio, Apollon, Rpetit, Lloyd, Actias, Frank Renda, Kernunnos, Lebob, Es2003, A.D.O.L.F. H.I.T.L.E.R.,Angelef, Thunderbird~frwiki, JeanPaul, Dosto, Cédric Boissière, QuebecPureLaine, Fabrice Ferrer, Thidras, Subcomandante JB, TheNick, Didisha, Grasyop, Esprit Fugace, Olmec, Anoonym, Penegal, Barraki, Serein, Balouk, SashatoBot, Overmac, Mathiasrex, TiChou,0000, Mwarf, Edhral, Jiefsourd, Badplayer, Telodo, Gilles MAIRET, MatB, NicDumZ, Jaypee, Epsilon0, 307sw136, Tibauk, Futbol,Bishoprock, Martin', Gizmolechat, Itzcoalt, Liquid-aim-bot, Arglanir, CdC, EffK~frwiki, Breugelius, LAyahuasca, Pso, Jphg, Larochep,Christophe94, Pieyre, SeppDietrich, Ugur Basak Bot~frwiki, Alcazarfr, Zyxwvut-Bot, Cheddar, Ykerb, Olivierd, ArmenG~frwiki, Vamich,PetetheJock, JeanIII, Stenger Gerhardt, Fabien L.F., Elitius, Ironbrother, Apollofox, Baalshamin, LUDOVIC, ILJR, Deslaidsdeslaids, Jd-Wiki, IzBen, Léon66, NicoV, Madlozoz, Daniel*D, Everhard, Thijs !bot, Kallort, Bibliorock, Thiste, Tigre volant, Fouquieres, TaraO,Bouchecl, Grimlock, Jarfe, Attis~frwiki, Willy', Solki, Escarbot, Circular, Hannes, Nicolu, Creasy, Kyle the bot, Gwenegan, Graoully,Kaiseroktavius, Rémih, Le Pied-bot, Plbcr, Pj44300, Patroklis, JAnDbot, Starus, BOT-Superzerocool, Kaoh, Éclusette, Dtrake, Lastpixl,Clem23, Fred.marchalon, Le Dernier des Trémolins, Xiawi, Chtfn, Épiméthée, Mafiou44, .anacondabot, IAlex, Yanir17~frwiki, Julien deTilly, Moumine, Nono64, Jihaim, DSCH, Sebleouf, RS1981, N&G, Christophe Dioux, Alchemica, Philippenusbaumer, Marc, Dfeldmann,Wybot, Paris75000, Chevalier~frwiki, Adrille, Didier Misson, Aratal, Dingo01~frwiki, Zouavman Le Zouave, Goku, Nabulione932, Com-monsDelinker, Verbex, Erabot, Eybot, FR, La Vierge Folle, Cambran bruno, Holy Eagle, Joris57, Numbo3, Wikieur, Tinodela, Fil90,Jérônymous, Jaczewski, Diderot1, Analphabot, Nico86, Captain Waters, Jplm, Jordan Girardin, HAF 932, Salebot, Pierre-Yves Scha-nen, Bot-Schafter, Akeron, Federix, Carthae, Biajojo, Martial75, SalomonCeb, Levochik, Wissenz, Petiyoda, Kalyptus, Patschw, Do-dekBot~frwiki, Samsa, Holztim, Isaac Sanolnacov, Yf, DorganBot, AlnoktaBOT, Alamandar, Idioma-bot, Nimportnawac, WarddrBOT,Jonathan1, Priper, Irdnael, TXiKiBoT, Tooony, KaMiKaZe666, Ulysse4956, Jmex, VolkovBot, Wikifrédéric, Hohenheim11, Theoliane,Arolión Yolenda, Fabrice75, Artavezdès, FLLL, Vivi-1, AmaraBot, Chicobot, Fluti, Melkor73, Seraphita~frwiki, Marcellus55, Synthebot,Ultraom27, Silésie19, Ptbotgourou, Frediard, Pierretaquet, SNOUPS4, Docteur Saint James, Rfortner, Abxbay, AlleborgoBot, Orthoma-niaque, Hikaru Hosokawa, Pramzan, Acélan, Gz260, Ice Scream, Tonymainaki, Tx3a, Sisyph, Galoric, Xic667, BotMultichill, SieBot,YonaBot, Ingenio, Louperibot, Couthon, Andoni, Zelda03, Ziame, Judasrising, Olevy, Baudouin de Lille, Bobodu81, Cépey, Thekeu-ponsauvage, William Jexpire, Clodulf, Punx, Iafss, JLM, Franconcoi, Dsant, Wanderer999, Black31, Ange Gabriel, Patrick Rogel, Ju-lien140, Alecs.bot, LordAnubisBOT, Jean-Louis Dubois, Lepsyleon, Vlaam, Dhatier, Mathieuw, Lilyu, Amstramgrampikepikecolegram,Michel421, Hercule, Jean-Jacques Georges, Dricokit, Bub’s, Smeet666, ALDO CP, Amoceann, Procraste, KelBot, robot, Dum-ZiBoT, DeepBot, Franky-Doo-Dy2, René Dinkel, Dianceth, Minouminou4, Joey01~frwiki, Mister BV, SniperMaské, GLec, HERMA-PHRODITE, Jérémy-Günther-Heinz Jähnick, Olem, Bastien Sens-Méyé, Doc103, DragonBot, Sardur, PixelBot, Chazot, Orphée, PierreGuillard, Hyliad, Adastra, Fanfwah, DonLuigi, Maximus0970, Cymbella, Skippy le Grand Gourou, René Vircs, Chrono1084, Hugo12,Lucadeparis, BOTarate, Azerty92, Aruspice, ?renommé20080528814, Bruinek, M0tty, Taiko, Darkicebot, AgatheD, Mro, Heimdalltod,Lipo92, Zonzon, Amine93l, Neef, Nemesis 12, Magic stephanois, Purbo T, HerculeBot, WikiCleanerBot, Maurilbert, Bâillonnette, Le-tartean, Sebletoulousain, Guymartin1, Thlauze, ZetudBot, Brato, Linedwell, Pgauthier71, MicroCitron, Animaldudésir, Ggal, Julien1978,RogueLeader, Furansowakun, Fazslo, Archambaud, Bub’s wikibot, Gugus15, Elfix, Ccmpg, Eminem355, Windreaver, Ljubinka, Njardar-Bot, Queix, Elephanticide, Guiguidu60, Tisto, Yannollivier, Martialheland, Alex206, Ilpleuttoujours, JeanBono, Bordatc, Leszek Jańczuk,Museau65, Neurasthénie galante, Numbo3-bot, Druth, XAL, Herr Satz, LinkFA-Bot, Alexm57, Geographiste, Anarchy-boy, Emkaer,Famke, Micthev, Licorne37, Luckas-bot, Jojodesbatignoles, Harkomas, Shri Ganapati, Celette, Micbot, Nassiva, Poirier2000, Bgf, Jotter-bot, GrouchoBot, Bdarteve, Zurected, Dr Brains, Gentil Hibou, Talabot, Carbone14, Thorson, Papatt, Dark Attsios, Kalviner, Sempomen,Racconish, Archimëa, BluePencil, Kosovatavis, Bernardo LE CHALLOUX, Wiki-User03, DSisyphBot, Luigivert, Penjo, Lecorrecteur-fou, Copyleft, Goozidi, Moebius05, Moha93800, Le sourcier de la colline, Cantons-de-l'Est, Archimatth, Amqui, Bhikkhu, Le scripteur,LiberatorWave, Raphy1706, Abracadabra, Azurfrog, MORBIHAN, Criiss, De Wikischim, SassoBot, Xqbot, Jc bubbendorf, MathsPoetry,RibotBOT, GhalyBot, Touchatou, Fortitou, JackBot, Pom445, Kanabiz, Schlum, Michel Fiol, Anaemaeth, Eudemon, Lucignolobrescia,Elfast, Alexandre Wann, Boungawa, *SM*, Skull33, LairepoNite, SNUTILE, Tazman19~frwiki, B2o87, Actarus Prince d'Euphor, JiveeBlau, Matei13, Typhoeus, Coyote du 57, Lomita, October Ends, TobeBot, K-taeb, Celyndel, Gkml, Thiebault, Yoanlecrossman, Paleoa-lexpicturesltd, Nosarie, Demislav, Banboula, Finriel, KamikazeBot, Garlicman, AviaWiki, Mique88, Ec.Domnowall, Igel 14, LoKoudou,

Page 78: Adolf Hitler

78 19 SOURCES, CONTRIBUTEURS ET LICENCES DU TEXTE ET DE L’IMAGE

Helgismidh, Fplante, Jean-Rémy Homand, Ksmplusfive, Masterdeis, Toto Azéro, Frakir, Hydrocarbonic, GOUCHENE, Pkthib, EmausBot,Salsero35, Gergovie, Rehtse, Célïne, Kilith, Oliver331, Sisqi, HRoestBot, JackieBot, ZéroBot, Sami89, Saint Christophe, Gyrostat, Chal-lisrussia, Tyomas, Saber68, Smmurf, Corcole, Titanicophile, Abdessamed-88, Franz53sda, Thouny, JoleK, Chevalier libre, Vinbipok, Wer-kart, Les3corbiers, LD, WikitanvirBot, Bjung, Littlejazzman, EdoBot, Grelot-de-Bois, Jules78120, Mjbmrbot, ChercheTrouve, Mondorcet,Zamundria, Mmbens, Wictorya, Steven Rogers, Necronicar, ANGELUS, Seb13la, Laserpdb, 0x010C, Killerkill493, SenseiAC, Gaudan,LiberatorProduKtion, Giorgio01, Slimatopia, Otto Didakt, Skyreycs, MerlIwBot, Patou225, Zebulon84, Bloodmaratas, Symbolium, Prin-cesse91430, Cieslik, Apro 21, OrlodrimBot, Thehelpfulbot, Cocoploudaniel, Le pro du 94 :), Maurice47, Megasuperpopcorn, DG-IRAO,Lindros, Vagobot, AvocatoBot, Metra, Orphypnos, Atoine85, Maxmen~frwiki, Jean Marcotte, Harry cot, Ber075, Aieboulouloubi, ÉricMessel, Novags, Kreisauer, Kabyle1988, FDo64, Athanatophobos, Swissforce1, Jack Rabbit Slim’s, PokeAstroGeo, Xartiel, BotMyShi-nyMetalAss, Alec Orca, Pipiloui, Діман, Interstice vitreux, Metroitendo, Flopinot2012, Hidarix400, Tooloose, Barney111, Annaconcaud,MesRats, Iketip, Sunline~frwiki, Robert31~frwiki, Lezard-81, JYBot, Hawk-Eye, PardusTigris, WHaumesser, Jetxmael, Melancholia, Jé-jé9000, Enrevseluj, Max63230, Thismaa, Steinsplitter, Pseudotest5, Rafael13500, AutoritéBot, Keeper of the Swans, Ramzan, OrikriBot,Grain of Sand, K-Hugues, Rome2, Illur, SnoogyKjs, Patrick ALVAREZ, Fdolbec123, Funk68k, Dragoudin, HeavyMetal7Over7, Knut.,StarusBot, Manificosoliman, Will007~frwiki, Vyni, Oth611, Once U, Arnaudgogo, Leguelfe, DiliBot, Wade-18, Gérarde, Arnired094, Jeri-cho20, Plxdesi2, Philomatès, AméliorationsModestes, Archeofructus, AlfaCadabra, WightMatch, Conteur-momentanement-indisponible,Freshgod, OlsenCrave, Cherubinirules, MrIlelee, XIVIV, P'tit Mot Terré, Lfmscpt, Holy Papito, Aorist, Owain Knight, Leperebot, Lemraou pas, Panam2014, Macadam1, Pikastache, Agatino Catarella, IuvenesIos, Emazerty, HunsuBot, Bramapoutre, Zacharie78, FéeDivers,Kazanov, LaVoiture-balai, DickensBot, Dr Son, Abnihil, Mel0maniii4, Antoine334, Flotient, Klosiot, NewZmaN, ContributorQ, Pro patriasemper, Do not follow, Ninonninon, Tepu3000, KornMaz, Jade Nassif, Eszik, HeyWhatsGoing00n, Mac sim05, Danielvis08, Dghyusgdhjb,KasparBot et Anonyme : 370

19.2 Images• Fichier:138_Ante_Pavelic.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/3/3b/Adolf_Hitler_meets_Ante_Paveli%

C4%87.1941.jpg Licence : Public domain Contributeurs : http://www.ushmm.org [Photograph #85432] - http://digitalassets.ushmm.org/photoarchives/detail.aspx?id=25465 Artiste d’origine : United States Holocaust Memorial Museum, courtesy of Muzej Revolucije Narodai Narodnosti Jugoslavije

• Fichier:1933-may-10-berlin-book-burning.JPG Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/2/2b/1933-may-10-berlin-book-burning.JPG Licence : Public domain Contributeurs : Jpeg version of old gif photo. U.S. National Ar-chives (See also : http://www.ushmm.org/research/research-in-collections/search-the-collections/bibliography/1933-book-burnings)Artiste d’origine : User Dyss on en.wikipedia

• Fichier:Adolf_Hitler-1933.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/6/66/Adolf_Hitler-1933.jpg Licence : CCBY-SA 3.0 de Contributeurs : Cette image a été donnée à Wikimedia Commons par les Archives fédérales allemandes (Deutsches Bun-desarchiv) dans le cadre d'un projet commun. Les Archives Fédérales allemandes garantissent l'authenticité de la photographie, grâce àl'utilisation exclusive d'originaux (positifs/négatifs) de leur Archives d'images numériques et leur numérisation. Artiste d’origine : HeinrichHoffman ?

• Fichier:Alkoven_Schloss_Hartheim_2005-08-18_3589.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/1/19/Alkoven_Schloss_Hartheim_2005-08-18_3589.jpg Licence : CC BY-SA 2.5 Contributeurs : Travail personnel Artiste d’origine : Dralon

• Fichier:Alois_Hitler.jpeg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/4/41/Alois_Hitler.jpeg Licence : Public domainContributeurs : Bayerische Staatsbibliothek, München (Fotoarchiv Hoffmann), image ID : Hoff-2234 [1] Artiste d’origine : Reinegger, Josef[photographer]

• Fichier:Amsterdam-Homomonument-05.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/9/9c/Amsterdam-Homomonument-05.jpg Licence : CC BY 2.0 Contributeurs : Homomonument, Amsterdam Artiste d’origine : LaSequencia from Evanston, IL, USA

• Fichier:Antisemitism_in_Berlin_1933.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/c/cb/Antisemitism_in_Berlin_1933.jpg Licence : Public domain Contributeurs : Flickr Artiste d’origine : David Shapinsky

• Fichier:Arno_Breker_Adolf_Hitler(1938).jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/ab/Arno_Breker_Adolf_Hitler%281938%29.jpg Licence : CC BY-SA 2.5 Contributeurs : Transferred from nl.wikipedia Artiste d’origine : Original uploader wasJos43 at nl.wikipedia

• Fichier:Bal_hotel_de_ville_Vienne_Wilhelm_Gause.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/3/38/Bal_hotel_de_ville_Vienne_Wilhelm_Gause.jpg Licence : CC BY-SA 3.0 Contributeurs : Travail personnel Artiste d’origine : Yelkrokoyade

• Fichier:Benito_Mussolini_and_Adolf_Hitler.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/f/f0/Benito_Mussolini_and_Adolf_Hitler.jpg Licence : Public domain Contributeurs :USHMM Photograph #89908 Artiste d’origine :Muzej Revolucije NarodnostiJugoslavije

• Fichier:Buchenwald_Hitler_Effigy_74975.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/6/61/Buchenwald_Hitler_Effigy_74975.jpg Licence : Public domain Contributeurs : ? Artiste d’origine : ?

• Fichier:Buchenwald_Samuelson_62779.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/d/d7/Buchenwald_Samuelson_62779.jpg Licence : Public domain Contributeurs : United States Holocaust Memorial Museum, Photographie #62779Artiste d’origine : Arnold Samuelson (1917-2002)

• Fichier:Bundesarchiv_Bild_101I-808-1238-05,_Berlin,_Reichstagssitzung,_Rede_Adolf_Hitler.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/0/07/Bundesarchiv_Bild_101I-808-1238-05%2C_Berlin%2C_Reichstagssitzung%2C_Rede_Adolf_Hitler.jpg Licence : CC BY-SA 3.0 de Contributeurs : Cette image a été donnée à Wikimedia Commons par les Archivesfédérales allemandes (Deutsches Bundesarchiv) dans le cadre d'un projet commun. Les Archives Fédérales allemandes garantissentl'authenticité de la photographie, grâce à l'utilisation exclusive d'originaux (positifs/négatifs) de leur Archives d'images numériques et leurnumérisation. Artiste d’origine : Inconnu

• Fichier:Bundesarchiv_Bild_102-00344A,_München,_nach_Hitler-Ludendorff_Prozess_retouched.jpg Source :https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/f/fc/Bundesarchiv_Bild_102-00344A%2C_M%C3%BCnchen%2C_nach_

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19.2 Images 79

Hitler-Ludendorff_Prozess_retouched.jpg Licence : CC BY-SA 3.0 de Contributeurs : Cette image a été donnée à WikimediaCommons par les Archives fédérales allemandes (Deutsches Bundesarchiv) dans le cadre d'un projet commun. Les Archives Fédéralesallemandes garantissent l'authenticité de la photographie, grâce à l'utilisation exclusive d'originaux (positifs/négatifs) de leur Archivesd'images numériques et leur numérisation. Artiste d’origine : Heinrich Hoffmann

• Fichier:Bundesarchiv_Bild_102-10460,_Adolf_Hitler,_Rednerposen.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/3/39/Bundesarchiv_Bild_102-10460%2C_Adolf_Hitler%2C_Rednerposen.jpg Licence : CC BY-SA 3.0 de Contributeurs :Cette image a été donnée à Wikimedia Commons par les Archives fédérales allemandes (Deutsches Bundesarchiv) dans le cadre d'unprojet commun. Les Archives Fédérales allemandes garantissent l'authenticité de la photographie, grâce à l'utilisation exclusive d'originaux(positifs/négatifs) de leur Archives d'images numériques et leur numérisation. Artiste d’origine : Hoffmann, Heinrich

• Fichier:Bundesarchiv_Bild_102-13774,_Adolf_Hitler.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/1/1b/Bundesarchiv_Bild_102-13774%2C_Adolf_Hitler.jpg Licence : CC BY-SA 3.0 de Contributeurs : Cette image a été donnée à WikimediaCommons par les Archives fédérales allemandes (Deutsches Bundesarchiv) dans le cadre d'un projet commun. Les Archives Fédéralesallemandes garantissent l'authenticité de la photographie, grâce à l'utilisation exclusive d'originaux (positifs/négatifs) de leur Archivesd'images numériques et leur numérisation. Artiste d’origine : Unknown Heinrich Hoffmann

• Fichier:Bundesarchiv_Bild_146-1973-034-42,_Obersalzberg,_Adolf_Hitler_im_Haus_Wachenfeld.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/a7/Bundesarchiv_Bild_146-1973-034-42%2C_Obersalzberg%2C_Adolf_Hitler_im_Haus_Wachenfeld.jpg Licence : CC BY-SA 3.0 de Contributeurs : Cette image a été donnée à Wikimedia Commons par les Archivesfédérales allemandes (Deutsches Bundesarchiv) dans le cadre d'un projet commun. Les Archives Fédérales allemandes garantissentl'authenticité de la photographie, grâce à l'utilisation exclusive d'originaux (positifs/négatifs) de leur Archives d'images numériques et leurnumérisation. Artiste d’origine : Heinrich Hoffmann

• Fichier:Bundesarchiv_Bild_146-1974-082-44,_Adolf_Hitler_im_Ersten_Weltkrieg_retouched.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/c/cf/Bundesarchiv_Bild_146-1974-082-44%2C_Adolf_Hitler_im_Ersten_Weltkrieg_retouched.jpg Licence : CC BY-SA 3.0 de Contributeurs : Cette image a été donnée à Wikimedia Commons par les Archives fédéralesallemandes (Deutsches Bundesarchiv) dans le cadre d'un projet commun. Les Archives Fédérales allemandes garantissent l'authenticité dela photographie, grâce à l'utilisation exclusive d'originaux (positifs/négatifs) de leur Archives d'images numériques et leur numérisation.Artiste d’origine : Inconnu

• Fichier:Bundesarchiv_Bild_146-1974-132-33A,_Warschau,_Parade_vor_Adolf_Hitler.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/f/f9/Bundesarchiv_Bild_146-1974-132-33A%2C_Warschau%2C_Parade_vor_Adolf_Hitler.jpg Licence : CC BY-SA 3.0 de Contributeurs : Cette image a été donnée à Wikimedia Commons par les Archives fédérales allemandes (Deutsches Bundesarchiv)dans le cadre d'un projet commun. Les Archives Fédérales allemandes garantissent l'authenticité de la photographie, grâce à l'utilisationexclusive d'originaux (positifs/négatifs) de leur Archives d'images numériques et leur numérisation. Artiste d’origine : Mensing

• Fichier:Bundesarchiv_Bild_146-1977-148-19A,_Berlin,_Reichstagsbrand.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/6/68/Bundesarchiv_Bild_146-1977-148-19A%2C_Berlin%2C_Reichstagsbrand.jpgLicence :CC BY-SA 3.0 deContributeurs :Cette image a été donnée à Wikimedia Commons par les Archives fédérales allemandes (Deutsches Bundesarchiv) dans le cadre d'un projetcommun. Les Archives Fédérales allemandes garantissent l'authenticité de la photographie, grâce à l'utilisation exclusive d'originaux (posi-tifs/négatifs) de leur Archives d'images numériques et leur numérisation. Artiste d’origine : Inconnu

• Fichier:Bundesarchiv_Bild_183-1989-0322-506,_Adolf_Hitler,_Kinderbild.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/c/ce/Bundesarchiv_Bild_183-1989-0322-506%2C_Adolf_Hitler%2C_Kinderbild.jpg Licence : Public domain Contributeurs :Cette image a été donnée à Wikimedia Commons par les Archives fédérales allemandes (Deutsches Bundesarchiv) dans le cadre d'unprojet commun. Les Archives Fédérales allemandes garantissent l'authenticité de la photographie, grâce à l'utilisation exclusive d'originaux(positifs/négatifs) de leur Archives d'images numériques et leur numérisation. Artiste d’origine : Inconnu

• Fichier:Bundesarchiv_Bild_183-2004-0312-500,_Obersalzberg,_Albert_Speer,_Adolf_Hitler.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/f/f4/Bundesarchiv_Bild_183-2004-0312-500%2C_Obersalzberg%2C_Albert_Speer%2C_Adolf_Hitler.jpg Licence : CC BY-SA 3.0 de Contributeurs : Cette image a été donnée à Wikimedia Commons par les Archives fédéralesallemandes (Deutsches Bundesarchiv) dans le cadre d'un projet commun. Les Archives Fédérales allemandes garantissent l'authenticité dela photographie, grâce à l'utilisation exclusive d'originaux (positifs/négatifs) de leur Archives d'images numériques et leur numérisation.Artiste d’origine : Heinrich Hoffmann

• Fichier:Bundesarchiv_Bild_183-B24543,_Hauptquartier_Heeresgruppe_Süd,_Lagebesprechung.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/9/97/Bundesarchiv_Bild_183-B24543%2C_Hauptquartier_Heeresgruppe_S%C3%BCd%2C_Lagebesprechung.jpg Licence : CC BY-SA 3.0 de Contributeurs : Cette image a été donnée à Wikimedia Commons parles Archives fédérales allemandes (Deutsches Bundesarchiv) dans le cadre d'un projet commun. Les Archives Fédérales allemandesgarantissent l'authenticité de la photographie, grâce à l'utilisation exclusive d'originaux (positifs/négatifs) de leur Archives d'imagesnumériques et leur numérisation. Artiste d’origine : Walter Frentz

• Fichier:Bundesarchiv_Bild_183-H25217,_Henry_Philippe_Petain_und_Adolf_Hitler.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/6/64/Bundesarchiv_Bild_183-H25217%2C_Henry_Philippe_Petain_und_Adolf_Hitler.jpg Licence : CC BY-SA3.0 de Contributeurs : Cette image a été donnée à Wikimedia Commons par les Archives fédérales allemandes (Deutsches Bundesarchiv)dans le cadre d'un projet commun. Les Archives Fédérales allemandes garantissent l'authenticité de la photographie, grâce à l'utilisationexclusive d'originaux (positifs/négatifs) de leur Archives d'images numériques et leur numérisation. Artiste d’origine : Heinrich Hoffmann

• Fichier:Bundesarchiv_Bild_183-K0930-502,_Wahlplakat_der_NSDAP_zur_Reichstagswahl.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/6/6d/Bundesarchiv_Bild_183-K0930-502%2C_Wahlplakat_der_NSDAP_zur_Reichstagswahl.jpgLicence : CC BY-SA 3.0 de Contributeurs : Cette image a été donnée à Wikimedia Commons par les Archives fédérales allemandes(Deutsches Bundesarchiv) dans le cadre d'un projet commun. Les Archives Fédérales allemandes garantissent l'authenticité de laphotographie, grâce à l'utilisation exclusive d'originaux (positifs/négatifs) de leur Archives d'images numériques et leur numérisation.Artiste d’origine : Inconnu

• Fichier:Bundesarchiv_Bild_183-S33882,_Adolf_Hitler_retouched.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/1/10/Bundesarchiv_Bild_183-S33882%2C_Adolf_Hitler_retouched.jpg Licence : CC BY-SA 3.0 de Contributeurs : Cette image a été don-née à Wikimedia Commons par les Archives fédérales allemandes (Deutsches Bundesarchiv) dans le cadre d'un projet commun. Les Ar-chives Fédérales allemandes garantissent l'authenticité de la photographie, grâce à l'utilisation exclusive d'originaux (positifs/négatifs) deleur Archives d'images numériques et leur numérisation. Artiste d’origine : unknown

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80 19 SOURCES, CONTRIBUTEURS ET LICENCES DU TEXTE ET DE L’IMAGE

• Fichier:DeadGermanOrtona.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/d/d8/DeadGermanOrtona.jpg Licence :Public domain Contributeurs : Library and Archives Canada[1] Artiste d’origine : Terry F. Rowe / Canada. Dept. of National Defence /Library and Archives Canada / PA-115188

• Fichier:Defendants_in_the_dock_at_the_Nuremberg_Trials.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/9/9f/Defendants_in_the_dock_at_the_Nuremberg_Trials.jpg Licence : Public domain Contributeurs : Creator : Office of the U.S. Chief ofCounsel for the Prosecution of Axis Criminality/Still Picture Records LICON, Special Media Archives Services Division (NWCS-S) Ar-tiste d’origine : Work of the United States Government

• Fichier:Disambig_colour.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/3/3e/Disambig_colour.svg Licence : Public do-main Contributeurs : Travail personnel Artiste d’origine : Bub’s

• Fichier:Evolution_du_chômage_en_Allemagne_(1928-1940).svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/e/e5/Evolution_du_ch%C3%B4mage_en_Allemagne_%281928-1940%29.svg Licence : CC-BY-SA-3.0 Contributeurs : Travail personnel Ar-tiste d’origine : historicair 17 :20, 1 November 2006 (UTC)

• Fichier:Fasces2.png Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/4/46/Fasces2.png Licence : Public domain Contributeurs :Nordisk familjebok (1907), vol.7, p. 1421 [1] Artiste d’origine : ?

• Fichier:Flag_of_Austria-Hungary_1869-1918.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/2/29/Flag_of_Austria-Hungary_%281869-1918%29.svg Licence : Public domain Contributeurs : Travail personnel Artiste d’origine : vectorized bySgt_bilko, change name by User:Actarux for use in same templates

• Fichier:Graffiti_inside_the_ruins_of_the_German_Reichstag_building.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/9/94/Graffiti_inside_the_ruins_of_the_German_Reichstag_building.jpg Licence : Public domain Contributeurs : This isphotograph BU 8582 from the collections of the Imperial War Museums. Artiste d’origine :

• Post-Work : User:W.wolny• Fichier:Gtk-dialog-info.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/b/b4/Gtk-dialog-info.svg Licence : LGPLContributeurs : http://ftp.gnome.org/pub/GNOME/sources/gnome-themes-extras/0.9/gnome-themes-extras-0.9.0.tar.gz Artiste d’origine :David Vignoni

• Fichier:HIM_byMaurizio_Cattelan_in_Warsaw_Ghetto_2013.JPG Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/a8/HIM_byMaurizio_Cattelan_in_Warsaw_Ghetto_2013.JPG Licence : CC BY-SA 3.0 Contributeurs : Travail personnel Artiste d’origine :image taken by User:Mathiasrex Maciej Szczepańczyk

• Fichier:Hitler’{}s_DAP_membership_card.png Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/8/85/Hitler%27s_DAP_membership_card.png Licence : Public domain Contributeurs : ? Artiste d’origine : ?

• Fichier:Hitler_Mannerheim_2.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/6/68/Hitler_Mannerheim_2.jpg Li-cence : Public domain Contributeurs : Published in Suomen Kuvalehti 1942, republished 2006.http://www.suomenkuvalehti.fi/?id=7048&pollaction=results&qid=710 Artiste d’origine : Inconnu

• Fichier:Hitler_Signature2.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/2/23/Hitler_Signature2.svg Licence : Pu-blic domain Contributeurs : Traced in Adobe Illustrator from http://i249.photobucket.com/albums/gg229/manenblusser25/Collected%20Memorabilia/08eAdolfHitler-07.jpg Artiste d’origine : Adolf Hitler

• Fichier:Hitler_and_german-nazi_officers_staring_at_french_marechal_foch_statue_21_June_1940.png Source :https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/f/f8/Hitler_and_german-nazi_officers_staring_at_french_marechal_foch_statue_21_June_1940.png Licence : Public domain Contributeurs : Divide and Conquer] (Why We Fight #3) Public Domain (U.S. War Department) :http://www.archive.org/details/DivideAndConquer Artiste d’origine : Frank Capra (film)

• Fichier:Hitler_at_school_1899.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/1/15/Hitler_at_school_1899.jpg Li-cence : Public domain Contributeurs : Published in Hitler, Ian Kershaw, Penguin Books / Flammarion 2008. Artiste d’origine : Inconnu

• Fichier:Hitler_pincushion_IMG_1332b.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/5/5e/Hitler_pincushion_IMG_1332b.jpg Licence : CC BY-SA 2.0 fr Contributeurs : Travail personnel Artiste d’origine : Rama

• Fichier:Jew_Killings_in_Ivangorod_(1942).jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/8/84/Jew_Killings_in_Ivangorod_%281942%29.jpg Licence : Public domain Contributeurs :

• Original publication : Zwiazek Bojowników o Wolnosc i Demokracje / League of Fighters for Freedom and Democracy / Uniondes Combattants pour la Liberté et la Démiocratie / Verband der Kämpfer für Freiheit und Demokratie (1959) 1939-1945. Wehave not forgotten / Nous n'avons pas oublié / Wir haben es nicht vergessen., Varsovie : Polonia, pp. 267 no ISBN (multilingualbook)[#cite_note-Spiegel-3 [3]][#cite_note-Janina_Struk-2 [2]] Artiste d’origine : Inconnu (Sometimes mistakenly attributed to Jerzy Tomaszewski whodiscovered it.)

• Fichier:Karl_Brandt_SS-Arzt.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/7/79/Karl_Brandt_SS-Arzt.jpg Licence :Public domain Contributeurs : ? Artiste d’origine : ?

• Fichier:Klara_Hitler.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/8/8b/Klara_Hitler.jpg Licence : Public domainContributeurs : forum.axishistory.com Artiste d’origine : Inconnu

• Fichier:Kriegsplakate_2_db.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/e/e8/Kriegsplakate_2_db.jpg Licence : Pu-blic domain Contributeurs : ? Artiste d’origine : ?

• Fichier:Loudspeaker.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/8/8a/Loudspeaker.svg Licence : Public domainContributeurs : New version of Image:Loudspeaker.png, by AzaToth and compressed by Hautala Artiste d’origine : Nethac DIU, wavescorrected by Zoid

• Fichier:Nuvola_apps_ksig_horizonta.png Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/5/58/Nuvola_apps_ksig_horizonta.png Licence : LGPL Contributeurs : http://www.icon-king.com Artiste d’origine : David Vignoni

• Fichier:P_WWII.png Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/3/39/P_WWII.png Licence : CC-BY-SA-3.0 Contribu-teurs : ? Artiste d’origine : ?

Page 81: Adolf Hitler

19.3 Licence du contenu 81

• Fichier:P_history.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/4/48/P_history.svg Licence : Public domain Contribu-teurs : Travail personnel Artiste d’origine : User:Kontos

• Fichier:Parti_Nazi_aux_élections_législatives.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/5/5c/Parti_Nazi_aux_%C3%A9lections_l%C3%A9gislatives.svg Licence : CC-BY-SA-3.0 Contributeurs : Travail personnel Artiste d’origine : historicair 15 :13,1 November 2006 (UTC)

• Fichier:Polish_kid_in_the_ruins_of_Warsaw_September_1939.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/9/91/Polish_kid_in_the_ruins_of_Warsaw_September_1939.jpg Licence : Public domain Contributeurs :

• Julien Bryan (1959) Warsaw : 1939 Siege ; 1959 Warsaw Revisited., Varsovie : Polonia Publishing House, p. 126 OCLC : 8990324. ASIN :B000O2AEBY Artiste d’origine : Julien Bryan

• Fichier:Reichsadler.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/0/06/Reichsadler_der_Deutsches_Reich_%281933%E2%80%931945%29.svg Licence : Public domain Contributeurs : Travail personnel. Artiste d’origine : RsVe.

• Fichier:Reichsadler_der_Deutsches_Reich_(1933–1945).svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/0/06/Reichsadler_der_Deutsches_Reich_%281933%E2%80%931945%29.svg Licence : Public domain Contributeurs : Travail personnel.Artiste d’origine : RsVe.

• Fichier:Reichsparteitag_1935.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/6/67/Reichsparteitag_1935.jpg Licence :Public domain Contributeurs : ARC Identifier : 558778 (http://arcweb.archives.gov/arc/basic_search.jsp) Artiste d’origine : Charles Russell

• Fichier:Reichsparteitagnov1935_crop.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/4/47/Reichsparteitagnov1935_crop.jpg Licence : Public domain Contributeurs : Charles Russell Collection, NARA. Artiste d’origine : Charles Russell Collection, NA-RA.

• Fichier:Soviet_soldiers_mass_grave,_German_war_prisoners_concentration_camp_in_Deblin,_German-occupied_Poland.jpgSource : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/e/ed/Soviet_soldiers_mass_grave%2C_German_war_prisoners_concentration_camp_in_Deblin%2C_German-occupied_Poland.jpg Licence : Public domain Contributeurs :

• Bolesław Wójcicki (1953) Prawda o Katyniu, Varsovie : Czytelnik, pp. 31 no ISBN Artiste d’origine : Inconnu, due to the character (post warexhumation), work by polish or soviet author, in both cases PD.

• Fichier:Stars_&_Stripes_&_Hitler_Dead2.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/5/56/Stars_%26_Stripes_%26_Hitler_Dead2.jpg Licence : Public domain Contributeurs : Stars and Stripes, the official US Army magazine. Artiste d’origine : USArmy

• Fichier:Starved_bodies_of_prisoners_who_were_transported_to_Dachau_from_another_concentration_camp,_lie_grotesquely_as_they_died_enroute.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/0/07/Starved_bodies_of_prisoners_who_were_transported_to_Dachau_from_another_concentration_camp%2C_lie_grotesquely_as_they_died_enroute.jpgLicence : Public domain Contributeurs : ? Artiste d’origine : ?

• Fichier:Volkssturm.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/d/da/Volkssturm.jpg Licence : Public domain Contri-buteurs : NARA, National Archives and Records Administration Artiste d’origine : Records of the Office of War Information [OWI]

• Fichier:Wappen_Deutsches_Reich_(Weimarer_Republik).svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/f/fb/Wappen_Deutsches_Reich_%28Weimarer_Republik%29.svg Licence : CC-BY-SA-3.0 Contributeurs : Travail personnel nach demOriginalentwurf von Emil Doepler 1919. Artiste d’origine : David Liuzzo

• Fichier:Ww2_poster_oct0404.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/7/77/Ww2_poster_oct0404.jpg Licence :Public domain Contributeurs : ? Artiste d’origine : ?

19.3 Licence du contenu• Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0