ACTUALITÉS EN BLITZ PAR · La tendance historique était de voir les fédérations euro-péennes...

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5 4 www.europe-echecs.com E n 2007, Tromsø s’était portée candidate à l’organisation des Jeux Olympiques d’hiver 2018. Un an plus tard, elle renonçait, les orga- nisations sportives régionales ayant jugé que « cela aurait coûté trop cher ». Ce port de l’Arctique de 65 000 habitants s’était engagé parallèlement dans la course à l’Olympiade 2014. Sauf que les infrastructures hôtelières initialement prévues dans la perspective des J.O. n’ont jamais été construites. D’où la pénurie de chambres de « standing olympique » constatée par de nombreuses délégations. L’équipe de France masculine, par exemple, décida de changer d’hô- tel dès son arrivée. Concernant les chambres qui leur avaient été attribuées, « c’était la cata », a déclaré Romain Edouard. L a 11 e et dernière ronde des Olympiades a été endeuillée par la dispari- tion de Kurt Meier, qui jouait au 2 e échiquier des Seychelles. Ce joueur de 67 ans, d’origine suisse, a été victime d’une crise cardiaque lors de sa partie contre le joueur rwandais Niyibizi. Tous les matchs furent inter- rompus pour permettre aux services de secours d’intervenir rapidement et dans le calme. Malheureusement ils n’ont pu constater que le décès. À ses côtés, se tenaient son fils Peter, 1 er échiquier de l’équipe, ainsi que son épouse, membre de l’équipe féminine. L ’AIDEF a tenu son assemblée géné- rale, le 7 août, à Tromsø. Après le suc- cès de ses 2 e Rencontres Internationales, au Liban, en juin, un appel d’offres a été lancé pour l’organisation de la 3 e édition, en 2015. Lors du cocktail de clôture qui a suivi, Kirsan Ilyumzhinov a rendu visite aux représentants échiquéens de la Francophonie. Sans attendre sa réélec- tion, le président de la FIDE « a généreu- sement promis une somme de 30 000 dol- lars de prix pour ce prochain tournoi », a rapporté Patrick Van Hoolandt, le prési- dent de l’AIDEF. Les fédérations tuni- sienne et ivoirienne ont déjà fait part de leur intérêt. Le pays hôte choisi ainsi que les dates exactes seront connus en fin d’année. L a championne du monde a perdu sa partie décisive face à la néo Russe Katerina Lagno, aux Olympiades. C’était au 1 er échiquier et la Chine a perdu ce match au sommet sur le score de 3-1. Cette défaite ne pouvait entacher la progression phénoménale de Yifan Hou : +32 au 1 er août après avoir survolé le Grand Prix féminin de Lopota en juin (+18) et enregistré un gain de 14 points au tournoi de Grands-Maîtres de Bienne. Avec son nouvel Elo à 2661, la Chinoise a réalisé l’exploit de devenir la 2 e joueuse de l’histoire à accéder au Top 100 mondial, s’inscrivant à la 87 e place ! La 1 re fut bien sûr Judit Polgar, qui a annoncé sa retraite sportive au lendemain des Olympiades. Lisez l’interview de Yifan dans la rubrique « Joueuse du mois » ! Le port de Tromsø. 177 équipes engagées dans le tournoi mixte de cette 41 e Olympiade. Elles n’étaient que 157 à Istanbul en 2012 et 148 à Khanty-Mansiysk en 2010. L’évolution est aussi remarquable chez les Féminines : 136 équipes à Tromsø, 127 en 2012 et 115 en 2010. Cet engouement témoigne du raz-de-marée échiquéen qui déferle sur le monde. Les Olympiades sont devenues un événement pla- nétaire gigantesque. Chaque équipe doit ali- gner 4 échiquiers. La plupart d’entre elles comptent en plus un remplaçant. La ville hôte doit donc avoir la capacité d’accueillir un total de près de 1500 compétiteurs, durant deux semaines, sans compter les innombrables entraîneurs, arbitres, etc. L es assemblées générales élec- tives à la présidence de la FIDE et de l’ECU se tiennent tradition- nellement tous les quatre ans, dans le cadre des Olympiades. Chaque nation dispose d’une voix, quel que soit le nombre de ses licenciés. C’est l’idéal démocratique. En 2014, il y eut 175 votants avec 110 voix pour Kirsan Ilyumzhinov, 61 pour Kasparov et 4 bulletins nuls. En 2010, 170 fédérations étaient représentées, soit sept de moins. La tendance est là encore à l’uni- versalisme. Au coup d’envoi de cette 41 e édition, le 1 er août, 197 pays étaient reconnus officielle- ment par l’ONU (Organisation des Nations Unies). Seuls 22 pays au monde n’étaient pas représentés à Tromsø. © SUSAN POLGAR / PAUL TRUONG ET STANDING OLYMPIQUE... UNIVERSALISME DES ÉCHECS © SUSAN POLGAR / PAUL TRUONG S i la continuité a prévalu du côté de la FIDE, l’ECU a changé de tête avec l’élection du challenger Zurab Azmaïparashvili. Le Géorgien, qui bénéficiait du soutien de Kirsan Ilyumzhinov, a devancé l’ancien président, le Bulgare Silvio Danailov : 37 voix contre 18 ! Ce basculement n’était pas inattendu, mais son ampleur impressionne. La tendance historique était de voir les fédérations euro- péennes exprimer leurs suffrages au profit du candidat « non pro Russie », comme un contrepoids politique à la FIDE. Paradoxalement, ce vote massif en faveur du candidat géorgien est intervenu alors que l’Europe politique s’est engagée dans un bras de fer diplomatique et économique contre la Russie de Vladimir Poutine. L’assemblée générale élective de la FIDE. EUROPE : UN NOUVEAU CAP Le corps arbitral de la 41 e Olympiade. COPYRIGHT CHESS-NEWS.RU Kirsan Ilyumzhinov avec les membres de la Francophonie. Yifan Hou à Bienne. © AIDEF FRANCOPHONIE : BONUS DE LA FIDE Zurab Azmaïparashvili © SUSAN POLGAR / PAUL TRUONG ACTUALITÉS EN BLITZ FESTIVAL DE BIENNE GIGANTISME DES OLYMPIADES YIFAN DANS LE TOP 100 IN MEMORIAM KURT MEIER PAR JEAN-MICHEL PÉCHINÉ

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En 2007, Tromsø s’était portée candidate à l’organisation des JeuxOlympiques d’hiver 2018. Un an plus tard, elle renonçait, les orga-

nisations sportives régionales ayant jugé que « cela aurait coûtétrop cher ». Ce port de l’Arctique de 65 000 habitants s’était engagéparallèlement dans la course à l’Olympiade 2014. Sauf que lesinfrastructures hôtelières initialement prévues dans la perspectivedes J.O. n’ont jamais été construites. D’où la pénurie de chambres de« standing olympique » constatée par de nombreuses délégations.L’équipe de France masculine, par exemple, décida de changer d’hô-tel dès son arrivée. Concernant les chambres qui leur avaient étéattribuées, « c’était la cata », a déclaré Romain Edouard. �

L a 11e et dernière ronde des Olympiades a été endeuillée par la dispari-tion de Kurt Meier, qui jouait au 2e échiquier des Seychelles. Ce joueur

de 67 ans, d’origine suisse, a été victime d’une crise cardiaque lors de sapartie contre le joueur rwandais Niyibizi. Tous les matchs furent inter-rompus pour permettre aux services de secours d’intervenir rapidementet dans le calme. Malheureusement ils n’ont pu constater que le décès.À ses côtés, se tenaient son fils Peter, 1er échiquier de l’équipe, ainsi queson épouse, membre de l’équipe féminine. �

L’AIDEF a tenu son assemblée géné-rale, le 7 août, à Tromsø. Après le suc-

cès de ses 2e Rencontres Internationales,au Liban, en juin, un appel d’offres a étélancé pour l’organisation de la 3e édition,en 2015. Lors du cocktail de clôture quia suivi, Kirsan Ilyumzhinov a rendu visiteaux représentants échiquéens de laFrancophonie. Sans attendre sa réélec-tion, le président de la FIDE « a généreu-sement promis une somme de 30 000 dol-lars de prix pour ce prochain tournoi », arapporté Patrick Van Hoolandt, le prési-dent de l’AIDEF. Les fédérations tuni-sienne et ivoirienne ont déjà fait part deleur intérêt. Le pays hôte choisi ainsi queles dates exactes seront connus en find’année. �

La championne du monde a perdu sa partie décisive face à la néo Russe KaterinaLagno, aux Olympiades. C’était au 1er échiquier et la Chine a perdu ce match

au sommet sur le score de 3-1. Cette défaite ne pouvait entacher la progressionphénoménale de Yifan Hou : +32 au 1er août après avoir survolé le Grand Prixféminin de Lopota en juin (+18) et enregistré un gain de 14 points au tournoi deGrands-Maîtres de Bienne. Avec son nouvel Elo à 2661, la Chinoise a réalisél’exploit de devenir la 2e joueuse de l’histoire à accéder au Top 100 mondial,s’inscrivant à la 87e place ! La 1re fut bien sûr Judit Polgar, qui a annoncé sa retraitesportive au lendemain des Olympiades. Lisez l’interview de Yifan dans la rubrique« Joueuse du mois » ! �

Le port de Tromsø.

177équipes engagées dans le tournoimixte de cette 41e Olympiade. Elles

n’étaient que 157 à Istanbul en 2012 et 148 àKhanty-Mansiysk en 2010. L’évolution estaussi remarquable chez les Féminines : 136équipes à Tromsø, 127 en 2012 et 115 en 2010.Cet engouement témoigne du raz-de-maréeéchiquéen qui déferle sur le monde. LesOlympiades sont devenues un événement pla-nétaire gigantesque. Chaque équipe doit ali-gner 4 échiquiers. La plupart d’entre ellescomptent en plus un remplaçant. La ville hôtedoit donc avoir la capacité d’accueillir un totalde près de 1500 compétiteurs, durant deuxsemaines, sans compter les innombrablesentraîneurs, arbitres, etc. �

L es assemblées générales élec-tives à la présidence de la FIDE

et de l’ECU se tiennent tradition-nellement tous les quatre ans, dansle cadre des Olympiades. Chaquenation dispose d’une voix, quelque soit le nombre de ses licenciés.C’est l’idéal démocratique. En2014, il y eut 175 votants avec 110voix pour Kirsan Ilyumzhinov, 61pour Kasparov et 4 bulletins nuls.En 2010, 170 fédérations étaientreprésentées, soit sept de moins.La tendance est là encore à l’uni-versalisme. Au coup d’envoi decette 41e édition, le 1er août, 197pays étaient reconnus officielle-ment par l’ONU (Organisation desNations Unies). Seuls 22 pays aumonde n’étaient pas représentés àTromsø. �

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S i la continuité a prévalu du côté de la FIDE, l’ECU a changé de tête avecl’élection du challenger Zurab Azmaïparashvili. Le Géorgien, qui bénéficiait

du soutien de Kirsan Ilyumzhinov, a devancé l’ancien président, le Bulgare SilvioDanailov : 37 voix contre 18 ! Ce basculement n’était pas inattendu, mais sonampleur impressionne. La tendance historique était de voir les fédérations euro-péennes exprimer leurs suffrages au profit du candidat « non pro Russie », commeun contrepoids politique à la FIDE. Paradoxalement, ce vote massif en faveur ducandidat géorgien est intervenu alors que l’Europe politique s’est engagée dans unbras de fer diplomatique et économique contre la Russie de Vladimir Poutine. �

L’assemblée générale élective de la FIDE.

EUROPE : UN NOUVEAU CAP

Le corps arbitral de la 41e Olympiade.

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Kirsan Ilyumzhinov avec les membres de la Francophonie.

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GIGANTISME DES OLYMPIADES

YIFAN DANS LE TOP 100

IN MEMORIAM KURT MEIER

PAR JEAN-MICHEL PÉCHINÉ

ACTUALITÉS EN BLITZ

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FIER À CANNES,FEDORCHUK

À PARIS

Fedorchuk déjà vainqueur à Paris en 2012

U ne petite audience estivale àCannes où 51 joueurs se sont

engagés dans le Tournoi A, du 5 au13 juillet. Ils étaient 83 en 2013. Letotal des prix était aussi en baisse :4 000 euros dont 1 500 au 1er, contre6 000 euros un an plus tôt. LeBrésilien Fier s’est imposé audépartage avec 6,5/9 devantDelorme, Malaniuk et Pile. Cettetendance baissière s’est vérifiée auCham pionnat de Paris, oùl’Ukrainien Fedorchuk a gagnél’immuable 1er prix de 3 000 euros.Seuls 41 compétiteurs ont disputél’open FIDE. Ils étaient 45 en 2013,63 en 2012. Les organisateurs trico-lores passeraient-ils à côté du booméchiquéen ? Doivent-ils changer de

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V aincu dès la 1re ronde par l’outsi-der allemand Georg Meier, le

Russe n’a jamais réussi à entrer dansson tournoi : 7e et avant-dernier avec2,5/7 (=5 -2). Kramnik, tête de sérien°2, visait pourtant un 11e titre dansla Ruhr. Cette contre-performancelui a coûté 17 points Elo. Au classe-ment du 1er août, l’ancien championdu monde était relégué à la 10e placemondiale à 2760. À la 9e, on retrouvaitMaxime Vachier-Lagrave (2768),23 ans, son ancien coéquipier duNAO Chess Club. Kramnik a déjàdéclaré qu’il arrêterait sa carrière à40 ans. Il les fêtera le 25 juin 2015.Reviendra-t-il sur sa décision – neserait-ce que pour briller une ultimefois dans son fief de Dortmund, enjuillet prochain ? �©

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DORTMUND : KRAMNIK 7e

Kramnik aux Olympiades de Tromsø.

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DORTMUND : CARUANA, ET DE 2 !

Fabiano Caruana.

T andis que Kramnik sombrait à la7e et dernière ronde vaincu par

Ponomariov, Fabiano Caruana rayon- nait ! L’Italien, 22 ans, venait de rem-porter son 2e titre d’affilée en annu-lant en 31 coups avec les Noirs faceà Peter Leko. Impressionnant d’ai-sance, le favori s’est imposé « à lamanière de Kramnik » : invaincuavec 5,5/7 (+4 =3) et un point etdemi d’avance sur le Hongrois, unautre habitué de Dortmund ! Cettesaison 2014 pourrait décidémentmarquer la fin d’une époque. Lessuper tournois semblent désormaispromis aux ex-prodiges, dans lalignée de Magnus Carlsen. �

Je ne crois pas que quelque chosechangera. Dans quelques mois,les nations qui ont voté pourIlyumzhinov réaliseront qu’ellesont voté pour le passé, et pas pourle futur.

Garry Kasparov, le 8 août à Tromsø

Dans les quatre prochaines années, j’ail’intention de voir les échecs acheverleur transformation, d’un jeu vieux deplusieurs siècles à un sport moderne etexcitant et une puissante plate-formeéducationnelle.

Kirsan Ilyumzhinov, le 12 août à Tromsø

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ACTUALITÉS EN BLITZ

L e mois dernier, je vous avais ras-surés sur la tenue de l’Olympiadede Tromsø, alors que s’était

répandue la rumeur selon laquelle sonorganisation pouvait être en danger. Ilétait si facile de supposer que l’inverseétait vrai. Je vous écris aujourd’huiavec ma valise ouverte, posée sur monlit et la difficile tâche de choisir exac-tement ce que je vais jeter à la face decette météo arctique si déroutante.

Oublier le football !Réfléchir à Tromsø et ses quelques180 équipes colorées, à la mise enlumière de tant de cultures et d’écolesd’échecs différentes, me fait penser auproblème éternel de la spectacularisa-tion des échecs. Depuis trop long-temps, les responsables politiques onttenté de rendre le jeu plus populaire enraccourcissant les cadences. Avec l’ab-surde conviction que cette accélérationdes choses pourrait faciliter l’arrivéedu jeu à la télévision et son irruptiondans les médias de masse – tout en évi-tant que l’on perde au temps en géné-ralisant la « cadence Fischer » avecincrément. Le tout avec la volontéd’imiter leurs homologues du football.Aussi minime que soit mon influencesur la scène échiquéenne, je voudraiscrier haut et fort que ce n’est pas labonne direction. Les échecs tradition-nels ne seront jamais spectaculaires.Leurs règles sont trop complexes pourêtre comprises par le grand public. Lescoups d’éclat de Magnus ou de Vishy,contrairement à ceux de Léo Messi ouMiroslav Klose, ne seront jamaisfaciles à saisir par le quidam moyen.Mais nous ne devons pas désespérer.Les échecs sont spectaculaires à plusd’un titre, et ils le resteront toujourstant que nous ne chercherons pas àjouer contre-nature.

Tension dramatique La quadruple championne du mondede gymnastique rythmique DanielaMasseroni, lors de son passage àl’ACP Golden Classic de Bergame, atrès bien résumé son sentiment : « Siles échecs et la gymnastique ryth-mique sont totalement différents dansleur expression corporelle, sur la

scène, je pouvais percevoir la mêmetension que celle que j’avais l’habitudede ressentir quand j’entrais sur le tapisde sol. Les émotions des joueursd’échecs sont clairement semblablesaux sensations que j’éprouvais. C’estquelque chose de difficile à compren-dre si vous n’avez jamais pratiqué l’unde ces deux sports. » Daniela a tapédans le mille ! Les échecs sont specta-culaires car ils sont tendus et hyperdramatiques. Quiconque pénètre dans

une salle de jeu avant le début desparties ne peut manquer de remarquercette concentration, cette atmosphèredense et pesante qui entoure chaqueéchiquier quand les joueurs décidentd’appliquer ou non leurs décisionsd’avant-match. Il est inutile de rendrece processus plus rapide ou plus« facile ». Au contraire, garder descadences lentes favorise la qualité dujeu, en pesant encore plus sur la res-ponsabilité des joueurs à chacun deleurs coups. C’est ce que nous avonsfait à Bergame en imposant unecadence lourde de 2h30 pour les 40premiers coups. En outre, éviterl’usage de la pendule Fischer nousramène à ces électrisantes phases dezeitnot, quand les joueurs et le publicressentent les montées d’adrénalinesuccessives. Tous les spectateurs necomprendront pas ce qui se trame danscette partie complexe opposant deux

super GMI, mais chacun sentira etappréciera qu’un drame puisse se jouerdans ces moments clés, surtout s’il y ade bons commentateurs en cabine.

ProfessionnaliserSi nous voulons exploiter au mieux lesparticularités des échecs, nous nedevrions pas les changer. Nous avonsplutôt besoin de créer de nouvellescompétences. La technologie a déjàparcouru un long chemin dans notreunivers. Au début, Internet nous a per-mis d’affronter des rivaux se trouvantdans les régions les plus éloignées dumonde. Ensuite de diffuser les coupsdes parties en direct et, aujourd’hui,d’avoir des retransmissions vidéo. Àplus d’un titre, le site officiel du tour-noi est devenu un outil majeur pourprendre du plaisir et promouvoir lejeu. Tout ce que nous avons à faire estd’exploiter les moyens mis à notredisposition et de créer de nouvellesprofessions. Nous avons besoin decommentateurs et de faiseurs d’opi-nion professionnels, de photographeset de cameramen pro, de directeursde tournois et d’organisateurs pro, dewebmasters pro, et de tout ce qui peutêtre professionnalisé. Nous ne pou-vons plus nous cacher derrière cetteexcuse selon laquelle : « La télé nediffusera jamais les échecs, nous nepourrons donc jamais toucher le grandpublic... » Oublions ce fameux grandpublic et misons plutôt sur nos pointsforts !

Innover Les échecs sont un tel objet de fasci-nation. Ils sont universels, exigeants,et on peut y jouer n’importe où. Ilspeuvent être commentés de multiplesfaçons et on peut les raconter de tantde façons différentes. Le jeu peutcompter sur un public dévoué, avecune audience durable. Cette ciblehomogène peut allécher de nombreuxresponsables marketing. À nous detrouver de nouvelles idées originalespour promouvoir le jeu et susciter unintérêt croissant ! Par essence, lesimitateurs ne sont jamais que lesseconds... �

YURI GARRETT

Les coups d’éclat de Magnus oude Vishy, contrairement à ceux deLéo Messi ou Miroslav Klose, neseront jamais faciles à saisir parle quidam moyen. Mais nous nedevons pas désespérer. Leséchecs sont spectaculaires à plusd’un titre, et ils le resteront tou-jours tant que nous ne cherche-rons pas à jouer contre-nature.

L’ŒIL DE YURI GARRETT

SPECTACULARISATION : IMITER OU INNOVER ?