Açvaghosa, le Sûtrâlamkâra et ses sources

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A biography of Asvaghosa, and his contribution to the Sutralamkara.

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Lvi, Sylvain (1863-1935). Avaghosa, le "Strlamkra" et ses sources, par M. Sylvain Lvi. 1908.

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KYM. f kifEL

ASIATIQUE - ou

DE MMOIRES ET DE NOTICES ^^g^^&TRITS AUX ITE&TTIT^AL'HISTOIRE PHILOSOPHIE, LANGUES , LA ORIENTAUX DES ETLALITTRATUREPEUPLES

AVAGHOSA , LE STRAMKRA ET PAR M. SYLVAIN LVI. DU DEJUILLET-AOT (EXTRAITNUMRO 1.98) SES SOURCES

PARIS IMPRIMERIE NATIONALE MDCCCCVIII ~8 O2.k 1310

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1 1. AIVAGHOSA ", V LE sftRLAMKRAET SES SOURCES

AVAGHOSA LE SJto^kpiKRA ET SES SOURCES PAR , ^SYLVAIN LVI

EXTRAITDU JOURNAL ASIATIQUE N (JUILLET-AOT 1908)

PARIS IMPRIMERIE NATIONALE

MDCCCCVIII

h ! r , AIVAGHOSA, : i : y L SUTRL^KARA SES SOURCES ET (1).

Avaghosa, il y a vingt ans encore, ne figurait gure que pour mmoire dans l'histoire de la littrature sanscrite. Les progrs destudes l'ont brusquement port au premier plan parmi les matres du style et de la pense hindoue. Hodgson, qui dcouvrit au Npal les restes de la littrature sanscrite bouddhique, connut ds 1829 une uvre d'Avaghosa, la Vajrasc l'Aiguillede diamant; il en prpara avec l'aide d'un lettr indigne une traduction 1 anglaise qu'il publia en 183 2. Il avait inutilement cherch des informations sur l'ge et la patrie de 1 AVAGHOSA traduit nfranaissur la version e , Strlamkra chinoise Kumrajiva, Edouard de HUBER, de cours par charg dela l'Ecoleranaise d'Extrme-Orient. souslesauspices Publi f Socit Paris, L Asiatique, Ernest eroux. 1908,496pages. 5 ADisputation dans Caste respecting bya Buddhist, lesTransacdans tions ftheRoyal Asiatic vol. o Society, Ill, p. 160;reimprime lesIllustrations theLiterature Religion the Buddhists, and of of onthe 1841, Serampore, p. 192; et danslesEssays Languages, Literaturend Religionf Nepal a and Tibet,London,1874, o ., p. I' G,

--.( ft ) [58] l'auteur : Tout ce qu'on sait de lui au Npal, c'est qu'il tait un grand sage(mah'and*t) et qu'il crivit, outre ce petit trait, deux ouvrages bouddhiques plus tendus, le Buddha Charitra Kvya et le Nandi-MukhasughoshaAvadna, hautement rputs tous les deux, et d'autres uvres encore. En 183g, Lancelot Wilkinson, agent britannique au Bhopal, imprimait le texte sanscrit de la Vajrasc, enrichi toutefois d'une addition amusante1. Indign des attaques d'Avaghosa contre le systme des castes, le brahmane au servicede Wilkinson n'avait consenti s'occuper du texte qu' la condition d'y joindre une rfutation. Avaghosapouvait en tre fier; la pointe de diamant qu'il se flattait d'avoir fabrique ne s'tait ! pas encore mousse Le polmiste virulent qui avait si souvent et si cruellement humili l'orgueil brahmanique rentrait en scne, aprs un long oubli, dans un fracas de bataille. Burnouf, qui Hodgson avait gnreusement offert avec tant d'aulres manuscrits la copie de la Vajrasc et du Buddhaearita, signala dans son Introduction l'Histoire du Baddhisme indien, l'intrt de ces deux ouvrages2.Il se proposait de revenir plus tard sur l'identit de leur auteur. Les documents chinois analyss par Rmusat lui avaient 1 The or Sonchi refutation the arguments, which Wujra oj upon thebrahmanical institution caste jounded. thelearned oois B oj By dhistAshwa Also Glioshu. the Tunhu, y Soobajee b Bapoo, a being totheWujra oochi, 839. . 13.60, n-8. i reply S 1 p P. 215et suiv.(Yarajsc); 556et suiv. Buddha-carita). p. (

7 [59] appris en effet qu'un des patriarches de l'Eglise bouddhique, le douzime depuis la mort de kyamuni, avait port le nom d Avaghosa.Avec sa prudence ordinaire, Burnouf se refusait fondre dans un seul personnage le patriarche et l'crivain, sur la foi d'une ressemblance de nom; il inclinait plutt considrer les deux productions comme l'uvre d'un ascte ou d'un religieux plus moderneo. Aprs Burnouf, la Vajrasci eut la bonne fortune d'intresser un autre indianiste galement rudit, Albrccht Weber. Dans un mmoire1 soumis l'Acadmie de Berlin en 1859, Weber signalait une recension brahmanique de la Vajrasc, classe dans la catgorie respecte des Upanisads, et attribue justement l'adversaire le plus heureux et le plus acharn du bouddhisme moribond, ankara crya. Entran par sa fougue ordinaire, Weber se croyait en droit d'affirmer la priorit de la recension brahmanique; Avaghosa aurait port la guerre sur le terrain choisi par l'avocatde la caste brahmanique. En appendice son mmoire, Weber avait heureusement pu grouper de prcieuses informations sur le patriarche Avaghosa,extraites de sourcestibtaines ou chinoises et qui lui avaient t communiques par le savant Schiefner; la figure d'Avaghosa se prcisait dansun relief dj vigoureux; il apparaissait comme un docteur, un musicien, un styliste, un controversislede gnie, et se rangeait dans le voisi1 DieVajrasci Avaghosha, rl.Kn. k.( 15 ).- [Hy.; LiPicn-hoa kong te is'i king, cit dans Ml.) ou 5oo ans (Vb.; Sy.) ou 600 ans (Mhm.;Tk.; Fa.; l sement evantui. Touslesautres d chevaux imitant ette c attitude seprosternrent ensuite. chevaux Les transforms encouru ayant de petits f tous furent pchsurenttoustus,et alors leschevaux dela transformation toutcequevoulait soumis par suite Perptuelle-Foi. Perptuelle-Foi : Ces hevaux, Alors maintenant c pensa renoncentl'orpourleurnourriture! que lesai transforms, je ilsvont nfairedebonnes ctions nvuedela rmunration. e a e S'adressant auxchevaux illeurtintcelangageEcoutez ! coutez ! : cratures animales moi t vous, unpassointain, ! et e dans nous l avons n c toutes actions pch, ousavons ommis lesmauvaises qui ftsont esentraves, noussommes sen cemmeieu, moi d et n l vous existence-ci nefaites vous esclave, chevaux!. Sidanscette le futures ousaurez v r pas bien,danslesexistences pareilletribution.Dans royaume y avaitunoiseau ce il trsbeau qu'on madhura de l'Eveil appelait l'Accent-Elgant (Bodhi svara?). Lavoix cetoiseau l'homme entend de l'imagination; qui dpasse ceson prisd'une est kotis grande iti. rlessoixante dechevaux, p O enentendant paroles Perptuelle-Foi, les de ensemble ce poussrent cridedouleur t de piti,et pendant joursdesuite dix ils e grand continurentpousser desaccents areils ceuxdu bel oiseau p del'Eveil a d Et Accent-lgant .Il n'yavait ucune iffrence. alors et les tout firentdescentpices Perptuelle-Foi chevaux, joyeux, l d'ordeuxparts,l'unepoursoutenireurvie,l'autre pourservir a Avec d aux de bonnes ctions. les cinquante pices 'orrserves ils e du actions ritoires, firentuneimage ndiamant Bouddha. m e duBouddha. premier Le 11 avait ntoutsoixante d'images kotis y et le pluslev grands des chevauxlancs b Long-Ornes'appelail ment-Bariol (Citradrghbharana?). et tous Perptuelle-Foi leschevaux leurmortrevinrent aprs tous tous unenouvelle existence, hommes, pareils,sansaucune la diffrence entreeux.Ils quittrent maison, la tudirent Voie, suivirent la pratique. cessoixanteotisde Et k respectueusement (Matous nom religieuxortrent le mme : Voix-de-Cheval p de ming Avaghosa) = ; c'est cause leur passqu'ilsportaient tousce nom.Celui ui taitPerptuelle-Foi le pass, 'est dans c q maintenant Chr-hin Etlessoixante dechevaux blancs kotis (kya). a

.( 16 )."-[68] Ki.) ou 800 ans ( Tch'ang-tc san-mei ts'i king, cit dans Ml.). Son berceau semble bien tre l'Inde cesontmaintenant dece temps-la, lessoixanteotis k d'Avaghosas. Et le premierde ceschevaux avaitnom Bariol(Citra), : qui c'estmoidansl'existence prsente. oDans unetroisimexistence e encore, fushomme; la suite je de Bhagavat, pratiquai Voiedu Bodhisattva. unequala Dans je un trime, e fusencore homme; la suitedeBhagavat, pratije j et je c quai la patience, successivementparcourusinqcentsexisunmouvement colre, naquis de tences. Puis,pouravoir prouv je et de d Puis serpent j'prouvai grandes ouleurs. je naquisdansle d'un comme Incarn ans d corps grand poisson; encore puis serpent. un serpent, m j'allaivisiter Bhagavat; rejetant onessence, mereje et pentis j'eushonte; clair unegth,e fisnatrela Grande par j Pense la Bodhi]. t ensuitee naquis E homme, la suitede [de j et le Bhagavat, je produisis Vude lui tre attach.Et alors fitcevu Si je parfaisla Sambodhi, veuxalors : Bhagavat je rciter centkotisde straspour l'avantagee ton vu,en long d eten bref. Et moije fisalorsle vu composer stras de cent desdoctrines e kya rendre d serviceuxcraa d'explication pour turesen longet en bref.Et il arrivaqueaprs d beaucoupenaisfranchitotalement t sances l'Ocan esCauses. Bhagavat d Et Bhagavat il alorsme dit: Je me le rappelle, y a d'innombrables kalpas nous tionstoi et moi dansle mmelieu; nousavons un fait vu nousattachait'un l'autre,et toi tu devaisairel'enl f qui des ! seignement stras.Eh bien Aprsmon Nirvanafais fleurira bonneLoi! . [En consquence, l comAvaghosa pose le prsentouvragequi doit illustrerles trente-quatre dharmas]. L'attribution Avaghosa Ta-tsoung-ti-hiuen-wen-pen-loun du la n c peuttre conteste; traductionhinoise edatequedu milieu duVie sicle. aisun autretextevientattesterl'existence M d'une on bien antrieure; la trouveen analogue unepoque lgende d effetrsumeansle Che-mo-ho-jen [Ml.],commentaire loun sur : le unouvrage'Avaghosa Mahyna-strotpda. Le Che-mo-hod auxditions hinoises Tripitaka;l ne figure du i c jen lounmanque de Maisil a t conserv la dans pas dansle Catalogue Nanjio. collection deCore t a pass dansl'dition Tky e del de (XXVI,

[69] 17 gangtique: Sketa (= Ayodhy) dans le royaume de rvast (Vb.; colophon de la version tibtaine du Buddha-carita ; ou Pataliputra (Teh.), ou Bnars ) (To.); parfois cependant l'Inde de l'Ouest (Ml.) ou l'Inde du Sud (Si-tan isang) ou 1 enigmatique Khorta la L'auteur e cecommentaire d'aprs prface, d le est, 9, p. 3b). Bodhisattva letraducteur Fa-t'i-mo-to est Ngrjuna; (Vrddhimata?); d'abord six la traductionstdatede 401-402. e LeMI.distingue avecun nomms dansdesstrasdiffrents, chacun Avaghosas, rlepropreet sansriende contradictoire entreeux(M.Suzuki Puis a traduit outcepassage). il vient u Bodhisattva t a Avaghosa. e humaine? pays donn naissance? Quellestsacondition Quel luia Lastance it: 1 d Avaghosa? Pourquoi d Enprincipe,Bouddha u Grand-Eclat, causalement tabli l'Acal dansl'Indeoccidentale il dans (SiTien-tchou)a [bhmi], deson il paru enconsquence pass a nomAvaghosa. ; son - Le Commentaire. Bodhisattva Avaghosa,supprimer sacausalit du considrer est principe, leBouddha Grand-Eclat; il estdansla huitime hmi n qualit Bodhisattva. e de L'Inde B samre occidentale donn aissance. pretait Lou-kia, luia n Son roidunom deelwu-fa. Kiu-na. Dans passl y eutun grand le i 11avait unmillier 'oiseaux quitous d blancs avaient voixharmoune Silesoiseaux laissaient dessons,egrand augmensortir l roi nieuse. tait sesvertus; 'ilsnelaissaient sortirde son,le grand s roi pas sesvertus.Or quandles oiseaux oyaient cheval un diminuait v ilslaissaient sortirdessons;s'ilsn'envoyaient ils ne blanc., pas, absolument sortirde sons. t le grandroisemit E laissaient pas blancs alors larecherche dechevaux etlejourfinitsans en qu'il trouvt. dit alors Sicesontleshrtiques ont cesvou Il : qui d la e ils t d'oiseaux, dtruirontotalement doctrine u Bouddhat serontseulsen estime,seuls encrdit.Si cesontles disciples ilsdtruiront totalement du Bouddha ontcesvoix d'oiseaux, qui seuls lesdoctrines etseront euls estime, encrdit.) s en hrtiques deses faisant d Etalors unBodhisattva, usage ela puissance facults mille c les manifesta chevaux quifirent hanter blancs surnaturelles, milleoiseaux blancs. perptua bonne et l'empcha Il la Loi d'tre arrte. Etc'estpourquoi VnrablenomAvaghosa. le a

--!-:.( 18 )$ [70] (Tar.). Il nat dans une famille brahmanique, acquiert toutes les connaissances spciales de sa caste, et aussi les arts libraux en gnral. Sa science embrassait toutes choses (Fit. Mm., I, 436). Musicien, il invente des mlodies si troublantes que l'autorit royale les proscrit; dialecticien, il triomphe de tous ses adversaires. Zlateur des dieux brahmaniques, surtout de Mahevara, il est converti au bouddhisme par Prva qui vient exprs de l'Inde du Nord pour le gagner la foi (Va.), ou par Prna, le prtendu Punyayaas (Tch.; To.), ou par Aryadeva (Tar.). Sa gloire s'tend jusqu'aux limites de l'Inde; le roi Kaniska pousse ses armes jusqu' Sketa pour ramener avec lui le docteur incomparable (Va.; Teh.) qui devient son conseiller spirituel et le mdecin de son me ('?'!'.); d'aprs un rcit tardif, il refuse de se rendre la cour de l'Indo-Scythe et lui envoie un de ses disciples (Tar.). L'uvre littraire est prserve partie en sanscrit, partie en chinois, partie en tibtain. En sanscrit, nous avons encore le Buddha-carita (trad. chinoise par Dharmaraksa entre IfJ et 421; Nj. 1351, d. Tokyo, XXIV, 7; trad. tibtaine, Tandjour, Mdo, xciv) et la Vajrasc1 (trad. chinoise par Fa-tien 1 La traductionhinoiseonnela Vajrasc c d comme l'uvre e d l'attribution dit n'est Dharmakrti (Nanjio tort: Dharmayacas); Dharmakrti avait, comme reu Avaghosa, pas invraisemblable. uneducation La tibtaine Tar.) brahmanique complte. tradition ( ;iconserv souvenir esespolmiques le d contre ankara crva, A

[71] ( 19 )*--entre 973 et 981; Nj. i3o3; d. Tokyo, XXIV, 4). Le chinois et le tibtain ont en commun: le Ghantstotra (transcription phontique en caractres chinois par Fa-t'ien entre 973 et 981; Nj. 1081; d. Tky, XXVII, 13); la Gurupancatik1 (traduit par Je-tch'eng entre 1004 et io58; Nj. 1081; d. Tky, XXVII, 14); le Dakualakarmapatanirdea (traduit aussi par Je-tch'cng; Nj. 1379; d. Tky, XXIV, 8). Le Tandjour tibtain contient en outre deux traits qui forment videmment les deux moitis d'un seul ouvrage: le Samvrtibodhicittabhvanopadeasamgraha, et le Paramrtha0, et aussi le Cokavinodana astksanakat. Le chinois a seul conserv le Ni kien tze wenwoungoyi king (d. Tky, XXIV, 9) et le Loti-lao-loan-hoei king(ibid.), traduits successivement dansquatre incarnations. mise reparu L'upanisad sous nomdeankara arquerait phase le une decette lutte.Il se m ait r et peutque Dharmakrti donnunenouvelledition,evue du Le complte, traitcomposrimitivement Avaghosa. p par est littraire el'Inde,car d pour problme trsimportant l'histoire actuelleite expressment passages Manu c des et la Vajrasc de Bhrataycompris Harivama). le Sinousavons le l du[Mah] ( texte onvoit consiauthentique d'Avaghosa, quelles consquences drables endcoulent. 1 Letitretibtain est: tantrarudrakalpa complet rmahkla d expressment lecamahcmananmatk il affirmeonc guru0; Cecaractre ractre de paraiteneffetdsla tantrique l'ouvrage. lesEnseistance 'introduction d : D'aprs Stras,le Vinaya, les envers secretsTantra)'ai rsum kalpa devoirs le des gnements ( j L et d le Matre. essymboles lesdoctrines u tantra,le vajra,le tout mandata,'abhisekaemplissent le trait.Lechinois rl p r sente commenesimplecompilation dueau Bou l'opuscule (tsi) la dhisattva vaghosa. fait, l'poque Hiuan-tsang,rpuEn de A tation d'Avaghosa comme tait consacre; tmoin magicien

[72] -*-->( 20 >w l'un et l'autre par Jc-tch'eng1; le Ta-tsong ti hiaen wenpen loun(Nj. 1299; d. Tky, XVIII, 10), traduit par Paramrtha entre 557 et 56g; le Mahynaraddhotpdastra, traduit d'abord par Paramrtha en 553 (Nj. 1250; d. Tokyo, XVIII, 10) et ensuite par iksnanda entre 695 et 700 (Nj. 1249; d. Tokyo, XVIII, 10); enfin le Strlamkra-stra(Nj. 1182; d. Tky, XIX, 4), traduit par Kumrajva vers 4052. La varit des genres cultivs par Avaghosa s'acHt. l'histoire I, rapporte Mm., 436et suiv.,o Avaghosa qui connaissait lesdmons triomphe. en 1 Cesdeux nesontconservs coouvrages quepar la Collection i auxditions LeNi et renne; ls manquent chinoises, Nanjio. hientze en king estune sortedefragment proseet en verso l'auteur rfuleresopinions Nirgrantha l d'un la nonce thorie pour desdeux vritsamvrti paramrtha faitl'objet esdeux et d s qui Upaconservs lecanon dans tibtain. Enfaitle Tripitaka deasamgraha chinois ontient ne autreversion mme u du c maisdissiouvrage, sous : mule untitreerron a empch reconnatrec'est dela qui le Wei-tao-wen ta changa wou cheng f ngoyi ing 818;d.Tok (Nj. entre kyo,VI,1)traduit Fa-t'ien 973et 981et quela Concorpar dance l sanscrit. dsigne tortcommee lisambhava-stra 2 Jelaisse dect en v l'Hymne cent cinquante ers,atapan mais a stotra,que le Tandjour ttribue Avaghosa, atika-nma auteurdela versionhinoisettribue c a queYi-tsing expressment ses YiXXIV, Dans mmoires, Mtrceta 1456;d.Tky, (Nj. 9). c deux mentionne AvaghosaMtrcetaomme personnages et tsing entirement m le diffrents outre,c'est Nlanda me, centre ; en e destudes ouddhiques, atraduit nchinois c l'Hymnelbre; b qu'il sontmoignage prend plusdevaleur. Cf. . W.THOMAS, n'en ( F que dans andtheMahrju-Kanika-Lekh XXXII, Ind.Antiq., Mtrceta e B.E. p. 345et suiv., t L. FINOT, F. E.-O.,IV, 469et suiv.) LeNandimuklivaghosa imput arHodgson pote au Avadna, p n'a a lui Avaghosa, decommunvec quele nomd'undespersondela V nages, erviteur desse asundhar. s

[73] 21 )^corde bien avec la tradition qui fait de cet auteur un contemporain du roi Kaniska1. Avaghosadut paratre lors d'une de ces crises fcondes o des transformationspolitiques, conomiques,socialesviennent bouleverser les ides reues et suscitent des aspirations nouvelles, des formes nouvelles, un got nouveau. L'invasion d'Alexandre, limite au bassin de l'Indus, avait suffi pour crer par contre-coup, sur les ruines des vieilles principauts, une Inde impriale sous le sceptre des Mauryas. L'invasion des hordes scythiques, grossies d'aventuriers chinois, grecs, parthes, charrie jusqu'au cur de l'Inde brahmanique des cultes, des rites, des usages inconnus. Le bouddhisme, travaill par des forces contraires, doit prendre un parti dcisif; les uns, fidles l'idal commun de l'asctisme hindou, s'enferment dans la 1 Pourla question rapports etempsentreAvaghosa des et d il d Kaniska, n'estpassansintrtde constater lesfouilles e que Sarnth ontrendu lalumire eux d documents manent d'un qui roi Avaghosa; l'unest tracsur le piliermme portel'dit qui et la d'Aoka immdiatement suitedecet dit;l'autreest un LeDr destle. Vogel a publi esdeux c simpleragment f qui inscriptions descaractres lndica, [ioo5],p. 71) onclut 1 c (Epigraphia VIII et linguistiques cetAvaghosa estle conque rja palographiques de onne p qui temporain Huviska succdeKaniska; peut assond maisle nomtaitdonc cours en ger uneidentit e personne, un au temps esIndo-Scythes, forme esnomsournit indice d etla d f aredans chronologique, souvent trop Cunningham nglig, l'Inde. cueilli Kosam, sitedel'ancienne surle unemonnaie Kaucmb, X, India,pl. V, 14)et d'Avaghosa (Report, 4; Coins ofancient M.Vincent Smith a dcrit ne dansla eollection l'Asiatic en u de o i 1 M Society f Bengal (Catalogue CoinsntheJndian useum, oj the u en au-dessous, p. 155): l'avers, n arbredansunepalissade; anciens caractres l l brhm,e nomdu roi; au revers,e taureau.

-*-*.( 22 )^ [74] poursuite du salut personnel; les autres, sollicits par les promesses d'un apostolat qui peut dsormais s'tendre jusqu'aux limites du monde, veulent une glise ouverte, active, instruite, mondaine enfin. Le titre seul du Strlamkra sonne comme un programme, et comme le programme d'une rvolution. Les vieux patriarches du pass n'auraient-ils pas frissonn l'ide d'c(orner les stras , de parer la parole incomparable du Matre qui a bien dit tout ce qu'il a dit 1? Des sicles plus tard Asanga s'excuse encore, dans son Mahyna-strlainkra et dans son Yogacarybhmi stra, de reprendre son compte une expression si ose. Le sens n'en est pas quivoque. Alamkra dsigne les fleurs de rhtorique que l'Inde a cultivesavec une passion exalte et qu'elle a catalogues avec la patience minutieuse d'un amateur de tulipes. Le Strlamkra, c'est les stras mis en littrature, comme nous dirions: La Bible pour les gens du monde. A cet exercice, qui ne put manquer de scandaliser les mes simples, Avaghosa gagna d'ailleurs tant de rputation que l'glise finit par solliciter son concours officiel. Le biographe de Vasubandhu rapporte que le prsident du concile runi par Kaniska envoya chercher Avaghosapour embellir la ibhs soumise aux dlibrations de la sainte assemble. Avaghosa vint alors au Kipin. et quand le sens des principes eut t fix il les mit 1 Aoka proclame le encore 2 Bhabra, -3: c lainci expressment, budhena bhsite sesubhsite save v. hhamte bhagavat

23 [75] -*-( )."-un un sous la forme littraire. Au bout de douze annes la composition fut termine 1. Les mrites littraires du Strlamkra justifient un mandat si flatteur; ils suffiraient garantir l'authenticit de l'oeuvre. A travers deux traductions successives,en passant par des langues si diffrentes entre elles, si loignesl'une et l'autre du gnie hindou, le Strlamkra conserve des qualits imprissables, l'art du rcit, la vigueur de l'imagination, la puissance du lyrisme, la souplesse du ton. Pour clbrer Avaghosa dans des termes dignes de lui, nous n'avons qu' lui emprunter les belles paroles qu'il prte un bhiksu en prsence de l'empereur Aoka (p. 276-277) : Quand je parlais des bonnes actionsdu Bouddha La foule m'coutait avecjoie Et sur leurs visagesserefltaitle bonheur. En exaltantles vertus du Bouddha J'ai terrass les hrtiques. Devant tous les hommes J'ai expliqu la vraie Voie, l'universelle joie. Voil pour quelle cause Comme de la pleine lune automnale Tous se rjouissent de moi. Pour exalter les vertus du Bouddha Tous les sicles ne suffiraient pas; Maisjusqu' ce que ma langue se dessche Je ne Car l'art de bien cesserai point de le faire. dire est mon pre Et je regarde l'loquence comme ma mre. 1 The of Vasubandhu transLife byParamrtha D.499-569) (A. lated TAKAKUSU. hy T'oung-pao, 1904.

.( 24 )oC+-[76] L'entreprise tait prilleuse; la littrature difiante touche vite au nausabond, et Avaghosaveut tout prix difier. Il n'essaie pas de surprendre la conscience ni de dguiser la leon; il pose d'abord un thme moral, l'illustre par un rcit, et s'il le faut, ajoute encore une morale en conclusion. Les vrits qu'il enseigne tournent dans un cercle troit : la puissance des actes antrieurs (karman). la valeur de l'aumne, le respect des observances, la vanit du monde, les erreurs des hrsies, la perfection du Bouddha, la saintet de la Loi. Mais Avaghosa n'a pas peur de reprendre les mmes thmes; sr de son art, soutenu par une foi ardente, il se renouvelle sans effort. Qu'on prenne seulement les stances sur la mort, parses profusion dans l'ouvrage, et qu'on dise si jamais un Tertullien ou un Bossuet a parl avec plus de grandeur, avec un ralisme plus noble ou plus saisissant. Si c'est la morale qui compte avant tout pour Avaghosa, il est cependant trop artiste pour sacrifierle rcit. Il prend ses sujets partout, dans toutes les couches de la tradition et dans toutes les classes de la socit. Tantt le Bouddha lui-mme en est le hros; tantt c'est un disciple, un simple religieux, un Candla, une courtisane, une servante, un voleur, un empereur. Comment lire sans motion la conversion du balayeur Ni-t'i (conte 43) ? Il voit venir le Bouddha dans une rue de rvast, et, saisi de honte devant cette majest surhumaine, il fuit de rue en rue. et partout devant lui reparat le Bouddha accueillant et serein. Enfin il est

25 [77] --( )- pris, accul sans issue; et voici que le Bouddha l'appelle de son nom : Comment, pensa-t-il, le Bouddha peut-il appeler un homme aussi vil que moi? N'y aurait-il pas un homme du mme nom que moi, et n'aurait-il pas appel celui-lP M c'est le Matre Et qui lui offre spontanment d'entrer dans la vie religieuse, et le puissant roi Prasenajit finit par s'incliner devant les pieds du Bouddha et de l'humble balayeur. Quel scnario dramatique, faire plir les fantaisies des Danses macabres, que cette lutte entre les sductions d'une beaut vnaleet lesressourcesinpuisables de la Loi (conte 20)! Agace et menace parle succs d'un prdicateur qui captive la foule, une fille de joie va dans un somptueux cortge taler ses charmes sous les yeux de l'assemble runie pour entendre la Loi. L'attention faiblit, oscille. Le matre de la Loi carte de sa main ses sourcils, voit la courtisane, et soudain la peau et la chair de la femm etombrent; il ne resta plus que ses os blancs, et ses intestins taient nu. Le dgot saisit les spectateurs; le squelette joint ses mains dcharnes pour implorer le pardon. La leon a port : la fille est convertie. Le salut vient comme il peut : une autre fois (conte Ao),c'est un voleur qui apprend bien inopinment bnir la Loi. Il passait devant la porte d'un bhiksu; il frappe. L'autre avait barricad sa porte. Passe ta main, lui dit-il, par cette petite ouverture, et je te donnerai quelque chose. Le voleur passe la main, le bhiksu la saisit, la lie un poteau, prend un bton, et se met corriger vigoureusement

)c* 26 [78] le voleur. Au premier coup, il murmure : Refuge en Bouddha Le voleur s'empresse-de rpter la for! mule. De mme pour le Refuge dans la Loi et le Refuge dans la Communaut. Alors le voleur pensa en lui-mme: Combien a-t-il de formules de Refuge, ce saint hommeP S'il en a beaucoup, jamais je ne verrai plus ce Jambudvpa; certes, ce sera la fin de ma vie. Le bhiksu satisfait le dnoue alors, et du coup le voleur sent la vocation religieuse s'veiller: Le Parfait, le Sublime, est en vrit omniscient! S'il avait appris ses disciples quatre formules de Refuge, c'en tait fait de ma vie. Mais le Bouddha a probablement prvu mon cas, et c'est pour empcher ma mort qu'il a appris ses disciples trois Refuge&, et non quatre! L'ardeur de la foi n'excluait pas, on le voit, l'humour des couvents. Nous n'avons parl jusqu'ici que des mrites du fond de l'ouvrage. Un heureux hasard nous permet aussid'en apprcier au moins partiellement la forme. M. Huber a reconnul dans la compilation sanscrite du Divyvadnal'original de trois contes du Strlamkra (16, 27, 54) qui ont pour hros Aoka ou son conseiller spirituel Upagupta; ils y sont entrs par l'intermdiaire de l'Aokvadnaqui avait incorpor tous les rcits du cycle d'Aoka. Ces fragments suffiraient pourtablir que le style et la versification du Strlamkra ne sont pas indignes de l'auteur qui a crit le premier en date des mahkvyas . La d 1 B.E. F. E.-O.,. IV,190.4, . 709-726. t p

l79 J ( 27 )- monstration vaudrait d'tre pousse fond, s'il tait ncessaire de confirmer par des raisons de sentiment l'attribution du Strlamkra Avaghosa. Mais Avaghosaa pris soin designer, pour ainsi dire, son uvre la manire hindoue : le Strlamkra cite deux fois le Buddha-carita, par complaisance d'auteur plus que par ncessit.Au conte 43, Avaghosa reprsente le Bouddha en tourne d'aumnes rvast; le tableau n'est pas fait pour l'embarrasser, et vile il le prouve. Mais il ne peut rsister la tentation de rappeler une scne analogue qu'il a dj traite ailleurs, propos de l'entre du Bouddha Rjagrha commeil est relat dans la Vie du Bouddha . [Fo-pen-hing] Les dtails qu'il rapporte correspondent exactementavecles vers 3-g du chant x du Buddha-carita. Au conte 4 7, qui a pour sujet la conversiond'Upli, Avaghosacommence encore par rappeler sans raison apparente la conversion destrois Kyapaset de leur entourage, au total mille hommes, qui accompagnrent le Sublime Kapilavastu, commeil est longuement relat dans la Vie du Bouddha [ Fo-pen-hing] Le souvenir ne se justifie . que par la citation introduire. Le Buddha-carita raconte, en effet, tout au long la conversiondes Kyapas (chap. xvi, v. 13o5 et suiv.) et l'arrive du maitre, avecune suite de mille hommes, dans sa ville natale (chap. xix, au dbut). Une troisime fois, l'auteur renvoie la Viedu Bouddha propos des lamentations de Sudatta quand le Bouddha veut quitter rvasti. La version chinoisedu Buddha-carita, seule

[80] &-( 28)oc * - utilisable pour cette partie de la carrire, n'a rien qui touche cet pisode; on peut observer que le traducteur Kumrajva se sert ici de l'expression Penhing prvacary au lieu de Fo-pen-hingqu'il avait employe dans les deux autres cas Avaghosa ouvre la liste des crivains littraires de l'Inde. Les seuls noms d'auteurs que nous connaissions avant lui sont attachs des traits techniques; aucun ne se laisse dater avec une prcision mme approximative. On mesure donc l'importance du Strlamkra comme le premier repre chronologique (avec le Buddha-carita) dans le chaos nbuleux de l'histoire indienne. Les moindres realia qu'on puisse en dgager sont d'un prix inestimable, et il est regrettable que le savant traducteur de l'ouvrage n'en ait pas dress l'inventaire complet. Nous tcherons de combler ici cette lacune. L'horizongographique du Strlamkra embrasse l'Inde entire puisqu'il s'tend jusqu' Ceylan; mais l'Inde du Nord-Ouest est seule en pleine lumire. L'auteur, connat dans l'Inde gangtique Ptaliputra et Mathur; mis dans le bassin de l'Indus, il nomme kala,Taksail (et Po-lo-yu[kiu]-loen Taksail), Avanti, Amaka, le Gandhra, Puskalvat. Le pays sont nigde Nandipati(?), la ville d'A-li-tch-pi-hia 1 Sansabordera question Vajrasc, j'ai djpose, dela l que l'afaitM.Huber) uele conte o de il fautconstater 77 (comme q desinstitutions matre delaLoicondamne brahmaniques rappelle se du deprs fameuxamphlet, quele polmiste plait y user et le p utilise vers Mann, , 92, quela Vajrasc de x galement.

[81] ( 29 ) matiques. Le pays de Ki-pin, sisouvent embarrassant car il rpond la fois au Cachemire et au Kapi, se laisse localiser ici avecquelque chance de certitude : le vihra de Li-yue (Revata) se trouve en effet dans ce territoire (conte y6). Le Ta-tche-tou-loun (Mahprajnpramitstra) qui passe pour une compilation du BodhisattvaNgrjuna (traduit par Kumrajvaentre 402 et 4o5; Nj. 1169; d. Tokyo, XX, 1et suiv.)nous renseigne sur ce couvent( ehap. x, i p. 62a) : Le Bouddha kyamuni rsidait dans le Jambudvpa. Il naquit dans le royaume de Kiapi-lo; il circula beaucoup dans les six grandes villes de l'Inde orientale. Une foisil s'en alla en volant dans l'Inde du Sud, dans la demeure du matre de maison Yi-eul(Kotikarna)pour y recevoirseshommages. Une fois il alla pour peu de temps dans l'Inde du Nord, au royaume des Yae-tche, soumettre le roidragon Apalla. Et 1 ensuite il alla l'ouest des Yaetche soumettre la Rksas. Le Bouddha y passa une nuit dans une caverne, et jusqu' maintenant l'ombre du Bouddha s'y est conserve. Si on pntre dans l'intrieur pour la voir, on ne l'aperoit pas; si on sort de l'ouverture, en s'loignant on en voit les signes resplendissants, comme si c'tait le Bouddha lui-mme. Une fois, pour peu 1 Apartird'ici,e passage reproduit l est d l toutentier anse Kingc datede 516 (Nj. 1473 liu-yi-siang, compilationhinoise d.Tky, XXXVI, auchap. (XXXVI, 89b) uirenvoie 2, 2-4), vi q au Ta-tche-tou xiiP,trace d'unedivisionutexte d diffrente chap. delantre. 3 J. as. (Extr.n14de1908.)

[82] ( 30 ) de temps, il alla en volant dans le royaume de Kipin sur le mont du rsi Li-po-t'o (Revata); il y demeura dans l'espacepour soumettre ce rsi. Le rsi dit : Je suis heureux de votre arrive; je souhaite quele Bouddha me donne un cheveu et un ongle pour faire un stpa o les adorer. Jusqu' mainte nant ils se sont conservs. [Note du texte: Au pied de cette montagne il y a le monastre de Li-yue. Lidoit se prononcer correctement : Li-po-to]. yue Nous connaissons dj par les tmoignagesdes plerins chinois les miracles accomplis par le Bouddha dans les pays au del de l'Indus; le Mla-Sarvstivda-Vinayales rapporte dans la section de l'Osadhivasfu, chap. IX. Le Divyvadna les rappelle deux fois dans les pisodes du cycle d'Aoka, au dbut du Pmupradna (348, 20) et dans les premirespages du Kunla (385, 3) immdiatement aprs le conte de Yaas qui fait partie du Strlamkra. Les trois versions chinoises de ces rcits reproduisent fidlement la liste des conversions miraculeuses: YA-yu wang tch'oan, dat de 281-306, en prcise le lieu: Bhagavat soumit et convertit le NgaA-po-po (Apalla) en Ou-tch'ang(Udyna),lc matre brahmacrin en Ki-pin[l'A-yuwang king dit : le potier = kumhhakra du sanscrit; de mme le Tsan A-han], Can(Gandhra, G dla en Kien-t'o-wei, opala en Kien-t'o-lo distingu ici du Kien-t'o-wei). En fait nous savons par les voyageurs chinois que le dragon Apalla demeurait en aval et prs de la source du Svat; que la caverne de l'ombre du Bouddha tmoin de la vic,

[83] ~( 31 ) toire sur Gopla (ou Gopli), tait dans le voisinage de Nagarahara, prs de la moderne Jalalabad, l'ouest du contluenl du Svat et du Kabul-rud. La troisime tape des dplacements du Bouddha est donc chercher dansle prolongement de cette direction, dans le pays de Kapi1. Le Kunla avadna nomme le mont Revataka ct du Mahvana, qui borde l'Indus sur sa rive droite au-dessus dAttok2. Le royaume de Sia-ho-to scne du conte 39, nous 3, retient dans la mme rgion: c'est l, d'aprs le rcit de Fa-hien (cliap. ix), que le roi ibi racheta une colombe au prix de sa propre chair (c'est le sujet mme du conte 64 du Strlamkra); et nous savons par les recherchesdeM. Stein que cette rgion correspond au Buner, l'ouest du Mahvana. Le pays de Han (conle45), traduction certaine du sanscrit Cna, nous mne au nord de l'Himalaya, dans le monde soumis l'influence chinoise, comme le Ta-tsin (conte go), qui traduit le sanscrit Yavana, prolonge l'horizon vers l'Asie hellnique. Si Avaghosa est natif de l'Inde centrale, il n'est pas douteux que, 1 lliuan-tsanglace ctde la caverne del'ombre n stpa u p descheveux ongles Tathgata etdes du I, (Mm., quirenferme 101). 2 Divyvadna, Mahvane avait Revatahe Burnouf p. 399: caye. lutakeatheet traduitlecharde Revataka r (Introd. l'hist., d o : p. 396).Lesditeurs u Divya nt imprimayeen ajoutant r sicmss. ais syllabes et ra se confondent la graphie M les ca dans desmanuscrits la e chinoises npalaist lesversions garantissent lecture 3 Leauthentique. de d royaume Siou-po-to 9) peuttreunevarianteu (conte mme om. n :L

32 [84] l'poque o il composa le Strlamkra, il rsidait sur les confins Nord-Ouest de l'Inde. La tradition y gagne une confirmation prcieuse. Les personnages du Strlamkra sont le plus souvent anonymes: des brahmanes, des asctes, des moines, des marchands, un peintre, un joaillier, un blanchisseur, un forgeron, etc. Souvent aussi le Bouddha et ses disciples sont mis en scne. Quelquesuns de seshros enfin appartiennent l'histoire. Aoka le grand empereur Maurya est le hrosde trois contes (16; 27; 55) et il est rappel dans un autre rcit (22); son conseiller spirituel, Upagupta, un des patriarches du bouddhisme, est le hros d'un conte (54). L'un et l'autre sont expressmentplacs cent ans aprs le Bouddha: Upagupta est devenu religieux cent ans aprs la disparition du Bouddha (p. 269); un matre de la Loi qui avait vcu du tempsdu Bouddha Kyapa reparat cent ans aprs le Parinirvna du Bouddha kyamum, sous le rgne .du roi Aoka (p. 2 y 3). C'est aussi l'intervalle fix par une prdiction du Mla-Sarvstivda-Vinaya Aoka doit natre : cent ans aprs le Parinirvna. Kaniska lui-mme est le hros de deux contes ( 1k; 3 1). Il y joue un rle difiant et honorable souhait; dans l'un, il adresse une haute leon de charit son ministre Devadharma; dans l'autre, tromp par sa pit, il croit saluer un stpa du Bouddha et salue en ralit un Astpajaina, qui sebrise aussitt en morceaux parce qu'il ne mrite pas les hommages du roi . Le premier des deux pisodes se passe quand Kaniska va

33 [85] r-&( ) visiter la villequi porte son nom, sans doute la ville de Kaniskapura fonde par le roi indo-scythe au Cachemire1. La prsence de Kaniska dans le Strlamkrane me parat pas contredire la tradition unanime qui rattache Avaghosa la cour de Kaniska; il est permis de reconnatre dans les deux rcits un hommage dlicat (je ne parle pas d'une flatterie) adress par le docteur du bouddhisme au protecteur de son glise. Le conte 15 est fond sur l'avarice lgendaire du roi Nanda, qui rgnait sur l'Inde gangtique au moment de l'invasion d'Alexandre et qui prcda la dynastieMaurya; il a pour ministre Vararuci, tout comme dans l'introduction la Brhatkath. Il n'est pas sans intrt pour l'histoire littraire de voir la tradition fixe ds l'poque d'Avaghosa. Vararuci est en effet un des grands noms de la tradition littraire; on lui attribue nombre d'ouvrages dans les genres les plus varis, et spcialement la grammaire des prcrits, Prkrt-praka; la Brhatkath, qui l'identifie avec Ktyyana, mle sesaventures les personnages les plus considrables de la science grammaticale, Vydi, Pnini. Le Tandjour tibtain conserveunecollectionde cent stances, atagth, sous le nom de Vararuci. Enfin j'ai retrouv dans le Mahyrivatra-strad auBodhi( sattva Kien-yi, et traduit en chinois par Tao-fai entre 397 et 439, Nj. 1 2Zi3;d. Tokyo, XIX, 2), 1 Elle le elle altrdeKnispor; est porteencore nom peine situe ausud-ouest Woolar, amont udfileRar.amoL dulac en d d STEIN, Rja-tarangin., vol.II, p. 482.

-*-->( 34 ) [86] plusieurs stances d'un Buddhacarita (Fo-pen-hing, p. G2\ 68b, 69a et 69b)compospar le bhiksuVararuci (P'o-lo-leou-tchi i-k'ieou)1.Les anthologies citent une p douzaine de stances comme l'uvre de Vararuci et le Mahbhsya mentionne un pomede Vararuci (Vraruca kvya, sur Pan., 4, 3, 101). Il n'en est que plus significatif de voir, dans le conte du Strlamkra, Vararuci adresser au roi Nanda six stances, et des stances qui tranchent par leur facture avec la manire d'Avaghosa, car ellescomportent une sorte de ritournelle rgulire : Toi dont l'il est pareil au lotus bleu [indvarksa]! , comme si Avaghosa rapportait, plus ou moins fidlementd'ailleurs, une po posie consacre p la tradition. Les autres princes par sont inconnus ; Sa-to-feou (Sadbuddha?) de Siuho-to (3g), Induvarman et Sryavarman d'Avamti, avec le ministre Baudhyanamitra (5o), Lou-teouto-mo (Rudravarman?) de kala (77), Pa-lo-p'o (Vallabha?) de Mathur (78), Kiu-cha-t'o-na2 de Taksail(8o). La socit indienne, telle qu'elle est reprsente dans le Strlamkra, est parvenue un haut stage de civilisation; l'activit intellectuelle y est intense dans tous les domaines. Les grandes popes du 1 Cesstances ffirment Mahyna un a transcendant ; uned'elles aussibien Devadatta nanda nonce tousles kyas, que que ou Aniruddha, sontdes Bodhisattvas grandeforceet sans de une d l'une rgression; autreaffirme euxsortes d'Avidy, mondame l'autresupra-mondaine. et 2Lesdeux caractres aussi premiers transcrivent abrviation par le nomdesKusana,a dynastieeKaniskaco:ite l d 31). (

35 > [87] brahmanisme existent dj1, sous quelque forme que ce soit; leur valeur difiante est consacre. Un simple chef de village dans l'Inde centrale coute la lecture du [Mah] Bhrata et du Rmyana, rcit par des brahmanes; entran par leurs promesses, , qui garantissent le ciel aux braves morts dans la bataille comme aux hommes pieux qui se brlent vifs, il veut monter aussitt sur le bcher. Heureusement un bhiksu survient qui lui dmontre la foliedes promesses brahmaniques et qui le convertit (24). Les doctrines philosophiques du Srpkhyaet du Vaiesika sont constitues dans leurs traits essentiels; Avaghosa les combat avec une pret incisive (2). Les dieux des brahmanes sont cruellement malmens ( 1; 59); violents et brutaux, ils n'ont de puissance que par le karman. C'est peut-tre sur la* foi du conte 1, o un adorateur de Mahevara passe au bouddhisme, que la tradition reprsente Avaghosa comme un fidle du dieu Mahevara avant saconversion. Les Nirgranthas sont des adversaires plus dtests encore que les brahmanes; le conte 3 1 prend de ce point de vue un relief intense; il semble exciter Kaniska contre ces rivaux, que les inscriptions de Mathur nous montrent florissants sous les monarques indo-scythes. Le nombre des sectestenues 1 Le Buddhacarita aujsi familier vecles deuxpopes, est a tmointant d'allusions, t plus spcialement vers du e les cbantXXVIII, 2250-2253. stancesttribues Vararuci Les a (15) a N rappellent ussiles rais piques, aliusa,Yavti,Dhundhunra,Sagara,Dilpa.

( 36 y*i [881 pour hrtiques atteste l'activit religieuse du temps; Acvaghosaen compte tantt quatre-vingt-quinze (11), tantt quatre-vingt-seize (2). L'alamkra, qu'Avaghosa ose appliquer mme aux stras, fleurit surtout en dehors du bouddhisme. Les hrtiques sont habiles dans les ornements de rhtorique , dclare le roi Aoka (3o). Les brahmanes aimeraient aussi garder le monopole de la grammaire et de rcriture, mais dj les autres castes aussi les possdent (43, p. 202-203). L'criture semble mme entre dans la vie courante; l'enseignement du Bouddha est rpandu par crit dans le monde (30, p. 1 55); on utilise comme palimpsestes des manuscrits usags (2). C'est l une indication importante dont il faudra dsormais tenir compte dans l'tude des anciens manuscrits de l'Inde. Les arts sont en pleine prosprit : propos de dguisements ou de ressemblances, il est couramment question des comdiens (19; 43; 54). Le conte 21 vante la pit d'un peintre de Puskalvat qui avait fait un voyage d'affaires dans le pays d'Amaka, o il avait dcor un couvent. Le conte 33 rappelle par allusion l'apologue d'un peintre ivre qui, son rveil, eflace les lamentables productions de son brit pour faire une uvre excellente. Le roi Gibi (64), entaill et mutil par sa propre main, est compar une statue qui se disloque sous les ravages de la pluie. Enfin nous avons au conte 61 le tableau des sciences que doit possder un fils de roi; la liste, qui diffre des soixante-quatre kals classiques (mentionnes au

---( 37 )**>[89] conte 20), vaut par son importance d'tre cite ici toute entire: Le Veda, l'art du tir, la mdecine, les sacrifices, l'astronomie, la grammaire, l'origine des critures, la clbration des sacrifices, l'loquence et le beau langage, l'art d'aimer, l'intrt, les familles pures, les objets, les dix noms, les nombres et le calcul, le d'checs et le jeu de ds, l'tude de l'origine, la jeu musique et le chant, l'art de sonner de la conque, la danse et le rire, la prestidigitation, l'ducation, le maniement des guirlandes de fleurs, le massage, les pierres prcieuses, les toffesde prix, les tissus de soie, les cachets de cire, les mtiers tisser, les ouvrages de cire, les stratagmes, la couture, la sculpture, la peinture, la littrature, les combinaisons de parfums, l'arrangement des guirlandes, l'interprtation des songes, l'interprtation du vol des oiseaux, l'horoscope des garons et des filles, le dressage des lphants, les sons du tambour, la batterie du tambour, les rglesde la bataille, le dressage des chevaux, le maniement de la lance, le saut, la course, le passage gu. Quel que soit l'intrt du Strlamknl, et tant de titres, c'est comme document bouddhique qu'il une importance capitale. L'tude du boudprend dhisme est encore aujourd hui fausse inconsciemment par la rivalit des deux traditions, du Nord et du Sud, l'une fonde sur les textes sanscrits, quasisanscrits, chinois, tibtains; l'autre, sur les textes

--.( 38 ). [90] palis. Le gnie pondr de Burnouf avait su maintenir l'quilibre; aprs Burnouf, des facteurs de tout ordre ont concouru pour le rompre, et malgr des tentatives de rsistance mritoire, l'orthodoxie palie a subjugu la science. Ceylan, le foyer du pali, a pass pour l'hritire authentique de l'enseignement du matre, dfigur par les traditions rivales. L'ouvrage d'Avaghosa apporte des pices nouvelles la reviston d'un procs qu'on croyait tranch. Expressment inspir des Stras, nourri des paroles du Bouddha qu'il cite chaque page, il nous montre en pleine lumirel'tat du canon bouddhique la cour mme du prince barbare sous les auspices de qui le canon septentrional passe pour s'tre form, vers les environs de l're chrtienne. Il convient donc d'interroger un un les contes du recueil, pour dgager ensuite les conclusions de cette enqute. Ds l'invocation qui ouvre, selon l'usage, le Strlamkra, Avaghosafait une profession de foi nette. Comme tous les Bouddhistes, il adore d'abord les Trois Joyaux: le Bouddha, la Loi, la Communaut. Puis il adresse ses hommages l'assemble des Safg. Sous cette transcription, il p'o-che-po mi fg n'est pas douteux qu'il faut reconnatre le nom des Sarvstivdins ceux qui dclarent que tout existe?. Les transcriptions usuelles de ce nom en chinois sont: Sa-p'o-a-ssc-ti-p'o-ti, sous des formes de plus ou en plus rduites : Sa-p'o-ti-p'oet Sa-p'o-to.La forme employe ici est incorrecte; mais le traducteur Kumarajva est coutumier du fait; originaire de

[91] ( 39 ) Kharachar, dans le Turkestan chinois, il n'avait jamais visit l'Inde, et sa prononciation en tait fcheusement affecte. La syllabe che de Sa-p'o-cheD'odcle une confusion fautive de la sifflante palatale, rgulirement rendue par che, et de la sifflante dentale du groupe sti dans sarvsti ou la rduction fautive du groupe st un phonme palatal. L'cole des Sarvstivdins tait une des plus prospres du monde bouddhique; puissante dans toute l'Inde, les plerins chinois la signalent galementpuissante dans l'Asie Centrale et dans l'archipel Indien. Le Vinaya des Sarvstivdins, dsign comme le Vinaya des Dix Rcitationsn, fut traduit en chinois ds l'an o; le traducteur tait prcisment Kumrajva, en collaboration avec Punyatara. Une autre branche de cette cole, qui se dsignait comme les Sarvstivdins primitifs, rya-Mla-Sarvstivda, possdait un Vinaya norme, en sanscrit, qui fut traduit en chinois sous la direction de Yi-tsing entre 703 et 71 o, et un sicle plus tard en tibtain1. Avec l'assemble des Sarvstivdins, Avaghosa vnre les bhiksus Foa-na et Prva, les matres des castras Mi-tchc. La traduction de M. Huber 1 M.Huber moi, nousavons mme des en et temps reconnu Etudes Voir dansle Divyvadna. HUBER, morceaux ce Vinaya de delittrature 1907; dansB.E.F.E.-O,anvier-mars j bouddhique, S. LVI, Leslments duDivyvadna, T'oungdans deformation a n d pao. 1907, 1. Ontrouvera ansce dernier rticlela liste des l'ensemble Vinaya. du ouvrages forment qui voir Sur l'Abhidharma l'coleSarvstivdin, l'articleda de TAKAKUSU dans leJournal thePliText ociety, 1905. S of

-i~*( 0 )*4 [92] lne semble appeler ici des claircissements et des rectifications. Les syllabes Foa-na repeuvent prsenter le sanscrit Prna, dont la transcription intgrale est Fou-lou-na; en fait, elles le figurent frquemment dans le nom de Prna Maitryanputra Fou-nciMan-t'o-fou-lo-lo. Mieux encore : les mmes signes, dans le mme Strlamkra, servent transcrire le nom, cette fois authentique et incontestable, du disciple Prna (p. 347)' avec l'alternance de la forme Prnaka (p. 325) comme dansle cas du personnage dont nous nous occupons ici (cf. inf. conte 65). Prna n'est pas un inconnu: la tradition sanscrite et tibtaine dsigne Prna comme l'auteur du Dhtukya-pda, un des sept classiques de l'Abhidharma des Sarvstivdins; l'ouvrage a t traduit en chinois par Hiuan-tsang, qui l'attribue Vasumitra, le prsident du concile runi par Kaniska 1. La substitution est significative; Prna entre ainsi dans le groupe des docteurs patronns par l'Indo-Scythe. D'autre part, l'rudit tibtain Bu-ston nomme, en tte des rdacteurs du canon fix par le concile de Kaniska, Prnika, assist de Vasumitra et de cinq cents Arliats2. Prnika est une autre forme du nom de Prna; les deux docteurs se trouvent encore rapprochs ici. Mais Wassilieff, qui traduit ce passage de Bu-ston, ajoute entre parenthses, la suite du nom de Prnika : (Prvika). J'ignore, faute de disposer d'un texte de Bu-ston, si l'alternance indique a 1 Cf.TAKAKUSU, p. -5 et 108. art. cit, 2 Note deWASSILIEFF, dansTrantha, SCHIEFNER , p. 298.

[93] k*( )(42 ) [94] Nous retrouvons ici Prna, dans la tradition authentique des Sarvstivdins, ct d'Avaghosa, soit comme le second successeurdu premier Avaghosa, soit comme le prdcesseur du second Avaghosa. Et nous allons maintenant le reconnatre sous un dguisementpresque sculairequi l'a dissimulaux recherches.Rmusat a fait connatre, ds le dbut des tudes bouddhiques, une liste des trente trois premiers patriarches qu'il avait extraite d'une encyclopdiejaponaise1. Cette liste, devenue classique, a t reproduite par Lassen, dans ses Antiquits de l'Inde (vol. II, second supplment); les transcriptions sanscritesdes noms chinois, communiques par Stanislas Julien Lassen, ont ds lors fait autorit; les meilleurs sinologues,Eitel, Edkins, Nanjio les ont copies docilement. Sur cette liste 10. Prvika. successivement : paraissent 11. Punyayaas. i 2. Avaghosa. L'original chinois, qui a fourni Julien la restauration Punyayaas, est Fou-naya-che. C'est en effet la forme du nom du onzimepatriarche dans le Focompilation d'histoire boudtsou-li-tcii-t'oung-tsai, dhique excute par Nien-tch'ang vers 1345. Mais nous avons une liste de patriarches beaucoup plus anciennedans le Fou-fa-tsang yin-yaentch'oantraduit en chinois ds l'an 472 (cf. sup.p. 65, n. 2); le personnageplac entre Prva (Hie) et Avaghosa(MaQuel ming)y porte le nom de Fou-na-chc ms 1 Mlanges asiatiques, 113, t suiv. I, e

[95] ( 43 que soit le second lment de ce nom, che ou ya-che, l'lment Fuu-na est constant. La transcription propose par Julien est inadmissible; le chinois, la mthode mme de Julien en tmoigne, rend la syllabe sanscrite nya par un des signes prononcs actuellement en chinois jang, jo ,jou. Punyayaas, en apparence consacr par tant d'autorits, est effacer; il faut rtablir Prna, abrviation usuelle d'un nom compos (type grammatical Bhmavat) qui a pu tre Prna qui a accompli les esprances, ou Prnayaas qui a une gloire accompliex. C'est Prna que le Fou-fa-tsangyin-yucn ich'oan (chap. 5) et le Fo-tsou-li-lai-toung-tsai sa suite (chap. 5) attribuent la conversion d'Avaghosa, tandis que la biographie d'Avaghosa l'attribue Prva; une fois de plus nous voyons Prna et Prva associs, comme dans l'invocation du Strlamkra, et si troitement mme qu'ils se substituent l'un l'autre. Prva (Prvika) est mieux connu; il n'y a pas d'quivoque sur sa personnalit. Le Chinois Hiuantsang et le Tibtain Trantha attestent l'influence prpondrante qu'il exerait sur Kaniska et la part qu'il prit la convocation du concile, aussi bien qu' ses travaux. Il tait natif du Gandhra; lors du voyage de Hiuan-tsang, on montrait encore sa demeure dans le couvent bti par Kaniska au Cachemire; une tablette y rappelait son souvenir (Mm., I, 1 13). Il porte frquemment (par exemple dans le Fou-ja-tsang.) le titre de bliiksu, que le Str lamkra accole son nom; il reoit aussi le titre de

44 [96] Tch'ang lao l'ancien (par exemple Biogr. d'Acvaghosa; liste 1 de Seng-yeou). Les syllabes de transcription Mi-tchc , que M. Huber applique aux matres des castras, me paraissent avoir un sens tout diffrent. Mi-tche ramne un original sanscrit Meca. Le et la Fouja-tsang. littrature qui en drive dsigne comme le sixime patriarche Mi-tche-kia; Lassen, sur la foi de Julien, rtablit un sanscrit Micchaka; mais ce mot est inconnu au sanscrit. Wassilieff1a trs justement corrig cette transcription en Mecaka le fonc . Mecaka est le devancier de Vasumitra, le prsident du concile de Kaniska; et Vasumitra est spar de Prva par deux patriarches: Buddhanandi et Buddhamitra. Sur les listes de la filiation des Sarvstivdins, Mecaka occupe un rang tout diffrent; le 1 donne, : aprs le secondAvaghosa 17. Dharmadhara (? Tanmo-t'o-lo)bodhisattva. 18. Mecaka(Mi-tchc-kia) arhat. Le II donne la mme srie la suite de Prna, sous les nosd'ordre 12 et 13. En fait, Mecaka flotte dans le voisinage d'Avaghosa; on a clairement dispos en srie, tant bien que mal, des noms clbres de la mme poque. Nous avons donc ici Mecaka la suite de Prna et de Prva, et nous devons traduire : (Je fais ma rvrence) Prna (Fou-na),Prva(Hie) m bhiksu,et Mecaka, atresdes castras 2. 1 Notee SCHIEFNER, p. 286. 2 C'estsur Trantha, l titremme Hiuan-tsang donne Prna. que

.( 115>- [97] Les trois matres d'Avaghosa sont tous les trois des adeptes avrs, et glorieux, de l'cole Sarvstivdin; c'est une preuve de plus que l'auteur du Strlamkra appartient la mme cole. Passons l'examen des contes. PREMIER. CHAPITRE 1. La conversion des adorateurs de Mahevara. Un upsaka, venu du Gandhra avec une troupe de marchands dans le pays de Mathur, est sollicit et press par des brahmanes qui veulent le dcider adorer leurs dieux, Mahevara, Visnu, etc. L'upsaka leur dmontre l'indignit, la violence, la brutalit de ces dieux, et il finit par les convertir. Ce n'est point un hasard si ce conte, qui ouvre le recueil, glorifie le pays de Gandhra; par un calembour ingnieux, mais qui a drout le traducteur chinois, Gandhra est expliqu par gm-dhra, littralement ( porte-vache mais le nom de la vache, , dans ses multiples acceptions, dsigne aussi la terre et la parole ; l'homme du Gandhra est donc volont le soutien de la terre ou celui qui tient parole . Touchsde la grce, les brahmaness'crient: Le plus illustre parmi tous les hros est vraiment le Gandhra! Cet hommage rendu par les brahmanes de Mathur la ville des dieux (Ptolmc : au ij MCOOP2tv Os&v) lointain Gandhra, hors des limites orthodoxes de l'Inde, est un indice de plus qui fixe le berceau du Strlamkra dans le 4 J. as. (Extr.n 14de1908.)

---w( 46 [DB) royaume des Yue-tche , entre la rive gauche du Kabul-rud et la rive droite de l'Indus. 2. Le disciple du Bouddha qui rfute les systmes Smkhya t Vaiesika. - Un brahmane des environs e de Ptaliputra a achet un bouddhiste un manuscrit du Stra des Douze Nidnas dans l'intention de le laver et d'en raturer les caractres pour y crire un stra des Vaiesikas; un de ses confrres, qui vient lui rendre visiteet le trouve absent, lit en manire de distraction ce texte; il est aussitt converti. Il dmontre ses parents l'insuffisance des doctrines du Smkhya et du Vaiesika, et les quitte pour entrer dans un couvent. Le Stra des Douze Nidnas intervient encore au conte 45. Le passage cit (p. 10) correspond littralement au premier stra du Nidnavagga du Samyutta Nikya pli (vol. II, 1) qui correspond lui-mme au chapitre xn du Samyuktgama dans la version chinoise (d. Tokyo, XIII, 2.) 3. Le dnapati qui exclut les rmaneras de son invitation. L'amphitryon malgr lui finit par reconnatre que sans distinction d'ge tous les membres du clerg ont droit aux mmes hommages. Le rcit est rempli d'allusions; j'ai pu en identifier plusieurs. 10 Un brahmane, Tou-lo-ch, ffre au Bouddha o une nourriture qu'il refuse : il la jette dans l'eau; des flammes en sortent aussitt. M. Huber renvoie avec raison au Kasibhradvja sutta du Sutta-Nipta, I, . 11 convient d'ajouter que ce sutta se retrouve en

--*->( 47 im[99] partie dans le Samyutta Nikya, VII, 2,1, mais que l'pisode y manque, tandis que la recension sanscrite du Samyuktgama (nouvelle version chinoise, cliap. 4; d. Tokyo, XIII, 2, p. 22") contient intgralement le stratel qu'il est conservdans le SuttaNipta. 2" Gautam offre au Bouddha des vtements; il lui prescrit de les distribuer tous les religieux. C'est le sutta 142 (Dakkhinvibhanga) du Majjhima-Nikya et le stra 180 du Madhyamgama chinois (chap. n XLVII, 3), qui lui correspond exactement. 3 Les trois personnages clbrs par K'ic-fou dans le stra, savoir : Aniruddha, Nan-ti et Kienpi-lo sont bien connus: les deux derniers s'appellent en sanscrit Nandi et Rimbila. Tous trois, de famille kya, ont t convertis en mme temps (Mahvagga, X, 4; Buddha-carita, XIX, v. 1 584; Dhammapadatthakath, v. 17). CHAPITRE II. 4. Le roi et le voleur de la perle. Un voleur drobe une perle merveilleuse que le roi avait offerte un. stpa de Ceylan; il est dcouvert; mais le roi, au lieu de le chtier, l'enrichit pour lui permettre de se racheter par l'aumne. Le voleur se convertit. 5. L'upsaka et le brahmane qui pratique l'asctisme. L'upsaka dmontre la vanit de l'asctisme intress. 4.

fis )*c~* [100] 6. Le ramana et le brahmane ascte. Le ramana, pour gurir le brahmane de tous les dsirs, lui expose les dangers du pouvoir royal. 7. Inutilit de l'asctisme. Sermon enflamm adress un yogin par un upsaka. 8. La nonne et le brahmane ascte. Mme leon, adresse cette fois par une bliiksun. 9. Le moine mendiant et le trsor. Un upsaka, qui un bhiksu rvle un trsor cach, refuse de le prendre et montre ce propos les dangers du dsir. La parole du Bouddha dans le stra que l'absence des dsirs est le principe du ramana peut renvoyer au Classapura sutta (40) du Majjhima-Nikaya, I, p. 283 (yassalicissaci bhikkhunobhijjhlan a samanasamcpaipada paiiablijjh pahn hoti. panno ti vadmi). 1 0. L'upsaka qui se dit riche. Il vante le mrite de savoir se contenter, et convertit ses auditeurs. M. Huber a bien reconnu dans la stance de la page 58 une citation du Dhamrnapada, v. 204. III. CHAPITRE 11. Les moines mendiants surpris par des brigands. Des bhiksus, que des voleurs ont ficels avec des brins d'herbe, aiment mieux rester exposs une mort pnible que de rompre les herbes. L'histoire d'Elpattra, n chez les Ngas en punition

[101] ( 49 )* du mal qu'il a fait des feuilles d'arbre, est raconte tout au long dans le Ksudrakavastu du Mla-Sarvstivda-Vinaya, chap. xxi (d. Tokyo, XVII, 2, 2a). Elpattra tait un religieux du temps du Bouddha Kyapa; il mditait sous un arbre El quand des feuilles d'un rameau lui touchrent le front. Irrit, il arracha les feuilles de l'arbre. Le Bouddha, qui raconte l'histoire ses disciples, ne peut prvoir luimme le terme de l'expiation subie par Elpattra; c'est le Bouddha Maitreya qui le lui indiquera plus tard. M. Rockhill a analys le rcit d'aprs la version tibtaine (Life of Budclha, . 46). Le Mahvastu conp tient un rappel obscur et maladroit du mme pisode, III, 383. La biographie du Bouddha, traduite de la version chinoise par Bcal sous le titre de : RomanticHistory of BacZdha, rapporte aussi (p. 276 et suiv.)l'histoire d'Elpattra sous une forme apparente de prs au Vinaya des Mla-Sarvstivdins. Fa-hien Bnars (Fo-koueki, p. 96), Hiuan-tsang au pays de Taksail (Mm., I, 152) ont entendu raconter l'aventure du Ngarja. M. Fouchcr, dans son Art grco-bouddhique Gandluira (p. 502-507), a da tudi les reprsentations de la visite d'Elpattra au Bouddha. Elle figure dj sur un mdaillon de Barhut. M. Foucher reproduit et dcrit un bas-relief provenant de Karamr dans le Gandhra; tous les dtails de la scne concordent avec le Vinaya des Mla-Sarvstivdins, et ne concordent qu'avec lui, tmoin l'intervention de Vajrapni qui ne parat que dans ce seul texte. C'est de ce Vinaya que proviennent

50 )*( 56 ) [108] la Loi, accessible mme aux femmes, dont l'intelligence est pourtant peu profonde. CHAPITRE VI. 31. Le roi Kaniska et le stupa des Nirgrantlias. Voir l'analyse supra, p. 84. L'pisode de la rencontre du Bouddha avec Kyapa mrite un examen dtaill. Au Bahuputraka stpa o le Bouddha tait all pour trouver Kyapa, Kyapa adora les pieds du Bouddha : Celui-ci est mon Bhagavat! celui-ci est mon Bouddha, le Sublime! Le Bouddha dit Kyapa : Si je n'tais pas un Arhat Et si je recevais tes hommages, Ma tte se briserait en sept. M. Huber renvoie au Mahvastu, III, p. 50-52, o Kyapa en effet raconte nanda sa premire entrevue avec le matre, au Et le Matre me rpondit : Bahuputraka celiya. Si quelqu'un, Kyapa! en obtenant un pareil auditeur dou d'une intelligence intgrale, se d clarait un Parfait Bouddha sans tre un Parfait Bouddha, se dclarait omniscient sans tre un omniscient, se dclarait un voyant universel sans tre un voyant universel, se dclarait possesseur de toute science et de toute vue sans avoir toute science et toute vue, sa tte serait en sept! La ressemblance des deux textes est certaine; elle ne va pas l'identit. Nous pouvons cependant retrouver la source prcise du Sutrlamkra. Au stra insr ici dans le Mahvastu correspond dans les Nikyas palis

57 )et+-.( [109] un stra du Samyutta, II, p. 219. Kyapa [Kasraconte qu'il a rencontr le Matre au Bahusapa] putta cetiya entre Nlanda et Rjagrha . A l'adoration de Kyapa! le Bouddha rpond : Celui qui, Kyapa, un tel disciple dou totalement d'intelligence dirait : Je sais! sans savoir, dirait : Je vois! sans voir, la tte lui claterait. Nous n'avons pas encore ici l'original. La rdaction sanskrite du Samyukta-gama est perdue. (La mission Grnwedel en a retrouv des dbris dans le Turkestan chinois; cf. T'oung-pao, juillet i goh.) Mais nous en avons deux versions chinoises, l'une, incomplte et anonyme, excute entre 35o et 431 (Nj. 546 [lire: Samyuktavarggama ; d. Tokyo, XIII, 5) ; l'autre complte, et qui ] diffre notablement de la recension plie, traduite par Gunabhadra entre 420 et 479 (Nj. 544; d. Tokyo, XIII, 2-4). Le stra de l'ordination de Kyapa se retrouve avec de trs lgres variantes dans les deux versions. Je traduis sur l'ancienne (p. 41a) : En ce temps, dans la ville de Rjagrha il y avait Lo-lo-kien-t'o,et dans Lo-lo-kien-t'o,le stpa des Fils nombreux (Bahuputraka) [nouv. vers., vol. 4, p. 40a: Entre la ville de Rjagrha et le village de Le Nala, il y avait le stpa des Fils nombreux ]. Bouddha rpondit Kyapa : Si dans le monde on a des disciples auditeurs, sans avoir totalement la perfection de l'intelligence [nouv. v. : Maintenant tu as ralis pleinement la puret du cur, et tu mrites les hommages ], si, sans tre un Bhagavat,

----H-(58 )** [110] on dit: Je suis Bhagavat"; sans tre un vrai Arhat, on dit : Je suis un Arhat [nouv. v. : si sans savoir on dit savoir; si sans voir on dit voir, si sans tre un Arhat, on se dit Arhat ], si sans tre omniscient on se dit omniscient, un pareil homme la tte doit lui clater en sept morceaux ! [nouv. v. : si sans tre un samyaksambuddha on se. dit samyaksambuddha, alors il doit arriver que spontanment le corpsse brisera en sept morceaux!]. Nous retrouvons ici, et ici seulement, la mention de l'Arhat et la tte qui clate en sept. Il ressort de cette constatation qu'Avaghosa tenait pour canonique le texte conserv dans la rdaction sanscrite; si nous ne pouvons affirmer que c'tait le Samyukta-gama dfinitivement constitu, c'tait au moins le stra tel qu'il a t recueilli dans le Samyukta-gama. 32. Le moine mendiant qui quitte la vie religieuse pour s'tablir boucher. Un bhiksu rentre dans le monde pour se marier; comme il n'avait pas appris gagner de grandes richesses par un petit travail, il s'tablit boucher. Un ancien confrre le rencontre, lui jette cet avis: Pse bien! Cette seule parole le ramne la vie religieuse. 33. Le laboureur intelligent. Il vient en ville, voit le luxe des riches, et n'accuse que son karman. 34. Le laboureur et le trsor. Le Bouddha se promenant avec nanda dans le pays de rvast lui

[111] M.( 59 )+4 montre un trsor cach et dit : Voil un grand serpent venimeux! Un paysan l'entend, va voir, s'empare du trsor. Brusquement enrichi, il est dnonc au roi, arrt; il admire alorsla sagesse du Bouddha et le roi mu lui laisse son trsor. 35. Le fils du ministre devenu voleur. Tomb dans la misre, abandonn de tous, il pntre de nuit dans la chambre du roi, cambriole sans que le roi ose bouger; altr, affam, il prend des cendres pour des grains, les mle l'eau, les absorbe, et satisfait si bon compte, rougit de ses fautes et avoue son repentir au roi. 36. Le maitre et le disciple. Leon de morale propos d'un feu sans fume ni flamme. 37. Le dnapati intress. Le suprieur des religieux invits ne peut que lui souhaiter de ne manquer de rien dans les mauvaisesvoies (enfer, etc.); il n'a pas su s'assurer les bonnes. 38. Le petit enfant qui entend un passage d'un stra. Frapp de la comparaison classique avec la tortue aveugle qui russit passer sa tte dans le creux d'un bois flottant en plein ocan, un enfant essaie de raliser ce tour de force dans un bassin, choue, et admire la sagessedu Bouddha. M. Huber a reproduit (p. 82) une note insuffisante sur cette comparaison clbre. Elle se retrouve dans le Strlamkra, p. 63. M. Harinath De en a trait

( 60 )-. [112] dans le Journal of the Pali Text Society, 1906-1907, p. 173 et suiv., propos d'une citation dans le commentaire du Bodhicaryvatra; il la signale aussi dans le Majjhima Nikya, lit, 169, les Thergths, v. 500, l'Atthaslin, p. 60. Mais, de toutes ces rfrences, le Majjhima seul a le trait caractristique rappel par Avaghosa : la tortue aveugle vient tous les cent ans la surface. Ce trait se retrouve, avec la comparaison tout entire, dans le Samyutta Nikya, V, 455 (kno kacchapoyo vassasatassa vassasatassa accayena sakim unmujjeyyaki. gtvam paveseyy t). Lide mme du conte a pu tre suggre par le titre du stra du Majjhima : Bla-pandita, o il signifie le puril et le sage ; mais le compos peut avoir aussi le sens de le sage enfant . 39. Le roi et le Candla. Un ancien voleur raconte au roi qu'un homme a mieux aim jadis se laisser tuer que de donner la pice de cuivre qu'il serrait dans sa main. 40. Le moine mendiant qui, avec trois coups de bton, apprend un voleur les trois Refuges. Voir supra p. 77. CHAPITRE VII. 41. Le moine mendiant accus d'aimer trop les offrandes. Il remercie le calomniateur qui a dtourn de lui la convoitise des offrandes.

--*->( 61 ) [113] 42. Le blanchisseur et le forgeron qui entrent dans la vie religieuse. Maudgalyyanane russit pas les instruire; mais riputra trouve une mthode adapte leur profession ancienne; il en fait des saints. L'hymne riputra, chant parles deux moines, me semble un indice historique de haute importance. riputra est le grand chef de la Loi du Bouddha, celui qui pour la seconde fois a tourn la Roue de la Loi. Le Bouddha a dit que Tournera pour la seconde fois la riputra Roue de la loi. Des expressions presque identiques reparaissent dans l'Aokvadna (Divyvad., 394) o le patriarche Upagupta clbre les mrites du grand disciple (sa hi dvityastdhar masendhipatirdharmacakrapravarlanahprajvatm atula agryonirdisto Bhagavat. saddharmacakram yaj Jincna pravarlitam anuvrttam hi tat tena Cdriputrea dhmatd). Nous voyons quel rang riputra tait exalt par la pit bouddhique la cour de Kaniska. Et on comprend alors qu'un Chinois, envoy en ambassade la cour de ce prince (ou d'un autre roi de la mme dynastie), ait rapport en Chine avec la lgende du Bouddha le souvenir de riputra (Cha-liu) comme le secondfondateur. C'est l un lment de plus la discussion d'un document chinois qui a soulev de nombreuses controverses. (Voir en dernier lieu, CHAVANNES, Toung B.E.F.E.-O. pao, 1905, p. 546 et suiv., et PELLIOT i 906, p. 376 et suiv.) Les corrections proposespar les deux savants sinologues me semblent parfaitc5 J. as. (Extr.n14de1908.)

62 )-n [114] ment inutiles. Le Wei-lio donne un rsum de la vie du Bouddha; puis il ajoute : Dans l'Inde, il y eut encore un homme divin nomm Cha-lia. Et, pour justifier cette asssertion, il rappelle le voyage de King chezles Ta Yue-tche, en 2 avant J.-C., et le tmoignage de ce voyageur qui, ayant recueilli de vive voix des livres du Bouddha, disait, d'aprs ces livres mmes: Le second fondateur, c'est cet homme, savoir Cha-liu, riputra. La suite des ides me parat vidente. 43. Le Bouddha convertit un homme d'une caste mprise. C'est la conversion de Ni-t'i, un des plus beaux rcits du Strlamkra (voir p. 76). Le sujet est certainement emprunt un stra; mais je n'ai pu en dcouvrir la source. La mme histoire se relrouve1 identique dans sa teneur, au chapitre xxx du Dmamka ( Ilien-yu yin-yaenking, traduction chinoise de l'an 445; Nj. 1322; d. Tokyo, XIV, 9); mais la version tibtaine, traduite par Schmidt, Der Weise und der Thor, n'a pas ce chapitre. Le Mahprajnpramit-stra, attribu Ngrjuna (traduit en chinois en 4o2-4o5 : Ta-tche-tou-loun, 1 169; d. Nj. Tokyo, XX, 2), au chapitre 26 (p. 27") rappelle cette histoire : Comme Ni-to le balayeur d'ordures converti par le Bouddha devint arhat. Le conte, trs dvelopp, contient en particulier un rappel de conversions notables opres par le Bouddha, et 1 L'histoire eNi-t'iest expressment dans d rappele le conte 52,p. 258.

63 )-Ci [115] ( mis dans la bouche du Bouddha lui-mme. Je laisse de ct les allusionsaux personnages de haute notorit comme Upli; je chercherai surtout claircir ceux dont la physionomie est incertaine ou mal connue. Le misreux Siu-lai-lo doit correspondre en sanscrit au nom de Suratha. On pourrait tre tent d'y chercher Surdha qui parat, d'ailleurs sans physio nomie arrte, dans le Sayutta Nikya, III, 80. Mais le nom de Rdha, qui revient constamment dans le Rdha-Samyutta du Samyutta Nikya, Ill, 188 et suiv., est toujourstranscrit Lo-to(d. Tokyo, XIII, 2, 30a et suiv.). Tcheou-li-p'an-te aux sens obtus est Gulla-Panthaka, le hros du xxxvc avadna du Divya; en fait cet avadna est extrait du Vinaya des MlaSarvstivdins(d. Tky, XVI, 9; chap. 32). Le malheureux Panthaka, entr l'cole oubliaita en apprenant bIl et dsesprait ses matres (Divyd. p. 486). Le jeune Siu-to-ya?(Sudaya?) Le paisible PoMa-lai(Bhagiratha?).- Pou-to-li qui avait renonc toutes les affairesest Potaliya, qui donne son nom un sutta du MajjhimaNikaya, I, 359 (Madhyamgama, version chinoise, d. Tky, XII, 7, 71 bis) Potaliya aborde le Bouddha en ces termes : J'ai renonc toutes les occupationsprofessionnelles j'ai ; cessdfinitivementtoutes les affaires. Que Bhagavat veuille m'instruire! L'ivrogne Yu-kia(Yuga? Ugra?). 5.

64 )"-i'( [116] Vsistha (Po-se-tch'a) , dont le cur tait affol par la perte de son enfant est Vsisth, la Vsih plie, dont les Therglhs (v. i33-i38) rappellent encore le deuil cruel : J'tais affole par la perte de mon fils. (cf. le commentaire de Dhammapla, Paramatthadpan, p. 124 et suiv.). Son deuil et sa conversion sont raconts dans un stra du Sayuktgama (nouv. vers. chinoise, XIII, 4, 52a; anc. vers., XIII, 5, 29a). O-siu-pa-ti (Avapati?)disciple des hrtiques. Le robuste Lo-tch'a-ho-lon'est pas Rjahara, mais Rstrapla, hros du sutta 82 du Majjhima, II, 54 (Madhyamgama, vers. chin., XII, 6, 51b, chap. xxxi.) Cette conversion importante est aussi rappele dans le Buddha-carita, au v. 1702, o les restaurations malheureuses de Beal ne permettent gure de la reconnatre : dans leThurakusati(? ou: voisinage de [Ma]thur) il convertit Pindapla (ou : vara). Il faut lire : Thlakusthita, il convertit Rrapla . Le vieux et dcrpit Lo-kiu-lo (avec une asest similation de n L, cas frquent) le Nakulapit du Samyutta Nikya, III, l, qui aborde Bhagavat en ces termes : Je suis, vnrable, g, vieilli; j'ai fait mon temps. Le stra correspondant du Samyuktgama(nouv. vers., XIII, 2, 27\ chap. 5) l'appelle Nakula et lui donne l'ge de 120 ans. Le Buddhacarita rappelle sa conversion, impossible toutefois reconnatre dans Beal : Ensuite il alla au pays de Po-kia (Bhagga), convertit le Yaksa dmoniaque qui

(55 )*"[118] la rponse du Bouddha Tissa Metteya mnavaka (vers 2 de la Tissa" pucch) avec cette indication : Comme il a t dit Po lo-yen Ti-clie Mi-te-le = Pryana Tisya Maitreya. Nous avons donc dans la mention des seize Po-Io-yenl'indication d'une collection sanscrite (tmoin, entre autres, la forme du nom de Maitreya) parallle la dernire section du Sutta Nipta pali. Il n'est pas superflu d'observer qu'ici encore le Buddha-carita concorde avec le Strlamkra; Beal une fois de plus a tout brouill par ses transcriptions : les Brahmanes Po-lo-yen (Pryana) au mont Po-cha-na (Psna), par le sens subtil d'une demi-stance, il les subjugua et les amena la paix de la foi (v. 1681). C'est en effet, au Psnaka cetiya que le Sutta Nipta (Pryana, I, 38) place l'entretien des seize brahmanes et du Bouddha. Le Chankien-p'i-p'o-cha (Nj. 1125; d. Tokyo, XVII, 8), qui est un arrangement de la Samanta-psdik de Buddhaghosa, mentionne aussi les Po-lo-yen dans un passage curieux qu'on ne me reprochera pas de traduire ici. Le matre de la Loi dit : Depuis le commen cement de la carrire du Bouddha jusqu' son Nir va, combien y a-t-il eu de bhiksus bien arrivs ( chan-lai,svgata)P Le nombre en est de 13 41 personnes. Quels sont leurs noms? Les Pancavargyas, Ajntakaundinya, etc., puis le matre de maison Ye-chou(Yaas) avec les cinquante-quatre personnes de son intimit, puis les trente de la Joyeuse Compagnie (Bhadravargyas),puis les mille

)** [119] 67 Che-tchi-lo (Jatilas), les deux mahrvakas [ri putra et Maudgalyyana] et deux cent cinquante hommes, et Yang-kiu-mo-loAngulimla) . C'est ( 1 dans ces vers: pourquoile Vinaya clbre les 13471 Milletrois cent quarante et une personnes ont eula grande pense de Foi; tous sont venusvisiterle Bouddha. Le Tathgata, le Compatissant les prit de sa main couleur d'or; il leur parla de sa voix brahmique; au temps convenable ils obtinrent le salut, le vtement et le vase du religieuxs'offrirent d'eux-mmes tous sont les Bienvenus. ; Tous ceux de grande intelligence sont nomms des bhiksus Bienvenus. Mais il n'y a pas seulement que ces bhiksus Bienvenus; il y a encored'autres bhiavectrois : ksus Bienvenus le brahmane Sselou.( Selo) cents personnes, puis Mo-ho-kie-pin-na (Mahkapphina) avec mille personnes, le royaume de Kapilavastu avec dix mille personnes, puis seize mille personnes sorties de la vie domestique avec les brahmanes Po-ye-lo-nilire : Po-lo-ye-ni;il s'agit vi( demment des seize Pryanas, chacun avec la compagnie classique de mille personnes; au reste le dictionnaire Fan-fan-yu (vie sicle) a lu Po-lo-ye-niet 1 Autreiste bhiksus des dans l des Bienvenus le Vinaya Mahsmetc., XV, : ghikas, XXIII Tokyo, 9,58b)jtakauinya, 5; chap. (d. le de etc., ; Prna aitryanputra, 3o Benarsfils Bien-Suprieur; M etc., G etc., oo; 5 Uruvilv-Kyapa, Nad-Kyapa,3oo; ay-Kyapa, et etc., etc., etc.,200;Upasena, 250;riputra Maudgalyyana, les foo; Chanda, lodyi, 5oo;Mah-Kyapa, K Upli, kyas, de Po-tououkiu-mo)-ti, la bande voleurs, le filsdu 5oo; 5oo; ( B matre demaison ienvenu.

!.*( G8 [120] traduit ce mot par : pass l'autre rive ", sens du mot pryaa). Tous sont des bhiksus Bienvenus; les Siu-to-lo(Stras) en parlent; dans le P'i-ni tsang (Vinaya-pitaka) il n'est pas fait mention de leur nom. Cette dsignation de svctgataapplique aux auditeurs du Bouddha est en effet classe d'aprs la liste des noms de rvakas dans la Mahvyutpatti, S 47, n 39. Les soixante villageois imbciles qui dsiraient se marier. L'allusion reste expliquer. La bhiksun Ta-mo-ti-na [ti, et non to] dont l'intelligence n'tait pas profonde, mais qui acquit du Bouddha une intelligence profonde, de sorte qu'elle pouvait rsoudre les questions difficiles des hommes minents est la Dhammadinti plie, hrone du sutta ltlt du Majjhima, I, 299, o l'upsaka Vikha lui pose une srie de questions des plus abstruses qu'elle rsout brillamment, si bien que le Bouddha s'crie : Savante en vrit est Dhammadinn la bhikkhun! de grande science est Dhammadinn la bhikkhun! Si tu me posais la mme question, Viskha ! je te rpondrais exactement comme elle. Le nom de Dhammadinn est donn sous la forme sanscrite de Dharmadinn dans la Mahvyutpatti, S Ziy, n 45; cependant la version chinoise du Madhyamgama sanscrit, dans le stra correspondant au 44 du Majjhima, donne le nom de la bhiksun traduit (et non pas transcrit, comme c'est le cas ordinaire) sous la forme Fa-lo Joie de la Loi", forme qui ne rpond pas Dharmadinn Loi-don-

[121] --t-:>-(69 )*--ne et qui semble supposer un antre original. (Sur Dhammadinn, cf. Thergth, v. i 2 et le commentaire de la Paramatthadpan sur ce vers.) Mi-pa-fi femme d'un roi puissant cache probablement sous une transcription tronque le personnage de ymavat, femme d'Udayana, roi de Kaumb, la pieuse hrone du Mkandikvadna (Divyv., xxxvi). Cet avadna n'est du reste qu'un extrait du Vinaya des Mla-Sarvstivdins,chap. 48 (vers. chin., XVI, 9, 103a-1 09b). Cf. aussi l'Atthakath du Dhammapada, v. 2 1-23. Kiu-chou-to-lo esclavede basse caste est Kubjottar (pali Khujjuttar), l'esclavede la reine ymavat, qui mrita d'tre propose comme exemple de science (bahussut;AnguttaraNikya, I, 26) et aussi de dvotion (saddh; ibid., 88), et enfin comme le modle des auditrices (pama svika; ibid., 89). L'histoire de sa conversionest raconte dans le j Vinaya des Mla-Sarvstivdins,uste avant le dbut du Mkandikvadna (vers. chin., XVI, g, 103a). Tche-lo rmaner ge de sept ans peut tre la ther Cl dont le SamyuttaNikya, I, 132, et les Thergths, v. 182-188, nous ont conservquelques vers. Elle tait la sur de riputra (v. Paramatthadpan, sur Thg. v. cits). 44. Le faux Arhat. Un dmon, sous les dehors d'un bhiksu, essaie de tromper les religieux d'un couvent; mais un matre de la Loi reconnat la fraude, car l'Ahhidharma est la pierre de touche

--.:>-( 70 )** [122] pour savoir la vrit . C'est un indice de plus qui atteste l'exaltation de l'Abhidharma chezles docteurs groups autour de Kaniska; l'exaltationde riputra est la manifestation du mme esprit, qui s'affirme particulirement dans la composition de la Vibhs. CHAPITRE VIII. 45. Le fils du roi de Chine. A la suite d'une maladie, le prince devient aveugle. Des marchands de Taksail viennent en Chine et conseillent au roi d'envoyer son fils dans leur pays o le bhiksu Ghosa pourra le gurir. Le prince se rend avecune escorte Taksail, et implore Ghosa, qui consent tenter un remde. Il remet chacun des moines une tasse de cuivre o chacun d'eux doit recueillir les larmes que l'explication de la Loi ne manquera pas de leur tirer. Et il se met rciter le stra des Douze Nidnas (cf. sap., conte 2). La communaut fond en larmes; Ghosa se sert de ces pleurs pour laver les yeux du prince, qui recouvre la vue. Hiuan-tsang (Mm., I, 159-161) rapporte exactement la mme histoire, avec les mcmes dtails; c'est aussi l'arhat Ghosa qui opre le miracle; mais le prince guri est Kunla, l'Hippolyte hindou, le fils d'Aoka. Hiuan-tsang coud le rcit au sommaire du Kunlvadna, tel qu'il est conserv dans le Divyvadna (xxvn) et qu'il est incorpor dans l'Aokvadna (A-yu wang king, et A-yu ivang tch'oan). Mais l'Aokvadna, dans les deux versions

[123] a ( 71 > chinoises, passe immdiatement du Kunlvadna l'Aokvadnadu Divya; l'accord des deux versions sicle comme au vie,le miracle de atteste que, au 111e Ghosa n'tait pas entr dans cet ouvrage. Comment le transport s'est-ilopr ? La scne ne s'est pas dplace; dans un cas comme dans l'autre, c'est Taksail que Ghosa opre le miracle. Le conte du Strlamkra semble bien tre la forme la plus ancienne, car son hros est le plus modeste. Kunla, qui tait pour ainsi dire le type du prince aveugle dans la lgende bouddhique, a pu facilement hriter d'un devancierplus obscur et joindre cet pisode son cycle enformation. L'arhat Ghosa, qui passe toujours pour l'auteur du miracle, peut tre le bhadanta Ghosa, dont un trait conservdansla collectionchinoise (Nj. 12-78; d. Tokyo, XXIV, i ; traduit entre 220 et 265) porte le titre de l'Ambroisie de l'Abhidharma (Abliidharmmrtastra). C'est un catchisme de l'Abhidharma, et qui contient naturellement un chapitre (le septime) sur les Douze Nidnas, distribus en trois classes (kleaO, arma0, duhkha0). Le nom de k Ghosa figure aussi sur les deux listes de filiation de l'cole Sarvstivdin(voir supra, p. 93). Sur l'une (I) il est classle quatorzime, immdiatement avant Prna et AvaghosaII; sur l'autre (qui ne porte, je le rappelle, qu'un seul Avaghosa), il est class le dixime, entre Avaghosa et Prna. Dans les deux cas, il reoit le titre de bodhisattva. Il s'agit donc manifestement d'un personnage qui vit peu do

(72) [124] distance d'Avaghosa; il prcde sur les deux listes l'arhat Prna, qui est un des matres d'Avaghosa. J'ajoute encore que Trantha place sous le rgne du fils deKaniska un bhadanta du nom deGhosaka, qu'il qualifie de Tukhra le Tochare ; un matre a de maison qui vit dans le pays d'mparnta l'ouest du Cachemire et prs du Tukhra fait venir Ghosaka de l'Ouest. M. Huber a eu raison de parler du roi de Chine puisque le traducteur chinois emploie la dsignation de Terre des Hanx. L'original sanscrit portait certainement Cna; les traducteurs chinois n'ont jamais hsit rendre ce nom par une des appellations de la Chine. Je n'en suis pas moins assur qu'ils ont eu tort, et quele nom de Cna s'applique proprement, dans la littrature sanscrite, un territoire beaucoup moins loign de l'Inde. Je me propose de l'tablir dans un travail dontj'ai dj publi la premire moiti (B. E. F. E.-O., juill.-dc. 1905). 46. Le Candla qui refuse d'excuter un criminel. - Le pre et ses cinq fils se rcusent tour tour et subissent le martyre plutt que d mettre mort un tre vivant. Le tour du sixime fils est arriv. Sa vieille mre supplie le roi de l'pargner : Mais tu as laiss tuer les autres sans protester! s'crie le roi. C'est que le pre et les cinq ans avaient (VU les Vrits saintes ; avaientainsi reu le baptme spirituel; le dernier est encore un homme vulgaire", tranger l'glise; c'est son salut ternel

-->*(73)( 97 )** par Avaghosa s'y retrouve, presque la fin du stra (p. 287, Nikya; p. 53b, gama), trs analogue dans les deux recensions. Pali : [ apariyositasamkappo. Sans aboutir une certitude j'hsitais plein de doutes. J'ai parcouru une longue route en cherchant le Tathgata. Chinois: Parce, que cet esprit est troubl fond j'avais en moi la dfiance; de longues nuits, avec les devas - j'ai cherch le Tathgata. 65. Ktyyanaet son disciple. Le fils du roi Sou-pi-lo, nomm Cha-lo-na, renonce au trne, et va joindre comme disciple le vnrable Ktyyana. A la suite de son matre, il arrive dans le royaume du roi Pa-chou-t'i qui le souponne injustement d'intriguer avec ses femmes et qui le fait battre jusqu'au sang. Cha-lo-na, indign, demande tre relev de ses vux pour aller la tte d'une arme tirer vengeance de son insulteur. Ktyyanalui prche en vain la patience et le pardpn des injures; il recourt alors un moyen magique. La dernire nuit que Cha-lo-nadort auprs de lui, Ktyyana lui fait voir dans un songe la bataille engage et perdue, Pa-choufi vainqueur, le vaincu conduit au supplice et qui sur le chemin rencontre son ancien matre. Cha-lona se rveille alors, demande pardon Ktyyana; le Vnrable, pour le convaincre qu'il s'agissait d'une illusion magique, fait sortir des rayons de lumire de son bras droit.

---1+( 98 )** [150] La mme histoire est raconte par le Karmaataka, n 89 (vers. tibt.); Feer, Joarn. asiat., 1901, I, p. 439 en donne le rsum. Cha-lo-na est arana, fils du roi Udyana de Sauvra(Sou-pi-lo); Pa-chou-t'i est Pradyota, le roi d'Ujjayin. Le Karmaataka rappelle d'abord les guerres meurtrires constamment engages entre Udyana le Sauvra et Pradyota. De ces guerres, les Jainas aussi ont conserv le souvenir; l'Uttardhyayana jaina clbre Udyana le taureau des rois de Sauvira, qui renona au monde, se fit moine, entra dans l'ordre, et atteignit la perfection (xviii, 48); et le commentaire de Devendra sur ce texte (publi par Jacobi, Mahrstr Erzhlungen, n III) rapporte longuement la rivalit d'Udyana et de Pradyota. Dans le rcit du Karmaataka, Pradyota vient son tour demander pardon, et il invite Ktyyana avec arana. Puis le Bouddha rapporte une histoire du pass, qui explique les vnements du prsent. Dans l'instruction qu'il adresse arana (p. 346), Ktyyana lui rappelle des stances du Bouddha : Celui qui au moment de la colre et de l'exaspration est capable de se matriser soi-mme ressemble celui qui au moyen des rnes est capable de retenir un cheval fougueux; celui qui peut le retenir est appel un bon cavalier, tandis que celui qui ne peut pas le matriser est appel un cavalier inexpriment. C'est la stance 222 du Dhammapada : yo ve uppatitam koclham ratham brmi, bhanta va dhdrayc tam aham srathi

[151] !-(99 )* rasmigghoilaro jano ||. Ktyyana ajoute qu'il vaut mieux se laisser mutiler que de s'abandonner la colre : Le Bouddha Fou-na et d'autres a expliqu comment il faut agir. Dj, au conte 63 (p. 325), le bhiksu s'tait rappel, comme la meilleure leon de constance, les paroles de Fou-na-kia . Fon-na, Fou-na-kiasupposent en sanscrit Prna, Prnaka. 11s'agit ici du sublime dialogue entre Bhagavat et Prna conserv par les Mla-Sarvstivdins dans leur Vinaya (vers. chin., d. Tky, XVII, 4, 6b-14a) d'o le compilateur du Divyvadna l'a extrait (n); c'est ce texte que Ksemendra, selon sa pratique rgulire, a versifi probablement, dans le rcit 36, encore indit, de l'Avadnakalpalat (Pra praguas tath). Le canon pali l'a insr dans le Majjhima Nikya, 145 (III, 267 : Puovda); je n'ai pas retrouv de stra correspondant dans le Madhyamgama. Le Samyutta Nikaya, IV, 60, et le Sayuktgama (chap. vin, nouv. vers. chin., XIII, 2, 441) rptent l'introduction du Puovda, sans y ajouter le dialogue. Quant Kntivdin, qui est rappel jusqu' trois fois dans le Strlamkra, il. estle hros d'un jtaka clbre (Jtakaml, n 28; Jtaka pli, III, 39-43; Dzang-loun, n 11; Hien-yuking, n 12). Aprs la mention de Prna, Ktyyana continue ainsi: Pense aussi ce que les hommes d'un vaste savoir - et d'autres ont dit! Rappelle-toi aussi riputra qui il a expliqu les cinq tats dpourvus de passion. M. Huber m'excusera de con-

(100) [152] tester la traduction d'un sinologue aussi comptent, mais le texte me semble net : Rappelle-toi riputra qui a expliqu les cinq dharmas sans colre. C'est d'ailleurs ce qu'annonait clairement la suite des ides : riputra est justement le type accompli des hommes d'un vaste savoir . La rfrence vise sans doute un des stras du Pancaka-Nipta, dans l'Anguttara Nikya; riputra y prononce une srie de stras qui forment, sauf deux, toute la srie de l'Aghta vagga,III, 186-201. CHAPITRE XIII. 66. Le fils du resthin qui vole les fleurs d'un stupa. Le roi Krkin a prescrit d'employer toutes les fleurs de son royaume dcorer le stupa du Bouddha Kyapa. Un jeune noble voleune guirlande pour l'offrir une fille de joie. Il est aussitt saisi de repentir, mais trop tard; son corps se couvre d'ulcres. Son repentir ne cesse de s'accrotre dans les preuves; moribond, il se fait porter prs du stpa, offre des parfums, et fait avec du santal gorsa une image du Bouddha Kyapa. En rcompense, il est guri. A travers toutes ses renaissances, un parfum merveilleux lui reste attach; il devient le Pratyeka Bouddha,, Parfum .Le roi Prasenajit dcouvre sous le sol un de ses os, rvl par son odeur de saintet, et il interroge le Bouddha, qui lui raconte cet avadna. 67. Jyotiska. (Pourquoi ce titre? C'est rgupta

[153] -+)e( 101 )>.( 112) [164] assez voisine a t traduite isolment par Po Fa-tsou entre 265 et 3 16 (Nj. 65o; d. Tky, XII, 4, 38a) et par Hoei-tch'en en 45y (Nj. 651; d. Tky, ibid., 40). La scne, ici, est Vaili, la salle Keoulo-kie (Kgra). [C'est la tradition recueillie par Hiuan-tsang (Mm., I, 38g), qui visita Vail l'endroit ou la tante du Bouddha et d'autres bhiksuns entrrent dans le Nirva .] Mah Prajapal Gautam arrive, avec cinq cents bhiksuns, et s'installe la salle de la Haute-Terrasse ( Ktgra-l). Elle entend les bhiksus dire que le Tathgata doit entrer avant trois mois dans le Nirvana, Kucinagara. Elle ne se sent pas la force de supporter un pareil coup: elle devancera le Tathgata et Ananda dans le Nirva. Elle communique son intention au Bouddha, qui garde le silence, et le prie de prcher dsormais les Dfenses aux bhiksuns. Elle tourne sept fois autour de Bhagavat, sept fois autour d'nanda, sept fois autour de la communaut des religieux. Elle informe ensuite de son projet les cinq cents bhiksuns, Utpalavarn, airis, etc. [liste], qui prennent la mme dtermination et font les mmes dmarches, et retournent au monastre. Gautam ferme la porte, touche avec un maillet la terre, fait apparatre des siges; elle s'lve dans l'espace, s'y manifeste dans les quatre attitudes, fait jaillir du feu sur son corps, de l'eau au-dessous, puis inversement, puis droite et gauche, puis en avant et en arrire, puis elle reparait assise les jambes croises, puis elle passe par les quatre dhynas et les ayalanas,

[165] 113 reprend la srie dans l'ordre inverse, refait encore les mmes tapes, et enfin elle entre dans le Nirvana. La terre tremble, les rgions s'lvent et s'abaissent alternativement, un vent frais souffle des quatre points cardinaux; musique cleste, pluie de fleurs, de parfums. Les cinq cents bhiksuns [liste] entrent de mme dans le Nirvana. Il y avait alors dans Vail un gnral du nom de Ye-chou-t'i(Yaoda) qui commandait cinq cents jeunes princes; ils voient les miracles des cinq cents bliiksuns, bondissent de joie, joignent les mains, et se dirigent vers ce lieu. Bhagavat charge nanda de demander Yaoda cinq cents lits, cinq cents siges, cinq cents vases, cinq cents flacons, cinq cents charrettes de fleurs, autant de parfums, aut