Action universitaire - septembre 2005

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AU 251

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universitaireuniversitairel’Action

❚ LE JOURNAL DE L’UNION NATIONALE INTER-UNIVERSITAIRE ❚ N°251 ❚ Septembre 2005 ❚ 2 Euros ❚

l’Action

L’action universitaire - page 1

UNI - LA DROITE UNIVERSITAIRE - 8, rue de Musset - 75016 Paris - ✆ 01.45.25.34.65 - fax. : 01.45.25.51.33Directeur de la publication : J. Rougeot - CPPAP 0507 G 79428 - dépôt légal troisième trimestre 2005 - Mensuel

❚ Vive le patriotisme économique

Par Guéric Jacquet

a France est devenue lasociété de toutes les

peurs, traversée par deux courantscontradictoires : le mouvement duconservatisme frileux, appuyé surles acquis sociaux et l’altermon-dialisme et le mouvement duchangement qui prône la fin dumodèle social à la française. Cettelecture binaire est très répanduedans l’opinion publique et dansles médias. Mais ces deux cou-rants ont en commun de considé-rer que la France est sur le déclin,que notre pays est à la traîne deses voisins, que notre avenir estbouché sans une vraie réformelibérale ou une vraie réformesociale, au choix des participants.

Bien sûr, la France a besoin deréformes, qui le nierait ? Mais l’ac-cumulation de mauvaises nouvel-les et de commentaires définitifssur le retard français est un desfacteurs sclérosant des dernièresannées. A force de répéter que laFrance n’avait aucune chance dansla mondialisation, les Françaissont devenus pessimistes etdécouragés … au point de refusertoute évolution et de pratiquer lapolitique de l’autruche !

La première des réformes, la mèrede toutes les réformes, est en faitpsychologique. Elle consiste àouvrir les yeux et à comprendreque les succès français sont nom-breux et riches de potentialités. Iln’y a pas une France qui désespè-re et quelques uns qui réussissenten s’exilant à Londres ! Il y a uneFrance qui gagne et des réformesà mener.

Prenons un exemple : la pauvreté.A l’occasion de la journée mon-diale du refus de la misère 2004,le journal Le Monde titrait «Pauvreté : la France sur la mauvai-se pente » (17-18 octobre 2004).Son sous-titre explicite « La pauv-reté gagne du terrain en Francedepuis 2002 » avait de quoieffrayer son lectorat. Mais lecontenu de l’article était douteux.Une petite phrase, en premièrepage, suffit à remettre en causel’objectivité du propos : « toutlaisse à penser, même si aucunestatistique globale récente n’estdisponible, que la pauvreté a eutendance à repartir à la haussedepuis 2002 ». Tout est bon pouraffirmer que la France est sur ledéclin. L’exclusion et la pauvreté

L

Voile : après l’Ecole,l’Université

Le voile islamique a toujours étépour les mouvements musul-mans les plus fondamentalistesl’étendard de leurs revendica-tions politiques mais aussi unmoyen de tester la résistance etla fermeté des autoritéspubliques.

De l’école

L’Ecole fut leur première cible.En 1989, deux jeunes filles sontexclues du collège de Creil parcequ’elles refusent d’enlever leurfoulard en cours. Cet incidentsera instrumentalisé par desassociations proche de l’UOIFqui en profiteront pour se faireconnaître, et encadreront les jeu-nes filles dans ce qui sera connucomme l’affaire du foulard deCreil. A cette époque, sous la pressiond’associations anti-racistes etd’intellectuels, le gouvernementsocialiste adoptera une positionmi-chèvre mi-chou. Cette fai-blesse de l’exécutif sera perçuepar les associations fondamenta-listes comme un encouragementet le port du voile va se dévelop-per dans les établissementspublics.

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ne sont pas en progression. Ellesont très fortement baissé dans lestrente dernières années. Le taux depauvreté monétaire, soit la propor-tion de ménages dont le niveau devie est inférieur à la moitié duniveau de vie médian, s’élevait à15% des ménages en 1970. Lesménages pauvres représentaient7,4% de la population en 1984 et6,1% en 2001. La diminution de lapauvreté est un des plus grandssuccès français, toujours oubliée,afin de faire croireque notre sociétén’est pas solidaire.

Participe bien sûr audéclin, voire à ladécadence française,notre vieillissementd é m o g r a p h i q u einéluctable. Un paysconquérant a-t-il unavenir sans préparerla relève ?

Notre bilan démogra-phique fait pourtantenvie à nos voisins.En 2003, près de 800000 bébés sont nés,soit autant qu’en1985. Il est vrai quel’indice de féconditéest légèrement infé-rieur à 2. Mais cetindice est bien supé-rieur à celui de nom-breux pays euro-péens. Surtout, auterme de leur vieféconde, les femmesont toujours plus de 2 enfants enmoyenne. Les femmes nées en1963, enfants du baby-boom, depilule et de l’émancipation, ont eu2,03 enfants en moyenne à l’âge de40 ans. Les femmes nées en 1968,âgées de 35 ans en 2003, avaientdéjà 1,74 enfants, ce qui laisseespérer, pour les démographes unedescendance finale proche ou

supérieure à 2 enfants. Ce qui estmarquant dans notre situationdémographique, ce n’est pas sondéclin, mais sa profonde stabilité ! Malheureusement, la France n’estpas le meilleur des pays euro-péens, nous ne sommes que ledauphin. Peut-être le déclin com-mence-t-il à la deuxième place ?En 2003, l’Irlande détenait le plusfort taux d’accroissement naturel(7,1 pour mille habitants), suiviede la France, uniquement le terri-

toire métropolitain (4 pour millehabitants). Ce solde est négatif enItalie, en Grèce et en Allemagne,pays où l’on enregistre plus dedécès que de naissances… Parcontre, la France occupe une posi-tion unique dans l’Union euro-péenne : le solde naturel représen-te 80% de sa croissance démogra-phique, c’est-à-dire que l’augmen-

tation de notre population reposetrès peu sur l’immigration, aucontraire des autres pays.

Un autre exemple enfin : la pré-tendue incapacité de la France às’intégrer dans la mondialisation.C’est évident, regardez les déloca-lisations ! Non, c’est faux. LaFrance est le 4ème pays au niveaumondial pour sa capacité àaccueillir des investissementsétrangers. On nous serine l’histoi-

re du travailleur fran-çais dans l’industriedu textile qui voit sonemploi partir enChine. Mais qui parlede la victoire de laFrance pour accueillirle réacteur ITER àCadarache enProvence ? Qui parledu laboratoire amé-ricain Eli Lilly, quiinvestit en Alsace etcrée une centained’emplois de plus en2004 pour développerson site de productiond’insuline et d’anti-cancéreux, aveccomme critères dechoix la localisationau cœur du marchéeuropéen, la qualitéde la main-d’œuvrelocale et le potentieluniversitaire et scien-tifique ? Qui rappelleque L’Oréal est numé-ro 1 mondial des cos-métiques ou que

Renault rachète les entreprisesautomobile japonaises alors qu’ondisait la firme au losange en étatde mort clinique il y a dix ans ?C’est tellement mieux de se mor-fondre sur le déclin ! Au fond, lavraie question n’est-elle pas : vaut-il mieux vendre des Airbus, desTGV et des médicaments auxChinois et acheter leur T-Shirts ou

“La France qui gagne”

Et si la France avaitaussi ses succès ?C’est à cette questionque répond l’essaiécrit par Nicolas etGuéric Jacquet. Acontre pied de lasinistrose ambiante,les auteurs présen-tent le portraitd’une France outout n’est pas àjeter par dessusbord. Au contraire,dans bien des sec-teurs, les françaispeuvent demeurerfier de leur Pays.

“La France qui gagne”, éditions Odile Jacob, 21 Euros

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bien l’inverse ?

Le débat sur le déclin est le débatde la mauvaise foi, c’est le procé-dé utilisé par tous ceux qui n’as-sument pas leur politique. Ainsifont les régions françaises qui pen-dant des années ont réclamé destransferts de compétences etannoncent aujourd’hui qu’ellessont contraintes d’augmenter lesimpôts locaux de 50% - jusqu’à80% en Languedoc-Roussillon,pour assumer leurs nouvellescompétences. Rien de plus faux :celles-ci n’ont pas encore ététransférées. Les élus socialistesveulent augmenter les impôts ? Adire vrai, c’est dans leur nature etc’est tout sauf une surprise. Maiscamoufler une politique derrièreun abandon de l’Etat et le déclinde la France, c’est tromper lesFrançais.

Il nous manque aujourd’hui unnouveau patriotisme économique.Cette fierté de nos réussites quiirrigue la volonté de gagner desparts de marché et de réduire lechômage. Ce dynamisme qui nouspousse à innover plutôt qu’à recu-ler frileusement. C’est en étant des« patriotes économiques », en fai-sant le choix de la France, dansl’Europe et dans la mondialisation,que nous pourrons partir de nossuccès pour construire nos réfor-mes, en redonnant un destin col-lectif à une nation de « vainqueurs» qui s’ignorent.

Le 12 septembre un pré-rapportde la Cour des comptes a épingléle comité d’entreprise d’EDF-GDF.

Un rappel des faits s’impose. LeCE des deux sociétés publiquesreçoit chaque année 1% de leurchiffre d’affaire comme le stipulela loi. Résultat, la CCAS (caissecentrale d’activités sociales), levéritable nom du CE d’EDF-GDF,perçoit ainsi 400 millions d’eurostous les ans. Ce magot est géré parla CGT qui est majoritaire auxélections professionnelles desdeux entreprises. La Centrale adonc la main mise sur les 5000emplois générés par la CCAS(parmi eux 3700 permanents dela CGT).

C’est également elle qui gère lesprestations médicales, les vacan-ces, les assurances et la restaura-tion des 580 000 employés etretraités des deux compagnies. Lagestion de ce trésor de guerre estextrêmement centralisée et donnelieu à de nombreuses luttes d’in-fluence au sein même de laCentrale syndicale.

Après des années d’impunité etd’omerta il semble que les véritéssur la gestion partisane de CCASremontent à la surface. L’ouvragede Laurence de Charrette et deMarie-Christine Tabet : “EDF unscandale Français”, avait défrayé lachronique et levé le voile sur lanature des pratiques au sein ducomité d’entreprise d’EDF-GDF.

Dorénavant, le succès littéraire alaissé place à l’enquête judiciaireouverte en 2004 pour : « abus deconfiance, escroquerie, faux etusage de faux », le tout agrémentéde lourds soupçons sur des

emplois fictifs, des prestationssurfacturées et des relations com-pliquées vis-à-vis de la CGT. Danscet inventaire à la Prévert il nefaut pas oublier les perquisitionsmenées dans les locaux du journal« l’Humanité » qui font ressortirles malversations commises par laCCAS au bénéfice de la régiepublicitaire de l’hebdomadaire.

Le pré-rapport de la Cour desComptes du 12 septembre 2005(cité au début), sur la période1998-2003, renforce les accusa-tions contre la gestion du CEd’EDF-GDF. Relevant, pour lapériode incriminée, des problè-mes importants sur des finance-ments indirects de la fête del’”Huma”, un soutien financier etlogistique important accordé auxmanifestations des intermittentsdu spectacle (probablement enlien avec le volet vacances et cul-ture des missions du CE), la miseen place d’une politique de sub-ventions déguisées au syndicat del’énergie et pour finir une gestionplus qu’opaque des 150 restau-rants et cantines gérés par le CE.

Le dossier de la CCAS est loin d’ê-tre bouclé. La CGT crie à la caba-le politique au moment où sa filiè-re mines-énergie s’oppose à l’ou-verture du capital d’EDF. Il semblequ’il s’agisse plus prosaïquement,d’un nouvel exemple de la gestiondes syndicats, qui semble basculervers une dérive mafieuse, à l’ima-ge du phénomène Corse, où doré-navant les intérêts de « la Famille» prennent le pas sur ceux desFrançais.

Comité d’entreprise EDF : Al Capone au pays des Soviets

Par Jean-Hubert Lelièvre

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Voile, après l’Ecole, l’Université(suite de la page 1)

Il faudra attendre 2003, pour que l’on se penche sérieusementsur le problème avec le vote de laloi relative au port des signes reli-gieux ostensibles dans les établis-sements d'enseignement public. Ledébat fut houleux. Les associationsfondamentalistes reçurent le sou-tien de nombreux mouvements degauche et d’extrême gauche pourdénoncer ce projet de loi. Deuxans après, il semble que la fermetéait payé. Hanifa Chérifi membre dela commission Stasi a remis sonrapport sur l’application de la loiau ministre de l’EducationNationale. Le premier bilan est, eneffet, encourageant : 639 cas ontété relevé pour l’année 2004-2005(2 grandes croix, 11 turbans sikhs,et 626 voiles islamiques), la baisseobservée est de 50% par rapport àl’année précédente. Les affairessont cantonnées à six académiesprincipales : Strasbourg (208), Lille(118), Créteil (70), Montpellier(61), Versailles (38) et Lyon (32).

Dorénavant, les personnels concer-nés par les problèmes de signesreligieux, disposent d’un texte clair.Les relations entre les familles etles établissements se sont amélio-rées, de sorte que si le nombred’affaires a baissé, le nombre derésolutions de cas par le dialogue,a quant à lui, augmenté. Pour l’an-née 2004, 96 élèves ont opté pour

des solutions autres que le conseilde discipline : 50 inscrits auCNED, changement d’établisse-ment et inscription dans le privé.Le nombre d’exclusions définitivess’élève à 47.

A l’université.

Ce texte de loi ne s’applique pasdans les établissements d’enseigne-ment supérieur. C’est pourquoi, onnote depuis la rentrée quelques casde provocations manifestes orches-trées par des associations fonda-mentalistes et des syndicats d’ex-trême gauche. Ainsi, à Nanterre,plusieurs jeunes femmes voiléesont refusé qu’un homme puissecontrôler leur identité, c'est-à-direvérifie la photo de leur carte d’étu-diant au moment des examens.

Face à cela, la présidence de l’uni-versité, par faiblesse, indique auxpersonnels « que pour les étudian-tes voilées, les contrôles d’identiténe pourront se faire que par desfemmes et hors de la présence desautres étudiants ». Le reniementdes principes républicains devientun exercice habituel dans les uni-versités françaises. Ainsi, depuisdeux ans, l’université Paris 13, aconstitué une commission étudian-te regroupant les différentes com-munautés religieuses présentes surle campus pour les amener à trou-ver des solutions « pour mieuxvivre ensemble ». Première mesureprise : l’instauration de cours de

sport non mixtes. Belle réussite...

La jurisprudence de l’université deNanterre doit être examinée aucours du mois d’octobre par leCEVU de l’université. Espéronsque ce conseil soit plus courageuxque la direction et que l’on réaffir-me avec force les valeurs qui fon-dent le modèle d’intégration fran-çais.

Nous ne devons relacher nosefforts. Il est nécessaire de renfor-cer la formation juridique desenseignants sur ces questions, afinde pouvoir contrer efficacement lesorganisations « pro voile » toujoursmieux organisées.

D’ailleurs, la fermeté françaisedans les écoles semble faire desémules. Dernièrement le tribunalde Charleroi a jugé irrecevable lademande de familles qui souhai-taient la suspension du règlementintérieur de deux établissementsscolaires interdisant le port de"vêtements et signes distinctifs". Sila situation Belge est loin de celleque nous connaissons en France,cette première affaire confirme lebien fondé de la direction retenuepar le gouvernement pour régler leproblème du voile à l’école.Espérons que les instances diri-geantes des universités françaisessoient capables de la même ferme-té.