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Les distributeurs l’ont bien compris, les programmes pour le jeune public font fureur au cinéma. En famille, avec l’école et même dès la crèche, les enfants fréquentent les salles obscures de plus en plus jeunes. À chaque âge son programme. 14 les camarades, les disputes, la vie de famille, etc. Les enjeux simples et identifiables (en regard de la propre expérience des jeunes spectateurs) suscitent les commentaires et per- mettent l’interaction. Mais, selon nous, le conteur reste la bonne trouvaille ludique et péda- gogique de la série. En effet, Hippolyte Girardot accompagne pas à pas les films d’une voix chaleureuse. Non seulement, il prend en charge le récit (la description verbale de ce qui se joue sur l’écran), mais il assure aussi la continuité du programme en s’adressant directement aux enfants entre les films : “Voilà, tous les ani- maux sont là, le premier film peut commencer”, “Maintenant on va regar- Il fut un temps où les salles de cinéma étaient interdites aux moins de trois ans. Ce n’est plus le cas depuis 2007, et certaines salles baissent même le volume sonore alors que d’autres s’ouvrent aux “très petits” (moins de dix-huit mois). Les distri- buteurs ont d’ailleurs pris l’habitude d’indiquer l’âge minimal pour chaque programme, même si cela dépend plutôt des enfants, de leur maturité et de leur rapport à l’image. L’accompagnement familial ou scolaire est fondamental pour les aider à comprendre ce qui se déroule devant leurs yeux, à exprimer leurs émotions, voire à prolonger la séance par des activités pédagogiques. Bref, au cinéma, on peut apprendre en s’amusant. Pour la rentrée scolaire, pas moins de quatre programmes sortent en salles pour les tout-petits, dès deux ans : Coucou nous voilà !, La petite taupe, Pat et Mat et Minopolska. Coucou nous voilà ! est le second volet d’une série de courts métrages suédois, adaptée des livres jeunesse à grand succès de Stina Wirsén (2005), et distribué par Folimage. C’est un programme volontairement conçu sur des bases pédagogiques : identification aux personnages, struc- ture répétitive, etc. Chaque court métrage dure quatre minutes et met en scène des animaux, toujours les mêmes, dans des situations de la vie quotidienne d’un enfant : le jeu avec der un autre film. ” Et, à la fin de chaque épisode, il résume l’histoire afin de mettre des mots sur les émo- tions éprouvées : “Heureusement qu’on peut redevenir amis, même si on s’est battus et mordus !fontaine de jouvence Les films pour la jeunesse res- tent-ils jeunes plus longtemps ? Derrière la boutade, un constat très sérieux : ces programmes résistent particulièrement bien au pas- sage du temps et aux soubresauts des modes visuelles. Ainsi des deux programmes d’animation tchèque annoncés eux aussi pour la rentrée : Pat et Mat et Le carnaval de la petite taupe. Pat et Mat, réalisé par Marek Benes (à la suite de son père Lubomir Benes, qui créa la série en 1976), déboule sur nos écrans en octobre. On y découvre deux amis aux éter- nels bonnets vissés sur la tête qui bricolent tous azimuts pour amé- liorer leur quotidien. Ces deux MacGyver en puissance créent un aspirateur automatisé, construisent une piscine de bric et de broc, et réin- ventent à leur façon le recyclage du papier. Leur énergie, leurs cascades et leur maladresse sont portées par le dynamisme de la réalisation. Et dire que ces deux énergumènes ont déjà presque quarante ans ! Compatriote, Le carnaval de la petite taupe de Zdenek Miler, distri- bué comme les deux précédents volets par les Films du Préau, compte parmi les indémodables (1963-1976). Son secret ? Une adorable taupe dodue, drôle et facétieuse évolue dans un univers poétique aux accents buco- liques. Curieuse, elle s’empare de tout ce qui se trouve sur son chemin: un parapluie, un tuyau d’arrosage, des sucettes aux couleurs acidulées ou des masques de carnaval abandon- nés après une fête. Cela permet à l’en- fant de porter un regard nouveau sur des objets par ailleurs connus, avec l’alibi du burlesque. Le dessin haut en couleurs semble hors du temps, impression renforcée par l’absence de paroles intelligibles, savamment Bref 112 / 2014 – VOLUME 3 ACTUALITÉS jeune public L’ENFANCE AU CINÉMA BREF112-ACTUALITÉS_4-17 09/07/14 14:39 Page14

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Les distributeurs l’ont bien compris, les programmes pour le jeune publicfont fureur au cinéma. En famille, avec l’école et même dès la crèche, les

enfants fréquentent les salles obscures de plus en plus jeunes. Àchaque âge son programme.

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les camarades, les disputes, la vie defamille, etc. Les enjeux simples etidentifiables (en regard de la propreexpérience des jeunes spectateurs)suscitent les commentaires et per-mettent l’interaction.

Mais, selon nous, le conteur restela bonne trouvaille ludique et péda-gogique de la série. En effet, HippolyteGirardot accompagne pas à pas lesfilms d’une voix chaleureuse. Nonseulement, il prend en charge le récit(la description verbale de ce qui sejoue sur l’écran), mais il assure aussila continuité du programme ens’adressant directement aux enfantsentre les films : “Voilà, tous les ani-maux sont là, le premier film peutcommencer”, “Maintenant on va regar-

Il fut un temps où les salles decinéma étaient interdites aux moinsde trois ans. Ce n’est plus le cas depuis2007, et certaines salles baissentmême le volume sonore alors qued’autres s’ouvrent aux “très petits”(moins de dix-huit mois). Les distri-buteurs ont d’ailleurs pris l’habituded’indiquer l’âge minimal pour chaqueprogramme, même si cela dépendplutôt des enfants, de leur maturitéet de leur rapport à l’image.

L’accompagnement familial ouscolaire est fondamental pour lesaider à comprendre ce qui se dérouledevant leurs yeux, à exprimer leursémotions, voire à prolonger la séancepar des activités pédagogiques. Bref,au cinéma, on peut apprendre ens’amusant.

Pour la rentrée scolaire, pas moinsde quatre programmes sortent ensalles pour les tout-petits, dès deuxans : Coucou nous voilà !, La petitetaupe, Pat et Mat et Minopolska.

Coucou nous voilà! est le secondvolet d’une série de courts métragessuédois, adaptée des livres jeunesseà grand succès de Stina Wirsén(2005), et distribué par Folimage.C’est un programme volontairementconçu sur des bases pédagogiques :identification aux personnages, struc-ture répétitive, etc. Chaque courtmétrage dure quatre minutes et meten scène des animaux, toujours lesmêmes, dans des situations de la viequotidienne d’un enfant : le jeu avec

der un autre film.” Et, à la fin dechaque épisode, il résume l’histoireafin de mettre des mots sur les émo-tions éprouvées : “Heureusementqu’on peut redevenir amis, même sion s’est battus et mordus !”

fontaine de jouvenceLes films pour la jeunesse res-

tent-ils jeunes plus longtemps ?Derrière la boutade, un constat trèssérieux : ces programmes résistentparticulièrement bien au pas-sage du temps et aux soubresautsdes modes visuelles. Ainsi des deuxprogrammes d’animation tchèqueannoncés eux aussi pour la rentrée :Pat et Mat et Le carnaval de la petitetaupe.

Pat et Mat, réalisé par MarekBenes (à la suite de son père LubomirBenes, qui créa la série en 1976),déboule sur nos écrans en octobre.On y découvre deux amis aux éter-nels bonnets vissés sur la tête quibricolent tous azimuts pour amé-liorer leur quotidien. Ces deuxMacGyver en puissance créent un

aspirateur automatisé, construisentune piscine de bric et de broc, et réin-ventent à leur façon le recyclage dupapier. Leur énergie, leurs cascadeset leur maladresse sont portées parle dynamisme de la réalisation. Etdire que ces deux énergumènes ontdéjà presque quarante ans !

Compatriote, Le carnaval de lapetite taupe de Zdenek Miler, distri-bué comme les deux précédents voletspar les Films du Préau, compte parmiles indémodables (1963-1976). Sonsecret ? Une adorable taupe dodue,drôle et facétieuse évolue dans ununivers poétique aux accents buco-liques. Curieuse, elle s’empare de toutce qui se trouve sur son chemin : unparapluie, un tuyau d’arrosage, dessucettes aux couleurs acidulées oudes masques de carnaval abandon-nés après une fête. Cela permet à l’en-fant de porter un regard nouveau surdes objets par ailleurs connus, avecl’alibi du burlesque. Le dessin haut encouleurs semble hors du temps,impression renforcée par l’absencede paroles intelligibles, savamment

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poraines. Et cette teinte surannéeconfère finalement au programmeun peu de magie supplémentaire etune portée intemporelle.

Signes des temps où l’on prend“l’éducation à l’image” au sérieux, tous

ces programmes sont accompagnésde dossiers pédagogiques pour lesenseignants et les parents, et sontsouvent édités en DVD. Une bonnefaçon de prolonger l’expérience dela salle obscure.

Sylvie Delpech

remplacées par la musique et de légersgazouillis, comme un espéranto poé-tico-enfantin.

“Si le réalisateur veut utiliser desdialogues, c’est qu’il n’a pas terminéson film […] Le film parfait, c’est celuiqui raconte quelque chose sans unmot, c’est pour ça que la musique esttrès importante […] elle n’est pas seu-lement illustrative, mais [elle sert] au

sens et rééquilibre le film” affirmeZbigniew Zmudzki, président du stu-dio de films d’animation polonaisSe-ma-For. Cette réflexion sur le lan-gage audio-visuel, cette exigencede clarté et cette rigueur de concep-tion distinguent particulièrementle programme Minopolska, une sériede courts métrages polonais pro-duits dans les années 1960. LaPologne a une longue tradition defilms d’animation pour enfants etles six films présentés offrent unpanel de son savoir-faire (peinturesur celluloïd, marionnettes, jouets).Certes, le travail du temps a marquéces copies anciennes, mais l’ingé-niosité des marionnettes rivaliseavec les images de synthèse contem-

Voir et revoir les filmsdifféremmentLe carnaval de la petite taupe sort le 17 septembre. Commetous les programmes des Films du Préau, un dossier pédagogiqueest téléchargeable sur www.lesfilmsdupreau.com. Dès deux ans.Coucou nous voilà! sort le 24 septembre. Le kit pédagogiqueproposé par le CNDP de Lyon est téléchargeable sur www.coucou-nousvoila-lefilm.fr. Dès deux ans.Minopolska sort le 8 octobre. Un dossier pédagogique est dis-ponible sur www.malavidafilms.com. Ce programme sera édité enDVD, en 2015, par Malavida. Dès trois ans.Pat et Mat sort le 15 octobre. Les documents pédagogiques sontproposés sur le site du distributeur www.cinema-public-films.com.Dès trois ans.

Estampillés sept ans et plus, les films proposésdans le programme Les fantastiques livres volantsde Morris Lessmore vont en ravir plus d’un. Conçusautour de deux courts métrages d’animation osca-risés, ils explorent la thématique de l’imaginaire.

Le court métrage qui donne son titre au pro-gramme a reçu l’Oscar en 2012. Monsieur MorrisLessmore, sous ses allures de Buster Keaton, entredans le monde magique des livres qui redonnentvie et couleurs à ceux qui les aiment. Une allégo-rie aux teintes rétro et mélancoliques sur le pou-voir des mots à soigner les blessures les plus intimes.

Autre allégorie sur l’art pictural, cette fois-ci,comme nourriture du corps et de l’esprit : Dripped

de Léo Verrier, où un voleur d’œuvres d’art croquelittéralement les tableaux de maîtres pour s’im-prégner de leur essence artistique. Ce court métrageconvoque les plus grands, de Picasso à EdvardMunch, en passant par Van Gogh, rendant finale-ment hommage à Jackson Pollock.

Mr. Hublot (Oscar 2012) suit un comptable àla routine exemplaire et son chien, nouveau com-pagnon franchement encombrant. La facture tech-nique du film, inspirée des sculptures de StéphaneHalleux faites de matériaux de récupération,donne toute sa poésie et son relief à une histoiretoute simple. Si Luminaris de Juan Pablo Zaramelloutilise la technique de la pixilation, conférant à

sa fable urbaine une tonalité plus moderne (voirle DVD #35 de la Petite collection de Bref), ondécerne le prix de la douceur au Petit blond avecun mouton blanc, où un jeune écolier laisse librecours à son imagination. L’adaptation de la BD dePierre Richard et Gwendal Le Bec est minimaliste :trait noir et quelques taches de couleurs qui entraî-nent le spectateur dans les rêveries de celui quideviendra plus tard le “Grand blond à la chaus-sure noire”.

Un dossier pédagogique est proposé sur le sitedu distributeur www.cinema-public-films.com.

SDSortie le 24 septembre 2014

Pour les plus grands

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